Une marque indélébile
( La vie d’un ange de la mort)
Titre :
Une marque indélébile
Auteur : val-rafale
Chapitre : 10
Genre : Yaoi / Policier / Fantastique / Angst
Couple : ????
Disclamer : Tous les personnages de cette histoire son fictif et crée
par moi même. Merci de ne pas les utiliser sans mon consentement.
Un peu de repos
C’était le
rush dans ce grand restaurant dans le centre d’affaire de New York. De nombreux
hommes d’affaires venaient chaque midi déjeuner dans ce lieu très prisé. Plus
aucune table n’était disponible, et une file d’attente s’était formé à
l’extérieur sans que cela ne semble choquer personne. Tous paraissaient avoir
l’habitude de ce genre de situation, c’était ainsi chaque midi. Il était souvent
conseillé d’aller manger le plus tôt possible, un peu avant midi pour être
certain d’avoir une place sans avoir la contrainte d’attendre. Mais la plupart
de ces personnes se moquaient un peu de ce délai, beaucoup ayant plus d’une
heure pour manger. Finalement, l’attente n’était pas si longue que cela.
L’organisation de ce restaurant était presque parfaite. Leur principe était de
ne jamais décevoir le client ou de le faire patienter plus de dix minutes. Il
fonctionnait un peu comme un fast-food, tout en fournissant un menu de qualité
et digne de sa position.
Parmis les clients, déjà présent et installé, un homme, approchant les quarante
ans, parcourait la carte de son regard sombre et froid. Ses yeux en amande, la
couleur de sa peau très légèrement plus foncé, la forme de son nez et de son
visage, démontraient son origine asiatique. Il avait les cheveux sombres mais un
peu grisonnant, parfaitement bien coiffés. Son costume aussi sombre que son
regard semblait avoir été taillé sur mesure par l’un des plus grands couturiers
de la ville. Sa façon de se tenir, droit comme un piquet, la tête légèrement
haute, donnait l’impression de voir un empereur dominant son monde, fier et
fort. Il dégageait une impression de froideur et de dureté de cet homme, ajouté
à un étrange sentiment difficile à déterminé, mais qui laissait naitre un
malaise en chacun. Tous ses gestes paraissaient être calculés, comme prévu à
l’avance, telle une machine. Rien ne semblait être dû au hasard avec cette
personne. Ses regards posés sur les serveurs, sa façon de tourner les pages de
son menu, tout de lui, faisait penser à une machine. Pourtant, il était bel et
bien un être humain, fait de chair et de sang.
Posant doucement la carte, il attendit qu’un serveur vienne prendre sa commande.
Chose qui se fit avec une rapidité quelque peu surprenante. Le jeune employé
s’inclina avec respect devant son client, comme le ferait un japonais devant un
supérieur hiérarchique. C’était un geste qui paraissait plus qu’étrange pour un
occidental.
- Monsieur Inakage… Puis je prendre votre commande ?
L’interpelé inclina simplement la tête en guise de réponse avant de commencer à
dicter ce qu’il désirait. Sa voix était froide et monocorde, ne laissant rien
transparaitre de ses émotions. Ce simple fait démontrait à quel point cet homme
pouvait être dur. Son regard, critique, détaillait le jeune serveur qui, malgré
une grande habitude, ne pouvait cacher un certain malaise. Il connaissait bien
ce client important. Il le savait très autoritaire, ne permettant à personne la
moindre erreur. Beaucoup de rumeur courrait sur cet homme… Toutes plus
effrayantes les unes que les autres… Une d’elle, prétendait que des hurlements
de douleurs se faisaient parfois entendre du sous sol de son entreprise, qu’il
était possible de les distinguer quand la nuit venait. Beaucoup disait qu’il se
livrait à des expériences sur les humains. Mais ce n’était que légendes
urbaines, simple invention d’esprits dérangés ou cherchant à se faire remarquer
en inventant des histoires abracadabrantes. Inakage Sekio se laissait entourer
d’un tel voile de mystères, qu’inventer des histoires sur lui devenait un jeu
d’enfants. Beaucoup aimaient se faire peur en se les racontant. Mais, pour le
serveur, rien de tout cela n’était vrai. Ce client était simplement un homme
d’affaire comme les autres, un directeur d’entreprise comme les autres. Sa seule
différence demeurait dans le fait qu’il était Japonais. Et même ce détail
n’était guère important. Le mélange de cultures et de populations à New York
permettait à chacun de passer inaperçu.
Après avoir pris la commande, le jeune homme inclina doucement la tête en
souriant puis s’éloigna afin de donner sa fiche en cuisine. Il porta se dirigea
ensuite vers une autre table afin d’accomplir le même travail avec tout autant
de rigueur que pour Sekio Inakage.
