Akaitsuki
(Chroniques
de Yakuza)
Titre
:
Akaitsuki
Auteur : Val-rafale et Tenshi
Chapitre : 14
Genre : Yaoï. Policier / Intrigue / Action.
Couple : Toujours mystérieux
Disclamer : Ils leurs appartiennent toujours - ~
Pensée ~
L’innocence incarnée (Partie 2)
Tetsu
continuait de guider le jeune homme vers le parc, prenant soin à ce que ce
dernier ne trébuche pas. Il laissait Mickaël à son sentiment tumultueux,
respectant cet instant. Cela le troublait. Il n’était pas habitué à ce genre
d’attitude. Normalement, il passerait son chemin. Il ne soucierait pas d’un
inconnu comme cela. Mais quelque chose l’avait poussé à réagir. Il ne saurait
dire quoi. Mais ce quelque chose continuait de le guider en ce moment même, sans
chercher à le contrer. Continuant de marcher, il fut cependant tiré de ses
pensés. En effet, le jeune homme s’était reculé, de lui-même, des bras de son
sauveur, ayant repris son sourire et cette joie de vivre qui avait quelque chose
de rafraîchissant. Le tueur cessa un instant sa progression pour poser son
regard noir dans celui de son vis-à-vis. Il cherchait à savoir ce qui n’allait
pas. Mais il ne voyait rien. C’était comme si ce garçon, en un éclair, avait
revêtu un masque de bonheur et ainsi, d’un geste de la main, balayé toute la
tristesse qui s’était emparé de lui. Cette réaction était surprenante venant de
la part d’un garçon comme Mickaël. C’était tout du moins ce que pensait Tetsu,
qui, après s’être assuré que tout allait bien, avait repris sa marche.
Mickaël avait bien noté la réaction de son aîné. Mais il ne prononça aucun mot.
Il avait fait son choix. Là, tout au fond de son cœur, il avait décidé. Il ne
devait pas s’apitoyer sur lui-même. Après tout, rien n’était perdu. A la
prochaine rencontre, c’est certain, le détective lui dirait qu’il a trouvé son
frère. Au prochain entretien, il lui donnerait l’adresse. Et enfin, oui, enfin,
il le reverrait. Cette pensée suffisait à lui redonner le sourire. Un peu
d’espoir était le moteur principal du cœur de ce jeune américain. Suivant à
nouveau le japonais qui s’était remis à marcher, il remit une mèche blanche
derrière son oreille, le vent s’amusant avec cette dernière à chaque bourrasque.
Il glissa ses mains ensuite dans les poches de son blouson de jean, après avoir
remonté légèrement le col. Le vent était frais. Et ses carences actuelles
augmentaient cette impression de fraîcheur. Détail que Mickaël Carter ne tint
pas compte. Il se contenta de suivre son aîné avant de doucement incliner la
tête de côté. Il se souvenait de la condition pour laquelle Tetsu devait rester
à l’extérieur.
Souriant, comme toujours, il pressa le pas pour passer devant son aîné. Ils
venaient juste de pénétrer le parc. Le jeune homme s’arrêta d’ailleurs le temps
d’un instant pour observer les lieux. C’était magnifique. Les couleurs qui
régnaient dans ce parc étaient un réel enchantement. Naviguant du vert au brun,
elles s’entremêlaient avec les feuilles qui virevoltaient au vent. Appréciant ce
spectacle, l’américain ferma les yeux et se contenta de sentir et d’écouter.
Cette mise en scène ne dura que quelques minutes. Mais ces minutes furent un
enchantement pour le garçon qui, une fois satisfait et la tête pleine de
souvenir, s’était remis en marche. Il n’avait pas eu à courir après Tetsu, ce
dernier s’étant arrêté de lui-même en le voyant faire. Le tueur avait de plus en
plus l’impression que ce garçon n’avait rien à faire avec un détective de ce
genre. Ce qui le ramenait à la probabilité qu’il soit embauché par un homme peu
scrupuleux. Une innocence pareille pouvait devenir une vraie mine d’or pour qui
sait s’en servir. Suivant le jeune homme, il s’apprêta à l’interroger sur ce
fait, quand il fut coupé dans son élan, prit de vitesse par Mickaël.
- Dites… Si lundi mon détective n’a rien trouvé, vous pourriez chercher vous
aussi ? Euh… Je ne vous promets pas de pouvoir vous payer beaucoup. Mais je vous
assure que ce sera assez pour vos dépenses annexes. » Demanda un peu ennuyé le
jeune homme, malgré son sourire toujours bien présent. « Après tout, vous aviez
dit que si mon détective trouvait rien, vous verriez pour m’aider. Alors, je
sollicite votre aide ! » Termina t’il enfin, assez troublé tout de même.
