Le troubadour de la Mort
 





Titre :  Le troubadour de la Mort.
Auteur : ryuji_takana@yahoo.fr
Chapitre : 11
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur, on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Disclamer :
Warning, présence de scènes de violence, de meurtres et autres dans certains chapitres…
Pensées  
  


Une journée sans dessus dessous


Scotland Yard, 26 décembre, 9 heures.



C’était le branle bas de combat dans les bureaux. Le commissaire était hors de lui. Ils avaient trouvé un témoin vivant qui pouvait les aider à mettre l’Egorgeur derrière les barreaux. Et un idiot, pour préserver sa soit disant famille, avait pensé qu’il était plus juste de le ramener chez lui. Tout ça parce qu’il y avait une pseudo relation entre beaux frères. Pathétique… On était inspecteur, ou on ne l’était pas. Comme si en temps normal, on protégeait un membre de sa famille qui avait assassiné une tierce personne. Il avait vu de nombreuses choses dans sa carrière mais là ça dépassait tout. Hurlant sur tous ceux qui passaient à ses côtés, il attendait le pied ferme l’inspecteur Folcard, bien décidé à lui remonter les bretelles comme il ne l’avait jamais fait auparavant.



Lawrence arriva en catastrophe au commissariat appelé en urgence par son équipier. Il cherchait son beau frère dans les rues quand son portable avait sonné. Pénétrant dans les bureaux, il vit les regards mi compatissants, mi outrés se poser sur lui. Que se passait-il encore ? Son partenaire n’avait pas voulu s’expliquer plus au téléphone. Progressant d’un pas calme, il se rendit avec une boule à l’estomac dans le bureau du commissaire. Avait-il appris quelque chose de nouveau sur leur tueur ? Nicholas était-il là ? Avait-il dit qui était le tueur ? La paume moite, il cogna à la vitre de la porte de son supérieur. Un « entrez » coléreux se fit entendre, ne le rassurant pas pour la suite des évènements. Néanmoins, il entra dans le bureau pour faire face à un homme d’une carrure imposante à la moustache tellement bien entretenu qu’elle ferait rougir de jalousie les plus grands lords. Son crâne, dégarni, laissait entrevoir l’agacement. En effet, de petites gouttes de sueur perlaient en son sommet.



- Folcard ! Vous voilà enfin ! »

- Commissaire ? Que se passe-t-il ? »

- Vous osez demander ce qui se passe ? » Pestiféra l’homme frappant du poing sur son bureau. « Vous n’avez pas une petite idée ? Essayer de réfléchir pour une fois ! »

- Pardon ? »



Lawrence avouait qu’il avait du mal à suivre. Il ne voyait pas de quoi voulait parler son vis-à-vis. Il cherchait Nicholas, il avait sa déposition… Et son corps n’avait pas encore été trouvé. Donc tout n’était pas perdu. Il ne voyait pas l’intérêt de s’énerver de la sorte.



- Votre beau frère… Folcard… Votre beau frère… »

- Quoi mon beau frère ? Ne me dites pas que vous vous faites du souci pour ça ? Il est plus débrouillard qu’il n’y parait et il redeviendra vite raisonnable. Pour le moment, il veut jouer les chevaliers servants, mais je suis certain que lorsqu’il n’aura plus un sous en poche, il reviendra penaud et plein d’excuses. »

- C’est ça et le tueur va gentiment attendre que monsieur votre beau frère recouvre ses esprits et revienne gentiment à la maison. »

- Mais l’assassin ignore qui est notre témoin, commissaire. »

- C’est ça ! Le témoin voit le meurtrier mais miraculeusement, il échappe au regard de ce dernier. Est-ce que votre beau frère à des dons de prestidigitateur ? »

- Non, monsieur. Mais la rue était sombre et le tueur n’était pas dans l’idée d’être surpris étant donné que les lieux étaient complètement désertiques et abandonnés depuis plus d’un an. »

- On n’est jamais assez prudent. Trouvez le et ramenez le, ici ! Il sera en état d’arrestation, ce sera le mieux pour sa sécurité. »



Lawrence lâcha un soupir, préférant ne pas répondre à cela. Il valait mieux pour lui, trouver Nicholas en premier et le mettre lui-même en sécurité. Ainsi Sybell ne lui ferait pas le pire des scandales pour un frère arrêté de manière aussi arbitraire.



