Akaitsuki
 (Chroniques de Yakuza)





Titre :  Akaitsuki
Auteur : Val-rafale et Tenshi
Chapitre : 16
Genre : Yaoï. Policier / Intrigue / Action.
Couple :  Toujours mystérieux
Disclamer :  Ils leurs appartiennent toujours
- ~ Pensée ~ :  


Le vrai visage d’Akiharu Tsubasa


La fin de la journée arrivait à grand pas alors que le soleil laissait sa place à la nuit dans les rues de Kyoto. Cette dernière se voyait, à nouveau, envahie par les habitants, actifs, sortant de leur travail mais aussi par ceux n’ayant aucuns emplois. Une véritable fourmilière se mettait en marche ainsi chaque jour qui passait. La majorité prenait la direction de leur domicile, tandis qu’une autre partie décidait de flâner dans les rues pour quelques raisons qui leur étaient propres. Certains pénétraient dans des bars, histoire de boire un verre ou deux, d’autres préféraient faire les boutiques et enfin plusieurs personnes se rendaient dans le casino de la ville afin de voir si la chance était avec eux.



C’est dans ce dernier lieu qu’Akiharu Tsubasa travaillait, enfermé dans son bureau, sérieux, froid, impassible. Il dominait sa propriété du haut de son lieu de travail, surveillant de temps à autres les allées et venues des clients. La baie vitrée, changée récemment pour devenir un miroir sans teint, lui permettait ainsi de toujours garder un œil sur ce qui se passait dans le casino, et cela, même si son regard était majoritairement posé sur ses dossiers. Ces derniers étaient une priorité pour le jeune homme. Bien que son casino lui apporte un pouvoir non négligeable en ville ainsi que pas mal d’argent, il servait avant tout de couverture à ses actes illégaux. C’était pour cette raison qu’il lui était nécessaire de le protéger par tous les moyens possibles. Akiharu se doutait que son frère n’hésiterait pas un seul instant à tenter de lui prendre son bien s’il venait à découvrir le pouvoir grandissant de celui-ci. C’était là qu’intervenait le groupe Mayoi…



Le propriétaire du casino savait qu’il avait fait une affaire en or en embauchant ces hommes. Après enquête, il avait pu voir combien ils étaient professionnels et doué dans leur travail. Ce genre de personnes n’était pas rare dans le milieu. Il y avait beaucoup de tueurs et autres hommes de main possédant du talent. Mais posséder leur fidélité n’était pas chose évidente. Si la cupidité l’emportait, alors la trahison était certaine. Tandis qu’avec ce groupe, Akiharu savait qu’il ne craignait rien. Ils possédaient cette réputation de ne pas courir après l’argent, préférant mettre en avant leur dévouement. Rien que les liens, unissant les membres, suffisaient à montrer la loyauté dont ils étaient dotés.



Refermant un dossier, Akiharu se leva doucement de son fauteuil, s’approchant de la vitre teintée. Il observa son domaine d’un regard empreint de froideur. Pour la première fois depuis son retour au Japon, il pouvait enfin se montrer lui-même dans son bureau, sans que personne ne le remarque. Il devait cela au groupe Mayoi, une fois de plus. Jouer la comédie, et monter à tous un visage joueur et souriant comme un adolescent n’ayant pas évolué, n’était pas chose aisée. Cela lui pesait souvent, même s’il n’en avait rien laissé paraître.



Secouant un instant la tête de gauche à droite pour chasser tout cela, Akiharu se détourna pour retourner vers son bureau, il saisit une tasse de café posée là, certainement apporté par Jin sans qu’il ne s’en rende compte. Il la porta à ses lèvres mais grimaça en sentant le liquide pénétrer dans sa bouche. L’avalant quand même, il se passa ensuite une main sur le bas de sa mâchoire. Il avait presque réussi à oublier la douleur de ce coup de poing… Son nouveau jouet, Ryo, avait un sacré caractère pour avoir le courage de le frapper de la sorte. Il ne semblait aucunement craindre les représailles. C’était aussi cela qui plaisait beaucoup au propriétaire du casino. Il était rare pour lui de voir quelqu’un capable de lui tenir tête ainsi, sans crainte du retour de flamme. Pourtant, ce dernier serait une pilule difficile à avaler pour le tueur. Akiharu allait lui faire regretter son coup, tout en lui montrant à qui, il appartenait vraiment. Cependant, il laisserait passer quelques jours avant cela, sachant parfaitement que Tetsu punirait lui-même le jeune homme pour avoir quitté son poste.



