Un visage pour deux personnalités
 





Titre :  Un visage pour deux personnalités
Auteur : Myushi
Chapitre : 01
Genre : Yaoi. Policier / Intrigue / Action.
Couple : ????
Disclamer :
Attention, certaines scènes seront assez violentes… 


La vie, une école bien rude…


Un an plutôt :

Les mois de vacances d’été étaient passés extrêmement vite. Le brun fixa la fenêtre, et lâcha un soupire. Il ne les avait pas vus passer. Entre ses travaux pour se préparer à la rentrée, et les journées à traîner au lit avec son frère pour le calmer et faire les choses habituelles, il n’avait vraiment rien accompli. Ses longs cheveux tombèrent devant lui, recouvrant par la même occasion son visage pâle. D’un geste simple, il les repoussa derrière ses oreilles avant de retourner à la rue qui se trouvait devant lui. Il souffla un nuage de bué sur le carreau et dessina un visage souriant. Ce détail lui donna le sourire. Il allait recommencer quand soudain un bruit de sonnerie le fit sursauter. Un coup d’œil lui fit comprendre qu’il était temps de se lever. Eteignant le bruit désagréable, il se leva et s’étira comme un chat avant de quitter sa chambre, un sourire éclatant aux lèvres. Il devait faire le petit déjeuné. Ravi, il se rendit directement dans la cuisine pour se mettre en œuvre, chantonnant doucement. Il avait vraiment le cœur en joie.

Plus que deux jours, il ne restait plus que deux jours avant la rentrée. Nolan attendait cette journée avec impatience. Une nouvelle école, un nouveau contexte, tout était là pour agrémenter une année plein de mérite. En plus, pour une fois, Declan ne serait pas dans son dos. Ce qui était une grande première pour lui. Il aimait beaucoup son frère, mais il devait avouer qu’avoir de temps à autre des libertés n’était pas une chose désagréable. Et puis, comme ça, pour une fois, peut-être arriverait-il à se faire des amis ? Oui, il avait hâte aussi pour cela. Tenant difficilement en place, il était entrain de faire le petit déjeuné quand la porte de la cuisine s’ouvrit brusquement, se cognant contre le mur, le marquant une fois de plus. Surpris par l’entrée subite, Nolan lâcha les œufs qu’il venait d’attraper avant de se tourner vivement vers la personne responsable de ce tumulte.

- Declan ? »
- Hm… » Répondit l’interpellé avant de s’asseoir à table avec froideur. « Café ! »
- Euh… Oui ! » Fit le jeune homme en souriant. « Mais tu aurais du rester au lit, je t’aurais tout apporter dans la chambre. »
- Café ! » Grogna le brun en attrapant le journal qui était sur le table et en l’ouvrant.

Habitué à cela, trouvant que ça le rendait adorable, Nolan, sourire toujours aux lèvres, s’empressa d’aller faire le café demandé. La tasse attrapée et remplie, il la déposa face à son frère avant d’aller nettoyer les œufs qui demeurait encore au sol. Un soupire devant le gâchis se laissa entendre. Le jeune homme n’aimait vraiment pas ce genre de pertes. Declan travaillait vraiment très dur pour qu’ils aient à manger tous les jours. Il rentrait même parfois très tard le soir. L’artiste en était conscient. Terminant sa tâche à cette pensée, il se tourna la bouche en cœur vers son frère, et sautilla presque jusqu’à lui avant de s’asseoir, sa bonne humeur retrouvée. Il resta à fixer son frère comme cela un petit moment. Il adorait les traits de son frère. Il avait beau être sa reproduction parfaite, les traits de Declan étaient plus tirés, plus froid que les siens. Ca le rendait vraiment très beau. Cette pensée le fit rougir. Réaction que nota l’observé…

- Quoi ? » Grommela le brun.
- Hein ? » Sursauta Nolan surpris. « Euh rien… »

Le jeune artiste offrit un sourire à son aîné, jouant sans vraiment s’en rendre compte de ses doigts. Il avait quelque chose à demander mais il ne savait pas comment le faire. Il voyait bien que son frère n’était pas de bonne humeur. La nuit avait du être longue. Nolan ne se souvenait pas l’avoir entendu rentrer. D’ailleurs, Declan n’était même pas passé par sa chambre. Ce qui en soit était étonnant. Ne sachant vraiment pas comment se lancer, il décida de remettre à plus tard sa demande. Après tout, il n’était que neuf heures du matin. Il avait encore quelques heures devant lui.

