Akaitsuki
(Chroniques de
Yakuza)
Titre
:
Akaitsuki
Auteur : Val-rafale et Tenshi
Chapitre : 12
Genre : Yaoï. Policier / Intrigue / Action.
Couple : Toujours mystérieux
Disclamer : Ils leurs appartiennent toujours - ~
Pensée ~
L’innocence incarnée (Partie 1)
Le soleil
s’était installé depuis maintenant plusieurs jours sur la ville de Kyoto. Une
douce chaleur l’accompagnait, au plus grand plaisir des habitants de la ville
qui n’hésitaient pas à sortir afin d’en profiter au maximum. Tous savaient que
cela ne durerait pas. La pluie et le froid reviendrait certainement vite avec
l’hiver. Mais en attendant cette désolante réalité, chacun jouissait de
l’instant présent, du moins pour ceux qui ne travaillaient pas. Ce qui n’était
pas le cas de Tetsu et d’une partie de son groupe. En effet, le brun avait été
contraint et forcé, une semaine auparavant, de réorganiser le programme de
chaque membre ainsi que des hommes en qui Akiharu Tsubasa avait une totale
confiance. La cause de ces petits changements, était la brusque grippe qu’avait
attrapée la souris de l’équipe. Résultat, tout le monde avait changé d’emploi du
temps et au niveau de l’équipe Mayoi, le travail avait augmenté, pour ne pas
dire doublé.
En plus de passer presque tout leur temps dans le casino, chacun à leur tour,
ils devaient rester auprès de Nezumi qui craignait, plus que tout, la solitude.
Il était incapable de demeurer dans une pièce sans avoir une personne à ses
côtés. Il ne pouvait donc pas non plus rester seul dans quelconque endroit
désert. Cela créait en lui un sentiment de panique d’une rare violence. Mais ce
n’était pas l’unique raison de cette surveillance. Il fallait aussi veiller sur
le brun dont la fièvre n’avait pas baissé une seule fois depuis le début de sa
maladie. Il était couché, affaibli mais, hélas, plus infernal que jamais, sans
arrêt à se plaindre de se sentir mal, à geindre, ce qui était d’autant plus
fatiguant. Par chance, jusque là, Tetsu état parvenu à échapper à cette corvée.
Vu qu’il faisait les emplois du temps, cela n’avait guère été difficile.
Cependant, son travail au casino avait presque triplé comparé aux autres. Mais,
il devait avouer, il préférait cela plutôt que de se retrouver seul avec un
Nezumi malade.
Travaillant donc depuis pas mal d’heure au casino, le leader du groupe Mayoi
voyait la fin de son tour de garde approcher. Il allait avoir un après midi et
une nuit pour récupérer de quarante huit heures de travail. Il comptait bien
dormir tout ce temps afin de se préparer à un nouveau cycle. Et enfin, le temps
de sortir de son lieu de travail était venu. Tetsu n’était pas du genre à
apprécier d’arrêter de travailler, mais là, il devait avouer que ça lui
procurait un certain soulagement. Même s’il savait qu’à la maison, les
gémissements sans fin d’une certaine souris allaient résonner jusqu’à sa
chambre. C’est d’ailleurs pour cela qu’il eut pour idée, avant de rentrer au QG,
de passer par le « Café des délices », afin d’y prendre quelques gourmandises.
Ainsi la souris serait occupé à se remplir la panse et lui aurait le temps de
dormir un peu avant de faire le nouveau planning de la semaine prochaine. Ce fut
donc dans cette idée que le tueur quitta les lieux. Mais avant, il laissa
quelques consignes aux hommes restant. Puis il se dirigea vers sa Z8
décapotable. Il avait abaissé le toit pour profiter des beaux jours actuels. Et
retira l’alarme avant d’y monter. Il ne perdit pas de temps pour mettre le
contact et se diriger vers le café.