Finalement, reprenant place derrière son bureau, le brun termina sa tasse d’une traite avant de prendre son téléphone. Il composa un numéro à deux chiffres puis attendit patiemment. Deux tonalités passèrent avant que la voix d’un homme ne retentisse à l’autre bout du fil.



- Oui, Akiharu ? »

- Jin, viens me voir. »

- Bien. »



Sans attendre plus longtemps, Akiharu raccrocha le combiné. En même temps, la porte de son bureau s’ouvrit sur son secrétaire. Ce dernier lui dédia un sourire et s’avança d’un pas calme. Il prit place devant son patron, s’asseyant dans un fauteuil de cuir noir. Il croisa les jambes tout en s’installant confortablement.



- Qu’y a-t-il ? » Demanda-t-il finalement avec amabilité.

- Je veux que tu contactes cette personne. » Répondit Akiharu en lui tendant un dossier. « Il s’agit du rendez vous que j’ai eu il y a quelques jours. Tu vas dire à cet homme que je refuse d’aller plus loin dans nos affaires. Ensuite tu enverras à mon frère, un message personnel, l’informant de cesser de me prendre pour un débutant s’il ne veut pas s’en mordre les doigts. Avec ce message, tu lui transmettras ce paquet. »



Sans attendre de réponses, le blond saisit les documents pour les parcourir rapidement du regard puis porta son attention sur le « cadeau » de son vis-à-vis. Il le prit à son tour et le soupesa avant de le secouer, histoire de savoir ce qu’il pouvait contenir. Il entendit un simple bruit sourd de quelque chose se cognant contre du plastique. Il ne lui fallut guère de temps pour comprendre ce que contenait le paquet. Lui-même avait déjà fait ce genre de présent à des rivaux ou des ennemis à qui il désirait donner une petite leçon. Relevant les yeux vers son ami, Jin pencha très légèrement la tête sur le côté alors que son sourire se faisait plus amusé.



- Quelle partie est-ce ? » Interrogea-t-il tout en posant le paquet à ses pieds.

- Les mains. »

- Tu as tué le propriétaire ? »

- Après lui avoir coupé les mains et obtenu mes informations, oui. » Déclara froidement Akiharu.

- Bien. »



Sans en demander plus, Jin se leva puis reprit en main le paquet ainsi que le dossier. Il avait hâte de transmettre les amitiés d’Akiharu à Kensaku. Il imaginait très bien la réaction que ce dernier allait avoir après cela. Ce qu’il regrettait finalement le plus, c’était de ne pouvoir voir en directe son expression lorsqu’il ouvrirait le paquet. Il était certain qu’il ne sourcillerait point devant ces mains. Cependant, aux yeux du secrétaire, il ne faisait aucun doute que la colère s’emparerait du chef de la famille Tsubasa. D’ailleurs, il leur faudrait, à tous, jouer de prudence suite à ce message. Si la tête, envoyée quelques semaines plus tôt au Kudo, n’avait pas fait l’objet de réponses, il n’allait pas en être de même pour les Tsubasa. Kensaku n’était pas le genre d’homme à se laisser menacer sans accomplir quelques représailles en retour. Restait à savoir maintenant si Akiharu serait capable de subir ces futures attaques…



Soupirant à cette pensée, Jin dédia un dernier sourire à son ami avant de se diriger vers la sortie du bureau. Il ouvrit la porte avec calme mais se tourna une dernière fois vers Akiharu.



- Aki… Evite de sortir seul à l’avenir. Les rues vont devenir plus que dangereuses pour toi maintenant. »

- Je sais. Ne te fais pas de souci. Et rassures Mikio aussi. »



Lui faisant un dernier signe de la tête accompagné d’un sourire amicale, Jin quitta les lieux. Il retourna dans son bureau puis fit appel à l’un de ses hommes de main qu’il avait pour l’occasion mis sous les ordres de son ami. Il lui confia la dure tâche de déposer le colis chez les Tsubasa. Ceci fait, le blond saisit ensuite son téléphone afin de contacter le client s’étant joué d’Akiharu. Il lui transmit simplement le message de ce dernier puis raccrocha sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre ou émettre le moindre son. Laisser parler cet homme aurait été bien inutile puisque son patron ne changerait pas d’idée le concernant. Lorsqu’il prenait une décision, elle était définitive. Rien ne pouvait le faire revenir en arrière. Ni même personne… Cela faisait de lui un homme terriblement têtu pour ne pas dire obstiné, le tout agrémenté de détermination. Contrairement à ce que beaucoup de personne croyait, le patron du casino, était quelqu’un de dangereux, d’intelligent, menant son monde avec une main de maître. Mais bien entendu, avec toutes les qualités qui étaient les siennes, jamais il n’aurait pu arriver à ce stade sans l’aide de Mikio et de Jin. Ces derniers savaient cela mieux que quiconque…



Décidant que la pause rêverie était terminée, le secrétaire ouvrit un nouveau dossier, se remettant au travail avec grand sérieux.