- Bien commissaire, il en sera fait selon vos ordres. »

- Et n’allez pas le ramener chez vous. Maintenant au boulot, allez réparer vos satanées bêtises pendant que je vais parler à la presse. »



Sans répondre, Lawrence quitta les lieux et leva les yeux aux ciels. Et dire que Scotland Yard était censé être une des meilleures polices du monde. Avec un commissaire comme lui, rien n’était gagné. Regagnant son bureau, l’inspecteur s’installa et regarda la pile de dossier où était inscrit en gros caractère « témoignage ». Il lâcha un grognement, se demandant si les types du standard avaient pris le soin d’épurer les appels. Etrangement, il en doutait… Et comme pour confirmer son inquiétude, son équipier, Edward Mackaren se posa sur son bureau pour prendre la parole.



- Tu devrais voir au standard… Il y a au moins cent appels à la minute. Il semblerait que Nicholas soit vu partout. Je ne savais pas que ton frère avait un visage aussi classique. »

- Beau frère… Et il n’est en rien classique... Crois moi. » Répondit l’homme en poussa la pile de dossier, bien décidé à laisser ça de côté.

- Alors ? Le commissaire te voulait quoi ? »

- Tenter de me passer un savon. Mais comme toujours, ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre. »

- Je vois… Et les ordres sont ? »

- A ton avis ? »

- Je sais ! Trouver Nicholas, et lui offrir une pension complète dans nos bureaux ! »

- Bingo. »



Se redressant, Lawrence saisit le clefs de sa voiture puis quitta les lieux. Retrouver Nicholas était sa priorité. Il devait le faire avant qu’un autre flic ne tombe sur lui et l’enferme au commissariat. Evidemment, il devait aussi faire en sorte qu’Edward ne découvre pas son projet. Il ne serait pas d’accord avec sa façon d’agir. Mais il serait marié à Sybell, il comprendrait très certainement la raison de tout cela. Sa première étape était de fouiller l’université, c’était le nid favori d’un archéologue comme Nicholas. Ensuite, il n’aurait qu’à visiter le peu d’amis que possédait le jeune homme. Ce fut avec cette idée qu’il se mit en route pour une longue quête, accompagné de son équipier.



Appartement de Joshua, 26 décembre, midi.



Nicholas commençait tout juste à s’éveiller. Il avait eut du mal à trouver le sommeil, des scènes horribles s’invitant à son esprit à chaque fois qu’il fermait les yeux. Le jour commençait tout juste à se lever lorsqu’il sombra enfin dans un précieux sommeil. Joshua conscient du remue-ménage de son nouvel invité, avait préféré le laisser dormir, si bien que lorsque l’archéologue sortit de la chambre d’amis, un petit déjeuner froid l’attendait sur une petite table devant la chambre. Rajustant ses lunettes, il fit une grimace en voyant le contenu du plateau. Il ne savait ce que c’était mais, il n’avait aucune envie de tester pour le découvrir. Il passa par-dessus la table et comme à son habitude tomba. Décidément, ses pieds n’étaient vraiment pas ses alliés. Il était très loin de ce héro archéologue qui craignait tellement les serpents. Grommelant, il se massa les paumes des mains endolories, ces dernières ayant courageusement soutenue sa chute. Au moins, il pouvait compter sur elles…



Joshua, peu habitué à entendre ce genre de bruit, se précipita vers la scène. Il fut surpris que cet humain connaisse ce genre d’injure avant de se baisser à sa hauteur.



- J’ignorais que vous étiez si impoli avec ma langue natale. »

- Pardon ? Vous êtes égyptiens ? Vous avez compris ce que je viens de dire ? » Demanda le teint rougissant Nicholas tout en rajustant ses lunettes.



Heureusement que le chanteur ne pouvait voir la mimique du professeur, sinon ce dernier se serait senti encore plus gêné.