Il arriva assez rapidement sur les lieux. Il fallait préciser que Tetsu avait
une conduite plus que nerveuse. Il ne connaissait pas le frein et roulait à des
vitesses parfois effrayantes. Ce qui pour lui était parfaitement normal. Après
tout, celui qui lui avait appris à conduire conduisait de la même façon, voir
même pire. Arrivant donc rapidement au point voulu, il se gara avec une facilité
affligeante et descendit l’air de rien, de manière aussi froide, avant de
remettre l’alarme sur son véhicule. Il rajusta alors son costumes trois pièces
de couleur noire pour se donner une meilleure apparence avant de se diriger vers
l’entrée du café. Il était surprenant de voir à quel point un homme aussi
imposant pouvait se fondre dans le décor une fois une porte d’un lieu franchi.
Discret, toujours égal à lui-même, il prit une table prêt d’une fenêtre,
suffisamment en retrait, mais aussi très bien située dans le café. Ainsi il
avait un œil partout tout en étant invisible aux regards des autres. Tetsu
prévoyait tout. Il commanda alors un café, histoire de se poser un peu, ainsi
qu’une dizaine de viennoiseries qu’il demanda à être emballées. Le brun ne
perdait pas son but premier. Ceci étant fait, il regarda autour de lui,
observant instinctivement les environs, tout en attendant sa commande.
Au même moment, un jeune homme, un peu trop fin aux goûts de nombreuses
personnes, entra dans le café, sourire aux lèvres, un brin l’air fatigué. Ce qui
ne semblait pas le troubler plus que cela, puisqu’il se dirigea assez calmement
vers une table. Il sortit de sa poche le peu de monnaie qu’il possédait afin de
vérifier ses moyens. Et enfin, satisfait de la somme, il commanda un cappuccino,
l’air plus que réjouit. Le serveur lui amena rapidement sa boisson, encaissant
le paiement par la même occasion. Il laissa ce jeune garçon déguster ce café
particulier. Le visage de ce brun, aux cheveux longs parsemés de mèches
blanches, attachés en natte, s’illumina d’un magnifique sourire alors que son
regard se posait sur sa tasse. Il chercha de la main la petite cuillère avant
d’observer la soucoupe, constatant l’absence de cet objet pourtant très utile
pour consommer le capuccino. Il se leva donc dans le but d’aller en réclamer
une. Hélas, au moment de se mettre debout, un vertige s’empara de lui, le
faisant vaciller avant de perdre l’équilibre.
Le garçon pensait tomber, se faire mal à cause de son manque de vigilance et
surtout d’énergie, mais ce ne fut pas le cas. A sa grande surprise, deux bras
puissants le saisirent au vol. Tetsu, ayant vu la scène de sa place, avait
réagit d’instinct et attrapé la chose qui tombait par pur réflexe. A présent, le
regard froid, il regardait le colis qu’il maintenait avant de le remettre sur
ses pieds. Sans attendre que le jeune homme ne prenne la parole, il imposa sa
place à ce dernier, récupérant le capuccino qui avait été abandonné le temps
d’un instant. Il regarda de bas en haut l’étranger. Ce regard bleu, ce visage
pâle, aux traits fins et ces cheveux noirs, malgré les mèches blanches qui les
parcouraient démontraient parfaitement qu’il n’était pas japonais. Tout en
l’observant, Tetsu lui tendit une cuillère et une viennoiserie. Il l’avait prit
dans la commande destinée à une certaine souris.
- Mangez ! » Fut le seul mot qu’il prononça avant de retourner à son café.
- Euh… »
Le jeune homme cligna des yeux. Il avait du mal à comprendre pourquoi il était
assit ici alors qu’il avait une place à lui. Il lui manquait juste une petite
cuillère. Il fixa d’ailleurs l’objet d’aluminium qu’on lui avait tendu mais
aussi la viennoiserie. Il revint après à l’étranger, puis de nouveau à la
cuillère. Il se leva ensuite, souriant comme il avait toujours l’habitude de
faire.
- Merci mais gardez le ! J’ai juste besoin de cette cuillère ! » Informa-t-il
avec un accent typiquement américain malgré le bon japonais dont il usait.
Joignant les gestes à ses mots, il abandonna le pain au chocolat avant de se
rediriger, avec sa tasse qui avait suivit sa migration, pour retourner à sa
place. Mais ce mouvement n’était pas sans compter sur Tetsu qui attrapa le bras
du garçon et le força, à sa façon, à se rasseoir en face de lui. Il reprit la
viennoiserie et la lui donna.
