L’aube du vampire
Titre :
L’aube du vampire
Auteur : Elfy
Chapitre : 31
Genre : Yaoi
Couple : Toujours Nevada et Chel.
Disclamer : Pas
changé. Tous à moi.:
Le Réveil De Fleau Ch.3
Fleau
s’était retiré dans le but de se régénérer. Malgré ses puissants et importants
pouvoirs, il n’en demeurait pas moins une entité maléfique dans le corps d’un
humain. Sa petite altercation avec le Daïgonite, l’énergie déployée afin de
stopper l’attaque lancée de plein fouet… Cette enveloppe s’épuisait bien vite.
D’ailleurs, il devait concentrer une quantité importante d’énergie afin de
conserver cette forme humaine en état. Dans ce corps de mortel, il se fatiguait beaucoup
plus, ce qui expliquait les quelques heures consacrées à sa régénération.
Vincent se tenait devant la porte, celle où venait de disparaître Akiko. Cette
dernière avait accompagné son maître et, une fois que ce dernier fût bien
installé, elle quitta les lieux. Cependant, elle ne voulait pas abandonner son
maître bien longtemps, car elle ne faisait aucune confiance à ce Daïgonite
guerrier « recruté » par Hizen. Lorsque la jeune femme sortit, l’argenté était
toujours posté devant la porte. La suivante de Fleau lui jeta un regard noir.
- Fleau n’aurait jamais du intégrer cette chose à sa garde, je suis certaine
qu’il le regrettera. Mais moi, Akiko, je ne le laisserai pas faire. Même s’il
faut protéger mon maître contre lui-même, j’agirai ! Se dit-elle.
De nouveau, elle fixa le Daïgonite guerrier. Il se tenait immobile, les yeux
fermés, comme s’il ne se souciait pas de ce qui se passait autour de lui. La
jeune femme eut un rictus carnassier, elle fit apparaître deux poignards de ses
mains et les lança avec un sourire mauvais. Les deux lames se dirigèrent à une
vitesse étonnante vers l’argenté. A n’en point douter, s’il ne tentait rien, il
risquait de terminer empalé par les armes meurtrières. Sans ouvrir les yeux,
Vincent arrêta leur course à mi-chemin en les saisissant avec dextérité, pour
les renvoyer à leur destinataire aussi rapidement. Les lames allèrent se planter
dans le cœur de la jeune femme. Cette dernière grimaça.
- Très amusant ! Aurais-tu oublié, Daïgonite, que ce genre d’artifice n’a aucun
effet sur moi ? Fit-elle remarquer, en enlevant rageusement les dagues pour les
jeter brutalement au sol.
Il ne fallut que quelques secondes pour que les deux plaies se referment.
- Qu’essayes-tu de prouver, femelle ? Demanda le Daïgonite.
- Je voulais seulement tester ton efficacité. Le maître t’accorde une trop
grande confiance.
- Que se passe-t-il ? Serais-tu jalouse ? Se moqua Vincent.
- Quelle plaisanterie ! Contrairement au maître, je ne suis pas aveugle !
Répondit-elle.
- Vraiment ? Fleau sait-il que tu n’as aucune confiance en ses choix ?
- Ce n’est pas ma foi en mon maître qui est en cause, mais celle que je ne
mettrai jamais en toi.
- Sais-tu ce que je crois ? Tu crains que Fleau ne voit en moi un meilleur garde
du corps, dit-il simplement.
- Ne me fais pas rire petit Daïgonite, ricana Akiko. T’imagines-tu que ta force
puisse jouer contre ma loyauté et mes années d’expérience auprès de notre maître
? Demanda la jeune femme.
- En es-tu certaine ou tentes-tu de t‘en convaincre ? Se moqua-t-il. Je suis
beaucoup plus puissant et bien plus apte que toi. Tu as perdu une fois contre
moi. Pourtant, ce jour-là, je n’étais pas en pleine possession de mes capacités.