- Hm… »
Tetsu jeta son mégot de cigarette. Et une fois n’étant pas coutume, il ne s’en
ralluma pas une autre. Il savait que son nouveau patron ne supportait pas la vue
d’une cigarette. La raison était encore trouble pour le moment, mais si le
patron ne veut pas de cigarette, il allait devoir ralentir un peu sur sa
consommation. Ce qui n’était pas une chose simple quand fumer était devenu plus
un réflexe qu’une envie. Il posa son regard sur le jeune homme qui marchait à
reculons, froid, toujours égal à lui-même.
- Pourquoi attendre lundi ? » Interrogea t’il simplement. « Et vous me paierez
quand vous le pourrez ! »
Mickaël fut quelque peu surpris par la réaction de Tetsu. Payer quand il le
pourra ? Ah non hein ! Il ne voulait pas de dettes. Pas maintenant, ni jamais.
C’était déjà assez difficile de vivre sans dettes, alors avec une dette… Le brun
aux mèches argentées secoua vivement la tête. Montrant de cette façon de façon
plus que clair son désaccord. Il avait des principes et il semblait prêt à tout
pour les tenir. Tetsu apprécia ce fait, même si le voir refuser l’agaçait un
peu. Décidément, il avait vraiment du mal à cerner ce personnage. Un innocent
avec un caractère certain qui n’hésitait pas à dire ses pensées. Une chose rare
dans ce monde, mais après tout, c’était une bonne chose pour le jeune homme.
- J’ai dit ‘si lundi mon détective n’avait rien trouvé’. En plus, je paie en
temps et en heure. Où je ne vous embauche pas. Les dettes ce n’est pas une chose
bien. Christopher dit qu’il ne faut jamais rien devoir à quelqu’un. Il dit que
c’est le moyen d’avoir des problèmes et tomber dans une spirale dangereuse. » Se
justifia avec aplomb Mickaël, sans pour autant quitter des yeux son vis-à-vis
ainsi que son sourire.
- Hm… » Grogna Tetsu.
Ce garçon savait ce qu’il voulait. Mais surtout, ce Christopher semblait
connaître certain revers de médailles. Tetsu en vint à se demander pourquoi
Mickaël cherchait son frère. Il avait disparut subitement de sa vie ? Etrange…
Il semblait pourtant veiller sur son cadet avec attention. C’était ce que le
tueur avait déduit en regroupant toutes les informations qu’avait laissé passer
le jeune homme. Plus il passait du temps avec lui, plus il avait cette
impression que l’anguille sous la roche était plus grosse que prévue.
- Nous sommes donc d’accord ! »
Les mots sortirent Tetsu de ses pensées. Mickaël avait pris son « hm » pour un
accord. Il ne perdait vraiment pas le nord. Ce point lui rappela une certaine
souris. Lui aussi savait tirer partie des onomatopées à son avantage. Revenant à
son vis-à-vis, il relâcha un grognement. Ce même grognement qu’il usait avec
Nezumi. L’inconscience lui jouant en cet instant un mauvais coup.
- Oui ! » Grommela Tetsu plus qu’il ne l’affirma.
- Merci ! » S’exclama le jeune homme, plus qu’heureux.
Mickaël lui fit un câlin ravi avant de se retourner et marcher normalement,
droit devant lui. Il était content. Il avait cru que ce serait plus difficile de
convaincre son aîné. Mais finalement, cela avait été un vrai jeu d’enfant.
Admirant le parc, marchant avec entrain, il ne chercha plus à prendre la parole.
Il était simplement heureux. Enfin pas autant qu’il voulait le faire croire,
mais il devait avouer que ça allait drôlement mieux maintenant. Deux personnes
pour l’aider à retrouver son frère. C’était bien plus qu’il ne l’aurait imaginé.
Il ne savait pas où il allait. Mais il était ravi de suivre ce chemin.
Le tueur le suivait toujours sans pour autant le quitter des yeux. Des milliers
de questions tournaient dans sa tête. Il avait besoin d’enquêter, afin de savoir
le pourquoi de tout cela. Son instinct s’était mis en alerte. Et il savait que
tant qu’il n’aurait pas ses réponses, cela le troublerait. Et il ne pouvait se
permettre d’avoir l’esprit occupé alors qu’ils venaient, lui et son groupe,
d’être engagé par un homme qui avait besoin de personnels compétents. Cherchant
son paquet de cigarettes à cette pensée, il continuait d’avancer. Sa voiture
n’était plus très loin maintenant. Alors qu’il sortait une énième cigarette, il
se concentrait sur le garçon, ne notant cependant pas l’ombre qui les suivait
toujours.
