Un employé pas comme les autres
( La vie d’un ange de la mort )



Titre :  Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 01
Genre :
Yaoï / Policier / Intrigue
Couple :  Euh ... SURPRISE !!
Disclamer : Histoire originale qui j'espère vous plaira...


Rendez-vous

La nuit était tombée depuis déjà pas mal de temps sur la ville. Cette dernière s’était par la même occasion illuminée de mille couleurs toutes plus vives les unes que les autres, rendant les rues presque féeriques. Ces lumières provenaient pour la plupart des voitures circulant encore la nuit, mais aussi des grandes enseignes de magasins, ainsi que des bars et autres clubs qui eux n’ouvraient que le soir pour la plupart. A cette heure ci, une majorité de la population était rentré chez elle après une dure journée de travail tandis que d’autres commençaient seulement leur boulot ou bien avaient décidé de faire des heures supplémentaires.
C’était le cas de ce jeune homme, brun plutôt bien coiffé, approchant la trentaine et vêtu d’un costume sombre sortant d’un grand couturier. Il était installé à son bureau avec une pile de documents devant lui qu’il lisait, apparemment avec soin, avant d’y apposer sa signature, suivi d’un cachet, certainement avec le nom de sa société inscrit dessus.
Les traits du visage de cet homme étaient durs et sérieux alors qu’il parcourait de son regard sombre chaque feuille de chaque dossier. Rien ne trahissait la fatigue qui était pourtant présente. Apparemment ce n’était pas cela qui le stopperait dans son travail, ni quoique ce soit d’autre… Il apparaissait évident qu’il était un acharné du travail qui ne se reposait qu’une fois sa tâche accomplie. Même le petit heurt contre la porte du bureau ne lui fit pas relever la tête. C’est donc en lisant toujours qu’il autorisa la personne à entrer et cela d’une voix forte, claire et dure.
La porte s’ouvrit doucement sur un homme relativement grand et bien bâti. Il était vêtu d’un costume noir ainsi qu’une chemise blanche immaculé dont les deux premiers boutons étaient ouverts, découvrant un torse particulièrement bien musclé. Il s’avança dans la pièce après avoir fermé la porte derrière lui, d’un pas sûr, ses cheveux mis longs châtains volant doucement. Lorsqu’il arriva devant le bureau du brun, il enleva ses lunettes de soleil avant de s’incliner respectueusement.
 
- Bonsoir Shinohara-sama. » salua-t-il poliment en restant toujours incliné.
 
L’interpellé releva les yeux pour poser son regard froid sur son employé. Il l’observa un instant avant d’écraser sa cigarette dans son cendrier et de remonter ses lunettes tout en croisant les jambes. Lentement, il se passa une main dans les cheveux pour les remettre en arrière.
 
- Redressez-vous Nakada-san. » ordonna-t-il d’une voix neutre. « Et dites moi ce qui vous amène. »
 
Le châtain obéit et se redressa avant d’observer son patron tout en lui tendant une feuille. Il fit un pas de plus qui le mena plus proche du bureau afin de poser le papier devant le brun. Ce dernier baissa les yeux puis saisit le document pour le parcourir rapidement. Il releva ensuite la tête et reporta son attention sur son employé.
 
- Quand avez-vous reçu ceci ? » demanda-t-il avec calme et froideur.
- Il y a quelques instants Shinohara-sama. » répondit Nakada d’une voix claire.
 
Le brun regarda à nouveau la feuille qu’il tenait toujours, tout en réfléchissant. L’expression de son visage s’était faite plus grave alors qu’il sortait son paquet de cigarette de sa poche pour en prendre une du bout des lèvres. Il saisit ensuite son briquet pour l’allumer, sans quitter le document des yeux, le lisant encore et encore.
Finalement, il reposa la feuille devant lui tout en soufflant un nuage de fumé. Il observa à nouveau son employé de façon froide.
 
- Contactez le. Je veux le voir demain à dix heures précises. » déclara-t-il avec sérieux.
 
Le châtain fit un signe affirmatif de la tête en guise de réponse, avant de s’incliner respectueusement et de se diriger vers la sortie, quittant ensuite le bureau dans le silence le plus total.
 
