Le troubadour de la Mort
 





Titre :  Le troubadour de la Mort.
Auteur : ryuji_takana@yahoo.fr
Chapitre : 08
Genre : Yaoï. Fantastique / Intrigue / Action.
Résumé : Londres, de nos jours. Les jours où Jack the Ripper (Jack l’éventreur) sont révolus depuis longtemps. Le calme règne en ville. Pas de gros crime pour la police. Mais la paix est de courte de durée. Le 21ième siècle commence et l’atrocité avec. A peine plus d’un siècle nous sépare des meurtres en série de Jack. Et pourtant, la ville se retrouve à nouveau plongé dans la peur. Des crimes étranges sont produits. Chaque nuit, un corps est retrouvé. La gorge tranchée, le sang vidé. On parle d’un nouveau Jack. Mais de l’éventreur, on le nomme l’égorgeur. Ainsi depuis trois semaines, en titre du Times, nous lisons : Nouveau meurtre de Jack the Bloodsucker.
Disclamer :
Warning, présence de scènes de violence, de meurtres et autres dans certains chapitres…
Pensées  
  


Vingt-quatre Décembre (Suite)


Nicholas s’était retrouvé avec une journée particulièrement chargée aujourd’hui. Il ne savait pas pourquoi, mais toujours était-il qu’il avait parcouru de long et en large Londres afin de satisfaire sa sœur. Il fallait préciser que pour Sybell, Noël avait une grande signification, et ce, depuis qu’elle était toute petite. Bien obligé, en connaissant cela, de satisfaire les quatre volontés de son aînée. L’archéologue en manque de terrain se retrouvait à faire les magasins dans l’espoir de trouver l’ingrédient ou l’objet oublié. Ce qui n’était pas facile à faire, surtout quand la chose demandée est la plus prisée, réservée les mois passés par la plupart des résidents de sa bonne vielle ville. Pourquoi sa sœur attendait donc toujours le dernier moment pour s’occuper de ce genre de chose ? Nicholas était persuadé que cette dernière prenait un malin plaisir à le torturer… même en cette vielle de journée sainte…



Soupirant devant ce fait, le jeune homme, plus qu’obligé, entrait dans le énième magasin à la recherche de l’ingrédient secret pour réussir la parfaite dinde, quand son téléphone sonna. Surpris, il faillit oublier que son cœur devait continuer de battre pour vivre. Cette constatation faite, il décrocha se demandant bien qui pouvait l’appeler, surtout avec un numéro masqué. Il ne se méfait pas vraiment de ce genre de choses. Pourtant, il le devrait, après ce qui s’était passé dans son appartement. Bien entendu, cela le rend encore nerveux, mais son beau-frère l’avait suffisamment rassuré pour qu’il n’y pense plus en journée. Donc, il était très loin de paniquer devant la non connaissance d’un numéro ou l’abordage d’un inconnu. Nicholas était ainsi, au grand damne de sa sœur qui se faisait du coup du souci pour deux.



- Willys, j’écoute ! »

- Professeur ? C’est Myrthe… » Informa une voix de femme à l’autre bout du fil.

- Myrthe ? » Coupa le brun un poil à côté de la plaque.

- Votre secrétaire Professeur Willys… Votre secrétaire… » Soupira la femme, habituée depuis longtemps à cet homme tête en l’air. « Je vous appelle pour vous rappeler que le directeur vous attend à midi pile pour le déjeuner. J’espère que vous… »

- Midi ? Comment ça ? Midi aujourd’hui ? Maintenant ? » Bredouilla l’homme qui réalisait son oubli, coupant une nouvelle fois sa secrétaire.

- Oui… Maintenant Professeur… » Soupira t’elle à nouveau. « Dois-je faire venir un taxi à vous et prévenir le directeur de votre retard ? » Interrogea la femme qui connaissait déjà la réponse cependant. Mais elle préférait être certaine.

- Euh… Oui, faites… faites Madame Myrthe… Merci… » Fit le jeune homme alors qu’il raccrochait au nez de sa secrétaire.



