Un employé pas comme les autres
( La vie d’un ange de la mort )
Titre :
Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 01
Genre :
Yaoï / Policier
/ Intrigue
Couple : Euh ... SURPRISE !!
Disclamer : Histoire originale qui j'espère vous plaira...
Rendez-vous
La nuit
était tombée depuis déjà pas mal de temps sur la ville. Cette dernière s’était
par la même occasion illuminée de mille couleurs toutes plus vives les unes que
les autres, rendant les rues presque féeriques. Ces lumières provenaient pour la
plupart des voitures circulant encore la nuit, mais aussi des grandes enseignes
de magasins, ainsi que des bars et autres clubs qui eux n’ouvraient que le soir
pour la plupart. A cette heure ci, une majorité de la population était rentré
chez elle après une dure journée de travail tandis que d’autres commençaient
seulement leur boulot ou bien avaient décidé de faire des heures
supplémentaires.
C’était le cas de ce jeune homme, brun plutôt bien coiffé, approchant la
trentaine et vêtu d’un costume sombre sortant d’un grand couturier. Il était
installé à son bureau avec une pile de documents devant lui qu’il lisait,
apparemment avec soin, avant d’y apposer sa signature, suivi d’un cachet,
certainement avec le nom de sa société inscrit dessus.
Les traits du visage de cet homme étaient durs et sérieux alors qu’il parcourait
de son regard sombre chaque feuille de chaque dossier. Rien ne trahissait la
fatigue qui était pourtant présente. Apparemment ce n’était pas cela qui le
stopperait dans son travail, ni quoique ce soit d’autre… Il apparaissait évident
qu’il était un acharné du travail qui ne se reposait qu’une fois sa tâche
accomplie. Même le petit heurt contre la porte du bureau ne lui fit pas relever
la tête. C’est donc en lisant toujours qu’il autorisa la personne à entrer et
cela d’une voix forte, claire et dure.
La porte s’ouvrit doucement sur un homme relativement grand et bien bâti. Il
était vêtu d’un costume noir ainsi qu’une chemise blanche immaculé dont les deux
premiers boutons étaient ouverts, découvrant un torse particulièrement bien
musclé. Il s’avança dans la pièce après avoir fermé la porte derrière lui, d’un
pas sûr, ses cheveux mis longs châtains volant doucement. Lorsqu’il arriva
devant le bureau du brun, il enleva ses lunettes de soleil avant de s’incliner
respectueusement.
- Bonsoir Shinohara-sama. » salua-t-il poliment en restant toujours incliné.
L’interpellé releva les yeux pour poser son regard froid sur son employé. Il
l’observa un instant avant d’écraser sa cigarette dans son cendrier et de
remonter ses lunettes tout en croisant les jambes. Lentement, il se passa une
main dans les cheveux pour les remettre en arrière.
- Redressez-vous Nakada-san. » ordonna-t-il d’une voix neutre. « Et dites moi ce
qui vous amène. »
Le châtain obéit et se redressa avant d’observer son patron tout en lui tendant
une feuille. Il fit un pas de plus qui le mena plus proche du bureau afin de
poser le papier devant le brun. Ce dernier baissa les yeux puis saisit le
document pour le parcourir rapidement. Il releva ensuite la tête et reporta son
attention sur son employé.
- Quand avez-vous reçu ceci ? » demanda-t-il avec calme et froideur.
- Il y a quelques instants Shinohara-sama. » répondit Nakada d’une voix claire.
Le brun regarda à nouveau la feuille qu’il tenait toujours, tout en
réfléchissant. L’expression de son visage s’était faite plus grave alors qu’il
sortait son paquet de cigarette de sa poche pour en prendre une du bout des
lèvres. Il saisit ensuite son briquet pour l’allumer, sans quitter le document
des yeux, le lisant encore et encore.
Finalement, il reposa la feuille devant lui tout en soufflant un nuage de fumé.
Il observa à nouveau son employé de façon froide.
- Contactez le. Je veux le voir demain à dix heures précises. » déclara-t-il
avec sérieux.
Le châtain fit un signe affirmatif de la tête en guise de réponse, avant de
s’incliner respectueusement et de se diriger vers la sortie, quittant ensuite le
bureau dans le silence le plus total.
