Un employé pas comme les autres
( La vie d’un ange de la mort )
Titre :
Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 05
Genre :
Yaoï / Policier
/ Intrigue
Couple : Euh ... SURPRISE !!
Disclamer : Histoire originale qui j'espère vous plaira...
Interrogatoire
Trois
semaines s’étaient écoulées depuis l’arrivée de Seishi Inazuma à la société
Shinohara. Le temps avait passé relativement vite pour tous les employés dont la
surcharge de travail n’avait cessé d’augmenter, donnant l’impression à tous de
ne pas voir le bout du tunnel qu’était les affaires. Finalement, tout s’était
calmé vers la fin du mois, chaque personne travaillant dans l’entreprise put
enfin souffler un peu, ralentissant légèrement le rythme de travail. Tous y
compris le patron, Kouji, en fut particulièrement soulagé, ils pouvaient enfin
prendre un peu de repos.
Cette surcharge de boulot que la société venait de connaître, avait duré bien
plus longtemps que le brun ne l’avait pensé. En général, cela ne s’étalait
jamais sur trois semaines complètes plutôt sur une seule. Mais pour le directeur
cela n’avait guère d’importance, du moment que les affaires marchaient bien,
c’était ce qui comptait. D’ailleurs, Shinohara pouvait se vanter de dire que son
entreprise était bien plus florissante comparée à celles de certains de ses
concurrents. Cependant, ce n’était pas le genre de Kouji de se glorifier de la
sorte. Il restait une personne très modeste ce qui surprenaient souvent les
personnes ne le connaissant pas et le voyant comme quelqu’un de prétentieux ou
d’orgueilleux. Enfin, comme toujours le patron ne se formalisait pas des rumeurs
qui couraient sur son compte, se moquant même de ce qu’on pouvait dire sur lui.
Tout ce qui comptait, était de faire tourner sa société et de gérer au mieux les
affaires familiales que son père lui avait laissé en décédant…
En trois semaines donc, personne n’avait pu échapper à ce brusque amassement de
travail, pas même les tueurs et hommes de la famille. Seishi Inazuma, faisant
parti de ceux là, eut lui aussi pas mal de mission confié par Kouji ou par Gen.
Mais cela ne fit que l’arranger, lui permettant de prouver, ou du moins de
tenter de prouver, à son patron ainsi qu’à son adjoint qu’il était une personne
digne de confiance. En effet, la première mission qui avait été confié au
châtain, avait été refusé par bons nombres de professionnels, la jugeant
impossible à réaliser, cependant lui avait réussi à l’accomplir de façon encore
mystérieuse, éveillant ainsi la méfiance des deux hommes. Heureusement tout
avait un peu évolué durant ce temps, même si le doute était toujours plus ou
moins présent.
Bref, ce jour là, Seishi avait été convoqué par Kouji, très certainement pour se
voir confier une nouvelle mission. Aussitôt après avoir reçu le coup de
téléphone de la secrétaire l’avertissant de cela, il se leva calmement de son
fauteuil pour se rendre à l’ascenseur qui le conduisit au dernier étage de la
société. Comme toujours depuis qu’il était arrivé, il salua très poliment la
jeune femme avant de se diriger vers le bureau de son patron. Il frappa une
seule fois, attendant que la forte voix du brun lui autorise à entrer ce qui
arriva rapidement. Dès qu’il reçut l’ordre, le châtain pénétra dans la grande
pièce, fermant la porte derrière lui. Il s’inclina ensuite respectueusement et
silencieusement. Comme d’habitude, Kouji répondit d’un simple signe de la tête
avant de tendre une main en direction d’un fauteuil se trouvant devant lui,
invitant le jeune homme à s’asseoir. Seishi obéit et vint s’installer
confortablement, un sourire étirant ses lèvres.
- Vous désiriez me voir. » fit-il d’une voix calme.
Kouji prit le temps d’allumer une cigarette tout en croisant les jambes afin de
prendre une position plus confortable dans son fauteuil en cuir. C’était une
chose à laquelle Seishi s’était habitué avec le temps, voir son patron prendre
son temps avant de se décider à révéler les raisons d’une convocation. Cette
attitude stressait bon nombre de personnes mais ne semblait point troubler le
jeune tueur qui gardait toujours le sourire et restait très calme.
Finalement et après une ou deux minutes de silence, le brun se décida à lui
répondre, sa voix toujours froide et monocorde, le regard tout aussi glacial.
Mais une fois encore cela ne touchait pas le châtain qui restait souriant devant
cela et très serein, comme si rien ne pouvait l’atteindre.