Alors que le téléphone était coupé, au même moment, dans un vieux bureau de l’université, une femme d’âge mûr, vêtue assez simplement d’une jupe en toile grise, tombant presque sur les chevilles, et d’un chemisier blanc recouvert d’un vieux gilet gris terne, tapait d’agacement sur le clavier de sa vieille machine à écrire, ne voulant pas de ces machins modernes comme elle le dit elle-même, devant la simplicité et le manque de concentration de son patron…



- C’est Myrthe ou Madame Adams… » Soupira t’elle à nouveau. « Bien… Où… Professeur ? Allô ? Professeur ? Allô !!! » La femme regarda à deux fois son combiné de téléphone avant de raccrocher avec plus d’agacement encore pour enfin reprendre le téléphone, afin de rappeler. « Non mais je rêve… Il m’a ENCORE raccroché au nez ! A quand ma mutation que j’ai demandée ? » Grommela t’elle alors que le «Tou » répétitif commençait à se faire entendre.



Ce fut au bout d’un troisième « Tou » qu’une voix lui répondit.



- Willys, j’écoute ! »

- Où êtes-vous professeur ? » Interrogea Myrthe prenant sur elle pour ne pas traiter de tous les noms l’archéologue.

- Pardon ? Qui est à l’appareil ? » Demanda surpris l’homme qui sortait, avec satisfaction, du magasin, après avoir enfin trouvé ce que Sybell voulait.

- Votre secrétaire Professeur… votre secrétaire… Où êtes-vous pour que le taxi vienne vous chercher ? »

- Ahhhhh ! Madame Myrthe ! Désolé, cette journée me tuera. Je me sens d’un coup fatigué. »

- Ce n’est pas grave ! » *Fatigué, fatigué… c’est plutôt vous qui fatiguez votre monde… Et c’est Madame ADAMS !* Songea la femme avant de reprendre voix haute. « Alors ? »

- Alors quoi ?... » Il lui fallut deux secondes pour se ressaisir et donc reprendre. « Ah… Où je suis. Alors je suis… euh… » Nicholas regarda autour de lui, perplexe et sans lunettes. « Je ne sais pas très chère. Oubliez, je vois un taxi au loin, je le prends. J’arrive tout de suite ! »



Et en moins de temps qu’il en fallait pour dire « ouf », il raccrocha une nouvelle fois au nez de sa secrétaire, pour foncé droit sur le taxi et… le louper. Un homme fut plus rapide et lui vola le véhicule avant lui. Dépité par son patron et le connaissant un peu trop bien à son goût, la secrétaire raccrocha son combiné et informa simplement que le Professeur Willys aurait du retard, dû aux embouteillages.



L’archéologue partit donc à la recherche d’un taxi, tenant précieusement les épices tant recherchées. Il savait qu’il devait se dépêcher et croyez le ou pas, il se dépêchait. Mais un enchaînement de malchance lui retirait, malgré les nombreuses occasions rencontrées, toutes possibilités d’atteindre un taxi et grimper dedans. Cette journée allait vraiment l’achever à ce rythme. Cependant, plutôt optimiste, il ne baissa pas les bras. Puisqu’il ne pouvait trouver de taxis libres, il prendrait les transports en commun. Ce fut donc dans cette optique qu’il se mit en quête d’une station. Chose qu’il trouva sans grand mal…



Embarqué quelques minutes plus tard dans décor digne de l’imagination d’un écrivain, il regarda autour de lui afin de prendre le bon métro qui le conduirait à l’université. Son regard tomba d’abord sur les murs en carrelage anciennement blanc, joliment décorés de graffitis en affirmant de cette façon l’existence de plusieurs groupes. Nicholas se surprit à songer que les humains, et ce malgré le temps passant et l’époque changeante, n’avaient pas changés. Ils continuaient de marquer leur territoire avec des symboles montrant leur appartenance à tel ou tel groupe. Sa thèse qu’il avait faite il y a bien longtemps de cela déjà était toujours autant d’actualité. Cela le fit sourire alors que son regard continuait de se promener. Là, il vit de nombreux passants attendant leur métro, les bras chargés de cadeaux. Il remarqua en les observant ainsi que la couleur prédominante des vêtements que tous portaient, était le rouge. Le vert rattrapait presque sa rivale, lui faisant penser que personne ne pouvait oublier, de cette façon, à quelle époque de l’année ils étaient. Encore une marque d’appartenance… Un moyen de se repérer… L’instinct humain au final ne changeait vraiment pas. Son regard continua alors sa progression pour enfin tomber sur les panneaux d’indications. Ils n’étaient plus vraiment blancs, mais pas vraiment gris. Il manquait certaines lettres. Mais la force de l’habitude remplaçait instinctivement les lettres manquantes. Cherchant son information, Nicholas finit par se remettre en marche. Il traversa deux longs couloirs, eux aussi en carrelage aux couleurs plus vraiment blancs, pour enfin arriver sur le quai désiré…



