Le Destin d'une colombe noire
 





Titre : Le destin d’une colombe noire
Auteur :  Myushi & Elfy 
Chapitre : 04
Genre : Intrigue, romance, policier, Yaoï
Couple : ????
Disclamer : Tous les persos nous appartiennent.


Erreur de parcours


Jens tout en s’affairant dans la cuisine, jetait des coups d’oeils en direction du salon. Son protecteur adoré était sur le divan, occupé à visionner un téléfilm. Rien ne changeait. C’était là, une scène des plus anodine, une scène de la vie de tous les jours d’un couple, selon les idées d’un certain blond. Malgré tout Jens ne pouvait s’empêcher d’être inquiet, de se poser des questions. Saï ne paraissait pas être dans son état normal. Bien entendu il était à l’aise, ce n’était pas la première fois qu’il venait à l’appartement pour dîner, cependant cette soirée était spéciale. L’avait-il ressentit ? Etait-ce pour cela qui paraissait si comment dire ? Le blond avait un peu de mal à définir dans quel état d’esprit son brun à lui se trouvait. Il faut avouer que Saï n’était pas d’un naturel souriant et enjôleur. Il était plus à classer dans la section aussi bavard et accueillant qu’une porte de prison. Il faut reconnaître que Jens abordait toujours les sujets sur lesquels son ami n’avait aucun désire de s’étendre. Pourtant le blond avait l’étrange sensation que le brun devenait nerveux chaque fois qu’il abordait un sujet pointilleux, tel que le mystérieux tueur à la plume noir. Si le brun continuait ainsi il allait finir par penser que sa folle théorie n’était aussi dénuée de sens que l’on pouvait croire.


- Que suis-je en train de faire là ? Il faut vraiment que je cesser de jouer au détective moi et que j’arrête de penser à tout cela je vais finir par avoir des ennuis »

A l’avenir il était préférable qu’il se montre un peu plus prudent et qu’il surveille ses paroles. Se serait une catastrophe si le brun apprenait qu’il menait sa propre enquête concernant le mystérieux tueur à la plume noire. Il serait d’avantage mortifié s’il apprenait qu’il s’était rendu sur le lieu d’un crime et avait dérobée la seule pièce à conviction valable. Il préférait ne pas imaginer ce que lui ferait Saï…

Tout disposant les côtelettes de veaux sur un grand plat, Jens réfléchissait. Le cerveau du blond était en constante fonction. Et apparemment il faisait mentir le dicton sur les blonds. Mais ce n’était vrai qu’à moitié puisqu’il arrivait qu’il se comporte réellement comme tel. Cette soirée devait être la première d’une longue série. Les dîner en tête à tête avec Saï il pouvait le compter sur les doigts… Ce devait être une sorte de prologue à leur future relation qu’il souhaitait plus poussée. Jens était un incorrigible rêveur et un incontrôlable romantique.
Après avoir sortit le gratin du four où il l’avait mit à réchauffer le blond posa le tout sur le plan de travail, tout en continuant à réfléchir à la manière la plus efficace d’introduire le sujet qui lui tenait à cœur. Son gratin dans une main, le plat de côtelettes dans l’autre il pénétra dans la salle à manger et les disposa sur la petite table ovale où étaient déjà disposés les couverts de manière fort harmonieuse. Tout avait était fait pour une soirée romantique…

- Nous allons pouvoir passer à table, laisse donc ton film et vient. » Ordonna presque Jens tout joyeux. « - Hum, une bonne bouteille de vin aurait largement agrémenté ce repas, mais monsieur ne bois pas. Reprocha t’il discrètement en se tournant vers lui. « - C’est d’ailleurs une très bonne résolution. » continua t-il en se rattrapant quelque peu.

Le blond se lança alors dans un discours sur les méfaits de l’alcool, en passant par l’accoutumance au café. Propos qui firent le brun se lever en grognant. Pourquoi était-il aussi dynamique ? Où se trouvait le bouton mute sur Jens ? Le blond continua dans sa tirade, jusqu’à que le brun l’interrompt en lui administrant une magistrale tape derrière le crâne, et lui ordonne de se taire et de passer à table.

