La Cible
(Chroniques de
Yakuza)
Titre : La cible
Auteur : Val-rafale et Myushi
Chapitre : 02
Genre : Yaoi. Policier/ Intrigue / Angst
Couple : ????
Disclamer : Cette histoire se passe 1 an avant Akaitsuki
Quand la réalité rejoint la formation…
L’après et
le début de soirée s’étaient finalement écoulés rapidement pour Kô, malgré le
fait qu’un petit détail soit venu le troubler au départ. Il avait pu finir son
travail en toute tranquillité dans son bureau, même si une certaine personne
l’avait accompagné jusque là. Cependant, son garde du corps imposé s’était
correctement tenu et surtout, détail important, il était resté silencieux. Le
brun devait bien reconnaître que cela fut une surprise, après son comportement
dans le jardin. Si au départ, il s’était montré énervant, irrespectueux en le
défiant comme il l’avait fait, tout changea lorsqu’ils furent dans le bureau. Le
fils Yamasu ne pouvait cacher qu’il avait craint, au départ, de ne pouvoir
terminer le boulot donné par son père. Mais tout s’était bien passé.
Kô se leva doucement de son fauteuil tout en rangeant les dossiers qu’il venait
de traiter. Il les classa par ordre d’importance avant de les mettre dans un
tiroir et de fermer ce dernier à clé. Cette dernière rejoignit un coffre caché
par un tableau. Ceci fait, il alluma une cigarette tout en prenant sa veste puis
se dirigea vers la porte. Il ne se soucia aucunement de son garde du corps qui
le suivait. Le brun se dirigea simplement vers la sortie de la maison et se
rendit ensuite vers sa limousine personnelle. Il s’installa à l’intérieur dans
le plus grand silence, laissant le chauffeur fermer derrière lui, sans permettre
à Ryuji de le suivre. Néanmoins, celui-ci, loin de se laisser impressionner de
la sorte, fit le tour du véhicule pour monter de l’autre côté, s’attirant un
regard glacial de la part de son protéger.
- Les gardes du corps montent à l’avant, au cas où vous ne seriez pas au
courant. » Déclara ce dernier froidement.
- Je le sais ! » Répondit Ryuji, ses lèvres s’étirant en un magnifique sourire.
« Mais, je trouve que ce serait mal faire mon travail que de laisser mon patron
seul à l’arrière. Imagine qu’un ennemi tente de t’enlever ? Tu te rends compte
du temps qu’il me faudrait pour descend de voiture et intervenir ? Non ! Je suis
mieux ici ! Je suis un bon garde du corps n’est-ce pas ? »
Kô ne préféra par répondre. Il se contenta de fumer en silence, grognant au
passage, tout en indiquant au chauffeur la direction à suivre. De toute façon,
que pouvait-il dire ? Dans un sens, son culotté de garde du corps avait
parfaitement raison. La protection était meilleure de cette manière. Même si les
principes de politesses et de respects étaient complètement bafoués. Ne tenant
pas à voir un air triomphant sur ce visage souriant qui commençait sérieusement
à l’irriter, il se mua simplement dans le silence. Pose qui n’échappa pas à
Ryuji qui permit à son sourire de grandir alors qu’il laissait le silence
s’installer. Tout se passait comme il l’avait prévu. Il atteignait le fils pour
avoir le père. Que demander de plus ? Surtout que le fils était assez
divertissant avec son air coincé et froid. Le brun était persuadé que tout cela
n’était qu’une facette. Que ce fils de Yakuza avait autre chose au fond de lui.
Restait à savoir quoi. Trouver la faille afin de s’en servir pour monter un peu
plus vers son but premier. Ryuji ne l’oubliait pas. Cependant, loin de montrer
tout cela, il garda le sourire tout simplement et se tourna vers son « patron »
pour tout simplement lui prendre sa cigarette entre les lèvres, sans se soucier
du fait qu’il puisse le blesser avec ce geste ou pas.
- Nous allons donc dans ton club. J’en ai entendu parlé, mais je ne l’ai jamais
vu. Un rendez-vous ? » Demanda le garde du corps, toujours dans un jeu de
provocation.
Kô fixa l’homme froidement. Se rallumant une cigarette, ne tenant pas à entrer
dans le jeu un peu trop visible de son vis-à-vis. Toujours aussi glacial dans
son attitude, il finit tout de même par répliquer à cet homme qui oubliait
vraiment sa place. N’aimant pas particulièrement ce manque de respect et cette
provocation ouverte, le fils Yamasu avait bien l’intention de mettre un terme à
tout cela, mettant certains points sur certains « i ».
