Le lendemain matin
(Shojo Kakumei Utena)
Titre : Le lendemain matin
Auteur : Natth
Chapitre : Histoire complète
Genre : G
Couple : Il n’y en a pas vraiment.
Disclamer : Ils ne sont pas à moi,
alors je ne peux pas choisir la fin. Mais je crois qu’elle pourrait ressembler
à cela. petite
Le lendemain matin
Je suis dans ma chambre. Je range mes
affaires. Je me dépêche car je dois partir aujourd’hui. Je ne m’inquiète pas
pour le train, je sais que je ne le raterai pas. Akio m’a promis de m’envoyer
jusqu’à la gare. Je lui fais confiance, je sais qu’il est pressé de me voir
partir.
Je ne veux pas
penser à cette nuit. Je me contente de plier mes vêtements mécaniquement, un
par un. Je jette un coup d’œil dehors. Wakaba est devant la porte. C’est
normal, c’est ma meilleure amie, elle vient me dire au revoir. Je me demande si
les autres seront là. Sans doute que non. Et Himemiya…
Non, je ne pense pas
à elle. À quoi ça servirait puisqu’elle est morte ? Je dois seulement
finir de ranger mes vêtements. Je regarde l’heure. Mmh, je suis en retard, Akio
va être fâché. Heureusement qu’il s’occupe de toute la paperasse. C’est gentil
de sa part. Il est le Président du Conseil d’administration, il n’était pas
forcé de le faire. Mais j’avais vraiment besoin de son aide. Je n’ai pas ma
tête à moi aujourd’hui. Si seulement…
Non, je n’y pense plus, c’est fini maintenant.
Je sors. Je vais dire au revoir à Wakaba. Elle semble inquiète, est-ce à cause
de moi ? Pourtant il n’y a pas de raison. Je me sens très bien. Le ciel
est bleu, l’air est chaud, c’est bientôt la fin de l’année scolaire. L’an
prochain, je change d’école.
Akio a insisté pour
que j’aille dans un autre lycée. Il pense que j’y serai très bien. Après tout
ce qui s’est passé cette année, je ne peux pas continuer mes études ici. La
plupart des élèves ne m’apprécient pas, ils pourraient me faire du tort. C’est
dommage, moi je les aimais bien. Je croyais même que Miki et Juri s’entendaient
bien avec moi. Et Himemiya, mon amie d’enfance, va me…
Non, je me trompe,
mon amie d’enfance s’appelle Wakaba. Je viens de lui dire au revoir. Himemiya
était… la fille qui s’occupait de la serre. Elle est partie la nuit dernière.
Elle devait… Je ne sais plus, je ne la connaissais pas très bien au fond. On a
été fiancées un moment, et…
Mais qu’est-ce que
je raconte ? Himemiya était une camarade de classe, je ne la voyais pas en
dehors des cours. En fait, on ne se parlait presque jamais. Non, là je confonds
avec Nanami, ou… Pfff, je ne sais plus. Je suis fatiguée, je vais attendre
Akio. D’ailleurs, je le vois arriver.
Il a toujours son
sourire charmeur. Sa femme a de la chance. Je l’ai vue une ou deux fois,
j’étais avec… je ne sais plus. Son épouse semblait charmante. Ils sont très
amoureux l’un de l’autre. De plus, Akio s’entend très bien avec sa
belle-famille. Son beau-père lui a laissé la responsabilité de l’école, qu’il
assume très bien. Sa belle-mère l’aime énormément. C’est adorable de les voir
ensemble, on dirait une mère et son fils. Et tout le monde est tellement gentil
avec sa sœur…
Qu’est-ce que je
dis ? Akio n’avait pas de sœur, mais un frère. Il s’appelait Mamiya et lui
ressemblait beaucoup. Malheureusement, il est mort très jeune, d’une maladie du
cœur. Mikage a été très malheureux, mais ses recherches sur l’immortalité
l’accaparaient tellement… Dans un sens, tant mieux. Sans cela il ne se serait
sans doute jamais remis. Même s’il n’en parle jamais, j’ai compris qu’il
adorait Himemiya. Ce n’est pas juste que son petit frère soit mort si jeune…
Tiens, nous sommes
déjà arrivés à la gare ? J’étais plongée dans mes pensées, je n’ai pas vu
le temps passer. Au moins, je ne me serai pas ennuyée. Depuis que Himemiya est
morte, je n’ai plus de goût à rien… Non, j’ai encore pensé à quelque chose
qu’il ne fallait pas. Je ne sais plus quoi...