*****



Une semaine plus tard…



Sakura Maxwell n’avait pas quitté sa demeure depuis qu’il était parvenu à récupérer un nouvel échantillon de la drogue qu’il désirait tant analyser. Cela ne lui avait été guère facile de mettre la main dessus la première fois tandis que la seconde fois avait été beaucoup plus rapide. Il remerciait grandement son contact pour cela. Il lui avait été d’une aide sans pareille, comme à chaque fois qu’il lui avait demandé quelque chose. Pourtant, son informateur prenait de nombreux risques à agir ainsi. A n’importe quel moment il pouvait se faire prendre et don supprimer définitivement sans que personne ne s’en inquiète. De par ce fait, son travail était plus dangereux que celui qu’accomplissait Sakura. Ce dernier en avait parfaitement conscience.



Enfermé dans un laboratoire fabriqué à la va-vite avec tout ce qui lui était tombé sous la main, l’argenté n’avait eut de cesse de penser aux risques encourus par son contact. Cela lui donnait une motivation de plus pour trouver un remède à cette drogue. La raison première de son acharnement à arrêter tous les dealers, et autres personnes ayant un rapport plus ou moins lointain avec ces trafics, était la perte de son frère ainé, quelques années plus tôt. Ce dernier avait succombé des suites d’une overdose de cocaïnes ou bien une autre substance tout aussi forte. Cependant, ce n’était pas par vengeance que Sakura agissait ainsi. Il désirait juste que personne ne connaisse le même malheur et la même peine que les siens. Son père était mort peu de temps après cela, certainement de douleur. Sa chère sœur Meryell avait décidé de se faire justice à sa façon en supprimant les dealers de drogue. Quant à sa mère, elle était, par chance, décédée avant d’avoir pu assister à tout cela. L’argenté était certain qu’elle n’aurait pu supporter de voir sa famille tomber ainsi, dans cette tourmente.



Travaillant donc avec sérieux sur cette fameuse drogue aux effets terrifiant, Sakura s’était totalement coupé du monde. Le téléphone pouvait sonner, il ne répondait plus. Les personnes venant frapper à sa porte, ne recevait pas plus d’attention de sa part. Il était bien trop obnubilé par son travail. Rien ne semblait pouvoir l’en défaire, l’en éloigner… Ni même personne… Il sortait de son laboratoire de fortune uniquement pour se faire quelque chose de rapide à manger. Dormir était même devenu un mot proscris de son vocabulaire.



Alors que Sakura travaillait toujours, une personne s’introduisit dans sa résidence. Une petite souris s’avança doucement dans l’impressionnante maison. Enlevant doucement ses chaussures à l’entrée, il commença à longer les couloirs, les yeux grands ouverts, brillant d’émerveillement. Il avait déjà vu des maisons aussi grandes. Cependant, celle-ci dégageait une étrange atmosphère, à la fois stricte dans la plus pure des traditions mais aussi une sorte de paix harmonieuse, donnant l’envie de s’allonger et de se laisser aller à la rêverie. Tout dans la décoration ou l’agencement des meubles respirait ce sentiment, ce calme.



Délaissant ces sensations pourtant agréable contre le motif de sa venue en ce lieu, Nezumi continua sa recherche dans la maison. Il semblait n’y avoir personne. Il avait, d’ailleurs, l’impression que celle-ci avait été délaissée depuis pas mal de jours. Il était fort possible que le maître des lieux ait eut trop de travail récemment. La souris avait crut comprendre qu’il était particulièrement occupé sur une enquête, au point d’en oublier son manteau… C’était le but de la visite du tueur… Rendre son bien à son propriétaire, non sans l’avoir lavé auparavant. En pensant à ce détail, Nezumi se rappela de sa visite au pressing afin de récupérer le vêtement. Il avait été surpris par l’attitude quelque peu agressive de l’un des employés. Cependant, il ne s’en était pas plus soucié, les problèmes des inconnus n’étaient pas les siens.



Décidant de chercher plus activement, le brun commença à ouvrir toutes les portes, les refermant aussitôt après avoir visité la pièce. Finalement, il sortit de la maison, se rendant dans le jardin. Là, il aperçut un autre petit bâtiment auquel il était possible d’accéder uniquement de l’extérieur. Il s’en approcha doucement puis se mit sur la pointe des pieds afin de regarder par la fenêtre. Là, il le vit. Un immense sourire étirant ses lèvres, la souris ne perdit pas de temps et franchit la porte. Il sauta sur le dos de Sakura, surprenant celui-ci qui ne s’attendait pas à cette visite non désirée. D’un geste brusque, il dégagea le jeune homme, le faisant tomber par la même occasion.