- Mais euh ! Qu’est-ce que j’ai encore fait ? Tu ne m’écoutes jamais lorsqu’il s’agit de sujets sérieux. » Gémit-il en se massant l’arrière du crâne.

Pour Jens tout était matière à entamer des conversations philosophiques et à introduire des sujets sérieux. Du moins selon le code Jens…

- Si tu continues, pas de dessert ! » Le menaça Jens. « - Saï je suis en train de te parler. » Fit-il remarquer. « - Vas-tu m’écouter ? » S’écria le blond. « - Je… »

La suite demeura coincée au fond de sa gorge en voyant l’expression du brun. Il avait le visage fermé et le fixait avec une certaine animosité. Qu’avait-il dit ? Qu’avait-il fait ?

- Pourrais-tu m’expliquer ceci ? » Hurla Saï qui s’était redressé et marchait à grands pas en pointant un doigt accusateur vers lui.
- De quoi es-tu entrain de parler ? Il me semble que nous devons passer à table. » Fit remarquer le bond qui ne paraissait pas le moins du monde alarmer par la lueur qui était apparue dans le regard du brun.
- Où as-tu eut ceci ? » S’écria Saï, en montrant le tablier à son effigie.

Jens ouvrit de grands yeux surpris et baissa les yeux dans la direction que montrait le doigt accusateur. « Le tablier », il l’avait complètement oublié. Le blond n’avait pas pu résister. Malgré le danger d’un tel acte, il s’était rendu dans un magasin spécialisé et s’était fait faire ce tablier à l’aide d’une photo prise en cachette. Tout en sachant que si le brun le découvrait il le tuerait. Dans son empressement, sa joie, son euphorie, son bonheur d’être enfin seul avec celui qu’il aimait de toutes ses forces, il en avait oublié « le tablier secret ».

Qu’allait-il bien pouvoir lui dire ? Quelle excuse allait-il inventer ? Avait-il besoin d’inventer quelque chose ? Pourquoi ne pas lui dire la vérité ? Mais quelle vérité ? Comment lui expliquer la photo ? Une explication en entrainerait une autre et il lui faudrait également parler de la pièce secrète de sa maison ? De son passe temps du moment : la poursuite de tueur mystérieux.

- Il me semble t’avoir posé une question ! Pourrais-tu m’expliquer cette chose ? Et surtout de quelle manière es-tu parvenu à obtenir cette photo ? » Interrogea t-il de très mauvaise humeur.

La belle soirée était sur point de tourner au vinaigre. A quoi avait-il pensé ? Depuis le temps qu’il possédait ce tablier. Pourquoi avait-il fallu que Saï découvre se présence aujourd’hui ? Quelle malchance !

- Saï, ce n’est qu’un tablier. » Fit remarquer innocemment le blond. Cherchant une solution afin de régler le problème et d’éviter que cette soirée ce termine en queue de poisson.
- Jens, je ne suis pas d’humeur. Où t’es-tu procuré cette photo ? » Questionna t-il sur un ton qui n’admettait aucune mensonge.
- C’est une photo que j’ai prise il y a très longtemps tu sais. Qu’y a-t-il de mal ? » Demanda t-il, jouant les victimes.
- Tu oses demander ce qu’il y a de mal. Jens connais tu le sens de ces mots, privé, personnel ? Tu t’es permis de me prendre en photo sans mon accord. » Maugréa le brun qui commençait à sérieusement s’impatienter. « - Comment les as-tu prises et quand ? Et je veux la vérité. » Ordonna t-il.
- Je n’en ai prit qu’une seule. » Mentit effrontément le blond. « - Et cela date de très longtemps, pourquoi es-tu si furieux ? » Interrogea Jens qui ne paraissait pas comprendre qu’il avait encore une fois fait une bêtise.