- Je tenais à vous voir pour vous féliciter du travail que vous avez fourni
depuis votre arrivé. » déclara-t-il froidement. « Vous êtes un jeune homme
travailleur et avec un très bon potentiel. Vous avez su parfaitement gérer la
surcharge de travail que nous avons eu ces dernières semaines tout en prenant
une légère avance. »
Seishi fut quelque peu surpris d’être convoqué pour recevoir ces compliments,
rares étaient les patrons qui avaient agis de la sorte avec lui. Cela n’était
pas déplaisant, bien au contraire, le châtain devait bien l’avouer. Il inclina
donc la tête très respectueusement devant le brun.
- Merci beaucoup Shinohara-sama. » répondit-il poliment. « Je suis heureux de
voir que mon travail vous satisfait.
Kouji tira doucement sur sa cigarette, observant ce jeune homme qu’il trouvait
toujours aussi étrange mais très efficace. Ce tueur qu’il avait considéré comme
un gamin au départ, était parvenu à surpasser ses meilleurs éléments dans bien
des domaines et le patron de la société avait la nette impression qu’il n’avait
vu tout ce dont il était capable. Mais il avait encore le temps d’en découvrir
plus sur lui. L’aîné décroisa les jambes avant de faire tourner son fauteuil sur
lui-même, se retrouvant face à la baie vitrée, regardant la ville.
- Vous n’avez pas besoin de me remercier. » ajouta-t-il d’un ton dur. « Je pars
du principe qu’un employeur doit savoir complimenter ses employés. C’est le
meilleur moyen pour les encourager à travailler plus et mieux. »
- Même sans compliments, je me suis toujours donné à fond dans mon travail. »
répliqua franchement le jeune homme sans se départir de son sourire.
Le brun fixa froidement le reflet de Seishi dans la glace, restant silencieux.
Décidément, il avait toujours autant de mal à s’habituer à ce côté franc et
pourtant si plaisant de ce jeune homme. Tant de personnes craignaient de lui
dire clairement ce qu’elles pensaient, alors avoir enfin quelqu’un qui
n’hésitait pas à lui répondre de la sorte, tout en restant poli, était
déstabilisant par moment. Cependant, rien sur le visage de Kouji ne laissait
transparaître ce trouble crée par le tueur.
Soudain, une personne entra dans le bureau sans frapper, faisant sortir le
patron de ses pensée. Celui-ci fit tourner son siège pour observer son adjoint
qui venait de pénétrer dans la pièce, Seishi l’imitant non sans hausser un
sourcil interrogateur.
- Gen… » commença-t-il en tirant sur sa cigarette. « Que veux-tu ? »
- Nous l’avons. » répondit le blond
A cette nouvelle mystérieuse, Kouji se leva silencieusement de son fauteuil,
écrasant sa cigarette au passage. Il fit le tour du bureau afin de rejoindre de
Gen qui l’attendait près de la porte grande ouverte. Seishi le suivit du regard
puis se leva à son tour, non sans se poser quelques questions sur ce qui se
passait. Le directeur adjoint, remarquant cela, l’observa avant de faire un
signe au brun pour lui indiquer qu’il oubliait son rendez vous. Le patron de la
société Shinohara se tourna légèrement vers le tueur, le fixant toujours aussi
froidement avant de se détourner, s’apprêtant à sortir.
- Venez. » ordonna-t-il durement avant de quitter le bureau pour rejoindre
l’ascenseur.
Cette demande fit sursauter aussi bien Gen que Seishi qui observèrent leur
patron quelque peu surpris avant de s’entreregarder. Le blond fronça un peu les
sourcils, cette idée ne lui plaisant visiblement pas, cette histoire devait
restée secrète et peu de personne ne devait en connaître les détails, surtout
pas un nouveau comme le tueur. Enfin, il n’avait pas son mot à dire, Kouji avait
pris sa décision et pour le faire changer d’avis, il fallait s’accrocher. Le
directeur adjoint croisa donc les bras sur son torse, attendant que le tueur
sorte à son tour du bureau, afin de fermer derrière eux. Le châtain ne fut
absolument pas dupe de ce que ressentait l’amant de son patron à ce moment
précis, remarquant bien que tout ceci ne l’enchantait guère mais il n’en dit
mot, cela ne le regardant pas vraiment. Il ne faisait qu’obéir aux ordres que
Kouji lui donnait, rien de plus, le reste était leur problème à tous les deux.
Sans attendre plus, ils rejoignirent silencieusement le brun.