- Mangez ! »
- Mais… » Soupirant devant l’insistance de l’inconnu, il opta pour une nouvelle
solution. « Je suis Carter Mickaël et vous ? Je vous remercie de m’avoir
rattrapé, j’aurais pu me faire très mal. »
- Mangez ! »
Tetsu ne tenait pas plus que cela à entrer dans une longue discussion avec le
jeune homme. Il voulait qu’il mange et ainsi qu’il n’ait plus de carences donc
de risques de chutes. Le reste lui était égal. Même s’il savait à présent que le
jeune homme était bel et bien étranger, son accent et son nom, étant la donnée
qui lui manquait pour être complètement certain. Prenant sa tasse de café, il ne
perdait cependant pas de vue le garçon, espérant simplement qu’il ait assez de
jugeotte pour obéir sans repartir dans un long monologue. Et son espoir fut…
vain. Mickaël se contenta de soupirer tout en repoussant le pain au chocolat et
en prenant la parole, bien évidemment.
- Je suis désolé, mais je n’en veux pas. Mais merci quand même hein ! »
Le brun aux mèches argentées attrapa son cappuccino et se mit en mission de
quérir toute la mousse avec sa petite cuillère. On aurait dit un enfant devant
son dessert préféré. Les yeux pétillants, il mangea cuillère par cuillère la
mousse. Une fois sa tâche presque terminée, il posa l’objet d’aluminium et
attrapa l’anse de la tasse pour boire son contenu. C’était comme un rituel
qu’effectuait le jeune homme. Les joues rouges de plaisir, il termina ainsi son
breuvage avec un air plus que satisfait. Même si un peu de déception d’avoir
terminé son cappuccino se lisait dans son regard. Il soupira mais garda le
sourire.
- Alors, je dois vous appeler comment ? Chevalier ? Vous savez, pas beaucoup de
personnes ne seraient intervenues devant la chute d’un inconnu. Même si les
japonais sont drôlement respectueux. Vous habitez dans le coin ? »
- Hm… » Tetsu alluma une cigarette avant de reprendre la viennoiserie et la
tendre. « Mangez si vous ne voulez pas chuter à nouveau ! »
- Mais… Je n’en veux pas moi. Et pis je n’aime pas ce qui est sucré. Alors c’est
un peu dur de manger ce genre de chose. Mangez-le vous !! Moi ça va ! J’ai même
pas faim en plus. Alors ? Comment vous vous appelez ? Vous ne voulez pas le dire
? Pourquoi ? Dites ? » Rétorqua avec le sourire Mickaël.
- Je vois… »
Tetsu reprit la gourmandise pour la ranger dans le sac destiné à Nezumi. Il
lâcha une bouffée de fumée de cigarette tout en fixant le garçon. Il savait
qu’il ne mentait pas. Dire qu’on n’aime pas le sucre serait un mensonge bien
trop grand. Donc illogique à dire quand on voulait se justifier avec un tel
sourire. Cependant le tueur s’interrogeait. Ce garçon semblait intelligent,
débrouillard, alors pourquoi cette faiblesse ? Etrange… Cela attisait sa
curiosité. Mais pas que cela… Une sonnerie en son fort intérieur claironnait
suffisamment fort pour attirer son intention. Il ne savait pas encore vraiment
ce que celle-ci signifiait.
- Depuis quand êtes-vous au Japon ? » Questionna le tueur assez froidement,
comme à son habitude.
- Euh… Trois semaines monsieur… » Répondit surpris le jeune homme, en voyant
qu’il savait dire autre chose que « mangez ». « Pourquoi ? Mon japonais est
aussi mauvais que ça ? »
- Non… Il est parfait. Que faites-vous au Japon ? » Continua à interroger le
brun sur le même ton.
- Je travaille… » Soupira Mickaël qui se demandait pourquoi tout d’un coup il
subissait un interrogatoire. « Je n’ai pas le droit. Où alors ceux de mon âge
travaillent pas ici ? »
- Hm… quel âge avez-vous ? »
- Je ne crois pas que cela vous regarde monsieur. Mais j’ai vingt-deux ans. Et
vous ? Et comment vous vous appelez ? Pourquoi vous me posez autant de questions
? En plus vous ne répondez même pas aux miennes ! »
- Tetsu ! » S’identifia simplement le tueur avant de boire une autre gorgée de
son café.
