Le
Destin d'une colombe noire
Titre :
Le destin d’une colombe noire
Auteur : Myushi & Elfy
Chapitre : 10
Genre : Intrigue, romance, policier, Yaoï
Couple : ????
Disclamer : Tous les persos nous appartiennent.
Une seconde colombe noire
Locaux
du journal « L’expression libre »
- Hey Arthwiller ! Si ta tactique pour obtenir le Pulitzer consiste à rester
planter, le regard fixer dans le vide, tu ne risques pas d’aller bien loin ! »
Se moqua une voix non loin.
Jens revint lentement à la réalité. Perdu dans son monde, il n’avait pas réalisé
le temps qui passait. L’homme qui venait de lui adresser la parole était d’une
taille moyenne, vêtu d’un costume sombre à la coupe convenable. Ses cheveux de
couleur châtains, coupés court, tombaient en mèches inégales sur sa nuque. Un
début d’embonpoint laissait imaginer une alimentation trop riche en graisses.
C’était l’un des collègues de Jens parmi tant d’autres. De ceux qu’il
n’appréciait pas énormément. Doué d’une conscience professionnelle dès plus
versatile, il était de ces journalistes qui ne s’embarrassaient pas de complexes
afin de trouver une histoire. S’il cela devenait nécessaire, fabriquer des
preuves, intimider des témoins, forcer ceux-ci, n’était pas un obstacle. Jens ne
supportait pas ce genre de reporters. Il ne s’était jamais entendu avec ce
dernier et n’y parviendrais jamais.
- Moi au moins, je suis un véritable journaliste, et contrairement à toi,
Hirotsu, j’ai une conscience professionnelle ! » Rétorqua t-il avec un certain
sourire.
- Que veux-tu insinuer Arthwiller ? » Demanda l’individu en lui jetant un regard
noir de reproche, tout en le saisissant par son t-shirt.
- Nous savons tous ce que tu es ici ! Les journalistes comme toi n’ont pas leur
place au sein de ce journal. » Lui répondit simplement Jens.
- Je suis un véritable journaliste ! Tu pourras prendre en photo autant de
chiens écrasés, rapporter autant de superbes photos que tu le souhaites, jamais
tu ne sortiras de ta médiocrité ! T u n’as pas le don, ni les épaules assez
larges pour être un véritable chroniqueur. Tu n’es qu’une lavette, je ne
supporte pas les types comme toi. » Fit l’homme avec une lueur de mépris dans le
regard.
- Tu me fais rire Hirotsu. Ta brusque aversion envers moi ne viendrait-elle pas
du fait que mes photos exclusives concernant la dernière affaire de la colombe
noire se soient retrouvées en premières pages. Ainsi que mon nom ? » Interrogea
le blond un brin moqueur.
- Jamais tu n’aurais du être cité ! » Grogna le journaliste. « Je suis l’auteur
de cet article ! »
- Si mes photos n’avaient pas été là, je doute fort que quelqu’un aurait risqué
un regard à cet article. » Rétorqua simplement Jens.
- Espèce de… » Commença l’homme hors de lui.
La porte s’ouvrit brusquement sur un homme d’une cinquantaine d’années,
grisonnant, cependant bien conservé pour son âge. Son regard d’un bleu intense
semblait vouloir passer au vert tempête. Une lueur réprobatrice éclairait ce
regard orageux, tandis que ses lèvres étaient étirées par un rictus qui ne
disait rien qui vaille.
- Hirotsu, j’attends toujours l’article concernant l’affaire du détournement de
fonds au sénat ! » rappela t-il.
- J’ai encore un contact à voir patron. » Se justifia l’interpellé en relâchant
Jens.
- Arthwiller dans mon bureau, Hirotsu je veux cet article demain, si non
Arthwiller s’en chargera. » Menaça simplement l’homme.
- Pardon ? » S’outra Hirotsu. « Vous ne pouvez pas faire ça ! Il n’est même pas
un véritable journaliste ! Juste un minable photographe ! »
- Un minable photographe dont les épreuves ont permis le doublage des ventes !
Je doute que le dernier article que vous ayez écrit aurait pu permettre un tel
évènement. » Rappela d’une voix bourru le supérieur de ce dernier. « Hirotsu, je
suis le rédacteur en chef de ce journal, Je vous le rappelle ! Comme je vous
rappelle que se sont les articles d’excellentes qualités qui font vendre, et non
pas vos minables écrits que vous donnez actuellement ! Et j’ajoute que si vous
me ressortez un article comme celui de la dernière fois, je vous garantis qu’il
vous faudra trouver un autre journal pour démontrer votre talent. Ce journal ne
fait pas la charité. Je vous ai engagé parce que vous étiez un excellent
journaliste. Mais depuis quelques temps vos articles n’ont plus le même impacte
et votre manière d’écrire n’est plus la même. Hirotsu si vous ne faite rien pour
changer ça vous savez ce que vous risquez ! Maintenant au boulot ! Arthwiller je
vous attends dans mon bureau immédiatement ! »
- Vous ne pouvez pas me renvoyer, nous avons un contrat ! » S’insurgea le
journaliste bedonnant avant de fixer Jens. « Si jamais je perds mon emploi, tu
le paieras ! ».
