Le troubadour de la Mort
Titre :
Le troubadour de la Mort.
Auteur : ryuji_takana@yahoo.fr
Chapitre : 06
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack
l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros
crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle
commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres
en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la
peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La
gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur,
on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous
lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Disclamer : Warning,
présence de scènes de violence, de meurtres et autres dans certains chapitres…
Les poèmes sont de moi \^.^/
Pensées
Action et/ou vérité ?
Ne perdant
pas des yeux l'inspecteur, Allan se surprit à sursauter quand ce dernier prit la
parole. C'était étrange l'angoisse qu'il lui faisait ressentir. Un « je ne sais
quoi » qui le donnait vraiment froid dans le dos. Ce type, il était dangereux,
il le savait. Mais pour son collègue, il semblait le bon copain... Le mec prêt à
avoir une famille, deux enfants, et une petite maison en campagne pour les
vacances. Cette vision était déstabilisante. Non effrayante... Comment deux
visions pouvaient-elles se rejoindre de la sorte pour donner un homme comme lui
? Allan ne le savait pas. Pourtant, il assista à l'échange entre ces deux
représentants de l'ordre. Il se donnait l'impression d'être dans un remake d'une
série américaine. Un commissariat, deux flics, une salle d'interrogatoire…
Pourtant, ils étaient à Scotland Yard... C'en était déroutant...
- Tu ne commences pas sans moi. Je reviens. »
- Ne t'en fait pas. Quel piètre coéquipier je ferais si je ne t'attendais pas. »
Ce fut à ce moment précis, au moment où un petit rire se fit entendre et ces
quelques mots, qu'Allan revint au présent de la scène. Il vit avec crainte ?
Non, horreur... l'inspecteur Mackaren quitter la pièce pour le laisser en tête à
tête avec lui... Ce type. Mais pourquoi ? Qu'avait-il donc manqué ? Se
redressant, il fixa l'homme droit dans les yeux.
- Je veux un avocat. Maintenant... »
- C'est votre droit. Vous avez aussi le droit de garder le silence. On vous l'a
déjà dit il me semble. »
- Non, just... »
- Donc je vous conseille d'user de ce droit également. » Coupa Lawrence avec un
sourire aux lèvres. « Si vous voyez ce que je veux dire. »
- Mais... »
- Bien sûr, vous pouvez choisir de parler, mais je ne garantis rien de ce qui
pourrait vous arriver par la suite. Ceci est un conseil que de vous taire. »
L'inspecteur Folcard ne laissa pas le temps à Allan de continuer sa prise de
parole. Il le mettait ainsi dos au mur. Où alors il était simplement de bon
conseil. Qui pouvait vraiment le dire ? Lawrence lui-même. Ne le quittant pas
des yeux, il s'approcha de lui. Il se glissa derrière et en un fin sourire se
pencha pour murmurer à son oreille. C'était un murmure inaudible qui fit
frissonner Allan sur le coup. C'était là un drôle de jeu. Un jeu que Lawrence
connaissait bien. Pousser peu à peu le coupable vers l'avoué. N'était-il pas là
pour cela ? Bien sûr que si. Et l'inspecteur comptait bien arriver à ses fins.
Surtout que sa femme l'attendait à la maison. Il allait passer un mauvais quart
d'heure à cause de son retard. Alors s'il pouvait écourter cet entretien. Après
tout, il y avait un témoin. Cette pensée lui arracha un nouveau sourire alors
que sa main glissait sur l'épaule du sans abris, sur la peau de son cou, pour
finalement s'écarter de lui-même. Edward ne lui avait-il pas demandé de
l'attendre ? S'adossant au mur il fixa le jeune homme en secouant la tête en
signe de négation.
- Vraiment... Vous haïssez autant que cela l'espèce humaine pour faire cela à
vos victimes ? »
- Pardon ? Mais c'est... »
- Une justice ? Ou alors ce n'est pas moi ! Je suis innocent !... Ils disent
tous cela. Mais les preuves démontrent bien vite le contraire. Et là on veut
changer de versions et plaider selon les cas, que c'était de la légitime défense
ou bien de la folie. Vous les coupables, vous devriez trouver des excuses moins
évidentes et grosses tout de même. »
- Mais... Vous... C'est... »
Il n'eut guère le temps de finir que déjà l'inspecteur Mackaren faisait son
entrée, deux cafés fumants en mains. Il observa un instant la scène, avant
d'avoir une tête d'enfant qu'on venait de rouler dans la farine. Il gonfla
presque les joues sur le coup avant de s'avancer vers son coéquipier. Il posa sa
tasse avant d'agiter un doigt devant ce dernier.
