Impossible Pardon
Titre :
Impossible Pardon
Auteur : Val-rafale
Chapitre : 03
Genre : Fantastique / Action / Yaoi.
Couple : Surprise !!!
Disclamer : Les persos sont tous à moi.
A nouveau prisonnier
La voiture
roulait assez vite en ville, grillant les feux rouges qu’elle croisait et se
faisant klaxonner par les autres véhicules qui arrivaient sur les côtés. Le
conducteur ne semblait connaître ni les limitations de vitesse, ni le code de la
route. Ou peut être s’en moquait-il simplement. Une chose était certaine, il
devait être très pressé d’arriver à destination pour conduire de cette façon,
imprudente. Il avait eut pour le moment beaucoup de chance de ne pas avoir
d’accident ou de ne pas avoir percuté un passant tentant de traverser au moment
où il arrivait. Après son passage, les insultes fusaient, le traitant de danger
public ou lui conseillant de repasser son permis, pour les plus polis. Mais tout
cela était hurlé dans le vide, le chauffeur étant bien loin vu la vitesse de son
véhicule. Il ne pouvait guère entendre tout cela.
A l’intérieur de cette voiture, le conducteur imprudent en question, Allan,
fixait la route de son regard le plus glacial. Assis à ses côtés, sur le siège
passager, Ran avait baissé la tête, fixant silencieusement ses mains, les yeux
remplis de tristesse. La tension dans le véhicule était telle, qu’elle en était
presque palpable. Bien entendu tout cela provenait en majeur parti du brun qui
se trouvait derrière le volant. Celui-ci quitta un instant la route des yeux
pour jeter un coup d’œil à son compagnon, avant de renifler bruyamment et
d’ouvrir les fenêtres en grand, laissant l’air frais pénétrer dans la voiture.
Le châtain en sentant la morsure du froid ne put s’empêcher de trembler. Il
releva légèrement la tête pour fixer Allan.
- J’ai un peu froid… » murmura-t-il doucement. « Pourriez vous fermer une
fenêtre ? »
- Pour que je meurs asphyxié ?! » s’exclama le brun agressif. « Tu empestes le
cadavre de démon en décomposition ! Je n’ai aucune envie de supporter ton odeur
jusqu’à l’appartement ! ».
Le jeune homme ne répondit pas, sachant parfaitement qu’il était inutile
d’insister. Jamais Allan ne fermerait une fenêtre, il préfèrerait le voir mourir
de froid. Ce qui était compréhensible dans un certain sens, vu ce qui s’était
passé sept ans auparavant. D’ailleurs, Ran regrettait de ne pas être mort à
cette époque. Afin de tenter de se réchauffer, il se recroquevilla contre la
portière mais ce fut sans succès. Ses vêtements étant en très mauvais états et
la vitesse rafraîchissant encore plus l’intérieur de la voiture, le prisonnier
avait fort peu de chance de réussir à se protéger.
Le reste du trajet se fit dans le plus grand silence, l’atmosphère de la voiture
se faisant plus glacial encore, au sens propre comme au sens figuré du terme. Au
bout d’une demi heure, les deux hommes arrivèrent à l’appartement du brun. Ce
dernier gara son véhicule sur son parking privé puis descendit pour se rendre à
l’ascenseur, suivit par Ran. Ils montèrent jusqu’à l’étage du logement d’Allan
dans lequel ils entrèrent. A peine furent-ils à l’intérieur que le brun
saisissait son cadet par nuque pour la serrer violement. Le jeune homme,
surpris, commença à se débattre, mais l’aîné accentua la pression de sa main
afin de l’obliger à se calmer, puis le traîna ainsi jusqu’à la salle de bain.
Sans le lâcher, il lui arracha les loques qu’il portait et le poussa assez
violemment dans la cabine de douche. Il lui jeta ensuite à la figure un flacon
de gel douche et un autre de shampoing.
- Lave-toi ! » ordonna-t-il méchamment. « Je n’ai aucune envie de supporter ta
crasse tout le temps de la mission. »
Sitôt ces paroles prononcées, Allan quitta la salle de bain laissant Ran seul
qui se laissa tomber à genoux sur le sol froid avant de se mettre à pleurer.
