Pris Pour Cible
(Viewfinder)
Titre :
Pris pour cible.
Auteur : Val-rafale
Chapitre : Fic Entière
Genre : Yaoi / Angst / Action.
Couple : Asami Ryuichi x Takaba Akihito
Disclamer : Ne lui appartiennent pas
Pris Pour Cible
La nuit était tombée depuis quelques heures maintenant sur la capitale du Japon,
laissant la vie nocturne reprendre ses droits. La ville était très illuminée
comme tous les soirs, éclairée par les immenses enseignes de magasins et
panneaux publicitaires mais aussi par les véhicules circulant encore dans les
rues malgré l’heure tardive. Cependant tout cela, était parfaitement normal dans
cette cité qui ne semblait jamais dormir comme les grandes métropoles des
Etats-Unis. Les quartiers résidentiels, eux aussi, étaient parés de couleurs
vives, même si ces dernières étaient moins nombreuses que dans le centre de la
ville.
C’était cet éclairage quelque peu diffus qui illuminait de temps à autre le
grand appartement de cet immeuble se dressant parmi d’autres. Tout avait l’air
tranquille et calme à l’intérieur de ce logement, meublé de façon soft. Pourtant
le silence n’était pas maître en ces lieux, un léger bruit étouffé ressemblant à
des gémissements provenait d’une pièce voisine. Le peu de clarté que produisait
la ville permettait de distinguer deux silhouettes se mouvant sur un lit dans un
bruissement de draps. Il n’était pas difficile de deviner ce que ces personnes
faisaient, vu les gémissements qui emplissaient doucement la pièce. En
s’approchant plus prêt d’eux, il était possible de voir qu’il s’agissait de deux
hommes…
Asami Ryuichi, célèbre homme d’affaire, propriétaire du club le Sion et ayant la
réputation d’être un yakuza, se trouvait dans la chambre de son appartement,
allongé sur son lit. Il observait le jeune homme assis sur lui, les mains posées
sur sa taille, un fin sourire satisfait étirant ses lèvres. Ce jeune homme en
question, n’était autre que Akihito Takaba, jeune reporter qui avait eut la
malchance de finir dans la ligne de mire de ce yakuza craint de beaucoup de
monde. Depuis qu’il l’avait rencontré, Asami jouait avec lui, aussi bien
physiquement parlant que moralement. Akihito lui appartenait et il ne se gênait
pas pour le lui montrer, comme il le faisait ce soir là, en le possédant une
fois de plus… Les ébats des deux hommes étaient, pour la plupart du temps,
dépourvu de douceur. Takaba cherchait à fuir le yakuza qui trouvait toujours le
moyen de l’avoir, l’attachant en général durant leur relation. Cette dernière,
forcée, visait à essayer de dominer le jeune homme au caractère bien trempé.
Cependant, ce soir là était un peu différent des précédentes fois. En effet,
c’était l’une des rares fois où Akihito était venu trouver de lui-même Asami,
afin de lui demander un service. Celui-ci, hélas, était loin d’être gratuit vu
la façon dont tout cela était terminé. Le brun avait été clair sur un point, il
accepterait d’écouter le jeune homme à la condition qu’il se donne à lui encore
une fois. Takaba avait à peine eut le temps de réfléchir, ou de dire le moindre
mot qu’il se retrouvait dans le lit de son hôte…
Un gémissement, un peu plus fort que les autres, se fit entendre dans la pièce
avant que le châtain ne se laisse tomber sur le corps magnifiquement musclé
d’Asami. Ce dernier, souriant de satisfaction, laissa quelques instants le jeune
homme sur lui, le temps qu’il reprenne un peu son souffle. Lorsqu’il jugea qu’il
avait suffisamment récupéré, il l’écarta, l’allongeant sur le dos et se
positionnant au dessus de lui, dominateur.
- Quel est ce service que tu voulais me demander ? » interrogea-t-il de sa voix
grave aux intonations froides.
Akihito, les yeux mis clos par la fatigue, sursauta à la question, se souvenant
les raisons de sa venue ici. Il fixa Asami en fronçant légèrement les sourcils
avant de se redresser pour s’asseoir sur le bord du lit. Le brun s’installa à
ses côtés, croisant les jambes tandis qu’il allumait une cigarette.
- Je t’écoute. » insista-t-il le regard glacial.
- Je… Un ami m’a demandé de l’aide pour faire tomber un politicien véreux. »
commença Akihito avec sérieux. « Je dois juste le prendre en photo lorsqu’il
reçoit un pot de vin. »
- Et qu’ai-je à voir dans cette histoire ? » demanda Asami en tirant sur sa
cigarette.
- Je sais que ce type est client dans ton club. » répondit le châtain en
surveillant son hôte du coin de l’œil, méfiant.
L’aîné le fixa froidement, tout en portant sa cigarette à ses lèvres. Il se leva
ensuite, avec calme, prenant au passage un peignoir qu’il enfila, avant de se
tourner vers Takaba. Il le regarda de haut, de façon froide et dure.
-Tu voudrais que je t’aide à faire plonger l’un des clients de mon club qui de
plus, est très certainement aussi un homme avec qui je fais affaire. »
déclara-t-il d’une voix neutre tout en s’approchant à nouveau de lui.
Dès qu’il fut face au jeune homme, il se pencha en avant, plantant ses yeux dans
les siens. Akihito eut un léger mouvement de recul, avant de serrer les dents
pour se donner le courage de soutenir ce regard qu’il connaissait que trop bien.
Il ne devait pas lui montrer qu’il le craignait d’une certaine façon.
- Je suis perdant dans cette histoire, si je te prête main forte. Alors donne
moi une raison valable de t’aider. » reprit Asami de son ton habituel.
Takaba le fixa puis baissa les yeux en soupirant, commençant à regretter d’être
venu. Il ne trouverait jamais de bons motifs pour qu’Asami accepte. Le châtain
se trouvait stupide d’avoir pensé pouvoir compter sur le brun pour lui prêter
main forte, une fois de plus, il avait agit sur un coup de tête. Une main le
saisit alors au menton afin de l’obliger à relever la tête. Il croisa le regard
du brun dont les lèvres étaient à nouveau étirées en un fin sourire.
