Le Destin d'une colombe noire
Titre :
Le destin d’une colombe noire
Auteur : Myushi & Elfy
Chapitre : 05
Genre : Intrigue, romance, policier, Yaoï
Couple : ????
Disclamer : Tous les persos nous appartiennent.
Un piège à double tranchant...
Jens ne parvenait pas à croire que son fantasme le plus fou, afin après celui de
vouloir mettre Saï dans lit, allaient enfin se réaliser. Il allait désormais
pouvoir mettre un visage sur le nom de son tueur. Il ne serait plus le tuer à la
plume noir à la physionomie mystérieuse. C’était un Jens particulièrement excité
qui s’apprêtait à quitter l’appartement. Pourtant en saisissant les clefs de sa
voiture le blond ne cessait de se poser des questions. Toute cette situation
paraissait réellement étrange. Depuis combien temps poursuivait-il le tueur à la
plume noir comme il l’avait surnommé ? A vrai dire il ne savait plus exactement.
Le journaliste avait la sensation que cela faisait une éternité. Sans vouloir se
vanter, il se targuait de le connaître assez pour dire sans la moindre
hésitation que jamais son tueur n’aurait fait une telle erreur : laisser des
indices susceptibles de l’identifier. Durant toutes ses nombreuses heures
d’enquête, de recherches, pas une seule fois il n’avait laissé un indice qui
aurait pu permettre de le reconnaître. Même ses plumes laisser afin de signer
ses crimes refusait de livrer leur secret, dans ces conditions pourquoi
aujourd’hui ? Etait-ce une réponse à sa curiosité ? Le blond aurait tant
souhaité que cela soit le cas, malheureusement il avait réellement du à y
croire. Le reporter qu’il était commençait à se demander si ceci n’était pas un
canular.
- Heureusement que je t’ai retrouvé ma vieille. » Dit-il en tapotant sur le
volant.
C’était une chance que le garagiste la lui ait remise. Il faut avouer que cette
pauvre américaine, plus qu’ancienne en avait vue des vertes et des pas mûres
avec ce blond sur dynamisé. Avec sa manière complètement « Jenesque » de
conduire. Les bouches d’incendies et autres matériaux publiques n’étaient plus à
l’abri avec lui. Le blond tenait réellement à son tas de ferraille comme l’avait
surnommée ses collègues. Cette confiance venait du fait qu’il ne lui avait
jamais fait défaut et ne l’avait en aucun cas trahi. Pour rien au monde il ne
l’abandonnerait, même si celle-ci venait à tomber en ruine, il trouverait un
moyen de la remettre sur pied.
Cet engouement pour cette vieille américaine pouvait paraître étrange, mais pas
tant que cela si l’on se référait au fait que c’était grâce à Saï qu’il avait pu
l’obtenir. Encore un souvenir de son brun préféré qu’il n’avait aucun désir de
perdre. En regardant bien, sans le brun, il ne se serait jamais présenté au
permis et n’aurait jamais songé à acheter une voiture. Les raisons en étaient
simples. Premièrement le blond avait eut d’autres préoccupations, de plus ses
finances ne lui permettaient pas de se les offrir. Malgré son air grognon, sa
manière de constamment le rembarrer Saï s’occupait de lui. Il faut avouer que le
fait qu’il ait été forcé à de nombreuses occasions de jouer les chauffeurs avait
en quelque part motivé sa décision de le pousser à prendre son permis et
s’acheter une voiture. Cependant pour un petit journaliste débutant tout juste
dans le métier, ce ne fut pas chose facile, et une fois de plus le brun lui
avait apporté son soutien. Finalement quelques soient les situations Saï était
toujours présent. Bien entendu c’était avant qu’il ne fasse cette grosse bêtise
et que le brun décide d’oublier momentanément qu’il avait un blond sur-dynamisé
dans ses fréquentations.