- Ce que je vais faire, ne vous regarde pas. Ensuite utilisez le vouvoiement. Et
enfin, à partir de maintenant faites silence si vous ne voulez pas perdre cet
emploie plus rapidement que vous ne l’aurez pensé ! » Menaçant le Yakuza qui ne
tenait pas à avoir à gérer en plus de ses affaires, un garde du corps un peu
trop curieux à son goût.
- C’est qu’il mordrait dit donc. Ca te donne un côté vraiment adorable. A
croquer. Enfin, je tiens simplement à te rappeler, que mon employeur, ce n’est
pas toi, mais ton père qui tient à ce que je joue ta nounou à plein temps. »
Répondit avec le sourire Ryuji. « Ah et pendant que j’y pense. Comment veux-tu
que je te protège si je n’ai pas toutes les informations. Je dois savoir si
c’est un rendez-vous d’affaires ou non, pour mener ma protection de manière
appropriée. Tu ne comptes pas m’empêcher de travailler correctement n’est-ce pas
? »
Plus provoquant que jamais, Ryuji écrasa la cigarette dans le cendrier non loin,
et ce, après avoir à peine fumé sur cette dernière. Il fixa Kô, cherchant ses
réactions. Le brun était certain qu’il devait fulminer. En clair, le garde du
corps s’amusait bien. Cependant, il restait sur ses gardes. Il n’avait pas
confiance en le fils de son ennemi. Il devait bien l’avouer. Même si le
provoquer était une manière à lui de se venger un peu. Mais ce n’était qu’un
grain de poussière dans le plan qu’il avait monté. Bref, souriant toujours, il
fixait Kô. Kô qui fulminait vraiment intérieurement. Mais ne laissant rien
paraître, il se contenta de fixer droit devant lui, fumant simplement sa
cigarette. Il ne comptait vraiment pas entrer dans le jeu du garde du corps. Il
savait que ce dernier voulait jouer. Mais il savait aussi que ce dernier avait
raison. Le fils Yamasu notait peu à peu les informations que laissait passer
Ryuji. Tissant lui-même une nouvelle règle du jeu. Voulant piéger cet homme
présomptueux qui lui tapait sur le système. Il notait aussi la malice de ce
dernier. Que des points qui attiraient de plus en plus la méfiance de Kô envers
Ryuji. Or, n’ayant pour le moment que des suspicions et de la méfiance, il
faisait silence et évitait soigneusement le jeu de son garde du corps.
- Alors ? » Relança Ryuji, afin d’obtenir réellement les informations pour bien
faire son boulot.
- Hm… » Kô fixa le brun. « Surveillez mes arrières. C’est tout ce que vous avez
besoin de savoir ! »
Voyant qu’il n’obtiendrait rien de plus de son « patron », le jeune homme se
contenta de sourire amusé, sans répondre. Il sentait que tout cela allait être
amusant. Il avait hâte, dans un sens, de voir comment les choses allaient se
dérouler.
La limousine se gara finalement devant l’entrée de ce qui semblait être une
sorte de club privé. Le chauffeur descendit du véhicule pour en faire le tour et
ouvrir la porte à Kô. Ce dernier sortit puis s’arrêta, allumant lentement une
cigarette. Il la calla entre ses lèvres avant de se diriger vers l’entrée,
suivit de prêt à son garde corps. Sans se soucier de lui, le fils Yamasu pénétra
dans l’établissement, avançant d’un pas calme mais rempli d’assurance. Sur son
passage, les employés du club s’inclinaient avec un respect que Ryuji avait
rarement vu. Cependant, il n’en était pas surpris, vu la réputation de cet homme
mais aussi celle de toute sa famille. Cette dernière était à la fois crainte et
respectée que ce soit au Japon ou dans d’autres pays. Elle possédait, à son nom,
un bon nombre d’entreprises d’électronique, d’import export, plusieurs clubs
privés, bars ou boites de nuit, sans compter des immeubles en location. Le tout
réparti un peu partout dans le monde. Les Yamasu possédaient une immense fortune
dont le montant était tenu secret. Pour cela, ils auraient pu être haïs de
beaucoup mais les dons, plus qu’importants, et les galas pour des œuvres de
charité les faisaient passer pour des bons samaritains. Hélas, tout cela n’était
qu’apparence dans le but de cacher de nombreux trafics de drogues et d’armes
organisé par ces Yakuza. La police n’était pas dupe de tout cela, cependant,
beaucoup fermaient les yeux ayant reçu de copieux pots de vins.
