La
cible
(Chroniques de
Yakuza)
Titre : La Cible
Auteur : Val-rafale & Myushi
Chapitre : 01
Genre : Yaoi. Policier/ Intrigue / Angst
Couple : Surprise
Disclamer : Cette histoire se passe 1 an avant Akaitsuki
Rencontre ou problème ?
Le temps
avait passé, le moment était venu pour le brun d’entrer dans une arène. Il avait
tout prévu. Le moindre détail. Il avait travaillé huit années pour arriver à ce
but. Il n’allait pas échouer aussi prêt du but. Si bien que ce matin là, il
avait revêtu son costume trois pièces, bien coupé, acheté spécialement pour ce
jour ci. Il avait pris un simple café, avec un sucre et sans lait et était parti
avec résolution vers le début de sa vengeance. Ce fut un taxi qui le conduisit à
son point de rendez-vous. Etrangement, il ne sentit aucune nervosité. Il était
même presque impatient de se retrouver nez à nez avec cet homme qui lui avait
volé sa vie, sa carrière. Il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas tuer sa
cible immédiatement. Ce serait un travail en association avec le temps. Après
tout, la vengeance est un plat que se mange froid. Motivé et donc
particulièrement impatient, il arriva devant de grandes grilles. Il descendit du
taxi et les fixa un long moment. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, avant
de se mettre tout simplement en marche.
~ En route ! On ne fait pas attendre le destin. ~
Amusé par cette pensée, il fixa le garde qui venait de lui bloquer le chemin. Il
n’en fut pas troublé. Le contraire, certainement, mais pas ça. Il se contenta de
fixer l’homme, cigarette aux lèvres, et main dans une poche. Il attendit que
celui-ci prenne la parole. Si tentait qu’il soit doué de parole. Le brun en
doutait particulièrement. Il est bien connu que plus ça a de muscles, moins ça a
de cervelles. Et niveau muscle, le vigil n’en manquait pas… Ne perdant pas son
sourire, le visiteur plongea son regard dans le garde, qui, Ô miracle, savait
parler. Comme quoi, rien n’est perdu pour les grands musclés de ce monde.
- On n’avance pas plus gamin ! » Fit-il avec une voix bien virile qui faillit
faire éclater de rire notre brun.
- Tout doux mon grand. On va rentrer gentiment dans sa niche. Et si par bonheur,
en plus de savoir parler, tu sais lire, cherche le nom de Ryuji Takana. Tu
verras qu’il est attendu par le grand patron. Tu ne voudrais pas qu’il soit hors
de lui par ta faute car le garde du corps de son fils n’a pas pu entrer,
n’est-ce pas ? »
Le garde fut perplexe. Il dut vraiment l’être car un second homme de main pointa
le bout de son nez, histoire de venir en renfort. Non mais vraiment, quel bande
d’incompétents tout de même. Cependant, ça arrangeait pas mal Ryuji qui au
moins, savait à quoi s’attendre au niveau gardes de bases. Même si au fond, il
ne s’attendait pas à autre chose. Les miracles n’arrivent que le vingt-cinq
décembre et encore, quand on tombe sous la bonne étoile. Bref, l’homme expliqua
à son collègue la situation et de comme un accord, l’un alla vérifier la liste
des visiteurs et l’autre garda un œil sur lui. Brave bête. Ils auront droit à
leur nonos à la fin de cet entretien. Le brun préférait ce genre de chien de
garde personnellement, les autres étant trop plein de poils et trop imprévisible
surtout. Et enfin le second homme vint et annonça que Ryuji disait la vérité.
Evidemment. Il n’était pas assez fou pour monter un mensonge comme ça. Bien que…
- Et bien voilà. La preuve est faite. Les chiens de garde, ça sait lire et
réfléchir. Il faudra publier la nouvelle.
Ryuji avait tapoté la joue d’un des hommes, provoquant la colère de ce dernier.