- Hirotsu songer à ce que je vous ai dit ! » Coupa le rédacteur en chef, d’une
voix brusque alors que déjà Jens, qui ne tenait pas à se faire remettre à sa
place lui aussi, pénétrait dans le bureau.
La porte se referma assez brutalement. Jens sursauta imperceptiblement. Cela lui
rappelait Saï. La dernière fois qu’il avait fait une bêtise. La manière dont il
avait frappé la porte, et surtout de la manière qu’il l’avait frappé lui.
Soupirant, il secoua la tête. Il devait ce calmer. A ce rythme il allait finir
par devenir paranoïaque.
- Que se passe t-il patron ? De mauvaise humeur ? » Interrogea t-il, toujours
aussi fidèle à lui-même.
- Arthwiller ! Ce que j’ai dit pour Hirotsu est valable pour toi. J’ai l’épreuve
que tu as sortit sur la colombe noire, je dois reconnaître que c’est excellent
et ton style d’écrire est digne dès plus grand, mais une chronique de ses
meurtres, une vague description ne suffit pas. Je te l’ai dit, si tu parviens à
découvrir l’identité de cet assassin, ton avenir est assuré ! »
- J’en suis conscient chef, mais sachez que je ne suis pas Hirotsu, je ne puis
vous donner des renseignements que je n’ai pas. Je ne peux faire une description
physique du tueur à la plume noir sans avoir de preuves, ni le moindre indice !
» Fit remarquer le journaliste.
~ Je souhaite devenir célèbre et être reconnu, cependant pas au détriment de
celui que j’aime ~ Songea le blond.
- Je suis parfaitement lucide ! Je sais que vous avez une conscience
professionnelle. Comme je sais qu’ici nous vendons de l’information, que nous ne
faisons pas dans le ragot ! » Grogna l’homme agacé.
- Je suis sur cette affaire depuis longtemps chef et si quelqu’un est à même de
découvrir la véritable identité de la colombe noire, c’est bien moi ! » Affirma
avec résolution Jens, et ceci avec un large sourire à son supérieur.
- Tu iras loin gamin ! J’en suis certain. Maintenant dehors ! J’ai du travail et
toi également il me semble. » Grommela l’homme dans un semblant d’ordre.
- Bien chef ! » Répondit-il en se dirigeant vers la porte et en l’ouvrant pour
sortir, assez soulagé.
*****
La rue était à peine éclairée. Une voiture de couleur noire s’arrêta. Elle
paraissait incongrue dans cette rue, sombre et crasseuse. Un homme sortit
impeccablement vêtu, sans doute était-il le chauffeur. Puisqu’il contourna la
voiture et alla ouvrir la portière. Un homme alors descendit. Il était habillé
d’un costume sombre, ses cheveux blonds étaient coupés court, au niveau de sa
nuque. Il semblait attendre quelqu’un. Et ce quelqu’un sortit de l’ombre au bout
de quelques secondes. Ses vêtements ne paraissaient pas avoir étés changés
depuis plusieurs jours. Il s’avança avec crainte vers les deux inconnus puis
s’arrêta, demeurant ainsi dans l’ombre. Le blond fit alors un pas en avant.
- Restez où vous êtes ! » Ordonna t-il plus que méfiant. « Vous êtes en avance !
Et j’avais dit que je désirais parler au sénateur en personne, vous n’êtes pas
ce dernier. Où se trouve t-il ? » demanda t-il assez froidement.
- Il y a eut un petit contre temps. Monsieur le Sénateur n’a pas été en mesure
de se libérer. je suis son chef des relations républiques, appelez moi monsieur
Wayns. A qui ai-je l’honneur ? » Interrogea l’inconnu avec un certain sourire
complaisant.
- Vous n’avez pas besoin de le savoir ! Ce qui doit vous intéresser est ce que
je détiens. Ce qui pourrait bien coûter la carrière à votre sénateur si je
n’obtiens pas satisfaction. » Coupa l’homme toujours dans l’ombre, avec un brin
de témérité dans la voix. « Je n’aime guère les changements de dernières
minutes. »
- Inutile de devenir menaçant ! » Informa l’homme blond, toujours aussi
souriant. « Nous sommes ici entre gens de confiance. Et pour aussi conclure un
accord. Je suis certain que tous deux, nous allons trouver un terrain d’entente.