Néanmoins tout cela n’était pas le problème de Ryuji qui n’avait qu’un seul but
en tête, arriver au bout de sa vengeance. Pour cela, il devait se comporter
comme un véritable garde du corps avec le fils de son ennemi, lui prouver qu’il
n’était pas un débutant. Bien que pour ce dernier point, Kô Yamasu ne semblait
pas en douter. Ce qui le gênait, et il l’avait bien faire comprendre, c’était
d’avoir quelqu’un sur le dos à chaque instant de la journée. Peut être
craignait-il aussi autre chose au fond de lui, comme une surveillance dans le
but de faire des rapports détaillés de sa vie à son père. Ryuji avait la
sensation que les relations père-fils n’étaient pas toute roses. C’était un fait
qu’il n’avait pas noté lors de son enquête. N’ayant aucune preuve d’une
mésentente entre eux, il préférait ne pas s’avancer sur cette piste. Il allait
juste attendre sagement de trouver une occasion en or pour mettre sa vengeance à
exécution.
Suivant toujours son protégé, le brun observa la grande salle, principale, de ce
club privé. Il y avait pas mal de monde. Presque toutes les tables étaient
occupées. La clientèle ne semblait pas tellement diversifiée, une majorité
d’hommes étant présents, certains accompagnés de leurs femmes, d’autres en
compagnie d’hommes. Mais le point commun, ressortant de tout ce petit monde,
était la richesse qui émanait d’eux. Il était évident que seul des personnes
riches et influentes venaient ici, certainement tous des relations plus ou moins
proches de la famille Yamasu. Il y avait un détail relativement intéressant que
le garde du corps avait remarqué, c’était l’ambiance feutré qui avait été
instauré. Il était impossible d’entendre les conversations des clients, tout
n’était que murmure de là où se trouvait Ryuji. Ceux-ci étaient étouffés par la
musique d’ambiance douce. Ce club offrait une discrétion certainement très
apprécié et recherché de beaucoup.
N’ayant pas le temps d’en voir plus, le brun continua à suivre Kô qui venait
d’emprunter une double porte sur laquelle était marqué le mot « privé ». Ils
longèrent un couloir de chaque côté duquel le garde du corps pu apercevoir
d’autres entrées. Il lui était impossible de savoir où elles menaient et dans un
sens, il s’en fichait. Continuant d’avancer, les deux hommes arrivèrent devant
des escaliers qu’ils gravirent. Une fois en haut, ils se retrouvèrent sur un
palier, une autre porte leur faisant face. C’est vers celle-ci que l’héritier de
la famille Yamasu se dirigea. Ils entrèrent dans une grande pièce, un bureau
orné d’une belle baie vitré donnant sur la salle du club. Ryuji resta un instant
interdit devant celle-ci, n’ayant pas remarqué une quelconque fenêtre en la
traversant. Cependant, une rapide inspection lui fit comprendre qu’il s’agissait
d’une vitre sans teint. D’ici, les membres de la famille pouvaient voir tout le
monde sans être vu.
Le garde du corps observa un instant tout ce petit monde qu’il dominait avant de
se tourner vers son patron qui avait pris place derrière son bureau. Il avait
allumé son ordinateur et sortit plusieurs dossiers. Le brun s’approcha de lui
puis s’installa sur le rebord de la fenêtre tout en allumant une cigarette. Il
le fixa alors qu’un sourire étirait ses lèvres.
- C’est très chic. » Déclara-t-il en souriant. « Je savais qu’il avait bonne
réputation ton club aux vues des rumeurs que j’ai entendu, mais franchement je
ne pensais pas que c’était ainsi. »
Kô ne releva pas la tête, ne jugeant pas nécessaire de répondre à ce genre de
chose. Il devait se concentrer sur son dossier pour revoir chaque détails du
rendez vous qu’il allait avoir une heure plus tard. Il ne pouvait se permettre
de laisser échapper la moindre petite chose. Ce n’était pas son garde du corps
qui allait l’empêcher de mener à bien ce dossier. L’ignorant, il continua ce
qu’il avait commencé, relisant tous les documents présent dans la pochette.