Un mois venait de s’écouler depuis ce fameux dîner en tête à tête qui avait
tourné au vinaigre, cela faisait trente jours que son brun adoré n’avait plus
donné signe de vie. Le blond avait mille fois retourné la situation dans sa tête
avant de réaliser qu’il était allé vraiment trop loin et que cette affaire ne
s’arrangerait pas par de simples excuses. Il avait finit par comprendre que Saï
ne reviendrait pas ainsi. Là, s’était apparemment la bêtise qui avait fait
déborder le vase. Lorsqu’il comprit tout l’ampleur de la situation Jens s’était
précipité sur le téléphone afin d’appeler son cher Saï et lui présenté de plates
et sincères excuses, malheureusement ce dernier refusait de lui parler. Avant
même qu’il tente de dire quoi que se soit il raccrochait.
Après plusieurs tentatives infructueuses, le journaliste comprit que Saï ne lui
parlerait pas de si tôt et que de simples excuses ne suffiraient pas aussi
sincères fussent-elles. Durant un mois, il avait tenté de le joindre, laissant
des tonnes de messages larmoyant sur sa messagerie, qui apparemment n’avait
possédait pas le pouvoir d’attendrir le brun, étant donné que pas une seule fois
il ne l’avait rappelé. Finalement alors qu’il allait tenter une énième fois de
le joindre, et ainsi lui présenter ses plus plates excuses qu’il connaissait
désormais sur les bout des doigts après avoir les avoir maintes fois répétés,
son portable coupa court à tout ceci. La nouvelle venait de tomber le tueur à la
plume noir avait été repéré et son chef le chargeait de couvrir l’évènement.
C’était vraiment une chance incroyable, mais Jens ne croyait pas à la chance ni
au destin. La vie lui avait apprit que chaque événement qui se produisait avait
toujours un aboutissement et surtout résultat d’une manipulation en quelque
part. Que ce scoop lui tombe tout chaud dans les bras était franchement étrange,
cependant il ne pouvait se permettre de rater une telle occasion… Malgré ses
soupçons Jens était bien décidé qui était réellement ce tueur, même si pour cela
il devait tomber dans un piège ou risquer sa vie. Au volant de sa voiture il
avait le cerveau qui fonctionnait à la vitesse de la lumière.
- Si réellement cette information est exacte, il demeure tout de même des points
de détails beaucoup trop évidents. Tout ce temps à exécuter son travail à la
perfection, sans laisser le moindre indice et aujourd’hui une telle erreur. Non
cela n’a aucun sens. » Murmura Jens, en klaxonnant une voiture qui paraissait
faire du sur place devant lui.
Vraiment tout ceci sonnait faux. C’était beaucoup trop beau pour être réel.
Tandis qu’il continuait à se diriger vers le lieu du rendez-vous, il sortit son
portable et appuya sur une touche un numéro se composa immédiatement. Au bout de
quelques secondes son interlocuteur décrocha.
- Salut grand chef, c’est moi. » Fit-il joyeusement. Pourtant son regard n’avait
rien de rieur, et un pli soucieux barrait son front.
- Arthwiller pourquoi m’appelles-tu maintenant ? Que se passe t-il ? Es-tu déjà
sur les lieux ? Je conseille de ne pas m’appeler pour me dire que tout ceci
n’était qu’une farce ! » Menaça t-il son employé en hurlant.
- Non, je ne suis pas encore suicidaire. » Dit-il en éloignant légèrement le
téléphone de son oreille. « J’avais juste besoin de renseignements. Je suis
perplexe. Cela concerne l’information que vous avez reçue. De quelle source la
tenez-vous ? » Interrogea t-il.
- Pour qui te prends-tu Arthwiller ? Je ne suis pas un bureau d’infirmation.
Crois-tu que je ne te vois pas venir ? Si je puis te donner un conseil c’est de
te mêler de tes affaires. Contente toi de faire ce pour quoi je te paye. Ton
travail consiste à prendre des photos, pas autre chose. Tu es photographe, pas
journaliste, contente toi de la rubrique nécrologique. Le reste ne te regarde
pas. » Coupa t-il assez méchamment.
