Le Destin d'une colombe noire
 





Titre : Le destin d’une colombe noire
Auteur :  Myushi & Elfy 
Chapitre : 02
Genre : Intrigue, romance, policier, Yaoï
Couple : ????
Disclamer : Tous les persos nous appartiennent.


Le labyrinthe des souvenirs




Flash back

La neige avait une fois de plus couvert les rues de son manteau immaculé. Le ciel était d’un triste gris. L’orphelinat se dressait toujours aussi sombre, austère, et effrayant. Dans les rues, quelques passants se précipitaient afin de rejoindre leurs demeures, emmitouflés dans leur manteau à fourrure. On pouvait apercevoir de pauvres âmes autour d’un feu de fortune tentant tant bien que mal de se réchauffer. Quelques malheureux gamins tendaient leurs frêles mains quémandant quelques pièces dans le but de la rapporter à un souteneur ou afin de s’acheter de quoi se nourrir. Cependant les pauvres étaient ignorés par la plus part des passants. Leurs pauvres petites voix étaient à peine entendues. C’était un jour comme les autres semblables, une journée maussade pratiquement identique à toutes les autres. Tout semblait calme, cependant le silence fut déchiré par un horrible cri. Une voix, un hurlement venant de l’intérieur de l’orphelinat. Qu’était-ce donc ? Les passants effrayés par ce son se dépêchèrent de presser le pas, tandis que les autres tournaient un regard curieux vers ce lieu qui accueillait tous ces orphelins.

Il était plus de midi et les charmants bambins s’étaient précipités afin de s’attabler et déguster le frugal repas qui leur était servit. Un bout de viande, semble-t-il, de troisième catégorie, quelques malheureux légumes, un quart de pain à l’aspect douteur ainsi qu’un verre d’eau. Ces derniers ne se plaignaient pas. Comment auraient-ils pu ? Ils s’estimaient déjà chanceux d’être en mesure d’avoir de quoi se nourrir dans leurs assiettes et ce, tous les jours. Le réfectoire était comme d’habitude bondé. Les orphelins de plus en plus nombreux ne trouvaient pratiquement pas de table et de chaises et ils devaient trouver un endroit afin de déjeuner et ce, sur la surveillance d’un des instituteurs. Ce dernier était un être grassouillet qui se gavait de sucrerie et de bonne chaire. Sa peau était si luisante que l’on avait la sensation de voir suinter la graisse. Son sourire avenant envers les autres n’était qu’une façade et cachait un caractère fourbe et cruel.

Assis dans un coin de la salle à même le sol, Saï grignotait un bout de pain plongé dans la lecture de son livre de poche. Il était rare que le brun sorte de sa chambre et descende au réfectoire, malheureusement son nouveau compagnon de chambré avait tant insisté pour ne pas dire tant enquiquiné et afin de ne plus entendre sa voix il avait finit par céder. Chose étrange surtout venant de la part de l’adolescent rebelle. Un mois s’était déjà écoulé depuis sa rencontre avec ce blond électrique qui l’avait au premier abord agacé au point qu’il avait été tenté de le faire disparaître. Trente jours depuis leur rencontre assez étrange, qu’il côtoyait ce blond, à vrai dire, depuis que ce gamin était sans cesse collé à lui. L’adolescent avait la sensation que c’était une punition divine. Malgré son air grognon, sa manière de le rembarrer Jens continuait à le suivre comme s’il avait découvert en lui un sauveur ou autre chose. Il ne se décourageait pas et revenait sans cesse à la charge. Le brun d’ailleurs se demandait ce qui avait bien causé une telle réaction chez lui. Cependant Saï ne cherchait pas à savoir ni à connaître ses raisons, il avait décidé de lui accorder sa protection, comme il l’octroyait à de nombreux enfants en ces lieux.