Cependant Ryuji ne voyait pas de cet œil la situation. Son but premier était de
s’approprier l’enfant pour avoir le père. Une tâche qui dans un sens était
amusante. Bon, il avait aussi compris que avoir le fils ne serait pas une mince
affaire, mais il avait déjà attendu six ans pour en arriver jusque là, il
pouvait bien attendre encore un peu. Et puis, un peu de plaisir dans sa mission
ne ferait pas de mal. Si bien, cette idée en tête, il quitta son rebord de
fenêtre, et sourire toujours en mode actif, il se dirigea vers l’homme qu’il
devait protéger pour passer derrière son dos et lire le dossier que ce dernier
était entrain d’étudier. Le garde du corps n’eut aucun mal à comprendre et
analyser ce qu’il lisait, mais il garda bien évidemment cette information pour
lui-même pour aller directement à la raison qui l’avait fait migrer derrière Kô.
- Encore un dossier ? Ne savez-vous rien faire d’autre que lire ? On comprend
pourquoi votre père vous a confié à mes soins ! » Lança avec une provocation
évidente le brun en volant la cigarette du fils Yamasu, ayant abandonné la
sienne prêt de la fenêtre quelques secondes plutôt.
- Hm… »
Kô ne préféra pas relever, sachant parfaitement que commencer à rétorquer à ce
genre de personne en revenait à perdre son temps. Et du temps, il n’en avait pas
à perdre. Il opta donc pour se rallumer une cigarette tout en retournant à ce
dossier qui était plus bien compliqué et important qu’il en avait l’air. Ceci
étant fait, le brun ignora complètement l’homme de main qui avait pris la peine
de faire le tour du bureau pour finalement s’y installer. Le Yakuza se demandait
pourquoi son père lui avait mis dans les pattes un type comme ça. Enfin, il
avait son idée, mais cela ne lui plaisait pas. Il n’avait réellement pas le
temps de se soucier d’un type pareil. Lâchant une bouffée de fumée de cigarette
à cette pensée, il tourna une des pages de son dossier.
- Hm ? Ca veut dire quoi en langage d’homme de Cro-Magnon héritier d’une famille
de Yakuza ? » Continua l’homme de main qui s’amusait de la provocation qu’il
lançait.
Mais là encore aucune réponse. Franchement, ce type était d’un ennui mortel.
Ryuji qui pensait que les Yakuza étaient tous des joyeux fêtards qui se
foutaient pas mal des autres tant que leur plaisir personnel était respecté… Et
bien là il avait affaire à tout le contraire. Même pas drôle d’abord… Soupirant
à cette pensée, et en ayant marre d’attendre que MONSIEUR daigne lui répondre,
le garde du corps prit tout bonnement le dossier et commença à la lire à haute
voix.
- Le contact et ses deux gardes viendront à Dix Heures PM. Les marchandises
seront échangées en cet instant. Et blablabla et blablabla. Comment vous pouvez
passez vos journées dans ce genre de truc ? Pour un Mafieux vous n’êtes vraiment
pas amusant. »
- Ne touchez plus à ça ! » Grogna Kô en prenant le dossier.
Le Yakuza avait dû quitter son bureau, en faire le tour pour aller récupérer son
bien. Le garde du corps s’étant évidemment écarté du bureau pour ne pas facilité
la tâche du fils de son patron. Il commençait à trouver ce gosse lourd et
pesant. Mais également bruyant, et le fils Yamasu n’aimait pas ça du tout. Il
était tenté de se débarrasser de ce poids immédiatement d’une balle dans la
tête. Cependant, il voyait déjà le retour de flamme et sincèrement, pour le
moment, il s’en passerait bien. Grognant à nouveau à cette pensée, il retourna
derrière son bureau. Franchement ce type l’agaçait. Pourtant, il devait se
montrer honnête, quelque chose en lui l’intriguait. Mais cette intrigue était
rien comparée à la volonté de le voir disparaître dans un bain d’acide. Cette
pensée lui tira presque un sourire fou, mais se contrôlant parfaitement, il se
contenta d’ouvrir le dossier à la bonne page pour se remettre au boulot.
