Impossible Pardon
 





Titre : Impossible Pardon
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 04
Genre :
Fantastique / Action / Yaoï.
Couple : Euh ... SURPRISE !!
Disclamer : Histoire originale qui j'espère vous plaira...


Colère


Allan et Ran avait regagné l’appartement du brun à la suite de la désastreuse rencontre qu’ils avaient faite avec Den. Le chemin du retour avait été rapide, l’aîné roulant vite, de façon nerveuse. La colère qu’il ressentait de ne pas avoir réussi à arrêter son pire ennemi le mettait dans un état de fureur extrême. Il était si proche de son but, si proche de le tuer, malheureusement, il avait fallut qu’il ait quelques secondes d’hésitation à cause de cette chose que John lui avait mis dans les pattes. Ce laps de temps avait suffit à son ennemi pour disparaître et ainsi lui échapper. Mais pourquoi n’avait-il pas lancé son attaque quand il le pouvait ? C’était une question qui était resté en suspend dans l’esprit d’Allan qui ne parvenait pas à trouver d’explications plausibles. En l’envoyant, il aurait put arrêter deux êtres qui ne méritaient pas de vivre, Den et Ran. Hélas, il n’en avait pas eut la force, cela l’irritait. Il avait un besoin urgent de passer ses nerfs. Il aurait très bien put le faire sur son partenaire imposé mais se retint, la leçon reçue dans la ruelle suffisait amplement. De plus, il avait promis à John qu’il ne maltraiterait pas trop, il n’en ferait donc rien.
Le trajet se fit rapidement jusqu’à l’appartement du brun. Ce dernier gara sa voiture sur le parking puis en descendit, se dirigeant vers l’immeuble sans attendre son compagnon, sans se soucier de lui. Ran le suivit sans un mot, restant à distance raisonnable de cet homme qui le haïssait plus que tout. Lorsqu’ils entrèrent dans le logement, Allan se dirigea aussitôt vers la salle de bain, ignorant toujours le châtain. Celui-ci le suivit du regard avant qu’il ne disparaisse de sa vue puis s’installa par terre, dos appuyé contre la porte. De longues minutes s’écoulèrent avant que le maître des lieux sorte de sa douche, serviette autour de la taille et une autre autour du cou. Il remarqua rapidement la présence de son prisonnier au niveau de l’entrée de son appartement.

- Je peux savoir ce que tu fais assis là ? » demanda-t-il froidement.
- Qu’est-ce que cela peut vous faire ? » interrogea Ran en levant le regard pour fixer son vis-à-vis.

Allan fronça un peu plus les sourcils avant de s’approcher de lui. Il le saisit ensuite par le col de la chemise pour l’obliger à se lever et ainsi le plaquer contre le mur, refermant son autre main sur son cou. Lentement, il commença à resserrer ses doigts autour de sa gorge afin de l’étrangler.

- Je n’aime pas ta façon de me répondre. » déclara-t-il d’une voix glaciale. « Dois je te rappeler qui commande ? »

Ran resta silencieux, le fixant simplement en sentant l’air lui manquer dans les poumons. Cependant, aucune plainte, aucune supplication, aucune protestation ne franchirent ses lèvres. Le silence était encore la meilleure méthode qu’il pouvait employer pour éviter de souffrir. Ce qu’il avait subit durant la matinée lui avait amplement suffit. Le châtain ferma donc les yeux, attendant patiemment que le brun ne se décide soit à lui donner une nouvelle leçon, soit à le lâcher. Ce fut la seconde option que choisit Allan en desserrant ses doigts, libérant son partenaire imposé avant de le fixer avec froideur.

- Je pense que tu as parfaitement compris. » fit-il d’un ton neutre. « Maintenant dépêche-toi d’aller prendre une douche. »

