Le Destin d'une colombe noire
 





Titre : Le destin d’une colombe noire
Auteur :  Myushi & Elfy 
Chapitre : 03
Genre : Intrigue, romance, policier, Yaoï
Couple : ????
Disclamer : Tous les persos nous appartiennent.


Sur la piste du tueur




Jens s’affairait à sa vaisselle, tout en imaginant un plan infaillible qui amènerait son grognon d’ami d’enfance à parler d’amour, à se laisser aller, à libérer son cœur. Il fallait avouer que pour inventer des histoires les plus étranges possibles, le blond était doué, surtout lorsqu’il s’agissait de Saï. Mais après tout n’était-ce pas son métier. Imaginer l’impensable, dénicher l’évènement rare là où il se trouvait ? Saï était, à vrai dire, un évènement rare, un défit sans cesse renouvelé. Il en avait fait du chemin, le petit orphelin tout juste capable de griffonner son nom. Et oui Jens était un journaliste et un sacré rapporter. Ce n’était pas étonnant étant donné le caractère qui était le sien. Le blond avait toutes les qualités requises afin d’être un très bon reporter : il était curieux, insistant, indiscret, téméraire, et plus que suicidaire...

Dans son métier, au journal où il travaillait, Jens n’était pas réellement populaire. Des amis il en avait très peu, uniquement des collègues de travail. Jeune journaliste ambitieux à l’affut de l’affaire du siècle, du scoop qui le propulserait au sommet vers la célébrité. Jens demeurait persuadé que cette affaire de tueur à la plume noir, que ce tueur mystérieux serait son billet d’entrée des les hautes sphères médiatiques.

Pour l’instant le blond n’était qu’un simple journaliste, photographe affecté à la rubrique nécrologique, il n’y avait pas de sous métier, cependant il ne se voyait pas, à longtemps terme, écrire des articles ennuyeux sur la mort d’individus vite oubliés après leur enterrement. Jens pouvait s’estimer heureux qu’il n’ait pas été affecté à la rubrique des chiens écrasés…Dans son métier il était rare que l’on parvienne à se faire des amis et Jens n’avait jamais œuvré dans ce sens au contraire. Le blond était impopulaire, rebelle. Il avait une manière bien à lui d’introduire des sujets, de poser des questions innocentes qui menaient à des sujets bien plus sérieux. Jens avait l’art et la manière de s’introduire dans endroits interdits. Mine de rien, le jeune homme, sous des allures de garçon innocent et désintéressé, était un véritable manipulateur.

De ce côté-là, il n’avait rien à envier à personne et Saï était là pour en attester, il avait souvent fait les frais des manipulations de son bruyant camarade. Celles-ci d’ailleurs se retournaient toujours contre lui. Il faut avouer que dans le monde où avait grandit le bond, il avait bien fallu qu’il soit un tantinet manipulateur. L’innocence ne payait pas toujours. Il avait eut l’occasion de tester cette vérité après la disparition de Saï. Sans protecteur il avait du apprendre à se défendre seul, à ruser et à courir beaucoup plus vite que n’importe qui. Ces qualités, il avait du les garder et même les développer en grandissant…

Mais tout ceci était bien loin. Grâce à sa volonté et son désir de s’en sortir, il était parvenu à survivre. En rusant, en se faisant des amis là, où le fallait et en étant présent au bon moment et au bon endroit. Il était évident que Jens n’était pas quelqu’un de malhonnête. Ca jamais. Il profitait juste de certaine opportunité, ce qui lui valait parfois des problèmes. Même s’il faut avouer que Jens était réellement doué pour de s’attirer des ennuis… Mais il avait été assez malin afin de se faire un ami du lieutenant de police qui se trouvait être le plus souvent en charge des diverses enquêtes.