Etant donné l’état d’esprit du brun. Il était plus sage d’éviter de lui dire qu’il s’était constitué tout un album, qu’il possédait de nombreuses photos prises sur le vif en des instants les plus anodins. Il savait pertinemment ce que le brun allait en faire. Hors de question de laisser Saï s’emparer de son trésor et d’en faire des confettis.

- Tu sais parfaitement que je déteste que l’on me prenne en photo. » S’écria t-il. « - Comment as-tu osé faire fabriquer cette chose. Jens ! » Hurla presque Saï.

Le blond eut un mouvement de recule. Les carottes étaient apparemment cuites pour lui.

- Mais Saï, ce n’est qu’une manière de t’avoir auprès de moi, tu es si souvent absent. Tu sais à quel point je t’aime. » Commença le brun, en faisant des yeux de chat peinés.
- Combien de fois vais-je te répéter que je ne suis pas ce genre d’hommes. Il n’y a et n’aura jamais rien entre nous, nous sommes des amis de longues dates. » Souligna t-il en se massant les tempes.

Saï sentait les maux de têtes poindre à l’horizon. Pourquoi avait-il accepté ce dîner ? Il était tout à fait conscient de ce qui l’attendait. Il connaissait les mimiques, les manières, les pièges que lui tendait le blond afin de parvenir à ses fins et il savait à chaque fois comment s’en tirer. De quelle manière détourner une conversation lorsqu’elle devenait embarrassante. De quelle manière remettre les pendules de Jens à l’heure lorsqu’elles se déréglaient. Comment réfréner les débordements de blond sur dynamisé, mais ce soir le blond avait un peu poussé le bouchon, avec cette photo et ce tablier. Il le connaissait pourtant. Le brun poussa un soupire. Pourquoi lui ? Saï fut saisit d’un violent désire de frapper son vis-à-vis. Il ne faisait que des bêtises et en plus il en était fier.

- Jens… » Commença le brun d’une voix froide. « - Donne-moi immédiatement cette photo. »
- Mais euh… » Commença le blond. « - Pourquoi faire ? Ce n’est qu’une photo, je n’ai rien fait de mal. » Couina t’il avec plainte.
- Je ne le répéterais pas deux fois, j’exige que tu me remettes cette photo sur le champ, ainsi que les négatifs. » Annonça t’il d’une voix froide.

Ne jamais rien laisser au hasard avec le blond. S’était la devise de Saï. Son regard du brun était devenu glacial. Jens l’avait rarement vu ainsi, du moins pas depuis l’orphelinat. Pourquoi s’emportait-il pour une simple photo ? Qu’avait-il fait de mal ? Le blond ne voyait jamais ses erreurs, il ne réalisait jamais qu’il faisait mal. Tout ce qu’il entreprenait était dicté par l’amour qu’il éprouvait pour le brun et pour lui cela suffisait à excuser son comportement. Penaud, le blond se dirigea vers le fond de la salle où se trouvait sa chambre, il y pénétra et en ressortit quelques secondes plus tard. Dans sa main on pouvait observer un cadre décoré de jolis petit chats à l’intérieur duquel il avait placé la photo de Saï. Il était rare que le brun lui rendre visite sans l’avoir prévenu au préalable, de plus Saï ne risquait pas de mettre les pieds dans sa chambre avant des décennies, donc le risque qu’il découvre un jour cette photo avait été réduit à zéro. Tel un gamin prit en faute il s’avança vers le brun en colère et lui tendit l’objet du délit. Ce dernier attendait Jens près de la table, une expression indéfrisable sur le visage.

- De mieux en mieux. Tu l’as encadré ? » Hurla Saï. « - Où sont les négatifs ? »
- Il n’y en a pas c’est un exemplaire unique. » Mentit le blond encore une fois, une expression de sincère tristesse sur le visage.