Cependant, c’était sans compter sur Declan qui avait vu le jeu de scène de son jumeau. Les mimiques de ce dernier l’agaçaient. Il n’était franchement pas d’humeur à essayer de lire entre les lignes de son langage. Grognant à cette pensée, il lâcha son journal et pose son regard bleu presque nuit sur son frère. Comme il détestait de le voir indécis comme ça. Ca lui donnait envi de le frapper. Serrant légèrement le poing, il ravala sa rage pour le moment. Il avait pour le moment autre chose à faire. Il se contenta donc d’attraper son café, gardant dans sa vision Nolan.

- Quoi ? » Grommela t’il à nouveau, assez sèchement.

Le jeune artiste fixa son frère surpris, sourire aux lèvres. Il secoua vivement la tête à la question.

- Mais rien. Ne t’en fais pas ! » Ajouta t’il pour compléter son geste.
- Hm… Tu me prends vraiment pour un imbécile Nolan ! » S’agaça Declan en tapant du poing sur la table. « Ou peut-être souhaites-tu être puni une nouvelle fois ? »
- Hein ? Mais non… Je t’assure. Il n’y a rien d’important ! » Se justifia le brun sur la défensive.
- Ne te fiche pas de moi ! » Grogna le jeune homme en se levant et saisissant le bras de son frère. « Parle ! Je n’ai pas que cela à faire ! »
- Arrête Declan… Tu me fais mal… » Gémit le cadet en essayant de se défaire de l’emprise de son jumeau.
- Pourquoi faut-il que tu me mettes toujours en colère ? » Criait Declan en secouant fortement le bras qu’il tenait toujours fermement. « Tous les jours ! A chaque fois… Tu trouves le moyen de me mettre en colère alors qu’il est si simple de ne pas le faire ! »
- Mais… Je n’ai rien fait… Arrête… Ca fait mal… »
- La ferme ! » Coupa le brun.

Le geste accompagnant sa parole, il gifla son jumeau. Nolan perdit l’équilibre sous le geste et tomba au sol avec douleur. Il fixa son frère avec une peur qu’il connaissait parfaitement. Il l’avait encore mis en colère. Il ne savait pas pourquoi. Mais à chaque fois, il y arrivait. Il savait qu’il méritait cette correction, cependant la crainte de la recevoir restait toujours aussi intense. Son cœur se serra. La douleur à sa joue se faisait presque brûlure. Il était au bord de la panique sans pour autant le montrer. Il ne voulait surtout pas énerver plus son vis-à-vis. Tremblant cependant, après un geste sur sa joue pour calmer sa douleur, Nolan se redressa avec calme, reculant par la même occasion, pour ne plus être surpris par un coup. Il posa un regard soumis sur son frère avant de baisser la tête, résigné à parler finalement. Il ne souhaitait pas avoir de marque sur le corps à deux jours de la rentrée.

- Je… Tu sais que mardi c’est la rentrée. Je voudrais savoir si… euh… enfin tu sais… je ne suis plus un enfant maintenant et je peux… tu vois… bah euh… y aller seul quoi… » Informa avec mal le jeune homme, jouant nerveusement avec ses mains.
- La rentrée ? » Eclata de rire Declan en se levant pour se diriger vers son frère. « Mais de quelle rentrée parles-tu ? Tu n’as donc pas encore saisi qu’il n’y en avait pas pour toi cette année ? »