Ran ne se le fit pas dire deux fois, il fila à toute vitesse dans la salle de bain où il s’y enferma à clé. Il se laissa alors glisser contre la porte en posant une main sur sa gorge sur laquelle il avait encore l’impression de sentir les doigts d’Allan. Il se demanda alors si un jour il pourrait avoir une vie normale ce dont il doutait tant qu’il resterait avec le brun. Ce dernier avait décidé de lui faire payer son crime survenu sept ans auparavant. Cependant, lui donner la mort serait une fin beaucoup trop douce à ses yeux. Ce que le châtain avait subit durant la matinée en était là preuve. Il ne put retenir un soupir en repensant à cela. Lentement, le jeune homme se releva et s’avança dans la salle de bain avant de se regarder dans la glace. Il ferma un instant les yeux tout se concentrant. Quelques instants après, une vive lumière apparut tandis qu’une magnifique paire d’ailes couleur nuit se déployait au niveau de son dos. Ces dernières sorties, le châtain fit couler l’eau de la douche puis se déshabilla avant de commencer à fouiller dans les tiroirs. Il y trouva une paire de ciseaux ainsi que plusieurs lames de rasoirs dont il se saisit. Ceci en main, il s’installa sous le jet. Le jeune homme laissa couler l’eau sur son corps quelques instant. Il ramena ensuite son aile gauche devant lui tout en prenant une lame qu’il posa entre les plumes sombres. Ran appuya dessus avec lenteur, laissant le liquide carmin s’écouler puis disparaître dans les égouts. Il fit glisser l’arme improvisée sur la chair de son aile, l’entaillant profondément. Le châtain se mordit violemment la main pour empêcher un hurlement de douleur franchir ses lèvres. La blessure imposée, il la fixa tout en lâchant la lame de rasoir afin de se saisir de la paire de ciseaux. Il planta ces derniers un peu en dessous de l’articulation avant de tomber à genoux sous la souffrance qui lui vrillait le corps. Le jeune démon serra les dents avec forces, tentant inutilement d’empêcher ses larmes de couler sur ses joues.

- Derek… » murmura-t-il le corps pris de tremblement.

Ran regardait le sang s’écouler dans la cabine de la douche et se perdre dans l’évacuation. Il méritait de subir ces souffrances après ce qu’il avait fait sept ans plus tôt. Pour lui cette automutilation était le seul moyen qu’il avait trouvé pour se punir du meurtre qu’il avait commis. Après tout, il avait osé assassiner l’homme qu’il aimait, même si à cette époque il n’était pas lui-même et n’avait pas le contrôle de sa personne. Il n’en restait pas moins le meurtrier, celui qui avait porté le coup fatal.
Le châtain resta quelques minutes, tentant de reprendre son souffle ainsi que ses esprit, le sang coulant le long de son aile blessée. Il finit par se relever pour nettoyer ses plaies avant de replier ses ailes qui saignaient toujours. Il termina ensuite sa toilette puis sortit de la douche pour rejoindre son compagnon.
Ce dernier se trouvait dans la cuisine, préparant le déjeuner lorsque Ran arriva. Une délicieuse odeur de viande grillée émanait d’une poêle posée sur la gazinière. Le jeune homme huma doucement l’air, en fermant les yeux. Cela faisait pas mal de temps qu’il n’avait pas mangé quelque chose de bon et surtout de chaud comme un steak. Dans sa prison, ses repas se limitaient à un morceau de pain accompagné d’eau fraîche, ce qui n’était guère nourrissant. Parfois, il avait le droit à quelques pommes de terre mais cela restait relativement rare. Ce repas allait lui redonner un peu d’énergie, ça ne lui ferait aucun mal. Le châtain allait certainement prendre son temps pour déguster cette viande au fumet si appétissant. Une question vint alors à l’esprit de Ran qui se demandait comment son estomac allait réagir en recevant ce genre de nourriture. Après sept années à manger le minimum pour survivre, il allait très certainement avoir du mal à accepter ce festin.
Le demi démon poussa un léger soupir avant de s’avancer dans la cuisine, la tête basse, le visage pâle et fatigué. Allan, l’ayant entendu arriver, l’observa, constatant ce fait. Il lui tourna le dos alors qu’il retournait la viande afin de cuir l’autre côté.

- Quelque chose ne va pas ? » demanda-t-il durement plus par curiosité que par inquiétude. « Tu es livide. »
- Non, tout va bien. » mentit Ran en s’approchant de la fenêtre.

