Akaitsuki
(Chroniques
de Yakuza)
Titre
:
Akaitsuki
Auteur : Val-rafale et Tenshi
Chapitre : 18
Genre : Yaoï. Policier / Intrigue / Action.
Couple : Toujours mystérieux
Disclamer : Ils leurs appartiennent toujours - ~
Pensée ~ :
Akaitsuki
Reiji était
finalement arrivé au quartier général de son groupe. Il s’était garé au plus
proche de l’entrée du bâtiment, afin de faire le moins de chemin possible avec
la souris. Il avait pris ce dernier dans ses bras et s’était rendu rapidement
dans sa chambre. Après l’avoir allongé sur le lit, il sortit de la pièce afin
d’aller chercher la trousse de soin que Russel devait lui avoir préparé. Il se
rendit dans le laboratoire, à l’étage inférieur où il trouva son partenaire qui
installait tout le matériel pour faire des analyses. Il n’avait apparemment pas
perdu de temps après son appel téléphonique. Il l’observa un instant avant
d’entrer dans la pièce en soupirant. Il se posa contre un mur, s’appuyant
doucement. Sentant sa présence, le blond se tourna puis lui dédia un fin
sourire.
- Reiji… Tu as fais vite. Le matériel pour soigner la souris est là. » Fit-il en
indiquant une table de la main.
Sans répondre, le brun s’approcha de la trousse de soin et la saisit. Il plongea
ensuite sa main dans sa poche pour en sortir le sachet en plastique contenant la
drogue. Il la posa devant son partenaire avant de se diriger vers la sortie, sa
boite dans son autre main.
Russel le fixa en haussant un sourcil. Vu l’inquiétude qu’il avait lu dans son
regard, Yuu devait être gravement blessé. Que s’était-il donc passé ? Que lui
était-il arrivé ? Reiji ne lui avait rien dit, que ce soit là ou au téléphone.
Le tueur savait que c’était pour ne pas perdre de temps. Les soins étaient
privilégiés sur le reste. Son leader leur ferait un rapport. Tout comme lui
serait obligé d’en faire un sur cette substance que son ami avait ramené.
Saisissant le sac, le blond la regarda un instant puis soupira. Il le reposa
pour enfiler sa blouse ainsi que des gants et un masque. Il se mit de suite au
travail sur la drogue.
Pendant ce temps, Reiji avait rejoint la chambre de son partenaire. Il le
déshabilla soigneusement en faisant attention à ses blessures puis commença à le
soigner. Hélas, il ne pouvait pas faire grand-chose mis à part s’occuper des
plaies externes. Il allait devoir faire appel à un médecin. Il n’avait vraiment
pas le choix. Si Yuu avait des blessures internes, lui seul serait capable de
les détecter. Après avoir terminé les premiers soins, le tueur lâcha un soupir
tout en se redressant. Il quitta la chambre, laissant cependant la porte ouverte
puis se dirigea vers le salon. Arrivé là, il prit son téléphone et chercha un
numéro dans son calepin. Celui-ci trouvé, il le tapa sur son clavier pour
ensuite porter le combiné à son oreille. Il attendit plusieurs sonneries avant
d’entendre enfin une voix d’homme à l’autre bout de la ligne.
- Docteur Tojima, j’écoute ? »
- Eita, c’est Reiji Kashiwagi… Yuu a été blessé. J’ai peur qu’il ait quelque
chose de cassé. »
- Très bien, j’arrive de suite. »
Reiji l’entendit raccrocher puis ferma son portable à son tour. Il lâcha un
nouveau soupir tout en se dirigeant vers la chambre de son ami. Il le fixa, lui
caressant les cheveux puis regarda à nouveau son téléphone. Il devait contacter
Scott et Ryo pour les informer qu’ils allaient tous devoir travailler un peu
plus au casino, allonger leurs cycles de boulot. Avec un membre en moins, il
leur serait plus difficile de tourner. Heureusement qu’Akiharu Tsubasa avait
d’autres hommes de confiance, obtenu grâce à ce Mikio. Le brun ignorait qui
était ce dernier mais il avait vite compris qu’il était quelqu’un d’important.
Enfin, il s’expliquerait avec son patron pour tout cela. En ce qui concernait
son protégé, Mickaël Carter, il agirait comme avant… Depuis qu’il avait sauvé le
jeune homme, il s’assurait qu’il ne soit jamais seul. Lui ou quelqu’un de son
groupe le conduisait à la résidence Yamasu tous les matins et le ramenait le
soir après la fin de son travail. Généralement, Reiji restait dormir avec lui,
chez lui. Mais parfois c’était l’un des membres de son équipe. Tout dépendait du
travail… Continuant de caresser les cheveux de Yuu, le brun réfléchissait au
nouveau programme qu’il allait devoir faire pendant la convalescence de son
équipier. C’était la seule chose à laquelle il pouvait penser en attendant le
médecin.