C’était une jeune femme très bien sous tous rapports. Ayant tout ce qu’il fallait là, ou il le fallait. Alicia Marrick, doté d’un un caractère bien trempé. En tant que femme ayant un nombre assez impressionnant d’hommes sous ses ordres elle devait démontrer quelle n’était pas uniquement une splendide jeune femme à regarder, mais une personne possédant du caractère, intelligente. Etre une femme dans ce monde typiquement masculin n’était pas chose facile, cependant Alicia était parvenue à se faire sa place, grâce à son travail, son tempérament et son intelligence. Elle avait gagné le respectait et l’admiration de ces hommes, néanmoins il ne demeurait pas moins une femme, et une très belle femme. Ayant à certain instants des réactions de femme. Et c’est cela que blond avait mit à profit, afin de donner un petit coup de pouce à sa carrière. Il lui arrivait d’aider le lieutenant au cours de certaines enquêtes, en lui procurant des renseignements que certains de ses indicateurs lui fournissaient. En échange, la jeune femme lui fournissait certaines informations en priorité. A vrai dire chacun utilisait l’autre. Toutefois, Alicia demeurait une femme et Jens était plus que séduisant. Il leur arriva de sortir mais le blond était beaucoup plus intéressé par un brun avec un balai coincé en quelque part, que part une magnifique et pulpeuse lieutenant de police. Ce n’était pour lui que des sorties entre amis.

Malheureusement Jens étant le roi de la maladresse, il ne lui avait fallu qu’une seule soirée afin de tout casser entre eux. Jens avait tendance à dire ce qu’il pensait, et à penser ce qu’il disait et à ne point faire de détails lorsqu’il le faisait. Les relations entre le lieutenant et le reporter s’étaient vite dégradées au point que ce dernier n’était plus le bienvenu dans les bureaux de la police. Ses privilèges avaient bien vite disparu, après cette soirée. Croyez que cela ait découragé le brun ? En aucune manière. Ce n’était qu’un petit incident dans son cheminement, qui n’entravait en aucune manière la continuité de sa route. Jens état demeurait très longtemps à suivre des enterrements ennuyeux, certaines de ses photos servaient de support à des articles mais sans grande prétention. Et ce n’était pas avec ceux-ci qu’il parviendrait à décrocher le Pulitzer.

C’est alors qu’avait commencé cette série de meurtres. Pas réellement d’indices, juste un cadavre et une plume noir. Jens s’était bien vite intéressé à cette affaire qui n’avait pourtant rien d’exceptionnel. Le blond avait le nez pour les repérer. Ce qui avait attiré son attention du blond était cette plume noire. Il connaissait bien ces plumes, il ne pouvait en avoir deux identiques. Elle lui rappelait un certain orphelin, taciturne, grognon qui aimait en faire collection.

Les meurtres avaient continué. Ce n’était pas l’œuvre d’un sérial killer. Ceux-ci étaient réalisés de manière parfaite, pas le moindre indice susceptible d’aider la police, à part la plume. Jens s’était focalisé sur cette affaire. Il s’était mit dans l’idée de trouver le fameux tueur à la plume noire. Le blond s’était mit à rêver de lui, depuis ce jour, il n’avait qu’un désir : connaître ce mystérieux tueur. Le blond électrique était fasciné et bien entendu dans son esprit, il échafaudait, imaginait d’innombrables de plans, tous aussi farfelus les uns que les autres. Il lui arrivait même de le voir en rêve. Celui-ci était grand, fort, puissant, malheureusement ses traits lui étaient toujours dissimulés. Cependant il trouverait qui était ce mystérieux et intriguant tueur.

Pour l’instant le mystérieux tueur fut relégué dans un coin de son esprit. Sa soirée n’allait pas se préparer d’elle-même. La pensée qu’il allait pouvoir passer une soirée en tête à tête avec l’homme de ses rêves, amena un sourire éclatant sur ses lèvres. Qu’allait-il pouvoir lui préparer ? Le blond après sa vaisselle se plongea dans ses recettes. Saï était difficile question nourriture, dans le sens où il n’aimait pas grand-chose à part le café. Cuisiner des pattes, il connaissait les goûts de Saï pour celles-ci, cependant à part cela, il ne connaissait pas grand-chose. Ce soir devait être différent, il devait se surpasser. Le blond se mit à farfouiller dans ses recettes. Il allait se surpasser et lui confectionner un festin de roi à son cher Saï et… Ses réflexions furent interrompues par les vibrations de son portable puis de la sonnerie de celui-ci. Le blond abandonna ses recettes afin de saisir l’objet sur la table et décrocher.

