Le troubadour de la Mort





Titre :  Le troubadour de la Mort
Auteur :  Myushi
Chapitre : 02
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur, on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Pensée

Disclamer : Tous les personnages sont à moi


Masques


La soirée fut étrangement courte. Joshua arriva à sa dernière chanson assez rapidement. Ce qui l’arrangeait pas mal sachant qu’il n’avait qu’une hâte, rentrer chez lui, et se concentrer sur la piste qu’il avait suivit aujourd’hui. Il ne faisait pas attention au public qui se trouvait devant lui. Il ne le voyait pas. Il se focalisait simplement sur les notes du piano, glissant dessus avec des paroles qu’il avait écrites, il y a bien longtemps déjà. Il se souvenait de ces moments d’isolation ou sa plume tombait sur la feuille blanche et la noircissait avec une facilité qu’il n’avait jamais comprise jusqu’à maintenant. Enfin cela n’était pas pour lui déplaire. Bien au contraire, il appréciait ces moments bien trop rare à son goût. Cependant, il ne s’en plaignait pas. Aujourd’hui, il les vivait et sans vraiment en avoir eut la volonté, il les partageait avec tous les clients qui venaient chaque soir au « Blue Moon ». Sortant de ses pensées peu à peu, il entendit sa voix s’élever dans la pièce, remarquant soudainement le silence des lieux. Il crut l’espace d’un instant que la salle s’était vidée, mais le souffle des personnes encore présentes lui démontra le contraire… Alors, simplement, naturellement, il continua son chant de sa voix mélodieuse et captivante, sombre mais enivrante. Un mélange qui faisait que tous les soirs, il faisait salle comble…



« Lune aux reflets dorés illumine le cœur des innocents,

Fait que ton hymne, tes rimes deviennent leur chant,

Eclaire leur voie de tes rayons aux si beaux éclats.

Lune aux reflets dorés fait fuir des rues le néant,

Protège de ta lumière la vie de tous tes passants,

Nuit aux ombres qui nous causent tant d’embarras.



Un chant s’élève, une prière nous veillait,

Fuyez le chant, ne restez jamais présent.

Un chant se meurt, une autre prière naît,

Le chant a été écouté, tout devient néant.



Lune aux reflets écarlates défend le cœur des innocents,

Fait que ton hymne, tes rimes deviennent leur tourment,

Montre leur la voie à suivre pour fuir tes rayons alarmants.

Lune aux reflets écarlates hurle tous tes avertissements,

Démontre à tous ces vivants le danger toujours présent,

Défavorise le chasseur qui cherche à causer l’affolement.



Un chant s’élève, une prière nous veillait,

Fuyez le chant, ne restez jamais présent.

Un chant se meurt, une autre prière naît,

Le chant a été écouté, tout devient néant.


… »



Le chant continua et finit par se perdre dans un avertissement. Les nuits étaient dangereuses, Joshua voulait le démonter. Cependant, son texte ne causa que des applaudissements. Il n’eut pas la moindre réaction quand au contenu des rimes, juste des commentaires par-ci, par-là. Ainsi, le brun put entendre une critique quand au fait que le texte de cet artiste était toujours sombre et mélancolique. Une autre trouva qu’elle ressemblait à un conte destiné à prévenir les jeunes enfants. Mais personne ne comprit le rapport avec l’actualité. Dépité, ne s’attendant néanmoins pas à des miracles de la part de ces derniers, il se contenta de s’incliner pour tout remerciement et quitter la scène afin de rejoindre d’un pas toujours aussi léger sa cabine. Au moins, dans ce lieu, il pouvait se détendre, baisser un peu sa garde… Enfin c’était son but tout du moins. Mais ce ne fut pas dans l’idée d’Antony. Comme on lui avait ordonné, il attendait le chanteur dans sa cabine pour lui servir de chevalier servant. Grognant en sentant son odeur, le brun faillit faire demi-tour sans entrer dans sa loge. Mais un souvenir du fait que ses affaires étaient dans cette pièce l’obligea à changer d’idée. Peu ravi de cela, il entra en faisant en sorte d’ignorer complètement son envahisseur. Ce qu’il savait faire à merveille à présent. Il se dirigea donc vers ses affaires, attrapa sa veste, ses papiers qu’on avait dû lui poser quand il était sur scène, puis se dirigea vers la sortie. Il espérait qu’ainsi, il se débarrasserait du chien-chien qu’on lui avait imposé…