*****
Cela faisait une semaine que Jason Alyster avait atterri au Japon. Il avait été
envoyé par son patron pour aller chercher une chose devenue subitement
précieuse. Cette mission était d’une simplicité enfantine, cependant, elle ne le
réjouissait pas du tout. Il détestait ce pays où tout était tradition et
coutume. Comme si retirer ses chaussures pour entrer dans une maison était une
nécessité. Et puis franchement, quelle idée de manger du poisson cru à toutes
les sauces. On n’a pas découvert le feu pour rien tout de même. Non, vraiment,
ce pays lui sortait par les yeux. Mais il ne se voyait mal dire à son patron : «
Non, je refuse. Je déteste trop ce pays. Trouvez un autre homme. ». Certes, il
aurait trouvé un autre homme, mais lui, il aurait fini six pieds sous terre. Et
il avait beau exécré ce pays, il aimait sa vie bien plus encore. Enfin, tout du
moins, il préférait mourir comme bon il l’entendait et non sous une torture
atroce.
Il fallait dire que James Carter était un homme réputé pour son manque de
compassion, de cœur et d’humanité évident. Il ne permettait aucun écart. Et à
chaque fois, on payait une erreur au prix le plus coûtant. Jason le savait pour
avoir vu plus d’une fois les conséquences d’incompétences. C’est pour cela qu’il
s’était retrouvé au Japon, et ce, malgré son dégoût. Il se souvenait
parfaitement de ce jour-là…
Flash-back
- Alyster ! IL veut te voir. Si j’étais toi, je me grouillerais. Il est hors de
lui. » Avertit un homme de main des Carter avec empressement et essoufflement.
- Qu’est-ce qu’il se passe encore ? » Grommela l’interpellé qui n’aimait pas du
tout l’idée d’être convoqué par le grand patron.
- Pas la moindre idée. Il y a juste des rumeurs. »
- Des rumeurs ? » Coupa le blond. « Comment ça ? »
- Je ne sais pas trop. On parle de Christopher… Le mieux c’est que tu ailles
voir. Tu sais bien que Monsieur Carter déteste qu’on le fasse attendre… »
- Mouais… Mais je me demande pourquoi il me convoque. Il ne me connaît même pas
! » Grogna l’homme de main tout en prenant le chemin de la résidence en
elle-même.
Lui qui avait décidé de s’entraîner un peu dans la salle de musculation dans le
bâtiment des hommes de main, c’était manqué. Agacé, mais surtout intrigué, le
tueur avançait d’un pas calme. Il réfléchissait. Que s’était-il donc pas passé
pour que tout soit agitation. Car tout était bien agitation. A chaque pas, il en
avait la preuve. Des hommes qui courent dans tous les sens. Du personnel de
maison paniquant et s’activant comme jamais… Il n’y avait pas de doute à cela,
il y avait eu quelque chose de grave ou d’important tout du moins. Continuant sa
progression, le blond arriva plus rapidement que prévu au bureau de son patron.
Il n’avait même pas remarqué sa traversé de l’entrée et du couloir qui la
suivit. Il ne s’était même pas senti gravir les escaliers et parcourir le long
couloir qui menait au bureau du grand patron. Pourtant, il était là, devant la
porte de chaîne brun, face à un destin qu’il n’était pas certain de vouloir
connaître. Cependant, ayant beaucoup de défaut, mais ne connaissant pas la
lâcheté, il leva sa main gauche et cogna de manière claire et distincte. Il
attendit une autorisation, et, simplement, il tourna la poignée de la porte et
entra.
- Monsieur Carter ? On m’a dit que vous souhaitez me voir… »
Jason remarqua très vite que son patron n’était pas seul. A ses côtés, un jeune
homme était assit, jambes croisées. Il était presque invisible. Cependant, tout
le monde le connaissait. Il s’agissait du jouer actuel de James Carter. Le fils
Berkeley… Adam Berkeley. Un héritier d’une famille adverse qui s’était retrouvé
dans les filets de cet homme. Le tueur avait de la compassion pour ce garçon.
Enfin une compassion mesurée… Après tout, ce n’était pas son affaire. Et puis,
tant que ce dernier était le jouet de son patron, les autres n’avaient plus de
soucis à se faire. Les crises de folies n’étaient plus à démontrer. Elles
étaient bien trop connues. Et les serviteurs parlaient… Bref, ne préférant pas
s’attarder sur ce point, il jeta un court coup d’œil au jouet pour revenir à son
patron. Ce dernier, cigarette aux lèvres, lâcha un nuage de fumer avant d’enfin
relever son regard sur son visiteur. Il le détailla de bas en haut avant de
déposer son bâton de nécotine dans le cendrier et s’adosser correctement dans
son fauteuil. Son regard ne quitta pas le tueur. Et Jason n’aimait pas cela. Cet
homme toujours propre sur lui, avec des costumes trois pièces coupés par les
grands spécialistes n’agissait jamais sans raison. Et l’homme de main se méfiait
de la raison… Il avait comme un mauvais pressentiment.