Alors qu’il attendait d’être servi, ce dernier sentit son téléphone portable
vibrer. Il le sortit doucement de sa poche puis regarda le numéro qui
s’affichait avant de décrocher et de porter le combiné à son oreille.
- Inakage Sekio, j’écoute.
Ce fut ses seuls mots. Il laissa son interlocuteur parler, écoutant
attentivement les dernières nouvelles dont il voulait lui faire part, concernant
un nouveau travail qu’il lui avait confié. Durant tout l’exposé, son visage
resta de marbre, démontrant son calme et sa parfaite maitrise de ses sentiments.
Rien ne laissait penser à une quelconque satisfaction sur ce que lui apprenait
son contact. Pourtant au fond de lui, il était ravi des dernières nouvelles. Son
projet au Japon se déroulait comme prévu, du moins pour le moment. Il pouvait
toujours y avoir un petit souci qui viendrait faire échouer son plan, comme un
petit grain de sable faisant enrailler une machine parfaitement bien huilé.
Cependant, il avait une totale confiance en l’homme choisi pour ce travail. Il
savait qu’il n’échouerait pas. Il ne l’avait pas choisi au hasard non plus. Non
seulement, il le savait fidèle mais aussi capable de gagner la confiance de
n’importe qui en les manipulant, par exemple. Si sa cible n’avait pas un
caractère facile, il n’en restait pas moins un être humain dont les sentiments
étaient tellement basics qu’il devenait un jeu d’enfant de les utiliser et
d’amadouer la bête.
Fermant un instant les yeux, Sekio était toujours attentif au rapport de son
homme de main. Lorsque ce dernier eut enfin terminé, il posa son regard sur le
verre d’apéritif que le serveur venait d’apporter. Il prit le temps d’en boire
une gorgée avant de daigner répondre à son homme.
- Parfait… Tout se déroule comme prévu. Nous allons donc passer à la vitesse
supérieure. Je vais confier un travail important à votre ami dans les prochains
jours. Vu ce que vous venez de me dire, il est certain qu’il ne l’emmènera pas.
Proposez-vous pour le garder. Et faites ce que vous avez à faire. Rappelez-lui
bien que je suis toujours là pour lui.
A l’autre bout du fil, l’homme acquiesça avant de saluer son patron et de
raccrocher. Sekio en fit de même puis prit une nouvelle gorgée de sa boisson. Il
était réellement ravi de la tournure des évènements, même s’il ne laissait rien
transparaitre. Il allait rappeler certaine chose à ce gamin… Comme le fait qu’il
était toujours là, qu’il ne pourrait rien faire pour lui échapper. Il pouvait
bien s’enfuir à l’autre bout du monde, il le retrouverait toujours. Il était
temps qu’il comprenne qu’il lui appartenait corps et âme. S’il ne s’était pas
encore plié à sa volonté, cette fois ci, il allait le faire et suivre le chemin
qu’il lui avait tracé. Il allait obéir.
Plongé dans ses pensées, ce fut son entrée posé devant lui qui le ramena à la
réalité. Il remercia le serveur d’un signe de la tête puis entama son repas.
Tout se passa pour le mieux, comme toujours. Ce restaurant restait son favori,
le midi. Et puis la bonne nouvelle qu’il avait reçue, rendait son repas
absolument délicieux. Il pouvait profiter pleinement de chaque saveur sans avoir
quoi que ce soit qui le tracassait.
Terminant au bout d’une demi-heure, il se leva pour aller payer. Il laissa un
gros pourboire au serveur, témoignant de sa bonne humeur ainsi que de sa grande
satisfaction. Il retourna ensuite à son entreprise, reprenant son travail là où
il l’avait laissé avant d’aller déjeuner, cachant toujours sa satisfaction.
La nuit était déjà bien avancée à Tokyo. Les rues étaient presqu’en totalité
désertées. Seul restait quelques personnes qui avait décidé de prolonger leur
soirée très tard, ou bien celle n’ayant pas d’autres choix que de dormir dehors,
ainsi que les travailleurs de nuit. Mis à part cette population relativement
importante, il ne demeurait personne. Beaucoup de rues étaient totalement vide,
rendant leur aspect quelque peu menaçant malgré les lampadaires qui diffusaient
une lumière diffuse. La semi obscurité laissait naitre une étrange impression
parmi les plus craintifs. Ils avaient la sensation de voir des êtres se mouvoir
parmi les ombres et les ténèbres, comme si ces dernières étaient en vie. Mais,
il ne s’agissait que de choses crées par une imagination fertile. Les gens
aimaient à se faire peur en inventant des choses qui n’existaient pas…
Parmis toutes ces personne avançant dans les rues, se trouvait Seigyo qui
prenait la direction de son appartement, marchant un rythme normal, ni trop
rapide, ni trop lent. Il venait de remplir son contrat, qui soit dit en passant,
était d’une simplicité presque affligeante. Il avait l’impression de revenir à
ses débuts, où il devait faire quelques petites missions afin de montrer ce
qu’il valait vraiment. Seishi, lui-même, n’aurait eut aucun mal à aller au bout
de ce travail. Pourtant, il était encore un débutant dans ce domaine. Enfin,
cela, finalement, importait peu. Il n’avait pas son mot à dire quant au choix
des missions qui lui était confié. Il était même fort possible que ses patrons
aient pensé que le jeune garçon l’accompagnerait. Ils n’étaient pas au courant
de ce qui s’était passé entre eux. Il ne valait mieux pas qu’ils sachent quoi
que ce soit.