Pourquoi l’avait-il fait ? Il l’ignorait. A vrai dire il connaissait parfaitement la raison. Jens était différent de tous ceux qui gravitaient autour de lui. Le blond n’était pas seulement crédule mais il était innocent. Ce gamin se jetait sans se forcer dans les pièges qu’on lui tendait et semble t-il avec une facilité déconcertante. De plus il n’avait pas conscience de mal faire ou de se mettre en danger ou mettre en danger ceux qui cherchaient à lui venir en aide. Il faut dire que ceux susceptibles d’aider Jens pouvaient se compter sur les doigts, il agissait tout simplement à l’instinct de manière stupide le plus souvent mais selon son cœur… Peut être était-ce toutes ses raisons qui l’avaient poussées à étendre sa protection au-dessus de ce dernier. Bien qu’il veille sur lui, le brun ne se privait pas de lui remettre les idées en place et ce, de manière fort douloureuse, lorsque cela s’avérait nécessaire.

Saï trouvait le blond insouciant, en quelque part il se fichait des règles de l’orphelinat. Il les appliquait et les interprétait à sa manière, bien qu’il le fasse de manière moins prononcée que le brun. Depuis qu’ils partageaient sa chambre avec ce gamin, son petit train-train de vie quotidien avait été chamboulé. Jens au début s’était fait son lit à même le sol, Saï refusant de partager le sien et la directrice n’allait certainement pas se mettre en frais afin de fournir un lit au petit nouveau. Leur cohabitation avait assez mal débuté. Saï ne supportait pas réellement son colocataire imposé, ce dernier étant un peu trop bruyant à son goût, malheureusement il n’avait pu faire autrement. Les jours s’étaient lentement écoulés, et ils avaient apprit à se connaître, plus exactement le blond n’avait cessé de poser des questions auxquelles Saï prenait à peine le temps de répondre. Malgré tout, Jens décidé, avait continué jusqu’à ce la brun finisse par se faire à sa présence et l’accepte au point de lui faire une petit place dans son lit.

Jens en était tout heureux. Avec Saï il se sentait bien, il avait parfois la sensation d’avoir une famille. Le brun se montrait très protecteur mais pourtant il était très dur et lorsqu’il se hasardait à faire des bêtises, plus par ignorance que par choix délibéré, il se faisait proprement réprimander par un grand frère moralisateur. Jens trouvait cela adorable. Il faut avouer que la seule famille qu’il n’ait jamais connue ne s’inquiétait pas réellement de son sort. Dès l’instant où il se montrait être un investissement rentable le reste leur était indifférent, comme le sort du blond. Avoir quelqu’un qui se préoccupait de lui, qui tentait de le guider, bien qu’il ne le montra pas et que Jens soit assez imperméable à certains conseils, qui se souci de son bien être était quelque chose d’assez inhabituel et il n’était pas certain de parvenir à s’en passer. Malgré l’attention à la rigueur la surveillance de Saï il arrivait parfois et plus souvent que rarement que le blond s’égare…

Toujours assis à même le sol, le brun commençait à s’impatienter. Et dire qu’il avait écouté Jens et avait daigné descendre alors qu’il aurait préféré se trouver au calme dans sa chambre. Au lieu de cela il était assis dans une salle bruyante, grouillant de gamins indisciplinés pour la plus part. Et bien entendu toujours pas de blond innocent, inconscient et insouciant à l’horizon. Saï allait finir par se fâcher et aller lui-même le chercher. Combien de temps allait-il prendre pour une simple douche ? Le blond lui avait dit : « j’en aie pour quelques minutes », bien que Saï lui ait conseillé à maintes reprises d’éviter de se trouver seul dans les douches, à moins qu’il ne se douche tout habillé. Que voulez-vous l’innocence ne distingue pas d’obstacle que ceux qu’elle veut bien se créer…