- Monsieur Isaiah, de l’autre côté je vous prie… » Indiqua enfin le jeune homme qui n’avait rien dit jusqu’à présent, respectant la volonté du chanteur. « Ma voiture est au parking. »



Joshua grogna en entendant la voix du « chien-chien ». Un gamin… On lui avait refilé un gamin dans les pattes. Il devait avoir quoi ? Vingt-cinq ? Vingt-six ans à tout casser… Qu’est-ce qu’un gamin de cet âge pouvait faire contre l’étrangleur ? Cette pensée le fit encore plus grogner, alors qu’il fit volte-face devant Antony qui n’avait pas bougé d’un centimètre devant sa réaction.



- Je rentre à pied. » Gronda t’il en appuyant d’un doigt sur le torse d’Antony. « Et si cela ne te plait pas Gamin et bien tu as le droit de prendre ta voiture et m’oublier. »



Le garde du corps n’était nullement impressionné par Joshua. En fait, il était plutôt ravi que monsieur Bramfield lui ait confié sa protection. Il se sentait important d’un coup. Et puis, il devait avouer que ce chanteur avait une étrange réputation dans le club. On le voyait comme un fou à la voix d’or. Un type qu’il ne valait mieux pas approcher. Un type bizarre en clair… Et Antony voulait savoir en quoi tout le monde le trouvait bizarre. Lui, il le trouvait plutôt intriguant, énigmatique et magnétique. Et ce n’était pas ce tatouage qu’il avait sur l’œil gauche. Quoique... Il s’interrogeait tout de même. Ce n’était pas très courant et particulièrement discret. Surtout pour un homme qui faisait tout pour passer incognito… Un homme de l’ombre. Cette pensée obtint un sourire de la part du jeune homme qui passa sa main dans ses cheveux châtain, les ébouriffant un peu. Laissant Joshua passer devant, il en profita pour détailler du regard l’homme qu’il devait protéger. Il apprécia la vue que lui offrait l’énigme vivante. Cependant, ce regard dévia quand l’impression d’un froid, dans son dos, le fit se retourner. Il observa la rue cherchant du regard la cause de cette sensation. Mais il ne vit rien. Tout était désert. Seul le brouillard était visible, ce dernier se levant à l’horizon. Jugeant que ce n’était qu’un effet de son imagination, il revint à son protégé.



- Monsieur Isaiah ! Prenez la route principale, je vous prie. A cette heure-ci, les ruelles ne sont pas sûres. » Rappela le jeune homme avec un fin sourire.

- Hm… »

- Déjà que je vous ai autorisé de rentrer à pied, écoutez-moi, s’il vous plait. »



Ne prenant pas la peine de répondre à la plaie qui lui servait de garde du corps, Joshua pénétra dans une rue secondaire avant de glisser une main dans sa poche et sortir une boite égyptienne. Dedans, il prit un fin cigare qu’il avait fait faire. D’un geste travaillé, il coupa l’extrémité avant de l’allumer et le déguster. Anthony fixa le brun, gardant son sourire amusé. Il se doutait bien que le chanteur n’allait pas l’écouter aussi facilement. Néanmoins, il aurait préféré que cela soit le cas. La tache aurait été bien plus simple. Evoluer dans une semi pénombre n’était pas chose aisée…En effet, un lampadaire sur deux fonctionnait alors que les autres s’amusaient à scintiller pour finir par s’éteindre complètement. Soupirant, il accéléra un peu pour passer devant son protégé. Agissant ainsi, il fit stopper Joshua qui lâcha un grognement devant la vitesse qu’avait employé l’homme de main.