Après son départ, le patron reprit le document en main pour le lire à nouveau,
enregistrant chaque détail intéressant. Ceci fait, il le rangea soigneusement
dans une pochette cartonnée se trouvant à côté de lui. Il observa cette dernière
pendant un cour instant puis fit tourner son fauteuil sur lui-même afin de
regarder par la fenêtre tout en tirant une bouffée sur sa cigarette.
Il observa les éclairages de la ville qui scintillaient de mille feus. Être au
dernier étage d’un des plus grands immeubles de la ville, offrait pas mal
d’avantages en soi dont celui de voir une féerie de lumières. Du moins pour ceux
qui aimait regarder ce genre de spectacles, ce qui était son cas dès qu’il avait
besoin de réfléchir à certaines choses. Cela l’aidait à se détendre et ainsi à
prendre les bonnes décisions quand il y en avait à prendre.
En ce qui concernait l’instant présent, c’était surtout pour se faire une idée
sur le genre de personne qu’il allait recevoir le lendemain, et cela par rapport
à ce qu’il avait lu. N’importe quel patron d’entreprise comme lui en ferait de
même, tout en sachant pertinemment qu’ils pouvaient se tromper. Personne n’était
capable d’affirmer comment serait tel ou tel homme aussi bien physiquement que
moralement en ne lisant qu’une simple lettre.
Alors à quoi cela servait-il de se l’imaginer ?
C’était une bonne question à laquelle le brun ne pouvait répondre mais à
l’instant précis, pour lui, cela lui permettait de se changer les idées et de
faire autre chose que de lire et signer des documents. Enfin, il n’allait pas
non plus se plaindre de son travail après tout il avait une très bonne place…
En effet, le jeune homme était son propre patron, sa société était l’une des
plus réputées au monde en électronique aussi bien dans le domaine militaire que
dans la communication ou même dans l’aéronautique. Il possédait un grand nombre
d’entreprises sur les cinq continents fabriquant divers produits pour ces
marchés. Ce n’était pas lui qui avait crée tout cela, il n’avait fait que
reprendre le flambeau de son père qui en avait fait autant du sien et ainsi de
suite. Cependant, il fallait quand même un bon sens des affaires pour mener et
surtout tenir une société au sommet comme il le faisait.
Mais il n’y avait pas uniquement cela dont il devait s’occuper.
Son défunt père en mourrant lui avait aussi laissé la direction d’affaires bien
moins conventionnelles et surtout hors la loi comme le trafics d’arme et de
drogue. Par la même occasion, le brun était devenu le chef d’une grande famille
de yakuza particulièrement respectée et redoutée de beaucoup de monde. Comme sa
société, il savait la mener sans rencontrer la moindre difficulté… Du moins avec
la justice. Avec ses rivaux, c’était une tout autre histoire, et surtout avec
une famille en particulier. Heureusement, le jeune homme savait utiliser sa tête
pour se sortir des pires situations dans lesquels il se trouvait parfois
confrontées, cherchant toujours un moyen de tourner les affaires à son avantage.
Si son père avait été encore en vie, il aurait très certainement été fier de
lui.
Le patron de la société Shinohara ferma les yeux en passant à lui. Il lui
manquait tant… Pourtant cela faisait déjà huit ans qu’il était mort, huit ans
que ce drame était arrivé… Comme le temps passait vite…Cependant, quel dommage
que les blessures, relativement profondes, dues à cet évènement, ne soient pas
encore guéries…
Plongé dans ses pensées, le brun n’entendit pas une porte sur le côté s’ouvrir.
Une personne s’avança dans le bureau silencieusement, en direction du patron.
- A quoi penses-tu ? » demanda brusquement le nouveau venu ramenant le
propriétaire des lieux à la réalité.
Ce dernier, surpris mais le masquant, se tourna vers celui qui venait de parler,
un jeune homme un peu plus grand que la moyenne, aux cheveux blonds courts et
aux yeux bleu ciel. Il devait avoir à peu près son âge et était vêtu simplement
d’un jean classique et d’une chemise blanche ouverte sur son torse. Un beau
sourire étirait ses lèvres tandis qu’il continuait à s’avancer vers le brun, son
regard planté dans le sien. Dès qu’il fut face à lui, le patron de la
société Shinohara, posa une main sur sa joue pour la caresser avec tendresse.
Ses yeux ne quittaient pas les siens.
- A rien… » répondit-il d’une voix plus douce que celle qu’il avait utilisé pour
l’homme quelques instants plus tôt.
