Le troubadour de la Mort
 





Titre :  Le troubadour de la Mort
Auteur :  Myushi
Chapitre : 04
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur, on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Pensée

Disclamer :
Warning, présence de scènes de violence, de meurtres et autres…


Jack sort les griffes


- Allez, dépêches-toi Ambre, nous allons manquer le dernier métro ! »

- Oui, oui… j’arrive ! »



La jeune fille venir de finir d’attraper quelques notes qui juchaient sur son bureau. S’agaçant ouvertement de la remarque de son camarade, elle prit néanmoins le temps de remettre une mèche rousse de cheveux derrière son oreille. Ces derniers, pourtant attacher solidement en longue queue de cheval, avaient la fâcheuse habitude de venir lui cacher la vue au mauvais moment. Elle enfila alors sa veste et se tourna vers ses amis qui eux étaient prêts depuis dix bonnes minutes.



- C’est incroyable… C’est toujours la même qu’on attend chaque soir. Ce n’est pas Ambre que tes parents auraient dû t’appeler, mais Désirée ! » S’amusa le jeune homme avec un sourire triomphant motivé par les rire de ses amis autour de lui.

- Ha ! Ha ! Ha ! Je suis morte de rire ! Bon on y va ? Je croyais que nous étions pressé ! » S’agaça Ambre, affaire en mains, se dirigeant vers la sortie.

- Roh… Allez, ne t’énerves pas Ambre. Sébastian voulait juste rire un peu. Tu le connais… »



Océane, qui voyait que la conversation allait mal tourner, tenta de temporiser les évènements, tout en rattrapant la fuyarde.



- Oui… Justement ! C’est bien ça le problème ! » Soupira la jeune fille, ralentissant cependant le pas.



Satisfaite de la réaction de Ambre, Océane laissa son sourire regagner son visage, chassant ainsi l’inquiétude de l’arrivée d’une nouvelle dispute. Elle en avait connu des disputes avec ces quatre là. Ils étaient comme chien et chat, toujours à se chercher, alors qu’ils se connaissaient depuis l’enfance. Parfois, c’était amusant, mais d’autre fois, c’était vraiment sérieux. Ajustant son manteau, la jeune fille en profita pour dégager ses longs cheveux bruns de la prison qu’était ce vêtement. Elle regarda les autres, avant de sourire et se mettre à marcher à reculons.



- Allons, dépêchons-nous. Je ne tiens pas à manquer le dernier métro et rentrer à pied. En plus il fait déjà nuit… »

- C’est vrai. Je ne veux pas non plus traîner dans les rues ce soir… »

- Oh mais c’est que notre Ricky aurait peur ? Tu as oublié ta peluche pour te rassurer dans le noir ? »

- Ne recommence pas Sébastian, où on t’abandonne là ! »

- Mais Ambre… tu ne me ferais pas ça hein ? » Implora le jeune homme des yeux plaintifs.



Tous se mirent à rire devant l’expression presque comique de Sébastian. Détendant la situation comme par magie, ils continuèrent la discussion, alors qu’ils sortaient du grand bâtiment qu’était la bibliothèque. Le bruit qui les accompagnait incommodait les quelques passants qu’ils croisèrent. Ces derniers leur jetaient des regards réprobateurs à chaque croisement. Amusés de cela, les cinq jeunes gens continuaient leur cinéma. Il était certes tard, mais ce n’était pas grave. Il fallait bien s’amusé comme l’aimait si bien dire Tristan à ses camarades qui commençaient à sentir un sentiment de culpabilité. Mais ils n’agissaient pas ainsi pour se montrer irrespectueux envers les autres. C’était simplement un moyen pour eux de chasser leur peur. Car si Sébastian s’était moqué de Ricky, il ne demeurait pas inconscient de la crainte de ce dernier. Après tout, les gros titres des journaux étaient clairs, il ne fallait pas traîner dans les rues la nuit tombée. Et encore moins depuis que ce tueur en série sévissait dans les rues de Londres.