Durant le temps de réflexion de Reiji, le docteur Eita Tojima ne perdit pas son
temps. Bien au contraire… Organisé comme toujours, il savait que si le chef du
groupe Mayoi l’avait appelé c’était pour une affaire sérieuse. Il avait donc
pris son matériel spécial. Celui réservé pour les grands blessés de la route.
Cela se résuma donc à sa trousse de soin, une mallette contenant un nécessaire
de radiologie portable, et du matériel médicale en cas de membres brisée,
plâtres, et autres choses ce genre, sachant que le blessé ne serait pas conduit
à l’hôpital. Une fois tout en main, ayant appelé en premier lieu un taxi, il
descendit les escaliers de son appartement pour se retrouver dans la rue. Là, un
véhicule l’attendait. Il monta dedans et donna une adresse. Le taxi démarra pour
conduire simplement son client au lieu voulu. Il ne fallut pas longtemps pour
arriver. En effet, le QG du groupe Mayoi étant en plein centre ville. Certes, ce
n’était pas la première chose qu’on voyait, mais pourtant, il était bien là, non
loin du club « Kiiro Seiun », lieu branché pour tous les jeunes de la haute
société.
Ainsi donc, descendant du véhicule qui était arrivé à destination, il paya le
chauffeur avant de fixer la rue devant lui. Il se mit en marche, tout en fermant
son long manteau noir d’un geste de la main pour cacher son cou. Le vent était
frais, et il serait dommage que le médecin attrape froid. Enfin bon, avançant
d’un bon pas, il lui fallut dépasser deux rues pour arriver à destination. Eita
avait pris quelques précautions pour arriver au QG du groupe. On n’était jamais
assez prudent. Il arriva donc au lieu voulu pour simplement sonner. La sonnette
n'était pas audible, mais il savait qu'on avait vu sa présence. Un système de
sonnette normalement réservé pour les sourds avait été installé pour garder
l'anonymat des lieux et surtout ainsi éviter de se faire remarquer. Un déclic
lui fit comprendre qu'on lui avait enfin ouvert. Sans hésiter, il passa la porte
pour monter directement au quatrième étage. Il savait que la partie habitable
était à cet étage. Au rez-de-chaussée, tout était sécurité. Il soupçonnait la
présence d'une salle de contrôle quelque part. Au premier, c'était la salle
d'entrainement, le deuxième était destiné au stockage et le troisième était tout
simplement le laboratoire. Il était inutile de dire que chaque espace était
parfaitement occupé, rien n'était laissé au hasard. Il ne savait pas ce qu'il
avait au delà du quatrième étage, car il n'avait jamais été plus haut que cet
étage ci… Arrivé au lieu voulu, il se figea devant le brun. Bras croisés, il
était évidant qu'il l'attendait.
- Reiji ! Où est notre malade ? »
- Sa chambre... »
Sans rien ajouter de plus, le tueur guida simplement le médecin vers la chambre
de leur souris. Eita vit bien que le leader du groupe était vraiment inquiet.
Même s'il savait plus où moins quel genre de blessure avait Yuu, il réalisait à
présent que ce devait être plus important qu'il ne le pensait. Pressant le pas à
cette pensée, il se dirigea droit vers la chambre de ce dernier. Il poussa la
porte et vit enfin Yuu. Il est vrai qu'en le voyant ainsi il donnait
l'impression d’un chiot écrasé par une voiture. Le médecin lâcha un soupir avant
de tout bonnement entrer. Il se rapprocha pour finir par ausculter le jeune
homme. Le premier diagnostique montra sans le moindre doute que certains os
avaient été brisés. Il passa la main sur son visage avant de se tourner vers
Reiji, ce dernier l'observant d'un œil attentif.
- Je vais faire quelques radios, mais je pense qu'il est évident qu'il ne devra
pas quitter son lit. Son cas est plus grave que d'habitude. Tu comprends ? »
- Oui... Je m'en doutais déjà. »
Reiji n'était pas vraiment surpris de l'annonce, mais cela ne le ravissait pas.