L’annonce se fit sur un ton narquois, faisant blêmir le jeune artiste qui ouvrit et ferma la bouche aussitôt. Aucun son n’avait daigné sortir. Cette scène offrit un sourire plus grand, plus narquois à l’aîné des garçons. Il aimait voir cette souffrance chez cet être qui n’était qu’un poids dans son atmosphère. Une chose sans importance qui ne servait à rien. Son visage s’éclaira un peu plus, une folie étrange se dessina dessus. La main de Declan attrapa le menton de son cadet. D’un geste douloureux, il le rapprocha devant lui pour l’embrasser tout en lui mordant la lèvre. L’incompréhension était entière pour Nolan. Son frère lui avait promis. Il avait dit qu’il irait dans cette école de styliste. Que s’était-il passé ? Pourquoi disait-il tout ça ? Voulant des réponses, le jeune homme s’écarta du premier-né et le fixa. Il se moquait que le geste plut ou pas. Pour lui, cette école était précieuse. C’était son rêve… son avenir ! Tremblant, sans se soucier de sa lèvre qui saignait, il ouvrit la bouche… Mais là encore, aucun son ne sortit. Rien… Juste un silence pesant qui oppressait de plus en plus son cœur. Cette incertitude, cette peur et ce qu’il voyait, plaisait à Declan qui se délectait de plus en plus du spectacle que lui offrait bien malgré lui son jumeau. Il était son divertissement. Son être précieux qui n’appartenait qu’à lui.

- Ne fais donc pas cette tête là ! » Une main se rapprocha du visage de Nolan, alors que la voix grondait avec contentement. « Tu ne croyais tout de même pas que j’allais te laisser aller seul dans cet établissement, avec tous ces êtres qui tourneront autour de toi comme une abeille autour du miel ? Je pensais que tu me connaissais mieux Nolan… »

La voix avait quelque chose qui donnait une impression de culpabilité. Et Nolan le prit comme ça. Son cœur se serra encore plus. Comment osait-il agir de la sorte. Il n’était qu’un garçon ingrat. Son frère travaillait vraiment très dur pour lui. Il veillait sur lui. Et lui ? Ce qu’il faisait ? Et bien il le mettait sans arrêt en colère, le faisant souffrir inutilement. Il n’était pas un bon frère. Il était égoïste. Declan ne le méritait vraiment pas. Baissant les yeux à cette pensée, il se sentait mal à l’aise. En plus, son frère venait de lui avouer qu’il ne voulait pas qu’on le touche. Cela voulait donc dire que son jumeau l’aimait vraiment beaucoup. Peu fier de lui, il osa néanmoins à relever les yeux. Ce n’était en rien évident pour lui. Nolan était partagé entre son envie d’aller dans cette école et celle de faire plaisir à son frère, et donc de lui obéir. Cependant, son choix était fait. C’était très égoïste, il le savait. Il en avait même honte. Mais c’était son rêve. Un peu comme une essence qui lui permettait d’avancer dans la vie…

- Je… Je le sais bien… Mais je voudrais tellement aller dans cette école. Je voudrais connaître toutes les bases nécessaires pour devenir le meilleur des stylistes. Ainsi, comme ça, je pourrais t’aider un peu dans toutes les dépenses. Tu fais tellement comparé à moi… »
- Et patati et patata ! Tu n’irais pas ! Et la discussion est close. Fais moi des œufs à présent ! » Coupa avec un malin plaisir Declan avant de reprendre son journal l’air de rien.

Pour lui, la discussion était terminée. Il avait décidé. Et comme toujours ses décisions étaient indiscutables. Pourtant, Nolan n’arrivait pas à s’y résoudre. Il ne restait que deux jours… Deux petits jours, et il aurait pu entrer dans cette école qu’il convoitait depuis presque cinq ans maintenant. Tremblant toujours, il ne bougea cependant pas. Il resta là, à fixer son aîné, bravant une coutume que tous deux avaient instaurée depuis la mort de leur parent. Nolan osa même s’avancer d’un pas, jouant de ses doigts avec une nervosité extrême. Il se montrait égoïste mais c’était son souhait. Qu’importe ce que Declan pouvait dire… Il irait ! C’était SA décision… Et pour une fois… Oui, pour une fois, et bien il la suivrait. Le jeune homme était déterminé. Et rien en cet instant ne pouvait le faire changer d’avis… Rien si ce n’est ce qui arriva brusquement, le sortant de ses pensées assez violement.