Et enfin l’entrée du métro se dessina devant leurs yeux. Tous assez soulagés d’arriver en un seul morceau au lieu voulu, se regardèrent mutuellement avant de s’engager dans les escaliers. Leur chahut n’avait pas cessé, pourtant peu à peu le silence se fit entendre. Un a un se séparèrent, chacun rentrant chez lui avec l’impatience d’un enfant se retrouver son doux foyer et la sécurité des lieux. Enfin presque tout le monde tout du moins. Ambre, elle, avait encore du chemin à faire à pied. Elle habitait deux rues plus loin, donc prendre le métro ne menait à rien. Ses amis la fixèrent assez inquiet, relevant leur regard, le comprenant sans mal, elle soupira en secouant doucement la tête.



- Ne vous en faites pas. C’est à côté. »

- Oui… mais bon… Tu es sûr que tu ne veux pas qu’on t’accompagne ? »

- Non… Ricky, rentrez, ça ira ! »



Après un sourire qui se voulait rassurant, la jeune fille s’éloigna après un bref signe de la main, laissant ainsi ses camarades rejoindre la bouche de métro. Elle n’était vraiment pas rassurée. Les rues de Londres étaient toujours sinistres quand la nuit était tombée. Le décor changeait du tout au tout. Elles étaient sombres, et étouffantes avec ce brouillard que se levait peu à peu. Cette impression était encore plus grande depuis que la panique s’était emparée de la population. Sursautant à chacun de ses pas, se sentant suivie, alors qu’elle savait parfaitement que c’était des effets de son imagination, la jeune fille se mit tout de même à presser le pas. Son cœur battait à tout rompre. Elle se frappa mentalement en réalisant ce fait.



Mais qu’est-ce qu’il te prend ma vieille ? Tu connais ce chemin par cœur. C’est toujours le même. Les mêmes rues… les mêmes lampadaires… les affiches… ah non, elles ont changés tient…



Et elle continua de se rassurer ainsi, gardant cependant ce nouveau rythme qu’elle s’était imposée. Et enfin, la rue qui la conduirait jusqu’à chez elle apparut devant ses yeux. Ca y était, le moment était venu de se détendre. Plus que quelque mètre et elle se moquerait de elle en se regardant dans le miroir. Heureuse de cet état de fait, elle ramena son sac sur son dos correctement, reprenant ainsi son sourire.



Tu vois… je te l’avais dit… inutile de t’inquiéter !



Elle avança de quelques pas quand dans son dos, une voix se fit entendre. Un « Veuillez m’excuser… » résonna dans la rue silencieuse. Surprise, elle se tourna doucement sur elle-même pour observer son interlocuteur. Et elle vit que c’était un homme. Un homme assez beau, grand, qui semblait pouvoir s’imposer n’importe où. Ambre, sans même s’en rendre compte, oublia sa volontaire première de rentrer et s’avança vers l’homme. Il ne semblait pas dangereux et tellement poli, pourquoi s’inquiéter ? Il n’y avait aucune raison. Elle offrit même un doux sourire à l’homme, ce qui aurait étonné Sébastian s’il l’avait vu. Ambre n’était pas le genre de personne à sourire comme ça. Il fallait une raison… et une raison sérieuse. Pourtant en cet instant, elle souriait. Remettant une de ses mèches de cheveux en place, elle s’immobilisa cependant à distance raisonnable. Il restait tout de même un inconnu, poli, certes, mais un inconnu.



- Oui ? Que puis-je pour vous ? »



Elle ne prononça aucun autre mot. L’inconnu, changeant du tout au tout, passant du gentleman au fou, fondit sur la jeune fille. Ambre chercha à reculer. Elle jeta même son sac à la figure de l’homme. Mais ce fut en vain. Son poignet fut saisi. Son cœur battait à tout rompre. Elle était morte de peur. Elle voulait hurler, demander de l’aide, mais les mots se perdaient dans gorge. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? Elle avait temps travaillé à sa thèse. Le professeur Willys lui avait même fait des compliments sur la théorie qu’elle avait avancé. Elle y arrivait enfin et… et… cet homme lui retirait tout en une seule fois… Alors qu’elle sentait sa vie quitter son corps, sentant l’homme s’emparer de son sang, elle sombra dans l’obscurité, pensant simplement à cette vie qu’elle manquait. Elle comprenait le nom qu’on lui affublait, mais regrettait que les médias soient aussi loin de la vérité… Mourant devant cet état de fait, son corps tomba à terre, et l’homme redevenu gentleman, reprit sa route, sans jeté un seul regard à l’enfant qui venait de le nourrir…



D’un pas léger, presque invisible, il disparut avec rapidité à coin de rue, pour disparaître on ne sait comment complètement… Un chant unique résonnait dans le vent…



                                                                                                                 Mélopée qui naît à l’ombre d’un soir,
                                                                                                                 Notes inspirées au détour d’un espoir,
                                                                                                                 Chant envoûtant enivrant mon cœur,
                                                                                                                 Illusion perdue, miroir de mes peurs.