Yuu n'était pas le genre à rester allonger. Il ne supportait pas cela. En fait,
il ne supportait pas de rester immobile. Il était comme un enfant bourré
d'énergie. Une pile électrique qui allait être fatigante quand elle s'éveillera
mais aussi durant son séjour obligé au lit. Songeant à cela, le tueur se passa
la main dans les cheveux alors qu'Eita de son côté préparait son matériel de
radiologie portable. Une fois cela fait, il termina les examens avec un grand
soin. Il soupira pour se tourner à nouveau devant Reiji. Il le fixa un long
moment avant de finalement prendre la parole. Il savait que cela ne plairait pas
à ce dernier d'entendre son diagnostique, mais ce n'était pas comme s'il pouvait
y faire quelque chose. Donc, calmement, simplement et tout simplement
directement il prit la parole.
- Bien, comme je le pensais, son bras droit, ainsi que sa jambe droite sont
cassés. Je dois les immobiliser complètement. Ensuite, la quatrième côte et la
sixième sont fissurées. Il ne devra surtout pas bouger. Je ne peux pas faire
grand chose pour cela. Je te donnerais un traitement à suivre scrupuleusement.
Il ne devra pas oublier une seule fois son traitement. Me fais-je bien
comprendre ? »
- Oui... » Soupira le brun qui sentait que les futures semaines à venir allait
être longue.
- Bien ! »
Sans plus attendre, le médecin sortit de quoi faire des plâtres et se mit en
tête de faire les soins. Cela prit un long moment. Mais le résulta donna un bras
maintenu un peu en hauteur, ainsi que la jambe. Le docteur Tojima fit en sorte
qu'en aucun cas, les côtes n'en souffrent. Vérifiant encore une fois que tout
était bien mis, il se redressa pour aller s'asseoir devant le petit bureau. Il
sortit ses feuilles d'ordonnances et la remplit pour ensuite la tendre à Reiji.
- N'oublie pas, il doit suivre correctement ce traitement. Et il ne doit pas se
lever pendant trois semaines. Je ne veux pas qu'il bouge avant vu sa façon
d'agir habituellement... »
- C'est bon, j'ai compris... Il suivra tes consignes. Pour le paiement, je
ferais comme d'habitude. »
Un acquiescement montra l'accord du médecin, et ce dernier quitta la pièce,
laissant Reiji à son coéquipier et ami... Après son départ, le brun passa une
main dans les cheveux de son ami. Il les caressa lentement et avec une extrême
douceur, geste tellement rare chez lui. Il se faisait du souci pour son
compagnon. Il avait encore peine à croire qu’il n’ait pu réussir à se défendre.
Ou peut être n’en avait-il pas le désir ? Ou le temps ? Peut être ne
s’attendait-il pas à une telle réaction de la part de cet homme. Comment savoir
? Seul Yuu pourrait répondre à ces questions. Mais pour le moment, il était
inconscient sur ce lit. Et dire qu’il aurait pu se faire tuer…
Perdre Yuu…
Perdre un membre de plus…
Reiji secoua doucement la tête pour chasser cette mauvaise pensée. Il ne
perdrait personne de plus. Il ne pouvait permettre cela. Il ne pourrait le
supporter. Trois membres de moins… C’était déjà trop. Les circonstances, ayant
mené à cela, étaient bien trop douloureuses comme encore fraiches. Aucun d’entre
eux n’avait vraiment oublié ce qui s’était passé. Aucun d’entre eux ne s’était
pardonné ce qui s’était produit. Scott et Ryo se sentaient bien plus coupables
encore. Mais n’était-ce pas normale, dans un sens ?
Lâchant un soupir, Reiji secoua doucement la tête de gauche à droite. Il ne
devait pas repenser au passé. Cela ne servait à rien puisqu’il ne pouvait rien
changer. Tout ce qu’il devait faire, c’était accepter ce drame. Chose qui
n’était guère facile… Cependant, il y travaillait, chaque jour qui passait.
Hélas, l’état dans lequel Yuu était revenu, avait réveillé pas mal de mauvais
souvenirs et, avec cela, des peurs qu’il croyait avoir tué. Même savoir son
jeune ami hors de danger, ne le rassurait pas. Lâchant un nouveau soupir, le
brun quitta la chambre puis se dirigea vers son bureau. Il saisit le planning
puis retourna auprès de son partenaire. Il se réinstalla sur le fauteuil puis
repassa en revu l’emploi du temps de chacun. Une fois de plus, chacun allait
devoir travailler plus… Et les temps de repos ne seraient pas si reposants que
cela au final. Yuu n’était vraiment pas quelqu’un de très calme et sage.
Alors qu’il se plongeait dans ses papiers, une présence dans la pièce attira son
attention. Il releva les yeux vers le blond de l’équipe qui fixait leur petite
souris. Un soupir lui échappa aussi alors qu’il reportait son attention sur son
leader.