Après avoir passé sept ans enfermé dans une petite cellule sans voir la lumière
du jour, il allait maintenant devoir servir cet homme qui le haïssait plus que
tout au monde et qui n’avait qu’une envie, le voir mourir après avoir subit
mille et une souffrances. Le châtain savait très bien que ces sentiments étaient
légitimes après ce qui s’était passé, il y a quelques années, il n’en voulait
donc pas au brun pour son attitude. Cependant, il ne pouvait se cacher que tout
cela était dur pour lui à supporter et la situation ne ferait qu’empirer. Son
compagnon pourrait en arriver au point de non retour, en le tuant ni plus ni
moins. Mais ce ne serait peut être pas si mal d’un certain point de vue, surtout
avec le retour de Den dans ce monde. Ran ne pourrait supporter de revivre la
même chose qu’il avait vécut sept ans plus tôt, d’autant plus qu’il n’était pas
certain d’avoir vraiment la puissance requise pour vaincre ce démon ou ne
serait-ce que pour lui tenir tête. Son ennemi avait dû gagner en puissance
durant son emprisonnement, cette dimension devait lui avoir fait subir de
nombreuses épreuves de forces. Tandis que lui, sa captivité l’avait fait
régresser, il n’y avait aucun doute possible.
Le châtain soupira en se redressant, essuyant ses larmes. Il posa une main sur
le robinet de la douche pour le faire tourner, l’eau commençant à s’écouler sur
son corps fin. Ran ferma doucement les yeux. Tout n’était que supposition, il
devait donc cesser de penser à tout ça et se concentrer uniquement sur sa
mission. Le jeune homme saisit le shampoing et le gel douche afin de se laver
soigneusement, plusieurs fois de façon à faire partir toute la crasse qu’il
avait accumulée durant son enfermement. Ceci terminé, il sortit de la douche et
se sécha soigneusement avant de se regarder dans une glace. Un petit soupir lui
échappa. Ses cheveux étaient tellement longs et emmêlés qu’il était impossible
de les coiffer. Il n’avait en conséquence qu’une solution, c’était de les
couper. Ran fouilla dans les tiroirs en quête d’une paire de ciseaux qui
l’aideraient à se débarrasser de cette touffe rebelle. Lorsqu’il en trouva une,
il n’hésita pas une seule seconde à tout taillé, se retrouvant les cheveux court
à l’arrière et long, jusqu’au niveau des épaules, sur les côtés, ainsi que des
mèches retombant devant ses yeux. Ceci terminé le châtain observa ses mains et
plus particulièrement ses ongles bien trop longs…
Pendant ce temps, Allan s’était rendue dans la chambre où il avait commencé à
fouiller dans son armoire. Il sortit une simple couverture de coton uni qu’il
déposa sur le parquet en guise de lit pour cet invité non désiré. Le brun avait
décidé de l’installer dans la même chambre que lui afin de pouvoir mieux le
surveiller, n’ayant aucune confiance en lui. Cependant, il était hors de
question qu’il lui facilite la tâche en l’installant avec tout le confort, il ne
méritait aucune attention de ce genre. Ceci fait, l’aîné retourna dans le salon
pour s’approcher ensuite de son buffet. Il ouvrit une porte et en sortit un
petit coffret en bois verni, visiblement très ancien dont le couvercle avait été
gravé d’un symbole étrange et inconnu ressemblant étrangement à une étoile
éclatée. Allan posa deux doigts sur la marque afin de la caresser lentement puis
il se redressa avant de se diriger vers la table du salon. Il posa le coffret
dessus et s’assit ensuite sur l’une des chaises, croisant les bras sans quitter
des yeux l’objet. Le brun resta ainsi, attendant l’arrivé de son compagnon.
Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que Ran n’apparaisse dans le salon, une
serviette enroulée autour de la taille. Il s’approcha de son hôte, qui n’avait
pas bougé de place, et le fixa avec calme, masquant une certaine crainte qui
l’envahissait dès qu’il se retrouvait en sa présence.
- Assis-toi ! » ordonna froidement Allan en se redressant.
Le châtain préféra ne pas discuter et obéit en prenant place face au brun qui
poussa alors le coffret vers lui. Ran observa ce dernier, un sourcil
interrogateur se levant. Il porta son attention sur son hôte, dont le regard
était toujours aussi dur et glacial.
- Ouvre-le ! » commanda-t-il sèchement.
- Qu’est-ce que c’est ? » demanda Ran, tentant de masquer sa peur de cet homme.
- Ouvre et tu sauras. » répondit Allan de façon glacial.
Le cadet respira profondément puis s’exécuta, ouvrant avec méfiance le couvercle
comme si celui-ci allait lui sauter au visage. Il resta sans voix devant son
contenu. En effet, dans la boite, étaient posés, sur un socle en velours, cinq
anneaux en or sur lesquels était gravé le même symbole étrange présent sur le la
boite. Ran releva les yeux pour observer Allan, penchant légèrement la tête sur
le côté en signe évident d’incompréhension.