Jens serra le volant. On ne lui donnait aucune chance de montrer son talent,
comment voulait-on qu’il fasse ses preuves dans ces conditions. Il n’avait pas
fait cinq années de journalisme pour s’entendre à chaque fois répéter de
retourner à sa rubrique nécrologique. Respirant calmement, le blond prit sur lui
afin de ne parler hurler sur son supérieur.
- La provenance de l’information ne risque pas de te servir à grand-chose. »
Continua t-il à hurler. « Je te conseille de continuer à faire ce pour quoi je
te paie si tu tiens à garder ton travail, ne tente pas de jouer aux héros. » Le
menaça t-il.
Jouer les héros. Ce n’était pas du tout ce qu’il cherchait à faire, mais
contrairement à certains, lui il réfléchissait. Et la conclusion de toutes ces
réflexions aboutissait à une seule chose : tout ceci ne sentait vraiment pas
bon. Il trouvait d’ailleurs un peu étrange que son chef n’ait pas cherché à
vérifier l’information avant de lancer quelqu’un sur l’affaire.
- Chef je suis très sérieux. » Lui dit le blond d’une voix froide.
Il y eut un long silence au but du fil.
- Tu es réellement un petit emmerdeur, tu le sais Arthwiller ! Très bien. Nous
avons reçu ce message, sur la messagerie de journal. Qui disait : si vous
désirez connaître l’identité de la colombe noir, rendez-vous à vingt deux heures
au vieux port.
- C’est tout ce que disait le message ? » Demanda Jens.
- Que voulais-tu qu’il dise d’autre ? » S’énerva le supérieur de Jens. « Tu
t’imaginais qu’il allait nous laisser ses coordonnées également ? »
- Vous allez arrêter de hurler ! Je ne suis pas encore sourd. Je ne suis pas non
plus un débutant, néanmoins vous ne trouvez pas cela étrange. Réfléchissez deux
minutes. Le tueur à la plume noire est apparu en ville et a commencé son travail
de faucheuse de la mort, pourtant jamais il n’a laissé le moindre indice, et
même les plumes qu’il abandonnait derrière lui afin de signer ses crimes n’ont
jusqu’ici apporter à la police aucun indice. Jusqu’à ce jour nul n’est parvenu à
l’attraper, pas même à l’identifier ou ne serait-ce à mettre un nom sur son
visage. Ne trouvez-vous pas un peu curieux que l’on nous le remette sur un
plateau d’argent ? Cela ne vous met pas la puce à l’oreille ? » Interrogea le
blond en hurlant presque. « Je sais que je ne suis qu’un petit gribouilleur à la
rubrique nécrologique, toutefois je sais reconnaître un piège quand j’en vois
un. Peut être que cette information est valide, cependant je sens que derrière
cette proposition plus qu’alléchante se profile autre chose. »
- A trop vouloir avancer beaucoup plus vite que la musique tu risques de manquer
un pas et de te retrouver au sol gamin. Un jour tu quitteras la rubrique
nécrologique et tu feras des propres articles, cependant ne force pas les
choses. » Sermonna l’homme en un conseille.
- Etes-vous sérieux ? » S’écria Jens tout joyeux oubliant sur le coup ses
inquiétudes.
- Bien sûr que non ! » S’esclaffa le patron du blond en riant.
- Je vous déteste. Et j’espère que vous, vous étoufferez avec vos muffins. »
Grogna assez vexé le blond plus que furieux.
- Petit... » Commença tout à coup son interlocuteur. « Fait attention à toi, si
tu sens que la situation t’échappe ne tente rien de dangereux. L’assurance du
journal nous revient déjà assez cher, je commence à en avoir assez de rembourser
pour les dégâts que tu provoques. » Hurla presque son chef, camouflant une
certaine inquiétude.