Les trois hommes montèrent dans l’ascenseur et Gen appuya sur le bouton du
quatrième sous sol, là où Seishi n’était encore jamais allé. Tout le monde était
calme dans la cabine, Kouji regardait la porte les bras croisés sur son torse,
Gen fixait les étages qui défilaient le regard sombre et dur, apparemment
toujours contre la décision de son amant d’emmener Seishi avec eux. Ce dernier,
derrière eux, les observait alternativement, se posant pas mal de questions sur
ce qu’il allait découvrir en arrivant en bas. A aucun moment le silence qui
régnait ne fut brisé.
Finalement, l’ascenseur s’arrêta au sous sol et les portes s’ouvrirent leur
permettant de descendre. Le châtain suivit le brun et le blond, toujours
silencieux, regardant de temps à autre autour de lui pour voir où il se
trouvait. Ce sous sol, n’avait rien de comparable avec les trois premiers qui
servaient de parking. La première chose qu’il avait découverte en sortant fut un
long couloir aux murs gris et éclairé de néon, où, de chaque côté, il pouvait
voir plusieurs portes menant à des pièces dont il ignorait totalement l’utilité.
Aux vues des nombreuses caméras qu’il y avait, cet endroit semblait être le lieu
où se déroulait une partie des affaires concernant la famille et les trafics
illicites qu’elle faisait. Donc, par déduction, ce qu’avait réussi à avoir Gen
était certainement en rapport avec la mafia maintenant restait à savoir ce
qu’était cette chose en question. Seishi aurait rapidement une réponse, il le
savait.
Kouji s’arrêta devant une porte qu’il ouvrit, pénétrant dans un nouveau couloir
identique au premier, toujours suivit par son adjoint et le tueur. Ils
parcoururent encore quelques mètres dans ce couloir avant de s’arrêter
finalement au niveau d’un nouvelle entrée. Les trois hommes s’avancèrent dans
une pièce somme toute assez simple et meublée du strict minimum, à savoir d’une
table et de trois chaises. Les murs étaient tout aussi gris que ceux du couloir
mais en parfait état, un néon servait de source de lumière aux lieux. Après son
inspection de la pièce, Seishi posa son regard sur un homme assis à la table, la
tête basse, visiblement attaché et surtout entouré de trois autres personnes. Il
porta ensuite son attention sur son patron qui s’avançait vers lui, tout en
allumant une nouvelle cigarette. Il sembla le fixer quelques instants puis se
tourna vers Gen, le regard froid et dur.
- A-t-il parlé ? » demanda-t-il d’une voix neutre.
Le blond lui répondit d’un signe négatif de la tête tout en croisant les bras
sur son torse et en soupirant. Le brun, à cette nouvelle, se tourna vers l’homme
pour le fixer à nouveau toujours de la même façon. Il claqua des doigts à
l’attention de l’un des hommes de main qui donna un violent coup de poing à
celui qui était assis. Ce dernier bascula la tête en arrière sous le choc,
permettant à Seishi de voir les contusions sur son visage, traces significatives
d’un interrogatoire en force. Mais cela ne sembla guère surprendre le jeune
tueur qui connaissait bien ce genre de pratique habituel dans le milieu et donc
qui resta de marbre.
Le patron de la société Shinohara se tourna à nouveau vers l’homme, le regard
toujours aussi froid et dur. Il s’approcha et posa ses mains sur la table, se
penchant légèrement sur lui, l’air menaçant.
- Écoute moi bien, mes hommes ont eut beaucoup de patience avec toi, mais en ce
qui me concerne, je n’en ai pas autant. C’est un luxe que je ne peux me
permettre. » avertit-il d’un ton qui ne laissait rien présager de bon. « Alors
je te conseille de parler. »
L’homme fit un léger signe négatif de la tête, s’entêtant apparemment, et
recevant pour cela un nouveau coup à la mâchoire. Kouji sortit alors son arme et
enleva le chargeur pour regarder ce qui lui restait comme balle avant de le
remettre en place. Il pointa ensuite son pistolet sur le front du type qui resta
silencieux une fois de plus.
- Je vais être très clair. Soit tu parles, soit je te tire une balle dans la
tête. » prévint-il froidement. « Tu as le choix. Ou mourir de leur main pour les
avoir trahi ou bien de la mienne pour ne pas avoir parler. Tu te trouve donc
dans une impasse. »
Le type baissa les yeux, signe évident qu’il refusait toujours de dire le
moindre mot. Le brun arma alors son arme, prêt à tirer pour mettre fin à tout
cela, ne pouvant se permettre de faire durer un interrogatoire. Il le fixa
durement, le doigt contracté sur la gâchette. C’est ce moment que choisi Seishi
pour intervenir, faisant un pas en direction de son patron.
- Permettez moi d’essayer. » sollicita-t-il d’une voix très calme attirant
l’attention de tout le monde sur lui.