Mais se moquant pas mal de cela, il passa la grille pour se diriger tout droit
vers la demeure face à lui. Il avait toujours les mains dans les poches, sa
cigarette aux lèvres, et cette impatience enfantine de rencontrer l’homme qu’il
avait juré de tué sur la tombe de son père, huit ans plutôt. Il venait d’entrer
dans la ligne droite. Plus moyen de reculer. Il devait donc avancer et il le
faisait avec une volonté sans borne. Plus que motivé, il marchait sur cette
longue allée, fixant cette porte qui s’approchait de plus en plus de lui, tout
en sentant son cœur battre à tout rompre.
~ Bientôt… Bientôt je vais voir son visage… ~ Songea le brun alors que sa
cigarette rejoignait le sol et qu’une de ses mains sortait de sa poche pour
pousser la grande porte qui se dessinait à ses yeux…
Le jeune homme pénétra dans le hall de la maison appartenant à la famille
Yamasu. Il s’avança tout en regardant autour de lui. Il n’y avait pas tellement
d’objet de décoration, le mobilier semblait de qualité mais en restant très
simple. Pourtant, cette famille faisait partie des plus riches de la ville.
Enfin, Ryuji n’était pas là non plus pour se soucier de la décoration de cette
maison, il était là pour autre chose de bien plus important.
Le jeune homme s’avança un peu plus dans cette pièce avant d’être abordé presque
aussitôt par un homme à la carrure impressionnante. Celui-ci venait de poser une
main sur son épaule afin de l’arrêter, attirant par la même occasion son
attention. Le brun se tourna lentement vers lui pour le fixer. Le garde lui
indiqua alors de la main un couloir se trouvant sur la droite avant de s’avancer
dans cette direction. Ryuji haussa un sourcil et le suivit, l’air nonchalant au
premier abord, les mains dans les poches. Son guide le conduisit ainsi jusqu’à
la porte d’un bureau devant lequel il s’arrêta. Il frappa à la porte puis
attendit l’ordre habituel qui devait survenir dans ce genre de situation.
- Entrez. » Fit la voix assez froide mais forte d’un homme.
Sans attendre, le garde entra dans le bureau suivit par Ryuji qui observa
rapidement les yeux d’un œil expert, constatant que la pièce était meublée de
façon sobre et surtout classique pour un tel lieu. Son regard se posa ensuite
sur le propriétaire, assit dans un fauteuil en cuir noir, ayant l’air
particulièrement confortable. Le brun n’eut aucun mal à reconnaître le chef de
cette prestigieuse famille, connue de certains comme étant des plus
bienfaitrices et connue par d’autres comme un clan de yakuza donnant dans toutes
sortes de trafics illégaux. Les deux rumeurs s’avéraient totalement vraies.
Cependant, pour la seconde, rien, aucune preuve, ne permettait la police de
faire cesser leurs activités.
Le propriétaire des lieux écrasa sa cigarette dans un cendrier, attirant par la
même occasion l’attention sur lui. Ryuji le fixa avant de s’incliner avec
respect, se donnant lui-même la nausée en exécutant ce geste devant son ennemi,
cet homme responsable de sa venue en cet endroit alors que sa vie aurait pu être
différente.
- Je me nomme Takana Ryuji, je me présente devant vous comme convenu afin de
prendre mes fonctions de gardes du corps de l’un de vos fils. » Se présenta-t-il
d’une voix neutre et claire.
- Je vous attendais. » Répondit le chef de la famille en ouvrant un dossier. «
Nous n’allons pas perdre de temps… Veuillez signer ceci. Il s’agit de votre
contrat de travail. »
Il prit plusieurs feuilles reliées entre elle par une agrafe et les tendit à son
vis-à-vis qui les saisit afin de les lire. Ryuji connaissait déjà les conditions
que ce contrat contenait. Le chef de cette famille, Otohiko Yamasu, lui en avait
déjà fait part. Cependant, il préféra relire le tout afin de ne pas se faire
avoir sur un détail que cet homme aurait délibérément oublié de lui mentionner.
Sa lecture terminée, le brun signa les trois feuilles avant de les redonner au
père de celui qu’il allait devoir protéger.
- Je présume que je commence de suite. » Demanda t’il avec calme.