- Harry ! Tu as vu l’heure ? Je suis occupé là ? Quoi ? Il a de nouveau frappé ? Où ? » Interrogea Jens.

Le blond se précipita sur un carnet et nota ce que lui disait le fameux Harry. L’expression de Jens au et mesure se transformait.

- Tu es le meilleurs de mes indics Harry, oui comme d’habitude, je la laisserais au journal. Une sacrée chance que tu aies été dans les parages. Entendu je n’oublierais pas. » Lui promit Jens en raccrochant.

Son tueur avait enfin frappé, et cette fois là, la police n’avait pas encore été avertit, s’il se dépêchait il pourrait trouver des indices. Jens saisit son appareil photo, et sortit précipitamment de l’appartement. Il hurla un taxi qui arriva presqu’immédiatement. Le blond s’y engouffra le cœur battant. C’était peut être là, l’occasion de sortir de l’ombre. Le taxi prit quelques minutes afin d’arriver à destination.

Il paya la course avant de se précipiter sur les lieux du crime. Le blond était parfaitement conscient qu’il n’avait aucun droit d’être là, mais croyez-vous que cela l’arrêterait ? C’était très mal connaître Jens. S’il se faisait prendre, il lui suffirait de prendre son air innocent en attestant que sa présence était le pur fruit du hasard. Jens embrasa du regard la scène du crime. Il vit la victime allongée. Il ne perdit pas de temps et commença à prendre des photos. Apparemment un cadavre ne paraissait pas l’impressionner le moins du monde. Le blond fit attention à rien piétiner, et ne point effacer les indices. Après avoir prit toutes les photos nécessaires, sous tous les angles. Il observa encore une fois de plus le cadavre. Oui c’était du travaille impeccable. Cela lui rappelait quelqu’un. Un être méticuleux, précautionneux. Oui cela lui rappelait son frère à l’orphelinat. Mais cela ne pouvait être la même personne. De plus Saï était colérique, grognon, mais jamais il n’avait perpétré de meurtre. Il commençait à sérieusement divaguer. Saï était bon, droit et avait un sens de l’honneur à toutes épreuves…

- Je deviens fou moi ! Penser que mon Saï pourrait être ce tueur à la plume noire. Mais quelle idiotie ! Je commence à sérieusement délirer » Soupira Jens.

Tandis que le blond faisait cette constatation, son attention fut attirée par la plume. Le signe distinctif des meurtres, la marque, la signature du tueur. L’assassin qui signait ces meurtres d’une plume noire. Comme guidé par une force autre que la sienne, le blond se baissa et lentement ramassa la plume.

Devenait-il fou ?
Cela ne s’appelait-il pas de l’obstruction ? De la dissimulation de preuve ? Le blond n’avait pas prit cette plume dans le but d’entraver la marche de la justice, non il désirait juste vérifier sa théorie. Et oui, il arrivait que le blond réfléchisse. Jens depuis que ces meurtres avaient commencé, depuis qu’il avait décidé de s’occuper de cette affaire se posait des questions. Des questions auxquelles il était fermement décidé à trouver les réponses...

Ayant obtenu ce qu’il désirait, le blond quitta le lieu du crime et repartit pour son appartement. C’est alors que son portable vibra pour se mettre à sonner. Le blond décrocha et ayant immédiatement reconnu le numéro.

- Saï ? Mais où es-tu ? Tu es encore sur la route ? Tu risques d’avoir du retard ? Tu ne me feras pas comme la dernière fois ? Je t’ai attendu plus d’une heure au café ce jour là. Et surtout n’oublie pas les pâtisseries, hein ? A plus tard. »