»
- Hors de question ! J’avais bien précisé que je désirais parler au Sénateur en
personne ! Il refuse de jouer franc jeu et m’envoie des subalternes ! » S’agita
le brun toujours dans l’ombre et plus que méfiant.
- Je suis certain que nous pouvons arriver à un accord. Comme convenu je vous ai
apporté la somme demandé. Trois millions, en petites coupures… » Informa t-il en
prenant la mallette que lui tendait son chauffeur.
L’homme à la chevelure blonde se saisit alors de cette dernière afin de la
tendre à l’homme, mais ce dernier recula.
- Un instant ! » Grogna l’homme. « A qui pensez-vous avoir à faire ? Un amateur
? Ouvrez cette mallette ! » Ordonna t’il sur ses gardes.
Le chauffeur reprit la valise, la tenant sur son bras, il l’ouvrit. A sa vue
s’offrit un spectacle dès plus surprenant. Des liasses de billets à perte de
vue. L’homme observa ceux-ci sans dire un seul mot durant quelques minutes.
Cherchant ainsi un piège, ou autre chose. Et le chauffeur referma la valise
avant de la poser au sol. Wayns et son chauffeur reculèrent. Après s’être assuré
qu’il n’y avait rien à craindre, l’inconnu sorti de sa veste en lambeau, une
grande enveloppe. Lentement, il se baissa afin de saisir la mallette, puis, une
fois certain de la posséder, il envoya la fameuse enveloppe au chauffeur qui
l’attrapa sans mal au vol.
- J’ai été ravi de faire affaire avec vous ! » Signala l’homme avec un sourire
satisfait aux lèvres. « Adieu ! »
- J’espère que toutes les preuves accablantes dont vous disposiez sont toutes
dans cette enveloppe. » Signala le blond. « Monsieur le Sénateur ne veut plus
entendre parler de cette histoire ! A la prochaine tentative, vous hériterez de
plomb comme paiement ! » Menaça t’il avec un éclair froid dans les yeux.
- Je ne suis pas un amateur, je sais quand me retirer ! Vous avez toutes les
preuves, votre Sénateur peut désormais dormir sur ses deux oreilles ! » Informa
l’homme en tapant sur la mallette. « Et rassurez-vous, vous n’entendrez plus
parler de moi. »
~ Tu ne crois pas si bien dire… ~ Pensa le chargé de relation du Sénateur, en
faisant un sourire narquois.
L’homme, ayant obtenu ce qu’il voulait, partit à reculons. Et, une fois certain
d’être assez en sécurité, il se tourna sur lui-même afin de s’éloigner le plus
loin possible. Bien décidé à ne plus revenir ici et surtout avec la ferme
volonté de ne pas regarder en arrière. Il se fondit dès lors dans la nuit, comme
s’il avait été absorbé par celle-ci. Tout était devenu brusquement silencieux,
comme si rien, en cette ruelle sombre, ne s’était passé. Etait-ce le silence
avant la tempête ? Pour seule réponse… Une explosion. Cette dernière déchira la
nuit en offrant à quiconque qui passait dans le coin, des débris de tissus et
une chaussure sans propriétaire. Il n’y avait aucun doute sur le fait que plus
jamais le sénateur ne serait menacé par cet homme. Et lentement, la nuit repris
possession des lieux, alors que le chauffeur et le chargé des relations publique
reprenaient simplement le chemin de leur véhicule après un regard échangé, et
plein de sous-entendus.
- J’ai horreur que l’on me menace ! » Fit le blond en s’allumant une cigarette.
« Et franchement, pour quelqu’un qui se prenait pour un pro, il paraissait bien
innocent que de croire qu’il partirait sans encombre avec l’argent ! Et ça veut
jouer dans la cours des grands ! »
Un rire s’échappa le temps d’un instant alors qu’une voix parvenait à lui, le
calmant un peu sur le coup…
- Que faisons-nous pour la mallette ? » Interrogea le chauffeur.
- Laissez-le profiter de sa fortune ! » Un rire manqua de s’inviter à nouveau,
mais au lieu de cela, Wayns se contenta d’aspirer un peu de fumer de cigarette.
« Bien que je doute qu’il le puisse en profiter comme il se doit, là où il est !
» S’amusa ce dernier. « On dirait que maintenant, j’ai de quoi assurer mon
avenir ! A présent que j’ai ces preuves, le sénateur devra jouer selon mes
règles ! Tout ceci est parfait ! »
- Vous êtes vraiment machiavélique monsieur… Vous avez fait semblant de
récupérer ces preuves pour le sénateur, mais en réalité vous avez l’intention de
les garder pour vous ? » Analysa le chauffeur admiratif.