- Ce sont des entraves. » déclara froidement l’aîné, en réponse à la question
muette. « C’est pour éviter que tu ne me trahisses. Tu as les bracelets pour les
poignets et les chevilles et enfin le collier. Maintenant… Met-les. »
Ran posa à nouveau son regard sur les fameux bijoux puis ferma les yeux. Il
comprenait que le brun veuille qu’il les porte, c’était pour assurer sa
sécurité. Cependant, de son point de vue, cela signifierait qu’il serait à
nouveau prisonnier, même si cela était un peu différent de sa cellule, à croire
que c’était sa destinée. Il commençait à en avoir assez de cette captivité, il
n’était pas un animal. Et encore, ces derniers seraient mieux traités que lui.
Le châtain rouvrit les yeux, fixant encore les entraves, puis porta son
attention sur Allan, son regard se faisant un peu plus dur, toute trace de
crainte semblant avoir disparu.
- Et si je refuse ? » interrogea-t-il d’une voix calme et froide.
Le jeune homme n’eut pas le temps de comprendre ce qui suivit tant l’action fut
rapide. Il ressentit juste une violente douleur au visage avant de se retrouver
à terre, quelque peu sonné par le coup. Ran allait pour se redresser mais un
genou au niveau de son torse vint le bloquer et surtout lui couper la
respiration. Il sentit ensuite une main venir lui enserrer la gorge tandis
qu’une autre, dans laquelle une lueur bleutée apparaissait, s’approchait de son
visage. Le châtain la fixa, sentant son corps trembler sous la peur.
- Je te conseille de m’obéir sagement si tu ne veux pas que je te règle ton
compte immédiatement. » l’avertit le plus âgé d’une voix dure.
Ran avala difficilement sa salive puis cligna des yeux en guise de réponse.
Aussitôt, la lueur disparue de la paume de la main d’Allan qui s’écarta de lui,
le laissant reprendre son souffle. Il s’approcha de la table, prit le coffret et
retourna ensuite auprès du châtain, toujours au sol. Ce dernier prit les
entraves à contrecoeur avant de les passer autour de ses chevilles, de ses
poignets et enfin autour de son cou. Les cinq bijoux en or se resserrèrent
automatiquement autour de lui puis les symboles s’illuminèrent un court instant.
Le brun fixa froidement le jeune homme, l’air satisfait.
- A partir de maintenant, si tu tentes quoique ce soit contre moi, ces symboles
dans le meilleur des cas te brûleront légèrement et dans le pire, ils te
tueront. » expliqua-t-il d’un ton neutre en allumant une cigarette. « Je possède
un lien avec eux. »
Le brun tendit la main vers Ran. Sur sa paume, le même symbole, présent sur les
entraves, apparut, brillant doucement d’une lueur dorée avant de disparaître
complètement.
- C’est cette marque qui me lie aux entraves. Il n’y a que moi qui puisse te les
retirer. Ils sont la preuve que tu m’appartiens. » expliqua-t-il le regard
glacial. « Tu seras une sorte d’esclave. »
Le châtain baissa les yeux avant de les fermer, résigné, sachant maintenant avec
certitude que jamais plus il ne connaîtrait la liberté. Il aurait dû s’en douter
dès le jour où il avait été enfermé dans cette cellule, sept ans auparavant. De
plus l’Assemblée lui avait bien fait comprendre que sa différence représentait
une menace et qu’il ne pouvait donc pas vivre avec le commun des mortels. De
toute façon personne ne voulait de lui, pour les humains de l’organisation, il
n’était qu’un démon et pour ces derniers, il n’était rien d’autre qu’un sale
bâtard, une erreur de la nature.
Comment pouvait-il vivre dans un monde où personne ne voulait de lui ?
Où lui-même ne savait pas ce qu’il était ?
Seule la mort serait sa délivrance, mais pour le moment, même elle lui
paraissait lointaine et impossible à atteindre.
- Lève-toi ! » ordonna brusquement Allan le faisant sortir de ses pensées. « Je
vais te donner des vêtements. »
Ran obéit une fois de plus, faisant un mouvement affirmatif de la tête. Il
suivit son hôte dans la chambre. Le brun commença à fouiller dans l’armoire à la
recherche d’une chemise et d’un pantalon qui serait à la taille de son
compagnon. Ce dernier était loin d’avoir la même carrure que lui, le jeune homme
était plus petit et beaucoup plus fin, à la limite maigre. L’aîné en déduisit
qu’il ne devait pas être très bien nourri dans sa prison, mais cela lui
importait peu. Le châtain était son ennemi, il pouvait bien mourir qu’il ne le
pleurerait pas. Au bout de quelques minutes de recherches, il parvint à trouver
un pantalon qui pourrait peut être lui aller. Il lui lança donc, accompagné d’un
boxer.
- Essaye ça ! » fit-il d’un ton glacial.
Ran tourna le dos au brun puis retira sa serviette afin d’essayer les vêtements.