- Espèce de radin, et dire que je croyais que vous, vous inquiétiez pour moi. »
Coupa t-il en lui raccrochant au nez. « Tu peux toujours parler, je sens que
toute cette affaire est louche. Et si tout n’était qu’un piège ? Mais pourquoi
voudrait-on piéger mon tueur ? » Soupira Jens.
Le tueur à la plume noire était son tueur. Parce qu’aussi vrai qu’il fantasmait
sur Saï, il rêvait également à ce tueur. Sans se douter que les deux ne
faisaient qu’une seule et même personne. Le blond continuait à réfléchir et il
ne voyait que cette seule solution. Quelqu’un cherchait à nuire à son tueur et
il n’allait pas laisser faire une telle chose. Le blond donna un brusque coup de
volant afin d’éviter le camion qu’il roulait d’un peu trop près.
- Tout ceci n’est qu’un piège afin que l’on découvre le véritable visage du
tueur et si le journal a été prévenu, la police également. Hors de question de
laisser faire une telle chose. »
Jens appuya sur l’accélérateur tout en passant la vitesse.
- Allez ma belle, Nous devons être au rendez-vous avant notre tueur, si non il
risque de tomber dans le piège qu’on lui a tendu et pour nous il ne sera plus
question de le poursuivre. » Souffla t-il, en lançant la voiture à toute
vitesse…
*****
Saï conduisait avec calme et froideur, comme pour chaque chose qu’il entreprend.
Il avait un travail à faire, enfin pour le moment, un employeur à rencontrer. Il
se concentrait pour ne laisser passer aucun sentiment, aucun indices quand à qui
il est en réalité. Comme toujours, il restera dans l’ombre, parlant à son
interlocuteur, sans se faire voir. Il aurait son arme de sortie. Le brun ne
laissait jamais rien au hasard. C’est pour cela qu’il se dirigeait avec un peu
d’avance sur les lieux. Histoire de les repérer et savoir où il mettait les
pieds. Il était bien loin de se douter du piège qui se formait peu à peu autour
de lui, mais il était un professionnel et n’agissait jamais comme un débutant.
Que ce soit lors d’un contrat ou une rencontre avec le commanditaire. Pour lui,
c’était la même situation et il ne comptait pas la changer. Cela lui avait
permis d’être invisible jusqu’à maintenant. Être seulement le tueur à la plume
noire, une légende sans visage, un tueur de renom.
Conduisant donc vers le port, il se répétait déjà chaque geste qu’il allait
faire. Ce qu’il allait dire. Il n’oubliait rien. Et finalement le port se
dessina à ses yeux. Il le fixa un long moment, assit, derrière son volant,
venant d’arrêter son véhicule. Aussi étrange que cela pouvait paraître, il
n’aimait pas ce qu’il voyait. Il ne sentait pas cette rencontre avec ce client.
Son instinct lui fournissait une boule dans l’estomac. Boule, qui juste qu’à
maintenant signifiait toujours pour lui un danger imminent. Cependant, la tête
du tueur lui disait également qu’il ne pouvait faire demi tour maintenant. Qu’il
était entraîné et qu’au final, il n’y aurait aucun problème s’il suivait le plan
à la lettre. La tête triomphant sur la boule à l’estomac, le brun appuya sur
l’accélérateur pour finalement aller se garer dans un coin assez éloigner du
point de rendez-vous, mais pas trop non plus. Il devait pouvoir atteindre sa
voiture dans les plus bref délais en cas de problèmes. Le brun ne laissait
vraiment rien au hasard. Le faire, il le savait, serait du suicide clair et
net...
Ainsi garé, il attrapa son arme qu’il vida, vérifia, nettoya, pour enfin la
re-remplir de balle. Il visa un point invisible, vérifia qu’elle marchait bien
sans pour autant tirer vraiment, avant de finalement la ranger dans un holster
de ceinture. Une fois cela fait, il descendit du véhicule, remit son long
manteau en place avant de regarder autour de lui. La scène avait quelque chose
d’irréaliste, avec le vent qui venait s’engouffrer dans les cheveux de Saï, les
mettant encore plus en bataille qu’ils ne l’étaient déjà. Le brun semblait être
devenu statut tellement sa présence était invisible. Il continuait de repérer
les environs de son regard bleu perçant, cherchant l’élément contradiction à
toute la scène, sa boule à l’estomac étant de plus en plus présente en lui.