- Qui l’a mit dans cet état ? »
- Hm… Sakura Maxwells… »
- Le Sakura Maxwells ? Le patron de la multinationale ? »
- Oui… »
Russel fixa à nouveau le blessé. Il l’observa attentivement, comptant le nombre
de fractures qu’il devait avoir. Il avait peine à croire que cet homme ait pu
toucher autant son partenaire. Yuu n’était vraiment pas un débutant en matière
de combat au corps à corps. Ce n’était certes pas sa spécialité, mais il n’était
pas une personne sans défense. Il ne comprenait pas pourquoi il s’était laissé
faire. Cela avait-il un rapport avec l’analyse qu’il avait dû faire pour son
responsable ? Son instinct lui disait qu’une fois de plus, ils avaient affaire à
cette drogue qui leur avait tellement causé de problèmes par le passé. Pourquoi
fallait-il qu’ils se retrouvent à nouveau en contact avec elle ? Il l’ignorait…
Mais une chose était certaine, Reiji n’allait pas aimer cela… Enfin il devait le
lui dire… C’était impératif, important… Presque vital pour eux.
Lâchant un nouveau soupir, le jeune homme le fixa avec un certain mais surtout
un grand sérieux qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Son leader le
remarqua aussitôt et ressenti comme un léger malaise. Il n’était pas certain,
cependant, il avait l’impression que son ami allait lui annoncer une très
mauvaise nouvelle.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? »
- J’ai fais les analyses que tu m’as demandé. C’est pour cela que je suis venu.
»
- Je t’écoute alors. »
- Ca ne va pas te plaire… Enfin… J’ignore comme il a pu se la procurer, mais ce
Sakura Maxwells possédait un échantillon d’Akaitsuki. »
- Pardon ? »
Ce fut l’une des rares fois où Russel vit Reiji surpris par quelque chose. Rien
ou peu de chose pouvait le dérouter de la sorte. Cependant, vu les évènements,
et surtout la nouvelle, sa réaction n’était pas si surprenante. Lui-même avait
ressenti un choc en voyant les résultats d’analyses. Finalement, en assemblant
toutes les pièces du puzzle, en regroupant chaque détail, il commençait à
comprendre ce qui avait pu se passer lorsque Yuu s’était rendu chez Maxwells.
Reiji devait aussi avoir compris. Il aurait pu perdre un autre membre de leur
équipe. Une fois de plus, Akaitsuki en était responsable.
S’asseyant sur le bord du lit aux côté de son compagnon blessé, Russel fixa son
leader. Ce dernier venait de se passer une main sur le visage avant de se lever
lentement de son fauteuil. Il s’approcha de la fenêtre puis alluma une
cigarette. Après avoir soufflé un nuage de fumée, il se tourna vers son
partenaire.
- Je veux tout savoir. Comment il a réussi à se procurer cette drogue, qui la
produit réellement. Nous n’avons pas pu le savoir il y a quatre ans, beaucoup de
personnes nous ont mis des bâtons dans les roues mais cette fois ci, ce sera
différent. »
- Bien… »
- Préviens aussi Ryo et Scott. Ils vont devoir faire des heures supplémentaires.
Je te confie aussi le soin d’aller chercher Mickaël et de le ramener ici. Je
vais lui demander de rester ici avec moi au moins pour cette nuit. Dès que ce
sera fait, tu iras au casino afin de soulager nos amis. »
- D’accord. »
Sans perdre de temps, Russel se leva puis commença à suivre les instructions de
son leader. Après son départ, Reiji termina sa cigarette avant revenir prêt de
son compagnon. Il se réinstalla à sa place puis reprit ses documents afin de
réétudier le planning et tout mettre en place pour les semaines à venir.
*****
Meryell avait du mal à comprendre ce qui s’était passé exactement. Elle savait
juste que Sakura allait être difficilement gérable si ce dernier découvrait le
mal qu’il avait fait. Son frère était si terre à terre, si vieux jeu qu’il était
certain que le poids de la responsabilité pèserait sur ses épaules. Enfin, le
moment n’était pas à ce problème. Non, il fallait déjà que son cadet reprenne
connaissance. Etrangement, Meryell ne se sentait pas à l’aise. C’était comme si
un poids sur son cœur s’imposait avec insistance. Une sorte de mauvais
pressentiment qui ne voulait pas le quitter. Elle n’aimait pas cela. Au
contraire… Tournant et virant sur elle-même, suivant la ligne du futon où était
installé son frère, elle se plongeait dans ses pensées. Il y avait anguille sous
roche, et elle voulait connaître quelle était la race de cette anguille pour
être prête à l’affronter. Même si elle sentait que cette affaire n’allait pas
être si simple. Après tout, ce Reiji Kashiwagi avait brûlé l’atelier de Sakura…
Ce n’était donc pas une affaire plaisante.