Allan préféra ne pas insister, se moquant pas mal que le jeune homme soit malade ou non. Sa mort elle-même ne lui ferait ni chaud ni froid. A ses yeux, il restait une abomination qui n’aurait jamais dû voir le jour, doublé d’un assassin. Son sort lui était donc égal. Hélas, le brun était obligé de faire en sorte qu’il reste en vie, tels étaient les ordres de John, son supérieur et ami. Il prétendait que Ran était utile, mais le brun se demandait vraiment en quoi il l’était. Enfin, il n’avait pas à discuter de cela, il devait juste obéir aux ordres. De plus, s’il voulait s’occuper de l’affaire Den, il était obligé de supporter cette abomination et de vivre avec. Allan ne put retenir un léger soupir à peine audible à cette pensée avant de se tourner vers le châtain toujours debout prêt de la fenêtre.

- Je pense que tu dois avoir faim. » supposa-t-il en le regardant de haut en bas. « A en juger par ta maigreur, tu ne devais pas être beaucoup nourris dans ta cellule. »
- Hm… » fit Ran en le fixant. « J’avais l’habitude. En même temps, je ne pense pas que cela vous intéresse. Si vous aviez été à la place de John, je serai mort. J’en déduis donc que ma santé vous est égal. »
- Effectivement. » répondit le brun en reportant son attention sur la viande. « Mais de ton état actuelle dépend l’avenir de ce monde. Les dirigeants pensent que tu es le seul à pouvoir vaincre Den. Ce dont je doute. En attendant, j’ai des ordres et suis dans l’obligation d’y obéir. Maintenant trêve de discussion, ne reste pas sans rein faire et met la table. Les couvets sont dans le lave-vaisselle. »

Ran quitta sa fenêtre et obéit à l’ordre donné sans discuter. Il sortit les assiettes et couverts avant de tout poser sur la table de la cuisine. Ceci fait, il se tourna vers Allan qui venait de se tourner vers lui avec la poêle dans les mains afin de les servir en viande. Les deux hommes s’installèrent puis commencèrent à manger dans le silence le plus total, sans se regarder.
Le repas terminé, le châtain débarrassa la table tandis que le brun se rendait dans le salon. Il se devait de contacter son supérieur et ami, afin de le tenir au courant de l’évolution de leur mission, ainsi que des évènements survenus le matin même. Il composa donc le numéro tout en surveillant son compagnon du coin de l’œil. Trois sonneries retentirent avant que la voix de son supérieur ne décroche le combiné.

- John Wilson j’écoute. » fit-il d’une voix calme.
- John, c’est moi ! » répondit le brun d’un ton neutre.
- Allan ?! » s’étonna le plus âgé. « Que me vaut l’honneur de ce coup de téléphone alors que nous nous sommes vu il y a quelques heures ? »
- Nous avons rencontrer Den. » révéla l’homme de terrain de façon directe et franche. « Je voulais juste te le signaler. »

Allan put constater un léger silence à l’autre bout du téléphone. Il entendit aussi distinctement un petit déclic, l’informant qu’il venait de passer sur haut parleur. Ce détail le fit hausser un sourcil. Si son supérieur agissait ainsi, cela signifiait qu’il n’était pas seul dans son bureau. Mais la question était de savoir qui était avec lui à ce moment précis. La voix de son contact ramena le brun à la réalité.

- Den… » murmura-t-il en soupirant. « C’est la seconde fois en deux jours qu’il se présente à vous. Il doit être pressé d’en finir… »
- Je ne sais pas… Il a refusé de se battre. » l’informa Allan d’un ton neutre.
- Ce n’est guère surprenant. Ce n’est pas dans son intérêt de vous tuer tout de suite. Vous le savez très bien. » lui rappela son supérieur calmement. « Il doit avant tout faire en sorte que la moitié de cristal que vous portez en vous s’active. Et pour cela il doit vous pousser dans vos retranchements. C’est ce qui est arrivé à votre frère pour que son cristal s’éveille. Il s’est retrouvé en danger et… »
- Je sais ce qui s’est passé ! » coupa le brun de façon sèche. « Personnellement, je n’ai guère envie que cela m’arrive. »
- Je sais… Mais le moment venu, vous n’aurez pas d’autre choix que de l’accepter. » fit John d’une voix neutre. « Dites vous que votre moitié de cristal vous apportera la force suffisante pour supprimer Den définitivement. »

Allan laissa échapper un léger soupir aux paroles de son ami et supérieur mais aussi en repensant à son frère, Derek. Il n’avait vraiment aucune envie que son cristal s’éveille comme cela était arrivé à son aîné auparavant. Certes il lui confèrerait une puissante dont la limite était jusque là inconnu, qui lui permettrait de vaincre Den, néanmoins, le brun n’en voulait pas. Cette pierre, dont il possédait une moitié, avait été la cause de la mort de son frère. Si une partie n’avait pas été enfermée en lui, jamais Den ne se serait intéressé à lui, il serait encore en vie. Allan la maudissait tout comme celui qui avait assassiné Derek pour l’obtenir.