                                                                                                                 Un ombre est derrière l’instrument,
                                                                                                                 Le piano pleure avec amertume.
                                                                                                                 L’âme lourde, j’écoute et j’entends.
                                                                                                                 Je découvre alors un autre sens…




*****



Allan était assit dans une ruelle crasseuse, en se pensant assit à l’abris de tout. Il était sans abris depuis presque quatre ans maintenant. Et cela ne le dérangerait pas. Il s’était habitué comme en témoignaient ses vêtements usagés mais sans trous. Il savait qu’un habit abîmé était la mort assuré. Alors il faisait en sorte que cela n’arrive. Oh ça n’avait rien d’évident. Les londoniens jetaient que très rarement des vêtements de basses qualités. Et c’était compréhensible. Allan ne s’en plaignait pas. Ainsi dans sa ruelle, il était bien. Plaquant ses cheveux noircit par le gras vers l’arrière, il était sous cet abri de fortune, tête posée contre le mur. Sa crasse faisait ressortir le vert presque transparent de ses yeux. Il donne l’impression d’être un être transporté ici par erreur. Pourtant aucune erreur n’était responsable de fait. Il était là et assumait.



Et il aurait pu rester ainsi un long moment si un bruit de pas n’avait pas attiré son attention. Curieux comme tout homme dans son cas, bien que ses semblables avaient plus tendance à fuir le bruit que s’en rapprocher, le brun sortit de son abri. Calme, il sortit de sa ruelle sécuritaire pour arriver en plein milieu d’une rue. Jusque là, il n’y avait rien d’anormal. Pourtant, il sentait comme un frisson qui lui parcourrait le dos. Un de ces frissons qui ne vous annonçait rien de bon. Cela ressemblait à un mélange d’angoisse et d’appréhension. Allan ne voyait pas en quoi aller dans une rue pouvait faire naître de tels sentiments. Après tout, il s’agissait d’une rue comme une autre. Plutôt certain de son raisonnement, il fit un autre pas. Cependant, ce pas fut de trop. Car son regard tomba droit sur une scène alors que son corps suivait avec naturel le mouvement imposé par sa tête…



Là, devant ses yeux, quelque chose d’inattendu… non affreux était le mot plus exacte… se dessina. Quelque chose qu’il n’aurait jamais cru revoir. Pourtant, il avait connu de nombreux évènements loin d’être enviable en Irak. Cependant ce qu’il voyait devant lui en cet instant n’avait aucune ressemblance à n’importe quelle atrocité due à la guerre. Comme figé, il ne put assister qu’à ce qu’il voyait. Comment une telle chose était possible ? C’était impossible. Cette scène était digne d’un film d’horreur de seconde zone. Un mélange du contre Dracula avec un autre film dans le nom lui échappait. Toujours était-il qu’Allan se sentait comme prisonnier de cette vision. Si jamais il pouvait bouger, il pourrait l’aider. S’il pouvait bouger, il pourrait fuir. Dans son esprit des milliers de suppositions se mélangeaient. Mais aucune n’atteignait le but de le faire bouger…



Aucune… Et réalité, une réussit l’exploit de le faire bouger. Une qui ne manqua de se faire entendre. Il était de toute façon trop tard pour… oui, beaucoup trop tard. Il devait fuir, s’éloigner à grand pas. Ce qu’il fit une fois que son esprit fut reconnecté au reste de son corps. Il ne lui fallut que trois pas pour rejoindre sa ruelle. Il décida de se planquer là, sans bouger, priant pour qu’on ne l’ait pas vu. Souhaitant au plus profond de son être qu’on ne croise plus jamais son chemin. Cette chose… cet être qui semblait pourtant si humain ainsi… Rien qu’en repensant au visage de ce dernier, Allan eut un frisson qui lui parcourut tout l’échine. Non, décidément, cet être n’avait rien d’humain. Réalisant avec horreur cette vérité, il se replia sur lui-même alors qu’à l’extérieur, les bruits des sirènes de police retentaient…