- Qui est l’homme que ton ami veut faire plonger ? » demanda-t-il froidement. «
Ne serait-ce pas Shitazaka-san. »
- C… Comment le sais-tu ? » demanda Akihito en ouvrant de grands yeux surpris.
Le brun ne répondit pas à sa question cependant, son regard se fit un peu plus
étrange. Il se redressa et s’écarta de lui pour se rendre dans la salle de bain
où il s’enferma. Takaba entendit rapidement l’eau de la douche se mettre à
couler, restant un peu interdit à la réaction d’Asami. Il se leva à son tour
puis reprit ses affaires pour s’habiller. Il récupéra au passage sa sacoche
contenant son précieux appareil photo avant de se diriger vers la porte d’entrée
de l’appartement. Il n’avait plus rien à faire ici. Le silence du yakuza était
une preuve comme quoi il ne voulait pas l’aider, il lui était donc inutile
d’insister. Le châtain regarda une dernière fois en direction de la chambre puis
quitta les lieux pour rentrer chez lui.
Après avoir quitter l’immeuble, Akihito commença à marcher dans les rues, la
tête basse, réfléchissant à sa discussion avec Asami. Il s’était une fois de
plus fait avoir par cet homme qui avait bien profité de la situation. Il devait
être stupide d’avoir espéré un peu d’aide de sa part et encore plus pour ne pas
voir le jeu auquel il jouait avec lui. Il semblait de plus en plus évident pour
Takaba que le brun cherchait à le plier à sa volonté, dans quel but, cela
restait un mystère pour lui. Après tout, il n’avait rien, il n’était qu’un
simple photographe qui ne pouvait rien apporter d’intéressant. Alors qu’est-ce
qui motivait Asami à toujours le poursuivre ? A le sauver lorsqu’il se mettait
dans le pétrin ? Il n’en avait pas la moindre idée. Mais certaines attitudes du
Yakuza, troublaient de plus en plus le jeune homme qui commençait à ressentir
d’étranges sensations lorsque ses pensées étaient tournées vers lui. Akihito ne
s’expliquait pas cela alors que le yakuza n’hésitait pas parfois à l’utiliser
pour arriver à ses fins.
- Akihito Takaba ? » demanda brusquement une voix masculine faisant ressortir le
jeune homme de ses pensées.
Le châtain regarda en direction d’une ruelle devant laquelle il passait et où se
trouvait son interlocuteur. Il aperçut, à quelques mètres de lui, un jeune homme
un peu plus âgé que lui, aux cheveux bruns un peu en bataille. Il ne distinguait
pas ses yeux, ni son regard, caché pas des lunettes très sombres. L’espace d’un
instant, Akihito se demanda comment il faisait pour voir avec vu l’obscurité
ambiante. Mais il chassa très rapidement cette question, plus stupide qu’autre
chose, dans un recoin de sa tête pour revenir à l’essentiel, à savoir cet homme
vêtu d’un costume sombre et d’un manteau tout aussi noir et aux allures de
yakuza. Takaba se tourna vers lui en haussant un sourcil.
-On se connaît ? » demanda-t-il calmement mais en restant sur ses gardes.
-Vous, non, mais moi, oui. » répondit l’homme mystérieusement en plongeant sa
main dans la poche de son manteau.
Akihito suivit machinalement le mouvement avant de reporter son attention sur le
visage de l’homme, de plus en plus méfiant. Il ne savait pas pourquoi mais son
instinct lui dictait de commencer à courir pour fuir au plus vite cette rue et
surtout mettre de la distance entre lui et ce type à l’air louche. Hélas, il
n’en fit rien, désirant en savoir un peu plus sur lui. Sa curiosité était
toujours la plus forte…
- Vous êtes qui ? » interrogea-t-il intrigué. « Et qu’est-ce que vous me voulez
? »
- Ca… » fit simplement l’homme en ressortant sa main de sa poche, armée d’un
révolver d’un calibre assez important à première vue.
L’inconnu le pointa sur Akihito qui eut un mouvement de recul, quelque peu
étonné. Presque immédiatement, un coup de feu retentit dans la rue. Le châtain
ouvrit des grands yeux surpris avant de reculer, posant une main sur le côté
droit de son ventre. Il baissa les yeux pour voir une tache rouge s’étendre
doucement sur ses vêtements. Du sang… Il releva la tête pour fixer son
vis-à-vis, le regard rempli d’incompréhension. Il vit l’homme crisper une fois
de plus son doigt sur la détente prêt à tirer. Sans attendre et luttant contre
la douleur, Takaba plongea sur le côté pour tenter de se mettre à l’abri
derrière une poubelle tandis que le type tirait une nouvelle fois, l’atteignant
cette fois ci au bras. Le photographe grimaça de douleur, des gouttes de sueurs
commençaient à perler sur son front. Il essaya de regarder autour de lui à la
recherche d’une meilleure cachette que cette poubelle de fortune alors que
derrière lui les pas de l’homme se faisaient entendre. Akihito aperçut de
l’autre côté de la rue un camion qui s’apprêtait à démarrer. Il voyait là une
chance de pouvoir échapper à ce tueur. Mais pour arriver à l’atteindre, c’était
une autre histoire. Il allait devoir courir dans la rue, à découvert et ferait
une cible parfaite. Il commença à chercher autour de lui une arme de fortune
pour se débarrasser de ce gêneur. Son regard se posa sur sa sacoche, contenant
son appareil photo. Le châtain soupira en fermant un instant les yeux, il
n’avait pas d’autre choix que de faire ça.
Le châtain serra alors les dents, se concentrant sur les pas de l’inconnu qui
s’approchait. Lorsqu’il le jugea suffisamment proche de lui, il jaillit de sa
cachette luttant contre la douleur qui l’élançait. Takaba donna un violent coup
de sacoche dans la main armée de l’homme, faisant voler le révolver un peu plus
loin. Sans attendre que le tueur comprenne ce qui venait de se passer, il se
dirigea vers le camion aussi rapidement que ses blessures le lui permettaient.
Akihito se hissa à l’arrière, en espérant de tout cœur qu’il allait bientôt se
mettre en marche. Discrètement, il jeta un coup dehors pour voir où se trouvait
le tireur. Il le vit reprendre son arme avant de regarder dans sa direction et
s’avancer, apparemment décidé à aller jusqu’au bout de son œuvre.