C’en était beaucoup trop pour lui. Jens ne cessait de le poursuivre, de s’imposer, ça il pouvait admettre, il avait du mal à comprendre ce que le blond trouvait de si particulier en lui. Il était un être solitaire, taciturne. Cependant Saï acceptait son affection tant que cela ne devenait pas embarrassant. Il ne cessait de commettes erreurs et gaffes l’une sur l’autre pourtant il lui pardonnait, enfin pardonner était un bien grand mot. Néanmoins il ne s’y arrêtait pas trop souvent. Il faut avouer que Saï n’avait pas d’amis, de fréquentations, et ce, depuis l’orphelinat. En grandissant cela avait continué ainsi et dans le métier qu’il exerçait il était hors de question d’espérer avoir une vie normale. Jens était le seul qui l’acceptait tel qui l’était et qui l’idéalisait également et le seul que Saï tolérait. Le blond était parvenu sans faire de bruit à se rendre indispensable, comme Saï aimait son café, il tolérait le blond malgré les erreurs qu’il ne cessait de commettre au nom de l’amour et de son innocence…

- Je désirais juste quelque chose de toi. » Informa le blond avec une petite moue. « Qu’y a-t-il de mal ? » Demanda t-il en faisant une mine d’enfant à qui l’on vient de reprendre son jouet préféré.
- Tu oses me demander ce que tu as fait de mal ? Jens ! Je me demande parfois s’il y a une cervelle sous cette masse de cheveux blonds. Ce que tu as fait est mal et tu le sais. » Hurla t-il en faisant de grand gestes.

Le brun était si furieux qu’il en oublia qu’il tenait encore le cadre dans sa main. Sans doute était-ce mieux qu’il l’ait oublié. Jens aurait pu se faire assommé à coup de portrait de Saï.

- Ne pourrais-tu pas réfléchir avant d’agir de temps à autres ? Tu n’es plus un enfant tu as quand même vingt deux ans. Quand vas-tu cessez de te comporter comme que si tu en avais que sept ? » Cria t-il en frappant, sans le vouloir le cadre sur le bord de la table.

Jens entendit des bruits de verres brisés avant de le voir, ceux-ci s’éparpillé sur le sol. Il entendit un grognement, tandis que le cadre lâché par Saï terminait sa course, sur le sol.

- Tu l’as brisé ! » S’écria le blond, en se précipitant vers le cadre en morceau et la photo fortement abîmée.

Le blond prit le cadre en morceau avec précaution, comme s’il s’agissait d’un précieux trésor. Pourquoi Saï avait-il fait cela ? Pourquoi s’était-il énervé pour une simple photo. Il n’avait rien fait de mal. Pourquoi ne pouvait-il pas avoir une photo de l’homme qu’il aimait. Cela se faisait non ? Le blond sentit une colère monter en lui. Qu’est-ce qui poussait le brun à se montrer aussi odieux envers lui ? Levant les yeux vers lui, bien décidé à lui dire ce qu’il pensait… Mais ce furent d’autres mots qui fusèrent de ses lèvres.

- Tu t’es blessé ! » Hurla t-il en lâchant de nouveau le cadre qui alla terminer d’agoniser de manière définitive au sol pour se précipiter vers lui et lui prendre la main.

Un éclat de verre, lui avait entaillé le dos de la main. Peut être n’était-ce qu’une éraflure mais en voyant le sang Jens s’inquiéta. Il ne s’émouvait pas à la vue d’un cadavre, cependant il suffit que Saï se coupe pour qu’il panique.

- Il faut te soigner. Je suis désolé, je n’avais aucun désir de te contrarier, je désirais juste que cette soirée soit spéciale pour toi comme elle l’est pour moi, du moins aurait du. » Fit-il piteusement.
- Ce n’est qu’une égratignure. » Coupa froidement le brun en se dégageant de l’étreinte du blond. « - Je suis parfaitement capable de me soigner seul. » Grogna t’il en se dirigeant vers la salle de bain.