- Veuillez éteindre ceci, je vous prie. Nous ne nous sommes déjà pas à notre avantage alors fournir un moyen de détection n’est pas la meilleure chose. Monsieur Bramfield me tuerait s’il vous arrivait quoi que ce soit. »



Ne préférant pas répondre au jeune homme, le chanteur le contourna tout en glissant son cigare vers ses lèvres, jugeant qu’il n’avait rien à craindre. Haussant les épaules, le châtain décida de suivre l’homme, sautillant presque amusé par les provocations de son cadet. Il appréciait sa façon d’être, différente des autres tout en affirmant ses propres choix. Il resta cependant sur ses gardes, prenant aux sérieux le travail que son patron lui avait confié.



*****



Nicholas était depuis deux heures devant la stèle de granit, cherchant à déceler un indice qui pourrait l’aider dans son travail de traduction. Mais plus il cherchait, moins la réponse venait. Ce casse tête que lui avait envoyé Kent était des plus mystérieux. Cependant, il trouva la même introduction qu’au début du livre, à savoir un scarabée, où une prédiction annonçait un affrontement entre deux émissaires, celui de Râ et celui de Seth. Glissant une feuille de papier carbone sur le dessin, il passa le crayon fusain avec délicatesse dessus afin de copier l’inscription. Il prit un soin minutieux afin de relever chaque détail et ainsi n’oublier aucun symbole. Il voulait vérifier si tout était identique à l’introduction de ce livre qui lui avait coûtée sa place. Ceci fait, il ouvrit le coffre, caché derrière une série de parchemins anciens pour en saisir l’ouvrage. Le jeune homme l’ouvrit puis glissa le calque à côté de la gravure avant de les comparer.



- Identique… » Murmura-t-il en les fixant.



L’égyptologue avait peine à croire ce qu’il voyait. C’était impossible… Pourtant il l’avait devant les yeux… Se redressant brusquement, pris par de nombreuses interrogations, il se dirigea vers son téléphone et tenta d’appeler Kent, le responsable de cet envoi. Après avoir composé rapidement le numéro, il attendit quelques secondes avant de découvrir que son ami n’était plus joignable ou hors de réseau. Intrigué, sachant parfaitement qu’il devait rester au Caire durant quelques jours, il raccrocha pour téléphoner à l’hôtel habituel où tous deux descendaient lorsqu’ils se rendaient à la capitale. Les indicatifs correspondant saisis, Nicholas eut juste à attendre deux sonneries avant qu’une voix avec un léger accent arabe ne lui réponde.



- Hôtel Casabianca, Ofir, j’écoute. Que puis-je pour vous aider. » Demanda, respectueusement, l’homme au bout du fil.

- Ofir, c’est Nicholas. Est-ce que Kent est là ? »

- Oh ! Monsieur Willis, cela fait longtemps que nous ne vous avons pas vu. Alors… Monsieur Abbey… Monsieur Abbey… »



Nicholas put entendre les bruissements d’une page et supposa qu’il cherchait dans les pages de son registre. Il décida donc de patienter en attendant que son interlocuteur lui donne une réponse. Il était vraiment inquiet pour son ami. Il trouvait que ces derniers temps de nombreuses choses étranges survenaient. Et il ne parlait pas de cet assassin de l’ombre que tous nommaient Jack the Bloodsucker. Non… Il y avait autre chose… Assez important pour le tracasser au point de lui offrir des nuits tourmentées.



- Monsieur Willis, je suis désolé mais il semblerait que Monsieur Abbey semble être parti depuis deux jours déjà. Il nous a même laissé ses affaires, ce qui m’a beaucoup surpris. Je suppose donc qu’il va revenir dans quelques jours. Désirez-vous que je lui laisse un message ? » Demanda le réceptionniste avec calme.