Le photographe rentra complètement dans la remorque du véhicule, tremblant. Il
regarda autour de lui, il y avait de nombreux les cartons empilés. Cependant, le
camion ne semblait pas totalement rempli, cela signifiait donc qu’il n’était pas
prêt de partir. Ce n’était pas bon pour le jeune homme tout ça. Le tueur
approchait et lui il s’était fait piéger bêtement là, espérant trouver une
chance de salut. Il devait faire quelque chose avant qu’il n’arrive pour mettre
fin à ses jours. Mais la douleur était tellement forte qu’il n’arrivait pas à
réfléchir correctement. Pourtant il devait trouver une solution afin de s’enfuir
et rapidement.
- Qu’est-ce que tu fous là, toi ? » demanda à ce moment précis une voix grave
d’homme, faisant sursauter Akihito.
Ce dernier regard celui qui se tenait là devant le camion et qui venait de lui
parler. Il avait tout du chauffeur à en juger par sa tenue vestimentaire et
aussi sa carrure. Derrière lui se tenaient deux autres hommes qui le fixaient,
en tenant des cartons dans les mains. Le châtain s’approcha et s’apprêta à se
glisser à l’extérieur du camion lorsque celui qui l’avait interpellé le tira
brusquement par le col pour l’obliger à aller plus vite, le faisant grimacer de
douleur.
- Je ne supporte pas les passagers clandestins ! » fit-il durement.
Akihito appuya sur son ventre douloureux, ne prêtant pas garde à ce que disait
l’homme tant il avait mal. Le chauffeur baissa alors le regard en voyant l’état
de Takaba et remarqua la blessure au ventre. Il se tourna vers les autres types.
- Appelez vite une ambulance ! » ordonna-t-il vivement.
- Non ! » s’écria Akihito en le fixant quelque peu paniqué. « Pas d’ambulance !
»
- Mais il faut aller à l’hôpital. Vous êtes blessé ! » répondit le chauffeur en
fronçant les sourcils.
Le jeune homme ne l’écouta pas et regarda alors de l’autre côté de la route pour
voir si le tueur était toujours là. Ce n’était pas le cas. Il avait disparu,
cependant cela ne soulagea pas Takaba. Il se doutait qu’il devait être dans les
environs, le guettant. Il commença à le chercher du regard, toujours sans
écouter le conducteur du camion. Une ombre cachée dans une ruelle à quelques pas
de lui, attira son attention. Le châtain serra les dents puis fixa le chauffeur.
- Conduisez moi à l’hôpital. » demanda-t-il en s’accrochant à sa chemise.
- Euh…. D’accord. » répondit l’homme quelque peu surpris par la demande.
Il aida Akihito à monter dans la cabine de son camion puis se tourna vers les
deux autres hommes pour leur dire qu’il revenait après. Il se mit ensuite
derrière le volant avant de démarrer rapidement et de prendre la direction de
l’hôpital. Le châtain jeta un petit coup d’œil dans le rétroviseur pour voir le
tueur sortir de sa cachette et fixer le camion qui s’éloignait. Il soupira
légèrement plus détendu maintenant qu’il se savait en sécurité. Mais il se
doutait qu’elle était relative. Si cet homme voulait le supprimer, il ne lui
serait pas difficile de le retrouver et encore moins de deviner l’endroit où il
se rendait, surtout vu la blessure qu’il avait au ventre.
Takaba ferma un peu les yeux, épuisé par tout cela. Son esprit commença à
divaguer et à réfléchir sur ce qui venait de se passer. Pourquoi cet homme
voulait-il l’éliminer ? Jusque, là il n’avait pas eut le temps de se poser la
question, cherchant plus à sauver sa peau. Maintenant qu’il avait un instant de
répit, il se demandait ce qu’il avait fait à ce type pour qu’il veuille le
supprimer. Il n’était qu’un photographe, mais peut être avait-il pris une photo
gênante ou compromettante sans s’en rendre compte. Il ne savait pas… Il ne se
souvenait de rien et la douleur qui le lançait dans le ventre ne l’aidait pas à
réfléchir correctement.
Un temps indéfini s’écoula. Akihito à moitié dans les vapes, sentit le camion
s’arrêter avant que des voix lointaines se fassent entendre. Il eut la sensation
d’être saisit avec douceur puis déposé sur quelque chose de ferme. L’espace d’un
instant il ouvrit les yeux, apercevant la silhouette d’un homme vêtu de blanc.
Il regarda alors au dessus de lui pour voir un plafond où défilait de nombreux
néons. Ce mouvement plutôt rapide lui donna la nausée, il referma donc les yeux
pour ne pas se sentir malade. Une étrange mais douce chaleur l’envahit,
l’enveloppant doucement. Cependant, elle fut accompagnée d’un désagréable
picotement dans la gorge. Takaba aurait aimé se gratter le cou et boire quelque
chose pour passer cela, hélas, son corps semblait ne pas lui répondre. Très
rapidement, cette sensation s’estompa avant qu’il ne sombre dans l’inconscience.
Quelques heures s’écoulèrent avant que Akihito n’ouvre enfin les yeux. Il était
allongé sur un lit, les bras le long du corps, recouvert d’un drap blanc et
d’une couverture toute simple bleue. Au niveau de la pliure de son coude droit
avait été posée une perfusion de laquelle s’écoulait un sérum, servant à
redonner un peu de force au patient. Le soleil matinal illuminait, de ses doux
rayons, la chambre d’hôpital où il se trouvait, réchauffant doucement la pièce.
Le photographe, à peine éveillé, leva sa main gauche pour se frotter les yeux
avant de tenter de se redresser, en se demandant où il se trouvait. Mais une
vive douleur lui vrilla le corps et il n’eut pas d’autre choix que de se laisser
retomber sur le matelas bien ferme. Les évènements de la nuit lui revinrent
alors en mémoire. Takaba, beaucoup mieux réveillé, fronça les sourcils puis
tenta une nouvelle fois de se lever. Il ne devait pas rester là, dans cet
hôpital. Il faisait une proie facile ici, n’importe quelle personne pouvait
entrer incognito, surtout ce tueur qui l’avait pris pour cible.