- Alyster ? C’est ça ? » Interrogea le brun en le fixant toujours froidement.
- Oui monsieur… »
- Parfait ! Assit ! »
Jason n’apprécia pas tellement l’ordre mais obtempéra. Il s’installa sur le
siège libre puis revint à son patron. Ce dernier poussa devant lui un dossier
marron. Le tueur arqua un sourcil puis fixa le dossier. Il ne fallait pas être
doué d’une super intelligence pour comprendre qu’il devait le prendre et
regarder de quoi il en retournait. Alors c’est ce qu’il fit. Ce qu’il lut le
laissa perplexe. Néanmoins ça expliquait l’agitation des lieux. Lisant certains
passages à plusieurs reprises, il finit par refermer le dossier et le reposer.
Il releva les yeux vers James. Ses yeux verts brillaient de curiosité. Pourquoi
lui montrer cela ? Il n’en voyait pas l’intérêt. Ou tout du moins, il ne voyait
pas de rapport avec lui.
- Je vois… Et… » Il hésita un instant avant de continuer. « En quoi cela me
concerne monsieur ? Ceci n’est pas dans mes fonctions… »
- Je le sais parfaitement ! » Coupa James en reprenant le dossier et le
rangeant. « Mais pourtant cela va vous concerner. Vous irez au Japon. A Kyoto
plus exactement… Et là vous rechercherez mon fils. Vous avez pour consigne de le
ramener en un seul morceau. Et évidemment, vivant ! Dites la vérité et surtout,
ne le ménagez pas. Ramenez le, coûte que coûte ! » Terminant de donner ses
consignes, James tendit une enveloppe en papier kraft à l’homme de main. « Votre
supérieur m’a dit que vous aviez les compétences pour cela. Echouez et vous
mourrez ! Voici votre billet et la photo de mon fils… Le vol est dans une heure
! Disposez à présent ! »
- Compris… »
Jason n’ajouta rien de plus. Il se leva tout en prenant l’enveloppe. Puis il
quitta la pièce après un bref salut. Il fixa le jouet puis disparut. C’est
ensuite qu’il ouvrit l’enveloppe pour voir à quoi ressemblait la cible. Il
devait dire que si l’aîné des enfants Carter était connu, le cadet, lui, était
passé inaperçu. James Carter avait fait en sorte que son second enfant ne soit
rien. Il ne s’en occupait pas. A présent, cela allait changer. Rangeant la photo
dans sa poche intérieure de sa veste, il fit rejoindre le billet d’avion en
grognant. Le Japon… Il fallait qu’il ait sa première mission donnée par le chef
de la famille Carter au Japon. Ce n’était vraiment pas de veine. Cependant,
n’ayant pas le choix, il partit en direction de sa chambre afin de préparer ses
affaires…
Fin du Flash-back
Mais aujourd’hui, il avait enfin trouvé sa cible. On lui avait indiqué qu’un
jeune homme ressemblant à la photo se rendait souvent au « café des délices ».
Voulant vérifier l’information, il s’y était rendu. Et enfin, il l’avait repéré.
Il était entré avec le sourire dans les lieux. Il s’était installé à une table
après avoir compté son argent. Il avait commandé. Il allait entrer et allez à
lui quant il vit sa cible se lever et basculer avant d’être attrapée au vol.
Grognant à cette vue, il fut condamné à rester à son poste d’observation, afin
d’attendre que le jeune homme daigne rester seule le temps qu’il l’aborde et le
ramène au pays. Et il se retrouva à suivre le garçon. Si la scène du pain au
chocolat refusé lui donna la nausée, il devait avouer que la scène du chevalier
servant le fit presque vomir. Mais qui était ce type ? Qu’est-ce qu’il voulait à
son objectif. Franchement, il commençait à devenir lourd…
La filature continua encore. Il vit le jeune homme entrer dans un bureau de
détective privé. Il vit également le chevalier jouer les espions. Ce qui mit la
puce à l’oreille à Jason. Décidément, ce type n’était pas catholique. Savait-il
ce qui se passait ? Savait-il qui était ce garçon qu’il protégeait de son armure
étincelante ? Le tueur se le demandait. Il verrait cela en temps et en heure.