- En effet… Vous ne mangez pas ? »

- Bah… Sans vraiment vous manquer de respect… Même une momie refuserait votre plat. »

- Pardon ? J’ai pourtant suivi la recette… »

- Et elle disait quoi votre recette ? » Interrogea inquiet Nicholas.

- De mettre des œufs entiers dans une poêle ainsi qu’un paquet de bacon. »

- Donc vous avez mis les œufs avec leurs coquilles ? Et le bacon avec son sachet ? »

- Evidemment… N’est-ce comme cela qu’on fait ? »



Joshua n’était pas stupide. Il n’avait juste jamais cuisiné. Anthony venait toujours avec ses plateaux repas, à cause de l’interdiction d’approcher du frigidaire. Et lui, se faisait livrer toujours ses repas. Il voulait juste donner une raison de plus à l’appât de rester chez lui. Il semblerait qu’il ait échoué sur ce point. Vexé, n’aimant guère rater quelque chose, il prit l’assiette contenant l’étrange mixture noircie pour aller la jeter.



- Alors que souhaitez vous manger si ceci ne vous convient pas ? » Demanda-t-il lors qu’il vidait le tout.

- Euh… Rien, je crois que je vais partir. Il semble être tard. Je vous ai assez ennuyé comme ça. »

- Partir ? Pourquoi partir ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Moi qui pensais que vivre quelques temps dans un appartement de la célèbre rue Baker Street vous intéresserait. Après tout, Sir Arthur Conan Doyle a juste pris pour modèle cet immeuble. »

- Hein ? Nous sommes au vingt et un ? »

- Non… Le vingt et un n’a jamais existé. » Mentit-il volontairement sans que cela se voit.

- Vraiment ? »

- Bien entendu, demandez au voisin. »

- Non, inutile, je vous crois. »



Et voilà, le poisson était ferré. C’était d’une simplicité enfantine. Comment Menset avait-il pu le perdre ? Il se le demandait encore. Levant les yeux au ciel, il se redressa pour se tourner vers l’archéologue.



- D’après ce que j’ai compris, vous êtes historien. Donc restez le temps qu’il vous faut pour étudier les lieux. Ainsi vos fantômes vous oublieront peut-être. »

- Hm… Pourquoi pas… » Répondit Nicholas mitigé entre l’idée de découvrir les lieux où avait vécu son détective préféré et sa méfiance envers ce chanteur. « Mais seulement quelques jours. »

- Soit… Donc je vais vous acheter un réfrigérateur. Le mien ne vous conviendra pas. Et je vous interdis de mettre le nez dedans. C’est la seule règle de la maison. Et évidemment, n’entrez pas dans ma chambre sans ma permission. Je n’entrerai pas dans la votre sans avec eut votre accord. »

- D’accord… »



Nicholas se demandait bien pourquoi cette règle du frigo existait. C’était comme cette histoire de bouton rouge avec la phrase marquée « Ne pas appuyer ». Combien de personnes résisteraient à la tentation de ne pas appuyer ? Lui, il serait le premier à le faire, bien trop curieux de la suite des évènements. Il était archéologue, c’était son métier d’être fureteur. Se grattant la tête, il rajusta une nouvelle fois ses lunettes et fixa avec intérêt le dit frigo. Il se frappa les joues vigoureusement pour chasser cette idée. Si ce type était un psychopathe, enfreindre ses règles, serait comme une auto mise à mort. Maintenant qu’il avait accepté de rester quelques jours, il devait se tenir à carreau.



Joshua l’écouta se frapper et songea que l’appât avait été tenté mais s’était, finalement, contrôlé. Il haussa les épaules pour finalement déposer l’assiette dans l’évier.



- Alors que désirez vous manger ? »

- Je vais le faire ! Dites moi juste où vous avez tout rangé. Et ça ira ! »



Joshua s’exécuta et le laissa faire.



Appartement des Folcard, 26 décembre, 19 heures.