Alors qu’il se laissait doucement rouler sur le côté pour s’asseoir sur le bord
du lit, tout en faisant attention à sa perfusion, le châtain entendit une
personne frapper à la porte de la chambre avant d’y entrer. Il fixa la jeune
infirmière qui venait d’arriver, un plateau dans les mains. Elle fronça les
sourcils avant de poser sur une table ce qu’elle tenait et de s’approcher
d’Akihito.
- Que faites vous ? » demanda-t-elle en le poussant pour qu’il se rallonge. «
Vous ne devez pas bouger de votre lit pour le moment, ordre du médecin. »
- Mais…
- Il n’y a pas de « mais ». » coupa la femme d’un ton tranchant. « Vous voulez
donc que vos plaies s’ouvrent à nouveau ? »
Takaba voulut résister à l’infirmière cependant, ses blessures le faisant trop
souffrir, il fut contraint et forcé de se rallonger, non sans détourner la tête
en grognant. La jeune femme n’y prêta pas attention. Elle se dirigea la table
sur laquelle elle avait déposé le plateau, puis pris un verre d’eau ainsi qu’un
comprimé avant de les amener au châtain. Ce dernier les fixa puis haussa un
sourcil interrogateur.
- Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il méfiant.
- C’est un médicament contre la douleur. » répondit l’infirmière en lui donnant
tout. « Vous n’en prenez que si cela vous fait souffrir. Le médecin passera vous
voir dans l’après midi. A tout à l’heure. »
Sans attendre de réponse, elle quitta la pièce. Akihito soupira longuement et
avala le comprimé ainsi que le verre d’eau. Il posa le tout sur une table à côté
de lui avant de porter son attention sur le plafond, réfléchissant à un moyen de
quitter cette chambre sans qu’on le remarque. Il devait absolument partir avant
qu’il ne fasse nuit sinon il risquait vraiment de perdre la vie. Il ne fallait
pas être sortit d’une grande école pour savoir que le meilleur moment pour tuer
quelqu’un dans un hôpital c’était le soir, lorsqu’il n’y avait pratiquement plus
personne dans les locaux. Le châtain regarda son bras d’où sortait la perfusion.
Il posa sa main dessus puis ferma les yeux en serrant les dents avant de tirer
un grand coup pour l’arracher. Une violente douleur lui parcourut le poignet
cependant, il se retint de pousser un quelconque son afin de ne pas se faire
remarquer. Pour la troisième fois, il tenta de se lever, se laissant doucement
glisser hors du lit. Mais ses jambes ne le soutinrent que très faiblement et il
se retrouva à genoux près du lit. Il lui fallut un douloureux effort pour
parvenir à mettre debout. Ceci fait, il s’avança vers l’armoire de la chambre où
il trouva rangés, de façon soigneuse, ses vêtements. Lentement mais sûrement,
Akihito se changea. Une fois terminé, il se dirigea vers la porte et l’ouvrit
avant de passer la tête pour regarder à gauche puis à droite s’il n’y avait
personne. Dès qu’il en fut certain, il sortit, commençant à longer les couloirs
d’un pas aussi rapide que le lui permettait sa plaie au niveau de son ventre.
Takaba aperçut un panneau indiquant le mot « sortie » ainsi qu’une porte. Cette
dernière devait très certainement mener à une cage d’escalier. Sans attendre
plus longtemps, il s’engouffra à l’intérieur. Le jeune homme commença à
descendre doucement les marches, faisant attention à ne pas trop forcer pour ne
pas rouvrir sa blessure. Il mit au moins une dizaine de minutes avant d’arriver
au rez-de-chaussée. Il longea le hall, se faisant le plus discret possible et
sortit de l’hôpital. A l’extérieur, une légère brise fraîche vint souffler dans
ses cheveux. Le photographe inspira profondément puis regarda autour de lui. Il
repéra un taxi garé à quelque pas. Il s’en approcha pour montrer à l’intérieur
puis porta son attention sur le chauffeur qui l’observa dans son rétroviseur.
-Où désirez vous aller ? » demanda-t-il d’une voix calme.
Akihito lui donna l’adresse de sa destination. Il s’agissait d’un hôtel très
réputé où Asami logeait la plupart du temps. Le châtain espérait qu’il y serait.
Il était le seul à pouvoir l’aider et surtout à le protéger. Quelle ironie,
n’est-ce pas ? Il allait à nouveau voir cet homme de lui-même pour lui demander
un service. C’était à croire qu’il ne pouvait plus vivre sans lui. Cela serait
certainement être la réflexion du yakuza. Mais peu importait les paroles
blessantes ou vexantes du brun. Pour le moment tout ce qui comptait, c’était
qu’il soit en sécurité. Et seul Asami pouvait la lui assurer.
Takaba regarda par la vitre le paysage urbain qui défilait devant ses yeux. Il
soupira longuement puis ferma les yeux. Il se sentait un peu fatigué par
l’effort qu’il avait dû faire afin de sortir de l’hôpital. De plus les
anti-douleurs qu’il avait prit, devaient très certainement l’endormir un peu
plus. Ce fut uniquement lorsque le taxi s’arrêta que le photographe ouvrit
s’éveilla. Il paya la course avec le peu de monnaie qu’il avait, avant de sortir
du véhicule. Le châtain regarda l’hôtel puis entra à l’intérieur. Il se dirigea
vers l’ascenseur qui le mena à l’étage où Asami avait sa suite. Il s’approcha de
la porte et frappa doucement. Akihito attendit patiemment sans que personne ne
vienne ouvrir. Le Yakuza ne devait donc pas être là. Il fallait dire que c’était
un homme très occupé par ses affaires. Le jeune homme soupira longuement puis
commença à s’éloigner. Alors qu’il s’approchait de l’ascenseur, il vit les
portes de ce dernier s’ouvrir sur…
- Asami… » murmura-t-il quelque peu surpris.
Le brun haussa très légèrement un sourcil, en le voyant, puis il sortit de la
cabine, silencieux, se dirigeant vers la suite qu’il occupait, suivit par
Takaba. Il ouvrit la porte et entra avant de laisser le châtain en faire de
même. Il déposa ensuite sa mallette sur le canapé et alluma une cigarette, tout
en fixant attentivement son visiteur. Il remarqua des traces rouges familières
sur ses vêtements, cependant, il ne fit aucun commentaire.