Un étrange coup de fil, anonyme, avait prévenu ces derniers qu’un nouveau meurtre avait eu lieu dans cette rue où seul le brouillard semblait à présent à son aide…



*****



Joshua avait du se faire à la présence d’Antony. Même après l’avoir assommé pour avoir la paix, il n’avait pas réussi à s’en débarrasser. Pourtant, il avait eu le droit à une série de complaintes de la part de ce dernier. Mais rien qui lui avait indiqué une voie pour se libérer de lui. Quelque peu résigné, mais fortement ennuyé, il dut continuer ses activités habituelles sous la protection d’un châtain qui ne savait même pas ce que signifiait le mot « vie privée ». Ce n’était pourtant pas faute de lui répéter, mais étrangement, ça rentrait dans une oreille pour en ressortir par une autre. Le chanteur s’était, par obligation des faits, habitué à sa présence. Autant dire que ça ne lui plaisait pas vraiment. Lui qui aimait sa solitude, il devait se faire à un être humain qui n’avait que pour but de le rendre chèvre. Heureusement, sa cécité l’empêchait de voir les bêtises qu’Antony pouvait faire.



Cependant, il devait avouer que cela le bloquait pour une chose. Cette chasse secrète qu’il faisait habituellement chaque soir depuis un petite moment. Avec Antony qui ne le quittait vraiment pas, il lui était difficile de s’absenter. Pourtant, il y arrivait. Chaque fois que le garde du corps partait dans les bras de Morphée, le chanteur revêtait son long habit noir, composé d’un manteau qui tombe jusqu’à ses chevilles, d’un col roulé de la même couleur, et d’un pantalon de cuir toujours aussi noir, pour aller naviguer dans les rues. Il n’avait pas besoin de canne blanche ou de chien d’aveugle pour s’en sortit dans son errance. Il se fiait simplement à son odorat et à ses autres sens. Il les avait longuement entraînés pour arriver à un tel résultat, et chaque jour qui passait lui prouvait que les souffrances passées qu’il avait subit pour en arriver là, n’étaient pas inutiles.



Et cette nuit là était une de ces nuits. Joshua dut attendre presque trois heures que Antony rentre dans son profond sommeil. Ce dernier ayant la lubie de regarder la dernière série à la mode avant de se coucher. Pathétique au goût de Joshua qui avait du, sans en avoir le choix, s’équiper d’une télévision. Enfin, une fois le garde du corps endormit, il pouvait s’absenté et faire ce qu’il avait à faire. Il navigua dans les rues de Londres en unique maître des lieux. Il n’y avait pas un chat. Mais Joshua savait que ce que les autres voyaient n’était pas ce qu’il voyait. Et si tout était désert en apparence, lui, il sentait que quelqu’un était passé il y avait peu de temps. Certain de cela, il ne perdit pas de temps. Et il se mit en chasse…



La traque ne fut pas longue. Au contraire, elle fut rapide. Mais l’arrivée, elle, elle fut tardive. Il était trop tard. Une jeune fille était étendue au sol. Plus un battement de cœur ne se faisait entendre de son côté, elle était morte. Grognant contre sa propre lenteur, il dut faire demi tout. Il était trop tard. Sa cible avait disparu. Il était inutile pour lui de rester ici. Reculant tel un fantôme, il disparut comme une ombre, refaisant le chemin inverse. Comment avait-il pu le manquer ? L’odeur était si fraîche. Serrant les point de rage, il rentra à son domicile les mains, encore une fois, vide. Mais il ne renonçait pas. Oh ça, jamais il le ferait. Il s’était juré de l’empêcher de continuer. Et il le ferait. Même si pour le réduire à néant, il devait lui-même mourir. Grimpant par habitude sur son toit pour rentrer chez lui, chemin bien plus facile à ses yeux, malgré son handicape, il fut surpris de se retrouver nez à nez avec un certain châtain. Complètement absorbé par ses pensées, il n’avait pas vu à la vitesse qu’il était rentré, et encore moins qu’il était rentré chez lui…



- Antony ? »



Ce fut les seuls mots qui lui vinrent alors qu’il était entraîné vers l’intérieur. Soupirant, alors qu’il se laissait faire, il retira ses chaussures pour les laisser rebondir contre l’un des murs de sa chambre.



