La Cible
  (Chroniques de Yakuza)





Titre : La cible 
Auteur : Val-rafale et Myushi
Chapitre : 04
Genre : Yaoi. Policier/ Intrigue / Angst
Couple : ????
Disclamer : Cette histoire se passe 1 an avant Akaitsuki.
 Tous les personnages de cette histoire sont fictifs et inventé par Myushi et moi même. Merci de ne pas les utiliser sans notre consentement.


Apprentissage


Après avoir bataillé longuement avec le bain à remous, allant jusqu’à demander à nouveau de l’aide à l’homme de main faisant sa ronde, Ryuji avait fini par se coucher pensant qu’il passerait une excellente nuit. Hélas, elle fut la plus horrible de toute. Si ce n’était pas les cauchemars de morts qui le hantaient, c’était le matelas trop mou qui lui vrillait le dos. Ce fut donc avec une tête de déterré qu’il rejoignit le bureau de Kô, sans passer par la case petit déjeuné. Il trouva celui-ci, déjà installé, avec une tasse de café fumante devant lui, en train de travailler avec sérieux comme si de rien n’était. Ryuji rejoignit le bureau et s’y installa en affichant son éternel sourire enjôleur.



- Bonjour fils du patron ! Bien dormi ?



Kô ne daigna pas répondre. Il ignora ni plus ni moins la question. Non, il n’avait pas bien dormi, même si cela ne se voyait pas. Lui au moins paraissait toujours frais et dispos pas comme un certain garde du corps. Cela avait quelques avantages de travailler la nuit parfois jusqu’à des heures pas possibles.



- Youhou ! Vous avez mangé votre langue ?

- C’est « avaler »…

- Détail ! Alors c’est quoi le programme de la journée ? » Demanda le jeune homme changeant de sujet en voyant que le premier n’obtiendrait aucune réaction.



Kô posa son stylo puis se redressa sur son fauteuil. Il sortit calmement une cigarette qu’il alluma. Après avoir soufflé un nuage de fumée, il porta son regard sur Ryuji.



- Le programme… Ce matin, je dois terminer ces dossiers… » Répondit-il en montrant la pile juste devant lui. « Cet après midi, je dois vérifier quelque chose… »

- C'est-à-dire ?

- Rien de bien important.

- C’est ça et le patron se déplace pour quelque chose de rien de bien important. A d’autre ! Y a pas écrit idiot sur mon front !



Le mafieux ne répondit pas. Il reprit son stylo pour apposer sa signature sur un document.



- Enfin c’est vous le patron ! Vous faites ce que vous voulez. » Répondit-il en descendant du bureau pour s’installer sur le canapé présent dans la pièce.



Le fils Yamasu ne releva pas la tête de son dossier. Il n’avait pas à lui dire sa destination de l’après midi. De plus, il ne lui avait pas tout à fait menti. Ce n’était pas quelque chose d’important. Kô désirait juste vérifier un détail qui l’intriguait. L’attaque de la veille avait éveillé des soupçons chez lui concernant la famille qui avait envoyé les hommes. Les Yamasu n’étaient pas en mauvais termes avec ces personnes. Au contraire, il faisait régulièrement de bonnes affaires avec eux. Cette brusque agression n’était pas normale. Il se tramait quelque chose. Ou bien, un de leurs hommes avait voulu faire du zèle et créer ainsi des soucis. Sauf que… Si tel avait été le cas, la famille aurait envoyé un message d’excuse. Ce qui n’avait pas été fait à sa connaissance. Peut être son frère était-il au courant de quelque chose ?

Saisissant le téléphone, Kô composa rapidement le numéro interne du bureau de son jumeau. Deux sonneries retentirent avant que la voix d’Asaki ne se fasse entendre à l’autre bout du fil.



- Qu’y a-t-il Kô ?

- Je voulais savoir si tu avais eut des nouvelles de la famille Shomei ?

- La famille Shomei ? Je pense que tu attends un message d’excuse pour le carton dont tu as été victime hier.

- Effectivement…

- Nous n’avons rien reçu. Donc je présume que tu vas mener ton enquête. C’est ce que je ferai à ta place.

- C’est exactement ça. Merci.



Sans un mot de plus, ils raccrochèrent le combiné en même temps. Kô lâcha un soupir tout en soufflant un nuage de fumée. Il jeta un rapide coup d’œil dehors en fronçant les sourcils. Son instinct était bon. C’était bien un piège la veille. Le but de ce rendez-vous était bien de le tuer. Kô devait en savoir plus sur leurs motifs même s’il en avait une vague idée.