Kouji se redressa pour le fixer tandis que Gen fronçait les sourcils,
n’appréciant guère cette intervention de la part du châtain. Le blond s’approcha
d’ailleurs de lui, le regard glacial, l’air pas vraiment heureux qu’il se mêle
de tout ça et visiblement décidé à le lui dire. Seishi l’observa s’approcher,
très calme, toujours souriant, ne semblant pas craindre quoique ce soit de lui.
Cette attitude agaçait encore plus l’aîné qui n’avait toujours pas la moindre
confiance en ce tueur sortit de nulle part.
- Cette affaire ne te regarde aucunement alors mêle toi de tes fesses. »
déclara-t-il froidement. « Ta présence ici n’est que toléré. Je te conseille
donc de rester dans ton coin, gamin. »
Seishi ne cilla absolument pas à ces mots, gardant toujours le sourire, fixant
simplement son vis-à-vis. Rien ne semblait pouvoir atteindre ou déstabiliser le
châtain ce qui avait toujours tendance à énervé les personnes qui se trouvaient
face à lui. Et là, c’était Gen qui était à deux doigts de le mettre à la porte
de la salle d’interrogatoire, déjà énervé que ce gamin ait eut l’autorisation de
venir. Les deux hommes se regardaient dans le blanc des yeux, le cadet semblant
littéralement défier son aîné en souriant et ne baissant pas le regard, lui
tenant tête. Exaspéré par cette attitude, le directeur adjoint le saisit par le
col et leva la main dans le but de lui effacer ce sourire qui le mettait hors de
lui.
Par chance, une main saisit le poignet du blond avant qu’il ne s’abatte sur le
jeune homme. Gen se tourna vers celui qui avait osé le stopper pour l’observer
en fronçant les sourcils. Il se trouva nez à nez avec son amant, qui le tenait
toujours fermement. Leurs regards durs et remplis de colère se croisèrent et
s’affrontèrent. Un combat muet et surtout fixe venaient de s’engager entre les
deux hommes, mais dont le vainqueur était déjà tout trouvé. Personne ne pouvait
soutenir le regard du patron de la société Shinohara et encore moins lui tenir
tête de la sorte sans s’attirer des ennuis ensuite. Le blond n’ignorant pas ce
fait, se détendit aussitôt, récupérant son poignet avant de croiser les bras,
quelque peu fâché.
Kouji observa son adjoint un court instant puis porta son attention sur le jeune
tueur qui avait suivit la scène sans réagir, toujours aussi serein et souriant.
- Tu penses pouvoir réussir là où mes meilleurs hommes ont échoué ? »
demanda-t-il sans le quitter des yeux, les bras croisés sur son torse, la
cigarette à la bouche.
Un simple signe affirmatif de la tête répondit au brun dont le regard froid
semblait sonder le jeune tueur, cherchant à savoir ce qu’il cachait, ce qui le
faisait penser qu’il réussirait mieux que ses hommes de main et Gen. Cependant,
rien ne transparaissait de ce jeune tueur sauf son assurance quant à la réussite
de cet interrogatoire. Le patron de la société Shinohara souffla un nuage de
fumé avant de s’écarter du passage du tueur, lui laissant ainsi la possibilité
de lui faire une démonstration de son talent.
Seishi s’inclina respectueusement en guise de remerciement puis s’avança jusqu’à
la table pour en faire le tour. Il s’assit ensuite sur le bord, son regard se
posant sur l’homme assis qui leva aussitôt les yeux vers lui. Le jeune homme
pencha très légèrement la tête sur le côté en souriant toujours.
- Vous ne voulez pas me parler ? » demanda-t-il d’une voix très douce.
L’homme s’entêta à nouveau en secouant la tête de gauche à droite, arrachant un
petit soupir exaspéré au châtain qui ne se départit cependant pas de son
sourire. Il leva doucement une main pour la regarder avant de reporter son
attention sur celui qui était assis. Tout le monde dans la pièce resta alors
sans voix devant ce qui était en train de se dérouler sous leur yeux. Gen tourna
la tête vers Kouji dont seul le regard trahissait une surprise grandissante,
normal vu ce qui ce déroulait sous leur yeux. En effet, de petites étincelles
venaient d’apparaître autour des doigts de Seishi, étincelles qui se
transformèrent rapidement en arcs électrique.
Le tueur observa sa main autour de laquelle dansait le courant, avant de
reporter son attention sur l’homme assis devant lui. A ce moment, plus aucun
sourire n’étirait ses lèvres, son regard était devenu froid et dur, sans pitié,
toute humanité semblant avoir totalement disparu de ce garçon au visage d’ange.
Cette dernière chose ajoutée à l’électricité qu’il produisait faisait de lui un
être totalement à part.