Bien sûr, elle s’inquiétait aussi pour le jeune homme que Sakura avait mal
traité. Ce Yuu Hachino était-il encore en vie ? Il le valait mieux. Sinon Sakura
ne s’en remettrait jamais. Jamais… Soupirant devant cela, ne trouvant finalement
aucunes réponses à ses questions, elle se décida à s’asseoir pour se calmer un
peu. S’inquiéter ou partir à la dérive ne menait à rien. Avant tout, elle devait
se poser, réfléchir calmement et surtout patienter. C’était Sakura qui avait les
cartes en mains, et tant qu’il était inconscient, elle ne pouvait rien faire.
Fixant donc son jeune frère, elle croisa les jambes, tout en jouant avec le
clapet de son téléphone qui s’était retrouvé dans ses mains, elle ne savait pas
trop comment. Réalisant quelques temps après ce fait, elle fixa les touches de
son téléphone. Devait-elle appeler ? Se mêler un peu plus à cette affaire ? Ou
bien devait-elle juste attendre que son frère ouvre les yeux et feindre
l’ignorance par la suite ? Elle ne savait pas trop. A la fois elle voulait
s’informer, mais aussi ne pas s’enfoncer dans une affaire qui ne risquait pas de
plaire à Nathen.
Le choix était dur…
Pourtant sa main décida pour elle. Lentement elle tapa le numéro qu’elle avait
découvert deux heures plutôt, pour patienter, attendant qu’on lui réponde à
l’autre bout du fil.
- Kashiwagi, j’écoute. » Finit par répondre une voix au bout de la troisième
sonnerie.
- Monsieur Kashiwagi, Meryell Maxwells. J’aimerais savoir comment se porte votre
ami. Et… »
- Il se porte bien ! » Coupa le brun visiblement inquiet mais aussi en colère.
- Tant mieux. Mais j’aimerais aussi savoir ce qui s’est passé. Mon frère ne
s’est toujours pas réveillé et je dois avouer que d’agir ainsi n’est pas dans
ses habitudes. »
Meryell donnait beaucoup d’informations à un étranger, elle en était consciente.
Mais agir autrement n’allait pas. Il fallait vraiment qu’elle obtienne elle-même
des données pour pouvoir agir dans le bon sens. Elle craignait surtout que le
passé qui hante la famille Maxwells ne soit la cause de ce débordement
incontrôlable. Et si c’était le cas, cela voudrait dire que son frère est allé
plus loin qu’elle ne l’aurait pensée pour obtenir une vengeance qu’elle-même
recherchait. Voilà pourquoi elle se dévoilait sans vraiment le faire, enquêtant,
une fois n’étant pas coutume, pour pouvoir mieux rebondir.
- Hm… Que savez-vous au juste ? »
- Ce que je sais… Ce que j’ai pu voir. Mon frère travaillait dans un laboratoire
que je ne connaissais pas. Il s’est battu… Enfin je dirais plus qu’il a battu
votre ami. Et qu’à présent il est inconscient et sans réactions. »
- Savez-vous sur quoi il travaillait ? »
- Je viens de vous dire que j’ignorais ce labo jusqu’à tout à l’heure. »
La jeune femme trouvait cet homme agaçant. Un avis qui ne semblait pas vouloir
changer. Il était toujours entrain de chercher au-delà des apparences et c’était
énervant. Mais bon, elle devait se maîtriser. Monter sur ses grands chevaux ne
mènerait pas bien loin, si ce n’était droit dans un mur. Il lui fallait faire
preuve de patience. Et croyez-le, ce n’était pas la chose la plus simple à
faire. Enfin pour Meryell en tout cas... Elle était comme une pile électrique
qui devait sans cesse s’exprimer. Un moyen comme un autre de se sentir vivante
tout en se cachant.
- Hm… Je ne peux pas vous en dire plus alors ! »
Reiji ne tenait pas plus que cela à développer le sujet. Bien au contraire, il
souhaitait couper court à cette discussion, ne tenant pas à mêler d’autres
personnes à une histoire qui déjà a fait beaucoup de mal. Il savait cependant
qu’il devrait, si l’argenté survivait, interroger ce dernier afin d’obtenir les
pièces manquantes à un puzzle commencé quelques années au par avant. Mais le
moment n’était pas encore à cela. Alors, ne préférant pas s’enfoncer plus dans
le sujet, le tueur préférait couper court à cette quête aux informations.