- Je t’ai dit quelque chose il me semble ! »

Declan s’était levé, abandonnant pour la seconde fois son journal. Il s’était approché de son frère pour finalement le gifler violemment. Si Nolan ne tomba pas sous le coup, sa joue cependant bleuit, alors que le corps entier du garçon tremblait encore plus. Il fixa son frère avec surprise et peur. Mais il fut incapable de bouger. C’était comme si ses membres avaient décidés de faire grève et cela, au pire des moments. S’agitant devant cet état de fait, il baissa immédiatement les yeux. Il ne tenait pas à recevoir d’autres coups. Il ne voulait pas de marques… plus de marques… C’était la rentrée… dans deux jours. Le jeune restait borné inconsciemment sur cette date. C’était plus fort que lui. Comment abandonner un rêve qu’on chérit depuis si longtemps devant l’excuse que d’autres pourraient le voir et l’approcher. Ce n’était pas juste. Nolan le vivait ainsi. Et ce, malgré la douleur qui lui vrillait la joue. Imposant sa main dessus, seul membre qui daignait encore lui obéir, Nolan déglutit difficilement, le goût âcre du sang dans sa bouche.

- Je veux… Je veux y aller ! » Affirma le jeune homme relevant subitement les yeux, se surprenant lui-même. « Tu ne peux pas m’interdire cela pour des raisons comme celles-là… Tu sais que je suis déjà rien qu’à toi. Je t’aime et je n’aimerais que toi… Papa et maman voulaient cette carrière pour moi et tu n’as… »
- Fermes là ! » Tempêta Declan hors de lui.

Le visage de ce dernier avait rougi de rage alors qu’il tremblait comme jamais. Comment Nolan osait-il lui tenir tête. Cette chose qu’il avait accepté, aimé et protéger. Ce truc inutile qui ne savait que se plaindre ou sourire bêtement. S’avançant vers son cadet, il attrapa les cheveux de ce dernier et le tira vers la gazinière. Sans chercher à savoir si Nolan avait mal ou pas, il le colla contre l’aluminium du plan de travail, appuyant de toutes ses forces sur la tête du pauvre jeune homme. Le jeune artiste, surpris, n’avait pas eu le temps de bouger ou d’esquiver le geste. Il s’était retrouvé dans la scène comme un étranger. Observant, découvrant ce qui se passait avec stupeur. La douleur physique était le plus qui lui confirmait que c’était bien lui qui était collé face à la froideur du plan de travail. Et sa tête se leva et se rabattit contre ce dernier avec encore plus de douleur.

- Arrête… S’il te plait… Mal… » Supplia Nolan qui commençait à avoir sa vue se troubler.

Les larmes se mêlaient au sang qui glissait de la tempe droite du jeune homme. Mais pourtant rien ne s’arrêtait. Il entendit la gazinière être allumé. Il sentit sa main être empoigné vers une source de chaleur. Il résista, mais sa force était moindre comparée à celle de son jumeau. Un picotement suivit d’une vive douleur lui fit comprendre ce qu’il se passait. Il lutta plus encore avant d’être subitement lâcher, repoussé d’un coup de pied mauvais. Oscillant entre la conscience, l’inconscience et la nausée, il se retrouva comme perdu dans les méandres de son esprit… Le silence semblait maître des lieux… Le silence mais également la voix de Declan…

- Regarde ce que tu m’obliges à faire ! Pourquoi n’es-tu pas un bon garçon ? Pourquoi ne m’obéis tu jamais ? Aimes-tu tant que cela à me blesser ? »
- Je… désolé… » Furent les seuls mots que Nolan réussit à dire avant de sombrer un peu plus dans la douleur.

Cependant, Declan ne le laissa rester inactif. Il le releva par la chevelure et le fixa avec froideur. Il le poussa à nouveau vers la gazinière, lui imposant une casserole dans la main non blessée.

- Ne me parles plus jamais de cette école… Et à présent, mes œufs ! »

Ceux furent les derniers mots que Declan offrit à son frère. Il prit ensuite à nouveau son journal, but sont café, attendant patiemment ses œufs. Nolan, de son côté, se contenta d’obéir. Il abandonna son rêve au fur et à mesure que les œufs changeaient de couleur. Son frère avait encore gagné. Pourtant, il ne lui en voulait pas vraiment. Il était juste triste pour lui. Gardant sa douleur pour lui-même, il servit d’abord son frère avant d’aller se soigner. Dans un sens, heureusement que dans deux jours il n’y avait plus de rentrée… Comment aurait-il pu aller à l’école avec toutes ces marques… Cherchant de quoi apaiser la douleur physique et morale, il termina cependant de se soigner. Sa main bandée et désinfectée, il s’occupa de son visage avant de prendre deux comprimés. Il entendit la porte de l’appartement claquer, signifiant que Declan était sorti. Il sursauta au bruit avant de sentir un profond soulagement. Sachant parfaitement qu’il ne verrait pas son frère avant la nuit, il se dirigea vers la chambre et se glissa dans son lit… Il ne lui fallut pas longtemps avant d’être happé par le sommeil, où cauchemars et douleurs se mêlèrent, offrant fièvre au jeune homme…

