Un employé pas comme les autres
( La vie d’un ange de la mort )
Titre :
Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 06
Genre :
Yaoï / Policier
/ Intrigue
Couple : Euh ... SURPRISE !!
Disclamer : Histoire originale qui j'espère vous plaira...
Trouble
La nuit
avait recouvert la ville de son manteau sombre depuis déjà pas mal d’heures,
laissant la vie nocturne s’installer et régner en maître. La capitale, pour
l’occasion, s’était parée de mille couleurs, produit en majorité les vitrines
des magasins de luxe et les panneaux publicitaires géants peuplant le centre. De
temps à autre, quelques lasers, provenant des boites de nuit ou bien de concerts
donnés en extérieur, éclairaient le ciel sans nuage et sans lune. Ce spectacle,
vu en hauteur, était des plus magnifiques et féerique. Ce dernier effet était,
en particulier accentué par les phares des voitures qui donnaient l’impression
de voir des sortes de lucioles multicolores. Rien ne semblait pouvoir empêcher
cette ville de vivre de jour comme de nuit, inlassable, immortelle.
Cependant, tout cela ne concernait que le centre de la capitale, les autres
quartiers étant beaucoup plus calmes et nettement moins illuminés. C’était le
cas de ce secteur réservé aux affaires, là où se dressaient d’immenses
immeubles, ayant tous un aspect leur permettant de se différencier des autres
comme les baies vitrées démesurées donnant l’illusion que le bâtiment entier
n’était fait que de verre. Pourtant, ce soir comme tous les soirs, une chose les
liait les uns aux autres, c’étaient qu’aucunes lumières ne provenaient des
bureaux qui les composaient. En effet, cela faisait déjà pas mal d’heures que
les employés avaient quitté leur lieu de travail afin de regagner leur domicile
et ainsi retrouver leur famille. Le seul éclairage de ces immeubles était
diffusé par de petits spots installés au niveau de l’accueil, là où se
trouvaient en général les vigils. Toutefois, un bâtiment se distinguait encore
des autres, de part la lumière provenant du grand poste de garde placé devant
l’entrée d’un parking souterrain ainsi que celle, cependant très faible, venant
d’une pièce situé au dernier étage. Mais cette dernière n’était que très peu
visible du pied de la tour, il fallait prendre un peu de distance pour pouvoir
la distinguer. Pour une personne ne connaissant pas le quartier des affaires,
voir cette lueur aurait paru particulièrement étrange cependant, cela ne l’était
en aucune façon. Elle venait en réalité de l’une des pièces composant
l’appartement du propriétaire de cet immeuble qui n’était autre que Kouji
Shinohara…
Un radio réveil, posé une table de nuit, indiquait, de son cadrant bleu vert,
minuit passé d’une dizaine de minutes. Tout était très calme dans la grande
chambre, seul le doux bruit d’une douche troublait légèrement ce silence. La
pièce était plongée dans une semi obscurité, permettant de distinguer uniquement
la silhouette des meubles. Les deux seules sources de lumière provenaient d’une
petite lampe halogène qui avait été réglé de façon à ce qu’elle produise un
éclairage très diffus, et de la salle de bain dont l’une des portes donnant sur
la chambre était ouverte.
Kouji, vêtu d’un simple pantalon, se tenait à côté de la fenêtre, une épaule
appuyée contre le mur, une cigarette à la bouche et le regard posé sur la ville.
Cette façon, fière, froide et noble, qu’il avait d’observer cette dernière,
donnait l’impression de voir un roi dominant son royaume. Ce qui, dans un sens,
n’était guère faux étant donné que le brun possédait un très grand pouvoir en
ville, mais aussi dans le pays et dans le monde, sans pour autant avoir la
prétention d’être l’homme le plus important. Il était connu et apprécié de
beaucoup, quasiment intouchable, comme pratiquement tous les yakuza et autres
mafieux. Cependant, cela ne l’empêchait pas non plus d’être détesté de pas mal
de personne, essentiellement des rivaux ou de la police qui ne parvenait pas à
le mettre derrière les barreaux. Enfin, le patron de la société Shinohara vivait
très bien tout cela, ayant parfaitement l’habitude de déjouer les pièges qui lui
étaient tendus.