Maintenant, je dispose de toutes mes forces. Dans une confrontation à un contre
un, tu risquerais d’être perdante, voire même d’y laisser la vie, car je ne te
donnerais pas l’occasion de te régénérer, l’avertit Vincent.
- Serait-ce une menace ? Demanda-t-elle.
- Non, juste une constatation. Ne te mets pas en travers de mon chemin femme, tu
pourrais réellement le regretter. Quant à ta crainte que je ne sois pas à la
hauteur de ma tache, tu as pu constater que je suis plus que compétent. Une fois
que l‘ordre est donné, rien ne peut m’arrêter dans l‘exécution de ma mission.
- Tant que tu resteras fidèle à notre roi, tu n’auras rien à craindre de moi,
Daïgonite. Tant que tu le serviras fidèlement, tu ne me trouveras pas sur ton
chemin, promit la jeune femme.
- Je ne suis fidèle qu’à moi-même ! Je sais ce que j’ai à faire, répondit-il.
- Aurais-tu l’intention de trahir notre maître ? S‘insurgea-t-elle.
- Ce que j’ai l’intention de faire ne regarde que moi. J’ai une mission et je
l’accomplirai, répondit le Daïgonite.
Akiko comprit qu’elle ne tirerait rien d’autre de celui qu’elle considérait
comme son ennemi. Discuter ne servirait à rien.
- Tu prends le premier tour de garde, ordonna-t-elle. Je ne serai pas loin. Tu
as intérêt à veiller sur notre maître. Sois sur tes gardes Daïgonite, un ennemi
peut se dissimuler n’importe où, l’avertit-elle.
- Serait-ce une mise en garde ? Se moqua l’argenté.
Vincent eut un sourire narquois, puis il referma les yeux sans plus se
préoccuper de la jeune femme. De mauvaise humeur, elle quitta l’étage. En
chemin, elle rencontra quelques employés qui en firent les frais…
Le guerrier était debout impassible, les yeux fermés. L’aura qui émanait de lui
était froide, comme vide. On avait la sensation qu’il était inaccessible. Le
Vincent qui se trouvait devant la porte de la pièce, qui avait fait serment
d’allégeance à Fleau n’avait rien à voir avec celui que connaissaient Chel et
Nevada. Pourtant, blotti au plus profond du guerrier, un enfant se tenait assis,
un gamin aux cheveux argentés, les bras serrés autour de son corps, la tête
entre ses bras. Il semblait perdu dans les ténèbres, mais depuis combien de
temps ?
- Où suis-je ? Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Se demandait l’enfant. Je
suis seul, et il fait froid, très froid. Il fait sombre, se plaignait-il.
- Pourquoi n’essayes-tu pas de te libérer de ce froid, de ces ténèbres ? Demanda
une voix.
- Qui est là ? Pourquoi ne vous montrez-vous pas ? J’ai peur, il fait si sombre…
Si je bouge, il m‘attrapera, dit l’enfant effrayé.
- Qui t’attrapera ? Demanda de nouveau la voix.
- Le démon, le démon aux ailes sanguinolentes. J’ai peur, je ne peux pas partir.
Si je bouge, il viendra et m’attrapera, répétait-il. Ne voudrais-tu pas venir à
moi, je ne veux pas bouger, expliqua encore le gamin.
- Je ne peux pas. Tu dois seul trouver ta voie, tu dois seul parvenir à quitter
ces ténèbres.
- J’ai peur, je ne peux pas. Pourquoi dois-je faire seul ces choses ? Je ne suis
qu’un enfant après tout, fit-il remarquer.
- Regarde-moi. Je suis là, j’ai toujours été là, répondit la voix. Cependant, je
ne pourrai rien faire si tu ne le décides pas, dit-il comme une menace.
L’enfant leva lentement la tête. Mais à la vue de celui à qui appartenait la
voix, son regard s’agrandit de peur.
- Ne m’approche pas ! Tu me fais peur, j’ai peur, n’approche pas démon, ordonna
l’enfant.
- Démon ? Qui est un démon ? Si je suis un démon, tu en es un dans ce cas
puisque je suis toi, dit la voix, sur laquelle maintenant il pouvait mettre un
visage.