Cependant, ne voyant et estimant que le temps d’inspecter les lieux du
rendez-vous de plus prêt était venu, il se mit en mouvement, ramenant son
manteau vers l’arrière, glissant en même temps ses mains dans les poches de son
pantalon. Le pas était léger, la marche vraiment silencieuse. On voyait le
professionnel. La tension que cela laissait devenait presque palpable tellement
Saï était sérieux...
C’est ainsi, dans cette mimique qu’il arriva au dit point de rendez-vous. Un
regard sur les alentours confirma que le lieu n’était vraiment pas idéal pour
une fuite obligée. Il n’aimait pas cela, vraiment pas. Cependant, continuant son
inspection, il resta dans l’optique de rencontrer son client. Et ce, écoutant
toujours sa tête, que cela soit bon, ou pas. Et c’est ainsi qu’il arriva à une
position qui lui semblait parfaite pour voir ceux qui allaient arriver et
surtout vérifier si personne d’autre ne vient troubler ce rendez-vous de
travail. Assit en hauteur, invisible de tous, mais lui voyant tout, il resta
concentré sur le bord de ce hangar abandonné. Et il fit bien si on considérait
le bruit de voiture qui venait de l’Est. Fixant en cette direction, il repéra
une voiture banalisée qui se gara à l’abri des regards. Saï fronça les sourcils,
grognant quelque peu, sans quitter les yeux le véhicule mal cacher. Suivit alors
d’autres véhicules, ainsi qu’un fourgon. La police. Que faisait cette dernière
sur le port ? Sa boule à l’estomac lui répondit sans le moindre mal...
- Un piège ! » Grommela le brun qui comprit en cet instant qu’il n’y aurait pas
de client.
Cependant, il y aurait une cible. Ce traître allait comprendre qu’il ne faut pas
provoquer la Colombe Noire. Et cela, à ses dépends. Ne bougeant néanmoins pas,
il resta caché. Sa voiture venait d’être repérée. La prochaine fois, il se
garerait à l’Ouest. Le brun fulminait intérieurement, tout en cherchant un moyen
de se sortir de ce guet-apens. Il devait trouver ce moyen et ce, très vite,
avant que ce dock soit complètement quadrillé. Encore très calme, il sortit
cependant son arme et nota chacun des détails qui se dessinaient à son regard.
Il vit ainsi une ouverture au nord, petite qui ne permettait pas la moindre
erreur. Mais il vit aussi les trois hommes à sa droite et les deux autres à sa
gauches se rapprocher dangereusement se sa position. Sortant de sa poche un
petit tube. Il le vissa à son arme, et se releva, pour être en meilleure
position. Tuer des flics n’étaient pas vraiment sa tasse de thé, mais si pour
s’en sortir, il devait passer par là, il le ferait sans l’ombre d’une
hésitation. C’était une question de survie et dans ce genre de cas, rien ne
pouvait l’arrêter...
Rien ou peut-être...
*****
Jens appuyait comme un fou sur l’accélérateur espérant arriver à temps. Il
poussait beaucoup sa voiture, la stimulant par des mots doux pour ne pas qu’elle
flanche. Cela aurait été une véritable catastrophe. Le blondinet s’imaginait une
tonne de scénarios plus abracadabrants les uns que les autres, mettant en scène
à chaque fois un Saï dans un mauvais état. Ce qui évidemment le faisait appuyer
encore plus sur le champignon, et donc augmentait les douleurs de son pauvre
véhicule. Fort heureusement pour cette dernière, le port se retrouva très vite
en vue, ce qui soulagea sans soulager le jeune reporter qui commençait à se
faire sérieusement des cheveux blancs. Arrivant comme un fou, il freina en
faisant crisper ses pneus, se faisant ainsi remarquer dans un bruit monstrueux.