Le brun posa son regard sur un point lumineux, clignotant de façon très lente,
comme s’il cherchait à hypnotiser toute personne le fixant. C’était d’ailleurs
un peu l’effet que cela avait sur Kouji qui se laissait aller ainsi à ses
pensées, profitant de cet instant pour un peu oublier ce qu’il était, faisant le
vide dans son esprit et laissant ses pensées vagabonder à leur gré. C’était l’un
des seuls moments de réelle détente qu’il s’offrait, habitude prise après la
mort de son père. Le brun affectionnait ces instants dont il n’hésitait pas à
savourer chaque seconde qui s’écoulait, en se disant qu’il ne pourrait peut être
plus connaître une telle quiétude avant pas mal de temps…
Au fil de ses contemplations de cette féerie qu’était devenu la ville, le patron
de la société Shinohara était parvenu lentement à mettre de côté ses
préoccupations ainsi que son travail et tout ce qui s’en rapprochait de près ou
de loin. Pourtant, étrangement, une silhouette commença à se dessiner dans son
esprit, suivit d’un sourire, d’un regard, d’un visage, celui d’un ange… Kouji, à
cette pensée, secoua brusquement la tête en fronçant les sourcils. C’était la
seconde fois ce soir là qu’il pensait à lui. Que lui arrivait-il ? Il l’ignorait
et ne comprenait pas pourquoi ce jeune homme le hantait autant depuis cet
interrogatoire, en début de journée. Mais le fait le plus étrange et qu’il
s’expliquait encore moins, était cette soudaine attirance, cette envie de le
posséder, de l’avoir sous sa domination. Ce genre de chose ne lui était jamais
arrivé par le passé, il n’avait jamais éprouvé le besoin de contrôler quelqu’un
comme il voulait le faire maintenant avec Seishi, pas même avec Gen. Était-ce dû
à ce don qui faisait de lui un être à part ? Était-ce dû à sa personnalité et
son caractère fort ? Le brun ne savait répondre à ces questions et cela le
troublait.
Perdu dans ses pensées, Kouji n’entendit, ni ne sentit la présence derrière lui,
jusqu’à ce que deux bras viennent l’enlacer tendrement. Le patron de la société
Shinohara eut un imperceptible sursaut mais se détendit bien vite. Il se tourna
doucement afin de prendre son amant dans ses bras, le serrant tendrement contre
lui.
- A quoi penses-tu pour être aussi peu vigilant ? » demanda doucement Gen en
enfouissant son visage dans son cou afin d’y déposer un tendre baiser.
- A rien. » répondit le brun en observa la ville du coin de l’œil.
Quel beau mensonge venait-il de lui dire à cet instant. Mais Kouji avait-il
vraiment le choix ? Pas vraiment… Gen n’était pas un homme jaloux à proprement
parler, cependant comme beaucoup de personne, il n’apprécierait certainement pas
savoir que son amant pensait à un autre pendant qu’il l’étreignait. De plus le
patron de la société Shinohara tenait à préserver son couple avec le blond, ne
sachant pas si cette attirance soudaine pour ce gamin, était passagère ou non.
Il était tout à fait possible que le brun ait juste l’envie de le posséder pour
affirmer son contrôle sur lui, pour montrer à Seishi qui était réellement le
chef. Si c’était bien cela, alors il lui fallait vraiment cacher tout ça au
blond sinon cela engendrerait une nouvelle rupture entre eux. Il était hors de
question pour Kouji de perdre Gen à cause d’une simple attirance physique.
L’aîné reporta son attention sur son compagnon avant de déposer un délicat
baiser sur son front puis de plonger son regard dans le sien tandis qu’un fin
sourire étirait ses lèvres. C’était un peu sa façon de montrer au blond que tout
allait pour le mieux et qu’il n’avait donc aucun souci à se faire.