Le blond saisit la main sur son visage avant d’en embrasser la paume. Puis il se
pencha un peu et approcha ses lèvres de celles de son vis-à-vis afin de
l’embrasser tendrement pendant un court instant.
- Tu mens… » déclara-t-il en s’écartant, sans pour autant perdre son sourire.
« Allez, dis moi tout. »
Le brun soupira longuement en faisant à nouveau tourner son fauteuil vers son
bureau. Il écrasa soigneusement sa cigarette dans son cendrier puis reporta son
attention sur son compagnon. Il l’observa en silence durant un long moment avait
de pousser un nouveau soupir tandis que l’esquisse d’un sourire se dessinait sur
ses lèvres.
- Tu as gagné Gen… Je plaide coupable. » répondit-il avec calme. « Je pensais à
diverses choses dont le passé. »
A cet aveu, le visage du blond se ferma un peu. Il savait combien le passé de
son compagnon était difficile à supporter et surtout à oublier cependant, il
n’aimait guère le voir se le remémorer comme il le faisait de temps en temps.
Même si le brun le masquait bien, Gen savait pertinemment l’effet que cela avait
sur lui. Il avait parfaitement conscience du stress et des regrets qui
s’emparaient de lui durant ces quelques instants. C’était son devoir aussi de
l’aider à oublier.
Doucement, il ferma les yeux tout en posant une main sur l’épaule de son
compagnon avant que ses lèvres déposent un chaste baiser sur son front. Puis, il
se redressa et le regarda à nouveau de façon plus tendre.
- Kouji… » murmura-t-il d’une voix très douce. « Je sais que cela ne sert pas à
grand-chose de te le dire encore, mais c’est du passé. Il faut que tu fasses un
trait dessus. J’ai bien conscience que cela est difficile, surtout pour toi,
mais dis-toi que cela ne le ramènera pas. »
Le patron de la société Shinohara ferma à son tour les yeux tout en posant une
main sur celle de celui qui était son amant. Il savait très bien que celui-ci
avait raison mais c’était plus fort que lui, il ne pouvait faire abstraction de
ce passé si douloureux. Mais pour Gen il devait fait un effort.
Quoi de mieux que de changer de sujet pour oublier tout cela ? C’était une
spécialité du brun dès qu’il abordait une discussion qu’il considérait comme
épineuse.
Il se pencha alors un peu en avant pour saisir la pochette cartonnée dans
laquelle il avait rangé le document qu’il avait reçu. Il la tendit à son
compagnon, le regard sérieux. Le blond haussa un sourcil étonné en voyant le
dossier et en le prenant avec délicatesse.
- Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il intrigué.
- Une lettre que l’un de mes hommes de main m’a apporté tout à l’heure. »
répondit Kouji en allumant une nouvelle cigarette.
Gen fixa son patron et en amant avant de pousser un long soupir, quelque peu
exaspéré par son attitude. Il ne changerait jamais… Dès qu’une conversation
devenait gênante de son point de vue, il préférait changer de sujet. Cela était
plutôt déconcertant au départ, surtout pour les personnes ne le connaissant pas
mais au final, tout le monde finissait par s’y habituer. Les gens généralement
retenaient le type de conversation qu’il ne fallait pas abordé et l’évitait
soigneusement.
Le blond secoua un peu la tête de gauche à droite devant ce comportement mais
n’en dit point mot. Il ouvrit doucement le dossier avant de parcourir du regard
la longue lettre que Kouji avait reçu. Il était sérieux dans sa lecture tandis
qu’une étincelle intéressée commençait à éclairer son regard.
Sa lecture terminée, il releva les yeux vers le brun avant de le fixer
intensément tout en lui rendant son dossier.
- Voilà quelqu’un d’intéressant. » déclara-t-il en souriant. « Tu as demandé à
le voir ? »
- Oui. Demain. » répondit simplement Kouji en tirant une bouffée sur sa
cigarette avant de souffler un nuage de fumé.
- Bien. » fit Gen sans faire de commentaires inutiles sur la question.
Il fixa le brun en silence puis s’écarta pour s’approcher de la baie vitrée afin
d’observer un peu les lumières de la ville. Le brun le suivit un instant du
regard avant de reporter son attention sur le travail qu’il n’avait toujours pas
terminé. Il rangea soigneusement la pochette cartonnée avec le document
concernant son rendez vous du lendemain puis se remit au boulot en saisissant
les quelques dossiers qui lui restaient à lire et à signer.
