L’aube du vampire
Titre :
L’aube du vampire
Auteur : Elfy
Chapitre : 29
Genre : Yaoi
Couple : Toujours Nevada et Chel.
Disclamer : Pas
changé. Tous à moi.:
Le Retour de Fleau P.1
Llyan se
tournait et se retournait dans le lit. Il poussa un soupir à fendre l’âme. Lliam
ignora le gémissement et ferma les yeux. De nouveau le blond platiné émit un
soupir plus appuyé. Son frère grogna mais ne fit aucun geste vers son jumeau.
Pas le moins du monde découragé, l’aîné poussa un énorme soupir à fendre l’âme.
C’en fut trop, Lliam soupira à son tour.
- Qu’y a-t-il ? demanda son frère un tantinet agacé.
- Je suis gelé, se plaignit-il, en se rapprochant de son cadet.
- Idiot ! s’énerva-t-il, en le frappant sur le crâne. Tu me réveilles pour une
idiotie pareille ! continua le brun furieux.
- Mais euh, commença-t-il.
- Cesse un peu tes gamineries, je commence à en avoir marre.
- Lliam, je …
L’aîné eut un soubresaut et renifla. Lliam ferma les yeux et soupira.
Pourquoi fallait-il que cela tombe sur lui ?
Lliam aurait souhaité se montrer dur et indifférent. Malheureusement, il ne
pouvait agir ainsi, surtout lorsqu’il s’agissait de son jumeau. Soupirant
presque de dépit, il tendit le bras et l’attira pour le serrer doucement contre
lui. Il était le cadet, pourtant c’était lui qui devait remonter le moral de son
aîné. Néanmoins, il ne voyait pas cela comme une corvée. Un tantinet
embarrassant mais, au final, il trouvait cet état de chose tout à fait normal.
- Il est inutile de t’inquiéter pour rien Llyan. Je reconnais que ce monde est
différent de celui où nous vivions, mais tu ne dois pas perdre de vue notre
mission. Nous sommes des vampires chevaliers dragon et notre devoir est de
protéger celui à qui nous avons fait allégeance. Comment veux-tu que nous
menions à bien celle-ci si nous ne parvenons pas à nous adapter à ce monde qui
est le sien ? interrogea-t-il.
- Il est certain que tu y parviendrais. Cependant j’ai des doutes me concernant,
avoua Llyan.
- J’ai confiance en toi. Tu es mon jumeau, tu es comme moi. Si j’y suis parvenu,
tu y parviendras, parce que nous sommes forts et que rien ne nous ébranlera, dit
fièrement le brun, tentant de réconforter son frère.
Llyan ferma les yeux et soupira. Son frère était fort et capable de s’adapter à
n’importe quelle situation. Malheureusement, pour lui c’était différent. Lliam
avait tort. Ils étaient peut-être des jumeaux identiques physiquement, pourtant
moralement ils ne l’étaient pas. Le blond platiné se serra davantage contre son
frère, afin de se donner du courage….
Alexandre était dans sa chambre en train de méditer. Cet état lui permettait de
se régénérer, faisant ainsi d’une pierre deux coups. Il était parfaitement
conscient qu’il aurait besoin de tous ses pouvoirs afin de combattre leur ennemi
ancestral. Vincent était prisonnier d’Hizen, l’enveloppe mortelle de Fléau. Cet
humain, dont les actions étaient dictées par son obsession pour le vampire
suprême, s’était vendu corps et âme à un démon.
Depuis qu’il l’avait confié aux MacNamara, il s’était toujours tenu informé de
tout ce qui concernait son fils. Il ne connaissait que trop bien cet homme à qui
Nevada avait confié le département Recherches Scientifique de la T.V.D.S.
Qu’en avait-il fait ?
Un département de torture où vampires et humains étaient examinés, disséqués
sans distinction. D’horribles expériences étaient pratiquées sur ceux-ci.
Lorsque Nevada s’était aperçu des horreurs qui se déroulaient dans ce
laboratoire, dont il avait approuvé les méthodes sans en connaître les teneurs,
Hizen avait été immédiatement remercié et la section fermée.