- Non, je ne suis pas un démon. Je suis… je suis…, bégaya-t-il.
Tout à coup, il réalisa qu’il ignorait qui il était. Une expression de tristesse
se peignit sur son visage.
- Ainsi tu ignores qui tu es ? Dans ce cas, comment feras-tu pour protéger ceux
que tu aimes ? Dit celui qui apparaissait aux yeux de l’enfant comme un démon.
- Qui pourrais-je protéger ? Je ne suis qu’un enfant, je suis trop faible pour
aider qui que ce soit, fut la réponse du jeune Vincent. Personne ne m’aime et je
n’aime personne.
- Dans ce cas, si tu n’aimes personne et que personne ne t’aime, que comptes-tu
faire ? As-tu l’intention de rester ainsi sans réagir ? Si tu ne fais rien, je
prendrai ta place, je vivrai ta vie, je serai toi, lui dit le guerrier.
- Non, je ne veux pas ! Tu es mauvais, tu feras du mal à ceux que…. J’… Est-ce
qu’il existe des gens qui m’aiment ? Est-ce que j’aime quelqu’un ? Je… je…je
suis trop faible pour défendre qui que ce soit, reconnut le gamin.
- Crois-tu vraiment que tu sois faible ? Penses-tu réellement que nul ne t’aime
? Ainsi je suis mauvais ! Sais-tu ce que cela signifie ? Demanda le démon.
- Oui, je crois. Tu vas faire du mal et des gens vont souffrir, expliqua
l’enfant.
- Dans ce cas, il faudra quelqu’un ou quelque chose entre les autres et moi, non
? Un rempart ou une barrière ?
- Mais que peut être cette barrière ?
- Ne le sais-tu pas ? Demanda le démon, son regard posé sur lui.
- Veux-tu dire que je suis ce rempart ? Veux-tu dire que je suis celui qui
contrôle ?
- C’est évident ! Depuis le début, tu as toujours été celui qui contrôle. Mais
tu as simplement oublié, lui expliqua l’autre Vincent. Tant que tu refuseras de
reconnaître et d’accepter ce que tu es, je prendrai toujours le dessus. Tant que
tu ne prendras pas ta décision je serai toujours là, expliqua le Daïgonite.
Lentement, la créature s’agenouilla devant l’enfant et leva la main. Ce dernier
ferma les yeux, croyant qu’il allait le frapper. Mais il posa simplement sa
main, lui ébouriffant la chevelure.
- Reprends tes souvenirs, accepte les anciens comme tiens, garde-les présents,
continua-t-il.
- Accepter mes souvenirs anciens ? Mais que sont-ils ? Comment faire ? Insista
l’enfant.
- Grandis Vincent. Accepte ce que tu es et moi je te fais le serment de te
soutenir en te prêtant ma force, lui dit-il en lui tendant la main.
L’enfant regardait la main tendue avec méfiance. Pouvait-il prendre cette main ?
Etait-elle secourable ? Devait-il accepter l’aide de cette créature, qui disait
être son autre moi ? Il était exact qu’il désirait protéger ceux qu’il aimait…
Ceux qu’il aimait… Ceux qu’il aimait…. Ces mots défilaient sans cesse dans son
esprit. Oui, ceux qu’il aimait. Chel et Nevada sa famille, Alexandre son amour.
Pour eux et pour tous ceux qui, au réveil de Fleau, souffriraient, il devait
faire quelque chose. Il devait accepter ce qu’il était. Des images se mirent à
défiler devant ses yeux et son cerveau se mit à bouillonner, lui procurant
d’atroces douleurs.
- Non ! Ca suffit, je ne peux plus, sanglotait-il.
Toutes ces images qui défilaient, douloureuses et parfois incompréhensibles, le
faisaient atrocement souffrir. L’enfant se recroquevilla, désirant de nouveau
s’enfermer dans ce monde de ténèbres.
- Non ! Vincent ! Accepte ma main, accepte mon aide. N’abandonne pas Vincent !