Après son départ, le patron reprit le document en main pour le lire à nouveau, enregistrant chaque détail intéressant. Ceci fait, il le rangea soigneusement dans une pochette cartonnée se trouvant à côté de lui. Il observa cette dernière pendant un cour instant puis fit tourner son fauteuil sur lui-même afin de regarder par la fenêtre tout en tirant une bouffée sur sa cigarette.
Il observa les éclairages de la ville qui scintillaient de mille feus. Être au dernier étage d’un des plus grands immeubles de la ville, offrait pas mal d’avantages en soi dont celui de voir une féerie de lumières. Du moins pour ceux qui aimait regarder ce genre de spectacles, ce qui était son cas dès qu’il avait besoin de réfléchir à certaines choses. Cela l’aidait à se détendre et ainsi à prendre les bonnes décisions quand il y en avait à prendre.
En ce qui concernait l’instant présent, c’était surtout pour se faire une idée sur le genre de personne qu’il allait recevoir le lendemain, et cela par rapport à ce qu’il avait lu. N’importe quel patron d’entreprise comme lui en ferait de même, tout en sachant pertinemment qu’ils pouvaient se tromper. Personne n’était capable d’affirmer comment serait tel ou tel homme aussi bien physiquement que moralement en ne lisant qu’une simple lettre.
Alors à quoi cela servait-il de se l’imaginer ?
C’était une bonne question à laquelle le brun ne pouvait répondre mais à l’instant précis, pour lui, cela lui permettait de se changer les idées et de faire autre chose que de lire et signer des documents. Enfin, il n’allait pas non plus se plaindre de son travail après tout il avait une très bonne place…
En effet, le jeune homme était son propre patron, sa société était l’une des plus réputées au monde en électronique aussi bien dans le domaine militaire que dans la communication ou même dans l’aéronautique. Il possédait un grand nombre d’entreprises sur les cinq continents fabriquant divers produits pour ces marchés. Ce n’était pas lui qui avait crée tout cela, il n’avait fait que reprendre le flambeau de son père qui en avait fait autant du sien et ainsi de suite. Cependant, il fallait quand même un bon sens des affaires pour mener et surtout tenir une société au sommet comme il le faisait.
Mais il n’y avait pas uniquement cela dont il devait s’occuper.
Son défunt père en mourrant lui avait aussi laissé la direction d’affaires bien moins conventionnelles et surtout hors la loi comme le trafics d’arme et de drogue. Par la même occasion, le brun était devenu le chef d’une grande famille de yakuza particulièrement respectée et redoutée de beaucoup de monde. Comme sa société, il savait la mener sans rencontrer la moindre difficulté… Du moins avec la justice. Avec ses rivaux, c’était une tout autre histoire, et surtout avec une famille en particulier. Heureusement, le jeune homme savait utiliser sa tête pour se sortir des pires situations dans lesquels il se trouvait parfois confrontées, cherchant toujours un moyen de tourner les affaires à son avantage. Si son père avait été encore en vie, il aurait très certainement été fier de lui.
Le patron de la société Shinohara ferma les yeux en passant à lui. Il lui manquait tant… Pourtant cela faisait déjà huit ans qu’il était mort, huit ans que ce drame était arrivé… Comme le temps passait vite…Cependant, quel dommage que les blessures, relativement profondes, dues à cet évènement, ne soient pas encore guéries…
Plongé dans ses pensées, le brun n’entendit pas une porte sur le côté s’ouvrir. Une personne s’avança dans le bureau silencieusement, en direction du patron.
 
- A quoi penses-tu ? » demanda brusquement le nouveau venu ramenant le propriétaire des lieux à la réalité.
 
Ce dernier, surpris mais le masquant, se tourna vers celui qui venait de parler, un jeune homme un peu plus grand que la moyenne, aux cheveux blonds courts et aux yeux bleu ciel. Il devait avoir à peu près son âge et était vêtu simplement d’un jean classique et d’une chemise blanche ouverte sur son torse. Un beau sourire étirait ses lèvres tandis qu’il continuait à s’avancer vers le brun, son regard planté dans le sien. Dès qu’il fut face à lui, le patron de la société Shinohara, posa une main sur sa joue pour la caresser avec tendresse. Ses yeux ne quittaient pas les siens.
 
- A rien… » répondit-il d’une voix plus douce que celle qu’il avait utilisé pour l’homme quelques instants plus tôt.
 