- Allan… » appela la voix de John le faisant ainsi sortir de ses pensées. « Ran se porte bien ? »
- Je vais finir par croire que cette abomination a plus d’importance à vos yeux que les hommes de terrain qui risquent leur vie en ce moment. » déclara le brun en fixant froidement le châtain quo venait d’arriver dans la pièce. « Mais bon si cela vous intéresse tant. Il va bien… Pour le moment. »
- Veillez bien sur lui quand même. » insista l’aîné avec un calme olympien. « Il n’est pas ce que vous pensez qu’il est. »
- A mes yeux il est et restera un meurtrier. » répliqua le cadet d’une voix glaciale. « Je l’accepte comme équipier, je le loge, je le nourris. Mais jamais je n’aurai de respect ou de considération pour lui. Je n’ai qu’un seul désir, le tuer de mes propres mains. »
- Je sais… » répondit John en soupirant. « Bon… Continuez la mission comme vous l’avez commencé. »
- D’accord. » accepta Allan avant de raccrocher.

Le brun posa le téléphone sur le buffet du salon en soupirant avant de se tourner vers Ran qui l’observait. Allan soutint son regard jusqu’à ce qu’il détourne les yeux puis il se dirigea vers le canapé tout en allumant une cigarette. Il porta à nouveau son attention sur le jeune demi démon en soufflant un nuage de fumée.

- Nous repartons à la recherche de Den. » déclara-t-il d’une voix froidement.
- Je croyais que nous allions attendre qu’il se montre. » répondit le châtain en le regardant à nouveau.
- Ce sont les ordres de John. » répondit Allan en soupirant. « Alors on obéit un point c’est tout. »

Ran ne répondit pas, détournant simplement le regard vers la fenêtre afin d’observer l’horizon. Il était persuadé que sortir chercher Den serait inutile, si celui-ci ne voulait pas se montrer, il n’en ferait rien. Pour le moment, le démon était le maître du jeu, c’était ce qu’il avait voulut leur faire comprendre un peu plus tôt en venant les narguer dans cette ruelle. Le châtain était persuadé que Allan ou même John savaient cela, mais les deux hommes voulaient très certainement trouver leur ennemi avant que celui-ci ne décide de passer aux choses sérieuses, ce qui les mettrait certainement en position de faiblesse. Le jeune homme comprenait que tous aient le désir d’en finir rapidement avec cette histoire.
Le demi démon observa encore son partenaire qui venait de se lever pour se diriger vers la porte d’entrée de l’appartement dans le plus grand silence. Sans attendre, il le suivit, sachant très bien qu’ils étaient dans l’obligation de retourner sur le terrain. Les deux hommes repartirent donc en ville à la recherche de Den ou du moindre indice qui pourrait le conduire à lui. Ils passèrent leur après midi à arpenter les rue de Londres, à interroger d’autres démons, sans obtenir le moindre résultat. Soit les démons avaient peur des conséquences s’ils venaient à parler, soit ils ignoraient vraiment où se trouvait leur ennemi. Dans tous les cas, leur recherche se soldait par un échec, et cela serait ainsi tant que Den n’aurait pas décidé de les laisser le retrouver. Ce petit jeu de cache-cache était et serait toujours un divertissement pour le démon qui de cette façon, agaçait ses poursuivant, les affaiblissant dans un sens. En effet, l’énervement engendrait la colère, cette dernière aveuglait l’esprit humain. Lorsque celui-ci tombait sous sa coupe, il n’était plus capable d’avoir un jugement perspicace et ne voyait qu’un seul et unique but, celui d’en finir avec la nature de leur agacement, par tous les moyens possible. En général, les décision prisent dans cet état n’étaient jamais bonnes, conduisant, la plupart du temps, à la défaite. Telle était la technique de Den pour supprimer ses adversaires. Allan était la cible de tout cela, le plus sujet à la colère.
Au bout de plusieurs heures de recherches infructueuses, les deux hommes finirent par reprendre la direction de l’appartement. La nuit commençait à tomber et continuer comme ça dans le noir, ne les mènerait nul part. De plus, ils avaient besoin d’un peu de repos pour être prêt à reprendre leur enquête dès le lendemain. Arrivé au logement du brun, ce dernier entra, se dirigeant immédiatement vers le salon avant de jeter rageusement sa veste sur le canapé. Il s’approcha ensuite de l’aquarium afin de nourrir les poissons puis se rendit dans la salle de bain. Là, il enleva sa chemise et fit couler un peu avec laquelle il s’aspergea le visage, chose qui normalement aurait dû le calmer mais n’en fit rien. Lorsque Allan se redressa, il aperçut le reflet de Ran qui l’observait.