- Cela s’appelle un coup de maître ! » Informa juste son vis-à-vis, assez
satisfait. « Je vais enfin quitter cette position de larbin et aller jouer selon
mes désires dans la cours des grands. »
Il s’avança afin d’ouvrir la portière, mais avant qu’il n’ait pu faire le
moindre mouvement, une ombre sortit de la ruelle, deux coups de silencieux
partirent presque simultanément. Le premier atteignit le chauffeur en plein
front. Il tomba à genoux la main tenant encore la poignée de la portière. La
seconde balle avait atteint le chargé des relations publiques à la gorge. Un
flot d’hémoglobine s’écoulait. Wayns tentait tant bien que mal d’endiguer cette
dernière, sans le moindre succès. Surpris il tomba à genoux, les yeux exorbités.
Saï sortit alors complètement de l’ombre, révélant à la lumière son visage à
l’homme à la chevelure blonde.
- Mais, mais… qui… qui êtes-vous ? Si … si c’est de l’argent… que… que vous
souhaitez… j’en… j’en aie beaucoup ! » Bégaya l’homme qui s’étouffait peu à peu
dans son propre sang. « Je vous en prie… emmenez moi à …hôpital …je… je suis en
train ….de perdre… tout mon sang… » Implora t’il alors que l’étincelle de vie
quittait l’éclat de ses yeux malicieux.
- Je n’ai nullement besoin de votre argent, juste ceci ! » Dit-il en se baissant
afin de prendre l’enveloppe dans la main de l’homme blond.
- Maintenant… que vous avez ce … ce que vous souhai…tez… emmenez-moi…
l’hôpital... » Supplia t’il tout en ordonnant.
- Je suis navré mon contrat stipule que je ne dois laisser aucune trace ! » Fut
la réponse du brun sans l’once d’une pitié..
- Con… Contrat… ? Qui… ? Je… le double… si… » tenta de proposer l’homme entrain
de mourir.
- Je suis navré… Mais je vais toujours au bout de mes contrats ! » Annonça le
tueur avec nonchalance. « Et vous n’êtes pas le genre de clients que j’accepte.
» Termina Saï avec un sérieux sans borne.
- Vous n’allez pas… m’abandonner … ici… Vous… êtes… humain… »
- Il n’y a pas d’humains ici. Seulement un démon et deux cadavres ! » Répondit
le tueur froid, qui sans un mot de plus s’était retourné et avait quitté la
ruelle.
Ne pouvant lutter, Wayns se vit approcher de la mort sans possibilité de fuir.
Avant que ses yeux ne se ferment définitivement, il vit une plume noire laisser
là, négligemment, flottant dans une marre de sang qui n’était autre que le sien.
Ses yeux se fermèrent et cette vision irréelle se retrouva être sa dernière
vision. Le tueur à la plume noire avait encore sévit et la mort fait son œuvre…
Saï, de son côté, avait regagné sa voiture et deux heures plus tard, il roulait
en direction de son Studio. Et cela, comme si de rien n’était. Il venait de
terminer son travail. Comme toujours, il avait été contacté par mail, de manière
anonyme, afin de récupérer une enveloppe. Tous les témoins présents devaient
être éliminés. Le brun n’avait pas l’habitude de poser de questions lorsqu’une
affaire lui était confiée. Cependant depuis le piège où il avait faillit perdre
sa liberté et sa vie, il était devenu encore plus méfiant. L’enveloppe posée sur
le siège passager l’intriguait néanmoins. Qu’est-ce quelle pouvait contenir qui
justifiait qu’on lui ait demandé un nettoyage complet ? Bien entendu, il avait
eut un début de réponses en écoutant la conversation Wayns et son contact. S’il
mettait bout à bout, tout ce qu’il avait entendu, avant d’en finir avec eux, un
Sénateur était impliqué dans une affaire louche et ne souhaitait pas que cela
s’ébruite. Le tueur, à cette pensée, tendit la main droite vers l’enveloppe,
l’ouvrit et la renversa. Là, une dizaine de disques de petites tailles
s’éparpillèrent sur le siège. Saï en fut plus que surpris.
Que signifiait tout ceci ?
Le brun gara sa voiture au bas de son immeuble, il sortit de celle-ci et
récupéra les disques. Les rangeant avec soin dans l’enveloppe qu’ils venaient de
quitter. Puis lentement, comme toujours, froidement, il entra dans le bâtiment
où il prit l’ascenseur jusqu’au septième étage. Celui-ci s’ouvrit et il en
sortit, il arriva devant une porte, sortit des clefs de sa poche, introduisit
une dans la serrure, et enfin ouvrit la porte de son logement avant d’y
pénétrer. Un même périple éternel qu’il pouvait faire les yeux fermer. La
première chose qui choquerait si jamais Saï invitait quelqu’un dans son antre
était l’organisation des lieux. On avait la sensation que le ménage n’y avait
pas été fait depuis des siècles. L’odeur était plus masculine. Un vrai dépotoir.