- Aidez-moi, sanglotait-il. Cela fait mal, très mal.
- Accepte la douleur, elle fait partie de toi. Je t’aiderai mais tu dois
commencer par accepter, lui conseilla l’autre Vincent.
L’enfant saisit brusquement la main du Daïgonite, restée tendue.
- C’est très bien Vincent, utilise-moi afin d’aider ceux que tu aimes, que ma
force soit tienne. Synchronise ton esprit au mien et ensemble nous serons plus
forts.
L’enfant serra plus fort la main de son aîné. Par cette action il commença à
absorber l’énergie de la créature.
- Deviens fort Vincent. Ne laisse jamais personne te dicter ta conduite, te
manipuler, te dire que tu es faible. Tu es puissant Vincent, ne l’oublie jamais
! Jamais je ne t‘abandonnerai. Ma force sera la tienne, mes pensées seront
tiennes, ma puissance sera tienne. Tu es…
- Je suis Vincent, le Daïgonite guerrier. Je suis un Damned, affecté à la garde
personnelle de Nevada, mon roi. Je protégerai ceux qui me sont chers et
j’exterminerai tous ceux qui menacent notre monde, dit-il en se redressant.
Finissant d’absorber l’énergie de la créature, il ne fit plus qu’un avec elle.
Leurs esprits s’étaient synchronisés. Vincent n’était plus un être possédant une
entité prisonnière en son corps. Il était cette entité. Vincent venait de
retrouver son identité…. Le tatouage sur son front reprit sa forme originelle,
une étoile sombre. Il était revenu.
Devant la salle qu’il gardait, Vincent n’avait toujours pas bougé. Cependant une
aura puissante émanait de lui, si immense qu‘elle se répandit sur une grande
surface, s’insinuant dans chaque recoin. Au bout de longues minutes, il ouvrit
lentement les yeux. Il regarda autour de lui comme s’il reprenait lentement
conscience de la réalité. Puis sans un mot, il se tourna vers la porte de la
pièce où se reposait Fleau. Il l’ouvrit silencieusement et pénétra à
l’intérieur. Elle était imprégnée de l’aura maléfique de ce dernier. La créature
demeura un instant sans bouger, pratiquement agressée par celle-ci. Vincent fixa
l’immortel réfugié dans un corps humain. Son regard carmin était posé sur
celui-ci sans la moindre animosité. Calmement, il se mordit le doigt, ce qui le
fit saigner. Il ouvrit la main et le sang se mit à couler pour se transformer en
glaive de sang. Froidement, il s’avança vers le trône où reposait Hizen,
enveloppe mortelle de Fleau. Il leva le glaive, regarda la créature, puis
l’abattit violemment sur lui. Mais ce dernier ouvrit brusquement les yeux et
stoppa l’attaque en saisissant le glaive.
- Que se passe-t-il Daïgonite ? Aurais-tu une revendication ? Ironisa le blond.
Il serrait fortement le glaive sanguinolent qui, malgré sa composition, était
aussi tranchant qu’une arme bien aiguisée.
Vincent tira violemment sur l’arme mortelle, entaillant profondément la main de
Fleau, faisant gicler un peu de sang.
- Je vois, tu as l’intention de me tuer avant que ton cher roi n’arrive !
Lorsque tu projettes d’assassiner quelqu’un, essaye de dissimuler ta présence,
lui dit l’enveloppe mortelle de Fleau. Apparemment, mon emprise n’était pas
assez importante pour te maintenir sous ma coupe. Cependant, n’aie aucune
inquiétude. Je vais immédiatement remédier à cela.
Fleau tendit la main dans le but de renvoyer l’attaque qui lui avait permis de
prendre le contrôle du Daïgonite. Malheureusement pour lui, le glaive s’abattit,
l’obligeant à faire un saut afin de l’éviter. Il avait failli perdre sa main.