- Ne t’inquiète pas Gen…. » ajouta-t-il d’une voix calme et douce. « Je vais
très bien… Je dois juste être un peu fatigué… »
Comme toujours, son compagnon lui rendit son sourire, tout en approchant ses
lèvres des siennes pour lui voler un tendre baiser. Il s’écarta ensuite de lui
pour se rendre au niveau du lit afin de s’asseoir sur ce dernier. Il reporta son
attention sur son compagnon avec un regard rempli de malice.
- Hm… Tu étais en forme pour faire autre chose… » fit-il en ricanant doucement.
- Pour ce genre d’activité, je le suis toujours… » répondit Kouji en
s’approchant du lit.
Il se glissa doucement aux côtés de son amant, rabattant les couvertures sur eux
avant de le prendre dans ses bras. Le brun plongea son regard dans le sien, un
sourire étirant ses lèvres alors que sa main caressait ses cheveux avec une
tendresse rare pour un homme comme lui. Dès qu’il se retrouvait seul à seul avec
son amant, le chef de la famille Shinohara devenait une personne différente,
beaucoup plus douce et attentionnée. Gen représentait beaucoup pour lui. Il
était son ami depuis qu’ils avaient quinze ans. Ils étaient ensuite sortis
ensemble vers l’âge de dix huit ans. Depuis, les deux hommes étaient restés
ensembles, mis à part deux ou trois fois où ils s’étaient légèrement disputés.
Comme celle de beaucoup de couples, leur histoire avait connu des hauts et des
bas. Mais il n’y avait jamais rien eut de grave.
Kouji déposa un tendre baiser sur le front de son compagnon tout en resserrant
ses bras autour de son corps. Il ferma un instant les yeux, le temps de pousser
un léger soupir de bien être, appréciant la chaleur du corps de Gen avant de
regarder à nouveau ce dernier avec tendresse.
- Mais là j’avoue que je suis fatigué. Je ne me sens pas d’attaque pour
recommencer. » ajouta-t-il en souriant.
- Je l’avais bien remarqué. » répondit le blond en lui caressant la joue. «
Dors… Demain nous avons encore pas mal de travail à faire. »
Le brun acquiesça d’un simple signe de la tête puis s’allongea sur le dos avant
de prendre son amant dans ses bras. Gen se laissa entraîner en souriant toujours
et se calla soigneusement contre Kouji. Les deux hommes s’endormirent ainsi dans
le calme le plus total que rien ne pouvait venir troubler.
Une légère brise matinale souffla dans la chambre de ce petit appartement se
trouvant dans l’un des quartiers résidentiels de la capitale. Les fins rideaux
volèrent doucement avant de reprendre leur place d’origine. Tout était encore
très sombre dans la pièce malgré le jour qui commençait à se lever sur la ville.
Le calme y régnait ainsi qu’un léger silence, uniquement troublé par une
respiration douce et lente. Il était possible de distinguer sous les couvertures
la silhouette fine du propriétaire de ce souffle. Celui-ci en sentant l’air
frais sur son visage fit un peu plus remonter la couette sur ses épaules, en
laissant échapper une petite plainte. C’est à ce moment précis qu’une sonnerie
stridente commença à retentir dans la chambre. L’endormi se redressa pour
s’asseoir sur le lit, saisissant au passage un réveil posé sur la table de nuit
avant d’appuyer dessus. Le jeune homme se leva doucement tout en s’étirant. Il
s’approcha de la fenêtre afin d’ouvrir les rideaux et de laisser l’air entrer
dans la chambre, profitant au passage pour prendre une bonne bouffée d’oxygène
et laissant la brise faire voler ses cheveux châtain clairs. Il resta quelques
instants ainsi à regarder les autres bâtiments qui se dressaient devant lui
avant de se détourner. Il se dirigea d’un pas lent vers la porte de la chambre
pour en sortir, se retrouvant aussitôt dans une grande pièce meublée comme le
serait un salon. Le mobilier était tout ce qu’il y avait de plus simple. Il y
avait un canapé, et un fauteuil placé autour d’une table basse, le tout se
trouvant devant un meuble télé, équipé d’un téléviseur et d’un lecteur DVD. Tout
cela avait été installé à l’autre bout de la pièce, face à la porte de la
chambre. A côté de cette dernière, à gauche, se trouvait un buffet tout simple.