Ceci terminé, il se leva puis se dirigea vers la porte par laquelle Gen était
entré. Il l’ouvrit avant de se tourner vers son amant pour le fixer.
- Tu viens ? » demanda-t-il d’une voix calme. « Nous allons nous coucher. Sauf
bien entendu si tu veux rester tout le reste de la nuit ici à observer la
ville. »
Le blond lui fit face et de l’observa en croisant les bras sur son torse. Il
secoua doucement la tête de gauche à droite puis de rejoignit son compagnon pour
rentrer dans l’appartement de ce dernier qui se trouvait juste à côté de son
bureau. Au passage, Gen lui donna une petite tape sur les fesses en guise de
vengeance. Kouji soupira longuement mais ne répondit pas. Il le suivit tout en
fermant derrière lui.
Le lendemain matin, le patron de la société Shinohara, après s’être
convenablement préparé, se rendit dans son bureau comme tous les jours. Il
s’installa devant son ordinateur, laissé allumé toute la nuit, pour se mettre au
boulot. En attendant son rendez vous de dix heures, il décida de vérifier les
chiffres d’affaires qu’il avait reçu le matin même, concernant certaines de ses
entreprises Tout marchait pour le mieux, comme d’habitude. Ses affaires
fonctionnaient à merveille et le profit était élevé. Ce qui ravirait très
certainement les salariés lorsqu’ils recevraient leurs primes d’intéressement.
Ceci terminé, le brun se mit en devoir de lire un dossier sur une future affaire
qu’il aurait à traiter avec l’un de ses investisseurs. Il avait encore le temps
pour travailler dessus mais Kouji aimait prendre de l’avance et surtout bien
connaître un dossier avant de le traiter.
Vers les dix heures moins dix, son téléphone sonna. Le jeune homme releva les
yeux de son dossier puis remonta ses lunettes avec calme avant de décrocher.
- Shinohara-sama, votre rendez-vous de dix heures est arrivé. » annonça la douce
voix de sa secrétaire.
- Faites-le venir. » ordonna le brun de son ton froid habituel.
Kouji rangea doucement le dossier qu’il étudiait avant de sortir la pochette
avec la lettre reçu dans la nuit concernant son visiteur. Il fixa la porte par
laquelle ce dernier allait entrer, certainement accompagné de la secrétaire.
Le brun se demandait bien à quel genre d’homme il allait avoir affaire…
Le patron de la société Shinohara masqua sa très grande surprise lorsqu’il vit
entrer sa secrétaire suivit de son futur employé, un jeune homme ne dépassant
pas les vingt ans et franchement un peu trop fin pour un tueur. Il s’était
plutôt attendu à un homme bien mieux bâti et ayant la trentaine d’année mais ce
gamin en était très loin… Cependant, Kouji savait qu’il ne fallait pas se fier
aux apparences. Elles pouvaient être très trompeuses.
Le propriétaire des lieux alluma calmement une cigarette avant de poser son
regard froid et dur sur ce prétendant au poste d’homme de main pour le
détailler. Ce jeune homme était un peu plus petit que la moyenne avec des
cheveux châtain clair courts et un peu en bataille. Ses yeux expressifs étaient
bleu gris, couleur plutôt rare mais absolument magnifique. Mais ce qui semblait
le plus surprenant chez ce garçon était ce teint plus que pâle lui donnant un
air maladif. Autant dire que rien chez ce jeune homme ne laissait penser qu’il
était un tueur…
Ses références étaient-elle pur mensonge et invention ?
Cela Kouji allait vite le savoir durant leur entretien.
Suite à cette courte observation de celui qui serait peut être un futur employé,
le brun porta son attention sur sa secrétaire. Il lui fit un petit signe de tête
lui indiquant qu’elle pouvait les laisser seul. La jeune femme ne se le fit pas
dire deux fois et s’inclina respectueusement devant son patron avant de sortir
rapidement.
Après le départ de la secrétaire, le maître des lieux fixa à nouveau le jeune
homme qui avait regardé la jeune femme sortir. Il tendit une main vers un
fauteuil en cuir situé devant son bureau.
- Asseyez-vous, je vous prie. » invita-t-il d’un ton neutre.