- Franchement… Je suis là pour veiller sur toi… Pas pour dormir comme un bébé pendant que tu te ballades en pleine nuit ! » Grommela le jeune homme en le tirant toujours par le col. « Et qu’est-ce que tu fichais dehors à une heure pareille ? Tu es devenu fou ou quoi ? »

- Hm… »



Ce fut l’unique réponse de Joshua qui se contenta de s’asseoir gentiment sur le fauteuil qu’on lui imposa. « On », pour une fois, n’était pas à prendre avec des pincettes. Décidément, Antony se comportait plus comme une femme au foyer qu’un garde du corps imposé. Une vraie maîtresse de maison qui essayait d’imposer sa loi avec le rouleau à pâtisserie. La vision aurait été amusante, si Joshua n’avait pas eu une mauvaise soirée. « Il » lui avait encore échappé. Et cette pensée avait tendance à faire bouillir son sang. Mais bon, le sujet n’était pas à cela. D’ailleurs, il ne pouvait même pas broyer du noir devant son feu habituel, faisant semblant de se plonger dans un bon vieux livre en braille, puisque son « colocataire » du moment n’avait pas fini sa crise. Au contraire, il continuait… Non mais quelle voix… Comment un type de cette carrure pouvait brailler comme une femme dans une mauvaise période du mois. Il se le demandait… enfin, il se serait le demander si le châtain ne s’était pas penché vers lui, agitant son doigt toujours avec mécontentement.



- Non mais tu m’écoutes quand je parle… Un vrai gamin… Non un ado qui ne pense qu’à faire ce que bon lui semble sans prendre garde à sa sécurité ou au danger dans le quel il peut se foutre… Incroyable ! La vedette du « Blue Moon » n’est qu’en fait un gosse pourri gâté ! »



Ne l’écoutant absolument pas, Joshua se demanda juste s’il avait mangé ou pas mangé… S’il avait faim ou pas faim. Il sentit le doigt qui s’agita devant son nez. Manger ou ne pas manger… En fait, le faire taire ou pas ? Son instinct répondit plus rapidement que sa tête. En effet, sa bouche s’entrouvrit pour attraper ce doigt qui le provoquait. Ce n’était pas sa faute si ce jeune homme se montrait si… si quoi déjà ? Appétissant ? Agaçant ? Tentant ? Ou toutes ces choses en même temps ? C’était un peu ça et autre chose en même temps. Le chanteur avait un furieux besoin de se défouler… et de silence en même temps. Si bien qu’il fit les deux en même temps. Ce qui lui donna l’effet voulu. Antony resta bête devant le geste… perplexe également avant de finalement acquérir un fin sourire. Après tout, si la vedette voulait jouer à ça, il n’allait pas s’en priver. En plus, il avait un sérieux besoin de se défouler. Car le beau brun avait beau être inaccessible, il était vraiment épuisant, insaisissable… Et dangereux. Sa tête s’en souvenait encore. Alors s’il pouvait profiter de la situation, ça serait un bon rendu.



Cependant, Antony ne s’attendait pas à ce qui se passa par la suite. Joshua qui avait obtenu ce qu’il voulait ne s’arrêta pas au suçotement de doigt… Non… Lentement, mais aussi sans prévenir, il mordit le jeune homme qui se montra en premier lieu surpris pour finalement reprendre son doigt. Antony trouva ce geste étrange, et son avis commença à changer. Pourtant, cela n’arrêta pas le chanteur qui se redressa de son fauteuil pour se glisser tout d’abord devant lui. Il plongea son regard azuréen dans celui de son garde du corps, avant de lui relever le visage. Il ne le voyait pas. Il ne pouvait dire quelle expression exactement avait Antony, mais il sentait son souffle. Il savait qu’il le regardait. Si bien, qu’il se pencha vers lui, comme s’il allait l’embrasser pour finalement dévier vers l’oreille de ce dernier, le visage toujours aussi inexpressif. C’était à se demander à quoi le brun pouvait bien penser…