A droite et proche de ce qui ressemblait étrangement à un comptoir de bar, il y
avait un grand meuble d’ordinateur avec tout le matériel informatique. Le jeune
homme longea le comptoir et passa de l’autre côté pour arriver dans la cuisine
de l’appartement. Cette dernière était relativement grande et toute équipée.
Visiblement tout avait été prévu pour qu’elle soit séparée du salon. Le maître
des lieux s’approcha du frigidaire, puis l’ouvrit pour en sortir une boite,
qu’il posa sur la table se trouvant derrière lui. Il saisit ensuite une
bouteille de lait et s’approcha de la gazinière. Il alluma cette dernière avant
de prendre une petite casserole afin d’y verser le lait. Il mit tout sur le feu.
Ceci fait, il ouvrit un placard pour en sortir une boite de chocolat en poudre
qu’il versa dans un bol. Il y ajouta six morceaux de sucre puis posa le tout sur
la table avant de retourner s’occuper de son lait. Dès qu’il fut chaud, il le
versa dans le bol tout en remuant puis s’installa à la table après avoir reposé
sa casserole. Il ouvrit la boite en carton qu’il avait pris un peu plus tôt pour
en sortir deux éclairs au chocolat. Il commença à manger ce repas qui était
selon tout le monde le plus important de la journée. Une fois terminée, le jeune
homme fit sa petite vaisselle et quitta la cuisine pour retourner dans sa
chambre. Là, il emprunta une nouvelle porte qui le mena à la salle de bain. Le
châtain se déshabilla puis jeta ses vêtements dans une corbeille à linge sale.
Il alluma l’eau de la douche et s’y glissa. Après s’être lavé, il sortit de la
cabine pour se sécher avant de sortir de la salle de bain avec la serviette
autour de la taille. Le jeune homme s’approcha de son armoire et sortit un
costume ainsi qu’une chemise de couleur gris clair. Il posa le tout sur le lit
puis prit un boxer et des chaussettes qu’il passa rapidement avant de saisir ses
autres vêtements pour s’habiller. Avant d’enfiler la veste de son costume, il
s’empara d’un holster posé sur la table de nuit. Il le mit puis passa sa veste
par-dessus. Ceci terminé, il retourna dans la salle de bain, faire sécher sa
serviette et se coiffer. Il quitta ensuite la salle de bain pour se rendre dans
le salon. Là, il prit une mallette posé sur le canapé ainsi que des clefs de
voiture puis se dirigea vers la sortie de l’appartement. Il regarda une dernière
fois les lieux en souriant avant de sortir.
Une journée de plus commençait pour Seishi Inazuma.
Le personnel travaillant à la société Shinohara commençait à arriver pour
entamer un nouveau jour de boulot. Les employés débutaient en général leur
journée vers sept heures et demie ou huit heures du matin, selon les sections où
ils étaient et ce qu’ils devaient faire. Ils terminaient le soir à des horaires
variables, faisant très souvent des heures supplémentaires. Enfin c’était
essentiellement lorsqu’il y avait une recrudescence de boulot comme il y avait
eut ces derniers temps. Mais vu les avantages que tous obtenaient durant ces
périodes, personne ne se plaignait de rester plus tard que ce qui était prévu.
De plus tout le monde en avait pris l’habitude, après toutes ces années passées
au service de la famille Shinohara… Le chef de cette dernière, contrairement à
ses employés, commençait toujours plus tôt qu’eux. Il fallait avouer qu’il se
levait toujours très tôt et n’aimant pas rester sans rien faire, à tourner en
rond, Kouji préférait se rendre dans son bureau pour prendre le plus d’avance
possible dans son travail. Son adjoint, Gen Kawamura avait pris l’habitude aussi
de faire les mêmes horaires. Cependant, il se permettait parfois de commencer un
peu plus tard mais cela était rare.