Et évidemment, ce n’était pas vraiment le but recherché. Heureusement, il avait
sa carte de reporter. Comme quoi, être simple photographe pour un grand journal
pouvait servir. Il descendit donc du véhicule et se dirigea vers le lieu de
l’information.
Jens était arrivé par le Nord, ayant trouvé que cette voie dégagée de toute
circulation. Entrant donc en action par ce côté, il fut rassuré, sans vraiment
l’être, du non comité d’accueil. Il espérait sincèrement ne pas être arrivé en
retard. Et il imaginait déjà le pire des scénarios, son Saï, sur un brancard,
mort, avec la satisfaction des forces de l’ordre d’avoir fait disparaître un
tueur pareil. Le blond était horrifié et accéléra le pas pour se retrouva en
plein milieu, sans même s’en rendre compte, du point de rendez-vous. Très loin
d’être conscient de cela, il chercha des preuves de luttes. N’en trouvant pas à
son grand soulagement, il se mit en tête de retrouver son tueur, plus que
certain à présent qu’il s’agissait de son Saï d’amour. Il se mit à tourner sur
lui-même, observant comme jamais il avait observé, priant que son tueur soit
dans les parages et qu’il puisse l’apercevoir...
*****
Saï continuait son observation avec intention lorsqu’il entendant des
crissements de pneus du côté nord, sa seule issue de secours. Grognant, il fixa
la personne qui en sortait, bien trop loin pour le moment, pour qu’il puisse la
reconnaître. Décidant que c’était bien trop dangereux de rester sans bouger, il
se mit en mouvement, passant par derrière, sachant que faire un gros détour
était la meilleure façon de ne pas tomber dans de sombres filets. Ce fut dans
cette optique qu’il devient une ombre vivante, naviguant entrer les containers
et frôlant les murs pour ne pas se faire capturer. Il avait fait son choix. La
voiture au nord allait être sa sortie de secours. Il allait devoir tuer le
solitaire assez stupide pour venir seul. Arrivant finalement au bout d’un moment
à l’endroit idéal pour l’abattre. Cependant, alors qu’il le mettait en visé, il
s’arrêta et fixa la cible pas vraiment inconnue sur le coup. Il grogna mais ne
baissa pas son arme pour autant.
*Qu’est-ce qu’il fout là ?* Grommela intérieurement le tueur qui finalement se
remit en mouvement.
Silencieux, comme toujours, il ne tira pas finalement, et décida d’assiéger la
voiture du curieux. Grognant, il était bien décidé à lui faire une tête au
carré. Enfin, une fois en sécurité et loin de ces flics qui n’auraient jamais du
se trouver là. S’il tenait ce traître. Il en ferait de la charpie vivante et la
donnerait aux poissons, histoire de les nourrir un peu. Bref, assez hors de lui,
Saï navigua encore très discrètement pour enfin arriver à la voiture de Jens. Il
s’y glissa par l’arrière, forçant la portière sans pour autant l’abîmer et se
cacha, attendant que ce foutu... Bref, attendant que le propriétaire n’arrive.
Il restait cependant sur le qui-vive, arme au poing, et prêt à tirer, sur le
dos, guettant le moindre bruit suspect. La Colombe ne tenait pas à se faire
prendre, et croyez le pour cela, elle était capable de faire un véritable
massacre et tuer son meilleur ami pour ne pas finir les pieds devant ou pire,
entre quatre murs...