- Ta position est très claire, tu ne sembles pas décidé à me rejoindre. Une fois
de plus, tu me trahis. Qu’attendre d’autre d’un Damned ! Tu ne me laisses pas le
choix. Je vais devoir te tuer avant l’arrivée de mes invités, dit-il en fixant
froidement le guerrier.
Le Daïgonite ne disait mot. Il se contentait d’attaquer Hizen, qui lui se
contentait de l’éviter, un sourire narquois étirant ses lèvres. Vincent était
sérieux. A plusieurs reprises, il parvint à atteindre son ennemi, le blessant à
l’épaule, au bras, au ventre, entaillant ce corps de mortel avec une évidente
satisfaction. Le sourire moqueur de Fleau disparut brusquement. Il réalisa que
la situation devenait dangereuse, car Vincent était à chaque attaque plus
rapide, plus précis. Il comprit qu’il devait prendre le Daïgonite au sérieux,
sous peine de voir sa résurrection stoppée définitivement.
- A ce que je vois, tu es bien plus décidé à me tuer qu’à me servir, fit
remarquer Hizen.
- Cesse de palabrer Fleau. Pour une fois, fais quelque chose de bien et meure
donc dignement, s’écria Vincent en fonçant vers son adversaire.
Hizen évita la lame mortelle. Il fit un écart de côté, puis disparut à la vue du
Daïgonite pour ressurgir derrière lui. Mais Vincent avait déjà prévu cette
parade. Sans paraître le moins du monde surpris, il dévia la trajectoire de son
sabre et l’enfonça en arrière, dans le cœur de Hizen. Celui-ci sembla comme
figé. Le Daïgonite s’éloigna pour regarder le corps de son ennemi chuter
lentement, le glaive toujours fiché dans son cœur. A cet instant, un cri venant
dans de la porte retentit.
- Seigneur Fleau ! Hurla Akiko.
Une lame jaillit fonçant vers Vincent, faisant un écart celui-ci l’évita, l’arme
alla terminer sa course dans la tête du trône. Akiko se précipita sans même se
soucier de la présence de Vincent et tomba à genoux près du corps de son maître.
- Seigneur Fleau ! Pourquoi n’avez-vous pas écouté ? Je vous avais prévenu de ne
pas le prendre à votre service, je savais qu’il ne fallait pas lui faire
confiance, disait la jeune femme, en prenant doucement le corps de Hizen entre
ses bras. Sois maudit Daïgonite, je te tuerai ! S’écria-t-elle en tournant vers
lui des yeux emplis de fureur et de haine. Contre toute attente, des larmes de
sang se mirent à couler le long de ses joues. C’était d’autant plus incongru
qu’elle méprisait toutes les émotions humaines. Ces larmes ruisselant sur son
visage semblaient presque choquantes.
- Seigneur Fleau, pourquoi n’avez-vous pas suivi mon conseil, répétait-elle.
- Je suis heureux de constater que ta loyauté m’est acquise sans aucune
concession. Sois remerciée pour la peine que te cause la mort de mon enveloppe
mortelle, répondit Fleau.
Vincent se retourna brusquement pour se trouver face à la copie conforme de
Nevada. Seuls différaient la couleur entièrement blanche de sa chevelure et ses
iris dorés. Il était vêtu d’une tunique ample à manches longues de couleur
sombre. Sur son front, on voyait un tatouage représentant une étoile sombre.
Akiko toujours affligée, tenant le corps de Hizen dans ses bras, fixait tour à
tour Fleau et son enveloppe mortelle.
- Fleau… ? Balbutia Vincent, complètement décontenancé.
Il n’eut cependant pas le temps de terminer sa phrase. Une vague d’énergie
négative d’une puissance incroyable l’envoya brutalement s’écraser contre le
mur, les bras en croix. Presque immédiatement, des bracelets d’énergie
encerclèrent ses chevilles, ses poignets, ainsi que son cou. Vincent commença à
se débattre, sans le moindre résultat. Il déploya beaucoup de force pour le même
résultat.
- Te voilà neutralisé, se moqua Fleau. C’est inutile Daïgonite. Malgré ta
puissance, tu ne seras pas en mesure de te libérer cette fois-ci, ricana-t-il.
