Le troubadour de la Mort
 





Titre :  Le troubadour de la Mort.
Auteur : ryuji_takana@yahoo.fr
Chapitre : 10
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur, on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Disclamer :
Warning, présence de scènes de violence, de meurtres et autres dans certains chapitres…
Pensées  
  


Partenariat


Nicholas n’avait pas quitté son ancienne chambre de tout le réveillon. Prostré, il était au fond de la pièce dans un coin, les genoux ramenés contre son torse, se balançant d’avant en arrière. Il était hanté par les hurlements de la victime et de l’ombre qu’il avait croisé à deux reprises. Il l’avait vu. Ce tueur qui hantait les premières pages du Times. Celui qui vidait ses victimes de leur sang, sans laisser une seule goutte à l’expert de la police scientifique. Il imaginait déjà les titres du vingt cinq décembre.



« Nouveau meurtre de l’égorgeur.

Mais il améliore son art, car au lieu de vider sa victime de son sang, il lui a arraché le cœur. Est-ce que Jack est amoureux de quelqu’un ? Où est passé le cœur ? Et quel est le témoin que la police cache à tout le monde ?

… »



Cette idée donna un frisson d’effroi à l’archéologue, songeant que le témoin était lui. Et si le démon qui hantait les rues de Londres, découvrait qu’il l’avait vu ? Qu’arriverait-il ? Et sa famille ? Serait-elle en danger ? Il ne pouvait pas risquer leur vie. Sybell parlait déjà d’avoir des enfants. Et Lawrence rêvait de devenir commissaire. Il ne pouvait pas briser leur rêve. A cette idée, il décida de quitter sa position qu’il avait depuis son arrivée. Il sortit de la chambre, se faisant le plus discret possible. Il ne voulait pas se faire entendre, afin de ne pas réveiller sa sœur qui devait dormir malgré son inquiétude. Si jamais, elle venait à percevoir ses mouvements, elle l’arrêterait certainement, prétextant qu’il serait en danger à l’extérieur. Dans un sens, ce n’était pas faux… Mais c’était justement pour éviter qu’ILS soient en danger qu’il voulait partir.



Se figeant au grincement d’un latte un peu trop ancienne, il tendit l’oreille et fut rassuré que personne n’ait réagit au son. Ils devaient tous avoir l’habitude de cela. Soufflant un peu, il continua sa progression jusqu’à la porte de sortie. Il tourna délicatement le verrou, retenant la chaîne qui avait tendance à vouloir faire plus de bruit qu’il n’était nécessaire. Ceci fait, une fois à l’extérieur, il se détendit et quitta l’immeuble. Il ne savait pas encore où se rendre mais une chose était certaine, il devait aller dans un lieu animé et bondé. Normalement, il aurait dû rejoindre le commissariat pour faire sa déposition mais il craignait que son témoignage incertain mette en danger sa famille et la carrière de son beau-frère. Il était conscient de devenir un fugitif de cette manière, cependant, c’était la seule solution qu’il ait trouvée en si peu de temps. Cela le condamnait également à ne plus retourner chez lui, même s’il devait à tout pris récupérer son livre et un petit cube de pierre.



Errant au hasard dans les rues, son esprit ne cessait de travailler. L’idée lui vint de retirer tout l’argent possible avant d’être considéré comme un témoin recherché. Il ferait comme dans les romans policiers qu’il aime tant. Ses pas le conduisirent devant chez lui. Hésitant en premier lieu, il finit par se dire que c’était le moment où jamais. Il pénétra dans l’immeuble en regardant soigneusement autour de lui que personne ne le voit puis gravit les escaliers le plus discrètement possible. Si bien qu’il lui fallut deux fois plus de temps pour arriver devant chez lui qu’à son habitude. Il ne se rendait pas non plus compte que son attitude était plus qu’étrange et suspecte. Il inséra alors la clef et la tourna deux fois dans la serrure. Il pénétra rapidement mais furtivement pour fermer la porte derrière lui. Il se rendit directement à la pièce cachée et récupéra ses deux précieux objets. Nicholas opta aussi pour se faire un petit sac de vêtements, y insérant aussi ses papiers d’identité.