Le vampire suprême s’imaginait avoir résolu le problème en congédiant son chef
de département. Il n’avait malheureusement pas réalisé qu’il était devenu
l’objet de l’obsession de cet homme. Une hantise qui l’avait tellement consumé
qu’il en était arrivé à pactiser avec le diable en personne. Vincent s’y
retrouvait mêlé en tant que victime, sans réellement comprendre ce que tout ceci
signifiait. Il sentait que le Daïgonite avait besoin de lui. Il n’oublierait
jamais la manière dont ce dernier l’avait fixé lors de sa transformation. Son
regard était presque comme une accusation. Cette fois-ci, il ne le laisserait
pas tomber. Plus jamais !
Le Daïgonite était son âme sœur, ils s’appartenaient à jamais, il avait bien
l’intention de le récupérer. Son amour pour la créature à la chevelure argentée
était véritable et sincère. S’il le fallait, il pourrait donner sa vie pour lui.
Peu importe qu’il dissimule en lui une entité malfaisante, il l’aimait.
Alexandre ferma de nouveau les yeux et continua à méditer….
Nevada était blotti dans les bras de Chel. Il jouait avec une longue mèche de
cheveux du roux. Après l’arrivée des jumeaux, tous ses beaux préparatifs afin de
séduire son magnifique vampire étaient tombés à l’eau. Leur dispute afin de
décider qui irait sauver Vincent s’était soldée par un jeu pour Chel et Zéro
pour Nevada, comme à l’accoutumée. Soumis, le blond avait accepté la décision de
celui qui le dominait pleinement.
- Dis-moi mon ange, qui est ce Hizen ? interrogea Chel.
- Comme je te l’ai déjà dit, un fantôme de mon passé, expliqua-t-il.
- Crois-tu que je vais me contenter uniquement de cette réponse ? dit-il.
- Chel je n’ai pas envie de t’en parler, fut la réponse du blond.
- Cet homme te rappellerait-il de mauvais souvenirs ? interrogea Chel, curieux.
- Je te l’ai dit, je n’ai vraiment pas envie d’en parler, répéta Nevada.
- Pour quelle raison ? Ne serait-ce pas parce que tu l’as aimé ? demanda Chel,
un tantinet jaloux.
- De quoi es-tu en train parler ? Je n’ai aimé que deux fois dans ma vie. Et tu
connais parfaitement le nom de ces deux personnes et… Et…, commença à bafouiller
le blond.
Tout à coup, le vampire suprême releva la tête et plongea un regard troublé dans
celui de son aimé.
- Qu’y a-t-il mon ange ? interrogea Chel intrigué par le brusquement changement
d’attitude de son aimé.
- Chel, j’ai la sensation étrange de t’avoir toujours aimé. De t’avoir toujours
appartenu, lui dit-il.
- Je ressens exactement la même chose au fond de moi. Tu m’appartiens comme je
t’appartiens, répondit le roux.
- Chel je t’aime tant que je mourrais si je te perdais, maintenant que je t’ai
trouvé, lui dit-il.
Le vampire suprême exprimait ce qu’il ressentait, craignant de perdre ce qu’il
avait de plus précieux. Il était conscient que l’amour de Chel lui était acquis
mais ce sentiment s’avérait parfois si éphémère… Les années passant, la
monotonie s’installait et l’amour au fur et à mesure s’effritait pour finir par
disparaître.
Ils étaient des immortels. Leur amour, s’il subsistait des siècles, allait-il
pouvoir tenir face à la monotonie qui risquait de s’installer entre eux ?
L’idée que son vampire adoré en vienne à l’abandonner un jour l’effrayait. Lui,
le futur roi des vampires, le téméraire Nevada craignait par-dessus tout d’être
abandonné. Cette sensation lui était familière, comme un souvenir.
Avait-il été abandonné par le passé ? Mais à quel passé faisait-il allusion ?
Chel, quant à lui, était parfaitement conscient de cette peur. Néanmoins, le
taquiner l’amusait quelque part. Il aimait dominer Nevada de toutes les manières
possibles.
Etait-ce de la cruauté ?
Chel aimait son roi de manières différentes, mais avec une ferveur et une
passion telle qu’il lui était impossible de douter de celui-ci.