Lawrence arriva épuisé à la maison. Il avait fouillé de fond en comble l’université et rendu visite aux amis ou collègues de Nicholas… Tout cela en vain. Son beau frère semblait avoir disparu comme par enchantement. A son grand damne, il allait devoir traiter cette pile de dossier témoignage. Insérant la clef dans la serrure, il fut surpris de voir la porte s’ouvrir brusquement sur lui.



- Nicholas ! Tu es enfin ren… Ah… C’est que toi… » Fit Sybell d’abord heureuse du pseudo retour de son frère avant de changer de visage en le voyant.

- Et bien… Quel accueil d’une épouse à son mari, après que ce dernier eut passé une longue journée de labeur. » Rétorqua l’inspecteur vexé de la réaction de sa femme.



Sans répondre, Sybell lui claqua la porte au nez. Elle ne voulait pas le voir lui. Elle voulait son frère, le serrer dans ses bras et lui tirer les oreilles pour avoir pensé à eux avec sa propre sécurité. Lawrence lâcha un soupir et entra. Il hésita entre dire le fond de sa pensée ou se faire petit. De toute façon, l’un comme l’autre, puisqu’il était revenu bredouille, il sentait que la soirée allait être douloureuse pour sa tête et ses oreilles. Retirant ses chaussures, il vit avec satisfaction le repas dressé sur la table. Il se précipita pour s’installer et dévorer. Il mourrait de faim. Cependant, une main l’arrêta en plein vol.



- Tu comptes faire quoi au juste ? » Gronda la jeune femme en l’éloignant de la table.

- Manger… »

- Ah non ! C’est pour Nicholas. Toi tu vas retourner dehors et le chercher ! Je ne veux pas que ce tueur lui mette la main dessus alors que monsieur est en train de gentiment manger. Tu es flic ! Assume ! »

- Pardon ? Mais j’ai faim ! Tu crois sincèrement que je serai utile le ventre vide ? »

- T’as qu’à aller au Fast-food ! Et pendant que tu cherches, tu mangeras ! »



Lawrence passa la main sur son visage. Etrangement, la scène ne le surprenait pas. Il aurait dû s’attendre à cela. Sybell était une vraie mère pour son frère. Il fallait dire qu’elle l’avait éduqué. Et n’ayant pas d’enfants, elle transférait tout son amour sur lui, devenant limite étouffante. Il plaignait ce pauvre homme dont la vie n’était pas facile tous les jours. Surtout les jours où la femme venait jusque dans la classe de ce dernier pour lui apporter un repas qu’il avait eut le malheur d’oublier et ce, devant une bonne centaine d’élèves. Et après on s’étonnait des témoignages qu’il avait reçus à l’université au sujet de son beau frère… Personne ne savait à quel point, il était intelligent et débrouillard. Pour preuve, il restait introuvable…



- Alors tu attends quoi ? Que je te lance une invitation ? »

- Non… Mais si tu pouvais autant prendre soin de moi, ton époux, que tu ne le fais de ton frère, je suis certain que le trouverais bien plus vite. »

- Est-ce une menace ? »

- Non une demande d’amour, ma chérie. Si tu veux, je reviens blessé, ainsi je te prouverai que je cherche réellement ton frère. »

- Ne dis pas de bêtises, idiot ! »

- En parlant de ton frère, connais-tu des amis dont il ne m’a pas parlé ? Car j’ai fait le tour de l’université et de ses connaissances, en vain… A-t-il un endroit préféré ou quelque chose qui pourrait me mettre sur la voie ? »

- Comment veux-tu que je le sache ? Tu l’as déjà vu, une seule fois, se confier à nous ? A part ses bouquins, rien ne compte ! »

- La bibliothèque… Pourquoi n’y ai-je pas pensé… »

- PARCE QUE TU N’AS PAS ETE A LA BIBLIOTHEQUE ?? »

- Désolé… On ne peut pas penser à tout non plus ! »



Attrapant à la volée un morceau de pain, il enfila son manteau qu’il venait de quitter pour finalement sortir laissant sa femme à ses remontrances. Il avait peut être une chance de retrouver Nicholas sans avoir qui que ce soit dans les pattes. C’est avec cette idée qu’il se mit en direction de la grande bibliothèque.