Comme beaucoup de matin, ce jour là, le directeur de la société Shinohara avait
débuté sa journée à six heure du matin. Cela faisait donc près de deux heures
qu’il travaillait quand une personne frappa à la porte de son bureau. Kouji
releva le nez de son dossier tout en remontant ses lunettes, se demandant qui
pouvait bien venir le voir dès le matin. Cela ne pouvait pas être Gen pour la
simple et bonne raison que celui-ci avait quitté la société une demie heure plus
tôt, pour faire une visite d’inspection dans l’une des usines de la société, se
trouvant au nord de la ville. Si ce n’était donc le blond, qui cela pouvait-il
être ? Il le saurait très rapidement en permettant à son visiteur de pénétrer
dans son bureau. Ce fut donc d’une voix froide mais assez forte que le brun
autorisa son visiteur à entrer.
Kouji vit la porte s’ouvrir sur Seishi Inazuma, l’objet de son trouble. Celui-ci
s’avança vers lui en souriant, comme toujours, puis s’inclina avec respect pour
le saluer. Le brun referma son dossier en cours pour observer la silhouette fine
et élancée du jeune homme avant de prendre une cigarette et de l’allumer tout en
le fixant. A aucun moment son regard ne trahissait ce léger trouble mêlé à cette
attirance qu’il ressentait à l’égard du châtain. Il restait parfaitement maître
de ses émotions et de son corps.
- Bonjour Inazuma-san, que me vaut l’honneur de cette visite ? » demanda-t-il
d’une voix neutre pour ne pas changer de ses habitudes.
Le jeune homme se redressa sans se défaire de son sourire puis fit un pas en
avant en lui tendant un dossier qu’il tenait d’une main. Il le posa sur le
bureau devant son patron, faisant ensuite un pas en arrière tout en le fixant de
son regard bleu gris comme s’il cherchait à défier l’homme assis face à lui.
- C’est un dossier que vous m’aviez demandé d’analyser pour ce matin. Ce que
j’ai fais et voici donc mes résultats comme promis. » répondit-il avec calme.
Kouji soutint son regard puis tendit une main vers un fauteuil invitant le jeune
homme à s’installer. Seishi s’assit en souriant toujours, avant d’observer à
nouveau le brun qui avait reporté son attention sur le dossier qu’il venait de
lui remettre. Le patron de la société Shinohara saisit l’analyse afin la lire.
Une fois cela achevé, il la reposa pour fixer à nouveau son employé avec
toujours autant de froideur, tirant doucement sur sa cigarette.
- Vous pensez être capable d’accomplir ce travail sans le moindre problème alors
si je comprends bien ce qui est noté là. » fit-il en croisant les jambes et en
montrant le dit papier auquel il faisait référence.
- Oui. » répondit simplement le châtain en faisant un signe affirmatif de la
tête.
- Très bien… » murmura Kouji se levant de son fauteuil.
Il se tourna vers la fenêtre pour observer la ville en silence, la cigarette
entre ses lèvres. Seishi le regarda attentivement, détaillant chacun de ses
gestes, tous calculés apparemment. Il émanait de cet homme une étrange puissance
cumulée à une aura de mystère qui imposait le respect. Ce côté froid le
caractérisant, ne faisait qu’accentuer cet effet. Si le châtain n’avait pas été
si peu impressionnable, il aurait frissonné en le voyant, tant la force se
dégageant de lui était déstabilisante. D’ailleurs c’était une chose qui devait
souvent arriver avec des personnes plus faibles ou se laissant facilement
emporter par leurs émotions. Le jeune tueur devait reconnaître que l’attitude
générale de Kouji, son caractère ainsi que son physique, lui plaisaient
beaucoup. Il avait un charisme sans égal. Bien entendu cela ne signifiait pas
qu’il se sentait attirer par lui ou du moins juste un peu. Mais qui ne le serait
pas ? Cependant, Seishi n’avait pas pour habitude de mélanger plaisir et
travail, sachant très bien où cela menait, pour avoir essayé. Enfin cela était
déjà arrivé que le jeune homme utilise son corps pour arriver à ses fins mais
cela restait encore assez rare. Il n’utilisait cette méthode que sur des
contrats qu’il devait régler rapidement. Ce n’était pas le cas de son patron. De
toute façon, il n’avait aucunement l’intention d’agir de la sorte avec le
directeur de la société Shinohara qui, il fallait le rappeler, était déjà avec
quelqu’un. Briser un couple ne dérangerait pas Seishi si cela pouvait l’aider
dans son travail, mais dans le cas présent, cela ne lui apporterait que des
ennuis. Le jeune homme devait se faire discret, pour pouvoir accomplir la
mission qu’on lui avait demandée.