- Rassure-toi, je n’ai aucune intention d’aller où que ce soit, du moins pas
pour l’instant, répondit le roux.
- Que veux-tu dire ? As-tu l’intention de me quitter ? paniqua le vampire
suprême.
Chel eut un sourire énigmatique, puis se pencha pour prendre ses lèvres avec
douceur et tendresse. Oubliant un instant la crainte qu’il ressentait, Nevada
répondit sans la moindre retenue au baiser, offrant tout sans restriction. Le
baiser dura de longues minutes puis le roux mit fin à celui-ci. Fixant son
bien-aimé, il lui sourit tendrement.
- Je t’aime et je te protègerai éternellement, du moins tant que ma vie me le
permettra, avoua le roux.
- Chel, commença le blond.
- Viens là, lui dit le roux en le prenant dans ses bras, afin de l’attirer à
lui. Dans quelques heures, nous allons devoir affronter un fantôme de ton passé.
Alors repose-toi, lui conseilla Chel.
- Oui, se contenta-t-il de répondre, avant de se blottir en soupirant.
Il ferma les yeux et finit par s’endormir, un sourire angélique sur les lèvres.
- Dors mon bel amour, dors je te protégerai, dit-il en posant un doigt sur le
front du blond.
Le regard du roux s’illumina. Le corps de Nevada s’affaissa d’avantage, son
souffle indiquait qu’il dormait profondément.
- Tu m’es trop précieux pour te laisser mettre ainsi ta vie en danger. Nous
savons tous les deux que tu es notre roi, ton devoir est de nous guider. Moi je
suis ton garde personnel et ma mission est de te protéger. Nul ne te fera de mal
tant que je serai vivant, murmura-t-il doucement à l’oreille de l’endormi.
Vincent ouvrit lentement mais difficilement les yeux. Il avait mal, son corps
n’était que douleur, il avait la sensation que son sang avait été remplacé par
de l’acide.
Que lui arrivait-il ? Que s’était-il passé ? Où se trouvait-il ?
Il tenta tant bien que mal de rassembler ses souvenirs, ce qui lui parut une
véritable torture. Après de longues tentatives de retour à la réalité, malgré
ses idées plus qu’embrouillées, il parvint peu à peu à remettre les scènes en
place. L’image d’une femme lui revint. Akiko au sourire affable qu’il avait
bousculée. De cette femme qu’il avait invitée afin de se faire pardonner, et qui
s’était révélée perfide et mauvaise.
Comment n’avait-il pas ressenti les intentions maléfiques de cette femme ?
Décidément Alexandre avait raison, il ne valait rien en tant que gardien. Il
avait été trompé et s’était laissé prendre tel un débutant. Il était indigne de
son roi et de son mentor.
- Te voilà enfin réveillé Daïgonite, dit une voix pratiquement d’outre-tombe. Je
dois avouer que tu es étonnant, laquais d’Alexandre. Après avoir ingéré le sang
d’Akiko, tu es encore capable de rester conscient, dit-il moqueur.
- Qui ? Cette voix m’est familière, se dit Vincent.
Cette sensation d’être écrasé sous un poids énorme. Cette horrible douleur lui
vrillant le cerveau et son sang qui ne cessait de bouillir dans ses veines…
C’était insupportable. L’argenté referma les yeux, las. Pourtant, son instinct
lui disait que ce n’était pas le moment de perdre connaissance. Dans un suprême
effort il ouvrit les yeux. Devant lui se tenait un homme dont la physionomie lui
était complètement inconnue, il ne l’avait jamais vu auparavant. Vincent ferma
de nouveau les yeux pour les rouvrir. Malgré la souffrance et l’acuité amoindrie
de ses sens, il ressentait l’énergie que dégageait l’individu face à lui.
Celle-ci lui paraissait familière. Ce pouvoir démoniaque qu’il ressentait
entrait en résonnance avec une partie de son être… Cette partie qu’il ne
connaissait pas réellement et qu’il avait cependant senti s’éveiller en lui.
