Le troubadour de la Mort
Titre :
Le troubadour de la Mort
Auteur : Myushi
Chapitre : 01
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack
l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros
crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle
commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres
en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la
peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La
gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur,
on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous
lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Pensée
Disclamer : Tous les personnages sont à moi
Brouillard
Le soleil
était à son paroxysme, midi avait sonné à l’église du coin. La rue était
agitation. Et dans cette masse avançait un homme, mains dans les poches. Il
semblait aller à contre-courant. Alors que tout le monde bougeait, courrait
presque autour de lui, lui, marchait avec lenteur, calmement, sans se presser.
Depuis un certain temps, la ville ressemblait à une fourmilière. Depuis une
semaine à vrai dire. Les vacances d’hiver et les congés des professeurs étaient
naturellement arrivés. Ce qui laissait le temps à notre homme de flâner dans les
rues. S’arrêtant un instant, il leva les yeux vers le ciel et eut un fin sourire
en le fixant. Comme il aimait cette période de l’année. Un ciel bleu mais dénué
de chaleur. Une brise vint d’ailleurs saluer sa pensée, faisant ainsi virevolter
ses cheveux. Le froid était saisissant, mais cette sensation avait quelque chose
d’agréable pour lui. Fermant un court instant les yeux, il fut ramené à la
réalité par un inconnu. Ce dernier le bouscula agacé. Soupirant, il secoua la
tête et se remit en marche, prenant la direction de la bibliothèque.
Il devait s’y rendre pour y faire, enfin plutôt, refaire des recherches. Il
effectuait chaque jour ce même parcours. Et comme à chaque fois, il y avait un
énervé qui le bousculait. Nicholas était habitué de ce genre de choses à
présent. Il n’y prêtait plus vraiment attention. Il se contenta de relever le
col de son long manteau sombre et continua à avancer sans se soucier d’autrui.
Il avait une tonne d’idées qui se bousculait dans sa tête. Certaines farfelues
tandis que d’autres étaient plus réfléchies, mais toutes concernant la même
chose. En tout cas, c’était pour cela qu’il avait besoin de faire des
recherches. Il avait besoin de renseignements, de beaucoup de renseignements
pour voir si sa théorie était bien fondée. Il devait donc se rendre à la
bibliothèque pour affirmer ou infirmer cela. Soupirant à nouveau, il releva son
regard azuréen vers le ciel, ou plutôt vers la pendule d’une église qui
indiquait midi quinze. Que le temps passait vite. S’il ne se dépêchait pas, il
serait obligé de prendre place parmi les étudiants qui se pressaient en ce lieu
afin de réviser pour les examens de la rentrée. A cette pensée, le brun accéléra
le pas et prit la première rue à droite. Il fit une dizaine de pas, puis tourna
à gauche. Il se trouva alors devant un bâtiment au style assez ancien. Gothique
selon les pensées de Nicholas. Mais il n’était sûr de rien. L’architecture
n’était vraiment pas sa spécialité. Secouant la tête à cette pensée, il se remit
en marche et pénétra dans la bibliothèque.
Là, il se débarrassa de son manteau pour le poser sur une chaise. Et attrapa
ensuite son mouchoir dans sa poche pour essuyer des lunettes qu’il avait sorti
préalablement de son par-dessus. Après un bref nettoyage des verres, il se
dirigea enfin vers le rayon qu’il convoitait. Il avait de la chance. Il n’y
avait pas un chat. Pas même un étudiant qui faisait un excès de zèle en venant
travailler dès le matin. Il comptait bien profiter de ce temps de solitude pour
travailler sérieusement sur ses recherches. Fixant la pendule des lieux, il
calcula qu’il avait entre une heure et une heure et demi de répit avant que la
pièce soient occupées par des jeunes trop dynamiques pour ses recherches.
Souriant à cette pensée, le passé se mêlant à ses idées, il lui fallut un
certain temps pour revenir à la réalité. Cinq minutes étaient passées.
Soupirant, grognant presque, Nicholas se remonta les bretelles et chercha tout
simplement dans le rayon les ouvrages qui l’intéressaient. Il prit ainsi trois
livres qui lui semblaient concrets et retourna s’asseoir. De là, il sortit de sa
petite mallette de travail un cahier déjà bien noirci ainsi qu’un stylo à bille.