Il ne dut pas attendre bien longtemps pour que son métro arrive. Il pénétra sans hésiter dans la rame avant de se mettre dans un petit coin, protégeant ses achats, compresser par les gens qui s’accumulaient dans le même wagon que lui. Supportant avec mal ce confinement, étant du genre à aimer le grand air, il chercha à s’occuper l’esprit. Il observa donc les quelques personnes qu’il pouvait distinguer dans la masse ambiante. Il y avait une jeune femme, debout contre une des vitres, serrant avec force son sac à main, mais également la main d’un petit garçon qui cherchait, contre toute opposition, à s’échapper pour aller découvrir ce nouveau lieu plein d’intrigues. Nicholas comprenait cette curiosité naturelle, mais il avait du mal contre cette idée de progresser dans un lieu avec autant de monde. Il préférait être dans une tombe égyptienne, vaste, sous terre, certes, mais sans personnes qui pourrait lui voler son oxygène. Cette idée le conforta et il passa à un autre sujet d’observation. Si bien, jusqu’à l’arrivée de sa station, il put voir un vieil homme qui dut batailler pour obtenir une place assise ; un homme d’âge mûr qui ne cessait de passer des coups de fils, chose qui était limite irritante ; un étudiant qui jouait avec ses doigts contre une vitre comme s’il répétait son ultime spectacle de batterie ; et enfin un père noël qui évitait les regards des enfants car sa main, malencontreusement, se glissait dans les poches des personnes autour de lui, pour obtenir des étrennes avant l’heure…



Ne tenant pas compte de ce dernier point, Nicholas descendit à son arrêt et se rendit, avec une bonne heure de retard, à son repas. Souriant comme toujours, il se dirigea en premier lieu vers son bureau. Il avait, là-bas, une deuxième paire de lunettes. Il lui en fallait une, s’il voulait pouvoir lire les documents que le directeur lui donnerait à lire très certainement. Il les trouva après une recherche intensive. Puis il courut jusqu’aux appartements du directeur qui se trouvait un peu en retrait dans l’université. Essoufflé, il s’arrêta un temps devant la porte. Il reprit son souffle tout en rajustant ses vêtements. Puis, il cogna. La porte s’ouvrit. Et un homme bourru, au visage rougeoyant fit son apparition. Etant donné son retard, cela n’avait absolument rien de surprenant. Mais Nicholas, fidèle à lui-même, ne prit pas garde à ce visage coloré, et se contenta d’entrer, soulagé d’être enfin arrivé.



- Bonjour Monsieur le Directeur. Désolé de mon retard, mais si vous saviez ce qu’y m’était arrivé ! Je pourrais écrire un livre. Vous allez bien ? Vous semblez avoir chaud. Votre visage est tout rouge ! »



Sans rien ajouter de plus, il posa son manteau accompagné de son écharpe sur le portemanteau prévu à cet effet. Il retira également ses chaussures. Elles étaient bien trop sales, à son goût, pour pénétrer dans un appartement aussi beau. Et il laissa à son agacement son supérieur et aîné. En effet, l’homme d’une forte corpulence avait ses moustaches brunâtres qui s’irisaient tellement devant l’attitude du professeur. Mais en bon anglais, il ravala sa colère, prit sur lui, et décida que parlementé avec cet homme était inutile. Autant qu’il remonte les bretelles à un mur. Préférant tirer sur le gilet de son costume, il attrapa une vielle montre à Gousset de sa poche pour regarder l’heure. Il leva les yeux aux ciels avant d’inviter son retardataire à rejoindre le salon où le repas les attendait. Le repas, ainsi, pu se dérouler. Le directeur parla à Nicholas de ses recherches en Egypte et de son second mémoire qu’il attendait toujours. Il lui fit la requête de prendre une autre classe et de mener des fouilles pour les prochaines vacances d’été dans le Sud de l’Inde. Chose que l’archéologue refusa immédiatement. De son côté, il avait d’autres projets. La discussion s’éternisa, s’éternisa et s’éternisa encore… Si bien que presque cinq heures passèrent avant qu’ils ne le remarquent. Ce fut la sonnerie de téléphone qui leur rappela cela. La femme du directeur n’était visiblement pas ravie que son mari ne soit pas encore arrivé chez leur fils aîné…