- Et bien…. Je pensais que cela te ferait plaisir ce genre d’invitation… Serais-tu donc le contraire de ce que tu essaies de montrer Antony ? Une vierge effarouchée qui s’enfuit devant la moindre tentation… »



Joshua ne se montrait jamais bavard habituellement, mais là, sa nature profonde de jouer s’éveillait. De plus, il avait envi de donner une leçon à cet homme qui l’avait insulté. Il ne pouvait se justifier, mais il pouvait se venger. Là, il avait la meilleure situation pour le faire. Antony qui de son côté avait toujours le sang chaud, répondit sans réfléchir une seule seconde à la provocation de son vis-à-vis. Il allait lui prouver qu’il n’était pas un jeune puceau qui ne savait que parler sans agir. Si bien qu’il repoussa Joshua sur le fauteuil pour lui capturer ses lèvres dans un baiser plein de fougue. Fougue qui ne décontenança pas le chanteur puisqu’il le laissa faire et l’invita à aller plus loin. Un échange commença alors. Un ballet débuta pour une découverte de deux corps dans un échange des soupirs qui grandit au fur et à mesure des actions…



*****



L’agitation était telle dans la rue qu’on avait l’impression qu’il faisait jour. Les lumières des sirènes, les projecteurs installés par les forces de l’ordre, tout faisait en sorte qu’il soit impossible de trouver un coin d’ombre. Allan le découvrit à ses dépends. Pourtant il s’était si bien caché, entre deux poubelles, dans une ruelle qui était jusqu’à maintenant sombre. Mais tout venait de s’écrouler. Il était visible aux yeux de tous, et surtout de la police qui ne chercha pas bien loin. Le voyant, elle le mit immédiatement aux arrêts, l’entraînant vers un véhicule de police, mains menottées. Elle était certaine d’avoir trouvé le bon type, un homme sale, aux cheveux bruns plaqués vers l’arrière, la carrure dans la normalité. Même les vêtements démontraient que c’était le tueur indiqué par l’appel anonyme. Alors pourquoi hésité ? Il n’y avait pas de quoi…



Pourtant Allan protesta, s’indigna… Il injuria même les policiers qui ne prenaient même pas la peine de l’écouter. Il était innocent. Mais on le traitait comme le pire des criminels. Pourquoi ? Le sans abris se le demandait bien. Il n’avait pourtant rien fait qui méritait un tel traitement. Au contraire, même s’il le gardait pour lui pour le moment, il méritait de meilleurs égards. Il connaissait le tueur dont tous les journaux parlent. Il l’avait vu commettre son méfait. Bon, d’accord, il avait vu un monstre quitter la scène du crime et le résultat de son massacre, mais c’était pareil… Il méritait un meilleur traitement que celui que lui réservaient les policiers. Loin de savoir la réalité des choses, il était certain qu’on agissait de la sorte avec lui parce qu’il était un homme de la rue, sans réel position sociale. Mais ils allaient voir ces inspecteurs de police. Ils allaient vite devoir se faire pardonner s’ils voulaient capturer cet égorgeur qui fait trembler Londres. Néanmoins, pour le moment, il ne pouvait que se battre dans le vide, ne sachant point dire à qui voulait l’entendre qu’il était le témoin et non le meurtrier.



Et c’est ainsi, qu’au milieu des flashs de la presse qui était enfin présente et de ce remue-ménage qui dérangeait même les rats qu’il fut amené vers les bureaux principaux de Scotland Yard. Silencieux, il se contenta de regarder défiler les néons des rues encore désertiques à cette heure de la nuit. Et dire que celui qui était vraiment responsable de tous ces meurtres étaient sûrement chez lui dans un lit bien douillé, loin des crimes affreux qu’il avait pu commettre. Cela rebellait Allan qui s’agita dans la voiture, grognant d’agacement devant la situation. Cependant le policier qui était à ses côtés lui somma de se calmer, ce qu’il fit sans se faire prier, ne voulant pas recevoir plus de coup qu’il n’en avait reçu avant d’être maîtriser. Il devait avouer qu’il les avait mérités, mais ce n’était pas sa faute si personne ne voulait l’écouter et qu’on l’avait sorti de sa cachette avec violence. Il n’avait fait que se défendre. Enfin bon, se calmant tout simplement, il se contenta de fixer la route jusqu’à voir se dessiner devant ses yeux les célèbres locaux de Scotland Yard…