Jens regarda le brun s’en aller puis baissa la tête. Quelle soirée particulière. Il avait tout gâché. Une fois de plus il était parvenu à transformer une magnifique opportunité en rien du tout. Il connaissait le brun, une fois sortit de la salle de bain, il prétexterait un mal de tête ou lui dirait tout simplement qu’il rentrait. La soirée romantique venait de s’achever avant d’avoir commencée. Il leva yeux vers les plats qui étaient en train de refroidir sur la table. Tout cela pour rien. Une fois de plus il avait fait fort, il avait réussit à dépasser les limites de l’acceptable dans la bêtise.

Tout était à refaire. Jamais Saï n’accepterait une nouvelle soirée de ce genre. Il faudrait déjà que le brun veuille bien lui pardonner pour le tablier et la photo. Connaissant Saï, il risquait d’avoir des cheveux blancs avant que cela n’arrive. Jens renifla comme un gamin malheureux pourtant il n’éclata pas en sanglot. Il ne pleura pas. Non, il était juste furieux, furieux contre lui-même et son insouciance. Son détachement face à certaine situation pouvait bien lui avoir coûté la relation privilégiée qu’il entretenait avec le brun…

Brun qui d’ailleurs s’était enfermé dans la salle de bain dans l’espoir de quérir un peu de paix dans tout cela. Il savait que la soirée serait tumultueuse, qu’il y aurait une ou deux catastrophes. Mais là, ça avait atteint un paroxysme inenvisageable. Pourtant, ce n’était pas faut de connaître le blond. Saï grogna à cette pensée, tout en passant le dos de sa main sous l’eau froide. Une photo de lui. Non mais franchement. C’était la pire chose que Jens pouvait faire. Cela semblait peut-être exagéré comme réaction, mais ça avait tout son sens quand on savait le métier réel de Saï et que donc, passer comme l’homme invisible était bien que mieux, que top modèle pour blondinet en manque de câlin. Bref, le tueur n’appréciait vraiment pas cette situation. Cependant, la salle de bain, son isolement plutôt, le calma. Inutile de faire un meurtre pour cela… Bien que… Enfin, passons… Arrêtant le sang qui ne coulait pas non plus avec déraison, il fit un pansement rapide et finit par sortir des lieux. Il devait affronter la tornade blanche à nouveau. Non pas qu’il le désirait, mais maintenant qu’il était là. En plus, il avait si faim qu’il pouvait manger un bœuf en entier s’il le voulait.

A peine fut-il dans la pièce principale, que son regard bleu tomba sur un Jens qui ne semblait pas, comment dire, bien joyeux. Peut-être avait-il enfin compris qu’on ne s’immisce pas dans la vie de quelqu’un sans lui demander son avis avant ? Mais de cela, Saï en doutait. L’espoir n’était pas un sentiment que le brun ressentait. Le fixant un long moment, restant à deux pas de la porte de la salle de bain, il finit par se mettre en mouvement et venir rejoindre la table de la salle à manger. Après s’y être assit, il prit la parole. Enfin… Coupant ce silence mortuaire qui commençait réellement à s’installer.

- As-tu l’intention de dîner à terre ? » Grogna le brun.

Jens qui était toujours au sol, prostré, maudissant son crétinisme et le destin qui selon lui était responsable du fait que cette soirée était complètement gâchée. Le reporter était cependant plus à blâmer que le destin. Relevant lentement la tête, il fixa son vis-à-vis, une lueur de surprise dans les yeux. Il ne rêvait pas, Saï était revenu. Il n’avait pas quitté l’appartement en claquant la porte en criant. Finalement tout n’état pas perdu si le brun lui adressait la parole. Peut être que Saï ne lui en voulait plus. C’était bien entendu bien vitre sauter aux conclusions, surtout lorsque l’on connaissait Saï Ryura comme le connaissait le blond. Jens admettait que peut être il y était allé un peu fort vu le comportement de son ami, la photo et le tablier étaient très mal passés. Pourtant Jens n’était pas tout à fait décidé à admettre qu’il avait commis une erreur. Une photo prise en tout innocence ne justifiait pas que le brun entre dans une telle colère. Après tout il n’était qu’un être humain. Il avait juste suivi un désir, celui d’avoir un souvenir de l’homme qu’il aimait. Il ne voyait vraiment pas de mal à ce qu’il avait fait. Malheureusement le tueur n’était pas du tout de l’avis du blond.