Arrivant finalement devant l’immeuble où il vivait, il s’arrêta un instant. Il
regarda la fenêtre de son appartement qui était éclairé puis entra. Il ne lui
fallut guère de temps pour arriver chez lui. Comme lorsqu’il était arrivé, il
trouva son ami installé devant la télévision. Après l’avoir salué d’un signe de
la tête, son regard se porta aussitôt vers la chambre de Seishi. Il vit la porte
de celle-ci grande ouverte. Intrigué, il regarda à nouveau Danny qui lui dédia
un sourire.
- Il ne voulait pas rester seul et il a donc tenté de t’attendre en regardant la
télé mais il n’a pas tenu. Alors je l’ai remis dans son lit mais j’ai laissé la
porte ouverte.
- Tu as eu raison… Il dort bien au moins. C’est tant mieux, ainsi il récupérera
plus vite ses forces.
- Oui.
- Bon je vais me coucher aussi.
Danny répondit d’un simple signe de tête. Il savait qu’il n’était pas nécessaire
de demander à son ami si la mission s’était bien déroulée. Il savait déjà que
c’était le cas. Dans le cas contraire, Seigyo ne serait pas revenu aussi tôt et
encore moins sans la moindre égratignure. Donc son travail s’était non seulement
bien passé mais paraissait avoir été plus que facile. Cela arrivait de temps à
autres de se voir confié des boulots très simples qui ne demandaient pas
plusieurs semaines de préparations. Ce n’était pas déplaisant de temps à autres.
Bien au contraire… Ca permettait de faire une petite pause. Il en avait bien
besoin…
Après s’être étiré longuement, Danny décida d’imiter tout le monde. Lui aussi
avait besoin de dormir un peu, de se reposer. Comme pour Seigyo ou Seishi, son
pouvoir lui prenait pas mal d’énergie. Vu qu’il en faisait usage avec excès
relativement souvent, il en était d’autant plus fatigué. Il devait absolument
s’économiser. Ave le travail qu’il allait devoir accomplir dans les prochains
jours, il allait certainement avoir besoin de ses dons en grande quantité et
donc ne montrer aucune faiblesse. Son patron ne pourrait accepter qu’il échoue
dans cette mission.
Après s’être rendu dans la chambre d’ami que Seigyo lui avait attribué, le jeune
homme se coucha puis ramena la couette sur ses épaules. Il regarda la fenêtre un
instant avant de fermer les yeux et de sombrer doucement dans un sommeil
profond.
Prêt d’une semaine s’écoula après l’accident de Seishi. Durant ces quelques
jours, tout s’était parfaitement bien déroulé. Le jeune garçon semblait s’être
un peu plus adouci. Ce n’était pas encore la perfection, il gardait toujours son
petit côté entêté et caractériel. Cependant, il acceptait plus facilement les
contrariétés sans éclater de colère, au grand soulagement de Seigyo. Au final,
toutes les tensions s’étaient, petit à petit, estompées, laissant place à une
certaine confiance de la part de Seishi pour son partenaire et inversement.
Danny aussi était parvenu à ce résultat, en montrant beaucoup de patience et une
certaine attention pour le châtain, sans pour autant chercher à connaître ses
petits secrets. Le cadet avait compris qu’il pouvait compter sur ses deux aînés.
Ce résultat n’avait pas été obtenu sans mal. Mais depuis l’arrive du châtain au
Japon, Seigyo entrevoyait un espoir que tout s’arrange définitivement. Pour
cela, il leur fallait parvenir à conserver cette ambiance nouvellement
découverte. Ce n’était chose aisée… Pour aucun d’eux. Ils devaient faire
attention à ne pas commettre d’erreur, ne pas prononcer une parole plus haute
que l’autre, garder son calme, ne pas se laisser emporter par la colère.
Cependant, tous ces sacrifices étaient bien utiles pour réussir à conserver ce
climat de paix.