La suite fut simple et rapide. Tellement simple que cela surpris Allan. On lui demanda – enfin ? – son identité. Une fois cela fait, on chercha dans un ordinateur si on avait des fichiers sur lui. Evidemment, on ne trouva rien. Allan était peut-être un sans abris mais pas un hors la loi. Il n’était pas dans la rue par choix, mais concours de circonstances. Enfin bon, ne trouvant rien, on prit alors ses empruntes, on lui créa un dossier pour enfin aller l’enfermer dans une pièce, avec encore une fois, des menottes aux poignets. Et tout cela avait prit moins d’une heure. Un poil agacé, Allan s’était assit sur la chaise et à présent patientait. Il était certain qu’un gentil inspecteur habillé en costard-cravate allait venir le rejoindre, jouer les gentils flics avant d’être rejoint par un collègue dans la même tenue mais lui, moins gentil. L’homme n’était pas stupide, il avait lu de nombreuses fois ce genre de scénario dans des bouquins policiers… et il ne parlait même pas des téléfilms sur le même sujet. Il se contenta donc d’attendre…



Et arriva ce qu’il pensait qu’il arriverait. Un homme d’âge mûr, la quarantaine très certainement, fit son entrée dans la pièce. Café en main, il vint directement s’asseoir en face d’Allan, un air profondément désolé. Le sans abris n’y croyait pas un seul instant. L’inconnu secoua de manière négative la tête avant de soupirer longuement. Habillé d’un fameux costard-cravate, cet homme ne savait, semble t’il, pas marier les couleurs si on mesurait l’étendu du mauvais goût de ce dernier. En effet, habillé d’un costume deux pièces gris rayé noir, il avait mis une chemise rouge orangé et une cravate verte caca d’oie. Une vraie torture pour les yeux, à ne pas en douter… Enfin Allan avait autre à penser que cela, même si ce détail lui sauta en premier aux yeux. Il se contenta donc de fixer cet homme et son numéro, blasé plus qu’autre chose… Sincèrement, il ne pensait pas qu’ils feraient ce genre de mise en scène à ce point. C’était tellement gros que c’en était pitoyable… Et enfin l’homme prit la parole…



- Bonjour Allan… Je peux vous appeler Allan n’est-ce pas ? »



En simple réponse à cette question qui de toute façon ne demandait sûrement pas son avis, Allan haussa les épaules avant de s’affaler sur la chaise. Il sentait que cette scène allait être longue. Surtout qu’il ne comptait pas parler à ce type de ce qu’il avait vu. Cet idiot – oui, il se faisait déjà son avis sur ce dernier – comprendrait certainement rien de rien et il devrait encore et encore se répéter. Il valait mieux attendre quelqu’un de plus compétant si ça existait, ou tout simplement son avocat. Après tout, n’avait-il pas droit à un avocat ou un coup de fils ? A y réfléchir, il ne se souvenait pas qu’on lui ait lui un quelconque droit… Parfait songea le sans abris…



- Bien. Je suis l’inspecteur Mackaren. Vous savez, je présume, pourquoi vous êtes ici. Et sans vous le cacher, vous êtes dans de beaux draps… »

- Beaux ? Moi j’aurais dit des draps puants, mais passons… Et à vrai dire, je ne sais pas pour quoi je suis ici. Je dormais gentiment dans mes cartons quand vos collègues… »

- Voyons… voyons… » Coupa l’inspecteur en un soupire une nouvelle fois désolé. « Je sais que vous savez pour quoi vous êtes ici. Inutile de tourner autour du pot. Un témoin vous a vu. Je suis certain qu’il est en route en ce moment même pour vous identifier. Vous feriez mieux de parler Allan. »



Edward Mackaren bluffait évidemment, l’indicateur étant une personne inconnue communiquant via coup de téléphone anonyme. Mais comment le prisonnier pouvait-il le savoir ? C’était impossible… Il garda donc son aplomb. Souriant donc, calme et très amical, il porta sa tasse de café à ses lèvres. Attitude qui agaça que plus encore Allan. Ce type pensait avoir à faire à qui au juste ? Au dernier demeuré que la terre ait porté ? Franchement, il commençait à trouver lourd ce jeu du gentil flic. Se redressant donc, il tapa des mains sur la table, la faisant sursautée un peu au dessus du sol. Fronçant les sourcils, il plongea son regard émeraude dans les prunelles semblables de son vis-à-vis, démontrant que la plaisanterie avait assez durée.