- Lawrence, tu avais promis de m'attendre. Regardes le, il sue à grosse goutte.
Mais qu'est-ce que tu as bien pu lui dire ? »
- Mais rien. Je rappelais juste ses droits. Il vaut mieux tout faire dans les
règles avant de l'interroger. Tu n'es pas d'accord avec moi ? »
- Euh si... Inutile que l'égorgeur se retrouve en liberté pour vice de
procédure. »
- Nous sommes donc d'accord... »
- Oui ! »
La scène n'avait vraiment plus rien d'un interrogatoire. C'était une dispute
entre deux enfants qui voulaient jouer au grand policier pour attraper le
méchant et le punir. C'est ce que pensa, en tout cas, Allan qui les regardait
interagir. Il se demandait s'il allait s'en sortir ou finir sur un buché. Au
bien sûr, les buchés n'existaient plus. Mais la presse et les policiers, la
population aussi étaient pour lui un buché vivant. Paniquant alors qu'il se
souvenait du murmure inaudible que l'inspecteur avait dit à son oreille avant
l'arrivée du collègue, il commença à suffoquer. Il avait si chaud. La
conversation entre les deux hommes devenait floue. C'était comme un brouhaha
incompréhensible, qui martelait sa tête. Cherchant à défaire sa chemise, il
avait l'impression que tout s'écroulait... Il pâlissait à vu d'œil mais les deux
inspecteurs ne virent rien. Ce fut le bruit du corps qui tomba lourdement au sol
qui signala cela. Edward fut le premier à réagir, il se précipita affolé vers le
sans abris pour vérifier son pouls. Cependant, à sa grande surprise, il ne le
trouva pas. Paniquant, il desserra la chemise pour commencer les premiers soins,
faisant ainsi un bouche-à-bouche de base.
- Lawrence ! Une ambulance, vite... Il ne respire plus. Dépêches toi ! »
Il recommença les soins alors que l'inspecteur Folcard de son côté appelait les
urgences. Il quitta également la pièce pour aller attendre l'équipe d'urgence.
...
Il passa prêt d'une demi heure entre l'arrivée des urgences et l'attaque
d'Allan.
...
Le sans abris se vit partir, dans l'impossibilité de réagir alors qu'il
entendait Edward tenter de le ramener. C'est alors que les mots de l'inspecteur
Folcard résonnèrent dans sa tête, sa conscience se perdant pour lui offrir
l'obscurité éternelle.
...
Les secours arrivèrent pour constater la mort du prisonnier...
...
Le corps fut transporté pour être enfermé dans une boite froide...
...
Le lendemain, en titre du Times, on pouvait lire : « Mort de Jack the
Bloodsucker. ». Ensuite, on pouvait lire dans l'article : « Les forces de
polices de Scotland Yard ont enfin attrapé le meurtrier des ruelles. Ce dernier
est mort d'une crise cardiaque dans sa cellule, après avoir avoué aux
inspecteurs en charge de l'enquête son crime. Son corps est actuellement à la
morgue de Scotland Yard, attendant une dernière autopsie. Ce soir, les
londoniens pourront dormir sur leur deux oreilles. ». Les informations étaient
catégoriques, mais la réalité était autre... Comme toujours la presse avait pris
les informations comme elles venaient sans pour autant savoir si la réalité
était présente ou pas...
*****
Nicholas était installé dans son bureau depuis déjà presque quinze heures,
devant ce livre qui devenait de plus en plus intéressant. Il devait avouer qu'il
ne s'était pas attendu à cela. Il y avait tant de choses inattendues. En fait,
il devait avouer que plus sa traduction avançait plus il découvrait de nouvelles
choses. Ce livre n'était pas une trace laissée par un scribe, sur de la vie de
Khéops comme il l'avait pensé. C'était tout autre. Il ne savait pas quoi
exactement penser de tout cela. Tout ceci était un mélange si décontenançant. Il
avait l'impression que plusieurs époques y étaient relatées, dans un ordre plus
décourageant que jamais. Mais c'était aussi motivant. Il se sentait enfant
devant tout cela. Il était si impatient... Oui, c'était le mot. Il était
impatient... Il voulait tout savoir sur ce récit. Pourquoi ce Getseth avait
écrit ceci ? Dans quelles circonstances ? Tout cela l'intriguait vraiment. Si
bien qu'il n'arrivait pas à quitter son bureau, même pour manger. Il ne pouvait
pas, tout simplement.