- Que veux-tu, cette fois-ci ? » demanda-t-il de sa voix grave aux intonations
froide. « Tu es bien ici pour me demander un service, je suppose. Tu ne
viendrais pas me rendre visite uniquement pour passer un peu de bon temps en ma
compagnie. »
Akihito serra les dents et les poings, tout en soutenant son regard. Il aurait
dû s’attendre à un accueil de ce genre et surtout à ce type de paroles de la
part du yakuza. C’était toujours ainsi avec lui… Résultat, il commençait à
regretter d’avoir décidé de venir ici pour quémander son aide. La police aurait
été tout aussi efficace pour le protéger. D’ailleurs pourquoi n’y avait-il pas
pensé plus tôt ? Pourquoi avait-il fallu que ce soit Asami qu’il ait choisi ? La
raison était simple, les flics risquaient de lui poser des tonnes de questions
sur les raisons pour lesquelles il était poursuivit par ce tueur. Il serait
certainement obligé de faire allusion à Asami et beaucoup de monde connaissait
la réputation de ce dernier, surtout les flics qui devaient enrager de voir un
homme comme lui en liberté. Bref, il serait moins crédible comme victime si la
police savait qu’il était proche de lui.
- Oui je suis là pour te demander ton aide encore une fois. » répondit-il agacé
et agressif. « Alors finissons en rapidement ! »
A ce moment précis, le jeune homme sentit une vive douleur lui vriller tout le
corps. Il se crispa et se plia en deux avant de poser un genou au sol. Akihito
posa une main au niveau de son bas ventre. Malgré les médicaments qu’il avait
prit un peu plus tôt, il ne se sentait toujours pas bien. Comment pourrait-il se
sentir mieux après tout ce qu’il avait vécu ces dernières heures ? Takaba ne put
retenir un léger soupir en y repensant. Il se redressa lentement, tentant de
lutter contre la souffrance. Il sentit alors une main se refermer sur son bras
et l’aider à se relever. Le photographe fixa Asami qui l’observait lui aussi
avec gravité. Celui-ci, sans un mot, l’entraîna vers le canapé sur lequel il
l’obligea à s’asseoir. Le yakuza se dirigea ensuite vers la cuisine pour en
revenir avec un verre d’eau dans une main et des comprimés dans l’autre. Il posa
le tout sur la table basse avant de prendre place aux côtés d’Akihito.
- Dans quels genres de problèmes t’es-tu encore mis cette fois-ci ? »
demanda-t-il en le regardant avec sérieux, cigarette entre les lèvres.
Akihito détourna les yeux en soupirant une nouvelle fois. A entendre Asami, il
avait l’impression de toujours se mettre dans le pétrin. D’un certain point de
vu, il devait reconnaître que le brun n’avait pas tout à fait tord non plus. Il
avait souvent tendance à s’attirer des ennuis en tout genre, surtout depuis
qu’il le connaissait. Cependant, Takaba avait remarqué avec le temps, que le
Yakuza n’hésitait pas à prendre des risques aussi pour venir à son secours. Il
ne comptait plus le nombre de fois que cela avait pu arriver. C’était si souvent
que le jeune homme venait maintenant le trouver de lui-même afin de quémander
son aide. Bien entendu, cela se finissait toujours de la même façon, Asami
sachant profiter de la situation pour obtenir ce qu’il désirait. Akihito ne se
faisait pas d’illusions, le résultat ne serait pas différent cette fois ci.
-As-tu l’intention d’attendre longtemps avant de me répondre ? » interrogea
Asami, le faisant sortir de ses pensées.
-Pardon… » répondit le photographe en baissant le regard. « Je… Un homme veut
m’assassiner… »
-Je l’ai bien remarqué. » répliqua le brun sans le quitter des yeux. « Je
voudrais juste savoir ce que tu as fais pour en arriver là. »
Ce qu’il avait fait ? C’était une chose qu’Akihito aurait aimé savoir. Il avait
vu et fait tant de choses depuis qu’il connaissait le Yakuza. Il y avait
beaucoup de personnes susceptibles de s’en prendre à lui, tous les ennemis du
brun pour être précis. Ceux-ci étaient particulièrement nombreux. Bien entendu,
le photographe aurait pu éviter tous ces ennuis en faisant en sorte de ne pas se
laisser entraîner dans ces histoires de mafia. Cependant, comment échapper à un
homme comme Asami ? Ce dernier obtenait tout ce qu’il désirait avec une facilité
peu surprenante vu la fortune qu’il avait amassée. Cependant, tout n’était pas
la faute non plus du brun. Takaba avait une grande part de responsabilité dans
ce qui lui arrivait. C’était lui qui avait décidé de poursuivre le propriétaire
du Sion pour le faire tomber de quelques manières que ce soit.
Le jeune homme soupira une nouvelle fois avant de ramener ses genoux contre son
torse, le regard perdu sur la table basse. Il resta silencieux et sans bouger
durant un court instant puis releva les yeux vers son hôte.
- J’ignore pourquoi ce type s’est attaqué à moi. » déclara-t-il en fronçant les
sourcils. « Tout ce que je peux dire, c’est qu’il veut me tuer. Je l’ai vu dans
ses yeux… »
Asami ne fit aucun commentaire, fumant simplement en écoutant le jeune homme
parler et réfléchissant à son histoire. Après un court moment, il se leva tout
en écrasant sa cigarette dans le cendrier. Il s’approcha ensuite de la fenêtre
et posa son regard sur Akihito. Ce dernier avait baissé les yeux, réfléchissant
à l’identité de cet homme qui lui en voulait. Mais il ne voyait pas qui pouvait
l’envoyer, peut être mis à part Feilong. Ce dernier était le seul, jusque là, à
s’être attaqué à lui et à avoir tenté de le tuer. Cependant, il avait tenté de
le faire de ses propres mains, pas en envoyant un tueur. Bref, cette hypothèse
tombait à l’eau. Résultat, la question restait en suspend. Qui avait envoyé ce
tueur ? Et si il n’y avait personne pour avoir demandé cet assassinat ? Si cet
homme avait décidé de le tuer de son propre chef ? Alors il faudrait à Takaba de
longues explications pour comprendre le sens de ces actes. Il n’avait jamais
fait quoi que ce soit pour qu’on le prenne pour cible. Du moins, c’est ce qu’il
pensait…
Le châtain se leva difficilement puis vint rejoindre Asami devant la vitre, tout
en se tenant le ventre d’une main. Il avait beau prendre des médicaments la
douleur restait persistante. Il leva les yeux vers cet homme dont il ne pouvait
plus se passer malgré tous les ennuis qu’il lui attirait.