- Quoi ? » demanda-t-il d’une voix dure.
- Rien… Je me faisais juste un peu de souci pour vous… » révéla le châtain en soupirant.
- En quoi mon état de santé t’intéresse t-il ? Ai-je l’air d’être malade ? » interrogea le brun d’un ton agressif. « Non. Alors maintenant, mêle-toi de tes affaires, cela me ferait plaisir. »

Ran soupira une nouvelle fois en baissant les yeux pour éviter de ne le mettre plus en colère qu’il ne l’était. Il était inutile pour lui d’essayer de se montrer amical avec cet homme qui ne voyait en lui qu’un assassin. Le châtain recula donc un peu, histoire de lui montrer qu’il s’effaçait. Mais lorsqu’il releva les yeux, ce fut pour voir le brun à quelques centimètres de lui, son regard glacial planté dans le sien.

- Ecarte-toi de mon chemin. » ordonna-t-il en le poussant brutalement.

Le demi démon perdit l’équilibre sous la force utilisé et s’écroula en plein milieu du couloir, dos appuyé contre le mur. Il grimaça légèrement avant de fixer son aîné qui en faisait de même. Allan s’accroupit alors devant lui, prenant appuis sur l’un des genoux de son vis-à-vis. Ses yeux ne reflétaient que colère et envie de vengeance.

- Tu ne m’es d’aucune utilité. » déclara-t-il d’un ton glacial. « Tout ce que tu mérites c’est de mourir. Si seulement je pouvais te tuer de mes propres mains, je le ferais sans hésitation et avec une joie non dissimulée. Crois-moi. »
- Je sais… » murmura Ran en baissant les yeux.
- Tu as beaucoup de chance que John t’apprécie. » déclara Allan toujours sur le même ton. « Si tu es toujours en vie c’est grâce à lui. Que lui as-tu fait pour qu’il te laisse vivre ? Qu’as-tu accepté de lui donner pour qu’il t’épargne malgré le crime que tu as commis ? Ton… corps ? »

La réponse à cette question ne se fit pas attendre. Le châtain leva la main et gifla ni plus ni moins son vis-à-vis, sans se soucier des conséquences que ce geste allait certainement engendrer. Le brun dépassait les bornes en proférant de tels propos blessants, non pas pour le demi démon, mais pour John qui l’avait protégé après la mort de Derek. Il se disait son ami mais n’hésitait pas à le salir en ayant, ne serait-ce qu’un instant, ce genre de pensées.

- Ce geste va se payer. » fit Allan menaçant.
- Vous l’avez cherché. » répondit Ran les dents serrés de colère. « Vous vous dites l’ami de John mais vous n’hésitez pas à lui mettre sur le dos des actions qu’il serait incapable de commettre. Il est comme un père pour moi. Jamais je ne me serais permis de le toucher de la sorte et de le souiller. J’aurais préféré mourir. »

Le regard d’Allan se fit brusquement plus dur alors qu’il saisissait le châtain par le col pour l’obliger à se relever. Il le plaqua ensuite sans douceur contre le mur tandis que son poing se levait pour violemment s’abattre sur la mâchoire du jeune homme. Ce dernier encaissa le coup et releva le regard vers lui, un filet de sang s’écoulant de la commissure de ses lèvres. Un second crochet l’atteignit encore au visage, le faisant cette fois ci s’écrouler au sol. Le brun ne perdit pas un seul instant, son pied droit vint rencontrer presque aussitôt les côtes de Ran qui se plia en deux sous la douleur. Mais aucun son ne franchit ses lèvres, aucun gémissement ou râle de douleur. Allan se pencha alors sur lui pour saisir sa chevelure, l’obligeant à relever le visage. Le châtain le fixa intensément, visiblement loin d’être décidé à se laisser rabaisser.