*****

Comme toujours, aux alentours de neuf heures du matin, Une ombre était sur le toit d’un immeuble observant un appartement de l’autre côté de la rue, à l’aide d’une paire de jumelles. Ce qu’il voyait ne changeait en rien de d’habitude, si ce n’est l’attitude d’un des deux observés. Il semblait déterminé sur un point précis. Il ne fut pas dur pour l’homme de savoir de quoi il s’agissait. Les micros qu’il avait placés un peu partout dans l’appartement l’informaient parfaitement. Sans le montrer, il montra une certaine fierté devant l’attitude du plus jeune des deux espionnés. Mais cette fierté bascula très vite dans la rage quand la suite des évènements s’imposa à son regard. Une violente envie de tuer s’empara de lui alors qu’il attrapait le fusil à lunettes posé non loin de lui. Il mit en joue l’objet de sa colère. Il était sur le point de tirer quand la sonnerie de son téléphone le coupa dans son acte. Grognant devant cela, il déposa son arme pour attraper son téléphone et décrocha…

- Quoi ? » Grogna sèchement l’homme sans avoir fait attention au numéro qui s’était affiché sur le cadrant de son portable.
- Que signifie ce ton Hunter ? » Gronda une voix à l’autre bout du fil.

Réalisant qui était son interlocuteur, Nathen se calma, prenant sur lui…

- Monsieur Markeley ? Veuillez m’excuser… Je… »
- Garde tes excuses pour autre chose et rejoint moi au bar habituel. » Coupa l’homme qui ne semblait pas avoir de temps à perdre.
- Bien… »

Sans rien ajouter de plus, le brun raccrocha et rangea son arme dans la mallette spécialement étudiée pour son arme. Il avait du la démonter pour la ranger avec soin. Il retira également l’écouteur dans son oreille et le déposa dans une petite boite où était assemblé un tas de matériel électronique, lui permettant ainsi d’entendre parfaitement ce qui se passe dans l’appartement observé. Il plaça cette boite dans la mallette et prit le tout pour se diriger vers la porte de métal qui conduisait aux escaliers intérieurs de l’immeuble. C’était la seule sortie discrète des environs. Puis, d’un geste naturel, comme tout bon résident de ce lieu, il descendit les escaliers à rythme normal pour enfin regagner la sortie et surtout rejoindre sa voiture qui était garée une rue plus loin, loin des regards curieux. Il ne lui fallut même pas trois minutes pour arriver à son véhicule. Après une poussée sur une des clefs qu’il avait sorti de son pantalon de costume gris foncé, un bip se fit entendre. C’était le signe que l’alarme était retirée et qu’il pouvait ouvrir le coffre. Ce qu’il fit sans perdre de temps, y déposant pas la suite sa mallette avec soin. Il vérifia que tout était en ordre avant de le fermer.

Le jeune homme glissa alors sa main dans ses cheveux sombres, les remettant en place. Le vent s’était amusé durant tout le long de son observation avec eux. Une fois cela fait, heureusement, ses cheveux étaient assez courts, il rajusta la veste de son costume pour ensuite recadrer correctement sa cravate rayée d’un noir et gris clair. Il vérifia dans le rétroviseur que tout était en ordre avant de se glisser du côté droit de sa voiture pour se mettre derrière le volant. En moins d’une minute, la Bmw Z4, noire, métallisée, du tueur se retrouva sur un axe principal. Il lui fallut en tout pas plus de dix minutes pour arriver au centre ville, après avoir payé le péage. Si bien que très vite, il fut garé devant le fameux bar, enclenchant l’alarme de son véhicule avant de se diriger d’un pas décontracté, mains dans les poches, vers l’entrée des lieux.