Seishi s’installa plus confortablement sur la table avant de croiser les jambes,
son regard ne quittant pas sa cible assise juste à côté de lui. Il fit alors
disparaître les éclairs qui entouraient sa main, serrant doucement le poing
comme pour les écraser.
- Je vous laisse le choix. » fit-il d’un ton particulièrement inquiétant. « Soit
vous me parlez de vous-même, soit je vous arrache les mots à ma façon. »
Le châtain ne semblait pas plaisanter et l’employé attaché ne put retenir un
frisson de peur lui parcourir l’échine. Hélas les menaces de Seishi ne furent
pas suffisamment convaincantes, il refusa une nouvelle fois de répondre, faisant
un nouveau signe négatif de la tête. Le tueur poussa un long soupir, quelque peu
exaspéré de voir autant d’entêtement chez un homme qui pourtant avait l’air
d’être intelligent. Cependant, cela n’était pas si surprenant, il ignorait après
tout ce dont il était réellement capable mais il l’apprendrait vite à ces
dépends. Sans compter qu’il avait peut être de bonne raison de ne pas parler. Il
devait très certainement être menacé par ceux pour qui il travaillait. Cependant
ce n’était pas le problème de Seishi, il ne devait se soucier que de son travail
pour Kouji ainsi que des intérêts de ce dernier. Et peu importe les moyens
employés pour y parvenir, il les utiliserait sans le moindre problème.
Dans un geste souple, rapide et surtout dans le plus grand silence, le châtain
posa un doigt au niveau de l’épaule droite de l’homme qui hurla de douleur tout
en se convulsant. Il resta ainsi quelques instants, observant cet ancien employé
de la société Shinohara souffrir, sans que cela ne lui fasse ni chaud ni froid.
Il n’était plus de tout celui que Kouji et Gen avait connu jusque là, leur
démontrant en même temps qu’il était bel et bien un assassin et apparemment des
plus implacables. Personne dans la pièce ne fit le moindre geste, ni ne murmura
la moindre parole durant tout cela, les hommes de main ne voulant pas s’attirer
les foudres du jeune homme, le patron ainsi que son adjoint désirant voir
jusqu’où il pouvait justement aller.
Après une dizaine de secondes, tout s’arrêta en même temps que le châtain
enlevait son doigt de sa victime, la laissant tremblante et essoufflée. Un fin
sourire inquiétant étira ses lèvres alors qu’il observait encore celui qui avait
trahi le brun.
- Vous ne voulez toujours pas me dire ce que désire savoir Shinohara-sama ? »
demanda-t-il d’une voix étrangement douce et inquiétante.
L’homme toussa un peu, tentant tant bien que mal de reprendre son souffle avant
de relever la tête vers Seishi. Son corps fut prit de frissons qui se changèrent
rapidement en tremblement en voyant le regard du châtain ainsi que son sourire.
Ce tueur avait l’apparence d’un humain au magnifique visage d’ange mais en
réalité il était le pire démon qui pouvait exister. Telle était la pensée de
l’ancien employé de Kouji à l’instant précis. Il était certain qu’il
n’hésiterait pas à le faire souffrir durant de longues heures uniquement pour le
plaisir. Le sourire que ce jeune homme affichait en était la preuve, évidente.
Cependant, cela ne fut pas suffisant pour le convaincre de parler, il ne pouvait
le faire sans quoi il se ferait tuer et la laisserait seule. Tandis que si il
restait silencieux, Shinohara était obligé de le garder en vie pour savoir à qui
il avait livré les informations pris à la famille. Le type secoua à nouveau la
tête de gauche à droite, refusant encore de tout révéler.
Seishi poussa à nouveau un long soupir en posant une main sur son front, en
signe évident de déception. Cet homme était bien plus têtu qu’il n’y paraissait
ou complètement stupide, à moins que ce ne soit les deux. Ce qui était certain,
c’était qu’il ne semblait pas avoir conscience de la souffrance qui allait être
la sienne. Ce que le châtain lui avait fait juste avant n’était rien comparé à
tout ce qu’il pouvait lui faire subir. Cependant, quelque chose lui disait que
le torturer serait totalement inutile et une pure perte de temps, cela ne le
ferait pas céder. Au contraire, il s’entêterait, préférant souffrir que de se
faire tuer, étrange réaction d’ailleurs. Il devait être très attaché à la vie
pour préférer cette solution. Pourquoi ? Avait-il une famille qu’il ne voulait
pas laisser seul ? Le tueur l’ignorait mais une chose était certaine, c’était
sur ce terrain là qu’il devait jouer et non pas sur celui de la force comme il
l’avait pensé au départ.