Nicholas le regarda d’ailleurs, souriant légèrement.
Il se complète au fur et à mesure. Bientôt, j’aurai toutes les informations
nécessaires pour prouver mes dires mais surtout le trouver ! Songea le jeune
homme en prenant le premier livre sur le tas et en l’ouvrant.
Il commença d’ailleurs à lire avec sérieux, récoltant des informations cruciales
sur les vampires et la perception des peuples sur eux dans le passé. Il commença
à griffonner certaines choses pouvant l’intéresser. Notant ainsi qu’en Grèce
Antique, les hommes redoutaient le fait de ne pas être enterrés par leur
famille. Ils pensaient qu’être en terre n’était pas une mort définitive et que
les âmes attirées par le sang revenaient chercher leur dû. Pour eux, seul le
rite de l’incinération pouvait leur accorder une mort définitive. Mais, à peine
avait-il noté ces détails qu’il fut dérangé par la seule personne dont il avait
oublié la présence en ces lieux : La bibliothécaire. Passablement agacé, il
releva cependant les yeux vers la jeune personne, la fixant simplement en
rajustant ses lunettes, un léger sourire de politesse aux lèvres.
- Désolé de vous ennuyer Docteur Willys, mais un homme vous demande au
téléphone. Il dit qu’il est au Caire et qu’il a quelque chose d’important à vous
dire… » L’informa la jeune femme qui visiblement n’aimait vraiment pas parler à
autrui. Elle se sentait gênée par cela.
- Quelqu’un du Caire ? » Répéta perplexe Nicholas. Il se leva, fermant son
cahier, et le ramena vers lui. « J’arrive ! »
- Bien Docteur, je le préviens immédiatement ! »
La jeune femme n’attendit pas pour vite repartir derrière son comptoir, ce qui
arrangea Nicholas qui rangea ses affaires dans sa petite mallette. Il retira
alors ses lunettes, après avoir noté la référence du livre qu’il étudiait. Il le
remit en place, ainsi que les autres écrits, dans leurs rayons une fois sa tâche
achevée. Il savait qu’il pouvait emprunter cet ouvrage mais il ne voulait pas
que quelqu’un se rende compte du sujet de ses études. Il avait déjà fait
sensation dans le monde de l’archéologie en se faisant dérober un manuscrit
d’une valeur inestimable. Il ne tenait pas plus que cela à être de nouveau au
devant de la scène. Ses emprunts rangés, il se dirigea vers le comptoir et prit
le combiné, se demandant qui pouvait bien l’appeler. Mais surtout, qui pouvait
bien savoir qu’il était à la bibliothèque à cet instant précis. Ce point
l’intriguait plus que le reste.
- Willys, j’écoute… » Commença-t-il en posant sa veste sur le comptoir, ainsi
que sa mallette.
- Nicholas, enfin ! Je t’ai cherché partout ! » Dit une voix familière à l’autre
bout du fil.
- Kent ? » Fit de surprise l’archéologue. « Tu me cherchais ? Comment ça ?
- Nico ! Ne me coupe pas ! J’ai peu de temps. » Informa l’homme avant de
continuer. « Nous avons fait une découverte. Une autre tombe comme celle du
livre… Enfin tu sais quoi ! Il y a des inscriptions que toi seul peux
déchiffrer. J’en suis certain. Moi je n’ai pas réussi. Je t’ai envoyé un
courrier avec les carbones de l’écriture. Mais aussi en retranscrit. Tu verras.
» Termina Kent sur un ton vraiment sérieux.
- Oui… Mais pourquoi tu m’envoies ça à moi ? » Demanda perplexe le brun qui ne
voyait pas ce qu’il avait à voir avec cette découverte.
- Parce que je suis certain que cela t’aidera à te refaire un nom. Et surtout,
tu pourras peut-être le retrouver. »
- Je ne désire pas me… » Commença Nicholas avant d’être coupé.
- Ne dis plus rien… Ah et ne dis surtout pas comment tu as eu tout ça ! Tu sais,
il se passe de drôle de chose en ce moment au Caire. Des morts douteuses… »
Expliqua sans vraiment le faire Kent avant de changer de ton et de sujet. «
Alors ? Comment vont les enfants, grande sœur ? Ils étudient bien ? Ah ?