- Deux jours ? » interrogea le brun surpris tout en rajustant ses lunettes décorés d’un morceau de scotch sur la branche droite. « C’est impossible… Il m’a appelé cet après midi… Il était encore au Caire. »

- Je vous assure monsieur Willis, sa note est payée… » Confirma l’homme.



Perturbé par cette nouvelle, Nicholas raccrocha au nez d’Ofir sans même s’en rendre compte, cherchant à rassembler ses idées pour comprendre ce qui s’était passé. Cependant, aucunes réponses logiques ne venaient en son esprit. Décidément, quelque chose n’allait pas. Et cela ne plaisait pas à l’historien.



- Que se passe t’il ? Où est donc Kent ? Comment as t’il pu avoir cette stèle ? … qu’est-ce que tout cela peut-il donc signifier à la fin ? »



Le professeur est dans le noir total. Il posait donc les questions à vive voix, espérant ainsi que les réponses lui parviendraient plus facilement. Mais ce souhait fut vain. Tournant, virant, plus qu’inquiet dans son salon, le jeune homme sursauta quand un bruit derrière la porte se fit entendre. Cela commença par des bruits de pas… Puis, lentement, les bruits de pas se transformèrent en tentative d’ouverture de la porte de son appartement. Le brun resta comme figé devant la scène. Il fut dans l’incapacité de faire le moindre mouvement. C’était comme si quelque chose, en lui, lui hurlait de ne pas bouger. De faire le mort en quelque sorte. Pourtant, les battements de son cœur qui accéléraient et amplifiaient au fur et à mesure que le mouvement sur la poignée de sa porte se précisait démontrait la chose inverse. Il était bel et bien en vie. Et donc, il devait réagir…



Mais pour faire quoi ? Là était toute la question. Nicholas n’était pas le genre de personne à prôner la violence ou tout simplement savoir se battre. Il laissait cela à sa sœur qui elle ne réfléchissait pas à deux fois avant de foncer et agir. Cela avait été toujours été son problème… Il réfléchissait trop ! Un déclique se fit entendre… Il devait réagir. C’était urgent ! Réalisant ce fait, l’archéologue se mit en mouvement. Il regarda à droite, puis à gauche. Il devait agir… vite ! Réfléchissant encore plus que d’habitude, il analysa chacune de ses possibilités. La première fut d’abord de sortir le plus vite possible par la fenêtre de la cuisine. Mais il se rappela que l’échelle de secours était tombée l’année dernière et qu’elle n’avait toujours pas été réparée. Il repoussa donc cette possibilité dans sa tête. Il songea aussi à se cacher dans le placard mural de sa salle de bain. Mais l’idée lui sembla moins enthousiasme quand il se rappela qu’il n’était plus un garçon de dix ans. Continuant donc de chercher, son regard balayant toujours son appartement, s’arrêtant de temps à autre sur la poignée qui semblait sur le point de rompre. La panique se fit alors plus grande…



Mais pourquoi paniquait-il ? Après tout, il s’agissait peut-être de sa sœur qui était revenue pour lui parler encore de ses cheveux et de ses vêtements. Elle a dû oublier ses clefs et donc elle cherchait à entrer par d’autres moyens… Non, impossible… Elle aurait sonné, grogné comme elle le faisait si souvent pour montrer sa présence. Ce n’était pas elle… Voilà pourquoi il paniquait… Car à part sa sœur, il n’avait personne. Pas d’amis si ce n’était Kent… Mais Kent était en Egypte… Non tout ça n’était pas normal…