A bout de patience et ne supportant plus ce bruit, le brun se leva le visage fermé, jetant un froid là, où il passait. Saï décida d’aller lui-même chercher son turbulent blond. Il était patient, cependant celle-ci avait des limites. En passant près de l’une des tables il entendit des gamins qui discutaient. Il semblait parler du nouveau qui était apparemment devenu le nouveau jouet de Jack. Jack, si ses souvenirs étaient exacts, se trouvait être un protecteur comme lui, il allait avoir ses quatorze ans dans trois mois. C’était un adolescent blond, de la même taille que lui, ayant quelques kilos en plus. Très bientôt il quitterait l’orphelinat et tous ces petits protégés se retrouveraient seuls, à la merci du prochain. Quoi qu’en y réfléchissant on pouvait dire que c’était un bien pour un mal. Jack était un protecteur, cependant son assistance n’était pas gratuite, celle-ci se monnayait à prix fort. Un prix que certains n’étaient pas en mesure de payer. Il avait une réputation dès plus douteuse et celle-ci ne paraissait pas usurpée. Saï fronça les sourcils, si Jens se trouvait avec ce Jack il était à parier que ce dernier était encore allé se jeter dans un piège de plus avec le sourire aux lèvres.

Le brun soupira. Quand cesserait-il de se comporter de manière insouciante ? Quand comprendrait-il que tout le monde n’était pas beau, gentil et riche et généreux. C’était une denrée qui se faisait rare à moins que l’on ne se rende au cinéma afin de la trouver. Réaliserait-il un jour que tout le monde n’était bien intentionné et ne possédait pas de sens moral comme lui. Et bien oui, sous ses airs grognons, froids, à la rigueur cruels, Saï possédait une sens de l’honneur, digne des samouraïs des temps anciens, cependant lui, serait plus avantagé, comparé à un samouraï des temps modernes. Etre un rebelle ne signifiait pas que l’on ne possédait pas de sens de l’honneur et le brun malgré les apparences était beaucoup fiables que ceux qui faisaient figure d’exemple. Pour l’instant le samouraï des temps moderne se trouvait être de fort mauvaise humeur, et un certain Jack allait en faire les frais. Frigorifiant au passage tout le réfectoire, le brun saisit une fourchette et se dirigea vers le troisième étage, fixant droit devant lui, ignorant les appels du surveillant.

Saï sentait monter en lui une colère, il ignorait pour quelle raison. Après tout, Jens n’était en rien à lui, juste un gamin parmi tant d’autres qu’il protégeait. De plus il était parfaitement conscient qu’une fois qu’il aurait quitté l’orphelinat, il oublierait ce blond innocent et se désintéresserait de son sort. Cependant pour l’instant il avait la sensation que le blond était en danger et que lui-même n’en avait pas conscience. Pourquoi avait-il fallu qu’il rencontre Jens ? Qu’on le mette précisément dans sa chambre. Décidément il avait quelque chose de pourri au paradis. Serrant fermement la fourchette dans sa main, il entreprit l’ascension des escaliers une colère sans nom grondant en lui. Le brun arriva enfin à destination alors qu’il pénétrait dans les vestiaires, il entendit des voix.

- Je trouve ton jeu un peu étrange. » Fit remarquer Jens dont Saï avait reconnu la voix.
- Pourtant je t’assure que celui-ci est très agréable. » Répondit son vis-à-vis que le brun reconnu pour être Jack.

Mais de quoi étaient-ils en train de parler ? Jens dans son innocence devait s’être encore fourré dans une situation inextricable.

- Ecoute Jack, je dois rejoindre Saï, s’il ne me voit pas il sera mécontent et va grogner. De plus je n’aime pas ce jeu, sans compter qu’il est idiot. Pourquoi est-ce toi qui dois toucher et moi demeurer inerte ? » Interrogea le blond innocemment.
- Pour la simple raison que je suis l’aîné, qu’il se trouve être mon jeu et que tu dois obéir. Je tiens à te signaler que si tu ne te plies pas aux règles de mon jeu, c’est ton ami Roy qui devra te remplacer. » Menaça t-il.
- Là, cela te fait trois raisons. » Répondit simplement Jens. « Cependant, j’ai donné ma parole, je prendrais sa place. Je dois avouer que je n’ai pas trop bien compris à quel jeu vous jouiez, mais j’en ai assez vu pour comprendre que Roy n’appréciait pas. Et puis, une parole donnée est sacrée, je ne reviendrais pas sur celle-ci. » Argumenta avec foi le blond.
- Dans ce cas cesse de te plaindre et continuons. » Lui conseilla Jack qui commençait à s’énerver et n’avait même pas réalisé que le blond se moquait de lui.
- Très bien, je suivrais tes règles mais je le répète, ce jeu est idiot. » Affirma t-il avec détermination.