Allan se retourna à ce moment puis détailla un peu plus son compagnon forcé
constatant qu’il était loin d’être désagréable à regarder. Bien au contraire, il
avait un corps très désirable avec une peau très pâle et qui semblait si douce.
Il avait beau être fin, ses muscles étaient parfaitement visibles et donc
présent. L’espace d’un instant, le brun eut envie de le plaquer sur le lit pour
le posséder. Mais il se retint de le faire, Ran étant son ennemi. Même si
physiquement, il semblait inoffensif, la vérité était toute autre. Cet homme
était un démon et il était hors de question pour l’aîné d’avoir une relation
avec l’un de ses êtres qu’il méprisait plus que tout au monde.
- Dépêche-toi de t’habiller pour que nous puissions partir à la recherche de
Den. » déclara-t-il en lançant une chemise à son compagnon le faisant sursauter
imperceptiblement.
- Vous voulez déjà partir à sa recherche ?! » demanda Ran quelque peu surpris.
- Oui. Plus vite nous l’aurons retrouvé plus vite nous pourrons le supprimer. »
expliqua Allan d’une voix froide. « De plus, il est hors de question que je
laisse une saleté de démon comme lui se promener impunément dans Londres. Je
n’ai aucune envie qu’il tue quelqu’un. »
- Je comprends… » murmura le plus jeune en baissant les yeux.
- Franchement ça m’étonnerait que tu comprennes. » rétorqua le brun durement. «
Toi aussi, tu n’es qu’une saleté de démon assassin bon à éliminer ! »
Le corps du jeune homme fut pris de tremblements aux propos de son hôte. Cela ne
le surprenait pas venant de lui mais le blessait plus qu’autre chose. Il savait
très bien que le brun avait entièrement raison, il n’était qu’un meurtrier qui
avait tué la seule personne qui avait eut un peu d’estime pour lui, le seul
homme qu’il ait aimé. Pour ce crime, il ne méritait pas de vivre.
- Tu as l’intention de rester planté là toute la journée ? » demanda alors Allan
le ramenant à la réalité.
- Non… » murmura le plus jeune sans le regarder.
- Alors dépêche-toi de finir de t’habiller que nous puissions aller chercher
Den. » ordonna le brun commençant à perdre patience.
Ran fit un signe de la tête et termina de se vêtir. Ceci fait, les deux hommes
purent enfin quitter l’appartement pour partir à la recherche du plus dangereux
des démons qui vivait sur Terre. Ils commencèrent à parcourir les rues de
Londres en voitures. Le brun avait les mains crispées sur le volant, cependant
il était évident qu’un désir de serrer autre chose le démangeait. Un silence
mortel régnait dans le véhicule, aucun des deux hommes n’étant décidés à le
briser. Allan parce qu’il n’avait aucune envie de discuter avec l’un des êtres
qu’il haïssait et Ran par crainte d’un quelconque châtiment corporel de la part
de son compagnon s’il venait à enfreindre ses règles établies. Les deux hommes
roulèrent ainsi durant plus d’une heure dans les embouteillages de la capitale.
Ce fut au bout de ce laps de temps assez long que le brun gara la voiture dans
une rue peu fréquentée, un peu en dehors du centre ville. C’est avec un énorme
soulagement que le châtain quitta le véhicule, s’éloignant ainsi de la présence
oppressant de son « maître ». Quant à l’aîné, il ne laissait rien paraître des
sentiments qu’il éprouvait et qui étaient pourtant assez palpables.
En silence, les deux hommes se dirigèrent à pied vers une petite ruelle dans
laquelle ils s’y aventurèrent. Une odeur répugnante émanait des poubelles qui
s’entassaient dans la petite impasse, faisant grimacer de dégoût Allan. Ce
dernier se dirigea vers l’une des poubelles en se bouchant le nez d’une main,
puis l’écarta. Un horrible spectacle s’offrit alors à sa vue. Le cadavre à
moitié dévoré d’une femme, gisait là. Elle avait le tout le haut du corps
ouverts, les côtes brisées et écartées sur les côtés, mais le pire, était
l’absence totale d’organes internes. Vu la couleur de la chaire et les quelques
insectes qui la parcouraient, elle devait être morte depuis déjà pas mal
d’heure. Le brun demeura impassible malgré cela, tandis que Ran qui s’était
approché pour observer la scène, eut un haut le cœur. Son estomac se contracta,
le faisant devenir nauséeux. Allan, dont l’attention avait été attirée par le
bruit, le fixa.