Le brun referma la porte, puis alla directement dans sa chambre où se trouvait
son portable, sans se soucier des monticules de déchets qui se trouvaient sur
son chemin. Il déposa les clefs sur la table de nuit, puis il s’installa à son
bureau. Après avoir allumer son ordinateur portable, il inséra l’un des disques.
Au bout de quelques secondes, ce dernier se lança et tout un tas de noms
s’afficha. Et ce, à la grande surprise du tueur, qui s’attendait à devoir subir
un tas d’épreuves informatique avec des codes et des pare-feux avant d’atteindre
les informations. Secouant la tête, il appuya sur la touche entrée pour
découvrir des diagrammes. Montrant des statistiques. En clair, de nombreuses
informations auxquelles il ne comprenait rien. Il s’avait se débrouiller avec un
ordinateur certes, mais dès qu’on entrait dans ce genre de statistique, il est
complètement largué.
- Mais qu’est-ce que c’est que ça ? » Grommela le brun.
Il voulait savoir ce que tout ceci voulait dire. Dans quoi il avait les pieds.
Il fallait qu’il trouve quelqu’un capable de déchiffrer ce charabia. Et s’il ne
se trompait pas, il ne voyait qu’une personne assez expérimenté en informatique
et autres. Ce qui le dépita par avance.
- Oh ! Non ! » Grogna t-il. « Si jamais je lui demande un service, il ne va plus
vouloir me lâcher. »
Depuis le fameux jour où Saï avait administré la correction du siècle à son ami,
ils ne s’étaient plus revenus. Il ne l’avait plus appelé. Il avait pourtant reçu
une tonne de messages de ce dernier. Mais il n’avait jamais répondu ou rappelé.
Même s’il gardait un œil sur lui. Il s’inquiétait pour lui, et aussi des
séquelles qu’il pourrait avoir après leur petite explication. Evidemment, tout
cela dans l’ombre. Le tueur soupira, puis sortit son portable de sa poche. Le
numéro de Jens ne fut long à trouver. Il faut dire que c’était le seul qu’il
avait en plus de celui d’un autre homme : Ryoutarou Himei, un ami fidèle qu’il
avait. Il le composa et attendit simplement que le blond énergique, à l’autre
bout du fil, ne réponde. Ce qu’il ne fit pas, le téléphone sonnant dans le vide.
Le brun grogna et raccrocha hors de lui, sans même laisser de message.
- Bon sang ! Il passe son temps à s’accrocher à moi et lorsque j’ai besoin de
lui, il est aux abonnés absents ! »
Il avait à peine terminé sa phrase que son portable vibra dans sa main. Surpris
il regarda le nom affiché : Jens. Le brun décrocha de manière assez froide. La
voix de son ami lui explosa dans les oreilles, comme il s’y attendait, le
faisant grogner que plus sur le coup.
- Saï ! Bonjour ! Tu m’as appelé ? Désolé j’étais… » Commença Jens, comme monté
sur pile.
- Bonjour ! Faisons court ! » Coupa Saï. « J’ai besoin de tes talents d’expert
informatique. Je t’attends à mon studio ! »
- Maintenant ? Mais je suis sur une affaire. Un meurtre, une véritable œuvre
d’art, accompagnée d’une belle plume noire ! » Signala t’il un brin moqueur.
- Ramène-toi immédiatement ! » Ordonna t-il plus qu’agacé.
- Ne te fâche pas, je termine ces photos et j’arrive. Tu veux que je nous prenne
de quoi manger ? » Interrogea t-il avec le sourire aux lèvres, même s’il savait
que Saï ne le voyait pas.
Et ne l’entendait pas d’ailleurs, puisque ce dernier avait déjà raccroché.
Fixant son portable, le blond le rangea tout sourire, assez content de revoir
son brun. Même en même temps, une certaine appréhension le gagnait peu à peu.
- Il ne perd pas de temps. Comment fait-il ? Il me suit à la trace ou quoi ?
Mais qu’est-ce je raconte ? » Grogna une nouvelle fois le brun, qui de son côté
commençait à sentir poindre les maux de tête.
Pendant ce temps, Jens terminait sa séance de photo. Il avait été avertit par
l’un de ses contacts qu’une explosion avait été entendue dans le quartier et que
selon toute vraie semblance, la colombe noire était sur lieux. On lui avait dit
que ce tueur était également responsable de ce raffut. Surpris Jens avait
hésité. Ce n’était pas du tout la manière de travailler de Saï. Des explosions ?