Le jeune homme s’inclina respectueusement devant Kouji puis s’avança vers le
fauteuil que ce dernier lui présentait avant de s’asseoir. Lentement, il croisa
les jambes puis posa son regard sur le patron de la société Shinohara. Un fin
sourire étirait les lèvres du soi disant tueur. Il paraissait parfaitement calme
et détendu.
Le brun l’observa froidement, ne le quittant pas des yeux. Une fois le jeune
homme installé confortablement, il prit une cigarette et l’alluma. Il saisit
ensuite le curriculum vitae afin de l’examiner attentivement. Kouji tirait
lentement sur sa cigarette, lisant en silence, se remémorant chaque passage qui
pourrait être intéressant.
Au bout de quelques minutes, il releva les yeux pour les planter dans le regard
bleu gris de son vis-à-vis.
- Vous vous nommez Seishi Inazuma et vous postulez pour la place d’homme de main
que je propose. » rappela-t-il d’une voix monocorde.
Kouji tira sur sa cigarette, marquant une pause par la même occasion, profitant
pour encore détailler le jeune homme du regard. Son regard était toujours aussi
froid, voir glacial, tout comme ce ton qu’il employait.
Cependant, cela ne semblait pas impressionner Seishi qui restait souriant. Ses
yeux étaient remplis de douceur, rendant le jeune homme encore moins crédible
dans le rôle de tueur.
Le brun porta à nouveau sa cigarette à ses lèvres mais la garda cette fois ci.
Son regard se posa à nouveau sur la feuille qu’il tenait.
- Votre date de naissance n’est pas mentionnée. » reprocha-t-il brusquement, son
ton ne changeant toujours pas. « Quelles en sont les raisons ? »
Le sourire du châtain s’agrandit un peu à cette question comme si il s’attendait
à ce qu’elle soit posée. Ce qui devait être certainement le cas. Il pencha
légèrement la tête sur le côté.
- Tout simplement parce que je suis encore jeune et que cela joue en ma défaveur
lorsque je postule pour un emploi d’homme de main. » répondit-il franchement
d’une voix douce, calme et très clair mais pourtant très mature.
- Je vois… » répondit le brun en le fixant toujours.
Kouji ne s’attendait pas à ce que ce jeune homme ait une voix comme celle-ci. Il
l’avait imaginé plus enfantine mais cela était loin d’être le cas. Enfin, les
intonations de sa voix n’avaient que peu d’importance. Seul comptait son
expérience dans le métier mentionné dans ce curriculum et qui paraissait peu
plausible par rapport à son âge…
- Quel âge avez vous ? » demanda-t-il froidement.
- J’ai un peu plus de vingt, Shinohara-sama. » répondit Seishi tout sourire.
« Et permettez moi de prendre les devants… Donc, sans vouloir vous manquer de
respect, ni même me montrer impoli, cela n’est pas trop jeune. Je fais ce métier
depuis l’âge de quinze ans. »
Le châtain avait dit ces quelques mots sans se départir de son sourire. Son ton
restait le même, doux et calme. Le patron de la société Shinohara le fixa
intensément sans montrer la moindre surprise. Ce jeune homme avait du caractère.
De plus, il semblait avoir l’habitude de ce genre de critiques. Ce qui
expliquait le fait qu’il ait préféré tout de suite mettre les choses au clair.
Franchement, cela était-il surprenant que d’autres employeurs aient mis en doute
ses compétences ?
Non…
Il faisait si jeune.
Comment ne pas douter de sa bonne foi ?
Kouji tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette, restant parfaitement calme
malgré ce que venait de dire ce petit insolent. Cette assurance que ce jeune
homme possédait, ainsi que son caractère, lui plaisait énormément. C’était des
choses qu’il rencontrait rarement chez les personnes qu’il avait en entretien.
En règle générale, ses rendez vous semblait plus le craindre qu’autre chose.
Cela était dû, d’une part à son physique imposant, d’autre part à son caractère
des plus glacial et dur.
- Mais si vous doutez de mes compétences, vous pouvez toujours contacter mes
anciens employeurs. Du moins ceux qui ont accepté de m’embaucher. » ajouta le
jeune tueur se montrant une fois de plus insolent mais avec en prime une petite
pointe d’agressivité dans la voix.