- Que se passe t-il ? Ce genre de spectacle te choquerait-il ? » demanda-t-il
durement. « Regarde l’œuvre de tes congénères… Tous des assassins… »
Le châtain, prit de tremblement se mit à reculer, ne pouvant supporter la vue de
ce cadavre en décomposition. L’aîné le saisit alors par le bras pour l’attirer à
lui, sa main se serrant sur sa nuque, puis il le força à se pencher sur la morte
afin de la regarder.
- Ne me dis pas que cela te touche ! Voir un tel cadavre te rendrait-il malade ?
» s’exclama t-il d’un ton agressif. « Pourtant ce genre de choses faisait parti
de ton quotidien avant que tu sois libéré ! Non ?! Ne me dit pas que tu es
écoeuré ! Toi qui as assassiné l’être qui m’était le plus cher, sans le moindre
remord ! »
- Arrêtez…. » supplia Ran en tremblant. « Je vous en prie… Lâchez-moi… »
- Lorsque Derek t’a supplié de l’épargner ? L’as-tu écouté ? Lui as-tu donné la
moindre chance ? » questionna méchamment Allan.
Ran ne répondit pas, tremblant de plus en plus, les larmes commençant à envahir
ses yeux, puis à inonder ses joues. Il pleurait en partie pour ce cadavre qui se
trouvait sous son nez, cette pauvre victime qui n’avait été qu’un pion dans
cette horrible guerre, mais également en raison des paroles que venaient de
prononcer Allan et qui l’avaient atteint en plein cœur. Si le brun avait pu se
douter à quel point il se sentait coupable d’avoir commis un tel crime, c’était
un acte que jamais il ne parviendrait à oublier ni à se pardonner. Il se
haïssait, plus encore, il détestait celui qui l’avait poussé à commettre ce
meurtre. Il n’avait jamais souhaité ce qui s’était passé.
Soudain, le brun le saisit par la chevelure pour le redresser. Il le fixa un
instant, satisfait de l’effet qu’il avait provoqué chez le jeune homme puis le
repoussa brutalement. Ran parvint à rester debout en se rattrapant de justesse à
l’un des murs. L’aîné l’observa un rictus de dégoût déformant ses lèvres
sensuelles, lui donnant presque un air maléfique. Il renifla avec mépris puis
s’éloigna en silence, suivit par le jeune homme qui essuyait les larmes.
Les deux hommes firent quelques mètres et s’arrêtèrent devant la porte d’un
petit bar dont l’enseigne avait été brûlée. Ils observèrent un instant la porte
puis les alentours avant d’entrer à l’intérieur. Un immense brouhaha régnait
dans la grande salle particulièrement sombre, à tel point qu’il était impossible
de distinguer les visages des clients. Allan et Ran s’avancèrent un peu, faisant
naître un silence de mort alors que tous les regards se dirigeaient vers eux.
L’atmosphère était lourde d’agressivité, de colère mais aussi de méfiance pour
ces deux intrus. Ce calme qui régnait était presque oppressant mais il ne dura
pas bien longtemps. Un hurlement strident retenti alors derrière les hommes.
Allan se tourna en direction du cri et eut juste le temps de distinguer une
masse difforme qui fonçait sur lui. Il tendit le bras en direction de celle-ci,
releva la main en un majestueux mouvement de poignet, de manière ce que sa paume
se retrouve face à son agresseur. C’est alors qu’un magnifique voile de soie
quasiment translucide apparut, enserrant dans une étreinte mortelle la chose qui
commença à se vider de son fluide vital. Lentement chaque cellule fut asséchée
pour être réduite à l’état de poussière. Le brun balaya ensuite la salle du
regard.
- Quel est le responsable du carnage qu’il y a eut dehors ? » demanda-t-il
durement.
- C’est lui. » répondit le barman sans la moindre hésitation en lui montrait le
tas de poussière qu’avait crée le voile d’énergie.
- Je vois… » murmura Allan incrédule.
Il savait pertinemment que la plupart des démons étaient solidaires entre eux et
qu’ils n’allaient certainement pas dénoncer l’un des leurs aussi facilement,
surtout en connaissant le sort qu’il lui serait ensuite réservé. Le brun
n’insista donc pas, s’avançant simplement jusqu’au comptoir en soupirant puis il
s’assis sur un tabouret. Il planta alors son regard glacial dans celui rouge
sang du propriétaire du bar.
- J’ai des questions à te poser. » fit-il se montrant directe et froid.
- Et si je refuse d’y répondre ? » interrogea le barman sur le même ton.
- Je te conseil de ne pas me mettre en colère. Tu connais ma réputation. Je ne
suis pas un enfant de cœur. Il ne me faudra pas plus de trois minutes pour
réduire ton établissement en cendres et ainsi faire le ménage. » menaça Allan
calmement.