- Comment ? Comment avez-vous pu vous éveiller ? Normalement, il vous était
impossible de le faire avant que le rituel ne soit accompli, dit-il incrédule.
- Je dois te remercier Vincent. Ce glaive fait de ton sang m’a grandement aidé,
répondit Fleau.
- Que voulez-vous dire ? Interrogea le Daïgonite.
- Ce glaive, né de ton sang, a détruit mon enveloppe mortelle. Cependant, elle a
donné de la puissance à mon âme et fait revenir mon corps, que vous aviez pris
soin de détruire lors de notre précédent affrontement. Le sang des Damned est
donc si puissant ? Si ton sang a pu me faire partiellement revenir, je n’ose
imaginer ce que celui du Damned maudit pourra m’apporter. Lorsque j’aurai bu le
sang de ton maître, je pourrai alors partir en croisade. Le monde
m’appartiendra. L’univers se pliera à ma volonté !
- Jamais nous ne vous laisserons faire ! Chel vous retrouvera et vous tuera.
Notre roi vous bannira, comme il l’a fait il y a mille ans, répondit le guerrier
à la chevelure argentée.
- J’en suis parfaitement conscient et je me réjouis d’avance de ce combat. C’est
avec une joie non dissimulée que je vous détruirai. Je commencerai par mon cher
Nevada, dit-il, son regard illuminé d’une lueur inquiétante. Grâce à toi, je
vais pouvoir patienter jusqu’à l’arrivée de tes amis, ricana-t-il. Ils sont en
route pour venir se jeter dans mon piège.
- Vous vous imaginez que Chel vous donnera son sang parce que vous me retenez
prisonnier ? Se moqua Vincent. Vous devriez revoir votre stratégie. Je ne suis
qu’un soldat, parfaitement remplaçable. La seule mission de Chel est de protéger
notre roi. C’est notre mission à tous. Si pour cela il doit me sacrifier, il le
fera. Tout comme je suis prêt à mourir pour lui. Vous pouvez faire une croix sur
le sang de mon maître, lui apprit le guerrier.
- Le Damned me suppliera de prendre son sang, répondit-il mystérieusement.
- Jamais je ne laisserai faire une telle chose ! Hurla Vincent en se débattant
comme un beau diable.
- Inutile ! Cette fois-là, tu ne pourras pas te libérer. Tu assisteras
impuissant à la destruction de ceux que tu aimes et vénèrent, ainsi qu’à mon
triomphe, dit-il en riant.
Vincent continua à se débattre. Au bout de longues minutes de lutte, il
abandonna, comprenant qu’il lui serait impossible de se libérer. Il réalisa que
même s’il parvenait à briser ses liens, il ne pourrait rien contre la puissance
de Fleau. Il n’était pas faible, loin de là. Mais Fleau était devenu trop
puissant.
Que pouvait-il faire ? Comment pouvait-il avertir Chel du piège qui lui était
tendu ?
Pendant ce temps, la jeune femme fixait Fleau debout devant elle. Elle semblait
toujours abasourdie.
- Seigneur Fleau, balbutia-t-elle, de toute évidence émue. Que… Je…
L’enveloppe de Hizen était en train de redevenir poussière entre ses bras. Le
souverain s’avança lentement vers sa fidèle servante en état de choc. Il la fixa
de son regard doré. Aucune expression ne marquait sa physionomie, que ce soit de
la reconnaissance ou du contentement.
- Seigneur Fleau, répéta-t-elle. Je suis soulagée que vous n’ayez rien,
ajouta-elle en se redressant.
- Que se passe-t-il Akiko ? Serait-ce des larmes que j’aperçois ? Demanda-t-il
un brin narquois.
La jeune femme essuya presque rageusement les traces carmines, preuves de la
présence d’un reste d’humanité en elle.
- Veuillez pardonner mon manque de retenue, mon maître, s’excusa-t-elle.