Vraiment ? Bon je te dis au revoir, je dois y retourner. Passe le bonjour à la
famille ! »
- Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Kent !? ... »
Nicholas avait interrogé son ami, mais ses réponses étaient sans queue, ni tête.
Il comprit évidement qu’il ne pouvait plus parler, mais pourquoi ? C’était LA
question qu’il se posait. Soupirant, il reposa le combiné et fixa la
bibliothécaire qui le regardait un peu étrangement. Il lui dédia un sourire
charmeur et inclina doucement la tête, ce qui fit rougir la jeune femme.
- On dirait qu’on a été coupé ! Merci en tout cas ! »
Il lui offrit un autre sourire avant de reprendre ses affaires et de se diriger
vers la sortie. Il était trop tard pour continuer ses recherches. Et cette
histoire avec Kent le préoccupait… Soupirant à cette pensée, il mit son manteau,
ajusta son col et glissa une main dans sa poche avant de sortir dans le froid
qui lui fouetta le visage. Chose qui le surprit, puisque trop plongé dans ses
pensées pour se rappeler le temps…
*****
La nuit était tombée depuis déjà deux heures sur Londres. Un épais brouillard
s’était installé avec lui, empêchant toute visibilité au delà de quelques
mètres. Avec lui, l’humidité commençait à envahir les rues ainsi qu’un froid
glacial et pénétrant. C’était un manteau sombre presque angoissant qui repliait
ses ailes sur la ville. Les habitants avaient fuis, préférant se réfugier dans
leur foyer douillé et chaud. Pourtant il demeurait toujours des intrépides pour
défier les éléments sans la moindre crainte. Parmi-eux, il y avait ceux qui
n’avaient pas d’autres choix que de vivre dans les rues… Néanmoins, le nombre de
personnes traînant dans en ville restait peu élevé, surtout depuis le début des
crimes étranges qui terrorisaient tout le monde.
Une ombre sauta du haut du toit d’un petit immeuble de deux étages. La cape
noire qu’il portait dans le dos, volait doucement au vent. Lorsqu’il arriva au
sol, un genou posé au sol, le vêtement se rabattit sur son corps. L’obscurité de
la ruelle qu’il venait d’atteindre, ne permettait pas de voir son visage,
cependant, les prunelles de ses yeux semblaient briller doucement. L’ombre fit
quelques pas puis s’arrêta brusquement. Il posa une main sur un mur avant
d’approcher ses doigts de son visage.
- Hm… Il est passé par là… »
Dans un murmure, il reprit sa route, pistant sa cible sans un instant d’arrêt.
Préférant les toits aux rues, avec agilité, il en rejoignit un, sautant ensuite
d’immeuble en immeuble. L’odeur se faisait plus forte au fur et à mesure qu’il
progressait. Il sentait sa proie se rapprocher de lui. Ce soir… Ce soir enfin il
l’aurait. Ce soir, il mettrait fin à cette poursuite. Il en était certain. Il
était temps de faire cesser tout ceci. Continuant son périple, il arriva à
l’endroit où l’odeur se faisait plus forte. S’immobilisant d’un coup, il tendit
l’oreille et se concentra sur le moindre bruit. Suspect ou pas, il cherchait une
indication. Mais rien… Il n’y avait rien. Pas un bruit, même pas le bruit des
animaux de nuit. Pas de miaulement de chats sauvages, pas d’aboiement de chiens,
même pas un bruit d’oiseaux. Le brouillard semblait s’intensifier alors que le
silence régnait en maître. N’aimant guère cela, l’homme descendit de son toit,
et imposant une nouvelle fois sa main sur le mur le plus prêt de lui, il écouta
la pierre lui parler.