Le blond saisit la main sur son visage avant d’en embrasser la paume. Puis il se pencha un peu et approcha ses lèvres de celles de son vis-à-vis afin de l’embrasser tendrement pendant un court instant.
 
- Tu mens… » déclara-t-il en s’écartant, sans pour autant perdre son sourire. « Allez, dis moi tout. »
 
Le brun soupira longuement en faisant à nouveau tourner son fauteuil vers son bureau. Il écrasa soigneusement sa cigarette dans son cendrier puis reporta son attention sur son compagnon. Il l’observa en silence durant un long moment avait de pousser un nouveau soupir tandis que l’esquisse d’un sourire se dessinait sur ses lèvres.
 
- Tu as gagné Gen… Je plaide coupable. » répondit-il avec calme. « Je pensais à diverses choses dont le passé. »
 
A cet aveu, le visage du blond se ferma un peu. Il savait combien le passé de son compagnon était difficile à supporter et surtout à oublier cependant, il n’aimait guère le voir se le remémorer comme il le faisait de temps en temps. Même si le brun le masquait bien, Gen savait pertinemment l’effet que cela avait sur lui. Il avait parfaitement conscience du stress et des regrets qui s’emparaient de lui durant ces quelques instants. C’était son devoir aussi de l’aider à oublier.
Doucement, il ferma les yeux tout en posant une main sur l’épaule de son compagnon avant que ses lèvres déposent un chaste baiser sur son front. Puis, il se redressa et le regarda à nouveau de façon plus tendre.
 
- Kouji… » murmura-t-il d’une voix très douce. « Je sais que cela ne sert pas à grand-chose de te le dire encore, mais c’est du passé. Il faut que tu fasses un trait dessus. J’ai bien conscience que cela est difficile, surtout pour toi, mais dis-toi que cela ne le ramènera pas. »
 
Le patron de la société Shinohara ferma à son tour les yeux tout en posant une main sur celle de celui qui était son amant. Il savait très bien que celui-ci avait raison mais c’était plus fort que lui, il ne pouvait faire abstraction de ce passé si douloureux. Mais pour Gen il devait fait un effort.
Quoi de mieux que de changer de sujet pour oublier tout cela ? C’était une spécialité du brun dès qu’il abordait une discussion qu’il considérait comme épineuse.
Il se pencha alors un peu en avant pour saisir la pochette cartonnée dans laquelle il avait rangé le document qu’il avait reçu. Il la tendit à son compagnon, le regard sérieux. Le blond haussa un sourcil étonné en voyant le dossier et en le prenant avec délicatesse.
 
- Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-il intrigué.
- Une lettre que l’un de mes hommes de main m’a apporté tout à l’heure. » répondit Kouji en allumant une nouvelle cigarette.
 
Gen fixa son patron et en amant avant de pousser un long soupir, quelque peu exaspéré par son attitude. Il ne changerait jamais… Dès qu’une conversation devenait gênante de son point de vue, il préférait changer de sujet. Cela était plutôt déconcertant au départ, surtout pour les personnes ne le connaissant pas mais au final, tout le monde finissait par s’y habituer. Les gens généralement retenaient le type de conversation qu’il ne fallait pas abordé et l’évitait soigneusement.
Le blond secoua un peu la tête de gauche à droite devant ce comportement mais n’en dit point mot. Il ouvrit doucement le dossier avant de parcourir du regard la longue lettre que Kouji avait reçu. Il était sérieux dans sa lecture tandis qu’une étincelle intéressée commençait à éclairer son regard.
Sa lecture terminée, il releva les yeux vers le brun avant de le fixer intensément tout en lui rendant son dossier.
 
- Voilà quelqu’un d’intéressant. » déclara-t-il en souriant. « Tu as demandé à le voir ? »
- Oui. Demain. » répondit simplement Kouji en tirant une bouffée sur sa cigarette avant de souffler un nuage de fumé.
- Bien. » fit Gen sans faire de commentaires inutiles sur la question.
 
Il fixa le brun en silence puis s’écarta pour s’approcher de la baie vitrée afin d’observer un peu les lumières de la ville. Le brun le suivit un instant du regard avant de reporter son attention sur le travail qu’il n’avait toujours pas terminé. Il rangea soigneusement la pochette cartonnée avec le document concernant son rendez vous du lendemain puis se remit au boulot en saisissant les quelques dossiers qui lui restaient à lire et à signer.
Ceci terminé, il se leva puis se dirigea vers la porte par laquelle Gen était entré. Il l’ouvrit avant de se tourner vers son amant pour le fixer.
 