- Qu’y a-t-il ? » interrogea la voix glaciale de Kouji, faisant sortir le
châtain de ses pensées.
Il fixa son patron qui s’était retourné. Il cligna légèrement des yeux, se
demandant pourquoi il lui posait cette question avant de pencher un peu la tête
sur le côté montrant son incompréhension. Le brun s’approcha de son bureau pour
écraser sa cigarette dans le cendrier.
- Pourquoi me regardez vous ainsi ? » questionna-t-il en remontant ses lunettes.
- Désolé, je vous regardais sans vous voir, j’étais plongé dans mes pensées.
Veuillez m’excusez. » répondit-il en souriant à nouveau et en posant une main
derrière sa tête, laissant penser qu’il se sentait embarrassé par sa propre
attitude.
Kouji le fixa froidement puis fit le tour de son bureau calmement, d’un pas
lent. Il se plaça ainsi derrière le fauteuil de son employé, le regardant de
haut et avec froideur. Seishi suivit son patron du regard, quelque peu méfiant,
avant qu’il ne disparaisse totalement de son champ de vision. Le jeune homme ne
bougea pas un seul instant, retrouvant un peu de son sérieux alors qu’il se
demandait ce que faisait le brun, ce qu’il avait en tête. Il regretta sur le
coup de ne pas être capable de lire dans les pensées.
Le patron de la société Shinohara resta un court instant à l’observer de la
sorte puis il leva doucement une main pour la poser sur l’épaule de son employé
qui ne put s’empêcher de tressaillir. Le brun se pencha en avant, approchant ses
lèvres de l’oreille du jeune homme, en profitant pour souffler dans son cou,
tandis que sa deuxième main se posait sur son autre épaule. Seishi ne fit aucun
mouvement pour se dégager malgré les quelques questions qui déferlaient dans son
esprit.
Que faisait son patron ?
Pourquoi agissait-il brusquement ainsi ?
Ce n’était pourtant pas son genre…
Il ne comprenait pas ce brusque changement d’attitude de la part de Kouji qui il
n’y avait pas cinq minutes le regardait avec froideur. Enfin personne à sa place
n’aurait compris ce qui se passait. Ce qui était certain, c’était que le tueur
ne se sentait plus vraiment à l’aise. La nervosité l’envahissait petit à petit
sans pour autant qu’il ne la montre. Seishi n’aimait guère cette nouvelle
proximité entre son patron et lui, surtout qu’il ne savait pas ce qu’il avait en
tête.
- Shinohara-sama… » fit-il le plus calmement possible.
- Chut… » coupa le brun en approchant un peu plus ses lèvres de l’oreille du
jeune homme.
L’une des mains de Kouji glissa avec légèreté sur l’épaule du châtain, remontant
lentement jusqu’à sa nuque afin de la caresser. Seishi ferma les yeux à ce
contact, tout en se mordant l’intérieur de la joue. Il était tenté de repousser
son patron à l’aide de son pouvoir mais ne pouvait hélas se le permettre. Il
avait une mission à accomplir.
- Dites moi Inazuma-san… » commença le brun sans cesser de lui caresser la
nuque.
- Oui Shinohara-sama ? » demanda l’interpellé en rouvrant les yeux, sa voix ne
traduisant pas son malaise.
- Vous n’avez rien à faire ce soir. » fit Kouji d’une voix toujours aussi neutre
malgré tout.
- Non… » répondit le jeune homme très calme.
- Bien. Alors vous accomplir cette mission que je vous avais demandé d’analyser
pour ce matin. » déclara brusquement le patron de la société Shinohara sans
s’écarter, déstabilisant complètement son employé. « D’accord ? »
Seishi ne sut quoi répondre, ne comprenant plus rien à l’attitude de Kouji.