- D’après toi… Qui pourrait vouloir m’assassiner ? Et pour quel motif ? »
demanda-t-il, les sourcils légèrement froncés. « Est-ce encore à cause de toi et
parce que je te connais que je me retrouve dans cette situation ? »
- Jusqu’à maintenant, tu t’es débrouillé seul pour te mettre dans les pires
ennuis. » répondit avec calme le Yakuza. « Cette fois ci ne doit pas être
différentes des précédentes. »
Akihito serra les poings à cette remarque acide de la part d’Asami. Il sous
entendait simplement qu’il était le seul responsable de tous les ennuis qu’il
avait eut jusque là. Comme si il désirait se retrouver dans les pires situations
où il risquait sa vie en espérant qu’un certain brun viendrait le chercher pour
le sauver. Il n’avait jamais voulu cela. Il faisait juste son travail de
reporter.
- Si je ne t’avais pas rencontré, jamais je n’aurais eu ces problèmes ! »
répliqua-t-il particulièrement énervé.
- Tu es tout autant responsable de cela… » déclara Asami en allumant une
nouvelle cigarette et en se penchant sur Akihito, plongeant son regard dans le
sien. « Dois je te rappeler ce qui s’est passé à cette époque ? Ou peut être te
montrer… »
- Sans façon ! » répondit le cadet en s’écartant aussitôt, méfiant et surtout
n’aimant pas ce sourire qui apparaissait sur les lèvres du Yakuza. « Je m’en
souviens très bien et je n’ai aucune envie d’y repenser ! Sur ce, je te laisse,
je pense que je me débrouillerai mieux tout seul ! »
Sans attendre de réponse, le jeune photographe se dirigea vers la porte qu’il
ouvrit. Il s’attendait à ce que le brun l’empêche de partir comme il l’avait
fait à de nombreuses reprises mais rien ne vint. Il quitta donc les lieux sans
être retenu. Etrange, Akihito pensait vraiment qu’il allait l’empêcher de sortir
et ainsi de mettre sa vie en péril. Mais il devait certainement se faire de
fausses idées sur les sentiments d’Asami vis-à-vis de lui. De toute façon il
semblait évident qu’un tel homme ne pouvait s’attacher à quelqu’un, surtout pas
une personne comme lui. Le jeune homme quitta donc l’hôtel sans rencontrer la
moindre difficulté pour la première fois de sa vie. Une fois à l’extérieur,
Takaba leva les yeux en direction du grand bâtiment où se trouvait le Yakuza. Il
observa un instant les étages avant de soupirer en commençant à marcher dans la
rue, non sans difficulté. Il avança sans but précis, cherchant un moyen de
régler son problème définitivement et surtout seul pour une fois. Hélas, il ne
voyait qu’une unique solution à son problème, c’était de trouver ce tueur puis
de lui demander les raisons de tout cela.
Alors que le châtain réfléchissait à tout cela, il ne remarqua pas la berline
noire aux fenêtres teintées qui le suivait lentement. Le véhicule accéléra
légèrement pour se mettre à hauteur du jeune homme tandis que l’une des vitres
se baissaient.
- Monte. » ordonna la voix glacial d’un homme.
Akihito sursauta imperceptiblement puis s’arrêta avant de se tourner vers son
interlocuteur. A sa vue, ses dents et ses poings se serrèrent immédiatement.
Dans cette voiture se trouvait celui qui l’avait pris pour cible et qui le
pourchassait. Le photographe eut un mouvement de recul, s’apprêtant à prendre la
fuite en courant malgré sa blessure. Hélas, le reflet métallique du canon d’une
arme le stoppa net dans son mouvement.
- Je ne le répèterai pas… » fit froidement l’assassin. « Montez… Ou je vous
descends. »
Un léger tremblement traversa le corps d’Akihito à ces mots. Il hésita encore un
instant avant de s’approcher de la voiture et d’ouvrir la porte. Lentement, en
prenant garde à sa blessure au ventre, il monta à l’intérieur. La porte fut à
peine refermée que le tueur passait la première pour démarrer rapidement,
prenant une direction encore inconnu de Takaba. Le trajet se fit en silence. De
coin de l’œil, le châtain observait de temps à autre son kidnappeur, en se
demandant où il le conduisait. Très rapidement, il se rendit compte qu’il
l’emmenait sur les docks, un endroit calme en d’autres termes.
Le tueur gara sa voiture entre deux entrepôts puis descendit calmement, faisant
le tour du véhicule jusqu’à la porte passager. Il l’ouvrit pour permettre à
Takaba de sortir à son tour, chose qu’il ne fit pas. L’assassin fut contraint de
le saisir par le bras afin de l’obliger à quitter la berline. Il le poussa
ensuite vers l’un des entrepôts, sans la moindre douceur. Les deux hommes
pénétrèrent à l’intérieur et le photographe fut poussé violemment contre l’une
des étagères métalliques se trouvant en plein milieu de la grande salle. Sa tête
cogna assez durement contre une barre, néanmoins pas suffisamment assez fort
pour qu’il perde connaissance. Cependant, un filet de sang coula de son front,
laissant une traîné carmine sur sa tempe. Akihito fixa cet homme qui l’agressait
de façon rageuse en se tenant toujours le ventre d’une main.
- Vous êtes complètement malade ! » fit-il durement en serrant les dents. «
Qu’est-ce que vous me voulez à la fin ?? »
- Je pensais que c’était évident pourtant. » répondit le tueur en sortant son
arme. « Je désire te tuer. »
- Alors qu’attendez vous pour le faire rapidement ? » s’énerva le châtain son
regard se remplissant de colère.