- Ici… »
Il fit un pas, puis un second, continuant de cette façon sa progression. Il se
faisait discret. Le bruit de ses pas étaient imperceptibles. Il n’y avait aucun
mouvement de ses vêtements. Il semblait ombre dans le brouillard, silence dans
le silence. Rien ne pouvait démontrer en cet instant qu’il était présent dans
cette ruelle où deux lampadaires brillaient avec mal, grésillant à chaque pas
que faisait l’homme. Tendant l’oreille, il cherchait ce pourquoi il était en ces
lieux. Ne trouvant rien, il sut qu’il était arrivé trop tard. Sa proie avait
déjà quitté les lieux. Grognant à cette pensée, il fut attiré par l’odeur du
sang. Se tournant sur lui-même, l’ombre se dirigea vers la provenance de
l’effluve. Et là, à ses pieds, gisait un corps sans vie. Le poursuivant
s’abaissa pour vérifier à quoi il avait à faire, et remarqua alors après un
touché rapide de ce qui lui semblait être le cou, que le corps inerte était un
homme. Se redressant, hors de lui, même si rien de son attitude extérieure ne
semblait le démontrer, il chercha autour de lui un indice qui lui dirait de quel
côté était parti le coupable.
- Encore demain… C’est ma dernière chance ! »
L’homme ramena sa cape sur lui, loin de se soucier du fait qu’il ait laissé des
traces, il repartit dans le brouillard, s’éloignant de la scène du crime. Il
savait qu’il n’avait déposé aucun indices. Il portait des gants et ses pas
étaient si légers que la probabilité de laisser une trace était quasiment
impossible. Il n’était pas infaillible non plus, mais il était loin d’être idiot
ou stupide. Tout ce qu’il devait faire, il le faisait en connaissant chacune des
conséquences qui se liaient à ses actes. Il savait également que pour cette
nuit, il avait perdu sa cible. Cela ne lui plaisait pas, mais avait-il le choix
? Après tout son adversaire n’était pas stupide non plus. Il était habitué à ce
qu’il lui file toujours au dernier moment entre les doigts. Néanmoins, il
comptait bien rompre cette habitude, et ce, de manière définitive. Il était
grandement temps d’y arriver. Ses crimes devenaient de plus en plus sanglants et
bientôt Londres allait retomber dans une période de troubles. Et si, il y a cent
ans de cela, la ville avait pu se relever, à présent, il avait comme un doute.
Un pressentiment qui lui sciait l’esprit depuis presque quatre mois, provocant
chez lui visons et cauchemars.
*****
La quête d’un taxi ne fut pas chose facile. Le brun avait du pourtant en prendre
un pour arriver au plus vite chez lui. Le coup de fil de Kent l’avait vraiment
troublé. Il fallait que cela soit vraiment grave pour que son ami soit aussi
sérieux. Lui qui d’origine était plutôt bavard et du genre jovial… Finalement,
il avait réussit à trouver un véhicule et très vite, il arriva chez lui.
Nicholas paya la course puis monta quatre à quatre les marches afin d’arriver
rapidement chez lui au troisième étage. Cherchant ses clés dans son grand
manteau, il fouillait dans ses poche, constatant qu’une fois de plus elles
étaient tombées toute au fond, se glissant, furtivement, dans un trou non
recousu. Il finit par les trouver de l’autre côté de son caban. Il s’évertua à
leur faire prendre le chemin inverse, chose qu’il réussit à accomplir pour enfin
les saisir et ouvrir la porte. Là, comme prévu, le colis de Kent l’attendait à
l’entrée. Sans chercher à savoir comment il était parvenu sur son paillasson, il
l’observa sous tous les angles. Il s’agissait d’une grande boite en bois scellé,
imposante qu’il tenta vainement de soulever. Résigné, il opta pour une ouverture
au pied de biche, sachant qu’il en possédait un dans son ancien matériel
d’archéologue. Abandonnant l’objet de l’intrigue, Nicholas se rendit dans une
pièce fermée à double tour, qu’il ouvrit grâce à un système ingénieux. Une fois
son pied de biche en main, il retourna au colis puis l’ouvrit enfin. Là, il
découvrit une stèle gravée de symboles hiéroglyphes. Lisant parfaitement
l’égyptien, il comprit bien vite l’inquiétude de son ami. Il sut, à ce moment
précis que cette dalle devait au plus vite rejoindre ce livre qui le hantait
depuis trois ans.
Nicholas remonta lentement les manches de son manteau puis se pencha pour saisir
la stèle. Cependant, une vive douleur dans le bas du dos lui rappela que le
granite était loin d’être léger. Soupirant à cette idée, il lui fallait demander
de l’aide à l’unique personne en qui il avait confiance, sa sœur. N’ayant guère
d’autres choix, il se dirigea vers le téléphone pour l’appeler. Après avoir
composé le numéro, quelques sonneries s’écoulèrent avant qu’une voix ne se fasse
entendre.