Nicholas et le directeur se séparèrent à dix-huit heures dix. Chacun partit de son côté. Le professeur avait encore des choses à faire avant de se rendre chez sa sœur. Heureusement, il avait eu la brillante idée, enfin le directeur avait eu une brillante idée, de faire envoyer un coursier chez cette dernière pour lui apporter les ingrédients manquants du repas du soir. Il l’avait fait chez le directeur, et il bénissait en cet instant ce dernier d’y avoir pensé. Cependant, il lui restait à trouver le cadeau de Sybell mais aussi celui de son beau frère. Ce qui n’était pas la chose la plus évidente pour lui. Bien que trouver pour l’un était plus simple que trouver pour l’autre… Mais bon, restait la recherche… Soupirant, l’homme à la chevelure brune violacée se dirigea à nouveau vers les transports en commun. Cette fois-ci, le décor fut moins bondé. Chose que Nicholas ne remarqua même pas, trop concentré dans sa recherche de présents. Si bien qu’il se retrouva en moins de temps qu’il en fallait pour dire « ouf » en… où déjà ?



Relevant les yeux, le professeur remarqua qu’il s’était trompé de destination. Il était dans un lieu assez désertique en fait. Il n’y avait que des vieux bâtiments. Cet endroit donnait la chair de poule au scientifique. Secouant la tête pour ne pas tomber dans des craintes enfantines, il releva la manche de son manteau pour regarder l’heure. Il fut impressionné de découvrir qu’il avait passé une bonne heure dans le métro. Il devait être loin du centre ville. Regardant autour de lui, il soupira un peu dépité que ce genre de chose n’arrive qu’à lui. Ne voulant pas faire demi-tour, il ne lui restait qu’une heure et demie, à peine, pour arriver chez sa sœur. Il se mit à espérer que, dans ce lieu peu accueillant, il y ait un magasin survivant de la délocalisation. Après tout, les miracles, ça existe, surtout en veille de Noël. Plutôt content de cette pensée, ses pas se firent plus sûrs alors qu’il progressait dans les allées désertiques de la zone désinfectée.



C’est à ce moment précis que son téléphone décida de se faire entendre. Chose qui provoqua une profonde frayeur à Nicholas. Il lui fallut un certain temps avant qu’il ne se ressaisisse et qu’il puisse répondre. Tenant sa poitrine de peur que son cœur ne s’échappe, il posa son téléphone sur son oreille, respirant un peu trop rapidement sur le coup…



- Willys ? Qui est à l’appareil ? » Finit-il par demander.

- A ton avis ? » Fit une voix féminine à l’autre bout du fil.

- Sybell ! Mais… » Il regarda à nouveau sa montre. « … je ne suis pas en retard. Qu’y a-t-il ? »

- Je le sais parfaitement que tu n’es pas en retard. Je voulais juste te rappeler à quelle heure tu dois être là. Et aussi de prendre quelque cookies à la boutique en bas de la rue. Elle est prévenue. Ils sont mis de côté. Tu as juste à les récupérer. Compris ? »

- Euh… Oui. Mais tu ne peux pas les récupérer toi-même ? »



Nicholas regretta presque aussitôt ses mots. Sybell se mit à crier comme jamais, comme quoi elle n’avait pas que ça à faire. Que le diner n’allait pas se faire seul pour remplir les estomacs de CES messieurs. Et que s’il n’était pas content, IL faisait le repas et elle les courses. L’archéologue éloigna de son oreille son téléphone portable, et attendit que sa sœur ait finit de crier. Il lui annonça qu’il y irait les chercher, qu’il n’était pas la peine d’hurler de cette manière. Il raccrocha ensuite, laissant sa sœur à sa colère. Il n’avait pas que ça à faire. Soupirant en songeant que cette veillée de Noël allait être éprouvante pour ses oreilles, il se remit en marche, rangeant son téléphone dans sa poche. Heureusement que Lawrence serait là. Il tempèrera le caractère si « charmant » de sa sœur. Souriant devant cette idée, il revint à sa recherche. Posant son regard azuréen sur le décor, il commençait à se demander s’il y avait encore des magasins ici. En fait, il commençait vraiment à en douter. Il allait d’ailleurs faire demi-tour quand il vit une ombre passer.