Nicholas, ne voulant pas connaître de réponses à ce mystère envahissant, trouva finalement une réponse. Elle était pourtant plus qu’évidente. Elle cachait un secret qu’il se demandait encore comment il avait pu y arriver. C’était cette pièce fermée… Ce lieu sécuritaire dans lequel il s’isolait pour avoir la paix nécessaire afin de travailler. C’était là qu’il devait aller. Prenant son carbone, il fila s’enfermer dans la pièce, prenant garde de conserver avec lui l’unique clef qui ouvrait les lieux. Il se cacha alors derrière un vieux bureau de chêne brun, avec le livre mystérieux qu’il serrait avec force contre son torse…



*****



Joshua avançait toujours avec calme dans les rues. Il avait décidé que ignorer son nouvel animal de compagnie serait la meilleure solution. Non pas qu’il avait une dent contre Antony. Il faisait ce qu’on lui disait, même s’il semblait prendre ce travail très à cœur. Cependant, il n’appréciait pas de l’avoir dans ses pattes. Il n’aimait pas l’idée de devoir compter sur une pièce non prévue au jeu de piste qu’il suivait depuis tant de temps à présent. Pourtant il allait devoir compter avec ça. Réfléchissant sérieusement à cette pièce non voulue, il relâcha une fumée blanchâtre de sa bouche. Il tapota avec nonchalance sur le cigare qu’il tenait en bout de doigts, faisant ainsi tomber un peu de cendre au sol. Il ne cherchait pas à savoir si du danger il y avait, car il savait pertinemment que ce soir, le tueur qui déferle avec gros titre dans les journaux avait déjà eu sa victime. Arrivant enfin à destination, une fois n’étant pas coutume, le chanteur entra par la porte. Il lui fallut un certain temps pour trouver ses clefs, une fois arrivé. Il devait avouer qu’il n’avait guère l’habitude de passer par là. Les trouvant enfin, il put monter au dernier étage de l’immeuble pour arriver à une porte qui semblait s’encastrer dans le toit.



Et c’était le cas. Antony fut assez surpris de voir qu’un homme de cette stature pouvait vivre dans un lieu comme celui-ci. Il voyait plus le chanteur dans un studio assez grand situé en plein milieu de Londres. Pas dans une rue non loin de celle où vivait le célèbre détective de l’auteur Sir Arthur Conan Doyle. Il y avait comme une opposition que le garde du corps ne s’expliquait pas. Entrant à la suite de ce dernier, il inspecta les lieux avec des yeux d’explorateur, voir presque inquisiteur. Le décor était simple. C’était vraiment modeste. Il n’y avait même pas de télévision. Comme il n’y avait aucun appareil électroménager, si c’était ce frigo qui bourdonnait. Le four et ses plaques de cuisson étaient vraiment basiques. Le décor était si sobre que dans un sens, le châtain ne sembla pas plus surpris que cela par ce qu’il voyait. En fait, à y réfléchir, il était le miroir de la personnalité de l’homme qui venait d’allumer une petite radio, pour se focaliser sur des informations. Réalisant ce fait, le jeune homme fit un pas, puis un second avant de finalement se diriger vers la cuisine. Il était curieux de voir de quoi se nourrissait son « protéger ». Après tout, ne disons t’on pas qu’on connaît à un homme à ce qu’il mange ? Antony voulait le vérifier. Cependant son geste fut arrêté alors que sa main saisissait à peine la poigné de l’appareil. Ressentant une vive douleur à la pression sur son poignet, il se tourna vers l’origine de cette réaction, pour la fixer avec une certaine surprise.



- Que… ? » Interrogea t’il dans la confusion.

- On ne touche pas ! » Répliqua froidement le brun avant de relâcher le bras et le repousser.

- Je ne voulais que grignoter un truc. » Mentit le garde du corps avec un fin sourire.