- Recommencez et c’est une balle dans la tête ! »
Ceci étant dit, le brun regarda l’horloge et se remit au travail. Il ne restait
qu’une trentaine de minutes. A peine assez pour mettre tout en place. Sans
compter sur le fait que Kô ne connaissait pas les compétences de cette chose
qu’on lui avait imposée comme garde du corps. Il devait agir donc comme s’il
était seul. De toute façon, c’était ce qu’il préférait. Bossant donc là-dessus,
le brun en occulta complètement Ryuji qui de son côté, ayant compris le message,
se mit à étudier les lieux. Il fallait dire qu’il avait lu le dossier et avait
donc parfaitement assimilé le fait qu’ils allaient avoir la compagnie d’un
client qui pourrait retourner sa veste. Le jeune homme n’appréciait pas
particulièrement cela. Mais étant sérieux dans tout ce qu’il faisait, même si au
fond garde du corps n’est qu’une couverture, il se mit tout simplement au
boulot. Il nota ainsi les possibilités de sortie, le point mort de la pièce. Il
prit soin aussi de noter la matière des murs et de la porte. Ryuji fut assez
étonné de voir que rien n’avait été fait à moitié. Dans un sens, ça
l’arrangeait, au moins pas de problèmes de morts avec une balle perdue.
Continuant son inspection, il tomba sur une salle de bain. Il la vérifia sous
tous les angles, et fixa ensuite Kô qu’il voyait toujours dans l’angle de la
pièce.
~ Hm… Il doit passer un temps incroyable derrière ses dossiers et dans ce bureau
pour avoir de quoi se changer et prendre une douche ici. Amusant dans un sens…
Un fils à papa qui fait tout pour entrer dans ses grâces. Comme c’est mignon ! ~
Songea le garde du corps tout en revenant dans la pièce principale, fermant la
porte de la salle de bain derrière lui.
Décidant de rester sage, une fois n’étant pas coutume, il retourna sur le bord
de la fenêtre où il se mit à observer sans modération les clients mais également
les personnes travaillant dans les lieux. Il y avait quand même beaucoup de
mouvements. Des allers et venus qui ne facilitaient vraiment pas une mise en
place efficace de sécurité. Ryuji revint alors à Kô se demandant combien
d’attaque ennemies ce dernier avait du subir. Il s’apprêta d’ailleurs à le
demander quand il vit l’objet de sa question se relever et aller vers la salle
de bain. Surpris, le jeune homme se redressa et le fixe, avec son éternel
sourire, bien entendu.
- On a fini ses devoirs monsieur le Yakuza ? » Demanda t’il avec une provocation
évidente, même si en fait, ayant jeté un coup d’œil à l’horloge, il savait que
le rendez-vous n’allait pas tarder.
- Hm… » Fut l’unique réaction de Kô qui lui accorda en même temps un regard
noir.
Le brun ensuite s’enferma dans la salle de bain, se passa de l’eau sur le visage
avant de se redonner une forme pour paraître au mieux devant les clients. Ceci
fait, il vérifia son arme. Elle ne devait à aucun prix s’enrayer. Le fils Yamasu
avait comme la sensation qu’il allait en avoir besoin dans peu de temps. Ayant
terminé vérifications et ce qu’il avait à faire, il sortit de la salle de bain
pour fixer Ryuji qui étrangement était à son poste, avec ce sourire qui
commençait à agacer l’homme. Enfin, ce n’était pas le plus important. Une voix
en effet venait de prévenir par l’intermédiaire d’un interphone que le
rendez-vous de dix heures était arrivé. Retournant à son bureau, Kô se pencha et
appuya sur le bouton pour répondre au secrétaire.
- Faites le entrer ! »
- Bien Monsieur… »
A ces mots, Kô s’installa derrière son bureau et fixa la porte. Ryuji lui avait
prit place au fond à gauche de la pièce. De manière à ce qu’on ne le voit pas
immédiatement quand on ouvre la porte du bureau. Il était ainsi camouflé par la
porte qui s’ouvre tout en pouvant voir ce qui se passe grâce au reflet dans la
vitre sans teint. Il avait estimé que cette place était la meilleure pour
assumer ses fonctions de garde du corps. Arme prête à être sortie, il resta
silencieux et respectueux, point étonnant si on considérait l’attitude de ce
dernier jusqu’à maintenant. Le fils Yamasu nota d’ailleurs intérieurement ce
point avant de revenir au client et ses deux hommes de mains qui venaient de
franchir la porte. Il ne se leva que lorsque l’homme arriva au bureau, se
contenta d’un bref signe de tête et d’un regard noir comme salut.
- Yamasu-san ! C’est un plaisir que de vous rencontrer enfin. On m’a tellement
conté de choses sur vous… » Commença l’homme avec un sourire et un regard qu’on
pouvait qualifier de narquois.
- Sur moi ou sur mon père ? » Demanda Kô en se réinstallant, tendant en même
temps la main pour inviter son vis-à-vis à l’imiter.