Un petit grattement provenant de la cuisine le fit sursauter avec force et tomber au sol alors qu’il se retournait. Il remonta ses lunettes et tenta de se cacher, surveillant le moindre son. Regardant autour de lui, il chercha un objet qui aurait pu lui servir d’arme et trouva simplement un pauvre oreiller. Il se releva lentement et rasant les murs en tremblant, il arriva dans la cuisine... pour y découvrir une souris mangeuse d’éponge. Nicholas, lâcha un soupir de soulagement et retourna à son sac. Il se dirigea de nouveau vers la pièce secrète pour prendre toutes ses notes sur le « livre » afin que nul ne sache sur quoi se portait son étude.



Fin prêt, il quitta les lieux toujours sur le qui-vive, réagissant au moindre bruit. Il avait au préalable, laissé un message à son beau-frère, sachant pertinemment que ce dernier passerait par son appartement pour le chercher. Celui-ci disait :



« Lawrence,

Je suis désolé, mais je pars. Je ne peux témoigner car je n’ai rien vu d’important, juste une ombre. Je ne désire pas vous mettre en danger alors que je ne sais rien. Je ne veux pas mettre ta carrière dans les ennuis et mettre la vie de ma sœur en danger.

Excuse-moi auprès d’elle. Ne cherchez pas à me retrouver, je vais bien.

Je vous aime.

Nicholas. »



Nicholas emprunta que de petites ruelles, se faisant peur à chaque bruit suspect. Lorsqu’un chat de gouttière fit tomber le couvercle d’une poubelle, son cœur manqua deux battements et il crut mourir de peur. Il se retrouva ainsi prostré dans un coin sombre entre deux conteneurs. Il lui fallut au moins une vingtaine de minutes pour s’en remettre et réaliser qu’il était seul. Décidément, son truc était de creuser le sable pour y découvrir des merveilles, pas être fuyard.



Inspirant fortement, il continua sa progression dans les rues. Le hasard de ses pas, la fatigue le saisissant, il finit par vouloir s’arrêter devant un club qui semblait suffisamment peuplé pour s’y camoufler. De plus, le nom du club lui plaisait. Blue Moon… Cela inspirait confiance et protection. S’asseyant sur la seule place de libre, à côté d’une grande baie vitrée, oubliant que ce n’était pas le lieu idéal pour un fugitif, il commanda un verre d’eau. Il se laissa bercer par la voix mélancolique mais enivrante du chanteur. Ecoutant, les paroles, il ne fit pas attention au serveur qui lui parlait, comprenant que trop bien les mots chantés.



- Monsieur… Monsieur ! » Appela le serveur en lui tapotant l’épaule, attirant son attention.



Nicholas eut un sursaut et se plaqua contre la vitre, tremblant de peur. Sa réaction avait aussi effrayé le pauvre serveur qui posa une main sur son cœur. Réalisant que ce n’était qu’un employé, l’archéologue se détendit, reprit contenance et se réinstalla correctement.



- Désolé… J’étais absorbé par la musique, je ne vous ai pas entendu. » S’excusa-t-il en soupirant. « Vous disiez ? »

- Euh… Nous ne servons pas d’eau. Nous avons des cocktails sans alcool ou avec, du café, du thé, du chocolat, et de l’eau pétillante. Que désirez vous ? »

- Euh… Vous avez du coca ? »

- Bien entendu… »

- Alors ce sera un coca s’il vous plait ! » Conclut Nicholas en tentant vainement de sourire.



Il n’avait guère le cœur à rire ou se montrer joyeux. Il laissa le serveur repartir et se plongea de nouveau dans la mélopée qui cessa alors que le chanteur quittait la scène, le laissant sur une impression de tristesse étrange.



Joshua regagna sa loge suivit de prêt par John, son patron, qui lui tapota l’épaule pour le consoler. Il le rassura et lui affirma qu’Anthony aurait apprécié ce titre à son honneur. Le chanteur, pour toute réponse, se contenta de le regarder froidement malgré sa cécité et de lui fermer la porte au nez. L’homme le considérerait juste comme un nouveau caprice de star.