- Je ne suis pas un magasin alimentaire. Si vous avez faim, allez ailleurs ! »



S’amusant de la réaction de son vis-à-vis, Antony ignora les propos de Joshua et ouvrit l’objet de sa curiosité. Là, quel fut sa stupeur que de découvrir que des bouteilles de liquides rougeâtres qui ressemblaient fortement à du jus de tomate. Arquant un sourcil, il se tourna vers le chanteur, puis laissa le sourire l’envahir de nouveau. Cet homme était plaisant, intriguant mais tellement plaisant à découvrir. Chaque porte de son domaine semblait montrer une nouvelle facette de ce dernier. Un puzzle que plus le temps passait, plus le garde du corps souhaitait le découvrir.



- Et bien… C’est drôlement équilibré ce que vous mangez. Est-ce cela qui vous donne cette voix d’Ange ? » Interrogea Antony avec un certain amusement.

- Il n’y a pas d’Ange dans cet appartement ! » Coupa sèchement Joshua avant de le pousser sans la moindre retenu. « Maintenant, sortez de chez moi. Vous deviez jouer les petits chiens, pas venir chez moi pour inspecter le contenu de mon frigidaire !! »

- Et bien en fait… Si ! » Rectifia avec toujours autant d’amusement le jeune homme. « Je suis comme vous venez de le dire, un petit chien. Et comme tel, je ne dois pas vous lâcher d’un millimètre. En fait, vous m’aurez sur le dos, jusqu’à ce que l’égorgeur ne soit sous les verrous. D’ailleurs, je me demande pourquoi les autorités ont tant de mal à l’attraper. Enfin, cela n’est pas mon problème. Moi, je veille sur vous, c’est tout ce qui compte ! » Termina avec le sourire le châtain.

- Hm… »



Ne préférant pas entrer dans le sujet invoqué, Joshua décida de se rendre dans sa chambre, laissant en plan Antony et tout son blabla. Il tourna la poigné de cette dernière, il stoppa tout geste avant de tourner légèrement la tête et poser son regard azuréen mais pourtant glacial sur l’invité non désiré.



- On ne touche à rien ! On se la ferme ! Et surtout, jamais on ne pénètre dans cette pièce ! Si vous respecter ces termes, vous survivrez peut-être à cette nuit ! »



Sans attendre de réponses, il passa la porte de sa chambre pour finir par claquer derrière lui. Il alla rejoindre son lit avant de sortir sous ce dernier un coffre. Il l’ouvrit pour en sortir une petite bouteille. Il ingéra le contenu avec rapidité avant de grimacer. Décidément, tout ça n’était vraiment pas bon froid. Il le préférait chaud. Mais ne pouvant guère faire autrement, il se contenta de cela, avant de repousser le coffre sous le lit et s’allonger. Il devait réfléchir, agir, et surtout trouver un moyen de semer le petit chien pour continuer sa chasse qui reprendrait que demain. Fixant ainsi le plafond, il se laisser tomber dans ses pensées.



Antony cligna des yeux devant l’avertissement avant de se mettre doucement à rire. Décidément ce chanteur ne manquait pas d’aplomb. Souriant comme à son habitude, il chercha de quoi s’occuper, décidant, pour le moment, d’obéir à son hôte. Mais s’il ne trouvait pas vite quelque à faire, il était certain que violer quelques règles seraient un divertissement plus que plaisant. Visitant donc les lieux avec un grand intérêt, il put remarque que si la technologie n’était quasiment pas présente ici, la lecture elle dominait. Il y avait une bibliothèque qui ferait rougir de honte certaines bibliothèques de quartier. Le châtain s’avança et prit un des livres. Il l’examina et recommença ce petit rituel sur deux ou trois autres titres avant de finalement se lasser de cela et de décider de passer à autre chose. La visite des lieux fut assez courte. L’appartement n’était vraiment pas grand.