- Nic’ ! Que me vaut le plaisir de ton appelle ? Ne me dis pas que tu annules
encore le diner, sinon… » Menaça une jeune femme.
- Mais pas du tout… » Soupira le Professeur. « Je souhaiterai simplement savoir
si ton époux est présent. »
- Pourquoi ? » Demanda Sybell avec surprise.
- Trop long à expliquer, passe le moi s’il te plait. »
- Bon d’accord… » Bougonna-t-elle pas vraiment ravie d’être mise à l’écart.
Remettant une mèche au reflet violet en place, le brun attendit patiemment que
le mari de sa sœur saisisse le combiné. Il n’eut pas attendre longtemps avant
d’entendre la personne désirée.
- Oui ? » Fit Lawrence d’une voix grave.
- Law ! Tu peux venir maintenant, j’ai besoin de toi pour déplacer quelque chose
d’important ! »
- Maintenant ? » Interrogea l’homme tout aussi surpris que sa femme. « Ça ne
peut pas attendre la fin du repas ? »
- Non ! » Répondit catégoriquement Nicholas.
- Ok… J’arrive ! » Déclara l’homme tout en raccrochant.
Soulagé, Nicholas décida de prendre une douche en l’attendant, fermant
soigneusement la porte. Ceci fait, son beau frère n’étant toujours pas arrivé,
il prit un livre et s’installa dans son fauteuil. Ce fut seulement, une
demi-heure plus tard qu’une personne cogna à la porte. L’archéologue releva les
yeux puis fixa en direction de la porte. Tout d’abord silencieux, il entendit
les grognements plus que reconnaissable de sa sœur. Se détendant malgré la
présence de celle-ci non prévue, il posa son livre pour ouvrir. A peine eut-il
le temps de la déverrouiller qu’une furie lui sautait dessus, le saisissant au
col afin de le secouer comme un vieux prunier.
- Qu’est-ce que tu me cache encore ??? » Hurla-t-elle en le tenant toujours.
- S… Sy… Sybell… Ca…. Calme-toi…. » Supplia le cadet pourtant habitué à l’humeur
éclatante de sa sœur. « J… J’avais… Juste besoin… De bras forts… »
- De bras forts ? » Interrogea Lawrence en haussant un sourcil.
Pour seule réponse, toujours entre les mains de son aînée, Nicholas montra la
caisse en bois. Le blond suivit le doigt du regard pour observer l’objet en
question.
*****
Sa cible manquée, le brun avait décidé de retourner chez lui pour se préparer à
aller travailler. Remontant au nord de la ville, passant par les toits comme
toujours, il se rendit à l’angle de Crawford Street et Baker Street. Il s’assura
qu’aucun passant ne soit dans les environs avant de se laisser glisser le long
du mur. Il se posa sur un petit balcon puis poussa une fenêtre donnant sur un
salon. L’homme pénétra dans la pièce, tel un félin et se libéra de sa cape. Il
se dirigea ensuite dans la salle de bain. Il fit couler l’eau, s’assurant de la
température puis se rendit dans sa chambre afin de préparer sa tenue de travail.
Cette dernière était composée d’un magnifique pantalon en cuir noir ainsi que
d’une chemise blanche dont les trois boutons du haut étaient ouverts. Autour du
col de cette dernière, une cravate pendait, non serrée. Ceci prêt, il disparut
dans la cuisine, se servit un verre qui semblait être du jus de tomate avant de
retourner dans la salle de bain et se dévêtir. C’était un rituel dont il avait
l’habitude depuis qu’il était arrivé à Londres. Des gestes rassurants dans un
monde qu’il savait en rien rassurant. Il se glissa doucement dans l’eau et
profitant de la chaleur ambiante, il porta le verre à ses lèvres. Le liquide qui
les toucha provoqua chez lui un léger dilatement de ses pupilles. Appréciant
l’apport que le jus engendra dans son corps, il se permit une détente de
quelques minutes. Son esprit alors se perdit dans les méandres de son esprit,
ressassant des souvenirs anciens mais pourtant précieux…
Ce fut le gong d’une église qui le ramena à la réalité. Portant son regard sur
une vieille horloge, il constata l’heure tardive. Il se hissa hors de la
baignoire puis se dirigea vers la chambre tout en s’essuyant avec attention. Il
enfila ses vêtements et se dirigea vers la sortie après s’être assuré que tout
était en ordre dans l’appartement. Il aimait que chaque chose soit à sa place,
légèrement maniaque mais surtout prudent, ainsi certain de ne recevoir aucune
visite indésirable.