Non, il faisait usage d’armes mais jamais de bombe. Cependant il ne pouvait non
plus occulter cette information, il devait avant tout vérifier la véracité des
dires de son contact. C’était plus fort que lui. Dès qu’on parlait de la
colombe, il fallait qu’il vérifie. A peine une heure plus tard, il arriva sur
les lieux du crime. Il put constater qu’on ne lui avait pas menti. La police
avait été avertit, mais celle-ci comme d’habitude était toujours en retard. Le
blond prit quelques clichés, sans rien toucher. C’est alors qu’il aperçu la
plume noir. Ne pouvant résister, il se pencha et la ramassa et la mit dans la
poche arrière de son jean.
Quel geste insensé et écervelé. Mais tellement ressemblant à notre Jens…
C’est là qu’il avait sentit vibré son portable, mais avant qu’il n’ait réussit à
le sortir de sa poche, le correspondant avait déjà raccroché. Il put constater
après vérification, que c’était Saï. Il l’avait immédiatement rappelé. Depuis
leur explication où Saï à bout lui avait administré la correction de sa vie, son
brun adoré ne l’avait jamais appelé et n’avait jamais répondu à ses messages. Il
ne l’avait pas fait une seule fois, afin d’avoir de ses nouvelles, du moins le
croyait-il. Il s’imagina que si le tueur l’appelait cela signifiait que sa
punition était terminée. Ses espoirs furent vite déçus. Il n’avait besoin que de
ses talents d’informaticien. Qu’à cela ne tienne ! Au moins cette opportunité
lui permettrait de le revoir.
Après la séance photo, le jeune blond avait sauté dans sa vieille voiture, qu’il
avait laissé non loin du lieu du crime. Il était parti, en moins de temps qu’il
en faut pour dire ouf, en direction du studio de Saï. Il prit la route, heureux
et le cœur en fête. Il roulait en chantant « secret of my heart » de Mai Kurai
que diffusait la radio. Il était concentré sur sa conduite mais pensait
également à Saï, à leur future retrouvaille, à ce qu’il lui dirait. Dans le
rétroviseur, il vit un camion qui se rapprochait dangereusement, ayant réduit la
distance de sécurité entre eux. Jens accéléra légèrement afin de rétablir la
même distance. Le camion recommença son manège.
- Mais qu’est-ce qui lui prend ? Il souhaite que nous ayons un accident ou quoi
? » S’interrogea le journaliste.
C’est alors que le camion se rapproche et percuta la pauvre voiture sur
l’arrière comme pour accrocher les pares chocs. Jens tressauta presque,
heureusement il avait sa ceinture. Le camion continua à pousser le véhicule. Il
la poussa toujours plus jusqu’à la conduire sur un muret qui servait à séparer
l’autre côté de la route. La pauvre eut un bruit agonisant. Jens tenta de
rétablir sa trajectoire sans le moindre résultat. Le camion continuait à le
pousser, l’envoyant contre le muret. La tôle fut froissée. Le journaliste fit un
écart et parvint à se détacher du camion, il appuya sur l’accélérateur. Fort
heureusement pour lui la circulation n’était pas trop importante, une ou deux
voitures sur la route, pas plus. Le camion le suivait toujours, il le rattrapa,
Jens fit de nouveau un écart, celle-ci se cogna contre les roues du camion, il
fit une embardée, roula sur plusieurs mètres et alla terminer sa course sur le
côté contre le mur. Le camion continua un peu plus loin avant d’aller se garer
sur une bande d’arrêt d’urgence. Le conducteur en descendit. Il marcha vers la
voiture accidentée, il se pencha regarda à l’intérieur. Jens était à moitié
plié, du sang coulait de sa tempe. Le pare-brise était en miette sur le coussin
de la place du passager. Le toit était enfoncé et à quelques centimètres près,
le crâne de Jens s’y incrustait. Ce dernier était encore attaché par la
ceinture. Il était inconscient, l’homme voulu se pencher afin de vérifier s’il
n’avait pas succombé. Le contrat stipulait que ce type ne devait pas mourir.
Être blessé mais en aucune manière mourir. Il en valait de sa vie.
Malheureusement quelques voitures arrivèrent, l’en empêchant. Le responsable de
l’accident, ne tenant pas à avoir à faire aux forces de l’ordre, regagna son
camion et démarra en vitesse. Un automobiliste, de son côté, s’était arrêté un
peu plus loin et avait déjà sortit son téléphone portable…
*****
L’ambulance roulait à toute vitesse. Jens était allongé sur le brancard. Branché
à une machine. Avec des perfusions. Un masque à oxygène était sur son visage
pour l’aider à respirer. Les premiers soins lui avaient été donnés.
L’ambulancier n’avait pu faire qu’un diagnostique sommaire. Côtes cassées,
quelques contusions. Une blessure à la tempe. Bien entendu, un examen
approfondis permettrait de diagnostiquer les blessures plus importantes.