- Saï… » Commença le blond. « Tu… »
- Qu’y a-t-il encore ? » Interrogea le brun en lui jeta un regard noir.

Jens sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. Saï n’était pas encore calmé et ne se trouvait certainement dans de bonnes dispositions afin de pardonner. Jens aurait du comprendre le message, ce regard aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Apparemment ce dernier était certain de connaître parfaitement Saï et de parvenir à arranger les choses avec de simples excuses, aussi maladroites fussent-elles.

- Je… rien… » Soupira t-il en se levant tout en se dirigeant, la tête basse, vers la table comme un enfant prit en faute et à qui l’on venait de faire un sermon.

Le reporter après sa grosse bêtise, et surtout d’après la réaction du brun s’était imaginé que ce dernier quitterait simplement l’appartement et qu’il ne le reverrait jamais plus. Pourtant il se trouvait là, devant lui à se servir des pattes qu’il lui avait amoureusement préparé. Tout espoir n’était donc pas perdu, il avait encore une chance de rattraper cette soirée qui, à proprement parlé, était complètement raté. Pour être tout à fait franc, jamais une soirée passée en compagnie de son ami ne s’était bien terminée. Et pourtant, à chaque fois cela le surprenait. Ce fut donc plein d’espoir que le blond, après s’être assis, qu’il fit le service, tout en demeurant un bon moment silencieux.

L’atmosphère commençait à devenir vraiment pesante. Jens, d’un naturel dynamique, avait, semblait-il, perdu sa vitalité. Quand à Saï, il demeurait égal à lui-même, sombre, froid, silencieux, mangeant calmement. Si ça continuait il allait l’ignorer pendant tout le dîner et s’en irait sans lui avoir adressé un seul mot. Jens soupira. Pourquoi fallait-il qu’il s’arrange toujours, lorsque tout allait bien, pour tout faire basculer dans le chaos ? Qu’est-ce qui le poussait à se montrer irresponsable ? S’il le savait, il ferait en sorte, au moins en apparence, de tout faire pour ne plus faire de telles erreurs. Après une grande inspiration, il leva les yeux vers Saï. Saï qui bien entendu ne le regardait pas. Et se lança dans l’espoir d’amoindrir tout cela…

- Est-ce à ton goût ? » Demanda t-il timidement.
- Hum, cela se laisse manger. » Répondit évasivement le brun, sans daigner le regarder.
- Tant mieux si ça te plait. » Répondit Jens un peu déçu.

Il poussa un soupire. Il aurait quand même pu lui faire un compliment. Après tout, il lui avait préparé ce repas avec amour. Décidément, Saï ne lui facilitait pas la tâche pour tenter de renouer le dialogue. A ce train là, il allait finir la soirée en fixant sans un mot. Mais c’était mal connaître le blond que de penser qu’il allait abandonner si facilement. Il avait déjà eut à faire à plus forte tête et son tueur il le connaissait sur le bout des doigts. Il finirait pas trouver la faille.

- Veux-tu un peu de jus ? » Interrogea t-il de nouveau. « C’est un nouveau parfum que j’utilise. Je dois dire que je suis tombé dessus par hasard. Un mélange de jus d’ananas avec du lait de coco et d’autres parfums. C’est délicieux, tu devrais essayer. » Lui conseilla Jens avec un certain espoir de couper court à cette scène plus que pesante.
- C’est inutile d’argumenter de la sorte, je préfère un verre d’eau. » Coupa froidement le brun, brisant net l’élan du blond.
- Très bien de l’eau alors. » Soupira t-il en tendant sa main vers la bouteille d’eau minérale.

Il fut cependant devancé par un brun.