Cet homme d’une beauté froide, qui le fixait de son regard pénétrant et cruel,
réveillait en lui des souvenirs et surtout lui rappelait quelqu’un. Pourtant, il
ne parvenait pas à se rappeler dans quelles circonstances il avait déjà ressenti
cette puissance. Comme si sa mémoire avait été couverte d’un voile obscur. Il ne
pouvait se tromper, il avait déjà éprouvé cette sensation il y a longtemps. Le
Daïgonite sentit une douleur lui vriller le cerveau. Il ferma les yeux et eut la
désagréable impression d’être aspiré dans un trou noir, englouti puis
brusquement rejeté. Le retour à la réalité fut brutal. La souffrance se faisait
de plus en plus insistante. Ses yeux s’ouvrirent subitement, il venait de
comprendre à qui il avait à faire.
- Tu as mis du temps à réaliser qui j’étais réellement, ricana l’individu. Cela
faisait longtemps Daïgonite. Tu ne sembles pas ravi de me voir. Je reconnais
qu’au cours de notre vie antérieure, je ne vous ai pas facilité la tâche, fit
ironiquement remarquer le blond. Tu m’as l’air bien pâle, ne te sentirais-tu pas
dans ton état normal ? se moqua l’enveloppe mortelle de Fleau.
- Comment osez-vous plaisanter ainsi, commença Vincent en grimaçant.
Parler paraissait être aussi douloureux qu’ouvrir les yeux, ou même tenter de
bouger. C’était mal connaître l’argenté, aucune douleur aussi atroce
fusse-t-elle ne viendrait à bout de lui.
- Vous êtes responsable de la destruction d’Eden, vous avez détruit l’harmonie
qui régnait entre les peuples. Sans vous nous serions encore à Eden à vivre
heureux, l’accusa Vincent. Et vous êtes étonné que je ne sois pas ravi de voir ?
s’impatienta la créature à la chevelure argentée.
- Pourquoi tant de haine ? Je suis attristé par tes paroles si dures, ricana
l’enveloppe mortelle de Fleau. Tout ce que j’ai toujours fait et entrepris a été
pour l’épanouissement de mon peuple. Malheureusement, ton roi et tes compagnons
ne m’ont pas laissé le choix. J’ai agi pour votre bien à tous, continua à se
moquer Hizen.
- Comment osez-vous vous moquer ainsi des vies d’autrui ? s’énerva Vincent.
- Comment voulais-tu que je réagisse ? Jusqu’à votre dernier souffle vous avez
continué à vous mettre en travers de mon chemin, à contrecarrer tous mes plans.
Mon frère n’avait pas assez d’envergure afin d’être le roi de ce monde. Malgré
tout, vous avez continué à le soutenir. N’aviez-vous pas réalisé que les faibles
ne parviennent jamais à se faire respecter, uniquement à se faire écraser ? Si
j’avais laissé Ryunen sur le trône, Eden aurait finalement été détruit. Si je
n’avais pas mis fin à ses absurdités, vous auriez continué à accueillir ces
créatures. Nous aurions fini par perdre notre identité. Mon frère n’avait ni
l’âme ni l’étoffe d’un grand roi. J’étais le seul capable de dominer ce monde et
toutes ces créatures qui le peuplaient, dit-il avec assurance. Je n’ai fait que
mon devoir de souverain, continua-t-il fièrement.
- Vous n’avez toujours rien compris. Même au bout de mille ans, vous êtes
toujours aussi imbu de votre personne et étroit d’esprit. Eden avait été créé
afin d’accueillir toutes les créatures ayant besoin d’un endroit tranquille.
C’était un paradis, un havre de paix où créatures de tous bords et de toutes
races pouvaient se réunir et vivre en tout quiétude. Notre seul désir était de
vivre harmonieusement. Votre quête insensée de pouvoir et de puissance a mis un
terme définitif à notre rêve.
Et où tout ceci vous a-t-il mené ?
Vous avez été évincé et vous êtes désormais réduit à parasiter un corps de
mortel afin de survivre. Quelle déchéance pour le souverain que vous prétendez
être, ricana l’argenté.
- J’aurais pu gouverner ce monde si vous ne vous étiez pas mis en travers de ma
route. De plus, vous vous êtes assurés que je n’en réchapperais pas. Vous auriez
dû réfléchir avant d’émettre votre vœu. Sachez que l’on ne se débarrasse pas de
moi si facilement, s’écria Hizen en ricanant.