L’ambulance arriva assez vite devant l’hôpital, le brancard fut descendu, et
Jens fut guidé vers les urgences, le bouger pouvait être risqué.
- Qu’avons-nous là ? » Demanda un homme brun en blouse blanche.
- Un accidenté de la route. Contusions multiples, une blessure à la tempe
certainement due au pare-brise. Le toit la voiture était réellement enfoncé,
nous ignorons si la tète a été touchée. S’il n’avait pas eut la ceinture, cet
accident aurait pu être mortel pour lui. » Fit remarquer l’ambulancier qui
voulait montrer une certaine chance dans ce malheur.
- Très bien, qu’on lui fasse des examens sanguins, un scanner du crâne, une
radio de la cage thoracique. Qu’on le maintienne sous oxygène, et sous
perfusion. » Ordonna le médecin en entraînant le brancard vers une salle de
soin.
Alors qu’il arrivait tout juste, des infirmières et infirmiers s’affaireraient
autour de lui. Ils commencèrent par le déshabiller. Cependant le bouger était
hors de question, sans avoir plus de précisions sur son état. A l’aide de
ciseaux, on commença à découper les vêtements. Au bout de quelques minutes, il
était libre de toutes entraves vestimentaires. Les plaies commencèrent à être
nettoyées. Les infirmiers et infirmières se pressaient. Tout à coup, Jens se mit
à convulser et à renvoyer du sang dans le masque à oxygène. Le médecin le lui
enleva.
- Il nous fait une hémorragie interne ! » Informa le médecin en auscultant son
patient. « Je vais peut-être devoir l’opérer ! Il va me falloir son groupe
sanguin et trois unités de sang une fois que celui-ci sera connu. Avant tout
chose je dois savoir ce qui se passe. La nouvelle sonde électronique est arrivée
? » Demanda t-il.
- Docteur vous ne pouvez pas le sonder, sans causer plus de dégâts, il fait une
hémorragie interne. » Souligna un infirmier.
- Je n’ai pas le choix, nous devons savoir, avant d’entamer quoi que ce soit, de
quoi il en retourne, sans quoi nous risquons de le perdre. C’est un risque à
prendre. Maintenant faites ce que je vous dis ! Qu’attendez-vous pour faire ces
prélèvements ? Il faut que je fasse tout moi-même. » S’écria le médecin furieux.
Les internes s’afféraient. Dix heures plus tard. Une fois que tous les examens
furent terminés, Jens avait été opéré. A l’aide de la sonde le médecin avait pu
observer des lésions au niveau de certains vaisseaux. Ce qui avait entraîné
l’hémorragie. Heureusement aucun organe interne n’avait été touché. Les radios
avaient montré de Deux côtes cassées, ainsi que son bassin. Le scanner n’avait
rien révélé au niveau du crâne. Ce qui était un véritable soulagement. Jens
s’était révélé avoir un groupe sanguin au rhésus très rare : AB-. Une fois
soigné et plâtré, on le mit dans une chambre, en soin intensif, où, toujours
inconscient, il se retrouvait seul. Le médecin, qui s’était chargé de
l’opération, épuisé, avait fait du bon travail. Il entrain de se changer pour
aller se reposer un peu lorsqu’une infirmière fit irruption dans la pièce.
- Docteur ? Pourrais-je vous parler quelques minutes ? » Demanda t-elle.
- Julia … cela ne peut pas attendre ? » Soupira t-il. « Je sors d’une longue
opération et j’avoue que je suis un tantinet épuisé. »
- Docteur ! Je crois qu’il faut que vous sachiez… » Insista t-elle sérieusement.
- Très bien Julia, que se passe t-il ? »
- Il s’agit des papiers de cet homme, en fait pas réellement. Je cherchais des
informations afin de remplir la fiche, en fouillant j’ai trouvé son
portefeuille. Sur sa carte d’identité il est inscrit Jens Arthwiller. Mais ce
n’est pas uniquement ce que j’ai trouvé. Dans une des poches de son jean j’ai
trouvé ceci. » Commença t’elle avant de montrer une plume noire tachée de sang.
« Docteur ce n’est pas dans mes habitudes de sauter aux conclusions, cependant
on parle tellement aux actualités de ce tueur qui laisse une plume noire comme
signature. Que… Que je me demande… Enfin … Que devons-nous faire ? » Demanda
t’elle un peu ennuyée.
- Allons Julia ne nous précipitons pas. Je dois d’abord analyser ce liquide sur
la plume. Et ainsi déterminer si nous avons réellement à faire à du sang. Si les
résultats confirment vos soupçons, nous préviendrons la police. Donc, avant
d’avoir les résultats, ne faites rien ! » Dit-il à la jeune femme.
- Pensez-vous réellement qu’il pourrait être ? » Commença la jeune femme.