Le bar était un lieu assez pittoresque en apparence. Tenu par des Irlandais, on y voyait tout le folklore de ce pays. Du Korrigan en logo des lieux jusqu’au nom du pub même, et même les couleurs vertes des lieux ne faisaient pas exception. On ne pouvait vraiment pas manquer ce fait. Nathen s’arrêta au niveau de l’enseigne. Il l’a fixa un long moment avant d’hocher la tête de gauche à droite, signe de dépit. En effet, depuis déjà trois semaines, le « O » de « Galloway » avait mystérieusement disparu, coupant le mot en Gall et Way. Certain y voyait de la provocation, Nathen y voyait de l’amusant. Néanmoins, cela ne lui plaisait pas. Pour une raison simple, le bar ne devait pas s’attirer des ennuis. Son patron aimait trop ce lieu pour ça. Retenant un léger soupire, il poussa la porte du bar pour entrer sans la moindre hésitation.

Le bruit et l’agitation n’étaient pas absents. Même pour une heure si tôt dans la matinée, ce qui n’étonnait vraiment pas le tueur. La bière fusait avec gourmandise, alors que les discussions se faisaient animées. Nathen eut un fin sourire devant le spectacle avant d’être attiré par une voix qui le fit sortir de ses pensées. Posant son regard azuréen sur l’origine de la voix, il s’avança vers le bar. Le décor était vraiment typique. Le bar était en bois brun, du chêne très certainement. Le décor vert avec une pointe de sobriété reflétait les couleurs de l’Irlande. Même les korrigan et autres créatures magiques de plastique et polyéther avaient trouver leur place. Le Galloway était un lieu plaisant. Le brun avait toujours apprécié son ambiance.

- Salut Hunter ! Comme d’habitude ? » Avait demandé la voix.
- Hm… oui ! »
- Alors, toujours tiré à quatre épingles et pourtant toujours seul. Pas de problème de frustration ? » Se moqua avec amusement l’homme de l’autre côté du bar.
- Erin, si tu ne te la fermes pas, c’est une balle en pleine tête qui te répondra ! » Grogna le tueur qui avait autre chose à faire que de répondre au provocation du barman qu’il connaissait pourtant bien.
- Et voilà, on titille sa virilité et monsieur menace ! Tu ne disais pas ça quand nous étions dans ton lit… »
- IL est là ? » Coupa sèchement Nathen.

Il savait parfaitement que continuer de parler avec le blond serait tout simplement entrer dans son jeu. Et le brun n’avait aucunement envi de jouer. Le barman le compris bien et se mit doucement à rire. Ses yeux verts s’éclairent de joie lors qu’il rattachait ses longs cheveux en queue de cheval. Il se dirigea vers les verres pour en saisir un et faire une pression comme Nathen les aimait. Toujours souriant, un brin provocant, il posa la pinte sur le bar, et se pencha pour dérober un baiser à son ancien amant.

- Oui ! Mais prend garde, il n’a pas l’air de bonne humeur. » Répondit enfin Erin, retournant à son torchon et sa vaisselle comme s’il n’avait rien fait.
- Hm… »

Le tueur ne se fatigua pas à répondre. Il savait déjà que son patron n’était pas d’humeur chaleureuse. Ca ne changeait pas vraiment de d’habitude. Il se contenta donc de prendre sa bière. Il était à noter que le coup du baiser voler n’avait pas été ignoré. Il avait juste décidé de régler cela un peu plus tard. Cela tombait bien, il avait un grand besoin de décompresser après ce qu’il avait vu dans l’appartement des jumeaux. Rien que la pensée de ce que Declan avait fait à Nolan le fit changer de couleur. Il passa d’un teint blanc pâle au rouge. Cependant, cela ne dura pas, puisqu’il se calma presque aussitôt. Si bien que personne ne vit ce petit détail. Personne si ce n’était ce barman au sourire toujours bien vivant. Ne voulant pas se déconcentrer et surtout faire d’erreur vis-à-vis de son patron, il préféra se concentrer sur le moment présent. Ce fut dans cette idée, que bière en main, il se dirigea vers un petit escalier barré d’une pancarte marquée « privée ». Sans la moindre hésitation, il passa derrière cette dernière et gravit un escalier d’une douzaine de marche avant d’arriver à un petit couloir sombre à la décoration quasiment inexistante. En fait, le lieu semblait abandonné du propriétaire depuis des années. La peinture craquelante et le papier peint délavés le démontraient parfaitement. Nathen ne s’attacha pas à ce genre de détail et se dirigea droit vers une porte. Pour cela, il traversa tout le couloir. A peine arrivé, il cogna de sa main libre. Trois coups, suivis de deux autres, et enfin une série de quatre coups se firent entendre. Un déclic de serrure lui permit de savoir qu’il pouvait entrer, ce qu’il fit avant de refermer avec soin derrière lui.