Le jeune homme ferma un instant les yeux afin de calmer les quelques pulsions de
meurtres qui l’avait envahis. Quand il les rouvrit, ce fut pour poser un regard
plus doux sur l’ancien employé, son sourire se faisant lui aussi plus amicale.
Ce changement ne manqua pas de surprendre les personnes présentes dans la pièce
et surtout celui qui était assis. Seishi avança doucement une main vers ce
dernier qui ne put s’empêcher de contracter tous ses muscles, appréhendant la
suite, craignant de recevoir une nouvelle décharge. Cependant rien ne vint.
L’homme fixa son vis-à-vis quelque peu surpris.
- N’ayez crainte, je ne vous ferez plus aucun mal. » lui assura-t-il d’une voix
beaucoup plus amicale. « Je viens de remarquer que vous n’étiez pas prêt à
parler même sous la torture. Je pense que si vous préférez souffrir plutôt que
de mourir, c’est que vous avez une bonne raison. Qu’elle est-elle ? Une femme ?
Un enfant ? Vous ne voulez pas les laisser seul ou bien vous craignez qu’on s’en
prenne à eux. Si c’est ça, sachez que Shinohara-sama peut vous protéger de ceux
que vous craignez tant, si bien entendu vous lui dites tout ce qu’il veut
savoir. N’est-ce pas Shinohara-sama ? »
Seishi se tourna alors vers son patron pour l’observer, un fin sourire étirant
ses lèvres. Kouji, comme toujours, soutint son regard, impassible, froid, ne
laissant rien transparaître de ce qu’il pouvait penser à ce moment précis. Il
était évident maintenant pour lui que ce jeune homme en plus d’être exceptionnel
de par son pouvoir, était loin d’être stupide. Il savait parfaitement analyser
les situations et les tourner à son avantage, tout cela sans avoir la moindre
pitié pour qui que ce soit. C’était des qualités essentielles pour faire un bon
homme de main.
Le brun sortit un paquet de cigarette de la poche intérieur de sa veste pour en
allumer une. Il souffla un nuage de fumée dans les airs toujours sans quitter le
châtain des yeux. Il porta ensuite son attention sur son ancien employé, le
regard toujours froid et dur, réfléchissant à ce que venait de dire Seishi. Il
savait que cet homme avait une fille, c’était certainement elle qu’il voulait
protéger en s’obstinant ainsi dans son mutisme.
Kouji porta sa cigarette à sa bouche avant de se pencher sur Gen pour lui
murmurer quelques mots que personne n’entendit. Le blond fit un signe de la tête
puis quitta la pièce sous le regard quelque peu intrigué de Seishi. Ce dernier
suivit du regard son patron qui s’approchait de la table pour s’asseoir sur
l’une des chaises située devant, plantant ensuite son regard dans celui de
l’homme qui l’avait trahi.
- J’ai confié à Kawamura-san la mission d’envoyer deux de nos hommes pour aller
récupérer votre fille à l’école et la mettre en lieu sûr. » déclara-t-il
brusquement en tirant sur sa cigarette. « Puisque je suppose que c’est pour elle
que vous aviez peur de parler. Dès que vous m’aurez tout dit, vous le
rejoindrez. A partir de ce moment, je vous ferais faire une nouvelle identité et
vous quitterez la ville pour vous rendre dans le nord du pays où vous attendra
un nouveau poste sans trop responsabilités. Un travail tout simple où vous serez
certain que personne ne vous fera de chantage pour obtenir des informations sur
mon clan. En d’autres termes, je vous offre une nouvelle vie en échange des noms
de ceux qui vous ont demandé ces renseignements. Je vous laisse réfléchir. »
L’homme resta sans voix devant cette proposition des plus surprenante venait de
son ancien patron. Il tourna machinalement la tête vers Seishi qui lui dédia un
sourire se voulant rassurant tout en lui faisant un signe de tête comme quoi il
pouvait avoir confiance. Il reporta ensuite son attention sur Kouji, se
demandant réellement si lui faire croire cela n’était pas une façon de le
manipuler pour lui soutirer les informations. Comment en être certain ? Le
patron de la société Shinohara avait la réputation d’être un homme manipulateur
et calculateur, ne faisant rien si il ne pouvait en tirer un quelconque
avantage. Un long silence prit donc place dans la pièce, durant lequel l’employé
ne cessait de se poser toute sorte de questions, craignant de se faire une
nouvelle fois abuser. Une vingtaine de minutes s’écoula ainsi, avant que la
porte de la pièce s’ouvre sur Gen. Ce dernier s’approcha aussitôt de son amant
pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. Kouji fit un signe affirmatif de la
tête avant de porter son attention sur son vis-à-vis, le regard toujours aussi
froid et dur.