Attrapant son dictionnaire, l'historien s'évertuait à trouver la signification
de certains hiéroglyphiques. Il y avait aussi des symboles étranges. Ce n'était
pas l'égyptien... Non, mais il n'aurait pas su dire de quel dialecte il
s'agissait. C'était cela le plus déconcertant dans ce livre. Il comprenait
pourquoi il avait été dans le passé tant attiré par ce dernier. Et sur le coup,
il ne regrettait absolument pas son geste, bien au contraire. Pour lui, il avait
fait le bon choix. Et puis, il avait au moins une chaire à l'université. Tout le
monde n'avait pas cette chance. Nicholas voyait les choses de cette façon.
Cherchant donc ce hiéroglyphique avec acharnement, il ne sentit pas quelqu'un
entrer dans son appartement. En fait, il n'entendit pas qu'on l'appelait tout
bonnement. Car il est évident que s'il avait entendu cette voix, il se serait
levé en quatrième vitesse pour remettre ses vêtements en place et plaquer ses
cheveux pour se donner un air plus correct. Si bien qu'il sursauta quand la
porte de son bureau s'ouvrit avec violence, faisant ainsi tomber son
dictionnaire alors que son regard croisa celui de son vis-à-vis.
- Sybell que fais-tu ici ? Tu aurais pu prévenir... Je suis un peu... »
- Affamé ? En retard ? Confus peut-être ? » Coupa la jeune femme l'air
visiblement pas ravie.
- Euh non... occupé j'allais dire mais... » Continua le brun qui sentit qu'il
valait mieux faire profil bas sur le coup. « ... à vrai dire, j'ai aussi faim. »
- Évidemment que tu as faim puisque tu n'es pas venu manger à la maison. Nous
étions inquiets ! Depuis que tu t'es fait attaquer, je me fais un sang d'encre
pour toi. Et monsieur se ferme dans un vieux bouquin fissuré, débranche son
téléphone et fait comme si tout était normal ! »
- Mais... Lawrence n'a t'il pas dit qu'il n'y avait rien à craindre. Que c'était
un fou... par conséquent, il ne reviendra pas ici... Et puis l'égorgeur est mort
! Alors cesse de... »
- Non mais à qui tu crois parler sur ce ton Nicholas ? »
L'archéologue comprit que là, il allait passer un mauvais quart d'heure. Pas
dans le sens ou il allait être battu et puni comme quand il était enfant, mais
dans le sens ou il avait dit le mot de trop et que Sybell allait monter sur ses
grands chevaux... Et quand cela arrivait... On priait pour être sourd.
- Tu crois que ça m'amuse de jouer les grandes sœurs chiantes ? Tu penses
vraiment que je prends un malin plaisir à te surveiller comme un gosse ? »
- Je... euh... Non, je sais... je ne voulais pas dire ça... »
- Et que voulais-tu dire exactement ? Je t'écoute... »
- Je... »
- Que peut-être tu t'inquiètes un peu trop ma chérie. » Temporisa une nouvelle
fois Lawrence qui venait d'entrer dans le bureau. « Il ne craint rien tu sais.
Et tu le connais, toujours dans ses bouquins... C'est sa nourriture, que veux-tu
! »
- Ah... évidemment tu es de son côté ! Mais qu'est-ce que je vais faire de vous
deux ?! »
Comme à chaque fois, l'inspecteur avait réussit à calmer sa femme. On le sentait
à sa voix. Elle était moins sur la défensive. Nicholas remerciait intérieurement
son beau frère pour cela. Profitant de cette accalmie, il ferma le livre et le
rangea dans le tiroir qu'il ferma en un tour de poignet pour finalement ranger
la clef dans la poche de son pantalon. Il n'agissait pas ainsi parce qu'il
n'avait pas confiance en sa sœur ou Lawrence, mais il ne préférait pas qu'on le
voit avec ce livre. Après tout, il ne l'avait pas volé, selon la version
officielle, il l'avait perdu. Puis, comme si rien n'était, il revint à son
aînée. Cette dernière le fixait avec un air mi de mécontentement, mi un je ne
sais quoi qui lui donna froid dans le dos. Préférant ne pas y prêter attention,
il se mit en marche pour sortir du bureau, invitant ses invités imprévus à le
suivre. Ce que ces derniers firent sans se faire prier.