- Exactement. » Répondit Otohiko avec froideur. « Vous le trouverez dans le
jardin. Vous pouvez disposer. »
Sans attendre de réponses, le chef de la famille Yamasu fit un signe de la main,
indiquant à l’homme qui avait accompagné Ryuji, de sortir avec celui-ci. Le
garde ne se fit pas prier et poussa le nouvel employé vers la porte avant de
quitter les lieux. Une fois à l’extérieur, le brun lui lança un regard noir puis
lui demanda la direction des jardins. Cette dernière indiquée, il s’y rendit
sans plus attendre, impatient de voir à quoi pouvait bien ressembler le fils de
cet homme qu’il haïssait tant. Il se faisait déjà un portrait. Un homme grand
comme son père. Ce même visage qui poussait au meurtre tellement il le haïssait.
Et cette attitude complaisante qu’offraient la puissance, le pouvoir et
l’argent. Cependant, celui-là, il ne devait pas le tuer. Simplement le protéger.
Comme sa fonction l’assignait. Il n’était pas là pour ce fils héritier, mais
pour le paternel. Ryuji ne perdait pas son objectif. Et jamais il ne le
perdrait.
Plongée dans cette pensée, il arriva donc très vite dans les jardins. En sentant
la brise sur son visage, son air sérieux disparaît pour laisser place à un large
sourire. La chasse commençait. Il avait une idée d’approche bien précise. Tout
ce qu’il y a de naturel, mais également provocatrice. Il avait un plan en tête
et il comptait bien s’y tenir. Arrivant les mains dans les poches, il vit sa
cible assez rapidement. Elle était à une table, entrain, semble t’il, de
travailler. Il faut soit être stupide, soit esclavagiste pour bosser par un
temps pareil dans un lieu aussi merveilleux que celui qu’ils avaient
aujourd’hui. Enfin bon, cela était sans importance. Son affaire n’était pas à
cela. Ce fut donc tout joyeux, qu’il arriva presque en trottinant devant le fils
Yamasu. Sans plus attendre, et sans la moindre timidité, il s’installa sur la
table, poussant les quelques papiers qui gênaient son installation pleine de
provocation. Le jeu venait tout juste de débuter…
- Bonjour mon tout beau. Je suis Takana Ryuji. Ta nouvelle nounou attitrée.
Alors mettons les choses au clair tout de suite. Que tu le veuilles ou non, je
serais ta sangsue nouveau genre. Tu n’iras nulle part sans que je sois là.
Chambre, toilette, douche… Bref, nul part. Compris mon beau ? »
Ryuji savait qu’il entrait fort dans la vif du sujet. Il savait aussi que sa
petite intervention serait très mal vue. Il en eut d’ailleurs le cœur net quand
le regard noir de Kô Yamasu tomba dans le sien. Et bien on dirait qu’il s’était
fait remarqué, parfait. Non loin de se soucier de cela, ne craignant pas les
agissements du fils, il ne le perdit pas des yeux, histoire de montrer qu’il
n’avait pas à faire un comique.
- D’une chose, je ne suis pas votre beau. » Répondit Kô avec froideur. «
Deuxième chose, je n’ai nul besoin d’un garde du corps. Troisième et dernière
chose, je ne vous permets pas autant de familiarité. »
Le brun n’était pas particulièrement heureux de voir un inconnu entrer dans sa
vie. Surtout si le dit inconnu est un garde du corps imposé par son père. Déjà
cela commençait mal. Vraiment très mal. Se levant, il se baissa et ramassa les
papiers à terre, grognant, il avait passé plus de trois heures sur ces dossiers
et à présent, il devait tout reclasser.
- De plus, vous pourriez respecter le travail d’autrui. » Reprocha-t-il d’une
voix neutre.
Le fils Yamasu était hors de lui. Et ce type, ce rigolo qui était employé par
son père. Ce n’était pas sérieux. Cette pensée le rendait furieux. Il était
certain qu’il s’agissait d’un nouveau plan de son père. Il restait juste à
savoir le contenu et comment le contrer. Mais chaque chose en son temps. D’abord
s’occuper du petit rigolo. Tout en reclassant ses dossiers, il vira, sans une
once de regret, l’imposteur qui se disait garde du corps, avant de se rasseoir,
et surtout allumer une cigarette et fixer l’intrus. Il le regarda de haut en bas
et de bas en haut, songeant que ce type serait plus à sa place derrière un bar
que derrière une arme. Qu’est-ce que son père avait encore derrière la tête ?