Souriant à nouveau à cette idée, le jeune homme se retrouva nez à nez avec la porte interdite. Là s’imposa un cruel dilemme. Y aller ou ne pas y aller ? La question était grande et la réponse loin d’être simple. Une petite voix lui criait : « Vas-y ! De quoi tu as peur ? Il ne parlait pas sérieusement après tout. Et puis, il n’est guère poli d’abandonner ainsi son invité. ». Antony acquiesça à ces paroles pleines de logique. Mais cela déclencha une autre petite voix. Elle était plus posée. Elle disait : « Pourquoi chercher toujours les ennuis ? Cet homme est chez lui. Il a le droit à un peu d’intimité. Tu devrais respecter cela. ». Chassant ces paroles qui étaient trop sage pour lui ; le garde du corps attrapa la poignée de la porte et se mit en tête de la tourner. Après tout, ce n’était pas sa faute si l’ennui commençait à l’envahir. Cependant son geste fut vite stopper quand la dite poignée lui échappa des mains, offrant à son regard l’ouverture de la porte. Et surtout, derrière cette derrière, deux pupilles cristallines qui brillaient tellement qu’on donnait l’impression que la Mort était devant soi. D’abord déstabilisé par cela, le châtain se mit à sourire de plus bel et s’écarta du chemin de son hôte.



- Et bien, c’est de la synchronisation ! J’allais justement te rendre visite… » Antony avait décidé de passer au tutoiement. « Parce que je dois avouer que j’ai une faim de loup et qu’à part tes livres et ton jus de tomate ou autres fruits rouges, il n’y a rien à manger. Ou bien as-tu une réserve secrète dans ta chambre ? » Provoqua avec toujours autant d’amusement le jeune homme.

- Hm… »



Sans dire un mot, Joshua attrapa Antony par la gorge. Sa main serra sans retenue cette dernière, le forçant ainsi à reculer.



- Euh… Joshua… Tu sais… Il n’est pas bien venu de tuer l’homme qui veille sur soi ! » Tenta de tempérer le châtain malgré la douleur lançante à son cou.

- Et ? Je me moque de toi ou de ta fonction… » Annonça Joshua tout en serrant un peu plus sa prise. « J’avais dit de ne pas entrer dans cette pièce… »

- Oui… j’avoue… Mais voyons, c’est comme dire à un enfant de ne pas toucher au chocolat qu’il préfère et l’exposer à ses yeux. Il finit forcément pas craquer… » Coupa Antony avec un argument qu’il espérait favorable pour sa survie.

- Mais l’enfant est toujours puni ! » Rappela le chanteur en serrant un peu plus sa main sur sa prise.



Le regard de Joshua était perçant. Antony le remarqua immédiatement quand son regard croisa celui de son vis-à-vis. A ce moment précis, le jeune homme se dit que celui qui avait besoin de protection à l’heure actuelle n’était pas la personne désignée par son patron, mais lui. Plus ses yeux se perdaient dans ceux de son protéger, plus un froid qu’il n’avait jamais connu parcourrait son échine. De plus, son souffle se faisait court. Il haletait… Non suffoquait. A ce rythme, il allait rejoindre plus vite que prévu ses ancêtres. Et cette idée ne lui plaisait pas particulièrement. Sentant ses idées se brouiller, il réalisa soudainement que la force qu’on exerçait sur son cou n’était pas habituelle. Il avait souvent eu à faire à des bagarres où son cou était en danger, mais jamais cette sensation de vulnérabilité, de faible, face à une main se montrant aussi grande. Même le molosse du bar à « rencontres » ne lui avait pas procuré une telle sensation. Tout devenait brouillard. Instinctivement, il tentait de repousser l’agression étouffante, mais il était l’enfant face au géant. Incapable de se défendre, à la merci de son assaillant, il était devenu la cible…



- Arrête… assez joué… j’étouffe… » S’exclama le garde du corps afin d’alarmer Joshua.



Cependant, Joshua n’arrêta pas. Il continua sa pression jusqu’à que le corps perde toute résistant et s’écroule. Il le fixa un instant avant de le prendre sur son épaule dans un grognement.