Pourtant Lawrence s'interrogeait. Il avait mille et une questions qui voulaient
des réponses. Mais comment les poser sans braquer son beau-frère ? Là était la
question... De plus, il avait un autre problème. Un problème bien plus gros que
cela de braquer qui que ce soit. Mais le sujet n'était pas encore à cela. Pour
venir à ce sujet il devait encore attendre. Et maintenant que « Jack » était
mort, il n'avait plus besoin de s'inquiéter pour autre chose. Satisfait de cette
pensée, il s'installa directement dans le canapé de Nicholas pour sourire comme
à son habitude alors que sa femme s'installait lourdement à son tour, soupirant
d'un air blasé devant la scène. Elle venait de comprendre qu'encore une fois,
son cher époux l'avait manipulé.
- Lawrence... » Commença Nicholas pour détendre l'atmosphère mais aussi pour
changer de sujet, sans vraiment s'en éloigner en fait. « ... Vous devez être
ravi que vos services aient enfin attrapé l'homme responsable de tous ces morts
non ? »
- En effet... Même s'il n'a pas vraiment eu le temps d'avouer contrairement à ce
qu'à dit la presse. Il est mort d'une attaque cardiaque avant... Ce qui est bien
ennuyeux. On ne sait pas où est passé tout le sang que les victimes ont perdus.
»
- Comment ça le sang a disparu ? » S'interloqua le brun surpris.
- Hm... Oui, c'était l'information cachée à la presse. Mais vu que l'affaire est
classée, je peux en parler à présent. Les victimes ont toutes été retrouvées
sans un gramme de sang. »
- Vraiment ? »
Nicholas se plongea dans ses pensées en entendant cela. C'était étrange que
Lawrence lui parle de cela alors qu'il venait justement de lire une chose
semblable dans ce livre. Instinctivement, il glissa sa main à sa poche. Rassuré
de sentir sa clef, il revint à son beau frère, cherchant à mieux analyser ses
informations. Il y avait vraiment quelque chose de déroutant dans tout cela. Il
n'avait qu'une envie, retourner à son nouveau à sa traduction pour retrouver ce
passage déjà traduit où ce détail avait été noté...
- Évidemment, je n'inventerais pas une chose pareille. Pour qui me prends-tu
voyons ? »
Un temps passa et Lawrence n'obtenait toujours pas de réponse. S'impatientant
devant ce silence, il se pencha pour passer sa main devant ses yeux. C'était
quand même affligeant qu'on parle à quelqu'un et que ce quelqu'un ne réponde
pas.
- Youhou, tu es toujours là ? »
- Hein ? » Nicholas sursauta devant le geste avant de réaliser sa faute. Il se
gratta la tête passablement gêné. « Désolé... Tu disais ? »
- Hm... Je vais peut-être laisser Sybell te pendre par les pieds finalement. »
Taquina l'inspecteur avec le sourire. « Elle semble en mourir d'envie. »
Même s'il faisait de l'humour, Lawrence n'appréciait pas plus que cela
l'attitude de Nicholas. Bien sûr, ce n'était pas le fait qu'il parte dans ses
pensées qui le dérangea, mais l'impression que ce dernier lui cachait quelque
chose... D'ailleurs, Sybell gonfla les joues de mécontentement pour au final
éclater de rire. Voir Lawrence être agacé pour une fois était marrant, elle
devait bien l'avouer. Elle fixa les deux hommes dans son éclat de rire, ce qui
la fit plus rire encore. Les deux hommes en furent surpris. Ils se regardèrent
et en voyant leur propre expression, ils comprirent le pourquoi de cette
hilarité pour rire à leur tour...
La soirée se termina dans la bonne humeur par la suite, mais en tête à tête...
Lawrence avait dû partir en début de soirée. Nicholas apprécia cette soirée, il
devait avouer que la cuisine de sa sœur était le meilleur remonte morale qu'il
connaissait. Bien sûr, il pensait à son travail, sa traduction, mais il
appréciait ce petit moment détente dont il profita, et ce, toute la soirée...