De son côté Ryuji avait écouté toute la conversation. Il savait maintenant quelle était cette affaire sans importance. En y réfléchissant bien, elle ne l’était pas tant que ça. Il comprenait que Kô ait envie de faire la lumière dessus. Ces hommes étaient là pour le tuer. C’était l’évidence même. Lui-même maintenant avait un petit compte à régler avec eux. A cause de cette histoire il avait dû tuer et il comptait le leur faire payer. Au point où il en était, une personne de plus ou de moins à abattre… Ce n’était pas un fantôme de plus qui l’empêcherait de passer une plus mauvaise nuit.

S’étirant, il se redressa et s’approcha de Kô pour lui mettre une tape dans le dos.



- Youhou ! Ce sont vos dossiers qu’il faut voir pas l’extérieur ! On reste concentrer Monsieur Yamasu !

- Ne refaites plus ça… » Fit le mafieux en revenant à la réalité.

- Faire quoi ? » Demanda Ryuji avec un air faussement innocent.



Une nouvelle fois, Kô ne daigna pas lui répondre. Il se retourna pour se replonger dans ses dossiers, laissant Ryuji reprendre place sur le bureau. Il termina rapidement son travail. Signer des documents était une chose rapide mais les étudier requerrait un peu plus de temps. Si bien que l’horloge sonna midi plus rapidement que le mafieux ne l’avait prévu. Au final, il n’avait pas traité la moitié de ce qu’il avait prévu, qu’il devait déjà partir.



Se levant, il rangea soigneusement son bureau puis prit sa veste et quitta les lieux, suivit de prêt par son garde du corps qui lâcha un long bâillement. Ryuji était ravi de bouger enfin. Une matinée à naviguer entre canapé et bureau n’était pas vraiment palpitante. Quelqu’un lui avait dit que ce métier n’était pas de tout repos, qu’on ne s’ennuyait jamais… Et bien il lui présenterait Kô pour lui prouver le contraire.



Les deux hommes quittèrent la maison. La limousine les attendait devant la porte. Kô monta à l’intérieur toujours suivit de Ryuji. Il avait dans l’idée d’aller mener sa petit enquête sans passer par la case déjeuner. Ce fut le grondement peu discret d’un estomac qui le fit tourner la tête vers le garde du corps et changer d’idée. Si lui pouvait sauter un repas, le jeune homme ne semblait pas pouvoir en faire autant.



- Vous avez faim… Où désirez vous manger ?

- Ah ?? Parce que j’ai le choix ? Le garde du corps peut choisir là où il veut manger ?

- En temps normal ? Non… Mais vous semblez avoir faim et moi non. Alors choisissez.

- Hamburger ! » Fit Ryuji avec l’entrain d’un enfant.

- Pardon ?

- Ham-Bur-Ger !



Kô regarda son chauffeur, perplexe.



- Je connais un très bon restaurant. » Déclara ce dernier fièrement, et sauvant son patron.

- Ah ? C’est au Mazui Burger ?

- Exactement !

- Mazui ? » S’étonna Kô encore plus troublé. « Je ne suis pas certain de vouloir y aller… »

- Vous avez tord Yamasu-sama, ils font d’excellent burger saumon/soja.

- Si vous le dites Kurotani-san…



Encore plus dérouté, Kô essaya d’imaginer le sandwich en question. Il lâcha un soupir et fit un geste de la main signifiant son consentement. Le chauffeur, à la grande joie de Ryuji, démarra et prit la direction du restaurant en question. Il ne leurs fallut guère de temps pour y parvenir. Le garde du corps fut le premier à sortir de la voiture, à une vitesse extraordinaire. Le mafieux suivit avec un soupir de dépit, se demandant à quel moment on lui avait changé de modèle de Ryuji. Il porta son attention sur Kurotani et lui fit un signe de les suivre. Il semblait apprécier aussi ces burgers, alors il pouvait bien faire un geste pour un homme fidèle et loyal.



Comme il le ferait dans tout restaurant, Kô gagna une table, grimaçant en voyant le monde présent et le bruit environnant. Ce restaurant malgré son nom semblait avoir du succès. Il s’installa, attendant un serveur. Ce fut Ryuji qui s’approcha de lui, un poil dépité.



- Qu’est-ce que vous faites ?

- J’attends un serveur.

- Nous sommes dans un Fast-food, Nous allons au comptoir pour commander.

- Pardon ?