Jens soupira. Comment s’était-il retrouvé dans les douches à jouer à un jeu idiot afin de sauver un camarde ? Décidément ce genre de choses n’arrivait qu’à lui.

*****

En un mois il avait apprit à cohabiter avec l’ours grognon qu’était son compagnon de chambre. Il faut avouer que cela n’avait pas été facile. Saï était secret, un véritable casse-tête chinois. L’approcher était quasiment mission suicide, pourtant le blond était parvenu à se frayer un petit chemin, à faire sa petite place. A grand coup de renfort de questions insistantes, de manipulation à peine voilées. Jens s’était finalement attaché à Saï et pour lui désormais il représentait sa famille, son frère, son protecteur. Le brun était si droit, trop même, tellement scrupuleux que le blond était impressionné. Il n’était pas le seul. Mais bien peu connaissait le véritable Saï, cependant Jens lui savait que sous cette couche froide à la rigueur cruelle se cachait un homme de cœur, son héros. Jens aurait tant aimé être aussi fort que lui, ne rien craindre, ce n’était malheureusement pas le cas. Il fallait toujours que Saï vole à son secours parfois il avait droit à des sermons assez douloureux, cependant il reconnaissait qu’il le méritait, ce n’était pourtant pas cela qui l’empêcherait de recommencer ses bêtises.

Pourtant Jens désirait faire des choses avec son amis aussi tenta t-il de le convaincre de s’adonner à des activités peu habituelles pour lui. Saï était un solitaire et se rendre dans un réfectoire bondé afin de grignoter une miche de pain n’était pas dans ses habitudes. Cependant, le blond était parvenu le convaincre. Il faut avouer qu’il l’avait tant asticoté, que le brun avait finit par céder. Le blond s’était précipité aux vestiaires afin de prendre une douche et retrouver son frère. C’était là, qu’il avait découvert un de ses compagnons de jeu, un gamin frêle incapable de se défendre. Et oui, il existait des êtres plus faibles que Jens et celui-ci était aux prises avec Jack. Le blond ne comprenait pas exactement ce qui se passait, tout ce qu’il voyait c’était que son camarade n’avait pas envie de jouer et tout naturellement il apostropha l’adolescent, lui ordonnant presque de le laisser partir. Jens était assez téméraire, voir suicidaire. S’il était parvenu à ne pas se faire aplatir par Saï, il pouvait espérait ne pas se faire ratatiner l’autre protecteur vivant dans cet orphelinat. Bien entendu il ne fallait pas rêver.

Jens se retrouva plaqué au mur des douches par un adolescent de très mauvaise humeur. Croyez vous que cela impressionna le blond ? Non. Saï était beaucoup plus intimidant lorsqu’il faisait les gros yeux. Aussi tout en ne sachant pas ce qui se passait entre les deux garçons, Jens se proposa comme remplaçant de jeu. Après acceptation de l’échange et la promesse de ne point se dérober, Roy s’enfuit des douches après un regard reconnaissant à son compagnon de d’infortune. Ainsi le blond entama un jeu qu’il trouvait idiot. C’était ainsi qu’il se retrouva dans cette étrange situation…

*****

Saï serrait les poings de colère tandis que la fourchette dans l’une de ses mains était à moitié tordue. C’en était trop ! Il avait assez entendu. Jens se mettait toujours dans les pires situations, cela devenait vraiment insupportable. Quant à ce Jack, il était impardonnable. Profiter ainsi de l’innocence et de l’inconscience, de l’idiotie du blond. Cela allait se payer cher.