Le train démarre.
Akio me fait de grands signes, il prend un air désespéré. Je souris. Décidément
il ne change pas. C’est l’image même du prince charmant, du chevalier en armure
venant sauver sa princesse. Il a dû briser plus d’un cœur, mais qui pourrait
lui en vouloir ?
Je suis tranquillement
assise sur ma banquette. J’ai la tête lourde. Je repense aux évènements de la
journée, et quelque chose m’échappe. Tout me semble brouillé. C’est vraiment
étrange. C’est comme si j’avais oublié quelque chose. Pourtant non, j’ai tout
bien rangé dans ma valise. Bien sûr, si c’était Himemiya qui l’avait faite…
Himemiya…
Oui, je me rappelle
d’elle à présent. On a habité ensemble pendant toute l’année scolaire. Elle
connaissait un peu Akio, mais elle ne s’entendait pas très bien avec les autres
élèves, sauf avec Miki. Il n’a jamais osé lui dire qu’il était amoureux d’elle.
Je crois qu’il aurait dû. Peut-être aurait-il évité ce qui s’est passé cette
nuit…
Non, je ne dois pas
penser à cela. Akio m’a dit que ce n’était pas important, que Himemiya devait
accomplir son destin de fiancée de la Rose. Elle l’avait empêché de faire son
devoir : celui de protéger toutes les princesses. Elle le voulait
seulement pour elle, elle méritait de souffrir. Elle devait se sacrifier pour
la révolution du monde. De toute façon, elle avait perdu son âme depuis
longtemps, elle n’était plus qu’un instrument. Et quand on voit ce à quoi elle
a servi…
Mais non…
Non…
Non, non, non…
NON !
C’est pas vrai !
Il m’a menti ! Il m’a manipulée une fois de plus !
Himemiya était mon
amie, la plus importante, la meilleure. C’était ma princesse.
C’est pour elle que
j’ai vécue après la mort de mes parents. Lorsque je l’ai vue souffrir autant,
juste parce qu’elle avait voulu protéger son frère, j’ai eu l’impression que
tout s’arrêtait.
C’était pas juste
d’avoir aussi mal, uniquement par amour. J’avais tellement envie de la sauver,
de lui dire que son prince reviendrait, même si ce n’était pas celui qu’elle attendait…
J’ai décidé de
devenir son prince. Parce qu’elle était toute seule, parce qu’aucun autre ne
l’aiderait, et parce que personne ne devrait être torturé éternellement.
Je n’ai pas compris
tout de suite ce qui s’est passé cette année. J’avais tout oublié de cette
nuit. Je me rappelais seulement que je souhaitais retrouver mon prince, celui
qui avait donné un sens à ma vie quand j’avais perdu le plus précieux. Mais je
ne savais plus que c’était moi ce prince…
Après sa tentative
de suicide, lorsque Himemiya m’a tout avoué, je lui ai promis de rester avec
elle quoi qu’il arrive. Je me moquais de la révolution du monde, je n’ai même
pas compris ce qu’Akio espérait. Moi, je voulais seulement sauver ma princesse.
Seulement j’ai
échoué.
Chacun devrait
pouvoir changer son propre monde, être maître du cours de sa vie. Alors
pourquoi n’en suis-je pas capable ?
J’ouvre les yeux. Je
suis à genoux au milieu du wagon. Les autres passagers me regardent d’un air
bizarre.
Je m’en moque
complètement.
Je me sens si vide.
J’ai abandonné
Himemiya. Je n’ai pas pu l’aider quand elle avait le plus besoin de moi. Aucun
duelliste n’a pu me battre, même Akio était plus faible que moi.
Alors pourquoi,
pourquoi est-ce que j’ai perdu Himemiya ?
Puis, d’un seul
coup, je comprends enfin.
Je ne dois plus
lutter, je ne dois plus essayer de la sauver. À présent, c’est elle qui doit
venir me chercher.
Elle seule peut
révolutionner mon monde. Si elle ne réussit pas, personne d’autre ne le pourra.
C’est un peu de ma faute. Après tout, c’est moi qui l’ai choisie…
C’est curieux. Je ne
suis même pas sûre qu’elle soit encore en vie, pourtant je sais qu’elle
viendra. J’ignore encore quand et où, mais elle me retrouvera. J’attendrai ce
jour avec impatience, le jour où elle ne me quittera plus. Oui un jour, avec
moi…
Je t’en supplie
Himemiya, viens vite !
J’ai tellement hâte
de te revoir…