Enfin seul, il s’installa sur un fauteuil dans un coin de la pièce et se passa une main sur le visage. Pendant qu’il chantait, il avait eut une impression étrange. Il lui semblait avoir capté les odeurs d’Anthony et de Menset. Il n’était certain de rien, c’était diffus et avec la foule, comment être certain. Tous les parfums de femmes, ceux des hommes, l’odeur de l’alcool se mélangeaient pour offrir un pot pourris écœurant. Il songea que c’était son imagination qui devait lui jouer des tours. Son désir de vengeance et son amour perdu, lui faisaient perdre la tête.



Secouant la tête, il se redressa quand une personne cogna à sa porte, lui rappelant qu’il avait encore un tour de chant à faire. Il grogna en songeant qu’il ne pouvait pas avoir la paix plus de deux minutes sans qu’on vienne l’embêter avec ces fichus rappels. Inspirant fortement afin de se calmer, il rejoignit la scène. Il se devait de ne décevoir personne. Le brouhaha cessa à son arrivé et les regards se braquèrent sur lui. Obtenant l’attention du public, il commença à chanter tout en sentant à nouveau la présence d’Anthony et de Menset. Sa mélodie n’était pas gaie mais pas non plus mélancolique. Joshua se concentra sur le public, cherchant où se trouvaient ces odeurs déstabilisantes. Il lui fallut le temps de deux chansons pour réussir enfin à découvrir qu’elle provenait d’une seule personne installée au fond de la pièce. Il nota aussi que cette personne portait l’odeur du sang frais sur elle, forte et tellement attirante. Etrange…



Plus cet effluve persistait, plus son instinct premier désirait remonter à la surface. Secouant la tête, il parvint à l’endormir à nouveau et se concentrer sur le reste de son travail. Il lui fallut une demi heure encore avant de pouvoir quitter la scène. Cependant, au lieu de retourner à sa loge, il se rendit directement à cette table devant la grande baie vitrée. D’un pas assuré, il parcourut les coulisses jusqu’au lieu voulut. Heureusement qu’il avait l’habitude d’emprunter ce passage.

Sans un mot, il se figea devant Nicholas qui lui-même s’immobilisa devant l’ombre de l’inconnu.



Si je ne bouge pas… Il ne me verra pas…

Pensa l’archéologue, s’inspirant d’un film célèbre où des pauvres hommes se faisaient coursés par un tyrannosaure.



Hélas, cela ne fonctionna pas comme il l’avait songé, car la main de l’inconnu se posa sur son épaule, le ramenant à la réalité. Il avait été vu… Il était persuadé que ce genre de ruse fonctionnait aussi parfaitement sur les humains. Il n’aurait pas dû sécher les cours d’anthropologie.



Joshua intrigué par son attitude, s’était demandé pourquoi, pendant un court instant, il avait perdu l’homme, ne l’entendant plus. Il craignait qu’il se soit enfui. Mais le contact avec son épaule le rassura. Il sentit même les battements de son cœur s’accélérer comme s’il craignait quelque chose. Pourquoi ? De quoi avait-il peur ? La réponse vint à lui presque de façon magique. Il se souvenait d’une discussion entre deux policiers, lorsqu’il dut aller identifier le corps d’Anthony. Etape pénible quand on sait qu’il était aveugle… Selon leur dire, un témoin avait visiblement aperçut l’assassin et découvert le corps. Le chanteur connaissant le dit tueur, avait songé que le dit témoin devait déjà être mort. Ce qui ne semblait pas être le cas puisqu’il se trouvait là, devant lui, avec les odeurs respectif de son amant et de son ennemi.



- Que faites vous là ? » Demanda-t-il durement.

- Je bois un verre… » Répondit Nicholas en avalant légèrement de travers sous l’effet de la peur.



Pourquoi cet homme était là devant lui ? Etait-ce l’assassin qui venait réclamer son âme ? Cela lui rappelait que le tueur était chanteur aussi… Il avait bien entendu un fredonnement en le croisant. Cet homme faisait ce métier et en plus il y avait quelque chose de semblable avec l’ombre. Malgré tout, il demeurait entre eux certaines différences que Nicholas n’arrivait pas à définir.



Déglutissant, après avoir frappé son torse pour faire passer la boisson, il fixa l’inconnu tout en s’enfonçant dans le de son siège et de la vitre. Peut être parviendrait-il à disparaître ainsi. Mais encore une fois, ses illusions tombèrent à l’eau. L’homme s’installa en face de lui.