Mais le brun avait déjà raccroché depuis longtemps, certainement avant que les reproches ne viennent. Jens était sûrement en train de parler dans le vide. Avec le brun s’était devenu une habitude. Il connaissait bien son Saï. Lorsque ce dernier n’avait aucun désir de discuter et de ne pas l’écouter, il sortait un livre ou jouait les ignorants. Jens n’aimait pas cela, et ça avait le don de le faire abandonner très vite. Son ami connaissait les ficelles capables d’articuler le pantin Jens ou les cordes en mesure de stopper les Jens. Aujourd’hui, il était d’une humeur inattaquable, rien ne pourrait venir entamer sa bonne humeur, ni gâcher ses plans afin de forcer le brun à lui parler d’amour. Le pari était risqué voir même, téméraire. C’était comme parvenir à lui faire se prendre un portable et à l’utiliser. Mais Jens était quelqu’un de très entêté lorsqu’il désirait quelque chose. Rien ne pouvait le détourner de son but lorsqu’il s’était fixé des priorités… Jens arrêta un taxi et s’y engouffra…

Le retour fut assez rapide. Le blond regagna son appartement, mais au lieu de pénétrer dans la cuisine, de se mettre aux fourneaux, il se dirigea vers la bibliothèque emplie de livres. Cependant, il n’en prit qu’un, non pas pour le lire, mais tirer dessus. On vit alors une sorte de trou avec une porte. Le blond l’ouvrit et pénétra dans la pièce. C’était en cet endroit que se trouvait son labo. S’était une pièce normale, les murs étaient couverts de photos, toutes de Saï. Bien entendu c’étaient des photos prises en cachette parce que le brun n’aurait pas apprécié et les aurait certainement détruites. Il avait des photos de cadavres éparses sur un grand bureau à côté d’un portable encore allumé, des photos de plumes, des feuilles, de carnets. Des négatifs suspendus dans un coin. Un vrai capharnaüm.

Le blond sortit la plume qu’il avait dérobé, et ouvrit un tiroir. Il y prit une boite et l’ouvrit, elle contenait de nombreuses photos, encore des instants dérobés à Saï. Il souleva un compartiment, et sortit du fond de la boite une plume identique à celle qu’il avait ramassé dans la ruelle. Jens demeura un long moment à fixer la plume. Les deux étaient identiques.

L’une venait du meurtre récent, tandis que l’autre était celle qu’il lui avait dérobée il y avait quatorze ans. C’était pour lui un souvenir. Le seul souvenir qu’il avait pu obtenir de lui avant qu’il ne disparaisse.
Etait-ce cela la vérité ? Ce tueur et Saï ne faisaient qu’une seule et même personne ?
Non cela ne pouvait être vrai. Son Saï ne pouvait pas être un meurtrier, ce meurtrier.
Non c’était de la folie pure et simple. Ces deux plumes identiques ne pouvaient être que le résultat d’un concours de circonstances.
Saï ! Il fallait qu’il songe à faire une thérapie parce que cela devenait une véritable obsession.

Le blond plaça la plume avec l’autre, referma la boite, la remit en place, s’assit devant son ordinateur afin d’écrire quelques mots, puis il quitta son siège et enfin la pièce afin de se diriger vers la cuisine et se mettre à ses fourneaux.
Saï n’allait pas tarder à arriver. Et le connaissant, il aurait son air grognon… Comme d’habitude. Saï était toujours grognon.
Le blond eut un large sourire tandis qu’il préparait le dîner, son esprit vagabondait à des idées pour le moins étranges.
Saï un tueur n’importe quoi…

*****

Saï était encore dans les embouteillages. Il était parti il y a peu de son « travail » et se donnait un alibi, calmement, sans laisser passer un seul sentiment. Comme toujours. C’était comme toujours, sauf que ce soir, il avait un repas de prévu. Un dîner avec une certaine pile électrique qui lui promettait des migraines en pagaille. Enfin, il était habitué après tout. Et Jens, une fois ses tentatives de séductions terminées, n’était pas si épuisant. Juste bruyant. Un poil assistant. Un blondinet quelque peu borné, mais que pour rien au monde, quand il y réfléchissait, il n’échangerait. Il s’était habitué à lui. Il prenait donc son mal en patience. Les pensées du brun naviguaient alors que l’embouteillage se faisait plus dense. Cela allait provoquer un plus grand. Le tueur, sachant cela, et voulant surtout éviter un nouveau scandale de son ami d’enfance, se décida à l’appeler, alors qu’à présent, son véhicule était totalement immobilisé.