La nuit était tombée depuis déjà pas mal de temps. Cependant, le rues de Tokyo
n’étaient pas pour autant désertées. Il y avait toujours une grande activité
dans certain quartier de la capitale. Comme si personne n’avait le désir de
renter chez soi et préférait rester à se divertir selon leurs envies. Beaucoup
d’entre eux étaient relativement jeune, certainement des étudiants, cherchant un
moyen de décompressé, d’oublier leur études difficiles. Ils étaient les plus
nombreux, même s’il y avait toujours des personnes dépassant la trentaine ou
plus encore. Retrouver des amis, se regrouper pour ensuite aller boire un verre
tout en faisant un petit karaoké, ou bien diner dans un restaurant pour les plus
fortunés, était un très bon divertissement pour une majorité de la population.
Du haut de sa chambre, Seishi pouvait observer des groupes de jeune gens qui se
rendait justement dans ces quartiers très prisés. Il enviait toutes ces
personnes qui vivaient en toute tranquillité. Malgré leur soucis quotidiens, ils
avaient la possibilité de aire ce qui leur plaisait. Ils étaient libres dans un
sens… Pas comme lui… Il était enchainé à ce groupe depuis qu’il était né. Il
n’avait aucune possibilité de le quitter en démissionnant. La seule façon de
partir qui s’offrait aux membres de l’organisation, était la mort. Il n y’avait
aucune échappatoire, aucune sortie de secours…
Seishi désirait pourtant avoir une vie normale, comme toutes ces personnes qu’il
observait dans la rue. C’était un désir profond mais totalement utopique.
Jamais, ses patrons ne le laisseraient partir… Jamais, IL ne le laisserait
acquérir cette liberté tant désirée. Son moyen d’évasion restait dans le
meurtre. Cela pouvait paraître étrange mais c’était uniquement dans ces instant
qu’il parvenait à se détacher de tout, oublier sa condition de prisonnier.
Oui…
C’était ainsi qu’il se voyait, comme un prisonnier. Certes, il pouvait sortir à
l’extérieur, voir le soleil briller, entendre les oiseaux, profité d’un air pur.
Cependant, aucun de ses mouvements ou de ses déplacements n’étaient libres.
Chaque pas qu’il faisait, était rapporté, chaque attitude, chaque parole. Il ne
pouvait dire ce qu’il pensait… Ce qu’il ressentait réellement… Il savait que le
faire, viendrait à LUI donner une occasion en or de le faire revenir pour le
remettre dans le droit chemin. Il refusait de revivre tout ce qu’il avait connu
jusque là. L’école en France avait été une occasion inespérée de pouvoir
s’éloigner de cet homme. Il ne retomberait pas entre ses mains, même s’il avait
conscience que lui échapper était tout autant utopique que de quitter le groupe.
Voyant disparaître les jeunes gens dans une rue, le châtain lâcha un long
soupir. Il se redressa puis sortit de sa chambre, afin de se rendre dans le
bureau de Seigyo. Ce dernier travaillait avec Danny sur un nouveau dossier qu’il
avait reçu la veille. Leur invité s’était gentiment proposé de l’aider, même
s’il savait qu’il n’avait guère besoin de secours. Il ne croulait pas sous les
dossiers. Cependant, Danny devait aussi commencer à s’ennuyer lui aussi.
S’avançant doucement dans la pièce, le jeune garçon observa les documents qu’ils
traitaient. Il s’installa ensuite dans un fauteuil devant son partenaire puis
les fixa tour à tour avant finalement baisser les yeux, lâchant un soupir.
- Qu’est-ce qui t’arrive Seishi ? » demanda Seigyo avec un sourire.
- Je voudrais sortir un peu…
Le brun le fixa un instant puis se redressa sur son fauteuil, s’installant plus
confortablement. Il observait toujours le jeune garçon devant lui, comme s’il
cherchait à connaître ses pensées profondes. Vu son regard et la façon ont il
fixait le dossier, il semblait évident qu’il ne désirait pas uniquement sortir.
Il voulait avant tout aller en mission, certainement avec une envie secrète de
tuer. Ce n’était peut être pas tellement étrange de voir un tel désir chez un
jeune garçon. Tous ceux sortant de la même école appartenant au groupe,
éprouvait une certaine curiosité à tuer quelqu’un. Sauf que le cas Seishi était
un peu différent. Celui-ci avait déjà assassiné quelqu’un. La première fois
devait datée de plusieurs mois avant son arrivée au Japon. Seigyo en était
persuadé. Vu sa froideur et le manque de sentiment lorsqu’il voyait quelqu’un se
faire tuer devant ses yeux, il n’était pas novice dans ce domaine. Cela donnait
aussi une explication à la raison de sa présence à ses côtés. Il avait un
potentiel que les professeurs avait jugé suffisamment important pour être
utilisé. Il ne pouvait se permettre de passer à côté d’une personne comme lui.