Et voilà, mon instinct a encore pris sur ma raison…



Soupirant devant cet état de fait, il sentit cependant un souffle dans son coup quand il fit basculer le corps inconscient. Il était donc toujours en vie. Tant mieux… Il se voyait mal comment expliquer à ce cher monsieur Bramfield comment son homme de main avait pu se retrouvé mort, étranglé, dans son appartement. Il se dirigea vers le grand canapé et l’y déposa. Il dut chercher dans ses affaires un linge qui puisse être déposé sur le front d’Antony mais qui ne trahisse pas certaines facettes de sa personnalité. Et il le trouva sous e lavabo de la cuisine, dans une pile de vieux torchons. Il le passa sous l’eau froide avant de le mettre sur le front de l’inconscient. Grognant devant ce dernier, il attrapa un livre : « Antigone » de Sophocle, et s’installa dans son vieux fauteuil avant de se plonger dans son ouvrage. Il ne savait pas ce qu’il allait se passer ensuite. Peut-être allait-il le faire fuir ? Non, il en doutait… Ce type n’était pas du genre à s’effrayer pour ce genre de chose… Non, au contraire, il allait encore plus le coller. Le faire chanter ou un truc de ce genre, il en était persuadé. Cette pensée capta un grognement de la part du chanteur alors que ce dernier se plongeait véritablement dans sa tragédie grecque…



*****



Un coup de téléphone retentit dans la pièce silencieuse. Les bruits de pas stoppèrent. Nicholas, toujours caché, tendit l’oreille. Un bruit de froissement de vêtements se fit alors entendre, alors que la poignée de son refuge était saisit pour être tournée. Mais le geste fut vain, puisque la porte était close. Le téléphone continuait de retentir alors que l’inconnu commençait à s’agacer sur la porte qui osait lui résister. Il eut un coup, une sonnerie, un autre coup, encore une sonnerie avant qu’un geste que l’égyptologue qualifia de violent ne l’arrête. Puis, brusquement, l’assaut recommença. Nicholas sursauta devant le geste avant de serrer que plus son livre. Il fallait que quelqu’un arrive. Et vite… Etrangement, il avait un mauvais pressentiment. Un « je ne sais quoi » qui continuait de le harceler. Cette petite voix qui lui hurlait de fuir très vite avant que l’irréparable n’arrive.



Il ignorait pourquoi tout d’un coup tout cela lui arrivait. Kent qui n’était pas là où il lui avait dit. Cette personne qui semblait à tout prix rentrer dans cette pièce. Et pour lui, les deux choses étaient liées. Il était facile de le savoir, il n’y avait qu’à écouter les murmures de l’autre côté de la porte. Cette voix déroutante à la fois douce, captivante mais en même temps effrayante, glaciale. Nicholas n’aimait pas cela. Il n’aimait pas ce frisson qui lui parcourait toute la colonne vertébrale. Il détestait cette sensation d’être une souris en proie à un chat qui ne désirait qu’il chose : jouer avec lui avant de le dévorer. Cette pensée le fit d’ailleurs blêmir alors que la voix continuait de se faire entendre…



- Je sais que tu es là… Sort d’ici… Soit un gentil garçon… Mon maître le veut ! Il l’attend… Ouvre petit humain !! »



Petit humain ? Son maître ?



L’archéologue était de plus en plus dans le brouillard. Mais que racontait ce type ? Qui était-il ? Les questions restaient entières. Et il voulait connaître les réponses à tout cela. Mais parallèlement, il ne voulait rien savoir. Il désirait disparaître et se faire oublier du monde entier… Nicholas n’aimait pas cela… Alors qu’il se redressait, cherchant le téléphone de secours du regard, il fut arrêté brusquement au craquement du bois de la porte qui lui servit d’unique bouclier. Il tourna vivement la tête vers l’objet du bruit pour découvrir avec horreur un visage loin d’être commun…



- Je t’ai trouvé… » Siffla l’inconnu tout en arrachant un morceau de la porte pour attraper la serrure et s’ouvrir la pièce.
 


A suivre …