- Bien que nous soyons des êtres supérieurs, il nous arrive parfois d’avoir des
faiblesses, dit-il en souriant. Tu m’as loyalement servi, je saurai te
récompenser comme il se doit, lui promit Fleau.
- Nul besoin de récompense. Vous servir est ma seule ambition et assister à
votre triomphe sera ma plus belle récompense, répondit-elle.
- Comment pourrais-je perdre devant une telle confiance ! Se moqua-t-il.
Fleau prit la main d’Akiko et la porta à ses lèves. La jeune femme fixait le
jumeau de Nevada avec une telle foi, une telle reconnaissance. Bien malgré elle,
elle se sentit émue.
- Je ferai de toi une femme puissante, tu seras éternellement à mes côtés, lui
promit-il en se penchant vers elle.
Lentement, il se rapprocha et prit les lèvres d’Akiko. D’abord surprise, elle
répondit au baiser. Celui-ci dura de longues minutes… Puis tout à coup, les yeux
d’Akiko commencèrent par s’ouvrir pour ensuite se révulser. De ses mains, elle
essaya de frapper le torse de Fleau, afin que ce dernier la lâche. Elle
paraissait avoir du mal à respirer, mais ses efforts restèrent vains. Dans une
ultime tentative pour se libérer, elle éleva la main jusqu’au visage de Fleau
qu’elle griffa violemment, faisant perler un peu de sang. Brusquement, il la
lâcha. La jeune femme tomba au sol à genoux en se tenant la gorge.
- Pourquoi ? Demanda-t-elle, tandis qu’elle respirait avec difficulté. Ne
suis-je pas votre fidèle servante ? Ne vous… ai-je… pas… pas soutenu en tout ?
Ne…vous..ai-je pas fidèlement… servie ? Que…, hoqueta-t-elle.
- Tu m’as effectivement loyalement servi. Malheureusement, il n’y a pas de place
pour les faibles dans mon royaume. Mes soldats et serviteurs doivent être forts,
sans cœur. Tu m’as montré que tu n’étais pas digne d’appartenir à notre monde.
Je sens toujours en toi ce reste d’humanité latent. C’est répugnant, dit-il. Tu
n’es plus le soldat qui m’a si longtemps servi. J’avais décidé de faire de toi
ma reine, ayant trouvé dans ton cœur un écho de méchanceté extrême. Hélas, tu
m’as prouvé que tu n’étais qu’une faible femme encore entravée par ses
sentiments humains. Tout cela me rend malade, dit-il. Malgré ce défaut, tu m’as
loyalement servi, il est juste que je te récompense en te gardant éternellement
à mes côtés, ricana-t-il. Tu vivras en moi, du moins ton énergie. En attendant
que le maudit vienne à moi, ton énergie renforcera le sang fourni par le
Daïgonite. Ce qui permettra de maintenir la stabilité de ma résurrection un peu
plus longtemps. Grâce à ce cher Vincent, j’ai pu me débarrasser de cette
enveloppe mortelle gênante, mais un apport supplémentaire n’est pas négligeable,
dit-il narquoisement.
- J’ai cru en vous, je… vous…mau, continua-t-elle avant de s’écrouler au sol,
les yeux révulsés. Tout ce qui se trouvait en elle semblait avoir été aspiré. Il
ne demeurait plus que la peau couvrant le squelette.
Vincent fixait Fleau, les yeux agrandis de surprise et d‘horreur.
Quelle cruauté !
Akiko avait peut-être été son ennemie, mais elle avait été une suivante, fidèle
et loyale. Elle n‘avait simplement commis qu‘une seule erreur : idolâtrer Fleau,
croire en lui et en ses mensonges. Sa récompense avait été la mort.
Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Cette cruauté caractérisait le jumeau de
Ryunen. A Eden déjà, il faisait preuve de cette méchanceté, de ce désir de
puissance et de cette satisfaction à faire le mal, à blesser, à détruire. A
annihiler…
S’il l’on ne faisait rien, l’univers risquait d’être dévoré par l’ambition, la
soif de pouvoir et de sang du jumeau maléfique de Nevada…
A suivre …