Mickaël ne comprenait pas cet homme. Il le trouvait étrange. A la fois
protecteur et distant, froid mais aussi curieux. Des opposés qui ne devraient
pas aller ensembles. Il y avait aussi comme quelque chose de dangereux qui
émanait de lui. Mais peut être se trompait-il ? Après tout, il n’était pas très
en forme et son esprit devait lui jouer des tours. Secouant la tête, mais
gardant le sourire, il se redressa et s’inclina respectueusement, comme il avait
vu les japonais faire avant cela.
- Enchanté monsieur Tetsu. Mais je dois m’en aller. J’ai un rendez-vous
important et je ne voudrais pas le manquer. »
- Hm… » Tetsu se leva aussi et paya le tout avant de fixer le garçon. « Je vous
accompagne ! »
Surpris, mais ne tenant vraiment pas à être suivit pour ce qu’il allait faire,
il secoua vivement la tête de gauche à droite en signe de négation. Il devait
voir seul son rendez-vous.
- Euh non merci. Mais un rendez-vous je dois y aller seul. En plus je vais bien.
Ne vous inquiétez pas ! » Répondit Mickaël avec le sourire. « Et pis ce n’est
pas loin, alors pas de problèmes ! »
- Je vous accompagne. Quel genre de rendez-vous est-ce ? Petite copine ?
Rendez-vous de médecin ? »
Tetsu ne savait pas pourquoi il insistait autant. Ce n’était vraiment pas son
genre de se mêler d’affaires d’autrui. Mais ce jeune homme l’intriguait. Quelque
chose en lui l’attirait. Pourtant il ne semblait pas différent des autres jeunes
hommes de son âge. A part peut-être son sourire qui semblait persister sur son
visage, qu’importe les situations. C’était un comportement des plus étranges et
tellement inhabituels.
- Oh non alors ! J’ai rien de tout ça ! Et pis d’abord j’aime les hommes pas les
femmes. Et je n’ai pas le temps d’avoir un petit copain ou quelque chose de ce
genre. En plus, je vous l’ai dit, je vais bien. Je me suis juste levé trop vite
tout à l’heure. » Argumenta l’américain toujours aussi souriant. « Je dois juste
voir un détective privé. Alors vous voyez, je n’ai pas besoin de guide ou autre.
»
- Un détective privé ? » Interrogea le brun tout écrasant sa cigarette. « Cela
tombe bien, j’en suis un. »
Le tueur sortit sa carte de visite, tout en remerciant intérieurement le fait
que sa couverture « officielle » soit justement ce métier. Il la tendit à
Mickaël qui la prit et la regarda avec surprise. Gardant toujours son sourire,
ce dernier le fixa ensuite, inclinant la tête de côté.
- C’est vrai que c’est une drôle de coïncidence. Mais j’ai déjà mon détective à
moi. Je l’ai déjà vu deux fois. Alors je préfère le garder. Il connaît bien mon
affaire maintenant. » Expliqua le brun aux reflets argentés, tout espérant que
son vis-à-vis n’insiste pas.
Mais l’espoir fut coupé quand il vit l’homme le fixer tout en le poussant à
s’asseoir. Soupirant, il posa ses mains sur ses genoux, ne comprenant pas
pourquoi cet inconnu semblait tellement vouloir insister. C’était vraiment
bizarre comme situation. Il serra son pantalon de coton noir, attendant tout en
souriant que l’homme le laisse partir. Il était vraiment pressé.
- Euh… Que voulez-vous de moi ? Pourquoi vous ne me laissez pas partir ? Je vous
dois quelque chose ? On doit donner quelque chose quand on aide au Japon ? »
Demanda assez perplexe mais plein d’innocence le garçon.