Comme s’il avait le temps de jouer au chat et à la souris avec un gosse au
sourire enjôleur mais à l’attitude irritante.
- Alors ? Ca va mieux ? » Interrogea Ryuji alors qu’il lui volait sa cigarette.
« Il faut savoir se détendre dans la vie. Regarde le temps. Il est beau. Ce
n’est pas un temps à travailler, mais à s’aérer l’esprit. »
Kô grogna, ce type, il allait le tuer. C’était la seule chose certaine à ce
moment précis et, croyez le, ce serait d’une mort lente, terriblement
douloureuse. Le brun alluma une nouvelle cigarette, ayant un fort besoin de se
calmer avant de réellement commettre l’irréparable, ce qui ne manquerait pas de
rendre son père furieux. Il n’avait aucune envie de recevoir une correction à
cause de ce garde du corps imposé. Cependant, s’il ne pouvait l’envoyer six
pieds sous terre, le fils de la famille Yamasu avait la possibilité de lui
apprendre les bonnes manières, à sa façon, bien entendu.
- Je n’ai guère de temps à consacrer à ce genre de futilités. » Répondit-il
d’une voix neutre alors qu’il se replongeait dans un dossier, préférant pour le
moment ignorer cet homme. « Mais si vous désirez le faire, je ne vous retiens
pas. »
Il montra le jardin d’une main alors que de l’autre, il tournait la page de l’un
des documents. Il espérait intérieurement que cet homme accepte cette ballade en
solitaire, sans faire d’histoire. Cependant, il ne se faisait pas non plus
d’illusions, ses souhaits étaient rarement exaucés à moins d’employer la force
pour obliger le sort à marcher dans son sens. De plus, Kô avait bien compris que
le brun était là pour le protéger. Il serait donc surprenant qu’il le laisse
seul, même au sein de la résidence. Sans compter, que ce nouvel employé
risquerait de s’attirer la colère de son père s’il ne faisait pas son travail
correctement. Résultat, le fils Yamasu allait devoir le supporter jusqu’à ce
qu’il soit viré ou bien tué. Selon lui, la dernière solution était la plus
probable. En effet, rares étaient les employés qui se faisaient virer dans la
famille. En règle générale, ils étaient tués.
Kô décida finalement que la meilleure méthode pour avoir la paix, était
d’ignorer son garde du corps. Il se replongea donc dans ses dossiers avec le
plus grand sérieux que rien ne semblait pouvoir troubler. Mais c’était sans
compter sur la détermination de ce Ryuji qui lui arracha ni plus ni moins le
dossier.
- Il faut savoir prendre le temps ! » Déclara-t-il en souriant.
Kô lui lança un nouveau regard noir en se disant que jamais il ne parviendrait à
se débarrasser de ce garde du corps. Son père aurait dû réfléchir à deux fois
avant de l’engager et surtout de le lui mettre dans les pattes. En effet,
comment le brun allait-il réussir à faire son boulot correctement avec cet homme
qui faisait tout pour l’en empêcher en voulant l’obliger à se détendre. Si
jamais il prenait trop de retard, il risquait de s’attirer des ennuis. Le chef
de la famille Yamasu n’aimait pas particulièrement les contretemps, surtout si
ces derniers venaient de ses fils. Il partait du principe qu’ils devaient
montrer le bon exemple à leurs hommes de main, en travaillant ardemment sans
laisser quoi que ce soit entraver cette marche. Chaque dossier devait être
terminé à une date bien précise, chaque décision devait être rendue au jour
indiqué sur les documents et c’était ainsi pour chaque affaire que traitait le
clan. Il se trouvait que les dossiers sur lesquels s’était penché le fils
Yamasu, devaient être terminés pour le lendemain. La première réflexion qui
venait à l’esprit était qu’il aurait pu s’y prendre plus tôt pour les faire.