- Aïeuh… » Gémit ce dernier étonné par cette brusque réaction.



Mais loin de se laisser abattre, il se releva puis sautilla devant son cadet, l’air visiblement heureux de le voir. Hélas, ce bonheur était loin d’être partagé. Nezumi était loin de se rendre compte combien il pouvait déranger son vis-à-vis. Ce dernier, agacé par tant de bruit, par l’excitation du jeune homme, par sa présence, lui colla immédiatement son poing au visage. N’ayant pas prévu le coup, la souris perdit l’équilibre à l’impact et s’écroula au sol. Il releva les yeux quelque peu hébété tout en se massant la joue. Il croisa alors le regard glacial mais surtout empreint de rage de Sakura.



- Maxwell-san… »



Nezumi avait peine à croire qu’il avait face à lui, l’homme rencontré dans le par cet qui s’était montré si charmant avec lui, bien qu’un peu froid. Il avait l’impression de voir une bête sauvage la place. En l’observant plus avant, il put voir ses mains serrées, à faire apparaître la jointure blanche de ses articulations. Il les fermait si fortement que ses ongles commençaient à lui entailler la peau, faisant perler un peu de sang. A cette vue, Nezumi sauta presque sur ses pieds pour lui prendre les mains afin d’empêcher le liquide carmin de s’écouler. Mais il fut repoussé, une fois plus, avec violence contre le mur. Encaissant encore le coup, le brun fixa à nouveau son vis-à-vis dont la colère semblait accroitre de minutes en minutes.



- Dégage d’ici ! » Cria l’argenté brusquement, faisant sursauter son vis-à-vis. « Dégage ! »

- Maxwell-san… Vous ne semblez pas dans votre état normal. »



Sans répondre, Sakura décocha à nouveau un coup de poing au visage de son visiteur. Par pur réflexe, le brun se protégea en se baissant. Ce fut sa plus grosse erreur. Voyant son échec, la colère de l’inspecteur s’accentua et un coup de genou partit, s’écrasant dans l’estomac de Nezumi. Plié en deux, ce dernier toussa longuement, tentant de reprendre sa respiration. Hélas, il eut à peine le temps de s’en remette qu’une autre attaque lui arriva en pleine figure. S’écroulant au sol, la souris ne parvint pas à se relever. Non pas que les chocs l’aient assommés, mais une pluie de coups s’abattit sur lui sans qu’il puisse faire le moindre mouvement pour se protéger. Sakura s’acharnait sur lui en grognant. Il passait sa colère et tous les sentiments négatifs qui s’étaient accumulés en lui, se déversait tel un fleuve en furie.



- Je t’avais dis de partir ! Tu vas me laisser en paix maintenant ! Je ne veux plus te voir traîner dans mes pattes ! » Cria encore l’argenté alors que ses coups se faisaient plus violent.



Du sang s’écoulait de la tête de Nezumi… Mais aussi de ses bras… Il avait senti les os de ses côtes se briser. Combien au juste ? Il l’ignorait… Cependant, la douleur qui lui vrillait le corps, lui laissait entendre qu’il en avait au moins deux ou trois. Il avait mal… Très mal… Des gémissements de douleur franchissaient ses lèvres à chaque coup qui s’abattait sur lui. Il n’arrivait pas à croire que Sakura ait pu être aussi violent. Bien qu’il ne le connaisse pas, il avait pu voir en lui un homme juste, droit… Agir de la sorte ne devait pas être dans ses habitudes… Du moins c’était ce que pensait Nezumi. Hélas, ce qui lui arrivait là, était la preuve qu’il se trompait… Cela allait lui coûter la vie à ce rythme. Et c’était le comble pour un tueur du groupe Mayoi… Il avait vécu des situations bien plus dangereuses que celle-ci… S’en était sorti… Mais là… Il se sentait impuissant, à la merci de Sakura dont les coups redoublaient d’intensité. Il n’arrivait plus à faire le moindre geste… Il se sentait d’ailleurs partir lentement… Enveloppé dans quelque chose de chaud et sombre…



La perte de connaissance de sa victime, n’arrêta pas pour autant Sakura qui continua à frapper sans relâche, comme s’il cherchait à tuer définitivement le jeune homme. Il avait perdu la raison, ne se contrôlait plus. Il voyait dans le brun, un rempart qu’il fallait éliminer, détruire, faire disparaître définitivement de la surface de la terre. Il était trop gênant, trop collant, trop bruyant… Tout ce qu’il détestait le plus. Une personne trop vivante qui voulait entrer dans sa vie et la ranimer. Ce n’était pas ce que l’argenté désirait. Il voulait rester au calme, loin de tout le monde, loin des problèmes. Il n’hésiterait pas à éliminer quiconque décidait de changer cela, de se mêler de ses affaires, de sa vie.