- Non ! Vous ne me devez rien. » Répondit Tetsu tout évacuant la fumée de sa
cigarette. « Cependant j’aimerais comprendre ce qu’un américain au Japon depuis
trois semaines fait avec un détective privé. Et pourquoi en avoir cherché un dès
votre arrivée. »
Tetsu avait des interrogations claires. Il n’était pas normal qu’un jeune homme,
comme semblait l’être Mickaël Carter, cherche un détective privé. Même si Tetsu
savait que les apparences étaient trompeuses, il savait que ce garçon était
aussi pur que la neige qui venait de tomber. Il n’avait aucun doute sur ce fait.
- Ah ? C’est vrai que ça doit paraître bizarre. Dit comme ça, même à moi ça
paraît bizarre. » Répondit avec le sourire le garçon soulagé que ce soi à cause
de ça que l’homme le retenait et pas pour un truc pervers ou tordu. « Mais en
fait j’ai une explication. Mais je ne sais pas si je peux vous la dire. » Il
fixa Tetsu et inspira fortement. « Parce que en fait, vous voyez, et bien je
cherche mon grand frère. Je sais qu’il est au Japon. Mais je ne sais pas où,
alors je le cherche. J’ai du engagé quelqu’un pour le faire. Je sais juste qu’il
est ici, à Kyoto. Alors je suis venu en avion et je travaille ici. J’ai eu
beaucoup de chance, j’ai trouvé un travail très vite alors j’ai pu trouver un
détective très vite. Mon père disait que je n’y arriverais pas, alors j’ai voulu
lui prouver. »
L’explication de Mickaël était assez confuse, un peu bizarre pour quiconque
l’écouterait simplement. Mais Tetsu ne l’écoutait pas simplement. Il analysa et
regroupa chacune des informations pour tirer des conclusions. Et dans ce
monologue, il avait compris que ce Mickaël Carter avait un frère, que son père
ne le voyait pas comme quelqu’un d’utile et capable et que ce garçon semblait
être attaché plus que tout à son aîné. Il avait noté qu’il travaillait en ville.
Le brun se demandait pour qui un garçon comme lui pouvait travailler. Quelqu’un
se servait de lui ? Tetsu se demandait s’il devait se mêler de cela aussi. Ou
simplement se mêler de la vie du jeune homme. Il avait cette curiosité qui le
poussait vers cette enquête, mais sa tête qui lui disait de se concentrer sur
son nouveau contrat et donc veiller sur son patron comme le bon chef du groupe
qu’il est.
Restant sur le coup un peu trop silencieux, Mickaël le fixa et toujours
souriant, il se redressa. Il se doutait que son histoire devait être bizarre. De
toute façon, tout le monde le trouvait trop bizarre. Dans un sens l’école privée
lui manquait, là-bas il avait des amis. Ici, il était seul, même si jamais il ne
s’en plaignait. Au contraire, il prenait la vie avec le sourire, vivant le
moment présent avec joie. Même si l’argent en ce moment lui faisait défaut et
que parfois la faim lui tiraillait le ventre. Mais après tout, il avait dit à
son père qu’il pouvait se débrouiller seul et qu’il n’avait pas besoin de son
argent. Enfin, pour lui, tout cela était sans importance. Pour lui, la priorité
était de trouver son frère. C’était tout ce qui comptait à ses yeux.
- Bon, je vais y aller. Merci encore monsieur Tetsu ! »
- Tetsu tout court… Et je vous accompagne. Si cet homme n’a rien trouvé, nous
pourrons toujours parler de cette affaire. »
Tetsu avait décidé de l’accompagner, vérifier quelques points qui le
perturbaient puis, si tout allait bien, il laisserait ce garçon à sa vie et
retournerait à la sienne. C’était une concession comme une autre, et cela lui
convenait parfaitement.
- Mais… » Rétorqua Mickaël avant d’être coupé.
- Considérez que c’est le remerciement que j’attends pour vous avoir évité une
chute ! » Coupa Tetsu bien décidé à ne pas entendre de protestations.
Soupirant devant l’argument, l’américain fixa le tueur avant se baisser les
yeux, quelque peu résigné. Il n’avait pas trop le choix. C’était la moindre des
choses qu’il pouvait accorder à cet inconnu qui l’avait aidé.
- D’accord, mais vous n’entrez pas dans le bureau. Vous restez dehors. Compris ?