Cependant, son père avait, dans sa grande bonté, décidé de lui donner ce travail
au dernier moment, certainement pour le tester et voir s’il serait capable de
régler ça en un temps record. Hélas, à cause d’un certain garde du corps
fraîchement arrivé, Kô allait devoir passer sa nuit entière pour pouvoir rendre
son boulot en temps et en heure car il était certain maintenant que cet homme ne
lâcherait pas de l’après midi.
Le fils Yamasu se leva calmement de sa chaise avant de reprendre son dossier des
mains de son garde du corps. Il le reposa sur la table mais ne se réinstalla
pas, fixant simplement son vis-à-vis avec calme et froideur. Il posa une main
sur la table juste à côté de son pseudo protecteur puis planta son regard dans
le sien, toujours aussi froid.
- Takana-san… C’est ça ? » Fit-il d’une voix neutre. « Je vous conseille
fortement de ne pas oublier où se trouve votre place. Sauf si vous désirez
raccourcir votre espérance de vie. »
Cette menace ne sembla point effrayer Ryuji qui sourit un peu plus alors qu’il
levait une main pour venir caresser la joue du fils de son patron. Ce dernier
l’amusait plus qu’il ne lui faisait peur. Ce genre d’homme était froid en
apparence mais à l’intérieur il devait en être autrement. Le brun avait envie de
se divertir en cherchant à savoir ce que cette glace pouvait receler comme
trésor. Cependant, il se doutait bien que son protégé n’allait pas se laisser
faire gentiment. Pour preuve cette main qui le saisit au poignet et le serra
avec une certain force. Le garde du corps fut d’ailleurs tenté de l’embrasser
avec passion pour le déstabiliser et ainsi se défaire de cette emprise. Mais un
petit détail ou plutôt un son parvint à ses oreilles. Ce bruit en question
n’était autre que l’aboiement d’un chien, qui d’ailleurs arrivait en courant
droit sur eux. Ryuji réagit immédiatement en s’écartant de Kô, se défaisant de
son emprise, mettant de la distance entre eux alors que l’animal s’approchait de
son maître. Cette attitude n’échappa au fils Yamasu dont les lèvres s’étirèrent
en un étrange sourire.
- Mais que vois je… » Fit-il en caressant doucement la tête du chien de race
Hokkaido Ken. « Ma nouvelle nounou aurait-elle peur de ces adorables animaux que
sont les chiens ? Comme c’est intéressant. »
Ryuji avait réagit complètement à l’instinct. Dès que l’animal s’était dessiné à
ses yeux, il n’avait rien pu faire d’autre que reculer. C’était plus fort que
lui. D’ailleurs, il aurait continué de se faire submerger par cet instinct si Kô
n’avait pas prit la parole avec la volonté de rabaisser un peu le garde du corps
qui, il fallait le rappeler, avait joué avec lui depuis son arrivé. Fixant le
fils Yamasu, Ryuji reprit au final une attitude moins décomposée. Il resta
cependant à distance n’étant pas assez fou pour s’approcher d’un tel animal.
Retrouvant son sourire amusé, ce même sourire travaillé, ce sourire de joueur,
le garde du corps se mit à hausser les épaules et jouer de nonchalance devant la
réflexion du fils de riche.
- Une nounou à votre âge ? Mais comme c’est déplorable tout de même. Enfin bon,
qu’elle est peur est bien dommage, mais ce n’est pas mon affaire. » Fit-il avec
un grand sourire amusé et provoquant. « Ce qui est mon affaire par contre, c’est
le fait que cette… Enfin ce chien ne me gêne pas dans mon travail ! »
*Et surtout qu’il ne m’approche pas…* Songea le brun en fixant la chose qui
bavait de contentement devant les caresse de son maître.