- Un peu des deux, je dirais. Mais vous me direz que tout cela n’est que rumeur
sans fondement.
- Tout dépend de la rumeur en question. Mais je ne pense pas que vous soyez ici
pour discuter des bruits courant à mon sujet ou au sujet de ma famille. Nous
sommes ici même pour le travail, si je ne m’abuse.
- Effectivement.
L’homme dédia un fin sourire narquois à Kô qui l’ignora ni plus ni moins. Il
rouvrit son dossier avec un calme assez surprenant. Ryuji pensait que
l’agacement allait l’emporter sur son self contrôle devant les provocations de
son client. Mais, ce ne fut à aucun moment le cas. Il était surprenant de voir
combien le fils Yamasu pouvait garder une grande maitrise de lui. Le garde du
corps aurait presque pu être admiratif, s’il ne ressentait pas tant de haine
envers cette famille. Finalement, un chef yakuza pouvait être un peu surprenant.
Bon ce jeu allait vite devenir lassant. Mais en attendant, il était un bon
divertissement. Ryuji se demandait jusqu’où la patience de Kô pouvait aller lors
d’un rendez vous de ce type.
Restant à sa place, il observa et écouta les échanges des deux hommes, d’une
oreille distraite. Ce que les négociations pouvaient être lassantes, et
soulantes. Les mêmes thèmes revenaient sans cesse, inlassablement… Tel prix trop
élevé… Telle marchandise en trop petite quantité… Pas de rapidité dans les
livraisons… Autant de détails qui servaient de reproches à l’encontre de la
famille Yamasu. Même les réactions de Kô n’étaient pas amusantes. Il semblait se
laisser marcher sur les pieds, ne répondant pas aux attaques de son vis-à-vis.
Etait-ce une stratégie ? Si oui, Ryuji n’arrivait pas à en comprendre toute la
subtilité. A la place du fils de son patron, cela fait longtemps qu’il aurait
abattu ce type qui se permettait un peu trop de liberté avec lui. Pourtant, Kô
restait calme… Il avait même cédé sur les prix et promis un délai de livraison
des plus concurrentiels. Ryuji devait avouer être bien déçu de l’attitude de son
« protégé ». Il le pensait plus combatif. Ce qui était loin d’être le cas. La
réputation de la famille serait-elle donc surfaite ? Le garde du corps avait
peine à le croire. Pourtant, ce qui se déroulait sous ses yeux lui démontrait
bel et bien que les Yamasu étaient faibles. Du moins l’un des fils… Il avait
vraiment du mal à le croire…
Fronçant les sourcils devant ces échanges, il vit l’homme de main accompagnant
le client, poser une mallette devant Kô. Il observa la scène en restant sur ses
gardes, prêt à intervenir à tout moment. Il vit Kô observer le contenu de la
valise puis prendre quelque chose dedans. Ryuji vit alors une belle liasse de
billet neuf. Alors c’était ainsi que ce faisait les paiements ? En liquide… Dans
un sens, ce n’était pas plus mal. Cela évitait de garder des traces suspectes de
virement ou autre. Les yakuza étaient prudents sur bien des points.
Observant toujours son protégé, Ryuji le vit vérifier les billets puis revenir à
son bureau afin de ranger la mallette en dessous. C’est à ce moment précis alors
que Kô détournait un instant le regard que le garde du corps du client sorti de
façon discrète son arme. Tout ce qui se passa ensuite, ne dura que quelques
secondes. Sauf pour Ryuji qui eut l’impression de vivre un instant qui ne
s’arrêtait jamais. Il vit parfaitement l’arme être pointée sur son protégé et le
coup de feu partir. Il aperçut un peu de sang gicler et un corps tomber derrière
le bureau. Sa réaction à cette vision ne se fit pas attendre. A son tour, il
sortit son pistolet pour tirer sur le tueur. Ce dernier reçut la balle entre les
deux yeux et s’écroula lourdement sur le bureau de Kô.
Choqué par ce qu’il venait d’accomplir, Ryuji regarda le corps sans pouvoir
bouger. C’était la première fois… Il ne voulait pas le tuer… Juste le blesser…
Le faire lâcher cette maudite arme… Pourquoi avait-il visé la tête ? Que lui
avait-il pris de faire ça ?
Ces yeux… Ce regard vitreux qui le fixait.
Le brun serra les poings et ferma les yeux pour tenter de fuir cette vision.