Le démon ne répondit pas, serrant simplement les dents de colère. Comme tous les
démons, il connaissait la réputation de cet homme mais aussi sa puissance et
cette insensibilité dont il faisait preuve lorsqu’il exécutait ses missions. Ces
deux « qualités » faisaient de lui quelqu’un de craint de tous dont il ne valait
mieux pas devenir la cible. Rare étaient ceux qui en réchappaient.
- Alors ? Es-tu décidé à me répondre ? » insista le brun d’une voix dure.
- D’accord… » céda le barman contraint et forcé. « Mais à une condition… »
- Laquelle ? » demanda sèchement Allan.
- Il est hors de question que cette chose reste dans mon bar. » répondit le
démon en montrant Ran du doigt. « Sa présence est une insulte pour moi et mes
clients. »
L’aîné fixa son compagnon puis eut une rictus de dégoût une fois de plus. Il
s’approcha de lui, l’air menaçant et planta son regard dans le sien, froid et
dur pour ne pas changer.
- Et bien, il semblerait que même tes propres congénères te haïssent ! » fit-il
remarquer méchamment.
- Ce n’est pas l’un des notre ! » rétorqua le barman agressif, les dents
s’allongeant de colère. « Cette abomination ne devrait même pas exister ! Il
n’est qu’une erreur commise par un idiot ! »
- Nous sommes au moins d’accord sur ce point. » déclara Allan en allumant une
cigarette.
- Je ne vous répondrais que lorsqu’il sera sorti. » continua le démon insistant.
- Tu as entendu ce qu’on t’a dit… Dehors ! » ordonna le brun en lançant une
vague d’énergie dans sa direction.
Ran la reçut de plein fouet et fut brutalement projeté contre le mur. Il grimaça
de douleur sous la force du coup puis il observa Allan, une lueur de crainte
dans les yeux. Il pouvait sentir la rage de son aîné mais aussi la colère et
l’envie de meurtre de tous ces démons présents dans ce bar. Il n’était vraiment
pas le bienvenu.
- Ne m’oblige pas à me répéter ! » déclara le plus âgé durement.
Le châtain se releva avant de quitter précipitamment le bar, ne voulant pas
goûter aux pouvoirs des entraves qu’il portait. Après son départ, Allan retourna
au comptoir pour s’asseoir à nouveau sur le tabouret, fixant le barman, bien
décidé à obtenir des réponses à chaque question qu’il allait lui poser.
- Très bien. Passons aux choses sérieuses. Je veux savoir où se trouve Den ! »
annonça-t-il, directe.
Le barman le fixa intensément en entendant la question.
Pendant ce temps, à l’extérieur, Ran, après être sorti, s’éloigna un peu de la
porte du bar puis s’appuya contre un mur pour pleurer. Il avait si mal de n’être
rien pour les autres, d’être ainsi rejeté que ce soit d’un côté comme de
l’autre, d’être pris pour une abomination. Pourquoi fallait-il qu’il soit né
mi-homme mi-démon ? Pourquoi ses parents avaient-ils commis une telle erreur ?
Jamais il n’aurait dû voir le jour. Le jeune homme posa sa main au niveau de son
cœur, ressentant une étrange sensation qu’il ne s’expliquait pas, une sorte de
grand vide intérieur, comme s’il lui manquait quelque chose.
Le châtain leva les yeux vers le ciel. C’est alors qu’il aperçut une ombre sur
un escalier de secours. Le jeune homme s’approcha un peu pour mieux la
distinguer. Au moment où il se retrouva en dessous, elle tomba à toute vitesse
sur lui. Ran eut un mouvement de recul mais ne put éviter une main qui le saisit
à la gorge et le plaqua contre un mur. Les doigts se serrèrent autour de son cou
lui coupant doucement le souffle. Il ferma les yeux et tenta de crier mais aucun
son ne sortit. Il sentit alors un souffle chaud un peu en dessous de son
oreille.
- Je suis content de te revoir mon beau… » susurra une voix mielleuse que le
châtain connaissait trop bien.
Il ouvrit les yeux afin de fixer l’homme qui s’était collé contre lui. Il avait
les cheveux noirs courts parfaitement bien coiffés, ses yeux étaient couleur
sang et il portait un long manteau aussi sombre que la nuit. Un sourire cruel
étirait ses lèvres, découvrant quatre canines extrêmement pointues. Tout en lui
transpirait le mal ce qui eut pour effet de faire trembler Ran.
- D… Den… » murmura-t-il la voix étouffée par l’étranglement qu’il subissait.
- Comment vas-tu mon cher Ran ? » demanda doucement le démon. « Bien,
apparemment… Et dire que la rumeur courrait que tu étais mort… Mais tu as l’air
plutôt en forme pour un cadavre… »
- A… Arrêtez… » supplia le jeune homme ayant de plus en plus de mal à respirer.