Certain qu’il s’agissait d’un homme, Nicholas se mit en quête de le rattraper. Il voulait savoir s’il y avait des magasins dans le coin. Et il fallait qu’il fasse vite. Courant donc vers cette ombre, il la vit aller tout droit, puis tourner à droite, puis à gauche, encore à droite, deux fois à gauche pour enfin disparaître. Se figeant, le scientifique regarda autour de lui pour voir s’il revoyait cet homme. Mais personne, il s’était évaporé. En plus, cette ombre, cette personne, il était certain de la connaître. Il avait reconnu quelque chose, mais il ne savait pas quoi. Et encore moins qui… Soupirant à nouveau, il continua de regarder autour de lui, avant de réaliser, qu’avec tout cela, il s’était perdu. Soupirant, il se laissa tomber sur les fesses pour lever les yeux vers le ciel. Il devait être presque vingt-heure, la nuit était déjà présente. Un rapide coup d’œil à sa montre lui confirma cela. Se laissant tomber sur le dos, il vit alors les premiers flocons de neiges tomber. Il eut un sourire en songeant que cette année serait un noël blanc avant de se ressaisir. Il devait se lever. Il ne devait surtout pas perdre de temps à se lamenter. Sybell le tuerait s’il arrivait en retard et sans cadeaux. Se frappant les joues pour se ressaisir, il se remit en marche.



Alors, il avait tourné à gauche… Non, à droite… Ou alors était-il aller tout droit ? Nicholas ne savait plus. Se grattant la tête, il chercha à se souvenir, en vain… Rien ne semblait vouloir lui indiquer la bonne route. Alors, n’ayant pas le choix, il se mit à marcher droit devant lui. Pas part pas… Mètre par mètre… Il progressa. Ce petit « jeu » dura presqu’une heure. Il était vingt-et-une heure trente lorsqu’il entendit un cri qui lui glaça le sang. Ca y était, les monstres de Noël étaient de sorti ! Paniquant, il chercha à se cacher avant de réaliser qu’il était en plein délire. Se frappant le front, il soupira devant son manque de pratique…



Franchement mon vieux, à ce rythme là tu vas finir à l’asile. Faut arrêter !

Songea-t-il alors qu’il regardait autour de lui pour voir si quelqu’un était là.

Bon, s’il y a un cri, il y a des habitants… N’empêche que ce cri était effrayant. J’en ai encore la chair de poule.



Se frictionnant les bras devant cette réalité, il se dirigea vers le lieu du bruit. Heureusement – ou pas, selon les points de vue – le cri continua de se faire entendre. Etrangement, Nicholas souffrait pour cette personne. Il avait mal pour lui. Il en devenait très inquiet. Car ce que le vent lui amenait n’était pas des cris de personnes faisant la fête. Non, c’était quelque chose d’effrayant, empli de souffrance… Comme si quelqu’un s’amusait à le faire souffrir. Chose que l’archéologue doutait. Personne n’était ainsi. Surtout en une veillée de noël. Il en était persuadé. Se rassurant de cette façon, il se détendit du coup. Si bien, qu’il songea que des acteurs avaient investis les lieux pour tourner un film d’horreur ou quelque chose de ce genre. Les lieux étaient idéaux pour ça. L’environnement était tellement décharné. Les bâtiments, pour la plupart tombaient en miette. Oui, cet endroit était parfait pour tourner ce genre de film. Le jeune homme songea que finalement dans son malheur il avait de la chance. Il allait enfin trouver des personnes. Et qui sait, il pouvait leur prendre un peu de décors et les offrir à Sybell et Lawrence.