Pour le moment, seul le gamin était sa priorité. Il dut continuer de les suivre.
Et encore le brun joua au chevalier. Il le trouvait trop proche du fils de son
patron. Grognant une nouvelle fois, il ne se montrait toujours pas. Au moins,
l’inconnu n’était pas un professionnel. Il ne l’avait même pas repéré. Assez
pathétique, mais dans un sens, ça l’arrangeait. Et enfin, il arriva au parc, les
suivant toujours. Il écouta de loin leur conversation. Ainsi, le gamin cherchait
son frère… S’il savait ! A cette pensée, un sourire étrange se dessina sur son
visage alors qu’il marchait toujours dans l’ombre. Quand il fut assez sûr que
personne ne serait dans les environs, il décida de se montrer. S’imposer… Et
cela, d’un manière bien à lui…
Il fit un pas… Un autre pas… Puis saisit le bras du jeune homme, surgissant de
l’ombre comme un aigle sur sa proie…
******
Mickaël continuait sa progression, assez content. Il se faisait un tas d’idée.
Il se voyait déjà, dans plus d’une semaine, dans les bras de son frère, lui
racontant tous ses tumultes sans rien oublier. Il voyait le cappuccino fait par
ce dernier, parsemé de mousse onctueuse… Il avait hâte… Vraiment hâte. Il était
dans cette scène idyllique, quand une main lui empoigna le bras. Surpris, il
sursauta et regarda l’homme responsable de cette peur. Mais il ne le reconnut
pas. Il chercha à reculer, pris de panique soudainement…
- Qui… qui êtes-vous ? » Bégaya t’il en cherchant à se défaire de la poigne de
l’inconnu. « Lâchez-moi… Vous… vous me faites mal ! »
Tetsu qui observait Mickaël ne vit que trop tard l’homme fondre sur le jeune
homme. Grognant devant son manque de vigilance, il fixa l’homme avec une
froideur intense. Cependant, il ne bougea pas. Tant qu’il ne savait pas à qui il
avait faire. Il observa donc, silencieux. L’homme jeta à son tour un regard noir
à Tetsu avant de revenir au garçon qui se débattait. Serrant plus sa poigne, il
le tira un peu vers lui.
- Je ne vous veux pas de mal Monsieur Carter. » Commença le blond avec une voix
qu’il voulait rassurante, mais qui ne l’était pas tellement.
- Comment connaissez-vous mon nom ? » Coupa surpris le jeune homme.
- Je sais tout de vous Monsieur Carter. C’est votre père qui m’envoie. J’ai pour
ordre de vous ramener à la maison. Une nouvelle vie vous attend ! »
- Nouvelle vie ? Mais je ne veux pas moi… » S’agita le garçon en essayant de
s’échapper encore. « Lâchez-moi ! Je ne veux pas revenir. Mon père ne veut pas
de moi. Alors laissez-moi ! Dites lui que je vais retrouver mon frère. Dites lui
que je ne retournerais jamais chez lui. Je suis indépendant maintenant. Je n’ai
pas besoin de lui ! »
Mickaël réussit à s’écarter. Il fixa son vis-à-vis avant de reculer. Sa première
réaction fut de se cacher derrière Tetsu. Son instinct lui avait dire de réagir
ainsi. Au moins, là, il se sentait en sécurité. Il fixait l’inconnu, méfiant
comme jamais. Pourquoi son père voudrait qu’il rentre ? Il croyait qu’il ne
l’aimait pas. Et puis depuis quand le fait qu’il ne soit pas à la maison était
un problème ? Non, Mickaël n’aimait vraiment pas ça. A moitié caché par Tetsu,
seul sa tête dépassait, il observait l’homme de son père, sans jamais le quitter
des yeux.
- Désolé, mais les ordres sont de vous ramener ! Alors veuillez me suivre s’il
vous plait Monsieur Carter. »
Tetsu observait la scène toujours et encore. Il trouvait ce type de plus en plus
étrange. Il traitait Mickaël avec innocence, pourtant il était prêt à le tirer
de force pour le ramener dans leur pays. En plus, il obéissait aux ordres du
père du garçon. Et cela semblait être plus important que n’importe quoi
d’autres. Qui était ce type ? Carter… Ce nom lui était maintenant familier. Un
souvenir qui venait s’imposer à lui, sans que pour autant il puisse se souvenir
exactement de ce que c’était. Et il n’aimait pas particulièrement cette
impression. Tetsu jeta son mégot au sol tout en continuant d’écouter l’homme de
main.