- Hunter ! » Gronda une voix qui ne laissa même pas le temps à Nathen de se tourner.
- Oui ? » Soupira le brun pas vraiment surpris de l’agression.
- Assit ! »

Sans chercher à rétorquer ou quoi que ce soit d’autre, le jeune homme se dirigea vers le siège libre. Il croisa les jambes et s’alluma une cigarette, posant sa bière sur la petite table devant lui. Il ne prononça aucune syllabe, sachant parfaitement bien que son patron allait s’en charger. Il se contenta de regarder autour de lui pour remarquer qu’il y avait une troisième personne présente dans la pièce. Nathen arqua un sourcil en la voyant, ne l’ayant pas sentie jusqu’à maintenant. Dissimulant un grognement, il détailla l’inconnu sans la moindre discrétion, provoquant, comme toujours. Il s’agissait d’un jeune homme d’à peine vingt-deux ans. Ses cheveux roux tombant en cascade sur ses épaules lui donnaient un air de fragilité que le tueur ne prit que pour une ruse. La tenue vestimentaire de ce dernier était jeune. Un jean et une chemise blanche, légèrement entrouverte au cou. Le regard brun de cet homme lui démontrait qu’il était tout sauf un ange. Nathen aurait continué son observation, si une voix rauque ne le sortit pas de ses pensées pour l’attirer.

- Je vois que tu as remarqué Evan. Tant mieux ! Car à partir de maintenant tu vas le former. »
- Pardon ? » Réagit presque immédiatement le brun. « Je ne suis pas un prof pour ado en manque d’action. J’ai beaucoup de travail. Vous le savez parfaitement monsieur Markeley. »
- Qui a dit que tu avais ton mot à dire ? » Gronda le chef mafieux. « Il s’agit du fils Allen. »

Au nom de famille, le brun reposa son regard sur le garçon, grognant agacé. Ainsi, ce gamin, en plus d’être une chose imposée, était une chose avec un nom qui ouvrait des portes. Cependant, cette idée lui offrit également un léger sourire. Il devait le former n’est-ce pas. Qui disait formation, disait apprentissage… Et Nathen voyait parfaitement comment dérouler son apprentissage. Cependant, cachant cette pensée, reprenant presque aussitôt son visage sérieux, il attrapa sa pinte et la fit glisser entre ses lèvres. Après trois gorgées buent avec gourmandise, il porta sa cigarette à ses lèvres.

- Bien… » Répondit en lâchant un nuage de fumée de nécotine. « Je présume qu’il doit tout savoir… Sous les moindres coutures ? »
- Parfaitement ! Ne lésine pas ! Son père a été clair. Il doit être prêt pour reprendre les rennes de certaines de ses affaires. » Continua sur le même ton le chef de famille. « Il va de soi que tu recevras une prime et un avancement pour cela. Cependant n’oublie pas, il doit rester en un seul morceau. Il est sous sa garde ! »
- C’était une évidence monsieur. »

Nathen se leva et fixa le garçon qui bouillonnait sur place. Il ne semblait pas apprécier qu’on parle de lui comme s’il n’était pas là. Le tueur nota ce détail avec un certain amusement, même s’il devait avouer qu’il avait de la retenu tout de même. Il n’avait pas explosé comme le faisait la plupart des gamins de son âge. S’approchant de lui, il lui tapota la joue, provocant comme toujours. Il voulait connaître son niveau de patience, le jauger. Il ne tenait pas plus que cela avoir dans ses pattes un boulet. Surtout que la perspective de ne plus pouvoir se rendre sur son toit comme tous les matins, tant qu’il n’avait pas confiance au rouquin, n’était vraiment pas appréciée.