*****
Jens observait donc les environs avec le secret espoir, qui n’était plus
vraiment un secret à présent, de voir son tueur et ainsi l’aider. Mais le temps
passa et toujours pas de tueur. Il entendit bien les mouvements de la police et
les ordres qui n’étaient plus vraiment discrets à présent. Mais rien d’autre. Il
comprit également, pas si bête que ça le Jens, que son Saï n’était pas là. Il
n’y avait qu’à écouter les ordres de la police. Ceux de fouiller tous les
hangars sans exception et de le trouver. Il soupira complètement déçu, et se
dirigea vers sa voiture. Deux heures venaient de passer. Deux heures perdues
pour rien. Enfin, dans un sens, il était rassuré. Il n’aurait pas besoin d’aller
à la morgue pour reconnaître son ami. C’était déjà cela. Un tout petit bien pour
beaucoup de déception tout de même. Marchant en traînant des pieds, il vit les
autres véhicules de journalistes, et haussa les épaules. Qu’ils y aillent, de
toute façon, il y avait ici autant de Colombe Noire, que d’extraterrestres.
D’ailleurs, sans même répondre à ses confrères, il grimpa dans son véhicule, et
soupira avant de mettre le contact. Il sentait que son patron allait lui
souffler dans les bronches. Il faut vraiment qu’il fasse de bonnes photos pour
noyer le poisson. C’est qu’il tenait à son poste...
- Je me demande quel idiot a fourni cette information. Si c’était pour
ridiculiser la police, c’est réussit... » Soupira pour lui-même le blond qui
sortait du port, appuyant sur l’accélérateur sur le coup.
Sortant du port en trombe, il fixa son appareil photo et songea à sa boite
secrète et aux deux plumes. Il soupira à nouveau, avant de revenir à la route,
songeant qu’il ne saura jamais si son Saï est vraiment ce tueur à la plume
noire. Même si au fond, il en était certain.
*****
Saï était resté couché durant tout ce temps sur le siège arrière de la voiture,
caché aux yeux de tous. Il avait parfaitement entendu les autres véhicules
arriver. Et il avait su tout de suite à qui ils étaient. Des journalistes. Il
n’y avait qu’à entendre leur sujet de discussion. « - Vous pensez que l’info est
bonne ? », « - La Colombe Noire est ici ? », « - Ca a quelque chose d’étrange
tout de même... », « - Je ne sais pas si c’est étrange, mais je sens que cet
article sent le Pulitzer...». Le brun avait du se contenir pour ne pas faire un
massacre. Au moins, il y aurait eut des gros titres là. Et certainement un
Pulitzer, mais pas pour l’un de ces journalistes en tout cas. Enfin bon, il
resta tout de même sage et ne bougea pas de sa planque, restant dans l’optique
que sa liberté primait sur ces prétentieux avares d’articles qui ne voyait qu’en
lui un moyen d’avoir de la renommée et de l’argent. Enfin, cela était sans
importance. Il resta sans bouger et ce, jusqu’à la portière du véhicule ne
s’ouvre et qu’un jeune homme aux mèches blondes qu’il connaissait trop bien,
pour son malheur parfois, ne pénètre dans la voiture et s’installe derrière le
volant.
Le tueur entendit Jens parler seul, et arqua un sourcil. Ses soupçons étaient
fondés. Il avait été vendu par ce pseudo client. Le brun regretta amèrement
d’avoir effacer ce mail. Il aurait pu le tracer et découvrir ce traître pour en
faire un futur cadavre. Se retenant de grogner, il attendit que Jens le conduise
assez loin du port pour enfin se redresser. Il posa son arme sur la nuque de son
chauffeur, froid comme jamais. Oh, il savait parfaitement quelle réaction aurait
le blondinet, mais il s’en moquait. Il avait besoin de réponse et il avait cette
furieuse envie de tuer cet homme qu’il pensait être son ami, mais qui ne
semblait au final guère mieux que ses collègues. Le tueur avait noté la carte de
journaliste du blond lorsqu’il l’avait mis la première fois en joue. D’ailleurs,
il s’était demandé depuis quand ce dernier faisait ce métier, et en avait
grogné, il n’avait pas fait assez attention à ce dernier…
- Tu as deux secondes pour m’expliquer tout ce que cela signifie si tu ne veux
pas mourir dans la minute qui suit ! » Grogna Saï se doutant parfaitement de la
peur qu’il causerait à ces mots.