- Tu viens ? » demanda-t-il d’une voix calme. « Nous allons nous coucher. Sauf bien entendu si tu veux rester tout le reste de la nuit ici à observer la ville. »
 
Le blond lui fit face et de l’observa en croisant les bras sur son torse. Il secoua doucement la tête de gauche à droite puis de rejoignit son compagnon pour rentrer dans l’appartement de ce dernier qui se trouvait juste à côté de son bureau. Au passage, Gen lui donna une petite tape sur les fesses en guise de vengeance. Kouji soupira longuement mais ne répondit pas. Il le suivit tout en fermant derrière lui.
 
Le lendemain matin, le patron de la société Shinohara, après s’être convenablement préparé, se rendit dans son bureau comme tous les jours. Il s’installa devant son ordinateur, laissé allumé toute la nuit, pour se mettre au boulot. En attendant son rendez vous de dix heures, il décida de vérifier les chiffres d’affaires qu’il avait reçu le matin même, concernant certaines de ses entreprises Tout marchait pour le mieux, comme d’habitude. Ses affaires fonctionnaient à merveille et le profit était élevé. Ce qui ravirait très certainement les salariés lorsqu’ils recevraient leurs primes d’intéressement. Ceci terminé, le brun se mit en devoir de lire un dossier sur une future affaire qu’il aurait à traiter avec l’un de ses investisseurs. Il avait encore le temps pour travailler dessus mais Kouji aimait prendre de l’avance et surtout bien connaître un dossier avant de le traiter.
Vers les dix heures moins dix, son téléphone sonna. Le jeune homme releva les yeux de son dossier puis remonta ses lunettes avec calme avant de décrocher.
 
- Shinohara-sama, votre rendez-vous de dix heures est arrivé. » annonça la douce voix de sa secrétaire.
- Faites-le venir. » ordonna le brun de son ton froid habituel.
 
Kouji rangea doucement le dossier qu’il étudiait avant de sortir la pochette avec la lettre reçu dans la nuit concernant son visiteur. Il fixa la porte par laquelle ce dernier allait entrer, certainement accompagné de la secrétaire.
Le brun se demandait bien à quel genre d’homme il allait avoir affaire…
Le patron de la société Shinohara masqua sa très grande surprise lorsqu’il vit entrer sa secrétaire suivit de son futur employé, un jeune homme ne dépassant pas les vingt ans et franchement un peu trop fin pour un tueur. Il s’était plutôt attendu à un homme bien mieux bâti et ayant la trentaine d’année mais ce gamin en était très loin… Cependant, Kouji savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Elles pouvaient être très trompeuses.
Le propriétaire des lieux alluma calmement une cigarette avant de poser son regard froid et dur sur ce prétendant au poste d’homme de main pour le détailler. Ce jeune homme était un peu plus petit que la moyenne avec des cheveux châtain clair courts et un peu en bataille. Ses yeux expressifs étaient bleu gris, couleur plutôt rare mais absolument magnifique. Mais ce qui semblait le plus surprenant chez ce garçon était ce teint plus que pâle lui donnant un air maladif. Autant dire que rien chez ce jeune homme ne laissait penser qu’il était un tueur…
Ses références étaient-elle pur mensonge et invention ?
Cela Kouji allait vite le savoir durant leur entretien.
Suite à cette courte observation de celui qui serait peut être un futur employé, le brun porta son attention sur sa secrétaire. Il lui fit un petit signe de tête lui indiquant qu’elle pouvait les laisser seul. La jeune femme ne se le fit pas dire deux fois et s’inclina respectueusement devant son patron avant de sortir rapidement.
Après le départ de la secrétaire, le maître des lieux fixa à nouveau le jeune homme qui avait regardé la jeune femme sortir. Il tendit une main vers un fauteuil en cuir situé devant son bureau.
 
- Asseyez-vous, je vous prie. » invita-t-il d’un ton neutre.
 