» Posa le garçon comme condition.
- Bien ! »
Sans rien ajouter, le brun invita Mickaël à passer devant et ainsi sortir du
café des délices. Ce que le jeune homme fit se demandant bien comment il était
arrivé dans cette situation. Soupirant à nouveau, il avança en glissant ses
mains dans les poches, prenant la direction du cabinet de son détective. Il
était un peu nerveux. Il fallait dire qu’il avait eu déjà deux rendez-vous avec
cet homme et les deux rendez-vous s’étaient soldés par un échec. Il avait besoin
de positif aujourd’hui. Oui juste d’un peu de positif même si c’était pas
grand-chose. Mickaël se contentait de peu. Il était ainsi. Regardant derrière
lui, avançant toujours, il fixa l’homme qui le suivait une nouvelle cigarette
aux lèvres.
- Vous avez tant besoin de travail que ça pour que obliger un étranger à vous
embaucher ? » Demanda sans méchanceté, bien au contraire, le jeune homme avec le
sourire.
- Non. » Fut la seule réponse du brun.
L’américain le fixa un instant, quelque peu surpris de la réponse, ne comprenant
vraiment pas ce que cet homme lui voulait. Il était intriguant. Il y avait comme
une aura de secrets qui l’entourait. Mickaël ne savait vraiment pas à quoi cela
pouvait être dû. L’observer, tenter de le comprendre ne faisait qu’accroitre
cette sensation de trouble en lui. Mais le pire, était qu’il n’arrivait pas à se
détacher de tout cela, il désirait absolument en savoir plus sur ce détective.
Il ne comprenait pas cette impression.
Alors qu’il continuait à marcher, le jeune homme ne se rendit pas compte de la
route qu’il s’apprêtait à traverser. Il fixait toujours l’homme se trouvant un
peu derrière lui. Il commença à s’engager sur la voie sans remarquer la voiture
qui lui arrivait dessus. Ce fut uniquement un brusque coup de klaxonne qui le
fit sortir de ses pensées. Il entendit alors le bruit du moteur puis vit le
véhicule lui arriver dessus sans parvenir à bouger, complètement paralysé à la
fois par la surprise et la peur. C’est alors que deux bras puissants le
saisirent et le tirèrent en arrière. Mickaël se retrouva prisonnier contre le
torse de Tetsu. Ce dernier regarda la voiture passer, lançant un regard noir au
chauffeur puis baissa les yeux sur le jeune homme qu’il tenait fermement.
- Vous n’avez rien ? » Demanda-t-il d’une voix à l’intonation étrangement
inquiète.
Le brun cligna des yeux quelque peu surpris par tout ce qui venait de se passer.
Il observa la route puis reporta son attention sur son sauveur. Il avait un peu
de mal à revenir à la réalité mais lorsqu’il sentit une main se poser sur ses
cheveux, il eut un sursaut. Mickaël s’écarta alors brusquement, baissant les
yeux, rougissant légèrement.
- Hein ? Euh… » Commença-t-il embarrassé. « Oui… Ca va… Désolé… Je suis désolé…
J’étais plongé dans mes pensées… »
Tetsu sortit son paquet de cigarettes pour en allumer une avec calme. Il
s’engagea sur le passage pour piéton. Il s’arrêta à mis chemin pour observer le
jeune homme qui n’avait pas bougé d’un millimètre. Le faux détective soupira
tout en faisant demi-tour. Il saisit la main du garçon pour ensuite le tirer
tout en soufflant. Ils arrivèrent ainsi sur l’autre trottoir. Ce fut une fois à
cet endroit que le tueur le lâcha. Il le fixa tout en tirant sur sa cigarette.
- Ne soyez pas désolé. Ce n’est pas grave. » Répondit-il froidement. « Allons
voir votre détective. »
Le jeune homme retrouva son éternel sourire puis fit un signe de la tête. Il
reprit la marche, masquant son trouble derrière un visage heureux. En apparence
il paraissait croquer la vie à belles dents, en profiter au maximum. Mais
intérieurement il était préoccupé par son rendez-vous. Il attendait sincèrement
de recevoir de bonnes nouvelles de son détective. Il imaginait déjà celui-ci lui
annoncer de futures retrouvailles avec son cher Christopher. Le brun trépignait
d’impatience en pensant à cela. Il avait tellement hâte de le revoir… Après
toutes ces années, il avait une tonne de chose à lui raconter. Il était certain
de ne pas savoir par quoi commencer. Mais cela importait peu. De toute façon son
frère saurait comment le calmer et l’aider à rassembler ses esprits pour parler.