- J’ai dit non ! » Se borna Mickaël en montrant tout son aplomb. « Je vais
trouver mon frère et rester au Japon. J’aime ce pays et j’ai un travail. Allez
le dire à mon père et laissez-moi en paix ! »
- Et moi, je le répète, mais désolé, ce n’est pas possible. Je n’obéis qu’aux
ordres de votre père. Et ils sont de vous ramener. En plus, je ne veux pas dire,
mais votre frère est mort le mois dernier. Alors, le chercher est inutile ! »
Un sourire à ses mots se dessina sur le visage du tueur. Ce sourire qui
démontrait parfaitement qu’il n’était pas un débutant. Tetsu le remarqua
immédiatement. Son regard s’obscurcit à ce fait, alors qu’il repoussait d’un
geste de la main Mickaël qui venait de s’avancer d’un pas, abasourdi par la
nouvelle. Alors que le faux détective se préparait, le jeune homme lui, ouvrait
puis fermait la bouche, jouant la carpe. Aucun son ne voulait sortir. La
nouvelle semblait tellement impossible. Comme s’il venait d’être poignardé, mais
il ne subsistait aucune blessure. Ce ne pouvait être qu’un mensonge. C’était un
mensonge. Tout en Mickaël lui disait, pourtant la certitude de son vis-à-vis lui
mettait le doute.
- C’est… C’est faux ! » Réussit-il enfin à dire, passant devant Tetsu mu par une
volonté de démontrer le fond de sa pensée. « Mon frère est vivant. J’en suis
certain. Je le sais. Vous n’êtes qu’un menteur. Je ne viendrais pas ! Jamais… »
- Mais qui a dit que vous aviez le choix ? » Interrogea le tueur tout en
saisissant le poignet de Mickaël. « Les ordres sont clairs. Vous ramenez de gré
ou de force, mais vous ramenez. Et votre frère est réellement mort. J’ai vu les
rapports. Le dossier qui indique de quelle manière il est mort. Vous désirez
peut-être le savoir ? Alors… »
La voix cessa d’un coup. La stupeur l’ayant bâillonné le temps d’un instant. Il
fixa la raison de cette dernière, grognant intérieurement par son manque de
vigilance. Il avait sous-estimé le chevalier blanc. Tetsu, en effet, ayant
obtenu toutes les informations dont il avait besoin s’était décidé à intervenir.
Il avait usé de son arme préférée. Des fils de métal, finement travaillé, qui
étaient cachés dans ce qui ressemblait à une montre d’un côté et gourmette de
l’autre. Pendant que Jason discutait de ses ordres et de la mort du frère de son
protégé, Tetsu avait saisit le bout d’un de ses fils. Il avait tiré dessus de
manière à en faire une arme capable d’envelopper le cou, le poignet ou
quelconque partie d’un corps de son ennemi. A présent, l’homme de main était
prisonnier, le cou menacé d’être tranché en un seul geste. Un sourire sadique se
dessinait sur le visage du faux détective. Un sourire fou qui informait Jason
sur les véritables capacités du chevalier.
Un professionnel… Ce n’était vraiment pas de chance. L’envoyer de James Carter
savait parfaitement ce qui se passait contrairement à Mickaël. Lui, il
regardait, de manière, affolé la scène, comme perdu, ne sachant pas comment
réagir. D’un côté il voyait l’homme qui voulait l’obliger à rentrer chez lui, et
de l’autre, un homme bizarre qui n’avait fait que l’aider jusqu’à maintenant
mais qui semblait d’un coup très dangereux. C’était comme s’il faisait un rêve
éveillé. Mais la douleur qui vrillait son poignet lui démontrait que tout ceci
était bel et bien réel. Revenant à Tetsu, il ouvrit la bouche, puis la ferma.
C’était bizarre, mais il n’avait pas envi de lui dire d’arrêter. Il n’avait pas
peur non plus de ce sourire de fou. Mickaël secoua vivement la tête avant de
commencer à tirer sur son bras.
Jason le laissa faire, continuant de le tenir fermement. Il se concentra sur
Tetsu sans pour autant bouger. Il connaissait ce type d’arme. Elle était un
piège ouvert. Bouger serait du suicide pur et simple. Cependant, il n’était pas
question de laisser sa cible repartir. Affronter James Carter après un échec
était encore plus suicidaire que de bouger dans cette position. Ne quittant pas
des yeux son ennemi, il serra encore plus le poignet du garçon, obtenant une
grimace de sa part. Ce qui n’échappa à l’homme de main. Mais cela était un
détail sans importance. Il ne devait pas le perdre. Borné et déterminé, il
ramena Mickaël contre lui. Le brun n’appréciant pas ce fait, tira sur ses fils
un peu plus, lui signalant parfaitement son point de vue. Il s’était dit qu’il
s’occuperait de ce gamin jusqu’à ce que les choses soient réglées et il le
ferait. Et ce ne serait certainement pas un homme de main qui allait l’empêcher
de réussir. Pendant ce temps, Mickaël essayait de s’écarter avec le peu de force
qu’il possédait, ce qui n’était pas grand-chose à l’heure actuelle…
- Relâchez le gamin ! » Ordonna d’un ton ferme Tetsu.