D’après ce qu’il savait sur cet homme, il n’était pas du genre à agir ainsi avec
ses employés, surtout pour leur confier un travail. Alors pourquoi ce brusque
changement ? Tout cela était anormal…
Une légère douleur au niveau de la nuque ramena le jeune homme à la réalité. Il
serra les dents en tentant de fixer le brun du coin de l’œil en se demandant
pourquoi cette attitude plus brutale maintenant.
- Vous ne m’avez pas répondu. » déclara l’aîné d’un ton un peu plus glacial. «
Etes vous d’accord ? »
- Oui Shinohara-sama. » répondit le châtain d’une voix ferme.
- Bien… » termina Kouji en relâchant son employé et en s’écartant de lui.
Il le tour de son bureau pour retourner à sa place, s’asseyant sur le fauteuil
en cuir et allumant une cigarette comme si rien ne s’était passé. Il fixa Seishi
qui l’observait quelque peu surpris par ce qu’il venait de faire. Le patron de
la société Shinohara ressentit comme une grande satisfaction intérieure de
l’avoir ainsi décontenancé. Bien entendu, il remarqua que le châtain, malgré
tout, gardait une grande maîtrise de ses émotions, cela lui plaisait d’autant
plus. D’un certain point de vue, ça signifiait qu’il lui tenait tête.
De son côté Seishi n’arrivait toujours pas à comprendre le pourquoi de cette
conduite de son patron. Mais une petite voix lui disait que ce ne serait pas la
dernière fois qu’il agirait de la sorte. Cela inquiétait le tueur qui se
demandait quel était le but du brun.
- Ce sera tout. » termina ce dernier sans quitter des yeux son employé.
Celui-ci se leva calmement sans détourner le regard. Seishi s’inclina avec
respect avant de tourner le dos à son patron, se dirigeant vers la porte. Il
ouvrit cette dernière pour sortir mais s’arrêta afin d’observer une dernière
fois Kouji. Les deux hommes se fixèrent durant quelques instants puis le cadet
se détourna et quitta les lieux. Après son départ, un fin sourire satisfait
étira les lèvres du brun tandis qu’une lueur étrange difficile à définir
brillait dans son regard.
Une fois sortit du bureau de son patron, Seishi passa devant la secrétaire en la
saluant, retrouvant son sourire, masquant ainsi son trouble dû à ce qui s’était
passé un peu plus tôt. Il se dirigea vers l’ascenseur qu’il emprunta afin de
retourner dans son bureau. Dès que les portes se refermèrent sur lui, le châtain
s’appuya dos contre l’une des parois en soupirant longuement. Il se sentait
soulagé d’avoir enfin quitté le bureau de Kouji. Il ne comprenait toujours pas
ce qui avait pris au brun d’agir ainsi surtout pour lui donner uniquement
l’ordre d’accomplir un travail. Cet homme s’était montré plus qu’étrange et
troublant dans son comportement. Pourquoi avait-il fait cela ? C’était une
question qui restait en suspend. Seishi soupira une nouvelle fois puis se
redressa en fronçant un peu les sourcils. Il n’allait pas se laisser
déstabiliser ainsi, surtout pour si peu. Enfin, c’était bien la première fois
qu’un homme lui faisait un coup pareil, mais le châtain allait montrer à cet
homme qu’il en fallait bien plus pour le troubler.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. Le châtain sortit en souriant, comme il
le faisait toujours. Il se rendit directement dans son bureau, en saluant les
employés qu’il croisait, puis s’enferma dans la pièce qui lui était réservé. Il
s’installa dans son fauteuil et alluma son ordinateur afin de se mettre au
travail. Il avait une mission à préparer, même s’il avait déjà travaillé dessus,
il voulait la revoir pour ne pas commettre d’erreurs qui pourraient lui être
fatales. Cela lui prit une bonne partie de la matinée et une fois terminé, il
reprit ses autres dossiers en attentes jusqu’au soir où il partit pour accomplir
le travail que Kouji lui avait donné.
A suivre …