*****
Joshua était en retard. Depuis quelques jours, il avait du mal à se lever. Il
devait dire que la présence d'Antony dans son lit lui pompait beaucoup
d'énergie. Mais il n'y avait pas que cela. Il cherchait depuis les gros titres
des journaux avaient annoncés la mort de « Jack » quelqu'un. Il devait à tout
prix le retrouver. Mais chacune de ses recherches n'avaient rien apporté. Encore
et toujours, il lui filait entre les mains. Il devait le trouver et ce
qu'importe les moyens. C'était son but et il le savait. Mais cette chasse sans
cesse le fatiguait. Essayant donc de rattraper son retard, il pressa le pas.
Antony était parti un peu avant n'ayant plus à veiller sur lui. Mais fatigué
comme il l'était, il était moins attentif. C'est là que sa cécité devenait un
vrai un handicap. Habituellement, elle ne le gênait pas, il agissait comme un
voyant. Mais ses sens, là, étaient troublés. Si bien qu'à plusieurs reprises il
se cogna à des poteaux ou trébucha sur des trottoirs.
Ces pertes de moyens l'agaçaient. Il se sentait si faible... comme perdu. De
plus, ce sentiment qu'il développait à l'égard d'Antony ne lui plaisait pas. Il
n'avait pas besoin d'un attachement. Ce n'était pas dans ses objectifs...
Pourtant il ne pouvait nier l'évidence... Grognant plus pour cette pensée que
pour cette marche manquée, il finit par – Enfin ? – arriver au lieu voulu. Il le
savait rien qu'à l'odeur. Ce mélange d'alcool et de cigarettes, ça donnait un
parfum nauséeux qui prenait le chanteur au cœur. Mais au moins, ça lui donnait
un indicatif. Cherchant donc de sa main la porte du club, il finit par entrer
dans les lieux. Une fois arrivé, il retrouva ses repères. C'était un lieu
confiné qui lui permettait de mieux interagir avec son environnement et ses
sens. Ainsi, il pouvait se mouvoir sans mal, comme un voyant. C'est sûrement
pour cela que beaucoup oubliait son handicap et se concentrait plus sur son
tatouage qui encerclait son regard... ce côté droit qui est marqué par tant de
choses... D'ailleurs, dans la rue, normalement, c'est la même chose. Mais hélas,
pas en ce moment...
Se dirigeant droit vers sa cabine, il salua à peine le vigile à l'entrée. Il
savait qu'il devait faire vite, mettre sa tenue dite de gala, un costume deux
pièces, chemise blanche et pantalon de tissus noir, et le tout très prêt du
corps. C'était une des demandes de Jon Bramfield que Joshua n'avait évidemment
pas put refuser. Donc enfilant les vêtements rapidement, il tourna la tête vers
un bruit auquel il ne s'était pas attendu. Épuisé, il n'avait pas fait
attention. Chose qui l'agaça aussi... Mais le sujet n'était pas à cela... Se
tournant vers la provenance du son, le pantalon à peine mit, il fronça les
sourcils. Il fixa, sans pour autant voir la personne, l'individu. Sur ses
gardes, il laissa le silence s'installer, pris au dépourvu, et surtout n'étant
pas à son avantage sur le coup. Rigide, il ne sursauta même pas à la voix,
sachant parfaitement qui était là. Il se demandait juste comment il était arrivé
jusqu'à là et sans se faire voir...
- Je vois que tu n'as pas changé. Ton corps est toujours aussi finement
dessiné... Joshua... C'est bien comme ça que tu te fais appeler n'est-ce pas ? »
- Toi... »
- Oui moi. J'ai vu que tu me cherchais, d'ailleurs, je t'ai même croisé assez
souvent ces derniers temps. Je ne savais pas que je te manquais autant que
cela... »
- Comment as-tu fais pour... »
Joshua n'eut guère le temps de finir sa prise de parole que quelqu'un frappa à
la porte. Surpris, il tourna la tête, reconnaissant la personne qui était
derrière la porte sans mal.