- Relâchez ? » S’esclaffa Jason. « Ne rêvez pas de debout mon vieux. J’ai des
ordres. Et si vous connaissiez mon patron, vous me laisseriez ramener son fils à
lui. »
- Je me moque de cet homme ! Libérez le gamin ! Je vois juste qu’il ne veut pas
venir, alors, il ne viendra pas. »
Tetsu tira un peu plus sur ses fils alors que Mickaël s’indignait intérieurement
qu’on l’appelle le gamin. Il n’était plus un enfant. Ca avait quelque chose de
vexant. Cependant, réalisant parfaitement que ce n’était pas le moment, le brun
aux reflets argentés profita de la douleur de son « ravisseur » pour fuir très
vite de sa prise. Il était enfin libre. Se massant le poignet, ne comprenant
toujours pas pourquoi son père semblait tellement effrayer Jason, il rejoignit
Tetsu. Car pour Mickaël, c’était certain, cet homme craignait son père. C’était
vraiment bizarre. Secouant la tête pour effacer tout ça, ce n’était vraiment pas
le moment de se poser autant de questions, il attrapa la veste de Tetsu tout en
fixant l’homme de main.
- Je ne veux pas venir. Partez ! Si mon père est votre patron, je peux vous
donner des ordres alors. Donc partez ! Laissez-moi tranquille ! Je prouverais à
mon père qu’il a tord. Et dites lui que son mensonge n’a pas marché. Christopher
est vivant. Et il n’est vraiment pas un bon papa pour ne pas le sentir… »
Argumenta Mickaël avec une audace qu’il ne se connaissait pas.
- Désolé Monsieur Carter, mais je ne reçois des ordres que de votre père. Vous
viendrez. Et si ce n’est pas moi qui vous ramène, ce sera un autre et encore un
autre. Quand votre père veut quelque chose… Il l’a… » Rappela le blond tout en
reposant son regard sur Tetsu.
Il avait compris que quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, sa cible ne viendrait
pas à lui. Il avait aussi compris que ce professionnel qui était aux côtés du
garçon ne le laisserait pas en liberté tant qu’il n’aurait pas obtenu d’autres
informations. Il se doutait à présent qui était le père du jeune homme qu’il
s’évertuait à protéger. Et cela ne semblait pas l’arrêter ou lui poser problème.
Au contraire, ce sourire fou qu’il arborait depuis que ces maudits fils
l’immobilisaient ne cessait de grandir. Jason savait déjà qu’il allait mourir.
Néanmoins, restant fidèle à son patron, ne voulant pas trahir en plus d’échouer,
il opta pour une action digne de lui. Son regard le démontrait parfaitement.
Retournant à sa cible, il eut un sourire amusé…
- Et bien je l’appellerais pour lui dire que je veux rester ici… » Avait
signaler Mickaël sans se rendre compte de l’échange de regard entre Tetsu et
Jason… et les conséquences que ce dernier allait avoir.
- Vous ne connaissez décidément pas votre père. Un héritier angélique… quelle
drôle de descendance tout de même ! »
A ces mots, il tira brusquement sur les fils de Tetsu, fixant Mickaël avait une
déroutante compassion. Le fil de métal fit alors son œuvre. Tranchant la gorge
de l’homme de main comme du beurre. Mais son œuvre ne s’arrêta pas là… Et la
tête de Jason se détacha de son corps pour rouler jusqu’à un arbre. Horrifié,
Mickaël assista à toute la scène. Il vit le corps tomber au ralenti au sol dans
un bruit sourd. Les yeux grand ouvert, il se mit à trembler comme jamais.
C’était la première fois qu’il voyait un mort. C’était la première fois qu’il
voyait quelqu’un se suicider. Il ouvrit la bouche, puis la ferma, montrant du
doigt le corps inerte à Tetsu, comme s’il voulait que ce dernier lui dise que
c’était un mauvais rêve. Mais Tetsu ne lui annonça pas cela. Grognant devant le
fait que son « protéger » ait vu cette scène, il attrapa ce dernier pour le
blottir contre lui. Ainsi, il lui évitait de voir un peu plus le corps sans vie
de l’homme de main qui était venu dans l’unique but de le ramener à son père.