- Voyez-vous, cela m’étonnerait. Car, petit un, vous avez su immédiatement
comment agir devant la scène. Petit deux, vous avez préféré détruire l’objet de
recherche de mon frère plutôt que de l’analyser. Et enfin, petit trois, vous
êtes trop distant sur le sujet, trop fuyard pour ne rien savoir de cela. Alors
je veux des réponses. Soit vous me les donnez, soit je vais chercher par
moi-même… Et je ne dis pas que cela positif pour vos affaires ! »
- Et ? »
Le brun n’était pas plus que cela dérangé par les menaces de la jeune femme.
Pourquoi ? Parce qu’il était habitué à ce genre de mots. Ce ne sera pas cela qui
l’empêcherait de dormir. Se contentant de lever les yeux aux ciels devant cette
dite menace, il masqua un soupire las qui n’échappa pas pour autant à Meryell
qui se disait que contrat ou pas, elle se ferait bien ce type et ce, de manière
la plus douloureuse qu’elle connaisse.
- Et ? Vous osez dire ET ? Non mais pour qui vous vous prenez ? Mon frère est
inconscient, il ne semble pas se réveiller, et je ne sais pas pourquoi ! Il ne
s’agit certainement pas d’une inconscience due à bon coup de poing. »
Décidément ce type l’agaçait. Et agacé était faible comme mot. Elle avait envi
de le mettre en charpie. Non, mieux, l’éviscérer, tout en le saignant
soigneusement… Histoire de bien souffrir.
- Inutile de vous demander pourquoi cela vous touche pas ! » Grommela la jeune
femme à l’autre bout du fil. « Monsieur est bien trop personnel pour se soucier
de quoi que ce soit. Je parierais même que le jeune homme que vous avez récupéré
est tout seul dans un coin entrain de souffrir le martyr… Ou alors il est mort !
»
Meryell provoquait Reiji et elle le savait. C’était sa petite vengeance. Après
tout, elle avait de quoi se venger. Et le tueur le savait. C’est pour cela, bien
que les mots fussent blessants alors que l’agacement s’emparait de lui. Il ne
préféra pas répondre à ce pique.
- Veillez sur votre frère… Patientez ! Il n’y a qu’à attendre. Je ne peux rien
faire d’autre pour vous ! »
Une fois ces mots dits, il raccrocha sans laisser une seule chance à la jeune
femme de rétorquer. Il avait d’autres chats à fouetter que de chercher à
rassurer quelqu’un qui de toute façon allait perdre son frère. Rangeant son
portable, il ne prit pas la peine de décrocher quand le téléphone retentit à
nouveau. Il savait parfaitement qui était à l’autre bout du fil. Il se dirigea
juste à nouveau vers la chambre de son équipier. Il resta dans l’encadrement de
la porte et se contenta de regarder son ami encore inconscient, serrant
l’encadrement de la porte, de colère… Une colère d’impuissance… Une colère de ne
pas avoir su protéger un de ses hommes… Une colère plus retournée contre lui
plus qu’autre chose.
Meryell, de son côté, ne comptait absolument pas en finir là. Elle comptait bien
faire parler ce type. Cependant, pour le moment, elle est coincée à la demeure
familiale. Ca ne lui plaisait pas plus que cela, mais elle ne tenait pas du tout
à partir. Les mots de ce Reiji résonnaient encore dans son esprit. Il n’y avait
qu’à attendre…
Attendre quoi ? Son réveil ? Sa mort ? Une nouvelle crise ?
Mais bon sang dans quoi Sakura s’était encore fichu ?
Tournant, virant… La jeune femme n’arrivait vraiment pas à tenir en place. Plus
les minutes s’égrainaient, plus les questions l’oppressaient. Du coup, n’étant
pas femme à se contrôler bien longtemps… Enfin pour ce genre de chose tout du
moins… Elle se dirigea droit vers le futon où était installé son cadet. Elle
prit son vêtement entre et ses doigts et s’apprêta à le secouer comme un vieux
pruneau. Mais son geste fut arrêté avant même qu’elle put commencer. En effet,
la tête de l’argenté bascula sur le côté alors qu’un petit gémissement
s’échappa. Surprise, elle se recula et le fixa avec appréhension. Elle ne savait
pas comment ce dernier allait réagir. Violemment ? Ou ? Non, vraiment ce
casse-tête devenait vraiment pesant… Le malade poussa un nouveau gémissement
alors que sa main se redressait avec mal pour aller se passer sur le visage de
ce dernier. Il ne semblait vraiment pas au meilleur de sa forme. Meryell
approcha d’un pas finalement et attrapa la main de son frère. Elle ne pouvait
décidément pas le laisser souffrir sans rien faire. Il était son petit frère
après tout.