- Joshua... Dépêches-toi ! On t'attend ! »
- J'arrive... deux minutes... »
Il tourna la tête vers son visiteur, mais sans grande surprise, ce dernier
n'était plus là. Grognant contre lui mais aussi contre l'autre, il attrapa sa
chemise pour l'enfiler. Décidément, aujourd'hui n'était pas son jour. De plus, à
présent, il savait qu'il devait se méfier. « Il » savait où le trouver et ça ne
lui plaisait vraiment pas. Il était celui qui enquête, et non celui sur lequel
on enquêtait. Mettant sa chemise, il commença à la boutonner alors que son
odorat capta une nouvelle odeur. Se dirigeant vers cette dernière, il passa ses
doigts maladroitement sur cette odeur de papier parfumé à la fleur de nénufar.
Rien que ce contact le replongea dans son passé. Ce passé qu'il voudrait
oublier, fuir à jamais, mais qui plus que jamais, en ce moment, lui collait à la
peau. Attrapant la lettre, il passa ses doigts sur le papier odorant pour lire
ainsi à sa façon. Peu à peu, ses doigts découvrir un message qui mit le chanteur
en émoi, mais pas dans le sens le plus positif.
« Joshua,
Comme tu peux voir, enfin sentir, je n'ai pas oublié ton léger souci. J'ai donc
décidé d'écrire avec tes moyens.
Je te demande de cesser de me chercher... Oh pas que ta quête m'ennuie, bien au
contraire, je la trouve très amusante. Mais vois-tu, j'ai besoin de liberté,
comme toi... Un besoin que tu comprends n'est-ce pas !
Alors, ne me cherche plus.
Je te vois déjà fulminer, prêt à chiffonner cette lettre de colère. Mais je ne
te conseille pas de le faire. Car mes mots qui suivent son très importants.
Vois-tu, si je t'ai trouvé ici et que j'ai réussi à t'approcher, c'est que j'ai
de grands moyens... donc, approcher ce garde du corps si mignon qui partage en
ce moment ton lit ne me sera pas compliqué... Et lui retirer la vie, un vrai jeu
d'enfant...
Te voilà averti.
Chante bien mon petit nénufar... A bientôt... dans une autre vie. »
Joshua fulminait, enrageait... Il avait l'impression d'être de nouveau cette
marionnette qu'il avait été par le passé. Encore une fois, cet homme se jouait
de lui. Mais le pire n'était pas cela. Oh non... Le pire était qu'il savait ce
qu'il se passait chez lui, dans cet endroit sécurisé, confiné, où il ne laissait
personne entrer... Il savait pour Antony... cette faiblesse qui était né dans
son cœur. Grognant de rage, il chiffonna la lettre pour la balancer dans un coin
de la pièce. Il prit sur lui, prit une grande inspiration, tapa dans le mur prêt
de lui pour évacuer sa rage, et, comme si rien n'était, reprenant son visage de
marbre, il sortit de sa loge. Antony, qui avait attendu derrière la porte,
s'inquiéta, mais ne préféra rien dire. Il se contenta d'approcher de lui,
toujours avec son sourire et lui embrassa la joue, puis sur les lèvres.
- Et bien, sans moi tu as vraiment une tête à faire peur. Regarde-moi ces
cheveux... Et puis cette chemise... »
Il remit d'ailleurs la chemise en place, tout en prenant soin de lui remonter le
moral en même temps. Antony avait appris à mieux connaître Joshua depuis qu'il
vivait avec lui. Il avait un côté fragile qu'il n'était pas évident de voir.
Même s'il était aveugle, sa fragilité n'était pas ce point là. Il savait donc en
cet instant qu'il avait un souci et même s'il ignorait quoi, il tentait de lui
démontrer qu'il était avec lui et le soutenait. Bien entendu, il savait que
Joshua allait le repousser, ne supportant pas d'être aidé. Il était vraiment
solitaire et passablement insociable. Et c'est ce que fit ce dernier. Il le
repoussa mais sans violence.
- Ça va. Ce côté désordonné plaira plus encore et Jon se frottera les mains. »
- Ouais... c'est bien ça le problème... Tu vas encore plus plaire... »
- Antony ! »
- Oui, oui, je sais... Allez, file ! On t'attend sur scène ! »
Il poussa le chanteur devant et après une claque sur la fesse gauche de ce
dernier, il retourna en salle, pour laisser à Joshua le loisir de faire son
show. Il ne voulait surtout pas manquer le spectacle. Joshua avait une voix si
envoûtante. Quand il chantait, Antony avait l'impression qu'il ouvrait son cœur
et son âme et ainsi qu'il lui offrait une partie de lui. Le châtain en était
subjugué à chaque fois. Il se sentait comme un pêcheur sur une petite barque,
naviguant sur la mélodie et pêchant des morceaux du chanteur pour capturer le
peu d'essence qu'il laisse passer. Oui, c'était son impression... Comme il
l'aimait... Oui, même avant de la connaître, il aimait ses tours de chants.