Il regarda alors les personnes qui faisaient la queue, attendant qu’une personne prenne leur commande. Avec un soupir, il se releva pour suivre son garde du corps. Il n’aimait guère le monde qu’il y avait. Beaucoup trop de personnes autour de lui, sans compter les murmures de ceux qui le reconnaissaient. Décidément, pour passer inaperçu, ce genre de restaurant n’était pas l’idéal. N’importe qui pouvait tenter de l’abattre maintenant, qu’il y arriverait. Quoi qu’il faudrait déjà qu’un tueur vienne le chercher dans un lieu pareil…



Leur tour arriva finalement au bout d’une dizaine de minute. Jamais, Kô n’avait eut à attendre aussi longtemps pour être servi. Il laissa Kurotani et Ryuji commander et resta sans voix devant celle de ce dernier. Son garde du corps allait vraiment manger tout ça ? C’était difficilement imaginable, il y avait au moins dix menus différents. C’était impressionnant… Enfin ça le sera s’il parvient à tout finir. Lui se contenta de regarder le menu et prendre le fameux sandwich au Saumon/soja accompagné d’une salade et d’une bouteille d’eau. Le tout fut posé sur un plateau que Kô fixa de façon soupçonneuse. Il osa demander une assiette mais se retrouva face à un mur d’incompréhension, la serveuse pensant qu’il devait se moquer d’elle. Voyant Ryuji partir avec ses plateaux, en demandant comment il parvenait à tous les porter, il décida de l’imiter et alla s’asseoir.



Une fois installé, Kô ouvrit la boite contentant le burger avant de la fermer, abaissant les paupières. Il les rouvrit pour fixer Ryuji, l’air plus que sérieux.



- Où sont les baguettes ou les couverts ?



Ryuji manqua de s’étouffer avec son burger et le fixa à deux fois pour voir s’il était bien sérieux. Visiblement, il l’était… C’était bien un fils à papa qui ne mangeait que dans des restaus de luxe. Il secoua la tête de gauche à droite puis le fixa avec un grand sourire plein de satisfaction.



- Il n’y en a pas ! Ca se mange avec les mains ! C’est ça qui donne tout le goût !

- C’est dégoûtant…

- Mais pas du tout Yamasu-sama. Tout est contrôlé. Et qui plus est, vous vous êtes lavé les mains avant de manger.



A ces mots, Kô se leva pour gagner les toilettes qu’il dut chercher longuement avant de trouver. Il se lava soigneusement les mains en grimaçant et prenant garde à ne rien toucher d’autre que le robinet et encore... Il ne faisait guère confiance à la propreté des lieux. Ceci fait, il revint et saisit le burger du bout des doigts alors que face à lui, Ryuji avait déjà avalé la moitié de sa commande.



- Il en a donné là moitié ? » Demanda-t-il au chauffeur avec un haussement de sourcils.

- Non il a bien tout mangé et cela m’impressionne tout autant…

- Je vois…



Un goinfre… Voilà comment il le voyait à cet instant.

Posant son regard sur son burger, Kô croqua doucement dedans. Le résultat fut impressionnant… Le poisson fut éjecté du sandwich alors que la sauce se déposait avec délicatesse sur sa cravate. Le brun lâcha la chose innommable dans son emballage cartonné. Il saisit une serviette et tenta d’essuyer sa pauvre cravate.



- Ne faites pas ça ! » L’arrêta Ryuji en lui saisissant la main. « Il faut retirer cette tache avec de l’eau et sans frotter. »

- Bien…

- Et après je vous donnerai un cours sur la façon de bien manger un hamburger !

- Alors faites le maintenant… » Répondit le brun en enlevant sa cravate et en la donnant à son chauffeur qui la rangea dans sa poche.



Là débuta tout un cour sur l’art et la manière de dévorer un sandwich américain. Kô parvint après plusieurs tentatives à manger sans que rien ne s’échappe. Lorsqu’ils eurent fini leur repas, le mafieux retourna se laver soigneusement les mains puis rejoignit son garde du corps et son chauffeur. Plus jamais… Kô se jurait de ne plus jamais mettre les pieds dans ce genre d’établissements.



Remontant dans la limousine, il donna sa destination à Kurotani puis attrapa une nouvelle cravate dans une petite penderie. Il l’attacha puis alluma une cigarette en fixant Ryuji.



- Que pensez-vous de l’affaire d’hier ?

- Vous voulez mon avis à moi ? » S’étonna Ryuji en se montrant le bout du nez.

- Si je vous le demande, c’est que je le veux.

- Ah… Bah je dirais un attrape-nigaud enfantin qui n’a pas su évaluer correctement la force de l’ennemi.