Frappant toujours le jeune homme pourtant inconscient, Sakura ne remarqua pas la porte qui venait de s’ouvrir à sa droite. Il n’entendit pas la voix de la jeune femme qui l’appelait par son prénom. Il ne la vit pas non plus s’approcher de lui, trop concentré sur sa victime. Il devait s’assurer que cet homme ne viendrait plus le troubler dans son travail. C’était tout ce qu’il voyait en cet instant précis. Cependant, la jeune femme ne le voyait pas ainsi. Réalisant sans trop de mal ce qui se passait, elle surgit sur Sakura pour tout bonnement tenter de l’arrêter. Le geste fut assez simple, sachant que l’argenté ne voyait que la souris, un seul coup derrière la nuque suffit. Et le propriétaire des lieux vacilla, tournant la tête vers son agresseur avant de sombrer dans l’inconscience, rejoignant le corps inerte de Nezumi au sol.



Il y avait quelque chose qui n’allait pas. C’était certain… Restait à savoir quoi… La jeune femme, après s’être assurée que Sakura était bien inconscient, décida de s’occuper de la pauvre victime qui gisait au sol. Elle ne savait pas ce qui s’était passé. Mais tout cela n’avait absolument rien de normal. Sakura était un garçon fermé, solitaire. Mais il n’était en rien violent. Bien au contraire, il cherchait souvent la discussion pour calmer les choses. Elle se souvenait d’un soir où elle l’avait vu rentrer de l’école, les vêtements déchirés et le visage en sang, le regard fier. On l’avait encerclé, menacé, insulté, mais il n’avait pas bougé. Il s’était juste défendu pour ne pas être blessé, sans rendre aucun coup. Il lui avait dit : « Tu as vu Grande sœur. Parler, ça résout toujours tout. ». Cela l’avait fait beaucoup sourire. Car lui avait parlé, mais les autres avaient cognés. Alors non, toute cette scène ne ressemblait pas à Sakura. Plongée dans ses pensées, la jeune femme continua d’examiner la petite souris. Et ce qu’elle nota n’était pas des plus plaisant. Il n’était pas en bon état. Loin de là… Le fouillant, elle sortit son portefeuille. Elle l’ouvrit et chercha l’identité de ce garçon. Il finit par trouver un carnet avec des numéros de téléphone, en plus d’une carte d’identité.



Posant le portefeuille au sol, elle attrapa son téléphone, restant au côté du jeune homme, inquiète devant son état. Elle composa le premier numéro sur la liste, espérant qu’il s’agissait d’un proche et non d’un agent d’assurance. Son regard jade ne quitta pas Nezumi, bien que de temps à autre, il se déposait sur son petit frère, alors qu’elle attendait que l’autre personne au bout du fil réponde. Ce qui n’arriva pas. Alors, comme un automatisme, elle composa le second numéro de la liste. Et là, enfin, une voix assez sévère, mais qui avait une résonance assez posée s’entendit.



- Kashiwagi, j’écoute. »



D’abord surprise, la jeune femme marqua un temps d’arrêt avant de tout simplement reprendre son caractère enjoué, bien que la situation ne s’y prêtait pas vraiment.



- Bonjour, connaissez-vous un certain Yuu Hachino ? »

- Qui me pose cette question ? »



Reiji ne savait pas à qui il avait à faire, et il n’aimait pas cela. Et le fait que le numéro soit masqué lui plaisait encore moins. Alors si on rajoutait le fait que cet inconnu parlait de sa souris, on pouvait se rendre compte à l’intonation de sa voix, qu’il y avait intérêt que cela ne soit pas quelque chose de néfaste sous peine de répercussions… douloureuses ? Cependant, il laissait un certain bénéfice du doute, n’ayant pour le moment fait aucune action quant à rechercher qui l’appelait. Sachant que Nezumi avait créé un système qui permettait cela, même pour un débutant. Tout dépendrait simplement de la suite de la discussion…



- La petite sœur de Sakura Maxwells. Mais le sujet n’est pas à ça. Je vous appelle car vous êtes sur le carnet de ce Yuu Hachino. Il est en très mauvais état. Et… »

- Mauvais état ? J’écoute ! » Coupa Tetsu inquiet.