- Il me semble qu’il t’a dit qu’il trouvait ton jeu parfaitement stupide ! » Dit froidement le brun en pénétrant dans les douches. Son regard était dur, froid comme la mort.
- Ryura ! Je dois avouer que je ne m’attendais pas à te voir. Tu tombes malheureusement très mal, comme tu as pu le constater je suis assez occupé. » Fit-il remarquer.
- Il me semble que tu es en violation direct avec nos accords. Jens est sous ma protection, tu ne dois ni l’approcher, ni le toucher, aucun de mes protégés ne doivent être incommodés par toi où l’un des tiens. Et la réciproque est vraie. Tu sais ce qu’il en coûte d’enfreindre notre code. » Continua t-il, calmement.
- Je suis parfaitement au courant et je ne suis pas assez idiot afin de le transgresser. Je n’ai pas touché ton protégé contre sa volonté, il s’est lui-même proposé, dans ce cas là, je n’ai commis aucunes fautes. » Fit-il remarquer triomphalement, en se tournant vers Saï tout en maintenant Jens par le poignet.
- Est-ce vrai Jens ? Es-tu réellement allé vers le lui de ton plein gré ? » Interrogea le brun, en serrant les poings.

Le blond baissa la tête, comprenant qu’il avait fait une bêtise. Combien de fois lui avait t-on répété de ne jamais tenté de régler les conflits lui-même. Cela revenait aux protecteurs. Ce n’était pas de sa faute, si le brun était absent et que la situation demandait une solution urgente. Il avait cru bien faire.

- Oui. » Répondit-il d’une petite voix.
- Je vois, c’est donc ce que tu désires, t’adonner à ce genre de jeux avec ce profiteur. » Demanda t-il.
- Non ! Je trouve ce jeu idiot, je voulais juste aider je… » Se plaignit le blond en relevant les yeux qui peu à peu se remplissaient de larmes.
- Inutile de revenir sur ta parole, tu as promis et j’ai horreur que l’on prenne pour un idiot. » S’énerva Jack, en serrant le poignet du blond.
- Vas-tu me lâcher, tu me fais mal. Je ne veux plus jouer, ce jeu est stupide et ennuyeux. » Lui dit Jens en commençant à s’agiter.

Saï observait la scène qui se déroulait devant lui. Partagé entre l’envie de s’en aller, celle de frapper Jack qui profitait de toutes les occasions ou de taper Jens qui ne faisait que bêtises. Pourquoi cela n’arrivait-il qu’à lui ? Qu’avait-il fait ? Un cri inarticulé le ramena à la réalité, tandis qu’il voyait Jens glisser le long de la paroi de la douche. Le regard de Saï s’illumina.

- Tu viens de commettre une erreur, tu n’aurais jamais du porter la main sur lui. » Dit froidement le brun, en marchant lentement vers lui.
- Que je suis maladroit. Comment ai-je osé toucher à ton jouet, ta chose ! » Se moqua l’adolescent. « Je suis navré mais il n’y avait pas écrit propriété privée sur son front. Néanmoins je peux te comprendre, il est vraiment mignon, et avec ce corps on pourrait en faire des choses. » S’amusa t-il tout en provoquant Saï.
- Tu es vraiment ignoble et dégoûtant. Je ne suis pas de ton genre ni de ce genre, je ne profite pas de ceux que je protège. » Fit-il remarquer. « Mais cela tu ne peux et ne pourras jamais le comprendre. Peut être que là, où tu vas te rendre, tu auras tout le loisir d’y réfléchir. » Murmura t-il doucement, avant de planter, d’un coup sec la fourchette dans la gorge de Jack à un endroit qui ne pardonnait pas.
- Je n’ai nullement l’intention d’aller… » Commença t-il.