Descendant Crawford Street, mains dans les poches, il ne lui fallut pas plus de
cinq minutes pour atteindre le club dans lequel il travaillait. Après un bref
salut au vigil de l’entrée, il regagna sa loge. Il possédait une place
relativement prisée dans ce club nommé le « Blue Moon ». Chanteur à la voix,
selon ses patrons, magique, il s’était retrouvé en ce lieu sans vraiment l’avoir
recherché. Le hasard avait, une fois de plus, joué en sa faveur. Se concentrant
dans le silence tant apprécié, il fut détourné de ses pensées, par l’entrée
importune du barman.
- Monsieur Isaiah ! Le patron vous demande dans son bureau. » Avertit-il en
fixant le visage de ce dernier dans le miroir.
- Ok… » Fut la seule réponse du chanteur.
Ce dernier ne se soucia pas plus du regard du jeune homme, étant habitué à ce
genre de chose. Il sembla d’ailleurs ne pas le remarquer, un peu comme s’il ne
le voyait pas ou comme s’il cherchait délibérément à l’ignorer. Il devait aussi
reconnaître que les regards portés sur lui étaient plus que fréquent. La marque
sur son visage n’étant en rien discrète, le rendait curieux aux yeux de
beaucoup. Celle-ci partait du haut du front pour redescendre lentement au milieu
de l’œil gauche, continuant sa course en dessous de ce dernier jusqu’au niveau
de la mâchoire. Au milieu de la joue, une autre ligne perpendiculaire lui
donnait l’aspect d’une croix inversée. Elle ressemblait étrangement à un
tatouage de part sa couleur noire. Mais il était possible de voir en dessous la
peau légèrement abimée témoignant de la présence d’une cicatrice. Tout cela
expliquait, selon lui, les regards persistant sur sa personne.
Sans ajouter le moindre mot, il quitta la pièce pour rejoindre le bureau de son
patron. Il longea un long couloir, une main effleurant la moquette murale
couleur bleuté. Son pied cogna alors contre quelque chose de dur, lui signifiant
la présence d’un escalier qu’il gravit avec légèreté. Arrivant devant une porte
dans laquelle il buta, il fit un pas en arrière avant de cogner doucement,
grognant quelque peu contre sa maladresse. Un « oui » résonna, lui signifiant
qu’il pouvait entrer dans la pièce, ce qu’il fit sans la moindre hésitation. Ne
s’attardant pas plus sur la décoration du bureau, il s’avança avec assurance en
direction de son patron.
- Joshua… Installez vous je vous prie. » Invita doucement le maître des lieux. «
Il y a une chaise juste à votre gauche. »
Sans un mot, le brun s’assit, suivant les instructions avec soin. Il croisa les
jambes puis porta son attention sur son patron, le fixant d’un regard
étrangement vide mais pourtant perçant. L’homme retourna à sa place pour ouvrir
une petite boite dont il sortit du tabac à l’arôme épicé. Il bourra sa pipe
avant de l’allumer d’une geste habile de son briquet. Il la porta ensuite à ses
lèvres avant de rejoindre une fenêtre. Il observa un instant l’extérieur puis se
tourna vers Joshua, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.
- Vous savez que la police a mis un système de sécurité afin de protéger les
civils de l’égorgeur. » Rappela-t-il d’une voix calme.
- Oui… » Coupa le chanteur un poil grincheux.
- Bien, donc à partir de maintenant… » Commença avec un sourire un peu plus
chaleureux l’homme. « Un homme viendra vous chercher et vous reconduira chez
vous. Les rues ne sont plus sûres pour un homme aussi important que vous. Je ne
tiens pas à perdre l’objet de mes recettes. »
- Pardon ? » Demanda avec un grognement Joshua.