- Ne t’en fait pas… Je ne vais pas te tuer… J’ai encore besoin de toi… » lui
confia Den en lui mordillant l’oreille. « Tu es très important pour moi… »
Den descendit lentement dans le cou de son prisonnier pour l’embrasser,
caressant la tendre chair de ses canines. Il découvrit alors le collier entrave
que portait le châtain. De sa main de libre, il la caressa tout en fronçant les
sourcils, intrigué.
- Qu’est-ce donc que ceci ? » demanda-t-il en observant plus attentivement le
bijou.
Il aperçut l’étrange symbole gravé dessus puis le caressa du bout des doigts, le
redessinant. Un nouveau sourire étira ses lèvres, plus malsain encore que le
précédent. Le démon planta son regard dans celui du jeune homme.
- Une entrave… De plus, elle appartient à une famille que je connais très bien…
Voilà qui est intéressant… » déclara-t-il en ricanant. « Qu’est-ce que cela
ferait si j’utilisais mon pouvoir sur le symbole ? »
Den posa tout simplement un doigt sur la gravure qu’il commença à faire chauffer
avec lenteur dans le but de faire souffrir sa proie. Ran ne put retenir un
hurlement de douleur. Il avait l’impression que des aguilles chauffées à blanc
s’enfonçaient dans son cou, ses poignets et ses chevilles. Son corps se
contracta contre celui de Den avant d’être pris de spasmes violents. Ses yeux
étaient révulsés tant cette souffrance était insupportable. Le châtain se mordit
la lèvre inférieure jusqu’au sang.
Pendant ce temps, dans le bar, Allan discutait vivement avec le propriétaire qui
visiblement n’était pas décidé à lui révéler ce qu’il désirait savoir. Cela lui
déplaisait fortement, tant et si bien qu’il commençait à perdre patience. Le
brun ne savait pas pendant combien de temps il pourrait se retenir avant de
faire un massacre dans ce bar.
- Vous savez ce que je risque si je vous donne ce genre d’informations ? »
demanda le démon énervé.
- Tu sais ce que tu risques si tu ne me dis rien !! » répliqua le jeune homme en
claquant le poing sur la table alors qu’une bouteille sur une table derrière lui
explosait. « Alors ? Vas-tu me dire où il se trouve ? »
Soudain, Allan ressentit une violente douleur dans ses mains, comme si une
personne lui enfonçait des couteaux chauffés à blanc. Le démon le fixa surpris,
mais n’osa pas l’approcher par prudence. Le brun se mordit pratiquement la
langue à se la faire saigner afin de retenir le cri de douleur qu’il s’apprêtait
à pousser. Il regarda ses paumes et vit la marque de ses entraves s’illuminer à
un tel point qu’elles donnaient l’impression qu’elles allaient exploser. Son
cœur se mit à battre violemment tant la douleur était atroce.
Que lui arrivait-il ?
Il releva alors brusquement la tête, comprenant tout. Ran se faisait torturer,
il n’y avait que cela comme raison pour activer le symbole. Au plus grand
étonnement de la clientèle du bar, Allan se rua à l’extérieur. Une fois dehors,
il chercha le châtain du regard et l’aperçut plaqué contre un mur, maintenu à la
gorge par… Le regard du brun se fit encore plus dur lorsqu’il vit celui qui
tenait son compagnon, ses poings se serrant de rage.
- Den… » murmura-t-il entre les dents.
Le démon en entendant son nom, tourna la tête vers son interlocuteur. Un sourire
mi malsain, mi ravi naquit sur ses lèvres. Il cessa toute action sur le symbole,
pleinement satisfait de l’effet que cela avait eut.
- Je suis ravi de te revoir Allan. » fit-il d’une voix doucereuse. « Tu as l’air
en forme. Ca va ? Tu ne souffres pas trop ? »
- Trêve de bavardage !! » s’énerva Allan en créant un bouclier autour de lui. «
Viens te battre que je te règle ton compte une bonne fois pour toute !! »
- Désolé, j’ai autre chose à faire que de m’amuser avec toi mon petit. » refusa
Den en souriant. « Ce sera pour la prochaine fois. »
- Tu ne crois toute de même pas que je vais te laisser partir aussi facilement
??!! » hurla le plus jeune hors de lui en préparant une puissante boule
d’énergie rouge. « Je vais te tuer !! »
- Allons soit sérieux !! » déclara le démon en riant. « Tu ne peux rien contre
moi… Souviens-toi la dernière fois que nous nous sommes battus… Le seul qui soit
capable de me tenir tête est cet adorable gamin… »
Le brun caressa alors la joue de Ran qui eut une mimique de dégoût, ne pouvant
rien faire d’autre, trop affaibli par la douloureuse attaque de son ennemi. Il
reporta ensuite son attention sur Allan qui semblait hésiter à lui envoyer son
attaque. Den sourit, ravi de voir que son ennemi ne parvenait pas à faire ce
qu’il désirait. Contrairement à ce jeune homme, il savait très bien pourquoi il
lui était impossible de lancer cette boule énergie. Cependant, il se garderait
bien de le lui révéler, du moins pour l’instant. Il fallait qu’il attende encore
un peu, Allan n’était pas encore prêt.