Comment se fait-il que personne ne lui ait signalé qu’un chien était compagnon
du fils de son ennemi ? Malgré son sourire intérieur, Ryuji fulminait
intérieurement pour avoir laissé passer une telle erreur. Alors que Kô, devant
cette scène, semblait avoir trouvé une arme parfaite pour pouvoir terminer son
dossier important sans se salir les mains et donc, attirer une autre colère de
son père. Après tout, ce n’est pas de sa faute si sa nounou, qu’il comptait bien
rendre temporaire, n’avait pas su combattre une simple cynophobie. Le sourire du
Yakuza s’amplifia encore plus à cette pensée, gardant cette étrangeté dans sa
forme.
- Mais pourquoi Wolfen gênerait-il ? » Interrogea Kô tout en cessant les
caresses. « Il est parfaitement bien élevé. Pour preuve ! »
Le Yakuza à ces mots changea d’attitude et fixa le chien, qui lui-même fixait
son maître, l’air parfaitement heureux.
- Wolfen ! Attaque ! » Ordonna-t-il d’une voix ferme.
Et ce fut ni une, ni deux. Le chien se mit en mouvement et sauta droit sur
Ryuji. Ryuji qui avait soudainement blêmit et perdu son sourire provocateur. Il
vit le chien débouler sur lui sans qu’il n’ait le temps de sortir totalement son
arme de son holster. Et tomba à terre avec un chien sur lui, cherchant à
s’échapper, prit d’une véritable panique, sur le coup. Et là… là… une série de
léchage en tout genre le submergea. Soufflé par cela, Ryuji ne changea pas
d’attitude cependant. Il essayait toujours de repousser l’animal. Animal qui
semblait être aux anges, ravi de voir le garde du corps et jouer avec lui. Et
donc, qui continuait sa séance de câlin, sans se faire prier par son maître. Kô,
d’ailleurs, semblait satisfait de la scène qui se dessinait devant ses yeux. Il
le fut d’autant plus quand il entendit les mots du brun qui luttait toujours…
- Retire moi ce foutu chien de sur moi ! » Grogna celui-ci, loin d’être serein
devant cela. « Dégage… » Continua t’il à l’intention de Wolfen. « Barre toi sale
bête ! »
- Pourquoi le ferais-je ? » Demanda Kô qui s’amusait vraiment de la situation. «
Au moins, je peux travailler en paix. »
- La ferme ! Et retire moi ce chien de sur moi ! » Fulmina Ryuji qui se rendait
compte qu’une faille découverte si vite n’allait pas arranger ses affaires
vengeresses.
- Désolé mon beau, mais j’ai un dossier à terminer ! Alors, je te confie Wolfen
! »
Le sourire triomphant et plein de significations, il retourna l’air de rien à
son dossier, laissant sa nounou imposer se débrouiller avec son chien. Le
dossier était sa priorité. Alors la faille du cadeau de son père l’arrangeait
vraiment. Au grand damne de Ryuji qui se débattait toujours avec l’animal.
Finalement, il réussit à dégager sa main et réussit à atteindre son arme. Il lui
avait fallu un bon moment pour y arriver. Vaincre cette angoisse. Déplacer
l’animal… Mais il y était arrivé. Si Wolfen ne se sentait pas le danger, son
instinct dira t’on. Kô vit l’arme alors qu’il vérifiait par habitude, que tout
allait bien. La réaction fut rapide. Le Yakuza se leva et attrapa l’arme du
garde du corps assez rapidement avant de le fixer froidement, repoussant en même
temps le chien pour le faire venir à ses pieds.
- Ne menace plus jamais ce chien de ton arme ! » Fit-il froidement.
- Vraiment ? Alors ne le lance plus sur moi ! » Répondit avec provocation Ryuji
qui s’était redressé et épousseté entre temps.
Il ne quitta pas Kô, loin d’être effrayé par sa froideur. D’ailleurs, il tendit
sa main, souriant à nouveau, bien qu’à distance raisonnable avec le chien qui le
fixait la langue pendante.
- Bien, si tu me rendais mon arme à présent ! » Continua t’il dans la même
mimique de provocation.