- Premièrement, je ne suis pas un menteur né. Si je vous dis que je ne sais pas ce que je fais ici, c’est que je ne le sais pas. Parce que personne n’a pris la peine de me dire mes droits. Je n’ai peut-être plus de toit sur la tête, mais je connais encore les lois. Je sais que vous n’avez aucun droit d’agir de la sorte avec… »

- Vous ? Vraiment ? Et vos victimes ? Ont-elles eu une lecture de leur droit ? Ont-elles su ce qui se passait quand vous les avez égorgés ? Je pense que vous vous trompez Allan… Et puis, qui a dit que nous vous arrêtons. Nous vous retenons juste ici pour vous mettre en sécurité. Les gens dehors vous pendraient bien haut et court sans aucune forme de procès. Vous voyez, nous vous protégeons. Reconnaissez que nous sommes les gentils dans cette affaire. »



Coupé dans son élan, Allan ne put faire autre chose que s’asseoir. Il était inutile de s’emporter plus encore. Bien sûr, il fulminait intérieurement. Mais il sentait que mordre allait lui causer encore plus de soucis qu’il en avait déjà. Et donc, ce n’était vraiment pas le moment d’en provoquer donc. Tapant du doigt nerveusement sur la table, il ne quittait pas de yeux son vis-à-vis. Qu’il ne croit pas qu’il ait gagné. Il avait un joker de valeur dans sa manche. Mais pour le moment, il ne pouvait le sortir. C’était trop tôt… D’abord voir ce fameux témoin, enfin, voir ce qui allait se passer avec ce témoin, et ensuite, réagir. C’était la seule porte de sortie que voyait le sans abris, il ne comptait pas la perdre de vue à présent.



- Je désire avoir un avocat… Je ne dirais rien sans la présence d’un avocat… »

- Vous en avez le droit. Je… »



L’inspecteur ne put terminer sa phrase que la porte s’ouvrit pour laisser entrer un homme. Habillé avec meilleurs goût on ne pouvait pas dire que le scénario d’Allan se répétait. Car au lieu d’un costard-cravate, ce dernier portait un jean noir bien coupé, une chemise blanche entrouverte au col, avec un long manteau qui tombait au niveau de ses mollets de la même couleur que le pantalon. A le voir ainsi, il était impossible de savoir que cet homme était inspecteur de police à Scotland Yard. Et pourtant c’était le cas. L’inspecteur Mackaren en le voyant lui offrit un fin sourire.



- Folcard ! Notre invité invoquait son droit à un avocat. Donc… »

- Je sais… Inutile de me le dire… » Soupira le nouveau venu. « Un avocat d’office vient d’être prévenu… »



L’ambiance de la pièce venait de changer. Allan qui jusqu’à présent avait gardé tout son aplomb se décomposa à la vue de l’homme. Son regard croisant le sien, il se sentit envahi d’un sentiment angoissant. Loin de prêter attention à cela, Edward, lui se concentrait sur son collègue.



- Je présume qu’il n’a rien avoué ? »

- Non… rien de rien… il dit ignorer tout de ce qui se passe… »

- Je vois… bien… »

- Je sens que ça va durer toute la nuit et que demain on va entendre ta chère femme dans tout Londres. » Fit le rouquin amusé.

- Je ne te le fais pas dire. » Ne quittant pas des yeux Allan, Lawrence continuait sa prise de parole. « Mais je doute que cela se déroule ainsi. Dans une heure, l’affaire sera réglée et nous rentrerons chez nous ! »

- Une heure ? » S’esclaffa Mackaren. « Je vois que tu es toujours aussi optimiste toi ! »



Sans vraiment comprendre pourquoi, en entendant « une heure » Allan sentit son corps frissonner alors qu’il détourna les yeux. Il n’avait pas prévu dans son scénario ce qui arrivait à présent. Il n’avait pas prévu cet inspecteur… Son joker pourrait-il à présent le sauver ? Il l’espérait encore, s’attachant à cette porte de sortie comme une voie de survie…



 


A suivre …