Ses lèvres s’étirant en un fin sourire, Seigyo se redressa un peu plus puis
saisit le dossier que fixait son jeune partenaire. Il le tourna doucement de
sorte qu’il puisse le lire à l’endroit.
- Etudie ça.
- Vous…
- Oui j’accepte. Mais à une condition… Pas d’utilisation intempestive de ton
don. Et tu obéiras à Danny puisque c’est lui qui va faire ce travail. C’est
d’accord ?
- Oui.
- Bien. Alors travaille…
Seishi ne se fit pas prier. Il saisit le dossier puis commença à l’étudier avec
un grand sérieux. C’était la première fois qu’il faisait ce genre de travail
avant de partir en mission. Généralement, c’était Seigyo qui s’occupait de
l’étude. Lui ne faisait que l’observer en attendant patiemment qu’il donne
l’ordre de départ. Pouvoir enfin étudier un dossier, lui donnait l’impression
d’être enfin quelqu’un d’utile. Certes, il ne connaissait pas le métier de tueur
sur le bout des doigts. Il savait qu’il avait encore pas mal de choses à
apprendre. Personne ne pouvait ce travail sans avoir reçu une bonne formation
derrière. En ce qui le concernait, il avait tout appris seul. Seigyo était
vraiment le premier à accepter de lui enseigner son savoir, sa méthode, malgré
tout ce qui avait pu se passer depuis son arrivée…
Prêt d’une heure et demi s’écoula. Danny quitta son fauteuil tout en rangeant
son arme dans son holster. Il porta son regard sur Seishi qui avait posé le
dossier devant lui. Celui-ci le fixait aussi avec une certaine intensité, comme
s’il attendait un quelconque ordre ou une consigne de sa part. Il y avait aussi
dans ses yeux une lueur qui témoignait de son impatience, de son désir de vite
partir en mission. Son besoin de sortir se voyait comme le nez au milieu du
visage. Son attitude n’était pas non plus tellement surprenante. Après tout,
cela faisait plusieurs jours qu’il était enfermé dans cet appartement, qu’il
n’avait pas la possibilité de dépenser le peu d’énergie qu’il avait réussi à
récupérer.
- Tu vas prendre une arme. Ce n’est pas la peine de gâcher ton énergie pour une
mission aussi simple.
- D’accord.
Le jeune garçon porta son attention sur Seigyo qui se leva à son tour pour
rejoindre un placard soigneusement fermé à clé. Il l’ouvrit pour en sortir une
arme de calibre neuf millimètres, des plus classiques. C’était un pistolet qu’il
était facile de trouver dans n’importe quelle armurerie dans pas mal d’autres
pays du monde. En ce qui concernait les armes à feu, les Japonais n’étaient pas
vraiment de grands utilisateurs. Même les policiers n’en portaient qu’en de
rares cas et sous autorisation de leurs supérieurs. Enfin, cette arme serait
plus facile à utiliser pour Seishi qu’une autre. De plus, il n’était pas certain
qu’il l’utilise. Danny allait certainement faire en sorte que ce ne soit pas le
cas. C’était une mission très simple. Autant en profiter pour lui apprendre le
métier, et surtout quelques habitudes à prendre.
Danny et Seishi se préparèrent donc rapidement, cependant avec grand soin. Ils
vérifièrent à plusieurs reprises de n’avoir oublié aucun détail, que ce soit
dans le cadre de la mission ou de l’armement. Le plan mis en place, n’était
guère difficile, étant donné que la cible se trouvait à son domicile, un
appartement situé au troisième étage d’un banal immeuble d’un quartier
résidentiel de Tokyo. Ce serait un véritable jeu d’enfant pour un tueur comme
Danny.
Finalement, les deux hommes quittèrent l’appartement, laissant Seigyo seul. Le
trajet qui les mena jusqu’au domicile de la cible, se fit dans le plus grand
silence. Le cadet observait le paysage urbain défiler devant ses yeux. Il
regardait les immeubles et les rues sans vraiment les voir, plongé dans ses
pensées. Il revoyait à nouveau les jeunes qu’il avait aperçu en bas de chez
Seigyo quelques temps plus tôt, éprouvant de plus en plus une secrète envie
d’être comme eux. Cependant, il savait cela totalement impossible. Il était fait
pour une autre vie, celle de l’ombre. Cette voie, elle lui avait été tracée bien
avant la naissance, même avant que sa mère ne sache qu’elle allait l’avoir. Un
homme avait décidé qu’il ferait de lui ce qu’il est maintenant. Comment aller
contre sa volonté ? Comment affronter ce genre de personne qui ne laisse aucun
choix, aucune issue possible que l’obéissance et la soumission ? Au final,
Seishi avait accepté ces obligations. Mais au fond de lui, il mourrait d’envie
de se rebeller…
Sentant la voiture ralentir, le jeune garçon secoua doucement la tête pour
chasser toutes ces pensées interdites. Il fixa Danny qui lui dédia un sourire
tout en garant le véhicule. Il sortit ensuite de ce dernier pour se diriger vers
l’un des bâtiments qui les entourait. Seishi le suivit en silence, restant
tranquille. Il laissa son aîné faire son travail sans l’interrompre, observant
juste sa façon de faire, ses techniques. Il devait bien avouer qu’il n’y avait
pas tellement de différences avec les méthodes de Seigyo. Tous les deux avaient
appris à la même école. Cela se voyait.