- Je suis parfaitement capable de me servir seul. »

Saï avait la bouteille en main et était entrain de la déboucher et se servir. Chacun de ses gestes étaient froids, mais mesurés. Jens le remarqua, et se souvint à quel point son brun était quelqu’un d’intriguant, mais qui attirait le respect et parfois la culpabilité.

- Je suis désolé. » S’excusa le blond en soupirant. « Tu sais, je n’avais aucune mauvaise pensée en prenant cette photo. Je ne pensais pas à mal. Je tenais simplement à garder une partie de toi prêt de moi. Tu me connais, je suis ainsi. J’agis et je réagis à l’instinct, sans parfois penser aux conséquences. Je suis vraiment désolé. »
- Silence ! » S’exclama Saï, son regard s’étant fait beaucoup plus dur. « C’est beaucoup trop facile de demander pardon. Chaque fois le scénario est identique. Tu provoques ta catastrophe, ensuite tu arrives avec tes yeux d’innocents, tes piteuses excuses et le tour est joué, tout est pardonné. Cette fois-ci il n’est pas question de t’excuser. Jens, tu vas devoir assumer les conséquences de tes actes. »

Jens cru que le monde venait de lui tomber sur la tète. Saï refusait de lui pardonner. Non c’était impossible. Jamais le brun ne lui avait refusé son pardon. Ils s’étaient de nombreuses fois trouvés en conflit. Le plus souvent en raison de bêtises du plus jeune. Mais le brun lui avait toujours accordé son pardon. Pourquoi ce soir lelui refusait-il ?

- Mais pourquoi Sai ? » Demanda Jens comme si on venait de lui annoncer la fin du monde.
- Pose toi la question Jens Arthwiller. Réfléchit à ce que tu as fait et peut être trouveras-tu la réponse. Maintenant mange. » Termina t’il avec la même attitude qui faisait qu’il était lui.

La mort dans l’âme, le blond commença à manger sans appétit. Qu’allait-il leur arrivé ? Avait-il définitivement brisé leur amitié ? Tout cela à cause de cette maudite photo ? Il ne voulait pas y croire… Non, pas d’une façon aussi idiote !

- Que vas-tu faire Saï ? Vas-tu me quitter ? » Demanda t-il avec la ferme intention de savoir ce qui va arriver par la suite. « Après tant d’années, tant d’épreuves notre amitié va-t-elle brusquement prendre fin ? »

Malheureusement aucune réponse ne vint ni dissiper ni confirmer ses craintes. Saï était en mode grognon fermé. Tout ceci n’augurait rien de bon pour l’avenir sentimental du blond amoureux. Vraiment rien…

*****

Tout était calme. La nuit était tombée sur la ville, et l’infernal brouhaha des véhicules dans les embouteillages avait cessé depuis deux heures déjà. Le brun venait de rentrer chez lui. Il avait eut une journée tranquille, sans ennuis, sans rencontre hasardeuse, sans Jens en fait. Il n’avait d’ailleurs pas vu ce dernier depuis presque un mois déjà. Depuis ce dîner photo qui avait été la goutte de trop dans l’acceptable de Saï. Il lui avait donné pour consigne de réfléchir à tout cela. Fini de manger. Et finalement avait quitté les lieux sans rien ajouter. Il était peut-être parti sans la moindre politesse, mais cela restait lui. Et il ne regrettait rien. Ce fut donc dans ce silence que le tueur était installé dans son fauteuil de cuir noir, non loin de la fenêtre. Il avait un livre en main et laissait le temps s’écouler seul. Ce fut le bip d’un nouvel e-mail qui coupa cette scène. Lentement, il posa alors son livre avant de se diriger vers son portable, et ainsi lire le contenu du message.

‘Rendez-vous à vingt deux heures au vieux port. Un nouveau contrat.’