Plongé dans ces pensées plus que joyeuse, Mickaël ne faisait plus attention à
Tetsu qui le suivait toujours. D’ailleurs, il ne remarqua pas non plus qu’ils
venaient d’arriver devant la porte de son détective privé, du moins jusqu’à ce
qu’il se retrouve nez à nez avec l’enseigne sur la porte. Le jeune homme cligna
des yeux, revenant brutalement à la réalité. Son sourire s’effaça un court
instant de ses lèvres sous l’effet de la surprise. Mais rapidement, en pensant
aux bonnes nouvelles, il illumina à nouveau son visage. Il se tourna doucement
vers Tetsu, croisant les bras dans le dos et penchant la tête sur le côté.
- Vous restez là !! » Ordonna-t-il en reculant un peu. « Promis ? »
- Hm… »
Ce fut la seule réponse du grand brun. Mais prenant cela comme une acceptation,
le jeune homme entra dans le bureau du détective privé en sautillant presque
tant l’impatience de connaître le résultat des recherches étaient grande. Il
longea un couloir puis arriva devant une nouvelle porte qu’il poussa après avoir
frapper avec une certaine légèreté. Il entra sans attendre de réponse puis dédia
un beau sourire à la secrétaire. Cette dernière se leva pour s’incliner avec
respect devant le jeune homme.
- Bonjour Carter-san. » Fit-elle doucement. « Saeki-san vous attends. Je vous en
prie… »
Elle se dirigea vers une porte juste à côté de son bureau puis frappa.
Lorsqu’elle en eut l’autorisation, elle entra pour annoncer l’arriver de
Mickaël. Le détective se leva puis sortit de son bureau. Il s’approcha de
l’américain qu’il salua poliment alors qu’un sourire narquois étirait ses
lèvres.
- Bienvenue Carter-san. Veuillez entrer. Nous allons discuter. » Invita-t-il en
s’inclinant.
Le jeune homme sourit doucement impatient de savoir où en était l’enquête. Il
pénétra dans la pièce, se dirigeant vers un fauteuil. Mais il ne s’installa pas
avant que son hôte le lui permette. Mickaël était un jeune homme ayant reçu une
éducation particulièrement stricte, même si rien dans son comportement ne le
laissait penser. Cependant dès qu’il en reçut l’invitation, il prit place, sans
se défaire de son sourire. Il observa l’homme qui vint s’asseoir face à lui tout
en sortant un dossier, lui aussi ayant l’air content. Cela donna un espoir
immense au brun quant au résultat de l’enquête.
- Vous avez trouvez mon frère ? » Demanda-t-il avec empressement.
Le détective privé le fixa et soupira longuement tout en ouvrant un dossier. Le
sourire qu’il affichait jusque là, disparut de ses lèvres. Il prit une
expression, semble-t-il, plus triste mais surtout désolée.
- Je suis vraiment navré… » S’excusa-t-il en secouant la tête de gauche à
droite. « Je n’ai encore découvert. C’est très difficile et cela me demande
beaucoup de temps pour retrouver votre frère. Cela n’est pas si facile que ça en
a l’air. »
Mickaël pâlit à la nouvelle. Il vit tous ses espoirs se briser en mille
morceaux. Tout ce qu’il avait projeté, venait de s’effacer, disparaître,
balayer. Il se demandait si un jour, il reverrait Christopher. Il en doutait
maintenant. Le jeune homme commençait même à regretter cette décision qu’il
avait prise quelques mois plus tôt. Son père allait certainement se moquer de
lui, et lui faire remarquer qu’il était bel et bien incapable de se débrouiller
seul. En effet, le brun savait que financièrement parlant il était déjà très
limite malgré le bon salaire qu’il touchait. Mais le détective lui prenait
beaucoup d’argents pour ses recherches. C’était normal… Il fallait de gros
moyens afin de retrouver quelqu’un. Il devait avoir beaucoup d’indics à payer,
et puis des frais autres, comme administratif.