- Antony, à partir de maintenant, viendra te chercher et te ramènera. »
- Il est hors de questions qu’on vienne me chercher. » Eleva la voix le brun
agacé. « Je suis parfaitement capable de me mouvoir seul et sans aide. »
- Ce n’est pas discutable. » Rappela à l’ordre l’homme en évacuant un peu de
fumée de sa pipe. « Maintenant vous pouvez aller travailler. »
Sans écouter les protestations de Joshua, Jon Bramfield, homme âgé d’une
quarantaine d’années, regagna son bureau tout en replaçant une mèche rousse
derrière son oreille, signe distinctif de ses origines écossaises. Comprenant
qu’il serait vain de discuter plus, le chanteur se leva pour quitter la pièce.
Un brin irrité, il sortit tremblant légèrement de colère. Il gagna l’estrade et
se plaça derrière le micro puis commença à chanter. La situation ne lui plaisait
pas mais il savait qu’il devait garder cette couverture pour continuer son
enquête et sa chasse. Sa voix s’éleva comme le chant d’un ange, provoquant un
silence presque complet dans la salle. Tous les regards se tournèrent vers lui
et le spectacle commença.
*****
Le déménagement de la stèle finit, tous, comme un accord, avaient rejoint
l’appartement de Sybell et Lawrence. Ils partageaient donc avec bruit, un
copieux repas préparer par les soins de l’hôtesse de maison. Nicholas devait
avouer qu’il appréciait ce jour de semaine. Cela le changeait des plats tous
préparés, surgelés ou déshydratés. Mangeant donc en silence sans écouter les
remontrances de sa sœur qui n’avaient pas cessés depuis leur départ, il
réfléchissait à la façon dont le colis était arrivé chez lui. Ce fut un «
Nicholas » assez dur qui le ramena à la terrible réalité. Levant ses yeux bleus
sur son interlocutrice, il lâcha un léger soupir en l’entendant.
- Tu devrais prendre plus soin de toi ! » Reprocha-t-elle en agitant un doigt
réprobateur devant son visage. « Je ne t’ai pas élevé comme ça ! Tu devrais
faire plus attention à ce que tu manges ! Je n’ai qu’un frère et je ne tiens pas
à le perdre. Et regarde moi ces fringues… On dirait un sans abris ! Demain je
t’emmène faire les magasins, il est temps de refaire ta garde robe ! »
Elle aurait pu continuer longtemps ainsi si Lawrence n’était pas intervenu,
voyant qu’à ce rythme ils n’étaient pas couchés. Dans un sourire presque
manipulateur, le blond se tourna vers sa femme et posa sa main sur son épaule
afin de la faire s’asseoir. Son regard clair transperça les émeraudes de sa
femme.
- Voyons, voyons ma chérie… Il est assez grand pour s’habiller comme il veut
maintenant. » Rappela-t-il avec douceur.
- Mais tu ne comprends pas, tu n’as pas vu ses placards ! Et ses vêtements ! »
Répliqua Sybell en tirant les vêtements de son frère, démontrant ainsi l’état
lamentable de l’objet de la dispute.
- Mais rappelle-toi qu’il a quand même vingt-sept ans. » Temporisa Lawrence en
souriant toujours.
- Oui mais il n’agit pas comme un homme de son âge ! On dirait un adolescent !
Rien de plus ! » Contra la jeune femme agacée.
Soupirant, Nicholas se leva doucement et offrit un sourire charmeur à sa sœur
avant de lui faire un bisou sur la joue. Il replaça ses lunettes décorées d’un
morceau de scotch sur la branche droite, avant de reculer un peu. Il se redonna
forme en remettant son pull une taille trop grande pour lui, faisant glisser la
natte sur son torse. Voyant cela, le brun la fit repasser derrière puis reporta
son attention sur son ainée.
- Mais si je mangeais correctement tous les jours, comment voudrais-tu que
j’apprécie tes délicieux repas après ? »
Sybell, surprise par le compliment, resta silencieuse, ne sachant pas quoi
répondre. Un léger rougissement teinta ses joues. Amusé, l’archéologue prit son
assiette ainsi que celle des maîtres des lieux, débarrassant la table. Il avait
clos le sujet à sa façon, évitant ainsi une quelconque dispute. Il savait depuis
le temps comment prendre sa sœur. La fin de la soirée se passa sans accros, un
jeu de Cluedo la concluant avant que le brun ne rentre chez lui et ne s’atèle à
l’objet énigmatique qu’était la stèle.
A suivre …