- Oui. Dans les embouteillages et je serais en retard. »

Ce furent les seuls mots que Saï prononça avant de couper court à la conversation téléphonique et raccrocher au nez de la pile électrique qui partait dans une série de rappels et de reproches qu’il n’avait nullement envi d’entendre. Il savait ce qu’il avait à faire. Il n’avait pas besoin qu’on lui dise. Bref, suivant le trafic. Cependant, il ne pourrait se rendre au parc. S’aérer l’esprit. Goûter cet instant de liberté qui était si rare, il devait bien l’avouer. Il faut dire qu’il ne se laissait guère de temps à des instants de détente. Perte de temps à son goût, même si cela est fortement apprécié. Le brun n’était pas du genre à se laisser glisser dans le plaisir ou tout bonnement s’accorder un peu de bon temps. Il préférait se borner dans cette vie qu’il s’était construite. Même si cela signifiait morosité, froideur et parfois ennui. Un mal pour un bien. Une survie dans le monde dans lequel il évolue. Avec ses soucis, ses pensées, et surtout un blond trop dynamique pour être vrai.

La voiture sortit enfin de ce bouchon qui semblait ne pas en finir. Le brun tourna immédiatement à gauche pour s’engouffrer dans une petite ruelle. Appuyant sur l’accélérateur, il se dirigea directement vers l’appartement de Jens. Il avait déjà une bonne heure de retard. Il sentait pointer à l’horizon une migraine de reproche. La soirée allait être dure. Ou longue. Au choix. Dans les deux cas, Saï savait qu’il devait prendre son mal en patience. Après tout, il n’avait pas qu’à accepter ce dîner, connaissant par avance les conséquences. Conscient de ce qui l’attendait, il continua à conduire avec cette froideur qui faisait sa personnalité. Si bien qu’il arrive dix minutes après au pied de l’immeuble recherché. Il se gara avec facilité, avant de descendre et se diriger vers l’entrée du bâtiment. Il réalisa seulement à cet instant qu’il avait oublié l’entremet dans son frigidaire. Grognant quelque peu, il songea qu’il cherchait les ennuis parfois. Cependant, repoussant cela, il fit demi-tour.

Il devait à présent acheter un dessert. Un truc au café de préférence. Saï ne mangeait que des choses au café. Bref, mains dans les poches, regard froid, il s’éloigna à pieds, à la recherche d’une pâtisserie encore ouverte. Ce qu’il trouva au bout d’une demi heure, deux rues plus loin. Sans plus attendre, il entra, et acheté le premier gâteau à base de caféine. Ce fut un Moka. Après avoir payé, il fit le chemin inverse avant d’enfin entrer dans l’immeuble, et monter au troisième avant de cogner. Il entendait déjà Jens et ses petites remarques l’air de rien. Dites au détour d’une phrase. Du genre : « - Tu es en retard. Tu avais dit une heure. A cause de toi mon rôti est trop cuit. ». Bref, des banalités qui allaient très vite le pousser dans ses limites. Enfin bon, il l’avait cherché avec son oubli. Juste leçon qu’il était certain qu’il retiendrait. Plus jamais il n’oublierait un entremet chez lui. Il était dans cette pensée lorsque la porte s’ouvrit et que son regard sombre se posa sur une boule pleine d’énergie qui le happa vers l’intérieur.

*****

Jens, au coup sur la porte, sut qu’enfin SON Saï était enfin là. Il regarda la pendule, fit un rapide calcul, et sourit en songeant que protecteur préféré n’avait finalement pas autant de retard que prévu. Mais il comptait bien quand même lui faire une petite réflexion. Histoire que ce dernier lui soit redevable d’un autre dîner. Le blondinet avait tout prévu. Et le pire, dans tout cela, c’était que cela marchait à chaque fois. Enfin presque. Bref, tout souriant, il alla ouvrir la porte. A peine vit-il son brun préféré, qu’il l’attrapa par le pan de son manteau pour l’entraîner à l’intérieur de la pièce. Il ferma ensuite derrière lui à double tour, avant de se tourner, tout sourire, devant son protecteur et incliner doucement la tête sur le côté. Son Saï était là, la soirée pouvait enfin commencer. Et dire qu’il avait osé le prendre pour un tueur. Lui, ce brun… Non… Vraiment parfois, il devait arrêter de penser à des idioties pareilles.