Plongé dans ses pensées, le brun ne vit pas l’ombre de son sauveur passer. Il ne
remarqua pas non plus l’étrange sourire se dessiner sur les lèvres du détective
qu’il embauchait. Celui-ci ferma le dossier qu’il rangea dans un tiroir. Il fixa
à nouveau son vis-à-vis reprenant une expression désolée mais dans laquelle il
était possible de détecter une sensation de fausseté. Cependant Mickaël ne
remarqua rien, trop choqué par la mauvaise nouvelle qu’il venait d’apprendre.
- Bon je vous propose de prendre un autre rendez vous. » Décida brusquement
Saeki. « Je pense que Lundi prochain devrait convenir. J’aurai certainement de
bonnes nouvelles pour vous. Ne perdez pas espoir. J’ai un indic qui fait
actuellement de grandes recherches pour le retrouver. J’attends juste un coup de
téléphone de sa part. »
L’homme sortit alors une feuille qu’il tendit à son vis-à-vis. Mickaël eut un
léger sursaut en entendant la feuille glisser sur le bureau puis la fixa. Son
regard se porta immédiatement sur le montant indiqué en bas de la page. Sans
chercher à poser des questions, il sortit une liasse de billets de sa poche puis
la posa juste à côté. Sans le moindre mot, Saeki la saisit pour la ranger
rapidement dans la poche intérieur de sa veste avant de se lever. Il invita le
jeune homme à en faire de même et le raccompagna à la porte. Il le salua
poliment, le laissant partir sans tenter de le rassurer sur la suite de
l’enquête.
Une fois dehors, le brun traina les pieds dans la rue, oubliant totalement la
présence de Tetsu qui pourtant le suivait toujours. Le tueur, ayant tout entendu
de la conversation, n’avait pas jugé utile de lui poser des questions. De plus
vu son expression, n’importe qui aurait pu se douter de la découverte de la
mauvaise nouvelle. Il était donc inutile de demander quoi que ce soit sur ce
sujet. Cependant, discrètement, il saisit son portable pour contacter Aku. Il
lui donna rapidement des consignes concernant ce pseudo détective privé nommé
Saeki puis raccrocha après lui avoir donné le plus de détails possibles. Il
rangea son portable et chercha Mickaël du regard. Ne le voyant pas prêt de lui,
il observa un peu plus loin dans la rue. C’est alors qu’il le vit s’apprêtant à
traverser à nouveau la route sans regarder. Tetsu remarqua, une fois de plus,
une voiture arriver à grande vitesse. Grognant, il se rua vers le jeune homme
puis le saisit par le bras afin de le tirer en arrière. Il le serra dans ses
bras tout en observant le véhicule passer. Il porta ensuite son attention sur
son protégé.
- Vous n’avez rien ? » Demanda-t-il d’une voix étrangement douce.
Mickaël ne répondit pas, se serrant simplement dans les bras protecteur du brun.
Son corps tremblait, il serrait le manteau de Tetsu dans ses poings. Il avait
une furieuse envie de pleurer. Cependant, il ne devait pas. Il lui fallait être
fort comme il se l’était promis. Christopher ne serait pas content de le voir en
larmes. Néanmoins, il ne voulait pas non plus quitter ces bras protecteurs, il
s’y sentait si bien, en sécurité. C’était une sensation étrange… Mais tellement
bienfaitrice… Il en avait besoin pour oublier tout cela. Il avait besoin de ce
réconfort. Le tueur, se doutant des sentiments l’habitant, ne chercha pas à
l’écarter, le serrant simplement dans ses bras tout en lui caressant les
cheveux. Il lâcha un léger soupir tout en l’entrainant ainsi, avec une certaine
douceur, vers le parc.
A aucun moment, ils ne remarquèrent cet homme qui les observait depuis quelques
minutes, cigarette coincée entre les lèvres. Celui-ci, jeta son mégot puis les
suivit…
A suivre …