L’adolescent ne put de terminer sa phrase. La scène se déroula si rapidement. Qu’il ne vit rien et ne ressentit pratiquement rien pendant quelques secondes. Puis il porta sa main à sa gorge et sentit un liquide poisseux, il leva la main et vit celle-ci maculée de sang. Il la replaça afin d’essayer d’endiguer la coulée d’hémoglobine, malheureusement il état trop tard, l’instrument de mort était profondément enfoncé dans la carotide. Saï n’avait pas visé, n’avait pas frappé afin de faire mal, non il avait frappé afin de tuer. Jack tomba à genoux le regard empli de haine qui se révulsait. Sand doute ne respirait-il plus avant d’avoir touché le sol, cependant Saï s’était déjà détourné de lui afin de s’approcher de Jens inconscient, de se pencher et le soulever dans ses bras…

Sans un mot, sans un regard il quitta les douches publiques pour se diriger vers leur chambre, aucune expression ne trahissant ses émotions. Près du corps, on pouvait juste observer une plume de corbeau laissé délibérément ou perdu flottant dans la mare de sang. En sortant Saï croisa un gamin qui rasa presque le mur en le voyant. Quelques secondes plus tard on entendit un hurlement d’horreur…

Fin du flash back…

*****

Saï était dans son appartement, il fixait le plafond, silencieux, semblant réfléchir ou plutôt se souvenir. Il se demandait pourquoi il acceptait les débordements de Jens, sans vraiment se le demander. Il connaissait ce dernier par cœur. Il savait ce qu’il devait faire ou ne pas faire pour avoir ou pas des ennuis. Cependant, il devait avouer que la veille il avait faillit faire une sorte de fratricide. Les questions de Jens avaient passé certaines limites. Mais il n’avait rien fait, il n’avait juste pas répondu et offert la dite crêpe à ce dernier. Tout de même, il devait songer à lui imposer certaines limites à Jens avant que ce dernier ne lui cause de sérieux ennuis. Il était pris dans cette pensée lorsque le téléphone se mit à sonner. Le brun se redressa alors et décrocha le combiné non loin de lui, sur la table de nuit. Sans un mot, sans même se présenter, il écouta la personne au bout du fil. Des « quand ? Où ? Quelle heure ? Et nom de la cible ? » furent dits et le combiné fut raccroché… Saï se leva ensuite et alla se glisser sous la douche, silencieux, froid et presque invisible comme toujours…

*****

Jens était aux anges. Il ne voyait que trop rarement son Saï et profitait donc un maximum de sa présence, faisant le plein de souvenirs. Mais aussi s’inventant des histoires pleines de romances, nées uniquement de son imagination, et ce, avec des fantasmes plus énormes les uns que les autres. En plus, il avait vu une scène de crimes. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu ce genre de scènes. C’était excitant, mais à la fois inquiétant. Or, cela n’avait plus vraiment d’importance. Car le plus important pour lui, c’était son rendez-vous. Et il l’avait eut. Et pour rien au monde, il reviendrait sur cela, même pour voir une scène de crime. Ca jamais… Cependant, il devait avouer que son Saï était étrange hier. Même vraiment trop étrange. Il était vraiment très, très froid. Bon, d’accord, son protecteur adoré n’était pas la chaleur incarnée. Mais hier, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Jens ne saurait pas dire quoi exactement, cependant, il était certain que quelque chose avait cloché dans son comportement…

- En ce moment, il m’inquiète vraiment. Il n’est pas comme d’habitude. Plus sur ses gardes. Je me demande ce qu’il me cache. » Se demanda le blond alors qu’il terminait de nettoyer sa vaisselle avec un air mi-sérieux et mi-sérieux. C’est qu’il s’inquiétait vraiment pour son protecteur adoré… « - Il n’a pas voulu parler hier, mais je le ferais parler ce soir ! » Affirma t-il avec tellement de hargne que le pauvre torchon se retrouva serré avec force entre les doigts de ce dernier…

Réalisant cela, mais également qu’avec tout cela, il se mettait à parler tout seul, il se remit au ménage avec un sourire bien à lui, content de faire ce qu’il était entrain de faire. Enfin pas que content pour cela. Il y avait aussi une petite idée en tête. Un plan destiné à faire parler son brun d’amour. Il savait comment le prendre. Après toutes ces années. Même s’il devait avouer qu’hier, il n’avait même pas réussit à le faire réagir. D’habitude, quand on parlait de plume noire et de mort dans la même phrase, soit il changeait de sujet, soit il le laissait en plan. En tête-à-tête avec sa curiosité. Mais là, non, il avait gardé le silence. Il était devenu plus froid, plus distant. Même s’il lui avait offert tout de même sa crêpe. Ce qui eut pour effet de décupler la curiosité de Jens. Impatient, Jens allait faire regretter à Saï son acceptation pour un dîné pour le lendemain. C’est-à-dire, ce soir même…