- Oui, oui, mauvais état… » Soupira la jeune femme avant de continuer. « Alors je vous invite à rejoindre au plus vite l’hôpital. Je fais … »

- Pas besoin d’hôpital ! » Coupa à nouveau le tueur. « Je viens le chercher. Où est-il ? »



Meryell se doutait bien que cet homme ne laisserait pas ce garçon inconscient finir à l’hôpital. Cela la fit sourire même si ce n’était toujours pas le moment. Cependant le sujet n’était pas là. Si bien que l’aîné des Maxwell, après une brève hésitation, elle ne voulait pas non plus que son petit frère ait des ennuis, finit par donner l’information désirée. La conversation n’eut sur le coup pas de fin. Son interlocuteur avait raccroché sans rien ajouter si ce n’était un grognement. Il ne fallut pas beaucoup de temps à Meryell pour savoir que ce dernier allait arriver assez vite à la résidence. Elle lâcha alors un soupire pour ranger son téléphone et fixer les alentours. Après avoir, une fois de plus, vérifié l’état de santé de ce jeune homme, la femme se mit à fouiller la pièce. Sakura, elle continuait de le penser, ne pouvait perdre autant pied sans de véritable raison. Et elle allait les trouver. Mais avant cela… Elle se tourna vers son cadet, souriante, comme toujours, elle s’approcha de ce dernier. Elle usa de malice en saisissant la ceinture du Yukata de Sakura pour le lier afin, que si ce dernier s’éveille, il ne puisse plus bouger ou agresser à nouveau. Ceci fait, elle se sentit plus en paix pour faire ses recherches…



Et quelles recherches… Il ne lui fallut vraiment pas beaucoup de temps pour trouver la cause de tout cela. Enfin, le pensait-elle tout du moins. Une poudre blanche, semblable à de la drogue… Ca ne pouvait être que cela. Cependant, elle se tourna vers son frère, songeant que ce dernier n’était qu’un idiot. De savoir que leur frère est mort à cause d’une overdose, faisait prendre de drôles de risques à Sakura. Elle, elle avait pris une voie qu’elle estimait parfaite pour exécuter sa vengeance et son petit frère, lui, avait choisi la justice tout en se faisant pourchasseur. Un flic qui enquêtait officieusement tout en mettant cela sur le dos d’une vraie enquête. Meryell soupira. Il ne changeait vraiment pas. Mais quel inconscient… Comprenant toutefois qu’il ne fallait pas toucher cette poudre, elle s’abstint. Sakura n’avait pas du y goûter, ce n’était pas son genre, donc cette drogue agissait soit au toucher, soit avec l’air. Dans le second cas, il était un peu tard. Pourtant, ne préférant ne pas tenter le diable, elle recouvrit le plan de travail d’une toile qui était plié sur une chaise. Sakura devait sans servir pour la même chose. Au moins, ça évitait les risques.



La jeune femme aurait pu continuer longtemps son investigation, si un bruit ne l’avait pas coupé dans son action. Un bruit bien spécifique. Un bruit de frein et un glissement de roues sur la route… En clair, un dérapage qui semblait parfaitement contrôlé. Meryell eut un fin sourire en l’entendant. Décidément, cet homme avait une façon bien à lui de réagir sur les choses. Enfin, ce n’était pas son problème et surtout ce n’était pas le moment de songer à ce genre de choses. Alors, simplement, elle se dirigea vers la sortie pour aller rejoindre cet « inconnu ». Elle s’avança d’un pas sûr alors qu’en face de lui, un homme d’une carrure assez imposante, le visage dur et fermé, les cheveux balayés par le vent, bien que courts, en costume trois pièces, arrivait d’un pas sûr jusqu’à elle. Il ne manquait vraiment pas de charisme cet homme. Ce fut ce que nota l’aîné des Maxwell en le fixant. Mais nullement impressionnée, elle sautilla presque jusqu’à cette personne. Elle donnait l’impression d’être une seconde souris. Aussi peu sérieuse dans une situation qui demandait beaucoup de sérieux. Enfin tout du moins, en apparence… Car pour le reste, c’était une autre histoire.