Mais un déclic familier attira son attention. Il porta son attention sur le
client qui le tenait en joue à son tour. Grinçant des dents, Ryuji chercha du
regard une solution qu’il ne trouva pas. Son heure était venue… Cet homme le
menaçait et pouvait à tout moment le descendre. Finalement, son passage chez les
yakuza n’aurait pas duré longtemps… Le pire dans tout cela était qu’il n’avait
pas pu accomplir sa vengeance… Comment pouvait-il se pardonner cela ? Il avait
tant donné pour arriver là. Ce sale type s’apprêtait à tout gâcher. Tout
détruire…
Alors qu’il s’apprêtait à mourir, un autre déclic se fit entendre, suivit d’un
coup de feu. Ryuji eut un léger sursaut et regarda son corps avant de constater
qu’aucune blessure ou tâche de sang n’apparaissait. Il était indemne… Et vivant…
Ce qui était le plus important. Regardant en direction du client, il vit
celui-ci tomber au sol, un petit trou rouge dans le dos. Derrière lui, se tenait
Kô, le regard plus glacial que jamais. Il n’avait donc pas été tué ? Pourtant,
le coup l’avait touché. Ryuji avait vu le sang…
Observant plus attentivement son protégé, il remarqua finalement l’endroit d’où
provenait le liquide carmin. C’était son bras gauche qui avait été touché. Ce
tueur était un piètre tireur… Ou bien Kô avait vu venir la chose et s’était
préparé à l’éviter… Ce dernier point était le plus plausible… Le plus logique.
Finalement, il n’était pas si nul que Ryuji l’avait pensé au départ. Il lui
devait la vie même… S’il s’était fait réellement tué, il n’aurait pu le sauver.
Et tous ses espoirs de vengeance seraient tombés à l’eau. Il avait une dette
envers cet homme.
Mais…
Cela ne lui permettait pas d’endurer son crime. Ce qu’il venait de faire… Cet
homme… Certes, il voulait le tuer. Cependant, il aurait pu éviter de l’abattre.
Il n’arrivait pas à accepter son propre crime. Pourtant, il allait lui falloir
recommencer ce genre d’actes. S’il éprouvait des difficultés pour tuer, comment
pourrait-il abattre sa véritable cible ? Peut être que tout serait différent à
ce moment là… Peut être qu’en repensant à son passé, il aurait moins de scrupule
à le tuer. Ryuji n’en était pas certain… Il doutait même…
- Vous attendiez quoi pour tuer l’autre ? » Demanda brusquement la voix Kô, le
ramenant à la réalité.
Sursautant, le jeune homme fixa son vis-à-vis, quelque peu surpris. Ce qu’il
attendait ? Parce qu’il attendait de lui un autre crime ? Il aurait donc fallut
qu’il tue aussi cette autre personne ? Non… Il n’y serait jamais arrivé. C’était
une certitude. Ryuji savait qu’il se serait fait tuer, sans avoir la possibilité
de se défendre. Cependant, montrer une telle faiblesse à son patron, serait
comme se virer lui-même. Il devait trouver une parade. Trouver une solution pour
ne pas être mis à la porte par le père de son vis-à-vis.
- Il me semble vous avoir posé une question. » Insista Kô le ton dur alors qu’il
se dirigeait vers la porte de son bureau pour demander à l’un de ses hommes de
main d’aller lui chercher son médecin.
Le suivant toujours du regard, Ryuji ne répondit pas, cherchant toujours une
réponse. En temps normal, il n’aurait pas eut de mal à lui rétorquer quelque
chose, à l’envoyer promener. Mais là… Les circonstances étaient bien
différentes. Il se savait encore sous le choc de ce crime. Il n’arrivait pas à
réfléchir correctement. A ce rythme, il allait perdre son travail et son but ne
serait jamais atteint. Il devait réagir… Répondre… Il devait remettre ce fils à
papa à sa place.