- Que voulez-vous dire ? Vous avez péri durant la dernière bataille. Ryunen vous
a tué, nous en avons été les témoins. Vous êtes mort il y a un siècle de cela,
vous ne pouvez être ici, c’est impossible, tenta de se convaincre Vincent. Fleau
est mort, vous ne pouvez être que les derniers soubresauts d’un esprit qui
refuse de mourir. Qui aurait investi un corps de mortel dans l’espoir inutile de
reconquérir ce qu’il a perdu. L’époque a changé Fleau, ne vous en êtes-vous pas
rendu compte ? Que comptez-vous faire dans l’état qui est le vôtre ? Avant que
vous n’ayez pu tenter quoi que ce soit, mon roi vous retrouvera et vous balayera
d’un seul doigt, lui dit sérieusement le Daïgonite.
- Penses-tu, Daïgonite, que le fait que je sois encore enfermé dans ce corps de
mortel soit à mon désavantage ? Sache que, malgré ce petit inconvénient, je
détiens encore toute ma puissance. Je pourrais tous vous balayer d’un claquement
de doigt. Néanmoins ce ne serait pas amusant. Je désirais vous voir souffrir
tous autant que vous êtes avant de m’emparer de ce monde et le dominer. J’ai
attendu mille ans afin de pouvoir prendre ma revanche et de nouveau sentir le
pouvoir au creux de mes mains. Je peux encore patienter quelques jours. Tous les
protagonistes ne sont pas encore réunis, attendons-les patiemment. Ils ne
devraient pas tarder à se montrer. Ainsi nous serons presque tous réunis comme
autrefois, ricana Fleau.
- Comment avez-vous pu revenir du royaume des morts. Ryunen vous avait tué, cria
presque Vincent.
- Il y a mille ans, vous, Damned membres de la garde personnelle de Ryunen,
après avoir transmis vos pouvoirs à ce dernier pour qu’il me tue, vous avez tous
perdu la vie. Avant de rendre votre dernier souffle, vous avez émis un ultime
vœu. Vous avez souhaité vous réincarner et vous retrouver quel que soit
l’endroit, tant que le mal sévirait. Ce que vous ignoriez est que vous aurez
beau tenter de le détruire, il ne disparaîtra jamais. Il y a mille ans, j’ai
juré que plus jamais je ne perdrais face à qui que ce soit. Je reviendrai autant
de fois qu’il le faudra afin de vous détruire, encore et encore, quelle que soit
l’époque. Vous et ce cher Ryunen, ricana Hizen.
- Pensez-vous que je vous laisserai faire ? interrogea Vincent. Je vous
empêcherai de nuire au péril de ma vie, lui dit farouchement Vincent.
- Que comptes-tu faire dans cet état Damned ? Tu ne sembles pas avoir compris
que, dans la position qui est la tienne, il te sera impossible de déployer un
centième de ta force. N’as-tu pas compris que tu as été empoisonné ? Il n’y
aucun antidote, tu mourras sous peu. Si j’ai un conseil à te donner, ce serait
d’éviter de trop t’agiter. Tu ne feras qu’avancer l’heure de ta mort, l’avertit
Hizen.
- Pensez-vous m’impressionner avec vos paroles ? Auriez-vous oublié qui je suis
? dit farouchement l’argenté. Je vous…,
L’argenté ne put terminer sa phrase. Du sang jaillit de ses lèvres tandis qu’il
sentait une horrible douleur à l’estomac, comme si l’on venait de le lui percer
à l’aide une énorme aiguille chauffée à blanc. Vincent en eut le souffle coupé,
il n’eut même pas la force de hurler. De plus, l’argenté n’avait pas encore
réalisé qu’il était entravé par le cou, les poignets et les chevilles.
Que pouvait-il faire dans une telle position et dans un tel état ? Combien de
temps allait-il pouvoir tenir ?
- Je t’avais pourtant prévenu Daïgonite, tu devrais écouter tes aînés lorsqu’ils
te parlent, se moqua Hizen.