La cible éliminée, Danny se tourna vers son jeune compagnon qui n’avait rien
laissé échappé de la scène. Il le fixa avec un fin sourire, comme s’il n’était
pas le moins du monde touché par l’acte qu’il venait de commettre. De toute
façon, pourquoi le serait-il ? Il était avant tout un professionnel, sans état
d’âme. Cet homme, il ne le connaissait pas. C’était une cible donnée par les
patrons. Il devait donc l’abattre. Il ne fallait pas chercher plus loin.
Le fixant donc à son tour, Seishi attendit les instructions de son partenaire
temporaire.
- Tu veux bien m’attendre dans la voiture le temps que je termine ?
- Pardon ? Pourquoi je ne peux pas rester le temps que vous fassiez disparaître
le corps ?
- Seishi, s’il te plaît.
- D’accord… De toute façon, j’ai vu votre façon de travailler et c’est la même
que celle de Seigyo, sans vouloir vous offenser.
- Je ne le suis pas et c’est normal que je travaille comme lui. C’est Seigyo qui
m’a conseillé d’utiliser cette méthode. Plus rapide et qui laisse le moins de
traces. Maintenant, j’en ai de nombreuses autres. Mais, ce sera le sujet d’une
autre mission. Allez file.
Seishi répondit d’un simple signe de la tête avant de partir rapidement vers la
voiture. Il monta dedans puis attendit patiemment le retour de Danny. Ce dernier
revint au bout de plusieurs minutes. Il démarra dans le plus grand silence pour
retourner à l’appartement de Seigyo. Dès qu’ils furent arrivés, l’aîné ne perdit
pas de temps pour faire son rapport à son ami avant de le mettre par écrit.
Seishi assista une fois de plus à la scène dans le plus grand silence,
observant, notant mentalement tous les détails qui constituait un rapport. Dès
que ce fut terminé, tout ce petit monde se coucha, profitant d’une bonne nuit de
sommeil après une journée bien calme.
Le soleil se leva rapidement le lendemain matin, au grand damne de Seishi qui,
pour une fois, serait bien resté à paresser au lit. Cependant, les rayons de
l’astre du matin, venant lui caresser le visage, ne lui permirent pas de
retourner dans les bras de Morphée. C’est donc en s’étirant longuement que le
jeune garçon ouvrit les yeux, fixant le plafond en soupirant. Il quitta
lentement la chaleur de la couette puis se dirigea vers la cuisine en trainant
les pieds. Sur place, il ouvrit la porte du frigo afin d’en sortir du jus
d’orange. Il se saisit d’un verre et s’en servit. Le jeune garçon s’installa
ensuite à table, à moitié endormi. Un long bâillement lui échappa, témoignant de
son envie de dormir encore un peu. Seishi se frotta alors doucement les yeux
puis prit le verre pour le vider d’une traite. Il maudissait le soleil de
l’avoir réveillé. Vu l’heure à laquelle il s’tait couché, il aurait vraiment été
content de dormir un peu plus. Cela lui donnait une leçon en même temps. S’il
avait fermé ses rideaux, il n’aurait pas été ainsi exposé au soleil.
Terminant son verre de jus d’orange, Seishi se releva pour s’approcher de la
radio. Il alluma celle-ci avant de se servir un nouveau verre de jus d’orange,
écoutant d’une oreille distraite les informations.
« … en effet, un autre meurtre vient d’être commis par ce tueur, la marque
retrouvée sur le corps est la preuve de son retour dans notre ville. Hélas, rien
ne permet de découvrir qui est réellement cet homme. Ce qui est certain c’est
qu’il court toujours… »
A ce moment précis, Seigyo pénétra dans la cuisine. Il fixa Seishi quelque peu
surpris de le voir déjà debout. Lui dédiant un sourire, il se dirigea vers un
placard pour prendre un verre et se servir du jus d’orange. Il s’installa à
table puis observa à nouveau son partenaire.
- Tu es bien matinal.
- Le soleil…
- Je vois… Pourquoi ne pas avoir tiré tes rideaux ?