Il fallait se mettre à sa place et comprendre ce qu’il ressentait. Seishi
commençait à en avoir assez d’être considéré comme un gamin qui mentait sur son
passé de tueur uniquement pour trouver un travail. Ce qui était loin d’être le
cas puisqu’il était vraiment un assassin. Hélas, son physique ne cessait de
jouer en sa défaveur, ce qui était parfois assez exaspérant pour lui. Cependant,
là, il ne pouvait se permettre de rater cet entretien à cause de ce genre de
préjugés et de ne pas être embauché. Si jamais il venait à passer à côté, il
aurait de très gros problèmes avec d’autres personnes. Mais cela était une autre
histoire…
Kouji, de son côté, ne répliqua pas. Il ne faisait que fixer ce jeune insolent
mais au caractère des plus plaisants. Il semblait être une personne sûr d’elle
et un brin emporté. Le patron de la société Shinohara aimait beaucoup ce genre
de personnalité, même si cela était difficile à maîtriser, ce qui pouvait
s’avérer dangereux dans le cadre des missions.
Le patron de la société réfléchit à tout ça en parcourant encore le Curriculum
Vitae. Il hésitait à le prendre. Il fallait avouer que cela n’était pas un choix
facile à faire. Comment savoir si ce jeune homme était réellement ce qu’il
prétendait être ? Comment faire confiance à un parfait inconnu lorsqu’on est un
grand chef Yakuza, cible de nombreux ennemis ? Cela n’était pas chose facile.
Cependant, Kouji prit sa décision.
- Très bien… » commença-t-il en reposant la feuille qu’il tenait. « Je vais vous
mettre à l’essai pendant un mois. Si durant ce laps de temps, votre travail me
satisfait, je vous embaucherai. Dans le cas contraire, vous prendrez la porte.
Je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que vous allez faire comme travail, vous
devez vous en doutez. »
Le jeune tueur fit un signe affirmatif de la tête en guise de réponse. Un fin
sourire satisfait étirait ses lèvres. Il était particulièrement ravi que cet
employeur lui accorde une chance de lui montrer ce dont il était réellement
capable. Seishi savait que le brun ne regretterait rien, comme tous ceux qui
l’avait embauché par le passé.
De son côté, Kouji l’observa encore attentivement, restant impassible à ce
sourire qui étirait les lèvres de son nouvel employé. Il semblait content de
cette nouvelle. Tant mieux pour lui… Mais le patron lui ne pensait qu’à une
chose… Voir ce dont il était vraiment capable. Savoir si ce qui était inscrit
sur cette feuille n’était pas un mensonge. Cela, il s’en rendrait vite compte.
Le brun plaça avec calme le curriculum vitae dans un dossier avant de prendre
son paquet de cigarette pour en allumer une nouvelle. Il tira une bouffée puis
souffla un nuage de fumé en l’air.
- Bien… » fit-il d’une voix toujours aussi neutre. « Vous vous présenterez
demain matin à huit précise ici même. Je vous ferais signer votre contrat.
Ensuite vous irez visiter le bâtiment avec un autre de mes hommes de main. Si
vous n’avez pas de questions, Ce sera tout. »
- Je n’ai pas de question. » répondit aimablement Seishi en souriant toujours
pas le moins impressionné par la froideur de l’homme qui se tenait face à lui.
La réponse donnée, Kouji se leva doucement imité aussitôt par le châtain. Il fit
le tour de son bureau afin de se diriger vers la porte et de l’ouvrir. Il se
tourna ensuite vers son nouvel employé. Était-il nécessaire de préciser que soin
regard était froid et dur ? Non… Le brun était ainsi avec tout le monde.
- Je vous raccompagne pas, vous trouverez très bien la sortie tout seul. »
déclara-t-il d’une voix calme et glaciale. « Bonne journée. »
Seishi sortit du bureau avant de se tourner vers son nouveau patron pour lui
répondre mais à la place, il rencontra la porte. Il resta quelques instants
interdits, surpris par cette façon d’agir peu aimable. Cependant, il ne s’en
soucia guère plus. Il avait un peu entendu parler de cet homme, sa réputation
l’avait précédé. Il était ainsi avec tout le monde et cela depuis des années. A
quoi cela était-il dû ? Le tueur n’aurait su répondre à cette question. Enfin,
cela importait peu… Le principal étant qu’il avait le boulot même si cela était
juste un contrat d’un mois au départ. Il savait déjà que son patron serait
convaincu par son « talent ». Le châtain poussa un petit soupir puis se dirigea
vers l’ascenseur non sans faire un petit salut de la tête à la secrétaire, en
souriant toujours.
A suivre …