Blue Moon, 26 décembre, 22 heures.



Nicholas était assis à une table réservée aux invités spéciaux. Si au début, les regards inquisiteurs l’avaient dérangés, à présent, il les ignorait totalement. Son bloc note devant lui, le vieux manuscrit ouvert, il continuait sa traduction. Il avait pris considérablement de retard. Concentré, il ne fit pas attention à Joshua qui enivrait son publique avec des mélopées pleines de mélancolie. Il était arrivé à un point important de ce livre. Livre qu’il avait finit par découvrir comme étant un journal intime. C’était la première fois qu’on découvrait un tel document en un si bon état. Il avait été conservé avec tellement de soin. Le temps n’avait pas eut d’effet sur lui. C’était incroyable qu’il ne soit pas devenu poussière. Comment les gens de cette époque avaient-ils réussi un tel exploit. Nicholas aurait vraiment voulu vivre en ce temps…



Traduisant mot pour mot l’écrit qui se dessinait devant ses yeux, il découvrit avec stupeur un récit hors du commun. Quelque chose qui n’était présent dans aucun livre d’histoire… Ce qu’il découvrait là, n’était pas censé avoir existé. Personne ne l’avait relaté. Ce livre était-il réellement authentique ? Si tel était le cas, il tenait entre ses mains le moyen de retrouver sa place et enfin pouvoir retourner sur le terrain, faire ses fouilles qu’il aimait tant… Mais avant de pouvoir tout prouver, il savait qu’il lui faudrait un peu de temps. Ce livre était loin d’être terminé. Et si la datation au carbone quatorze n’était pas erroné, il pourrait prouvé que son geste, était justifié.

Nicholas relut le passage qu’il venait de traduire.



« […]

Menset et moi-même nous sommes esquivés alors que Pharaon inaugurait la grande pyramide. Camouflé sous une tunique sombre, nous avons dû longer les murs avant d’arriver au temple caché de la déesse Maât. Menset chercha alors un petit trou dans la pierre entre deux serviteurs transportant des offrandes à la déesse. Il sortit alors un petit cube en faïence gravée des symboles, immortalité et éternité. Il l’enfonça dans un petit orifice de la taille du cube et le tourna de deux crans sur la gauche avant d’appuyer dessus. Une porte dérobée s’ouvrit et nous fûmes dans notre repaire secret où d’autres hommes nous attendaient comme les messies.

[…] »



Nicholas chercha dans son sac le cube qu’il avait réussi à sortir du grand bloc que lui avait envoyé son défunt ami. Il relut ses notes, chercha et compara les mots à l’objet. Ses yeux s’écartèrent alors qu’il comprenait que la clef citée dans le livre était le cube qu’il tenait entre ses doigts. Il manqua de faire tomber ce dernier quand une voix dans son dos résonna par surprise. Il jongla avec l’objet avant de le saisir fermement et le plaquer contre son torse.



- Nicholas, c’est cela ? » Avait demandé le patron du Blue Moon. « Joshua a demande expressément qu’on vous traite comme un prince. Etes vous de sa famille ? Car il n’agit jamais avec qui que ce soit de la sorte. »

- Euh… Non… On s’est rencontré hier, c’est tout. »

- Ah bon ? J’avais cru comprendre que vous étiez de sa famille. J’ai dû mal comprendre. »

- Peut être… »

- Alors que faites vous ? On dirait de l’égyptien. Vous êtes donc fan de ce genre de chose ? Et la voix de notre chanteur vedette ne vous plait-elle pas pour que vous l’ignoriez ainsi ? »

- Oui… Non… » Répondit l’archéologue peu habitué à ce qu’on l’interroge sur lui-même.

- Oui ? Non ? Oui à quoi et non à quoi ? »



Nicholas lâcha un soupir. Il sentait que cet homme ne le laisserait pas tranquille tant qu’ils n’auraient pas une conversation digne de ce nom. Il referma donc son bloc note, le journal intime et rangea le tout avec le cube dans son sac. Il se tourna vers l’étranger et tenta de sourire mais ce n’était pas chose facile. Et dire qu’il devait se faire oublier… Il avait l’impression que dans ce club, il faisait tout sauf être discret.