- De nous deux… » commença-t-il la respiration sifflante. « C’est vous le démon. »
- La ferme ! » répondit Allan en lui donnant une gifle. « Je vais te donner une leçon dont tu te souviendras toute ta vie. Crois moi, après tu ne te permettras plus de me tenir tête comme tu viens de le faire. »

Sur ces mots, l’aîné se redressa tout en fixant le jeune homme allongé devant lui. Il lui donna alors un violent coup pied dans le ventre puis se concentra, laissant son énergie déferler en lui. Ses yeux virèrent au rouge tandis que les entraves de Ran commençaient à s’illuminer. Le corps de ce dernier fut au même instant parcourut d’une vive douleur, lui donnant l’impression de sentir des milliers de petites aiguilles s’enfoncer dans sa chair. Un hurlement de douleur s’échappa de ses lèvres lorsque ses poumons se compressèrent, lui bloquant la respiration. Le châtain avait l’impression que son sang devenait brûlant dans ses veines, comme de l’huile bouillante. Sa tête le faisait atrocement souffrir, comme si quelqu’un la martelait de l’intérieur. Tout son être avait atteint un tel degré de souffrance que plus rien autour de lui ne semblait exister. Il n’entendait plus, ne voyait plus, il était incapable d’émettre le moindre son. Ran se sentait partir, mourir lentement, de la pire façon qui soit, détruit de l’intérieur.
Mais n’était-ce pas ce que le demi démon avait toujours souhaité ?
Il détestait ce qu’il était, son existence, sa vie entière. Sa naissance était le fruit d’une erreur commise par un démon et une humaine. Ils avaient crée une abomination avant de l’abandonner, ne le désirant pas. Le châtain ne représentait rien pour personne, n’était désiré par aucun être vivant. Il pouvait donc mourir, ce ne serait que délivrance.
Allan observait son compagnon, un rictus cruel étirant ses lèvres, appréciant de le voir souffrir ainsi, de regarder son corps se tordre de douleur. Selon lui, le jeune homme méritait ce traitement pour le crime qu’il avait commis, pour avoir osé assassiner son cher frère Derek. Son mépris, sa colère, sa haine envers Ran lui faisait perdre la tête, l’empêchant de se rendre compte de cette torture qu’il lui faisait subir. Pourtant, lorsque le brun vit le châtain cesser tout mouvement, une sorte de déclic se produisit dans son esprit. Il cessa toute activité sur les entraves, se baissant précipitamment pour prendre son pouls. Ce dernier faiblissait tandis qu’une vive inquiétude s’emparait d’Allan. Celui-ci se releva pour se diriger rapidement vers la salle où il prit un linge. Il l’humidifia puis revint auprès de Ran afin de le rafraîchir tout en lui tapotant doucement la joue.

- Ran… » murmura-t-il inquiet. « Réveille-toi… Ran ! »

Hélas, le jeune homme n’eut aucune réaction, augmentant l’angoisse du brun qui d’ailleurs ne comprenait pas ce sentiment pour lui. Après tout, il désirait plus que tout qu’il meurt. Alors pourquoi s’inquiétait-il ainsi de son sort ? Il l’ignorait. Cependant, sa volonté était comme surpassée par une autre qui désirait garder le châtain en vie. C’était une étrange sensation, une douce chaleur venant de son cœur, quelque chose qu’il avait déjà ressenti lors de sa dernière rencontre avec Den et qui l’avait fait hésiter. Mais cela ne donnait pas d’explication claire sur l’origine de ce phénomène. D’ailleurs, pour le moment, ça n’avait que peu d’importance, la priorité était Ran.