- Oubli…
Dès le matin, son jeune compagnon montrait déjà une forte envie de parler au vu
du peu de mots composant ses phrases. Il le comprenait un peu dans un sens. Il
devait être relativement fatigué. Il avait peu dormi alors que son corps
réclamait plus de repos que la normale. Il était donc normal qu’il soit à moitié
dans les vapes. Vidant son verre, le brun décida de préparer un bon petit
déjeuné qui lui donnerait plus de force. Mais alors qu’il s’apprêtait à
commencer cette tache, la sonnerie du téléphone retentie dans l’appartement.
Seigyo lâcha un soupir tout en allant décrocher le combiné qu’il porta à son
oreille.
- Takesada Seigyo, j’écoute ?
- Ligne sécurisée ?
- Oui.
- Nous avons un nouveau travail pour vous en Angleterre.
- En Angleterre ?
- Tous les détails de la mission sont déjà en votre possession. Partez le plus
rapidement possible.
- Et le petit ?
- Débrouillez vous. Mais vous devez être seul sur cette affaire délicate.
- Bien…
Seigyo raccrocha tout en lâchant un long soupir. Il tourna alors la tête vers
Seishi qui le fixait avec une certaine inquiétude dans le regard. Sans un mot,
l’aîné retourna dans la cuisine afin de préparer le petit déjeuné tout en
réfléchissant à l’ordre de mission. Ce n’était pas cette dernière qui le
tracassait mais son partenaire. Ayant reçu l’ordre de ne pas l’emmener, il
allait devoir le confier à quelqu’un. Il savait que le professeur Leblanc ou
même Danny accepteraient de le garder en son absence. Mais, il n’aimait pas
l’idée de le laisser ainsi. Il avait réussi à gagner sa confiance, et cette
mission en solitaire, risquait de compromettre tout le travail abattu. Son
compagnon n’allait pas aimer être mis à l’écart. Pourtant, tels étaient les
ordres…
- Que vous ont-ils dit ? » demanda Seishi, le faisant sortir de sa rêverie.
- Ils m’envoient en Angleterre en mission.
- Je l’avais compris. Et vous devez y aller seul je présume.
- Hm… Oui…
- Au risque de paraître égoïste… Et moi ?
- Ils veulent que j’y aille seul. C’est apparemment un travail délicat.
- Je vois… Combien de temps allez-vous partir ?
- Je l’ignore encore… Mais ce sera certainement pour plus d’une semaine.
Seishi baissa les yeux en fronçant les sourcils. Il n’aimait pas être ainsi
laissé de côté. Il aurait aimé l’accompagner en Angleterre, l’aider dans sa
mission. Certes, il n’avait pas l’expérience de Seigyo, mais ses capacités
pouvaient être très utiles parfois. De plus, il aurait pu en apprendre beaucoup
sur le métier. Il ne comprenait pas cette décision de leurs supérieurs. Il la
trouvait injuste… Le jeune garçon avait de nouveau l’impression que tout était
fait en sorte pour qu’il n’apprenne rien. Mais peut être se faisait-il des
idées… Comment en être certain ?
Une main se posant sur son épaule, le fit relever la tête. Seishi fixa Danny qui
lui souriait doucement, l’air rassurant.
- Tu resteras avec moi. Et pendant toute l’absence de Seigyo, nous travaillerons
ensemble. Cela te va ?
Le châtain lâcha un long soupir. S’il en doutait jusque là, maintenant, il était
certain que Danny se permettait de lire ses pensées. En temps normal, ce détail
l’aurait agacé et il n’aurait pas hésité à le remettre à sa place, au risque de
recevoir une leçon en retour. Cependant, il n’en fit rien. Un simple soupir
s’échappa à nouveau de ses lèvres, témoignant de son dépit. L’offre était
intéressante, il savait que Danny était un professionnel, un homme doué dans son
travail. Mais à ses yeux, son partenaire et celui qui devait lui apprendre le
métier, c’était Seigyo. Enfin, il devait se faire une raison, il n’avait pas son
mot à dire. Les ordres étaient les ordres. Ce genre de chose ne se discutait
pas.
Relevant les yeux, Seishi fixa Seigyo.
- Vous partez quand ?
- Demain matin, je pense. A la première heure…
- Bien…
Sans un mot de plus, Seishi se leva puis quitta la cuisine. Il regagna sa
chambre où il s’enferma pour le restant de la journée, n’en sortant que pour
manger un peu.
Le temps s’écoula très vite jusqu’au départ de Seigyo pour l’Angleterre. Danny
et Seishi le conduisirent à l’aéroport et attendirent patiemment que son avion
ait décollé avant de repartir en direction de l’appartement. Quinze jours…
C’était le temps qu’avait calculé Seigyo avant de terminer son travail. La
difficulté du travail était bien plus grande qu’il ne l’avait pensé. A cette
nouvelle, Seishi s’était senti un peu plus mis à l’écart. Mais en parallèle, il
avait accepté l’évidence… Surtout lorsqu’il avait vu l’avion décoller.