Reiji remarqua bien que ce qui arrivait devant lui n’était pas ce qu’il fallait voir. Il avait l’habitude des attitudes trompeuses. La plus part de son groupe, voir tout son groupe en fait, vivait en s’enveloppant de faux semblants. Cependant ce n’était pas son affaire. Cette femme faisait ce qu’elle voulait. D’ailleurs, sortant à peine de sa Z8, il attrapa son paquet de cigarettes pour s’en allumer une. Se sentant déjà plus à son aise, il s’autorisa à regarder un peu les alentours. Il ne le fit pas que par conscience professionnelle, mais aussi par intérêt. Il était quand même chez « Maxwell ». Héritier d’un grand domaine commercial, sa fortune était jugé comme une des plus grosses. Dans certaines villes du Japon, mais aussi des Etats-Unis, ses sociétés régissaient l’économie locale. Il n’était pas n’importe où. En plus, personne n’avait jamais vu le visage qui se cachait derrière cette renommée. Il allait le découvrir. C’était intéressant… Pourtant le tueur restait inquiet. Comment Yuu, un professionnel comme lui, avait pu se faire surprendre par un civil ? Il n’arrivait pas à se l’expliquer. Et de voir cette jeune femme gambader comme une gazelle vers lui comme si rien n’était, n’était pas forcément un bon signe pour le brun. Ce dernier d’ailleurs lâcha une bouffée de fumée pour revenir à la dite jeune femme qui s’était figée devant lui…



- Monsieur Kashiwagi ? »

- Hm… »

- Suivez-moi ! »



Petit dialogue sans profondeur, mais Meryell savait que c’était suffisant. Elle avait bien compris que cet homme n’était pas un gros bavard. A son avis, il devait être du type je réfléchis trop. Assez ennuyeux en somme, mais tellement plaisant à embêter… Enfin le sujet n’était pas à cela. Alors, gentiment, elle se remit en route. Elle pensait que le silence serait de coutume jusqu’à l’arrivée devant le blessé, mais là, nouvelle surprise. Une voix ferme s’exprima. Cela la fit presque sursauter…



- Maxwell Companies, c’est ici ? »

- Non ! » Fit amusé Meryell. « Ici c’est simplement une propriété habitable. Mais… »



Meryell se stoppa et le fixa avec un fin sourire, plein de malice. Une deuxième souris, ce fut la pensée de Tetsu à ce moment précis… Cette femme était une deuxième souris. Dans son attitude, sa façon de réagir, ses mimiques, tout en elle démontrait ce fait.



- Le résident de ces lieux est bien le « propriétaire ». »

- Hm… »



Reiji n’ajouta rien d’autre. Il estimait qu’il avait les informations qu’il désirait. Continuant sa progression, il remarqua qu’ils ne se dirigeaient pas vers la résidence, mais vers une serre un peu plus éloignée. Arquant un sourcil, n’appréciant pas plus que cela la situation, il se prépara en cas d’attentat contre sa vie. Il était venu seul et n’avait pas pris la peine de prévenir qui que ce soit. Il savait que c’était une erreur en soit, mais c’était trop tard pour revenir en arrière. Donc, continuant d’avancer, il resta silencieux, attentif… Il n’était pas question de tomber dans un piège, grossier ou pas.



Mery s’était finalement tu en voyant l’éloquence du visiteur. Il ne fallait pas être sorti d’une grande école pour voir que celui-ci se méfiait d’elle. Il devait certainement croire à un piège ou autre. Bien entendu, ce n’était pas le cas. Mais comment le faire comprendre à un homme lui ? Dans un sens, elle le comprenait… A sa place, elle serait restée sur ses gardes. C’était ainsi qu’agissaient les professionnels… Les personnes ayant pas mal d’ennemis à leur actif… Le conduisant toujours vers le lieu où elle avait laissé les deux hommes, la jeune femme jeta de temps à autre un coup d’œil à Reiji. Mais elle ne chercha pas à reprendre contact avec lui. Ce fut donc dans le plus grand silence qu’ils arrivèrent tous les deux devant ce qui ressemblait à une serre. Mery ouvrit la porte puis pénétra dans la pièce, sachant que son compagnon refuserait de le faire en premier. Elle tendit alors une main vers les deux corps.



Grognant en voyant Yuu allongé là, couvert de sang, inconscient, il accourut à ses côtés. Il posa un genou au sol tout en prenant son pouls. Il lâcha un soupir en constant qu’il était toujours en vie puis se redressa pour regarder l’autre homme allongé. Il releva ensuite les yeux vers Meryell.