- Kawamura-san vient de m’annoncer que nos hommes avaient récupéré votre fille
et qu’il la conduisait ici même, à la société. » lui apprit-il en croisant les
jambes. « Je pense que c’est l’endroit le plus sûr pour elle en attendant que
vous vous décidiez à parler. Si bien entendu vous êtes disposé à le faire un
jour. »
- Vous me promettez que j’aurai cette nouvelle vie ? » demanda brusquement
l’ancien employé en baissant légèrement les yeux.
Kouji l’observa intensément, tirant doucement sur sa cigarette avant de faire un
signe affirmatif de la tête. Il n’avait qu’une parole, lorsqu’il faisait une
promesse, il la tenait toujours. C’était pour lui une question d’honneur, chose
particulièrement importante dans sa famille, comme le lui avait si souvent dit
son père. Mais visiblement, l’homme face à lui doutait encore de sa bonne foi.
Il semblait encore réfléchir à la décision qu’il devait prendre. Finalement,
après cinq ou six minutes, l’ancien employé releva les yeux vers le brun, l’air
abattu, perdu. Il l’observa un court instant avant de baisser à nouveau le
regard, ayant du mal à soutenir celui de Kouji.
- Je… » commença-t-il d’une voix faible. « Je vais tout vous dire… »
A cette réponse, le patron de la société Shinohara se laissa aller contre le
dossier de sa chaise, croisant les jambes et allumant une nouvelle cigarette. Il
fixa son vis-à-vis tandis qu’il commençait à lui énumérer les noms des hommes
l’ayant forcé à divulguer des renseignements sur les affaires de son patron. Il
s’agissait en réalité d’un petit clan rival de celui de Kouji qui avait,
semble-t-il, décidé de prendre de l’importance dans le milieu. Pour cela, le
chef s’en était pris à la famille ayant la main mise sur quasiment tous les
trafics illégaux des yakuzas. Cependant, il ignorait qu’il s’attaquait un trop
gros morceau pour lui, ce qui risquait de beaucoup lui coûter.
Après ces aveux, le brun se leva puis s’approcha de Gen pour à nouveau lui
murmurer quelques mots à l’oreille, certainement des ordres concernant cette
affaire. Le blond acquiesça silencieusement avant de s’écarter et de quitter la
pièce une nouvelle fois. Kouji se tourna ensuite vers son ancien employé pour
l’observer froidement.
- Kawamura-san va s’occuper de tout pour votre nouvelle identité. » déclara-t-il
d’une voix neutre avant de porter son attention sur Seishi. « Vous, suivez
moi. »
Sans attendre de réponse, le patron de la société Shinohara quitta la pièce,
devant un Seishi quelque peu perplexe. Visiblement, il semblait avoir commis une
petite erreur en cachant l’existence de son don, vue le ton que le brun avait
employé avec lui. Quelque chose lui disait qu’il allait devoir fournir pas mal
d’explications sur cet état de fait et surtout sur les raisons pour lesquels il
n’en avait pas parlé durant son entretien d’embauche. Ce ne serait pas évident
de les trouver, le châtain en avait parfaitement conscience. Cependant ça
n’était pas le plus important, ce qui l’inquiétait plus, était de perdre le peu
de confiance que Kouji lui avait accordé, rendant plus difficile sa véritable
mission…
Le jeune homme poussa un léger soupir avant de se diriger à son tour vers la
porte et de quitter la pièce. Il rattrapa rapidement son patron au niveau de
l’ascenseur dans lequel ils montèrent pour rejoindre le dernier étage. Arrivée
là, le brun se rendit dans son bureau, suivit de prêt par le tueur qu’il laissa
entrer en premier avant de fermer derrière lui. Il se dirigea ensuite vers son
fauteuil pour s’asseoir, allumant ensuite une nouvelle cigarette, son regard
posé sur son employé encore debout.
- J’attends des explications. » exigea-t-il d’une voix glaciale.
Seishi le fixa, restant très calme malgré le ton de Kouji. Il savait qu’il avait
eut tord de ne pas lui en avoir parler plus tôt, d’avoir préféré taire ce petit
secret et il en assumerait les conséquences qui en découleraient. Tout ce qu’il
espérait, c’était qu’il ne le renvoie pas, sinon… Le châtain préférait ne pas
penser à ce qui en découlerait, se concentrant uniquement sur l’instant présent.
- Comme vous avez pu le constater, je suis capable de produire de
l’électricité. » répondit-il très calmement dans le quitter des yeux.