Le jeune homme s’inclina respectueusement devant Kouji puis s’avança vers le fauteuil que ce dernier lui présentait avant de s’asseoir. Lentement, il croisa les jambes puis posa son regard sur le patron de la société Shinohara. Un fin sourire étirait les lèvres du soi disant tueur. Il paraissait parfaitement calme et détendu.
Le brun l’observa froidement, ne le quittant pas des yeux. Une fois le jeune homme installé confortablement, il prit une cigarette et l’alluma. Il saisit ensuite le curriculum vitae afin de l’examiner attentivement. Kouji tirait lentement sur sa cigarette, lisant en silence, se remémorant chaque passage qui pourrait être intéressant.
Au bout de quelques minutes, il releva les yeux pour les planter dans le regard bleu gris de son vis-à-vis.
 
- Vous vous nommez Seishi Inazuma et vous postulez pour la place d’homme de main que je propose. » rappela-t-il d’une voix monocorde.
 
Kouji tira sur sa cigarette, marquant une pause par la même occasion, profitant pour encore détailler le jeune homme du regard. Son regard était toujours aussi froid, voir glacial, tout comme ce ton qu’il employait.
Cependant, cela ne semblait pas impressionner Seishi qui restait souriant. Ses yeux étaient remplis de douceur, rendant le jeune homme encore moins crédible dans le rôle de tueur.
Le brun porta à nouveau sa cigarette à ses lèvres mais la garda cette fois ci. Son regard se posa à nouveau sur la feuille qu’il tenait.
 
- Votre date de naissance n’est pas mentionnée. » reprocha-t-il brusquement, son ton ne changeant toujours pas. « Quelles en sont les raisons ? »
 
Le sourire du châtain s’agrandit un peu à cette question comme si il s’attendait à ce qu’elle soit posée. Ce qui devait être certainement le cas. Il pencha légèrement la tête sur le côté.
 
- Tout simplement parce que je suis encore jeune et que cela joue en ma défaveur lorsque je postule pour un emploi d’homme de main. » répondit-il franchement d’une voix douce, calme et très clair mais pourtant très mature.
- Je vois… » répondit le brun en le fixant toujours.
 
Kouji ne s’attendait pas à ce que ce jeune homme ait une voix comme celle-ci. Il l’avait imaginé plus enfantine mais cela était loin d’être le cas. Enfin, les intonations de sa voix n’avaient que peu d’importance. Seul comptait son expérience dans le métier mentionné dans ce curriculum et qui paraissait peu plausible par rapport à son âge…
 
- Quel âge avez vous ? » demanda-t-il froidement.
- J’ai un peu plus de vingt, Shinohara-sama. » répondit Seishi tout sourire. « Et permettez moi de prendre les devants… Donc, sans vouloir vous manquer de respect, ni même me montrer impoli, cela n’est pas trop jeune. Je fais ce métier depuis l’âge de quinze ans. »
 
Le châtain avait dit ces quelques mots sans se départir de son sourire. Son ton restait le même, doux et calme. Le patron de la société Shinohara le fixa intensément sans montrer la moindre surprise. Ce jeune homme avait du caractère. De plus, il semblait avoir l’habitude de ce genre de critiques. Ce qui expliquait le fait qu’il ait préféré tout de suite mettre les choses au clair.
Franchement, cela était-il surprenant que d’autres employeurs aient mis en doute ses compétences ?
Non…
Il faisait si jeune.
Comment ne pas douter de sa bonne foi ?
Kouji tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette, restant parfaitement calme malgré ce que venait de dire ce petit insolent. Cette assurance que ce jeune homme possédait, ainsi que son caractère, lui plaisait énormément. C’était des choses qu’il rencontrait rarement chez les personnes qu’il avait en entretien. En règle générale, ses rendez vous semblait plus le craindre qu’autre chose. Cela était dû, d’une part à son physique imposant, d’autre part à son caractère des plus glacial et dur.
 
- Mais si vous doutez de mes compétences, vous pouvez toujours contacter mes anciens employeurs. Du moins ceux qui ont accepté de m’embaucher. » ajouta le jeune tueur se montrant une fois de plus insolent mais avec en prime une petite pointe d’agressivité dans la voix.
 