- Que s’est-il passé ? »

- Je l’ignore ! » Répondit en souriant la jeune femme, haussant les épaules. « Jai trouvé mon frère en train de le frapper alors je l’ai assommé. »

- Hm… Je vois… Votre frère est de nature violente ? »

- Loin de là… C’est un ange qui préfère régler les soucis en discutant. Même s’il parle peu. Il est incapable de colère de ce genre. Il est pacifiste si vous préférez. »



Reiji se retint de soupirer. Il savait que sa souris était capable de pousser n’importe qui à bout, de les obliger à en venir aux mains tant il était agaçant. Cependant, si cet homme était bien tel que le décrivait cette femme, alors pourquoi en était-il arrivé à ce point ? Pour l’avoir attaqué ? Là était tout le mystère. Il ne voyait pas ce qui avait pu pousser cet homme à perdre la tête… Reiji se redressa un instant puis regarda autour de lui, intrigué. Cette pièce ressemblait étrangement à un laboratoire aménagé de façon rapide, possédant le minimum en matière de matériel. Il y avait une toile blanche qui recouvrait le tout. S’approchant de celle-ci, il la souleva tout en gardant précautionneusement ses distances. Il vit un petit échantillon d’une poudre blanche. D’une geste lent, il sortit un couteau de sa poche puis replia le papier contenant ce qui ressemblait à du sucre. Il le souleva ensuite très lentement, le maintenant en équilibre sur la lame avant de le déposer dans un sachet en plastique placé sur le côté. Ceci fait, il ferma soigneusement le sac tout en relâchant la toile. Tout en rangeant la drogue dans sa poche, le tueur se tourna vers Mery, la fixant froidement. Sans le moindre mot, il se dirigea vers son frère puis le saisit pour le prendre sur son épaule comme un sac de pomme de terre.



- Montrez-moi sa chambre. »



La jeune femme lui dédia un sourire avant de le conduire dans la pièce demandée. Tetsu jeta, ni plus ni moins, son fardeau sur le futon puis ouvrit la porte coulissante menant sur l’engawa en grand. Il revient ensuite vers Sakura qu’il déshabilla avant de le couvrir de la couette. Ceci terminé, il se redressa et porta son attention sur la sœur de l’agresseur de Yuu.



- Veillez sur lui mais en gardant vos distances. On ne sait jamais… »



Sans attendre de réponses, il se dirigea à nouveau vers le laboratoire de fortune. Il observa l’intérieur de celui-ci puis pris Nezumi pour le sortir avant de regarder autour de lui dans le jardin. Il vit une petite fontaine ainsi qu’un seau posé non loin. Il saisit ce dernier puis le rempli d’eau avant de reprendre la direction du labo. Là, il jeta le liquide sur le matériel. Il fit cette manœuvre plusieurs fois jusqu’à être certain de ne plus trouver la moindre trace de drogue. Il ignorait encore l’origine de cette dernière, son nom, sa composition. Aku se chargerait de l’analyser afin de lui dire quel genre de produits, il s’agissait. Mais, une chose était certaine, et il n’avait pas besoin de tests pour le savoir, c’était que les effets semblaient être relativement puissants. C’était pour cela qu’il ne voulait pas que la moindre trace subsiste. Il ne voulait pas que cette jeune femme ou encore ce Sakura, soient touchées par cette substance. Son travail terminé, il prit délicatement sa souris dans les bras puis se dirigea vers sa voiture. Il posa Yuu sur le siège passager, couchant celui-ci afin que le jeune homme ne souffre pas trop. Puis, il se glissa derrière le volant. Il mit le contact et jeta un coup d’œil vers la résidence où il put voir Mery qui l’observait. Lâchant un soupir, le brun descendit de voiture puis s’approche d’elle. Il lui tendit une carte.



- Tenez… En cas de soucis. »



Il attendit un instant qu’elle saisisse le carton puis s’éloigna, les mains dans les poches. Aussitôt dans sa voiture, il démarra en trombe, prenant la direction de son quartier général. Tout en roulant, il contacta Aku, l’informant de préparer son laboratoire mais aussi de préparer tout le matériel pour soigner Yuu. Raccrochant son portable, il fixa son ami tout en lui caressant doucement ses longs cheveux bruns. Son état l’inquiétait, c’était indéniable… Mais une question plus importante que toute venait hanter son esprit… Pourquoi s’était-il donc ainsi laissé brutaliser ? Il était loin c’être un amateur… Loin d’être un homme faible et sans défense… Bien au contraire… Il savait se battre, maîtriser une personne trop agressive. Il avait été formé pour arriver à se défendre seul en cas de problème. Alors… Pourquoi n’avait-il donc pas réagi ? Cette histoire troublait Reiji plus qu’il ne le pensait. Il n’aimait pas voir ses amis et partenaires être mis dans un tel état… Blessé physiquement comme psychologiquement… Il ne faisait aucun doute que le choc de sa souris serait difficile à faire passer. Une surveillance rapprochée allait être nécessaire dans les prochains jours…



Caressant une dernière fois les cheveux de Yuu, le brun accéléra un peu plus afin d’arriver le plus vite possible à son quartier général.



 


A suivre …