Alors qu’il tait en voiture, Danny jeta un rapidement coup d’œil à son jeune
partenaire provisoire. Il lui dédia un fin sourire avant de dévier de son
itinéraire normal. La mauvaise direction ramena Seishi à la réalité. Il observa
son aîné quelque peu intrigué.
- Où allons-nous ?
- Chez moi, si cela ne te gêne pas. Je dois prendre un peu de matériel d’avance
si nous devons travailler ensemble.
- Seigyo en a suffisamment.
- Je sais mais je préfère le mien. Tu apprendras avec le temps que chaque tueur
possède des outils qu’il affectionne plus que d’autres. Je n’emploie pas les
mêmes que Seigyo.
- Je comprends.
Le reste du trajet se fit dans le plus grand silence. Seishi n’avait plus rien à
dire, aucun commentaire à faire. Il se laissait conduire, patientant. Il savait
qu’il n’avait que cela à faire. Il aurait pu discuter avec Danny, s’il avait
quelqu’un de bavard. Ce qui n’était pas le cas. Heureusement que l’ami de son
partenaire le connaissait. Sans cela, il aurait pu se sentir offusqué.
Finalement, le chemin se fit plus rapidement que le jeune garçon le pensait. Ils
arrivèrent rapidement chez Danny. Ce dernier vivait dans une jolie petite maison
dans un quartier résidentiel calme de Kawasaki. A aucun moment, le jeune garçon
ne s’était rendu compte qu’ils avaient quitté Tokyo. Il n’avait cessé de penser
à la mission de Seigyo, comment aurait-il pu faire attention à autre chose ?
Seishi observa l’habitation tout en descendant de la voiture. C’était une maison
des plus classiques qu’il était possible de trouver au Japon. Elle était plutôt
grande, sans trop d’exagération. Une famille normale, avec deux enfants,
auraient trouvé là son idéal. Du moins, c’était ce que l’extérieur laissait
présager. Après l’agencement des pièces pouvait, soit rendre une maison petite
ou bien grande. Dans le cas de celle-ci, le châtain ne s’attendait pas à trouver
des pièces meublées comme dans l’appartement de Seigyo. Danny n’était que de
passage au Japon. Il ne devait pas s’encombrer de choses inutiles. En tout cas,
c’était ce que ferait Seishi à sa place.
- Tu viens ? » demanda Danny, le ramenant au moment présent. « Tu ne vas pas
rester sur le pas de la porte. Je risque d’en avoir pour plusieurs minutes. »
Seishi fit un signe de la tête avant de le suivre. Il pénétra dans le hall
d’entrée et s’arrêta un instant pour observer les lieux. Comme, il s’en était
douté, la décoration était plus que sobre. Il y avait simplement un petit meuble
contenant des chaussons placé contre le mur de l’entrée ainsi qu’un
porte-manteau. Aucun objet ne venait orner ce meuble, pas même un cadre ou un
miroir contre le mur. D’ailleurs, rien n’avait jamais été accroché comme le
témoignait l’état du papier peint couleur beige.
Suivant son compagnon, le châtain se retrouva dans une jolie pièce de vie,
spacieuse et plus lumineuse qu’elle ne paraissait l’être de l’extérieur. Elle
avait été aménagée avec tout autant de sobriété que le couloir. Un canapé, une
table entourée de quatre chaises, ainsi qu’un meuble-télé agrémentaient ce
tableau.
- Tu veux boire quelque chose, en attendant ? » proposa Danny, attirant une
nouvelle fois l’attention de Seishi. « Je dois avoir des boissons fraiche dans
le frigo. »
- Une limonade si vous avez.
- Je t’amène ça tout de suite.
Seishi fit un signe affirmatif de la tête puis s’approcha de la fenêtre menant
sur le jardin arrière. Il semblait relativement bien entretenu malgré les
absences répétées du maître des lieux. Une personne devait certainement s’en
occuper durant son absence, tout comme pour la maison. Il n’y avait pas un
gramme de poussière sur les meubles. Pourtant, Danny n’était pas souvent
présent, d’après ce qu’il avait compris.
Lâchant un soupir, le jeune garçon fit un pas en arrière. Il rencontra alors un
obstacle qui le stoppa. Alors qu’il allait se tourner, il sentit comme une
légère piqure au niveau de sa nuque tandis qu’une main ferme le saisissait à
l’épaule. Seishi fut brusquement pris de vertiges incontrôlables. Il tenta de
faire un pas en avant mais ses jambes cédèrent sous lui. Tout devint alors
sombre, son corps s’engourdit avec une rapidité impressionnante. Le châtain
tenta de lutter vainement. Cependant, il ne put résister et sombra dans
l’inconscience.
A suivre …