- Libérez-moi et je vous montrerai qui je suis, ordonna l’argenté, en se
débattant, en renvoyant de nouveau de l’hémoglobine.
- Contente-toi d’attendre patiemment l’arrivée de ton maître. J’espère pour toi
qu’il ne te fera pas attendre trop longtemps. Tu n’en as plus pour longtemps.
N’aie aucune crainte, je suis certain que nous verrons également arriver son
petit toutou à sa suite. Je lui dirai que tu as été très courageux, se
moqua-t-il. Il fera d’ailleurs un excellent sacrifice, ricana Hizen.
- Sacrifice ? interrogea Vincent en grimaçant. Mais de quoi parlez-vous ?
s’écria-t-il en se débattant, ce qui eut pour résultat de lui faire renvoyer
davantage d’hémoglobine, et solliciter ses capteurs de douleur.
- Cesse de te débattre, laquais d’Alexandre, tu amoindris tes chances de
survivre jusqu’à l’arrivée de ton cher maître. Plus tu te débats, plus le poison
se répand rapidement dans ton organisme, lui expliqua-t-il froidement. Je dois
avouer que t’assister durant ton agonie me plairait énormément, malheureusement
je vais devoir te quitter. Dans ce corps de mortel je m’épuise assez vite, j’ai
besoin de repos afin que ma résurrection soit complète, termina le blond.
L’enveloppe mortelle de Fleau fixa Vincent, un sourire cruel éclairant son
visage. Vincent remarqua à ce moment la présence d’Akiko. Une lueur de haine
traversa le regard du Daïgonite qui suivait la jeune femme, partie à la suite de
son maître. Celle-ci accourut afin de le soutenir. L’argenté cessa de se
débattre, il baissa la tête. Il avait du mal à demeurer conscient, il sentait
déjà sa vue commencer à se troubler. Il était vital qu’il trouve un moyen de
s’échapper avant que le poison ne l’emmène jusqu’aux portes de la mort. Il
devait empêcher son maître de tomber dans un piège. Vincent était parfaitement
conscient de ne pouvoir compter sur personne. Surtout pas sur Alexandre, pas
après ce qui s’était passé entre eux.
Pourtant quelle était cette sensation étrange ?
Il le sentait si près, néanmoins si éloigné. Hizen s’arrêta quelques secondes,
puis tourna la tête vers Vincent.
- N’aie aucune crainte Daïgonite, dit-il comme s’il avait lu dans son esprit.
Connaissant mon oncle, il viendra te chercher, ils viendront tous, ricana-t-il.
Je crains qu’ils ne trouvent que ton cadavre, se moqua l’enveloppe mortelle de
Fleau.
L’argenté releva lentement la tête. Elle était douloureuse, il avait la
sensation que son cerveau allait imploser si ça continuait. Il plongea son
regard trouble dans celui d’Hizen. Le regard de ce dernier s’était illuminé
d’une lueur rouge plus qu’inquiétante. L’énergie qui se dégageait de l’enveloppe
corporelle de Hizen glaça le Daïgonite jusqu’au tréfonds de lui. Vincent sentit
brusquement un grand vide. La douleur disparut durant quelques instants pour
faire place à une autre sensation : la peur. Une impression d’être une minuscule
mouche prise au piège dans une toile d’araignée, attendant de se faire dévorer,
le saisit. Cette peur, Vincent la sentit s’insinuer en lui, insidieusement…
Fleau fixa Vincent. Il pouvait ressentir sa peur, son inquiétude vis-à-vis de
ses proches. Son regard cruel était posé sur le Daïgonite.
- Tu viens de réaliser que tu es impuissant à aider celui que tu dois servir
ainsi que tes amis, sans oublier ton amant. Tu es déjà mort et tout ce que tu
voudras tenter ne servira à rien. Tu souhaiterais t’échapper afin de courir les
prévenir. Manque de chance, il ne te reste même plus assez de force pour te
rebeller et tenter une évasion. Pauvre Daïgonite, tu possèdes une puissance
incontrôlable, il est dommage que tu ne sois plus en état de la déployer, ricana
narquoisement l’enveloppe mortelle de Fleau.