- Que faites vous là ? »

- Je bois un verre… »

- La véritable raison… Votre souffle m’indique que vous êtes paniqué, et votre cœur bat si fort que même un sourd pourrait l’entendre. »



Penchant la tête sur le côté, Nicholas observa un peu plus attentivement l’homme. Il remarqua une cicatrice barrant l’œil droit de son vis-à-vis. Yeux qui d’ailleurs restaient étrangement immobiles, fixant au loin derrière lui. L’archéologue agita la main devant le visage de son interlocuteur qui ne bougea pas, ne clignant même pas des yeux. Il sembla juste capter le mouvement à en juger par le mouvement du visage qu’il fit. Il savait à présent qu’il n’était pas le tueur. Il était aveugle… Et l’égorgeur avait besoin de ses deux yeux pour faire autant d’horreur.



Le jeune homme s’abstint de répondre à la question. Il se voyait mal dire à cet inconnu qu’il était le seul demi témoin à connaître le visage du tueur qui défraie les chroniques. Il se contenta de finir son coca d’une traite et de se lever. Fini la paix et la possibilité de se reposer… Il devait repartir, fuir le plus loin possible. Maintenant que quelqu’un avait parlé avec lui, il risquerait de dire à la police où il se trouvait. Ou pire, sans le savoir, il pourrait parler au tueur.



Laissant de quoi payer, il se redressa et chercha à rejoindre la sortie. Son geste fut stoppé par Joshua qui d’un mouvement de bras le fit se rasseoir.



- Toujours fuir n’est pas la solution. Si vous le désirez, je possède une chambre d’ami. Là-bas, vos fantômes ne vous rejoindrons pas. »



Pourquoi Joshua proposait cela ? Ce n’était son genre de s’encombrer de personnes autour de lui. Anthony avait dû travailler dur pour réussir à être accepté. Néanmoins, le chanteur avait une raison cette fois-ci. Il ne voulait pas perdre de « vue » ce témoin. S’il ne trompait pas, il serait l’appât idéal pour cueillir un démon qu’il chassait depuis trop longtemps.



Nicholas cligna des yeux devant la proposition, se massant le bras surpris de la force de l’aveugle. Il le regarda à plusieurs reprises, pour vérifier si tout cela était bien vrai. Où était le piège ? Il existait des anglais qui acceptaient des inconnus chez eux sans rien demander en échange ? Non, décidément, il y avait anguille sous roche. Ce type était louche. Pourquoi était-il venu jusqu’à lui en particulier. Il semblait être une star, si on considérait la réaction du public. En plus, il ne semblait pas vraiment être un homme très sociable. Rien que son visage froid démontrait que l’amitié n’était pas son sentiment favori.



Secouant la tête, il offrit un pseudo sourire à l’inconnu. C’était le mieux qu’il pouvait faire pour l’instant, même s’il se doutait qu’il ne verrait rien.



- Désolé ! Mais je ne vois pas de quoi vous parlez, Monsieur. En plus, pourquoi je viendrais chez vous ? Je ne vous connais absolument pas. J’ignore même votre nom. »



L’historien était fier de lui. Non seulement, il avait réussi à dire, ce qui était déjà un exploit en soi, mais en plus, il avait trouvé l’argumentation parfaite. L’homme ne pourrait pas insister. Et c’était mieux ainsi. Une nouvelle fois, sa logique fut contrée par l’inconnu.



- Raison de plus. Si on ne se connaît pas, on ne vous cherchera pas chez moi. »



Effectivement, Nicholas n’aurait jamais dû rater les cours d’anthropologie. Il trouvait l’argumentation de son vis-à-vis parfaitement logique. Il était certain que le tueur n’irait pas le chercher chez cet homme, et encore moins Lawrence ou Sybell. Cette dernière connaissait toutes les personnes qu’il fréquentait, pour le peu qu’il avait d’ami.