- Je vais vous dire pourquoi vous n’avez pas réagi. » Déclara brusquement le
fils Yamasu, sans lui laisser le temps de prononcer la moindre parole. « C’est
tout simplement, parce que vous n’êtes qu’un vulgaire débutant. Vous n’avez
jamais tué de votre vie. Vous vous êtes donc retrouvé paralysé par la peur. »
- Et alors ? Cela ne fait pas de moi un mauvais garde du corps. »
- Détrompez-vous. Vous êtes rentré au service d’un Yakuza. Chez nous le crime
fait parti de la vie courante. Si vous n’êtes pas capable de tuer quelqu’un qui
représente une menace pour l’homme que vous protégez, vous êtes inutile, sans
intérêt. Je vous conseille d’y réfléchir. »
Ryuji serra les poings de rage. Il savait que son vis-à-vis avait parfaitement
raison. Mais il ne pouvait accepter d’être ainsi rabaissé. Avec tous les efforts
qu’il avait dû endurer pour arriver là, il ne pouvait permettre qu’une personne
le traine ainsi dans la boue. C’était inadmissible. Il n’allait pas se faire
traiter de débutant aussi facilement, surtout pas après tous les efforts qu’il
avait dû faire pour en arrive là. Et surtout pas après tous ces sacrifices… Il
ne serait pas là actuellement si ce drame n’était pas survenu… Il n’en voulait
pas au monde entier pour ce qui s’était passé. Juste à une famille… Précisément
à un homme…
Secouant la tête de gauche à droite pour chasser ses pensées, le garde du corps
s’apprêtait à répondre à son patron, lui faire savoir sa façon de pensée.
S’entendre dire ses quatre vérités ne pourrait faire de mal à cet arrogant.
Cumulé à un bon coup de poing dans sa jolie petite mâchoire devrait certainement
le remettre à sa place. Mais alors qu’il faisait un pas en sa direction, prêt à
lui faire comprendre son point de vue sur le meurtre, une personne frappa à la
porte du bureau. Grognant devant cette interruption, Ryuji se tourna vers le
visiteur qui n’avait pas pris la peine d’attendre l’autorisation pour entrer. Il
s’agissait d’un homme, un peu plus vieux que son protégé, le regard sombre et
glacial. Ses cheveux noirs soigneusement coiffés et son costume trois pièces en
provenance d’un grand couturier, laissaient penser qu’il s’agissait d’un homme
d’affaire, dans le style de Kô. Cependant, le gros sac qui l’accompagnait,
contredisait le premier avis du garde du corps.
Sans se soucier de Ryuji, sans le regarder, cet inconnu s’avança avec calme dans
le bureau pour s’approcher de Kô. Il posa son sac au sol puis se tourna vers les
autres personnes présentes dont le jeune Ryuji.
- Sortez. Tout le monde. » Ordonna-t-il d’une voix froide.
- Hors de question ! » Répondit aussitôt Ryuji sur le même ton.
- Dehors gamin. » Insista l’homme de façon plus menaçante.
- Je ne suis pas un ga…. »
- Sortez Takana-san. » Coupa brusquement Kô assez durement. « Naoki étant un
médecin, il se doit de garder le secret professionnel sur sa consultation. De
plus… Vu votre état… Vous êtes bien inutile. »
Ryuji serra les poings de rage puis quitta la pièce, plus que furieux. Il le
rabaissait une fois de plus. Cela commençait à faire un peu trop à son goût.
Deux fois en quelques minutes… Il était vrai qu’il n’avait pas été à la hauteur…
Se retrouver paralysé pour avoir tué… Mais quel idiot il faisait… Comment
ferait-il lorsqu’il devrait le tuer ? Serait-il incapable de bouger comme dans
ce bureau ? Il devait faire l’impasse là-dessus. Oublier…
Ce regard vide et vitreux le fixant…
Le jeune homme serra se mordit l’intérieur de la lèvre. Dès qu’il fermait les
yeux, il voyait le regard de cet homme mort. Il n’arrivait à se dire que tout
était normal… Qu’il avait fait son travail pour protéger quelqu’un. Il ne
pouvait effacer de son esprit ces yeux sans vie le fixant. Un étrange sentiment
d’effroi s’emparait à chaque fois de lui. Comment allait-il faire pour oublier ?
Peut être que le temps soignerait tout cela. Cependant, il en doutait. Il se
connaissait… Il savait qu’il ne pouvait mettre de côté un tel acte. Mais alors…
Quel moyen allait-il trouver pour se faire à l’idée d’avoir tué un homme ?
Tout en réfléchissant, et sans vraiment s’en rendre compte, Ryuji se retrouva
accoudé au bar. Le barman s’approcha de lui pour prendre sa commande. Ce fut de
façon machinale qu’il demanda quelque chose de fort. Cela lui ferait peut être
reprendre un peu du poil de la bête. Après tout, un petit verre ne pouvait faire
de mal à personne. Il se laissa donc absorber par ses pensées, revoyant toute la
scène une nouvelle fois, tout en sirotant son verre.
A suivre …