- Alors ? Le oui était pour l’égyptien… Et le non pour le fait que je n’aime pas la voix de Joshua. »

- Ah… Pourquoi travailler ? Et ne pas écouter simplement ? »

- On peut faire les deux en même temps. Je travaille beaucoup en musique. Pas vous ? »

- Certes. Bien alors je vous laisse. Passez un bon moment en notre compagnie Messire le Prince. »



Sans laisser le temps à Nicholas de répondre, le patron s’éloigna de la table pour aller rejoindre une porte à l’arrière du club.



Après plusieurs chansons, Joshua prit une pause et s’enquit de rejoindre son appât. Les murmures incessants du personnel de la maison lui rappelaient que son invité était un type étrange qui lisait de l’égyptien ancien, jouant avec un caillou carré. Il voulait savoir de quoi ces derniers parlaient. S’installant en face de Nicholas, il attendit que ce dernier prenne la parole en premier. Ce qui arriva assez rapidement…



- Et bien quel succès ! On peut dire que vous êtes vraiment une star. Cela ne vous ennuis pas trop ? »

- Non, pourquoi cela m’ennuierait-il ? »

- Bah personnellement, ça m’embêterait d’avoir toujours quelqu’un sur le dos qui m’observerait à chaque instant. »



Nicholas marqua un temps d’arrêt avant de s’ébouriffer lui-même l’arrière de la tête.



- Suis-je bête… J’ai quelqu’un comme ça derrière moi ! »

- Hm… Bref… Passons… J’ai entendu dire que vous travaillez sur un texte d’ancienne Egypte ? » Demanda sans détour le chanteur.

- Ah… Vous avez entendu ça ? »

- Oui… Sur quoi travaillez vous ? Je suis toujours curieux sur les sujets concernant mon pays natal. »

- Ah ? Ne vous en faites pas, ce n’est rien d’important ! Juste un journal intime d’un scribe au temps de Kheops. Vous voyez, rein d’extraordinaire. »

- Certes… »



Rein d’extraordinaire… C’est ça… Il commençait à entre apercevoir les raisons pour lesquelles Menset ne l’avait toujours pas tué. Il comprenait aussi pourquoi l’odeur de son ennemi était toujours aussi présente sur le jeune homme alors qu’il s’était douché et changé. Ce détail l’avait intrigué. Il connaissait donc un passage de sa vie qui n’aurait jamais dû paraître au grand jour. Mais qui était cet homme lui servant d’appât ? Ce n’était pas un hasard s’il était tombé sur lui. Il y avait quelque chose qui ne collait pas… Restait à découvrir quoi… Cet homme savait-il dans quoi il avait mis les pieds ? Joshua en doutait. Sinon, la voix de ce dernier aurait été plus alarmiste, plus paniqué.





Préférant pour le moment mettre le sujet de côté, il retourna sur scène. Il aurait bien d’autres occasions d’entamer le sujet et d’enquêter un peu plus. Il avait d’ailleurs un moyen idéal pour ferrer à nouveau son appât et le mener droit sur le sujet désiré. Heureusement qu’il avait gardé quelques souvenirs de ce passé tant détesté. Un sourire étrange se dessina sur son visage alors qu’il commençait à chanter. Cela fit réagir le public et permit à une rumeur de tourner. Leur chanteur préféré avait trouvé une colle idéale pour rassembler son cœur.



Dans l’ombre de la salle, un spectateur non désiré, assista à la scène, partagé entre deux sentiments, la rage et l’amusement. Que ses deux jouets se trouvent dans la même pièce ne lui plaisait qu’à moitié. Il n’avait pas prévu un tel retournement. Cependant, dans un sens, cela mettrait un peu de piment dans cette partie de chasse à plusieurs niveaux. Passant furtivement dans la loge du chanteur, il déposa un mot compréhensible que de ce dernier avant de disparaître.



« Protège bien l’oiseau tombé du nid. Il pourra te guider vers un passé à terminer. »
 


A suivre …