Vincent était accablé. Hizen avait raison. Si seulement il pouvait se
transformer en cette autre créature qui se dissimulait au fond de lui… Bien
qu’il soit effrayé par cette partie inconnue, ou oubliée de lui. Pourtant, il
accepterait bien volontiers de se transformer afin d’écraser cette immonde
créature qu’était Fleau et effacer ce sourire triomphant sur ses lèvres. Mais
que pouvait-il faire dans un tel état ? Il dut reconnaître que son ennemi avait
raison.
- Quel dommage que tu ne puisses de nouveau te transformer ! Tu aurais
facilement pu me vaincre, le nargua Hizen, comme s’il avait lu en son esprit.
Après tout, pour l’instant mon enveloppe n’est que celle d’un mortel, ricana
Fleau.
Vincent ressentait de plus en plus son impuissance. De plus, ses forces
commençaient à l’abandonner. Il ne devait plus lui rester beaucoup de temps.
Fleau, lui, ne cessait d’enfoncer le couteau dans la plaie.
- Quelle triste fin ! Tu vas disparaître sans avoir pu combattre, sans avoir pu
montrer ton courage à tes amis, à ton maître. Quelle mort misérable que sera la
tienne, ricana Hizen, se délectant du désarroi de son vis-à-vis.
Des larmes de rage et de frustration coulaient le long des joues de l’argenté,
tant les paroles de cet humain étaient exactes. Il ne pouvait le nier, il était
impuissant, faible. Si seulement cette puissance qu’il avait sentie s’éveiller
pouvait revenir. Même durant un infime laps de temps.
Pourquoi ne parvenait-il pas à faire de nouveau appel à elle ? Pourquoi ?
Ses intentions étaient pourtant bonnes ! Il ne souhaitait qu’une chose, devenir
fort dans le but unique de protéger les siens. Il ne voulait qu’être fort,
beaucoup plus fort, encore plus fort, surpuissant dans le seul but d’éradiquer
le mal que représentait Hizen. De nouveau, le Daïgonite sentit cette douleur au
niveau de sa poitrine. La souffrance était bien plus forte que la première fois.
Etait-ce dû aux effets du poison ?
Il eut la sensation que son cœur allait exploser. Il commençait à avoir le
souffle court. Vincent ouvrit la bouche afin de tenter d’aspirer un peu d’air,
tant celui-ci commençait à lui manquer. Son cœur se mit à battre violemment, son
sang bourdonnait dans ses oreilles. Son torse commença à se soulever de manière
spasmodique. Le Daïgonite sentit de nouveau cette rage folle l’envelopper,
s’insinuer en lui, monter de degré en degré au point d’atteindre son paroxysme,
tandis qu’il ressentait cette puissance l’envahir graduellement. Son corps se
mit à irradier, ses yeux s’illuminèrent d’une lueur meurtrière, cependant il les
referma presque immédiatement. L’argenté serra les poings et se concentra, il
fit exploser son énergie, se libérant des entraves posées par Fleau. Des ailes
diaphanes et ensanglantées jaillirent de son dos. Son corps couvert de plaies et
de bleus reprit un aspect normal. Vincent se régénérait grâce à l’énergie
circulant dans son corps, dans ses veines. Il se posa au sol face à Hizen puis
ouvrit brusquement les yeux, alors qu’un tatouage en forme d’étoile noire
apparaissait sur son front. Une lueur haineuse brillait dans ses yeux.
- Fleau ! hurla-t-il d’une voix complètement changée. Tu ne m’échapperas pas !
cria-t-il. Adoptant le tutoiement comme si le Vincent qui se trouvait devant
Hizen était une créature différente de celui qui se débattait, quelques secondes
auparavant, dans les affres de la souffrance et du désespoir. Déployant ses
ailes, il fonça sur l’enveloppe mortelle de Fleau.
Les moqueries de Hizen avaient apparemment eu raison de la peur et la douleur
ressenties par la créature à la chevelure argentée. Le doux Vincent, le
Daïgonite à l’apparence fragile, incapable de faire du mal à qui que ce soit,
désespéré, venait consciemment ou inconsciemment de libérer cette partie sombre
qu’il dissimulait au fond de lui. Malheur à celui qui se trouverait en travers
de sa route….
A suivre …