- Et le gamin a une langue ou bien il est juste capable de prendre une couleur rouge carmin ? » Continua t’il dans une provocation évidente.
- Oui, il a une langue. Et il souhaiterait qu’on l’appelle par son prénom. » Grogna le garçon avant de tendre la main. « Enfin pour cela, il serait bon de se présenter convenablement. Je suis Evan Allen. »

L’homme de main fut surpris mais amusé de l’aplomb que démontrait le garçon. Pour un Allen, il avait de la répartie. Cependant, restait à savoir s’il n’avait que de la gueule ou il en avait aussi dans les tripes. Car Nathen ne comptait pas le ménager. Au contraire… Il lui réservait un traitement douloureux qui en dégoûterait plus d’un. Petite vengeance d’un homme qui déteste être pris au dépourvu.

- Et bien… Et en plus il sait bien l’utiliser. Enfin pour parler tout du moins… » Nathen restait provoquant à sa façon. « Enfin bon… Je suis Nathen Hunter. Et tout ce que je dirais, tu le feras. Je ne veux pas de négations ou autres ! Compris gamin ? »

Le jeune homme lança un regard noir à son aîné avant d’acquiescer d’un signe de tête. Il resta à sa place. Après tout, il savait à qui il avait à faire. Si le tueur ne savait pas qui était Evan, Evan, lui, connaissait toute la biographie de son vis-à-vis. Et ce, pour la simple raison qu’il était « fan » de cet homme. Il avait du demander à son père pour avoir cet homme de main pour l’avoir en formateur. Ce qui avait donné de nombreuses discussions. Mais cela avait bien tourné. Heureusement que Keith Markeley avait une dette pour son père ? Gardant ce secret précieusement pour lui-même, aidé par son père, il était donc ici pour rembourser une dette, son père n’ayant pas le temps de trouver un homme compétant pour s’occuper de la formation de son fils. Evidemment, il avait souligné le nom de Nathen Hunter, un homme de main qui n’avait plus besoin de se forger une réputation. Voilà comment il retrouvait devant cet homme au visage compliqué. Il avait hâte de commencer sa formation avec lui. D’ailleurs, un sourire remplaça son agacement à cette pensée.

- Je ne suis pas stupide. Je suis là pour apprendre, pas pour faire des caprices de préados ! » Rétorqua simplement le rouquin avant de sortir lui aussi une cigarette.
- Bon. Je vois que tout est réglé. » Coupa le chef de famille. « Hunter, je te le confie. »

A ces mots, Markeley sortit de la pièce, avec calme, satisfait de se débarrasser de sa dette. Evan et Nathen se retrouvèrent en tête-à-tête. Sans un mot, le brun termina sa bière avant de sortir à son tour. Il ne prononça aucun mot. Il se ramena simplement sa pinte vide et fixa Erin avec un visage mi-agacé, mi-vengeur que le blond compris sans mal. Il fixa le garçon qui le suivait et fit un clin d’œil à ce dernier. Il revint à son ancien amant et s’accouda sur son bar, callant son menton dans ses mains.

- Tu les prends de plus en plus jeune Nathen. Fallait le dire que tu étais frustré. Je t’aurais aidé à te soulager voyons. »
- Toi ? » Répondit, un sourire mauvais au visage, le tueur. « Laisse moi rire ! Une simulation m’a suffit. Non merci… »
- Pardon ? » Hoqueta surpris Erin, pourtant habitué.

Evan se mit à rire devant le visage déconfit du barman. Il semblerait que le sujet des ses compétences conjugales soit son point faible. Il porta son regard sur son aîné qui ne répondit pas à la stupeur. Il se contenta de laisser l’argent pour sa bière et de faire un clin d’œil au blond avant de quitter les lieux. Il semblerait, au regard du roux, que Nathen venait de remporter une manche dans le drôle de jeu que le brun et le barman menaient. Amusé par tout cela, il suivit son nouveau « précepteur » avec l’hâte d’un enfant. Il se demandait ce que le reste de la journée lui réservait. Ils arrivèrent à la voiture, et le contact à peine mis, ils partirent vers une direction inconnue de Evan, dans le silence le plus complet. Silence qu’il n’arrivait pas à rompre…


 


A suivre …