- Sakura ? » Fit-elle alors que sa main se glissait dans la longue chevelure
argenté de son cadet. « Tu m’entends ? »
- Hm… »
Un simple gémissement moitié de douleur, moitié de grognement se fit entende
alors que les prunelles bleues de l’inspecteur s’ouvraient enfin. Il resta un
moment sans bouger, fixant le plafond. Il semblait être entrain de chercher à
remettre ses idées en place, comme s’il avait perdu quelque chose d’important
dans le fil de ses actions. La jeune femme trouvait cela bizarre, Sakura n’étant
pas le genre à perdre quoi que ce soit, malade ou pas… et encore moins la
mémoire si vous voulez son avis. Il était bien trop encré dans ses principes,
bien trop sérieux… Bien trop coincé pour se permettre une quelconque erreur…
Autant dire que pour Meryell cela était inquiétant.
- Sakura… Tu te souviens de ce qu’il s’est passé ? »
- Hm ? » Répondit-il en tentant de se redresser. Ce qu’il fit avec du mal, ce
qui se vit bien. « Eclaires moi… Tout est confus… Qu’est-ce que je fais dans ma
chambre alors que je bossais dans mon laboratoire il y a quelques minutes ? Et
pourquoi ma tête me donne l’impression qu’elle va imploser d’une minute à
l’autre ? » Grommela t’il alors qu’il chercher à calmer la douleur d’un massage
de doigts sur ses tempes.
- Euh… »
Meryell mit quelques temps à réaliser les questions. Sakura qui disait au
maximum dix phrases à la journée avait presque épuisé son quota en une prise de
parole. C’était déstabilisant. Cependant, reprenant ses esprits, elle fixa son
petit frère et fit un sourire tout à fait égal à elle-même. Après tout, il
s’était réveillé, il ne l’avait pas agressé… Il semblait être lui-même. Et rien
que cela, ça rassurait la jeune femme.
- Et bien… Tu as agressé un jeune homme qui te rendait visite. Enfin agressé, je
dirais massacré en fait. Tu semblais être comme un fou. J’ai eu du mal à te
calmer. J’ai du t’assommer au final. Je ne sais pas ce que tu trafiquais dans ce
labo, mais je… »
- Ca ne te regarde pas ! » Coupa net Sakura. « L’ai-je… » Hésita t’il. « Tué ? »
- Non ! Mais il est en mauvaise état… MAIS ATTEND DIS DONC !! COMMENT OSES-TU ME
PARLER SUR CE TON ALORS QUE JE ME FAISAIS DU SOUCIS POUR TOI !! » Hurla sur le
coup la jeune femme, laissant enfin ses nerfs s’exprimer.
Sakura ne répondit pas. Il ne voyait pas pourquoi il le ferait. Il se contenta
de grimacer de douleur devant le haussement de voix. Franchement, qu’est-ce que
sa sœur pouvait être bruyante. Au lieu de lui répondre, il fixa en direction de
l’engawa. Il avait ainsi donc agressé quelqu’un. Etrange, il ne s’en souvenait
pas. Laissant sa sœur à ses hurlement, il chercha à se souvenir ce qui avait
bien pu se passer. Il se voyait très bien ouvrir « le sachet », poser le contenu
sur un verre afin de l’analyser. Il se souvenait avoir découvert un étrange
élément dans son analyse. Un produit qui ne devrait pas se trouver dans une
drogue comestible… et… plus rien ! C’était le noir complet. Il n’avait pourtant
pas pris cette drogue… Est-ce que le fait de la sentir suffisaitt ? Non,
impossible, il avait un masque… Ou bien la toucher ? Cela était possible… Son
gant avait été coupé par la petite coupelle de verre où se trouvait le produit
analysé. Cela voudrait dire qu’elle était active par tous les moyens
d’ingestions ? Cette drogue était un monstre… Un monstre mortel. Mortel ? Tient,
pourquoi était-il encore en vie au fait. Il fixa ses mains perplexes, reprenant
du poil de la bête, avant de regarder sa sœur.
- Meryell ! » Fit-il en la coupant dans sa séance de remontrance. « Que m’as-tu
donné durant mon inconscience ? Qu’as-tu fait ? Réponds ! C’est très important !
»
- Tu n’as pas à te faire de soucis, je n’ai pas touché à ton précieux régime
alimentaire. Je ne t’ai rien donné. Tu n’étais pas blessé contrairement à… »
- Rien ? » Coupa Sakura à nouveau.