Surexcité, il s’affairait comme un fou, nettoyant avec soin, avant de se mettre au fourneau, prêt à préparer le plat préféré de son protecteur. Il devait jouer d’armes subtiles pour obtenir ce qu’il voulait. Enfin, presque tout ce qu’il voulait. Car hélas, mettre son Saï dans son lit devenait de plus en plus une utopie pour lui qu’autre chose. Parfois, il avait l’impression que ce dernier avait un balai coincé là où il pensait. Enfin, sans ce balai, son Saï ne serait pas son Saï… Lâchant un soupir désolé à cette pensée, il haussa les épaules et se remit sans plus attendre au travail. Ce qu’il ne faut pas faire tout de même pour alimenter une curiosité sans borne… Et le pire, dans tout cela, c’était que cela l’amusait, et surtout, il avait ainsi l’impression de se rapprocher de lui… Ah l’innocence et ses méandres…

*****

Le brun était fin prêt, il se dirigea vers le fond de sa chambre, tâta alors le mur avant de déclencher un système bien camouflé. Une porte alors s’ouvrit. Saï, sans chercher bien plus loin, attrapa une petite mallette avant de tout refermer. Il attrapa son long manteau noir, et sortit en fermant derrière lui. Il avait attrapé une bouteille de vin blanc. Il avait un rendez-vous après, et s’il arrivait en retard, il était certain d’avoir un double mal de tête carabiné. Une fois prêt, sans un bruit de trop, il rejoignit sa voiture, avant de finalement rejoindre un point voulu. On venait de l’engager pour nettoyer un certain lieu d’une épine ennuyeuse. Un travail classique pour lui. Rien de bien extraordinaire, mais qui avait besoin d’un professionnaliste sans borne. La moindre erreur menait directement à la case prison ou pire, la case cimetière.

Plus concentré que jamais, le brun était arrivé une heure plutôt pour repérer les lieux. Une fois en place, tout se déroula très vite. Un coup de feu inaudible, un poids lourd qui tombe au sol, et des armes sorties de toute part, sur leur garde, des hommes de main cherchant l’assaillant… Mais il est déjà trop tard. Une plume noire tombe déjà sur la victime, alors que Saï déjà s’éloignait, invisible, sa mission enfin terminée… D’où venait la plume ? Là est toute la question… Comme d’où venait la balle. Personne n’avait rien vue… Personne n’avait rien entendu… On annonça que la colombe noire avait encore frappé. Comme les futurs titres des journaux dans l’édition du soir…

Loin de tout cela, le brun avait déjà regagné sa voiture. Il se dirigeait vers le centre ville, pour se fondre dans la circulation. C’était l’heure de pointe, donc le meilleur moyen de disparaître. Il tournerait dans les embouteillages durant une heure encore, avant de se rendre dans un parc, et s’aérer un peu. Il savait qu’après, une soirée pleine de questions, de curiosités, et de sous-entendus peu glorieux l’attendait. Enfin, s’il avait accepté, c’était qu’il le voulait. Plus ou moins. Bon, en fait, c’était pour éviter de le tuer. Il n’avait pas fait en sorte que rien ne lui arrive, ce n’était pas pour le tuer lui-même. Enfin bon, c’était des choses qui ne changeaient pas. Grognant quelque peu, il songea qu’il était temps qu’il reparte en voyage ‘d’affaires’, histoire de se retrouver seul, sans blond énergique, sans questions, sans rien, si ce n’est son boulot et son silence si précieux. Et croyez le, après deux jours avec Jens, il en avait réellement besoin.

Arrivé enfin dans les embouteillages, il mit son plan à exécution, tout en se préparant à l’avance à un dîner mouvementé…
 


A suivre …