- Ah ! Enfin te voilà. Tu as vu l’heure ? Heureusement que je te connais bien et que je n’ai pas mit la viande à cuir trop tôt. Ce soir, gratin de pattes avec des côtelettes de veaux. J’espère que tu aimes ça. Sinon ? Tu as pensé au dessert ? Il le faut, car moi je n’en ai pas prit. C’était ta tâche. Et… »

Jens ne put finir son monologue car il réalisa qu’il parlait joyeusement à un mur. Saï ayant mystérieusement disparu pour laisser place à un vide. Un point d’interrogation apparue au dessus de la tête du blond, alors que le brun lui, avait ôté ses chaussures pour aller ensuite à la cuisine et déposer la pâtisserie. Il regarda en même temps ce que Jens avait préparé. Quelque chose de simple. Parfait. Il ne tenait pas à plus. A cette pensée, il se servit un verre alors qu’un certain journaliste entrait dans la pièce à son tour. Un journaliste qui ne semblait pas content. Si on se référait au contenue de ses mots, et l’intonation donnée à sa prise de parole. Et voilà, ça recommençait. Franchement, comme s’il avait besoin de ça, après un de ses travails.

- Mais tu pourrais m’écouter quand je parle. En plus d’être en retard, tu es très impoli. Alors que moi je me suis donné tellement de mal. Tu étais où d’abord ? Et puis comment ça ce fait que tu étais dans les embouteillages ? Tu habites pourtant au centre ville… » S’exprima avec un peu d’énergie Jens sur le coup.
- Il y a du café de fait ? »

Ce fut la seule prise de parole de Saï qui ne tenait franchement pas à entrer dans une discussion animé avec cette pile électrique. D’ailleurs, la requête marcha puisqu’on se retrouva avec un blond qui attrapa une tasse, et qui prit le café encore tout chaud pour servir son protecteur rien qu’à lui. Et voilà comment détourner le sujet réprimande sur le sujet café. Café que Saï attrapa et dégusta avec un plaisir bien camouflé. Bien qu’entrecoupée d’un nouveau blabla made in Jens. Et dire que la soirée ne faisait que commencer…

- Alors ? Il te plait ? Tu sais je l’ai fait venir de Colombie rien que pour toi. Il parait que c’est le meilleur. J’ai aussi prit du cappuccino. Pas de Colombie. Mais j’ai goûté et je le trouve vraiment très bon. Alors ? Tu aimes ? » Insista t’il avec un sourire bien digne de lui.
- Oui. Parfait. » Grommela le brun tout en quittant la cuisine pour rejoindre le salon, toujours suivi de sa pile électrique.
- Vraiment ? » Interrogea le blond vraiment satisfait de la réponse. « - Alors tu vas adorer la suite. Enfin, je parle de la glace digestive que j’ai fait avec tout l’amour que j’ai pour toi. Au fait, alors ? Tu étais où pour te retrouver ensuite dans les bouchons ? Tu devrais savoir qu’à cette heure-ci c’est toujours l’heure de pointe voyons. » Fit-il avec un ton plein de réprimande.

Ayant passé l’âge des réprimandes depuis bien longtemps, Saï préféra couper court à tout cela, puisqu’il s’installa dans un fauteuil et garda le silence. Comme toujours dans ce genre de situation. Sirotant son café, avec calme et froideur, laissant Jens se calmer, si tenté il pouvait se calmer. Là était une toute autre histoire. Allumant la télévision, il tomba sur une chaîne d’information. La laissant, il les écouta avec un sérieux qui ferait froid dans le dos. Surtout qu’on parlait d’une affaire qui l’intéressait. D’un certain meurtre à la plume noire. Ils avaient donc trouvé le corps. Plutôt rapide. Saï n’avait pas prévu si tôt, mais cela était sans importance. L’important était l’information principale. Le meurtre ressemblait à tous les autres. Pas d’indices, aucunes empruntes. Le seul hic à cela, c’est qu’il n’y avait pas de plume. Impossible. Il était certain qu’il en avait laissé une. Saï grogna en songeant que quelqu’un l’avait suivit sur son lieu de « travail » et que cette dite personne avait prit sa signature. Il avait donc un pisteur…