Rien… Impossible. Il devrait être mort alors… Tout cela était impossible. Un
précieux point avait été manqué. Il devait à tout prix analyser son sang pour
comprendre ce qui s’était passé. Se perdant dans ses pensées, il se souvint
alors qu’il avait presque tué quelqu’un. Mitigé entre la volonté de comprendre
pourquoi il était en vie et de savoir comment allait sa « victime », il finit
par relever les yeux pour fixer son aîné.
- Au fait, comment se porte la personne que j’ai… enfin comment va-t-elle ? »
- Ah ! Enfin… Sakura, tu sais que parfois tu me fais honte ! A part ton boulot
et tes affaires, le reste du monde n’existe pas ! Enfin, il ne va pas très bien
selon son ami… »
- Hm… »
Sakura serra les poings, son corps lui répondant parfaitement à présent. Seule
sa tête le faisait encore souffrir. Il savait que sa sœur avait raison. Ca
l’agaçait. Mais gardant son self contrôle, comme toujours, il se contenta de se
lever. Le pas était peu assuré, mais il arriva à aller à son placard pour se
changer. Ce qu’il fit devant sa sœur tout en reprenant la parole.
- Conduis-moi à cette personne. Je tiens à assumer mes actes… ainsi que les
conséquences ! »
Sans tenir compte des objections de sa sœur, il termina de se vêtir, avec plus
de mal qu’il ne l’aurait pensé. Il se retrouva habillé d’un kimono bleu pâle,
avec des broderies bleu foncés représentant deux dragons qui montaient avec
grâce du bas du vêtement vers le col pour passer dans le dos et ainsi
s’affronter à coup de flamme. La broderie était si fine que cela semblait
presque logique que la scène se termine ainsi. Sakura attacha ensuite ses
cheveux en queue de cheval pour finalement se tourner vers sa sœur. Il la fixa
droit dans les yeux marquant sa détermination. Cette dernière fut bien obligée
d’acceptée. Si bien, après s’être souvenu de l’adresse qu’il y avait sur la
carte de visite et quelques coups de fils personnels, elle finit par conduire sa
tête de mule de petit frère au lieu voulu. Elle ne savait pas comment ce Reiji
allait réagir, et elle s’en moquait pas mal. Ca lui donnait une occasion de lui
rendre la monnaie de la pièce. Dans un sens, heureusement que l’honneur de son
frère était si grand qu’il ne fuyait jamais. Ca sert de toujours vivre à une
autre époque au final…
Après avoir parcouru la longue distance qui séparait la résidence de la ville,
ils arrivèrent enfin à Kyoto. Là commença une longue traversée peuplée de feu de
signalisations et autres choses qui ralentirent un peu trop la jeune femme. Du
coup, elle se sentait pressée. Elle, qui avait plusieurs minutes avant cela, dit
à son frère que ce n’était pas raisonnable, semblait pire qu’un enfant devant sa
sucrerie préférée. Si bien qu’elle arriva en un temps record au centre ville.
Arriver devant le QG du groupe ne fut alors qu’une formalité. Elle se gara de
manière qui fit grogner son frère. Sakura qui était resté calme, silencieux,
pensif durant tout le long de la route, dut montrer son désaccord sur la
conduite de Meryell avant de descendre. Il regarda alors le grand bâtiment,
avant de serrer les poings. Oh, il n’était pas à l’aise, mais il n’était pas
question de renoncer. Il sonna sur le petit interphone et attendit qu’on lui
réponde. Ce qui ne tarda pas, alors que sa sœur le rejoignait en lui répétant
pour la centième fois qu’il était rabat-joie.
- Qui est là ? » Grogna une voix qui ne s’attendait visiblement pas à de la
visite. « Nous n’avons besoin de rien ! »
- Hm… Je suis Sakura Maxwells. Je tenais à présenter mes excuses à… »
- Patientez ! Je descends ! » Coupa la voix.
Sakura n’apprécia pas d’être coupé, mais il patienta comme demandé. La voix
n’étant autre que celle de Reiji qui avait camouflé sa stupeur. Comment ce
Maxwells pouvait-il être en vie ? Mieux encore… Comment avait-il pu les trouver
? Tenant à avoir personnellement les réponses à ses questions, il descendit les
marches avec rapidité pour aller leur ouvrir. Il fixa froidement Sakura puis
Meryell, avant de s’écarter.
- Entrez ! »
Sans rien ajouter de plus, il les laissa entrer, pour refermer la lourde porte
derrière lui et les accompagner à l’appartement. Il était bien décidé à
comprendre certaine chose et il les comprendrait…
A suivre …