Et cela ne manqua pas. Surtout si on considérait le braquage brusque du véhicule
avant d’être redressé inextrémiste. Jens, après quelques sueurs froides fixa
dans le rétroviseur pour voir un brun assez hors de lui mais qu’il connaissait
parfaitement. Il était rassuré, donc extrêmement souriant, très loin de se
soucier du fait qu’il ait une arme pointée sur nuque. Il continua d’ailleurs de
conduire normalement, ramenant son passager clandestin vers son domicile, tout
content que son instinct de journaliste ne l’avait pas trompé. Saï était bien le
Tueur à la plume noire. Il en était tout excité, bien que passablement ennuyé…
Il ne pouvait sur le coup, maintenant qu’il était certain, faire un article sur
son Saï d’amour. Il ne tenait pas à le mettre en prison. Cette pensée le fit
soupirer de déception avant de, bien entendu, prendre la parole avec son entrain
habituel qui avait, normalement, le don de fatiguer son ami…
- Oh… Tu étais donc bien là. Mais comment tu as fait pour t’en sortir sans te
faire voir ? » Demanda le blondinet avant de sentir l’arme s’enfoncer un peu
plus dans sa nuque. Etrangement, ça lui rappela la question, et y revint donc. «
- Bon… Ce qui arrive est simple. Un informateur anonyme à signaler à la police
et à la presse que La Colombe Noire se trouverait au dock à une heure précise.
Il donna évidemment les coordonnées exactes. Alors, moi, toujours aussi curieux,
j’ai décidé d’aller voir. Tout simplement. »
- C’est ça, tout simplement. Alors pourquoi tu n’es pas surpris de ma présence ?
» Grommela le tueur en retirant l’arme de la nuque de Jens.
- Bah euh… vois tu … euh… Promets que tu ne t’énerveras pas… »
- Jens ! » Fit d’une voix plus sombre Saï qui commençait à perdre plus que
patience, déjà que là…
- Oui, oui, c’est bon… » Soupira le blond. « - Disons que ça fait longtemps que
j’enquête sur ce tueur. Mais il y a peu, j’ai eut des indices qui m’ont conduits
jusqu’à toi. C’était facile. Je te connais par cœur et j’ai grandit avec toi…
Alors dès que j’ai eut une des plumes du tueur à la plume noire, j’ai tout de
suite fait le rapport. Tu sais, tu avais une collection assez étrange et ça
marque un enfant ce genre de chose… »
- Je vois… »
Saï fulminait comme jamais, mais il ne prononça plus un seul mot, trop hors de
lui. Jens, de son côté, préféra jouer pour le moment la carte de la discrétion.
Il voyait parfaitement que son ami était hors de lui. Il ne tenait pas à mettre
un peu plus de l’huile sur le feu. Il préféra donc, une fois n’étant pas
coutume, conduire en silence, plutôt content d’être toujours en vie. Il était
certain que son ami l’aurait tué sans la moindre hésitation si la réponse ne
l’avait pas satisfaite ou qu’il avait douté de la réalité. L’amitié est une
chose, mais Saï était ce genre de personne qui voyait plus la survie que ce
genre de sentiment. Il était bien trop solitaire pour cela. Ce qui avait
toujours déçu le jeune journaliste qui faisait tout pour s’intégrer à sa vie et
qui se mangeait la plus part du temps de douloureux murs, sans vraiment parvenir
à atteindre comme il le souhaitait cet homme à la carrure si envoûtante. Mais il
n’abandonnait pas. Il était Jens Arthwiller et fois de lui, il allait casser
cette couche de pierre qui protégeait le cœur de son protecteur et il se ferait
un nid dedans pour ne plus s’en déloger.
Mais en attendant cela, il se contentait de conduire pendant qu’un certain brun
faisait en sorte de se calmer et rassembler les informations reçues pour savoir
quelles seront ses directives par la suite. En clair, dans cette voiture mise
douloureusement à contribution, le silence était maître et réflexion son allier…
A suivre …