- Hm… » Fit le fils Yamasu en la lui rendant. « Empêche moi encore une seule
fois de travailler et ce n’est pas attaque le prochain ordre que je donnerais à
Wolfen. »
A ces mots, le brun retourna à son dossier, laissant la nounou à sa réaction. Il
avait assez perdu de temps comme cela. Ryuji de son côté, rangea son arme,
grognant intérieurement, mais finalement gardant son sourire. Pas évident
l’héritier Yamasu. Mais il devait le conquérir. Le faire manger dans sa main
pour enfin s’en servir contre son père, pour l’atteindre. Bon, c’était étrange
comme façon d’agir, mais Ryuji avait un plan. Et il allait tout faire pour le
suivre. Même s’il devait combattre des imprévus comme ce chien. Bref, pas
vraiment découragé par la menace, il s’avança vers la table de travail pour s’y
installer. Il fixa Kô et sourit tout simplement.
- Mais qui t’empêche de travailler voyons ? » Demanda t’il encore et toujours
provoquant. « Ce n’est pas bien de chercher des excuses pour ne pas finir les
devoirs que Papa t’a donné ! »
Il lui aurait presque tapoté sur la joue s’il n’avait pas en tête les limites
qu’il ne devait pas franchir. Mieux valait éviter de mourir prématurément. Son
projet… Toujours et encore son projet. Il se contenta donc de sa provocation
verbale et ce, avant de s’allumer une cigarette, la sortant de sa poche de
chemise avec son briquet. Il souffla la fumée à la figure de Kô, avant de fixer
le dossier avec calme. Le fils Yamasu releva à nouveau les yeux pour le fixer
avec froideur, constatant que la petite leçon n’avait pas été très bien retenue,
pour ne pas dire pas du tout. Il alluma donc à son tour une cigarette sans le
quitter des yeux.
- Il ne serait pas dans mon intérêt de ne pas terminer ce travail. » Répondit-il
en gardant toujours cette sérénité apparente alors qu’au fond, il sentait peu à
peu la colère monter. « Mais je ne pense pas que cela vous intéresse. »
Sans attendre de réponse, Kô se leva de sa chaise tout en ramassant ses
dossiers. Puisqu’il ne pouvait espérer être tranquille en ce lieu, il pensait
que son bureau lui permettrait d’avoir un peu de paix pour mener à bien son
travail. Il était prêt à faire beaucoup de choses pour se débarrasser de son
nouveau pot de colle alors qu’il ne l’avait à ses côtés que depuis une vingtaine
de minutes seulement. Il ne voulait pas imaginer ce que cela donnerait lorsqu’il
aurait passé plus d’une journée en sa compagnie. Ne pas commettre de meurtre
serait difficile pour le fils Yamasu. Il allait devoir faire preuve de patience.
- Oh ! » L’interpella Ryuji en le voyant ranger ses affaires. « Tu fais quoi mon
beau ? »
- Je vais là où je serai certain de ne pas vous avoir sur le dos. » Répondit le
brun d’une voix neutre.
- Tu fuis ? » Demanda le garde du corps tout sourire en bloquant le passage à
son protégé. « Je te fais peur ? C’est ça ? »
- Vous tenez à embrasser une nouvelle fois le sol avec le chien sur vous ? »
Interrogea l’aîné en le contournant ni plus ni moins. « Je n’ai aucune raison de
m’effrayer d’un petit insolent qui ne doit pas savoir compter jusqu’à dix sans
s’aider de ses doigts. »
Ceci dit, le brun se dirigea vers la maison en silence, ne faisant plus
attention à l’homme qui le suivait. Il se dirigea ainsi vers son bureau dans
lequel il pénétra calmement avant de claquer la porte au nez de Ryuji.
*Amusant* Songea ce dernier, alors qu’il tournait la poignet de la porte et
entrait dans la pièce, ne se souciant pas des humeurs du fils de sa cible.
Sans un mot, il le fixa, puis alla s’installer sur le fauteuil non loin, et
croisa les jambes, en fixant Kô avec malice. Ce jeu commençait à lui plaire.
Quelles étaient les limites de son vis-à-vis ? Allait-il perdre sa patience ? Le
garde du corps voulait attendre la limite. Mais en même temps, il avait autre
chose à faire. Vengeance ou jeu… Il devait faire un choix…
A suivre …