- Ran ! » appela-t-il d’une voix un peu plus forte. « Réveille-toi ! Ran ! »

Le châtain ne s’éveillait toujours pas, les battements de son cœur diminuant toujours. Loin d’abandonner, l’aîné continua ses appels tout en tapotant doucement son front à l’aide la serviette humide. Après trois ou quatre tentatives de réanimations infructueuses, Allan décida d’utiliser la méthode la plus sûre en faisant appel à ses pouvoirs mais surtout aux entraves qui pouvaient tout aussi bien tuer quelqu’un que le sauver.
Le brun se concentra donc sur les faibles battements du cœur de son compagnon. Lentement, sans se montrer brusque, il l’obligea à accélérer, ne cessant ses appels pour le faire revenir. Ce fut au bout de cinq minutes que le résultat se fit voir. En effet, Ran rouvrit les yeux, reprenant enfin conscience. Bien entendu, la première chose qu’il vit, fut le visage de son bourreau. Par pur réflexe, le châtain s’écarta de lui, mettant une distance de sécurité entre eux. Allan le fixa à nouveau froidement alors que cette sensation qu’il avait ressenti disparaissait. D’ailleurs, elle laissait de nouveau la haine reprendre le dessus ainsi qu’une grande incompréhension. Il ne s’expliquait pas ce qui s’était passé, regrettant même de lui avoir sauvé la vie. Il ne s’expliquait pas son geste, néanmoins, il était bien décidé à faire la lumière sur cette affaire.
Finalement, Allan se redressa puis observa encore le châtain qui ne l’avait pas quitté des yeux, méfiant. Sans un mot, il lui tourna le dos puis se dirigea vers la cuisine afin de préparer le dîner, histoire de se changer les idées et d’oublier tout cela, chose guère facile à faire. Ce qui venait de se passer, l’avait particulièrement troublé. Après tout, il avait été à deux doigts de le tuer, de venger la mort de son frère. Hélas, il avait été incapable d’aller au bout de son geste.
Pourquoi avait-il hésité ?
Pourquoi n’était-il pas allé jusqu’au bout ?
Pourquoi s’était-il soudainement senti inquiet, voir, paniqué en voyant Ran sans connaissance ?
Le brun était incapable de répondre à ces questions, son instinct lui disait qu’il n’était pas prêt d’en avoir. Le problème était que toute cette histoire allait très certainement le déranger pendant longtemps.
Des bruits de vaisselles derrière le brun attira l’attention de celui-ci, le faisant sortir de ses pensées. Il se retourna pour voir Ran, tenant deux assiettes dans les mains afin de dresser la table. Son visage ne reflétait que tristesse tandis que son regard était perdu dans le vide, déconnecté de la réalité. Chacun de ses gestes était lent un peu comme ceux d’un automate. Les couverts posés, le châtain s’assis devant son assiette, en silence, attendant qu’Allan serve le repas. Ceci fait, le brun prit à son tour place et tous deux purent dîner sans échanger le moindre mot, s’ignorant.
Le dîner terminé, les deux hommes se rendirent dans la chambre de l’aîné afin de se reposer un peu. Ils avaient tous deux grand besoin de récupérer leurs forces après la dure journée qu’ils venaient d’avoir. Ran et Allan savaient que le lendemain serait tout aussi difficile. Dans la pièce, le brun donna une simple couverture à son compagnon toujours sans dire le moindre mot. Le châtain comprit parfaitement qu’il allait devoir dormir à même le sol avec juste cela comme protection. Mais cela ne le gênait pas, ayant connu pire dans sa cellule où il ne dormait pas couché. Sa position avait toujours été des plus inconfortables, ne lui permettant ni de s’allonger, ni de se mettre debout, s’asseoir lui était difficile. Néanmoins, il y arrivait au prix de plusieurs entailles au niveau de ses poignets, sans compter les luxations au niveau des épaules ou les déchirures musculaires. Tout cela pour avoir un peu de confort. A cela s’ajoutait, les hivers rigoureux durant lesquels la température chutait. Ran n’avait que des loques pour le protéger, le rendant souvent malade. Par chance, son côté démon le rendait beaucoup plus résistant qu’un humain normal qui n’aurait put vivre dans de telles conditions aussi longtemps. Alors dormir par terre avec une simple couverture comme protection représentait presque le grand luxe pour lui. Cela allait d’ailleurs lui faire bizarre de se réveiller dans un endroit confortable et bien chauffé.
Ran s’allongea donc par terre et s’endormit presque aussitôt, tournant le dos à son compagnon qui le fixa un instant avant de sombrer lui aussi dans un sommeil réparateur.

 

 

A suivre …