Secouant une nouvelle fois la tête, il devait combattre cet argument, en trouver un meilleur. Il n’était pas question de suivre un inconnu comme ça. C’était comme dire à un enfant « accepte les bonbons des étrangers, c’est bon pour toi ». En plus, ce type pouvait être un drogué, un alcoolique, un psychopathe ou pire un violeur, un trafiquant d’organes, voir même, un rabatteur pour la traite des blanches. Sans se jeter des fleurs, il était bel homme et bien construit. Dans certains pays, il vaudrait son pesant d’or. Il savait de quoi il parlait, étant déjà allé dans des régions où il avait failli perdre plus d’une fois sa liberté.



- Oui, justement, personne ne me cherchera chez vous. Vous pourrez donc, en tout impunité, me faire ce que vous voudrez. Vous pourriez très bien être un tueur en série ! »



Au moins, à a cela, il ne pourrait rien trouver à répondre. Il était certain d’avoir gagné. Si bien qu’il se redressa pour enfin tenter de quitter les lieux. Mais une nouvelle fois, ses espoirs tombèrent à l’eau alors qu’une main l’invitait à se rasseoir.



- Je suis simple chanteur. Et il serait idiot de ma part de vous faire le moindre mal, sachant que le personnel du club nous observe depuis un bon moment. » Signala Joshua avec calme mais froideur.

- Hein ? »



Nicholas, surpris, regarda tout autour de lui, pour voir le personnel chuchoter entre eux, tout en les dévisageant. Lui qui voulait être discret, c’était loupé. Posant les mains sur ses cuisses, il fit profil bas dans l’espoir de disparaître brusquement.



- Alors ? Acceptez vous ? »

- Non ! »

- Pourtant, un homme traînant seul dans la rue est une cible parfaite pour un tueur ou tout autre personne malveillante. C’est d’autant plus vrai quand l’homme en question semble vouloir fuir quelque chose. Vous devez certainement raser les murs et emprunter des chemins sombres et déserts. D’après vous… Où agissent les tueurs en général ? »



Nicholas se figea aux mots « tueur », « chemins sombre et désert » et « raser les murs ». C’était justement ce qu’il avait fait jusque là. Ce n’était pas une bonne idée ? Pourtant dans ses livres, les gens échappaient ainsi à leurs poursuivants. Il avait dû encore manquer quelque chose. Ou alors cet homme essayait de lui faire peur. Ce qui fonctionnait à merveille. Il déglutit et posa son regard sur l’aveugle.



- Vous êtes certain ? » Demanda-t-il avec innocence.

- Evidemment… Vous ne lisez pas les titres des journaux ? »

- Vous les lisez vous ? » Tenta de piéger Nicholas de façon peu discrète.

- Oui… De nos jours, il existe des journaux en braille. »

- Ah… Désolé. »

- Donc je disais, vous ne lisez jamais les titres de journaux ? Où trouve-t-on les victimes de meurtres à chaque fois ? »



Il fallut un certain temps à Nicholas pour répondre à cette question, n’étant pas le genre d’homme à lire les mauvaises nouvelles. Mais il lui semblait que sa sœur lui en avait vaguement parlé. Il ne saurait le dire. Elle lui racontait tellement de choses que la plupart du temps, l’information rentrait par une oreille pour en ressortir par l’autre. S’il avait su, il l’aurait un peu mieux écouté ce qu’elle lui disait.

Se grattant la tête, il inspira fortement et revint à son vis-à-vis.



- Et si je disais non ? »

- Je dirais que vous êtes têtu et idiot. Ou alors vous voulez peut-être mourir ? »

- Mais… Je ne suis ni têtu, ni idiot. Et ma vie, j’y tiens. »

- Alors… Qu’est-ce qui vous empêche d’accepter ? » Interrogea le chanteur sans vaciller une seule seconde.



Nicholas lâcha un soupir. Décidément, ce n’était pas lui le têtu mais cet inconnu. Pourquoi tenait-il tant à ce qu’il vienne chez lui ? Ca, c’était suspect comme attitude. Il ne devait pas être à son goût vu qu’il était aveugle. Il ne restait plus que le trafic d’organes, puisque la traite des blanches nécessitait de voir la marchandise.

Déglutissant, il inspira fortement et se racla la gorge.