C'était sûrement le cas de tous ces habitués qui venaient chaque soir où Joshua
chantait. Cette constatation le fit grogner de jalousie et il jeta un regard
noir au spectateur avant de revenir à la scène, Joshua venait d'entrer...
Joshua, lui, était loin des pensées d'Antony. Il était encore sur sa visite,
même s'il devait avouer que la présence du garde du corps l'avait un peu
détendu. Il monta sur la scène la tête un peu ailleurs et manqua une nouvelle
fois de tomber. S'agaçant devant son propre comportement, il se frappa
mentalement, avant de reprendre son aplomb, direction, centre de la scène. Il
entendit les spectateurs s'agiter. Il semblait y avoir du monde. Il se concentra
un peu sur les lieux pour voir si « Il » était là. Mais il n'arriva pas à
trouver son odeur ou sa présence. Comprenant que ce dernier avait du partir, il
se re-concentra sur son travail. Il savait ce qu'il allait chanter. Un chant du
passé. Un chant qui l'avait tant de fois transporté dans un monde paisible... Il
ferma les yeux, même s'il n'en avait pas besoin, puis, lentement, avec douceur,
il se lança dans cette mélopée.
« Au bout de fils, un pantin inanimé,
Dans son corps, que du bois sculpté.
Un chant, des mots devenus prières.
Un homme sombre devenu pierre.
Avant, tout était joie et gaieté,
Maintenant, c’est noirceur et silence.
Hier, le pantin était animé,
Aujourd’hui, il n’est qu’ignorance.
Le chant était un souhait simple.
La prière n’était pas feinte.
Pourtant le miroir de vie s’est brisé.
Au bout de ses fils gît le poète cassé.
Pas de marionnettiste pour le faire avancé.
Pas de cœur, ni d’âme, pour le résonner.
Un simple silence mortuaire sert de guide,
Coupant cette vie qui mène aux rides.
Une rencontre est le ciseau qui exécute.
Une blessure, du passé, le bois façonné.
Des mots, la création du patin brut.
La solitude, la transformation taillée.
L’amour est un poison sinueux…
Qui vous envahit sous vos yeux.
La lutte est impossible et irrémédiable.
Un combat sans âme qui conduit au diable…
Voici les dernières notes d’un poète qui devient patin.
Le corps de bois, l’âme morte, et le cœur chagrin,
Il sonne en ces derniers mots sans grands renoms,
Quelques strophes avant de dire simplement pardon… »
La voix de Joshua cessa, plongeant ainsi la salle dans le silence. L'atmosphère
était pesante mais pas étouffante. C'était étrange, on avait l'impression d'un
livre ouvert que tout le monde lisait. On entendait que les souffles dans les
pièces... Ni plus, ni moins... Puis, soudainement, des mains se rejoignirent et
dans un bruit assourdissement des claquements fusèrent dans la pièce, agrémentés
par des bravos ainsi que des encore... Habitué à cela, le brun ne prêta pas plus
attention. Il salua son assemblée et rejoignit sa loge...
Ce soir là, il ne dormit pas, il ne chanta pas non plus une seconde fois, il
rentra et se coucha pour servir de peluche à Antony. Il resta à fixer le
plafond, plongé dans son passé qui se faisait que trop présent. Il se répétait
ces mots qu'il avait lus de ses doigts. Il sentait encore la texture de la
lettre. Pourquoi était le mot qui tournait dans son esprit... et comment la
réponse qu'il cherchait pour trouver une solution à tout cela. Il ne savait pas
encore ce qu'il allait faire, comment il allait arriver à ça, mais une chose
était certaine, jamais il ne laisserait cet homme gagné. A cette pensée, il
tourna son visage vers Antony pour glisser ses doigts sur sa joue, appréciant la
chaleur de ce dernier, et dans un murmure le remerciant finalement de s'être
imposé... Même s'il devenait également sa plus grosse faiblesse....
A suivre …