N’aimant guère cela, il laissa passer un grognement. Grognement qui fut remarqué par Jens qui le fixa, alors que lui-même regardait les informations, tout en se souvenant de la plume jumelle qui était cachée dans le fond d’une boite, dans une salle connue de lui seul. Il regarda un long moment son protecteur, estimant, réfléchissant, se souvenant. Non… Ce n’était pas possible. Son Saï n’était pas un tueur. Bon un peu beaucoup grognant. Il ne montrait pas beaucoup de sentiments humains. Mais il était gentil. Il veillait sur lui. Sans jamais rien demander en échange. Son Saï était juste quelqu’un de fermé, de solitaire. Son ours mal léché. Pas un tueur. Pourtant… Oui, pourtant. Il avait déjà tué devant lui. Dans leur enfance. Quand on lui voulait plus qu’une simple prise de parole. Il y avait aussi ce grognement. Cette réaction devant la plume qu’il avait dérobé. Perplexe, Jens ne savait plus sur quel pied danser. Que croire. Et surtout comment traduire toutes ces informations qu’il avait en mains.

- Saï ? » Finit-il par dire, décidant de laisser au temps le loisir de lui donner sa réponse. « - Quelque chose ne va pas ? C’est à cause de ces meurtres ? Tu sais, je pense que cet homme doit tuer au contrat. Tu sais, comme dans les films de mafia. Mais, il veut se distinguer, mettre son emprunte sur ces crimes. Alors il laisse une plume noire. D’ailleurs, c’est étrange, elle ressemble à tes plumes. Tu sais, celles que tu collectionnais quand nous étions encore à l’orphelinat. »
- Hm… Si tu le dis. De toutes façons, ces plumes je ne les ai plus depuis longtemps. » Coupa Saï avec un mensonge qui se voulait surtout voulu.

A ces mots, le brun se redressa et laissa Jens à ses questions. Il se doutait que le sujet ne se clôturerait pas là. Mais pour le moment, il l’avait clos. Il se dirigea d’ailleurs vers le balcon, sa tasse à la main, pratiquement vide. Il s’accouda sur le rebord et fixa la vue, silencieux. Il réfléchit à la scène de son « travail ». Il n’y avait personne, il était certain, mise à part les hommes de main. Serait-ce après qu’il serait arrivé ? Il devait déjà donc être entrain de s’engouffrer dans les embouteillages. Pas bon… Vraiment pas bon. Il était dans cette idée lorsque Jens le rejoignit, l’air inquiet. Le brun se tourna vers lui, juste à temps pour entendre sa question.

- Saï ? Ca ne va pas ? Tu es étrange ce soir. » Demanda t’il un peu inquiet sur le coup.
- Tout va bien. » Soupira Saï, tout en rentrant à l’intérieur. « - Juste un peu de fatigue. Si nous mangions à présent ? Ca ira mieux après. » Termina t’il pour le rassurer, et surtout avoir la paix.

A ces mots, il rentra à l’intérieur, suivit d’un blond au regard inquiet et au sourire rayonnant.

- Oui, c’est vrai, il est tard, tu dois avoir faim. » Confirma t’il sans qu’on ne lui ait demandé avant de filer dans la cuisine et surtout se remettre aux fourneaux pour remplir l’estomac de son Saï adoré.

Il n’avait toujours pas de réponses à ses questions. Il ne comptait d’ailleurs pas abandonner. Mais pour le moment, il voulait croire son protecteur et surtout passer une bonne soirée avec lui. Protecteur qui d’ailleurs reprit sa place dans le canapé pour se remettre dans la télévision et cette fois-ci là, regarder un téléfilm américain, une enquête policière, histoire de ne rien changer à sa vie actuelle… Et le tout, en attendant un dîner qui promettait des questions par milliers.

 


A suivre …