Progressant encore, il sut d’où venaient les cris. Enfin ! Une chance, car ces derniers venaient de cesser. Loin de s’en soucier, il avança d’un pas assuré. Il ne remarqua pas l’ombre, qu’il avait poursuivi, passer non loin de lui. L’ombre ne le remarqua pas non plus, trop satisfaite pour cela. Se croisant sous un demi rayon de lune, alors que la neige commençait à peine à tenir au sol, l’un rentra dans le bâtiment que l’autre venait de quitter. L’un se dirigea vers une moto un peu plus loin, pendant que l’autre montait un à un les escaliers. Rapidement, l’un quittait les lieux, pendant que l’autre arrivait à destination… Il était vingt-deux heures dix. Il était incroyable de voir à quel point le temps pouvait passer vite quand on voulait qu’il se rallonge. Et vice-versa. Car en cet instant, pour Nicholas, le temps se figea. Il venait de pousser une porte. Une porte qui était au bout d’un couloir, qui l’avait conduit à un vieil appartement, qui l’avait conduit à cette chambre d’enfant.



Devant ses yeux, l’innommable se dessinait. Il était là, immobile, figer, pâle devant ce qui avait été un homme. Un homme mort… Un homme ensanglanté… Le scientifique ne prit même pas le temps de réagir et de vérifier si cet inconnu était vivant. Il ne l’était pas. Il le savait. Il y avait bien trop de sang pour ça. Portant la main devant sa bouche, il réalisa ce qu’il avait entendu jusqu’à ce lourd silence. Ces cris, ils furent les derniers mots de cet homme… Des cris… La souffrance avait été ses derniers instants de vie… Envahi par des hauts le cœur, Nicholas eut juste le temps d’aller dans le coin de la pièce pour y vomir tout son déjeuner. C’en était trop. Comment on pouvait faire ça à une personne ? Comment ? Paniqué… Il ne chercha même pas à s’enfuir. En fait, il en était incapable. Comme il ne chercha même pas à savoir si l’assassin de cet homme était encore là… Il se laissa juste tomba, à quelque pas de la porte, n’ayant pas pu aller plus loin, comme déconnecté de la réalité. Le choc avait été rude.



Nicholas ne sut pas combien de temps s’était passé entre sa découverte et la reprise de ses esprits. Il avait fini par perdre connaissance. Commençant tout juste à réfléchir correctement, il prit son téléphone. Il composa le numéro de la police, et attendit. Une sonnerie, puis deux, puis trois… jusqu’à six avant qu’on ne se décide à décrocher. La bouche sèche, il essaya de se redresser, alors qu’un agent de police se présentait à l’autre bout du fil.



- Agent Simmons, quelle est la raison de cet appel ? »

- Il… Il y a un mort… devant moi ! Envoyez… une voiture… » Murmura le brun encore embrouillé par tout cela.

- Allô ? Répétez s’il vous plait. Je ne vous entends pas. Quel est votre nom ? Où êtes-vous ? Avez-vous besoin d’une assistance ? Nous vous localisons. Ne raccrochez pas ! »

- Un mort… Devant moi… Je ne sais pas… Willys… Non… d’accord… » Répondit Nicholas par à-coup avant de laisser tomber le portable au sol, toujours allumé.



Il y eu encore des allô à plusieurs reprises, puis finalement plus rien. L’appel avait dû être localisé car un signal dans le téléphone démontra qu’on avait raccroché. Chose que Nicholas ne remarqua pas. Il fixait le cadavre d’un regard absent, réalisant que s’il s’était dépêché, s’il avait couru, il aurait pu le sauver. Cet homme aurait pu connaître un nouveau noël. Se remettant la cause sur le dos, il resta dans cette position sans remarquer les sirènes de voitures de police. Il ne remarqua pas plus les deux policiers qui avaient fini par arriver. Il ne remarqua pas l’agitation qui peu à peu se forma autour de lui. Il ne réalisa pas non plus qu’on lui parlait. Il était sous le choc, complètement déconnecté. Plus il s’était reproché le fait, plus il s’était éloigné de la réalité. Ce fut une voix qu’il connaissait bien qui le ramena à la réalité. Reposant ses yeux sur cette dernière, il eut un mouvement de panique, il hurla même un « ne vous approchez pas », avant de réaliser qui se trouvait devant lui. Se détendant, il se demanda bien pourquoi il avait réagi comme ça, ressentant encore cette peur qu’il avait ressenti en voyant son beau-frère. Secouant la tête, il se redressa au mieux. Voir Lawrence avait quelque chose de rassurant. C’était comme s’il s’éveillait d’un mauvais rêve. Heureusement qu’on avait recouvert le corps. Sinon, le cauchemar aurait resurgi du coup…