Il fallait se mettre à sa place et comprendre ce qu’il ressentait. Seishi commençait à en avoir assez d’être considéré comme un gamin qui mentait sur son passé de tueur uniquement pour trouver un travail. Ce qui était loin d’être le cas puisqu’il était vraiment un assassin. Hélas, son physique ne cessait de jouer en sa défaveur, ce qui était parfois assez exaspérant pour lui. Cependant, là, il ne pouvait se permettre de rater cet entretien à cause de ce genre de préjugés et de ne pas être embauché. Si jamais il venait à passer à côté, il aurait de très gros problèmes avec d’autres personnes. Mais cela était une autre histoire…
Kouji, de son côté, ne répliqua pas. Il ne faisait que fixer ce jeune insolent mais au caractère des plus plaisants. Il semblait être une personne sûr d’elle et un brin emporté. Le patron de la société Shinohara aimait beaucoup ce genre de personnalité, même si cela était difficile à maîtriser, ce qui pouvait s’avérer dangereux dans le cadre des missions.
Le patron de la société réfléchit à tout ça en parcourant encore le Curriculum Vitae. Il hésitait à le prendre. Il fallait avouer que cela n’était pas un choix facile à faire. Comment savoir si ce jeune homme était réellement ce qu’il prétendait être ? Comment faire confiance à un parfait inconnu lorsqu’on est un grand chef Yakuza, cible de nombreux ennemis ? Cela n’était pas chose facile. Cependant, Kouji prit sa décision.
 
- Très bien… » commença-t-il en reposant la feuille qu’il tenait. « Je vais vous mettre à l’essai pendant un mois. Si durant ce laps de temps, votre travail me satisfait, je vous embaucherai. Dans le cas contraire, vous prendrez la porte. Je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que vous allez faire comme travail, vous devez vous en doutez. »
 
Le jeune tueur fit un signe affirmatif de la tête en guise de réponse. Un fin sourire satisfait étirait ses lèvres. Il était particulièrement ravi que cet employeur lui accorde une chance de lui montrer ce dont il était réellement capable. Seishi savait que le brun ne regretterait rien, comme tous ceux qui l’avait embauché par le passé.
De son côté, Kouji l’observa encore attentivement, restant impassible à ce sourire qui étirait les lèvres de son nouvel employé. Il semblait content de cette nouvelle. Tant mieux pour lui… Mais le patron lui ne pensait qu’à une chose… Voir ce dont il était vraiment capable. Savoir si ce qui était inscrit sur cette feuille n’était pas un mensonge. Cela, il s’en rendrait vite compte.
Le brun plaça avec calme le curriculum vitae dans un dossier avant de prendre son paquet de cigarette pour en allumer une nouvelle. Il tira une bouffée puis souffla un nuage de fumé en l’air.
 
- Bien… » fit-il d’une voix toujours aussi neutre. « Vous vous présenterez demain matin à huit précise ici même. Je vous ferais signer votre contrat. Ensuite vous irez visiter le bâtiment avec un autre de mes hommes de main. Si vous n’avez pas de questions, Ce sera tout. »
- Je n’ai pas de question. » répondit aimablement Seishi en souriant toujours pas le moins impressionné par la froideur de l’homme qui se tenait face à lui.
 
La réponse donnée, Kouji se leva doucement imité aussitôt par le châtain. Il fit le tour de son bureau afin de se diriger vers la porte et de l’ouvrir. Il se tourna ensuite vers son nouvel employé. Était-il nécessaire de préciser que soin regard était froid et dur ? Non… Le brun était ainsi avec tout le monde.
 
- Je vous raccompagne pas, vous trouverez très bien la sortie tout seul. » déclara-t-il d’une voix calme et glaciale. « Bonne journée. »
 
Seishi sortit du bureau avant de se tourner vers son nouveau patron pour lui répondre mais à la place, il rencontra la porte. Il resta quelques instants interdits, surpris par cette façon d’agir peu aimable. Cependant, il ne s’en soucia guère plus. Il avait un peu entendu parler de cet homme, sa réputation l’avait précédé. Il était ainsi avec tout le monde et cela depuis des années. A quoi cela était-il dû ? Le tueur n’aurait su répondre à cette question. Enfin, cela importait peu… Le principal étant qu’il avait le boulot même si cela était juste un contrat d’un mois au départ. Il savait déjà que son patron serait convaincu par son « talent ». Le châtain poussa un petit soupir puis se dirigea vers l’ascenseur non sans faire un petit salut de la tête à la secrétaire, en souriant toujours.

A suivre …