- Bien, il faut que je parte, mais ne t’en fait pas mon grand, nous nous
reverrons bientôt. » révéla le démon calmement. « Maintenant, tu m’excuses mais
j’ai quelque chose d’important à faire. »
Den jeta Ran aux pied d’Allan puis déploya ses ailes aux plumes couleur de la
nuit. Sans que le brun ne puisse l’en empêcher, il prit son envol et disparut de
son champ de vision. Fou de rage, l’employé de l’organisation lança la vague
d’énergie contre un mur qui explosa. Il se trouvait à quelques mètres de lui, il
aurait pu le tuer et ainsi venger l’homme qu’il aimait, mais il n’était pas
parvenu à le faire. Il venait de rater une chance inespérée de mettre fin aux
jours de ce monstre. Pourquoi n’avait-il pas lancé cette boule d’énergie ? Il
était bien incapable de répondre à cette question. Tout ce dont il avait
conscience, c’était d’avoir hésité comme si quelque chose en lui l’avait retenu
et dissuadé d’attaquer Den, sans qu’il sache vraiment de quoi il s’agissait.
Allan reporta son regard sur Ran inconscient. Et dire que cette abomination
était censé être capable de tenir tête au démon, le brun avait de sérieux doute
après ce à quoi il venait d’assister. Mais il réglerait cette histoire plus
tard. Pour le moment, ils n’avaient plus rien à faire dans le coin, ayant trouvé
ce qu’ils cherchaient même s’il s’était échappé. Le brun savait qu’ils ne
tarderaient pas à le revoir, Den viendrait de lui-même le trouver. En attendant,
les deux hommes pouvaient prendre un peu de repos. L’aîné regarda encore son
compagnon toujours sans connaissance.
- Debout ! » ordonna-t-il en lui mettant un coup de pied dans les côtes. « Ce
n’est pas le moment de dormir ! Allez réveille-toi ! »
Allan s’acharna sur le châtain et ce fut au bout d’un cinquième coup de pied
rageur que Ran ouvrit lentement les yeux. Sans aucune douceur et sans lui
laisser le temps de se rappeler les évènements qui venaient de se dérouler, le
brun le saisit par la chevelure et l’obligea à se mettre debout. Le jeune homme
gémit de douleur, ayant un peu de mal à reprendre ses esprits. Son aîné le
poussa contre un mur, le plaquant sans la moindre douceur.
- Je croyais que tu étais capable de lui tenir tête ! » cria-t-il furieux.
Ran se passa une main sur le visage, encore étourdi, cherchant à remettre ses
idées aux claires, tout doucement, tout lui revint en mémoire. Il baissa alors
les yeux, gêné et surtout se sentant coupable de s’être fait avoir comme un
idiot.
- Je suis désolé… » murmura-t-il en tremblant.
- Désolé ?! » s’exclama Allan furieux. « Tu n’es qu’un incapable ! »
- Il m’a eut par surprise ! » se défendit le cadet.
- De quel droit me réponds-tu ?! » répliqua le brun en le giflant. « Tu as
besoin que je te rappelle qui commande ! »
Allan se concentra, ses yeux devenant rouges sang. Ran le fixa, effrayé par tant
de colère. Soudain, il se plia en deux sous une violente douleur qui lui vrilla
tout le corps. Il avait l’impression qu’un puissant courant électrique partant
de ses entraves le parcourait de la tête au pieds. Une fois de plus, il fut pris
de convulsion qui le firent tomber au sol, la souffrance le faisant hurler.
Brusquement tout s’arrêta. Le châtain garda les yeux fermer, toujours au sol,
reprenant son souffle.
- Que cela te serve de leçon ! La prochaine fois je pourrais être moins gentil !
» déclara sèchement Allan. « Maintenant débout ! On rentre ! »
Le châtain se releva difficilement en tremblant, le corps douloureux après
toutes ces attaques puis il suivit son compagnon jusqu’à la voiture. Les deux
hommes montèrent à l’intérieur afin de rentrer à l’appartement du brun.
A aucun moment, ils ne remarquèrent l’ombre qui sortait de derrière une poubelle
et qui avait assisté à toute la scène…
A suivre …