- Lawrence ! » Soulagé de le voir, il fondit dans ses bras, se moquant bien des regards des autres et des jugements qu’il pourrait avoir. « Je ne suis pas arrivé à temps… Je l’ai entendu crier… Mais j’ai cru que c’était un film… Je… »



Il se retrouva doucement repoussé alors que l’inspecteur lui souriait pour le rassurer. Il lui ébouriffa les cheveux comme il avait l’habitude de le faire, avant l’entraîner doucement en dehors de la pièce.



- Doucement Nicholas. Tu sais que tu nous as fait du souci. Sybell est hors d’elle… Déjà que j’étais en retard… Alors toi en plus… Enfin tu as une bonne excuse. Que faisais-tu ici ? Raconte-moi ce que tu as vu. Tu a vu le tueur ? Tu sais que tu as de la chance. D’après les preuves, nous avons à faire à l’égorgeur. Noël ne semble pas être sa période fétiche. » Termina Lawrence avec un pointe d’humour qui ne marcha pas vraiment.

- Désolé… » Nicholas sembla chercher dans ses souvenirs avant de continuer. Essayant de se détendre, il reprit avec un peu de calme, et ce, malgré son corps tremblant. « Je me suis trompé de métro encore une fois, du coup je me suis retrouvé ici. Je n’avais plus le temps de faire demi-tour alors j’ai cherché un magasin pour vous faire un cadeau. C’est là que j’ai vu un homme. J’étais certain de le connaître alors… »

- Tu veux dire que tu as vu l’égorgeur ? » Coupa subitement Lawrence inquiet.

- Je crois… enfin je ne sais pas. Je n’ai vu que son dos… Et il m’était familier. Mais je n’en suis pas sûr. »

- Je vois… Continue ! »

- Euh… Oui… Alors… J’en étais où… Ah oui… Alors je pensais le connaître, donc je l’ai suivi. Mais j’ai perdu sa trace. J’ai donc avancé droit devant moi. C’est là que j’ai entendu les cris. Je les suivis et le reste… le reste c’est cette chambre… Oh mon dieu ! C’était horrible…. Comment on peut faire ça ? Je croyais que l’égorgeur égorgeait ses victimes… Lui… Lui il n’a pas été égorgé… Il… »

- Chut… C’est bon… On va rentrer au commissariat. Je vais prendre ta déposition et après te ramener à la maison. Ne pense plus à ce corps… Le reste n’est plus de ton ressort. »



Tentant de le rassurer, Lawrence fit ce qu’il dit. Il regarda Nicholas inquiet. Qu’il soit un témoin n’était pas une bonne chose. Il avait déjà des soucis avec le voleur qui s’était introduit chez lui. Fronçant les sourcils, la situation ne lui plaisait pas du tout. Néanmoins, il garda cela pour lui. Il fut presque deux heures du matin quand ils arrivèrent chez lui et Sybell. Cette dernière les avait attendus. Elle se précipita vers son frère qu’elle oublia de réprimander. Elle lui offrit un bon grog avec de quoi dormir avant de le coucher. Noël débuta de cette façon… Se plongeant dans un sommeil artificiel, Nicholas ignorait en cet instant que son destin venait de prendre un nouveau tournant. Il ignorait que ce Noël deux-mille-neuf allait changer les destins de plus d’une personne…



Dans un appartement, dans les toits, des meubles étaient jetés de toutes parts, alors que des hurlements de rages et de douleurs hantaient toute la rue. Une vengeance se tissait alors que dans un bureau, quelqu’un s’inquiétait qu’on ait pu le voir. Un témoin gênant… Un témoin qu’il devait réduire à néant avant qu’il ne le reconnaisse vraiment…


 


A suivre …