- Vous êtes donc d’accord qu’ils étaient venus dans le but de me tuer.

- Même un gosse de cinq ans aurait vu qu’ils n’étaient pas là pour affaire ou du moins pas pour le même genre d’affaire.



Kô porta son attention sur l’extérieur en tirant sur sa cigarette.



- Vous n’êtes pas de mon avis ? » Interrogea Ryuji qui n’avait pas obtenu de réponses.

- Justement… Si…

- Et donc, là, nous allons tirer l’affaire au clair.

- Exactement…

- Avez-vous des directives à me donner ?

- Oui… Restez derrière moi.

- Pardon ? Je suis garde du corps ! Pas le patron qu’on protège.

- Justement, protégez mes arrières. Un tueur préfère tirer dans le dos plutôt que de se pointer devant.

- Certes… Mais je préférerais être à vos côtés.



Kô haussa les épaules en guise de réponse. Du moment qu’il ne se mettait pas devant, tout irait bien. Il ne voulait pas le voir reproduire la scène de la veille. Gérer quelqu’un qui ne supportait pas de tuer, n’était pas chose facile. Son garde du corps pouvait quand même faire son boulot sans en venir aux extrêmes.



Ryuji lâcha un soupir en comprenant très bien que son patron ne comptait plus sur lui pour les taches qui demandaient à se salir les mains. Sauf que maintenant, il était un peu trop tard, pour revenir en arrière. Il avait tué, et rien ne pourrait jamais effacer cela. En plus, il était un professionnel, il ne laisserait plus ses faiblesses prendre le dessus comme la veille. Ses sentiments, à présent, étaient bien rangés dans un coin de son esprit, soigneusement fermé à clé.



Après un trajet qui dura un peu plus d’une demi heure, la limousine s’arrêta non loin des entrepôts gérés par la famille Shomei. Ils étaient situés dans une zone industrielle au sud de la ville. C’était un endroit plutôt calme, sans habitations dans les parages. Kô sortit de la voiture puis avança calmement vers la grille de la propriété, suivit par Ryuji. Ce dernier, sachant pertinemment que rien ne tournerait correctement, avait préparé son arme sans pour autant la sortir de son holster. Les deux hommes marchèrent le long du grillage. Le mafieux observait ce qui se passait derrière. Il n’y avait personne… Ce qui était relativement étrange. Normalement, il y aurait dû y avoir des vigils, un minimum de sécurité. Même les caméras semblaient inactives. Intrigué, Kô continua son avancé, les sourcils froncés. Il s’arrêta alors brusquement. Ryuji qui regardait, aussi déconcerté que son patron par le manque de vie, se cogna contre lui.



- Désolé. » Dit-il en le fixant. « Vous venez acheter ou rendre visite à ces faux partenaires ? »

- La deuxième solution… Mais il semblerait qu’ils aient déménagé…

- C’est ça où vous vous êtes trompé d’adresse.

- C’est la bonne…

- Donc ça confirme vos soupçons. Sinon vous auriez été au courant de leur changement d’adresse. Enfin s’il s’agit de partenaires.



Ryuji avait raison… Kô n’avait pas besoin de lui répondre, son silence en disait long sur ce qu’il pensait. Il y avait un souci avec la famille Shomei… Restait à savoir lequel… Laissant le silence s’installer un peu plus, il continua la visite des lieux, cherchant un indice qui pourrait le conduire à la nouvelle adresse ou lui donner un renseignement sur ce qui avait pu se produire. Hélas, ce fut sans résultat… Seule une énorme pancarte indiquait que la propriété était à vendre, confirmant leurs soupçons.



- Nous sommes dans une impasse pour le moment. » Déclara Kô en retournant vers la limousine.

- Cela en a tout l’air… Alors on fait quoi PA-TRON ?

- Pour le moment… Nous rentrons… Demain, il vous faudra être en forme. Nous allons avoir un rendez-vous obligé avec quelqu’un de dangereux.

- Mais je suis toujours en forme moi !



Kô préféra ne pas relever. Vu la nuit qu’il avait passé la veille, il était certain qu’il n’allait pas mieux dormir la nuit suivante. Allez savoir pourquoi…

Sur cette décision, laissant Ryuji à ses bougons, ils retournèrent à la voiture, qui les ramena gentiment à la résidence Yamasu. Etant donné que ce ne serait pas le lendemain qu’il pourrait terminer ses dossiers… Kô allait devoir travailler maintenant et certainement jusque tard dans la nuit. Ce n’était pas comme s’il n’avait pas l’habitude.

 


A suivre …