- Et que gagnerez-vous en échange ? »

- Rien… Le sermon de dimanche dernier de mon prêtre disait qu’il fallait tendre la main aux personnes qui en avaient besoin. Et vous êtes une personne qui a besoin d’aide, ni plus ni moins. »



Joshua trouvait ce jeune homme vraiment têtu. Il ne cessait de chercher des argumentations pour ne pas venir. A croire qu’en plus d’être têtu, il était stupide. Ne voyait-il donc pas qu’il ne cherchait pas à lui faire de mal ? Il voulait juste de lui comme appât. Rien d’autre…Il espérait qu’il accepterait son offre. L’avoir sous la main était une chose utile. Et il ne comptait pas perdre l’avantage qu’il venait de gagner dans cette chasse. C’était une excellente raison pour mentir au sujet du sermon et tous les arguments qu’il avait trouvés.

Restant cependant calme, il se contenta d’attendre la réponse de son appât, sans, pour le moment, insister plus.



- Le sermon ? » Répéta surpris Nicholas.



L’archéologue se mit à réfléchir un instant. Ce type disait-il vrai ? Il voulait juste rendre service ? Etrangement, il n’arrivait pas à le voir en croyant. Il n’avait pas une tête d’un type qui se rendait tous les dimanche à l’église.

Se grattant encore une fois la tête, signe que la proposition le faisait réfléchir, il releva les yeux.



- Hm… Ok pour une nuit. J’ai besoin de repos. Mais après, vous ne me verrez plus. »



Nicholas trouva que c’était le meilleur moyen de trancher. Au moins, l’inconnu n’insisterait plus, et il pourrait dormir au chaud pour ce soir. Enfin, il espérait que ce ne serait pas sa derrière nuit… Il imaginait déjà la réaction de sa sœur devant la découverte de son corps.



« Quel idiot ! Pourquoi il a suivit un étranger ? Combien de fois je lui ai dit de ne pas suivre les étrangers ? »

Dirait-elle certainement en pleurant de rage.



Une vraie réaction de maman poule… Il lâcha un soupir devant cette réalité étouffante. De toute façon, il était trop tard pour revenir en arrière, il avait accepté. Chose qui offrit satisfaction à Joshua. Il avait gagné la première manche. Le convaincre de rester après, ne serait pas compliqué. Il ne restait plus qu’à se montrer diplomate durant cette soirée, mais aussi de trouver un moyen logique et non agressif de l’empêcher d’approcher du frigo. C’était la chose la plus compliquée dans le programme qu’il avait à faire. A moins qu’il fasse en sorte d’acquérir un nouveau frigo et de le mettre dans sa chambre, prétextant qu’il est mieux d’avoir chacun ses affaires. Mais il ne pourrait investir dans cet appareil que lorsqu’il aurait réussi à convaincre l’appât de rester chez lui.



- Euh… je veux bien rester cette nuit mais dites moi au moins votre nom. »

- Isaiah Joshua. »

- Et où habitez vous ? »

- Baker Street. »

- Vraiment ?? Dans la rue de Sherlock Holmes ? »

- Oui… » Souffla dépité le chanteur. « Et votre nom ? »

- Willys Nicholas ! Je suis archéologue et professeur à l’université. »



Joshua leva les yeux au ciel bien qu’il n’y voyait rien. Il se demandait comment Menset avait pu le manquer. Cet homme était d’une innocence déconcertante. Il lui avait juste fallu parler de Baker Street pour le mettre en confiance. S’il avait su, il l’aurait plus tôt. Cela lui aurait évité tout ce cinéma et cette perte de temps. Mais au moins, il savait comment le faire rester, à présent.

Se redressant, le chanteur quitta la table pour se diriger vers la sortie.



- Suivez moi, monsieur Willys. Inutile de continuer à parler ici, nous serons mieux chez moi à Baker Street. »



Etrangement, Joshua n’eut pas besoin de se répéter. Nicholas saisit son précieux sac et le rejoignit en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, faisant jaser un peu plus le personnel. Sans en tenir compte, il quitta les lieux, se dirigeant avec une facilité déconcertante pour l’archéologue dans les rues de Londres pour rejoindre son appartement, situé à quelques pâtés de maison du club. Pour une fois, le chanteur passerait par la grande porte au lieu des toits pour rentrer chez lui.

Nicholas le suivit intrigué et impatient de découvrir la rue où le héros, de son livre préféré, vivait.
 


A suivre …