- Que tu cesses de te défendre. Que ton instinct de conservation t’abandonne. »
déclara avec calme l’assassin en chargeant lentement son arme. « Que tu n’es
plus aucun espoir d’être secourut par qui que ce soit. »
Akihito sursauta à ses paroles. S’il comprenait bien les paroles de son
vis-à-vis, celui-ci attendait qu’il ne se montre plus combatif et non qu’il se
laisse bien sagement tuer. Néanmoins, c’était très mal le connaître… Le
photographe n’était pas du genre à se laisser faire avec autant de facilité.
Tant qu’il était en vie, il avait toujours un soupçon d’espoir pour qu’il s’en
sorte et s’il parvenait sans l’aide d’Asami pour une fois, quelle ne serait pas
sa joie. Pour une fois, le jeune homme ne comptait pas sur l’intervention du
Yakuza. Ce dernier ne savait pas où il se trouvait, alors comment pourrait-il
venir l’aider ?
Takaba ne quittait pas des yeux son vis-à-vis tout en s’appuyant sur l’étagère
contre laquelle il s’était cogné. D’une main, il chercha à tâtons quelque chose
qui pourrait lui servir d’arme contre ce type. Un bout de bois, ou un morceau de
métal ferait parfaitement l’affaire. Néanmoins rien ne se posa sous sa paume si
ce n’est une sorte de statuette en plâtre d’après ce qu’il sentait. Le châtain
tentant de la saisir discrètement tout en restant sur ses gardes.
- Pourquoi tu veux me tuer ? » demanda-t-il histoire de gagner un peu de temps,
le temps d’attraper son arme improvisée.
- Pourquoi ? Tu ne te souviens donc pas de moi ? » interrogea le tueur ne
plantant son regard dans le sien. « Hm… Il est vrai que j’ai beaucoup changé
depuis notre dernière rencontre. Il faut dire que le souvenir que tu m’as laissé
pour sauver ton cher yakuza, a totalement disparu de mon visage. J’avoue aussi
avoir mis du temps avant de me remettre des trois balles qu’Asami m’a tiré dans
le ventre. Mais après l’intervention d’un très bon chirurgien, me revoici dans
une forme éblouissante. »
Takaba ne le quittait pas des yeux, réfléchissant à ses paroles. Il avait beau
essayé de se souvenir, il n’arrivait pas à savoir qui était cet homme. Il ne
voyait absolument pas qui était cet individu et se souvenait encore moins des
évènements qu’il relatait. Il fallait dire que vu toutes les mauvaises
situations dans lesquelles il se retrouvait depuis qu’il connaissait Asami, il
semblait normal que certaines, moins traumatisantes que d’autres, lui échappent
au bout d’un certain temps.
- Sans vouloir vous offenser, je ne me souviens pas de ça. » répondit toujours
prêt à se défendre.
- Je devrais peut être te réchauffer la mémoire. » décida le tueur d’une voix
neutre. « Je travaillais pour l’un des rivaux d’Asami. J’avais pour mission de
le descendre. »
- Comme tu étais le premier qui avait envie de le faire. » le coupa Akihito en
ricanant.
Un coup de feu retentit dans l’entrepôt. La balle qui venait d’être tiré siffla
à l’oreille du châtain qui ouvrit de grands yeux surpris avant de serrer les
dentes de rage. Sa main se crispa sur la statuette qu’il avait réussi à
attraper.
- Ne me coupe plus jamais la parole ou sinon… » le menaça froidement son
vis-à-vis. « Bien je continue… Il y a un an, j’étais sur le point de réussir à
le tuer. Mais il a fallut qu’une sale vermine vienne s’interposer et tout faire
rater. Tu m’as jeté au visage un récipient ouvert de soude. Résultat, j’ai eut
la moitié gauche de brûlée. »
De sa main de libre, le tueur sortit quelque chose de la poche intérieure de sa
veste. Il jeta une photo aux pieds de Akihito. Ce dernier baissa un court
instant le regard pour voir le visage d’un homme dont la partie gauche avait été
mise à vif. Cette vision, ainsi que le récit de cet homme, fit remonter ses
souvenirs à la surface. Il revit les fameux évènements qui s’étaient déroulés un
an plus tôt. Le photographe les avait oublié avec le temps, pensant cet assassin
mort, grossière erreur.
Takaba détourna le regard en serrant un peu plus sa main sur la statuette. Il
comprenait maintenant pourquoi il était la cible. Ce qui était arrivé à cette
époque était de sa faute. Maintenant son vis-à-vis désirait se venger. Quelle
logique… Le châtain devait donc trouver une solution pour se sortir de là avant
que ce type ne décide une bonne fois pour toute de régler ses comptes avec lui.
Le jeune homme le fixa à nouveau, les sourcils froncés, le regard déterminé. Il
ne se laisserait pas tuer aussi facilement. Feilong n’était pas arrivé à le
supprimer alors il ne fallait pas compter pour que ce tueur y parvienne.
- Je vois que tu te souviens de tout. » déclara celui-ci en commençant à
s’avancer vers lui. « Donc tu dois comprendre que je t’en veuille. »
- Pffff… » fit Akihito en le fixant. « Je te trouve pathétique surtout. Et si tu
crois que tu me fais peur, tu te mets le doigt dans l’œil jusqu’au coude. »
- Tu es loin d’être en mesure de me tenir tête pourtant. » répliqua avec calme
l’assassin, s’approchant plus prêt.
Lorsqu’il fut à bonne distance du châtain, ce dernier, d’un souple mouvement du
bras, cassa la statuette sur la tête de son kidnappeur, lui faisant courber
l’échine sous la douleur. Sans attendre qu’il reprenne ses esprits, le jeune
homme commença à courir en direction du fond de l’entrepôt. Il espérait, non
seulement, y trouver une cachette idéale mais aussi une arme plus grande et plus
solide qu’un objet en plâtre. C’était peut être sa seule chance de se tirer de
ce mauvais pas.