- Il me semblait l’avoir remarqué. » répliqua immédiatement le brun, le regard
dur. « Ce que je veux savoir, c’est pourquoi cacher une chose de cette
importance ? »
Le tueur resta un instant silencieux, cherchant une issue à tout cela, une
explication plausible. Il avait déjà commencé à y réfléchir dans l’ascenseur,
sans grand succès, n’ayant qu’une solution se proposant à lui. Cependant, il
n’était pas certain que son patron la croie, cela paraissait si simple. Mais ça
ne lui coûtait rien d’essayer… Le jeune homme se retint de soupirer, gardant les
yeux rivés sur son patron, se montrant le plus confiant possible.
- Si je me suis gardez de tout vous dire, c’est uniquement parce que je ne
savais pas comment vous alliez prendre cela. » déclara-t-il avec assurance. « Je
pense que vous n’ignorez pas la façon dont réagisse les gens lorsqu’ils se
retrouvent face à une personne différente. »
Kouji garda le silence, fixant toujours son vis-à-vis, se demandant surtout si
il devait le croire. Cette explication était si simpliste et pourtant si
réaliste en même temps. Dans un certain sens, il comprenait un peu sa réaction,
en tant que fils d’un grand patron d’entreprise et surtout de yakuza, tout le
monde l’avait plus ou moins traité différemment des autres enfants. Le brun en
avait un peu souffert mais sans que cela ne joue trop sur son mental. C’est donc
pour cela qu’il ne lui en porterait guère rigueur. De plus, Seishi était un très
bon élément, travailleur, doué, ce genre d’homme était très rare à trouver et
s’en séparer serait la chose la plus stupide que le patron de la société
Shinohara pourrait faire.
Ce dernier s’installa plus confortablement dans son fauteuil, croisant les
jambes avant d’écraser sa cigarette. Il reporta ensuite son attention sur son
employé qui n’avait toujours pas bougé d’un pouce, suivant, juste ses mouvements
du regard.
- Je vais être franc Inazuma-san. » fit-il d’une voix neutre. « Vous me plaisez
beaucoup. Vous êtes un homme très sérieux dans votre travail, vous avez du
caractère et du répondant. Une personne de votre trempe ne se trouve pas à tous
les coins de rues. De plus, avant de vous connaître, je n’aurai jamais pensé
qu’un être humain puisse avoir des pouvoirs. Je suis du genre à ne croire que ce
que je vois. Et vous avez su me prouver que cela était possible. Je ne vous
cache pas que savoir cela m’intéresse d’autant plus. Ce sera une chose très
utile dans votre travail à venir au sein de l’entreprise. »
Seishi mit quelques instants avant d’enregistrer cette dernière information. Que
devait-il comprendre ? Qu’il était embauché ? Ne voulant pas se faire de fausses
idées, le jeune homme préférait rester de marbre, attendant patiemment
confirmation. Il restait bêtement debout, à fixer le brun qui venait de sortir
son dossier ainsi que trois autres documents qu’il posa devant lui.
- Asseyez vous. » invita Kouji en tendant une main vers l’un des deux fauteuils
installé devant le bureau. « Vous allez lire ce contrat et le signer si cela
vous convient. »
Le jeune homme sursauta imperceptiblement avant de s’exécuter et de s’asseoir à
la place indiquée. Il saisit doucement les trois feuilles puis commença à les
parcourir silencieusement. Au vue de ce qui y était inscrit, Seishi comprit de
suite qu’il n’avait pas rêvé, son patron l’engageait bien. Un grand soulagement
l’envahit à cet instant, manquant de le faire soupirer. Cependant, il se
contrôla et continua sa lecture attentivement. Ceci terminé, il sortit un stylo
puis signa les documents avant de les tendre à son patron qui lui en laissa un
exemplaire et rangea les autres dans son dossier. Le châtain récupéra sa feuille
puis se leva ensuite avec calme avant de s’incliner silencieusement devant le
brun.
Ce dernier répondit par un simple signe de la tête, remontant ses lunettes au
passage et allumant une nouvelle cigarette. Il souffla un nuage de fumée en
l’air, en fixant à nouveau son employé qui semblait étrangement moins nerveux
qu’un peu plus tôt. Vu ce qui c’était produit, sa réaction était des plus
normales, Kouji n’y prêta donc pas plus attention. Il porta sa cigarette à sa
bouche.
- Notre entretien est terminé. Vous pouvez retourner travailler. » ordonna-t-il
d’une voix neutre.
Le jeune homme se redressa, retrouvant son sourire habituel puis se dirigea sans
attendre vers la sortie du bureau. Il quitta ce dernier, sous le regard
étrangement brillant de son patron. Le reste de la journée s’écoula normalement,
sans que rien ne vienne troubler le calme naissant, chacun vaquant à ses
occupations.
A suivre …