- Ecoutez-moi Julia ! Il est inutile de commencer à paniquer ou de se faire des
films. Cela peut être une plume d’un corbeau blessé. Certaines personnes ont des
goûts morbides. » Tenta t’il de raisonner la jeune femme. « Allez, donnez-moi
cette plume que je puisse aller la faire analyser ! Quand à vous rentrer chez
vous ! Vous avez l’air épuisé. »
- Mais Docteur… » Commença l’infirmière.
- Vous avez fait votre devoir, je vous préviendrais si votre présence est
nécessaire ! » Promit le médecin en la coupant.
La jeune femme s’exécuta. Le docteur se rendit au laboratoire avec la plume.
Lorsqu’il en ressortit au bout de longues minutes, il avait le visage fermé. Il
regarda la plume qui se trouvait maintenant dans un sachet plastique.
Que devait-il faire ? Son devoir civique lui ordonnait de prévenir la police,
cependant il était médecin également. Il ignorait pourquoi, mais cet homme
allongé sur ce lit sans défense ne paraissait pas avoir une tête de tueur. Mais
quels étaient donc les critères pour ressembler à un tueur ? Il se dirigea vers
son bureau, y entra puis s’assit et demeura quelques secondes à fixer dehors. Le
portefeuille de Jens Arthwiller s’y trouvait. Le docteur le prit et l’ouvrit. Il
contenait quelques documents importants, passeport, carte d’identité, permis de
conduire, carte d’assuré. Il trouva une photo d’un brun à l’expression sévère.
Quelques billets et pièces, rien d’autre. Le médecin referma le portefeuille et
le posa. Il vit le portable posé non loin. Que devait-il faire ? Après avoir
prit une grande inspiration, il composa le numéro de la police. Il y eut deux
sonneries, au bout de la troisième quelqu’un décrocha.
- Bonsoir, je suis le docteur Hakaya, je suis médecin à l’hôpital central. Ce
soir j’étais de garde et l’on m’a amené un accidenté de la route. Je crois
savoir que vous chercher des indices qui pourraient identifier la colombe noire,
l’assassin qui sévit depuis des années ? »
La voix lui répondit avec affirmation à l’autre bout du fil.
- Selon toute vraisemblance, il semblerait que je l’ai opéré. En fait c’est une
infirmière qui a découvert certains indices révélateurs. Une plume couverte de
sang. La plume est conservée dans un emballage correct. Très bien je ne quitte
pas mon bureau… » Confirma t-il avant de raccrocher.
Le médecin soupira et fixa à nouveau le portefeuille
- J’espère avoir prit la bonne décision. » Murmura t’il pour lui-même avant de
sursauter.
En effet, le téléphone de Jens se mit à vibrer. Le fixant perplexe, il put lire
le nom de Saï sur l’écran de ce dernier. Inquiet, il hésita à tendre la main
pour répondre. Mais finalement, sa conscience professionnelle le poussa à la
faire. Qui sait, il s’agissait certainement à un membre de la famille de cet
homme. Il devait savoir pour l’état de son patient. Tremblant, il porta le
téléphone à son oreille.
- Jens ? Mais qu’est-ce que tu fous ? » Grogna une voix inconnue à l’autre bout
du fil.
- Euh… Veuillez m’excuser, mais je ne suis pas Jens. Mais le docteur… »
- Docteur ? » Coupa Saï. « Il est arrivé quelque chose au propriétaire du
téléphone ? Il va bien ? Ses affaires ? Vous les avez ? Son appareille photo ?
Où est-il ? Dans quel hôpital ? »
- Calmez-vous monsieur. Il est en soin intensif et euh… son appareil photo ?
Nous n’en avons pas ! Vous êtes certains ? »
- Evidemment ! » Recoupa Saï hors de lui. « Il est journaliste photographe ! Que
c’est-il passé ? Il m’a dit qu’il enquêtait sur le tueur à la plume noire, qu’il
prenait des photos et qu’il arrivait… »
- Il enquêtait vous dites ? » Répéta le médecin soulagé de voir que son instinct
était le bon. « Votre frère a eut un accident de voiture. Il est à l’hôpital Sud
et… »
Le médecin ne continua pas, se rendant subitement compte qu’on lui avait
raccroché au nez. Soupirant, il fixa le portefeuille de son patient et se
demandant si le brun au visage froid n’était pas ce fameux frère. Frère qu’il
avait déduit, Saï ne s’étant pas présenté. Cependant, ce détail l’arrangeant, il
n’avait pas repris. Alors que le tueur prenait ses clef pour sortir à nouveau de
chez lui, le médecin, lui, de son côté, rejoignait la chambre de ce Jens, se
demandant à quel point il était impliqué dans cette histoire de tueur à la plume
noire et surtout si c’était pour cela qu’il avait eut cet accident…
A suivre …