Akihito longea prudemment les étagères métalliques, regardant partout autour de
lui. Il ne faisait aucun doute que son poursuivant avait reprit ses esprits et
donc qu’il était maintenant sur ses traces. Il pouvait sortir de n’importe ou à
n’importe quel moment sans qu’il ne l’entende ou ne le sente arriver. Le
reporter aperçut à quelques pas de lui, accrocher à une poutre un pied de biche.
Ce n’était pas surprenant de trouver ce genre d’objet dans un endroit comme
celui-ci, mais pour le châtain c’était une chance inespérée de se sortir de ce
mauvais pas. Il prit donc l’objet en question et sourit en le serrant sans ses
mains. Ceci fait, il se remit en marche dans l’entrepôt, avec une prudence
incroyable. Il arriva finalement à l’intersection de deux grandes étagères.
Takaba regarda derrière lui puis dans l’allée suivante, s’assurant qu’il n’y
avait personne. Il s’y engagea donc sans remarquer l’ombre cachée derrière une
caisse juste un peu au dessus de lui. Il continua son avancée avec prudence,
prêt à se défendre, la barre dans une main. Alors qu’il marchait en regardant
droit devant lui, le jeune homme sentit une présence derrière lui. Sans
réfléchir, il se tourna brusquement en se servant de son pied de biche comme il
le ferait d’une matraque.
Tout se passa avec une rapidité effarante pour Akihito. Il se sentit une poigne
de fer lui saisir le bras qui tenait l’arme puis un poing s’abattre sur sa
mâchoire. Le coup violent le propulsa au sol alors que sa barre de métal était
lancée au loin de sorte qu’il ne l’atteigne pas. Le châtain leva les yeux pour
voir son ennemi face à lui, souriant, visiblement satisfait.
- Tu ne pensais pas m’échapper aussi facilement petit ? » demanda-t-il en
ricanant. « Je suis un professionnel, je te le rappelle. »
Takaba serra les dents de rage puis commença à reculer en se traînant au sol.
Rapidement, il se retourna et tenta de se relever pour fuir à nouveau. Hélas,
l’assassin le saisit par les cheveux avant de le plaquer sans la moindre
douceur, le visage contre les étagères de métal. Il se colla ensuite contre son
dos afin de le bloquer, approchant ensuite ses lèvres de son oreille. De sa main
de libre, il sortit un couteau à cran d’arrêt et en fit jaillir la lame devant
les yeux d’Akihito.
- Je me demande si Asami te désirerait toujours autant si je te lacérai le
visage ? » s’interrogea-t-il avec un sourire malsain. « Cela serait une bien
meilleure vengeance que de te tuer. La mort est une chose trop douce pour
quelqu’un comme toi… »
- Vous êtes complètement malade… » grogna le châtain en tentant de se débattre.
Le tueur n’eut aucun mal à le maîtriser. Il posa doucement sa lame sur la joue
d’Akihito et appuya très légèrement dessus afin de lui entailler la peau. Le
couteau glissa ensuite sur la gorge du châtain, laissant une fine ligne de sang
sur son passage.
- Je vais faire en sorte que plus personne ne puisse avoir envie de te regarder.
» murmura-t-il d’une voix douce mais malsaine.
Le reporter sentit la peur monter en lui, se transformant en angoisse en sentant
le contact de la lame sur sa peau. Il ferma les yeux en serrant un peu plus les
dents sous la douleur qui lui était infligé. Il se voyait déjà avec le visage
sanguinolent, ses chaires à vif, des lambeaux de peau pendant. L’espoir
d’échapper à tout cela quittait lentement le jeune homme. La fin était pour lui
proche maintenant.
Pourtant, un bruit particulièrement fort se fit entendre dans l’entrepôt,
résonnant contre les parois métalliques puis un autre bruit tout aussi fort
retentit. Takaba mit un peu de temps avant de réaliser que le son était en fait
la détonation d’une arme à feu. Il s’en rendit compte lorsque le corps de son
kidnappeur commença à s’affaisser derrière lui, le libérant. Sans attendre, le
châtain s’écarta de lui, le regard quelque peu effrayé. Il vit le tueur tenter
de se redresser, son couteau toujours en main et s’approcher de lui. Un
troisième coup de feu fut tiré, le faisant sursauter puis poser un genou au sol.
L’assassin lâcha le cran d’arrêt afin de sortir son arme à feu et la pointer sur
sa cible. Une quatrième et dernière détonation se fit entendre, clouant
définitivement l’homme au sol, une balle derrière la tête.
Le photographe fixa avec effroi le cadavre, des gouttes de son sang lui ayant
giclé au visage, puis il releva les yeux vers celui qui était intervenu. Il
resta sans voix en reconnaissait la silhouette familière d’Asami, son revolvers
encore fumant à la main, pointé sur le tueur. Finalement, il rangea son arme et
s’approcha du jeune homme. Il le saisit par le bras afin de l’obliger à se
relever avant de l’entraîner vers l’extérieur de l’entrepôt. Une fois dehors,
l’un de ses hommes de main s’approcha avec un mouchoir dans les mains que saisit
le brun pour essuyer les quelques gouttes de sang qui maculaient le visage de
Akihito. Ce dernier ne leva pas une seuls fois les yeux vers lui, encore sous le
choc de ce qui venait d’arriver.
- Je t’avais dit que tu étais capable de te débrouiller seul pour te mettre dans
les pires situations. » déclara le yakuza d’une voix neutre.
Takaba ne sembla pas entendre la remarque acide de son vis-à-vis. Brusquement,
il se jeta sur lui, le corps parcourut de tremblement alors que des larmes
inondaient son visage. Asami eut un léger mouvement de recul, quelque peu
surpris par sa réaction. Il leva les yeux vers son garde du corps tout en lui
faisant un signe de la tête, lui ordonnant silencieusement d’approcher. L’homme
de main obéit tout en enlevant sa veste pour la poser sur les épaules du protégé
de son patron. Il l’entraîna ensuite vers la limousine du brun et le fit monter
à l’intérieur.
Ryuichi Asami les fixa puis porta son attention sur l’entrepôt avant d’allumer
une cigarette. Ceci fait, il se dirigea aussi vers son véhicule, rejoignant
Akihito. Son propriétaire à l’intérieur, la voiture démarra afin de rejoindre le
centre ville.
NDA : Une fin sans vraiment de fin vu que je compte faire une courte suite.
FIN