Vérifiant une dernière fois que personne ne se trouvait dans les environs, il
entraîna Mickaël par la main. Il ne pouvait pas le garder contre lui et
l’éloigner vite. Par conséquent, Mickaël tourna la tête pour fixer le cadavre.
Il le vit disparaître peu à peu de son regard. Il était sous le choc. Il
n’entendait plus rien. Il ne voyait plus rien… Plus rien si ce n’était le corps
qui gisait au sol… Il marchait plus par automatisme que par réalisation du fait
qu’il bougeait. Il ne nota donc pas le coup de téléphone de Tetsu à Aku. Ce
dernier lui demandait de venir au parc pour y faire du ménage, lui expliquant
dans les grosses lignes ce qui s’était passé. Il raccrocha ensuite pour regagner
rapidement sa voiture. Un bip d’alarme se fit alors entendre. Le brun fixa le
jeune homme qui ne réagissait toujours pas. Un soupire se fit entendre alors
qu’il remettait une mèche de cheveux en place sur le jeune homme. Il ouvrit la
portière, la tête remplie de questions. Il savait que James Carter était un
mafieux à présent… Donc comment un jeune homme comme Mickaël pouvait être son
fils… C’était anormal… Et il comptait bien trouver la normalité dans tout cela.
Tetsu fit monter le garçon dans son véhicule. Il l’attacha avec soin et ferma la
portière. Une fois cela fait, il regagna son siège de conducteur, prit place et
démarra en trombe. Le tueur n’était pas réputé pour sa conduite réglementaire.
D’ailleurs, une traîné de pneu sur la route démontrait parfaitement la nervosité
de la conduite du maître des fils… Il posa un dernier regard sur Mickaël avant
de se diriger vers son QG…
*****
Aku était sur le point d’arriver au Casino quand son téléphone sonna. Décrochant
par habitude, il soupira quand il entendit Tetsu à l’autre bout du fil. Et voilà
que son chef le renvoyait sur le terrain. Il ne savait pas qui était ce gamin.
Mais deux fois en même pas deux heures d’intervalles, il devait vraiment être
particulier. Soupirant à nouveau, et n’ayant guère le choix, il fit demi tour de
manière assez sauvage. Il devait prendre la direction du parc surtout faire
vite. Sa mission étant de faire du ménage et ce avant qu’un témoin ne découvre
le corps… ou tout du moins un morceau de corps. Appuyant sur l’accélérateur, il
arriva très vite sur les lieux. Après avoir sorti son matériel, il se dirigea
vers le parc d’un pas rapide. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver le
lieu du « crime »…
Il se mit alors au travail. En premier lieu, il récupéra la tête. Puis, après un
mélange de sa création, il fit couler le produit dessus. Là encore, le temps ne
fut pas un problème. Car très rapidement, la tête se décomposa pour disparaître
complètement. Il ne restait même pas un cheveu. Une fois certain que tout était
parfait, Aku s’occupa du corps. Il le fouilla très consciencieusement pour
savoir à qui il avait à faire. Il trouva ses papiers, passeports, cartes de
crédits, et son arme. Il les rangea dans sa mallette, puis, comme pour la tête,
après avoir relevé ses empruntes, il fit disparaître le corps. Il s’assura
également que tout avait bien disparu. Il fit ensuite un tour des lieux pour
voir si aucunes preuves ne persistaient. Il ne trouva rien. Donc, après avoir
fermé sa mallette et vérifié encore une fois l’état de la scène, il se redressa
et il partit en direction de sa voiture.
~ Espérons que cette fois-ci, je puisse retourner à mon poste… ~ Songea amusé le
maître des poisons.
Il marcha d’un pas rapide avant de regagner son véhicule. Il s’installa derrière
le volant après avoir ranger sa mallette dans le coffre, dans un compartiment
secret. Il mit le contact et seulement là, il appela Tetsu pour l’informer que
la mission était achevée. Il ne s’étala pas plus que ça, et enfin, il reprit le
chemin du casino. Il y arriva au bout de dix minutes pour y découvrir que Junior
avait quitté son poste et que personne du groupe n’assurait la protection du
nouveau patron. Soupirant à cette pensée, bien qu’amusé par tout cela, il
regagna son poste. Il espérait être là quand le tireur d’élite se ferait punir.
C’était tellement rare ce cas de figure que ça méritait vraiment le coup d’œil…
A cette pensée, il entra dans la salle de jeu et fit son tour de sécurité à la
recherche d’un quelconque tricheur. L’après midi, ils étaient bien plus nombreux
qu’en nuit. Enfin selon Aku bien entendu…
A suivre …