Il n’eut rien d’autre en information. Et cela était sans importance. Après tout, c’était toujours ainsi. Il se leva donc, effaça correctement toute preuve de ce mail. Ce, après avoir envoyé en fichier joint, une plume de colombe noire, pour réponse positive. Et alla prendre une douche. Il avait une heure devant lui. Il devait donc se préparer. Ce qu’il fit avant de se mettre en route, vêtu d’un pantalon, d’un col roulé, tout deux noirs, tout en attrapant son long manteau qui cachait à présent son holster et son petit calibre avec une facilité plus que suspecte. Ce fut dans une attitude silencieuse, qu’au volant de sa voiture, il avait prit la direction du port…

*****

- Le message a été lu et nous venons d’avoir une réponse patron ! »
- Bien… positive je présume ? »
- Oui. Comme vous l’aviez prévu. »
- Parfait, nous allons bientôt manger de la Colombe Noire ce soir. Il est temps de se débarrasser de ce tueur qui m’a fait perdre trop de contrat. »

L’homme se leva et s’alluma une cigarette. Il fixait la ville, derrière sa vitre, dans son bureau au dixième étage. L’homme derrière lui le fixait toujours, un poil inquiet. Il se demandait où tout cela allait le conduire. Cependant, il fut sorti de ses pensées par son patron qui reprenait la parole.

- Fait comme nous avons prévu. Préviens journaliste et police que le célèbre tueur à la plume noire sera au port à vingt deux heures ! »
- Bien patron. » S’inclina l’homme avant de quitter la pièce pour mettre les ordres à exécution.

*****

Jens était chez lui, à se lamenter sur la photo de son protecteur adorer, le combiné de téléphone dans une main, entrain de répéter des excuses qu’il connaissait par cœur, tellement il l’avait répéter, quand on téléphone sonna, lui faisant faire un bon de dix mètres. Se remettant de ses émotions, il fixa son téléphone portable avec le secrète espoir qu’il s’agissait de son Saï adoré qui finalement lui avait pardonné. Cependant, il fut fortement déçu quand il décrocha et découvrit qu’il ne s’agissait que de son journal qui l’envoyait sur le port. Il manqua de leur raccrocher au nez quand le mot Colombe Noire, enfin les mots, résonnèrent en son oreille. Bon, il n’était là que pour prendre les photos, un vrai journaliste écrira l’article, mais il s’en moquait. Ce soir, à vingt deux heures, il aurait le dernier élément pour son enquête secrète. Il verrait le vrai visage de ce tueur aussi énigmatique qu’invisible pour tous.

- C’n’est pas vrai ? Je n’y crois pas ? »

Le blond se leva avec une vitesse impressionnante et raccrocha au nez de son patron, tout en l’informant tout de même qu’il sera là à l’heure. Il fila droit dans la salle de bain, se lava et opta pour une tenue tout ce qu’il y a de moulante mais parfaite pour se dissimuler. Il fut prêt assez vite. Attrapa sa veste, son appareil photo, assez de pellicules pour couvrir trois mariages et ses clefs de voiture. Voiture qu’il rejoignit avec rapidité. Et le voilà en route vers le vieux port, grand sourire aux lèvres.

- C’n’est pas vrai… Je vais enfin le voir. Je vais savoir ! »

Il avait encore en tête les deux plumes dans sa boite secrète. Ses questions étaient de plus en plus présentes. Il fallait qu’il ait des réponses. C’était plus fort que lui. D’ailleurs, il réalisait que plus il se rapprochait, plus il avait une crampe à l’estomac. Comme quand quelque chose allait se passer mal. Il avait ce genre d’impression dans son travail. Le blond soupira en songeant que ça serait bien que ça arrive quand il s’agissait de son grincheux préféré. Réalisant que le temps n’est pas à Saï, il se baffa mentalement, tout en ressentant de plus en plus cette sensation de malaise.

- C’est bizarre. Ca n’arrive jamais avec autant d’intensité. Je dois me montrer prudent. Surtout que je me demande bien qui a bien pu savoir que la Colombe Noire allait être là, à cette heure précise. Tout ça est vraiment bizarre. »

Jens soupira à cette idée, pas du tout démotivé. Il s’inquiétait juste. Comme il s’inquiétait quand son Saï se blessait que ce soit une simple égratignure ou pire…

 

A suivre …