Une marque indélébile
( La vie d’un ange de la mort )
Titre :
Une marque indélébile
Auteur : val-rafale
Chapitre : 05
Genre : Yaoi / Policier / Fantastique / Angst
Couple : ????
Disclamer : Tous a Val
Test
Le jour se
leva doucement sur la ville de Tokyo. Un magnifique soleil illumina le ciel,
annonçant une journée radieuse et chaleureuse. Cependant, cela ne semblait pas
intéresser les gens dans la rue. Cette masse de population s’était déjà éveillée
depuis pas mal de temps, s’affairant dans les rues afin de gagner leur lieu de
travail. Seul ce dernier point semblait compter pour eux. Rien d’autre que le
but d’arriver à son boulot rapidement et commencer à travailler, n’avait
d’importance. C’était une fourmilière qui s’était mise en marche, sans que quoi
que ce soit, ni qui que ce soit, ne puisse l’arrêter.
Dans la chambre d’un grand appartement d’un quartier résidentiel de la ville,
Seishi dormait, loin de se soucier de la population qui se mettait en activité.
La fenêtre, entrouverte, laissait une petite brise entrer dans la pièce. Les
rideaux, tirés, filtraient les rayons du soleil. Pourtant de temps à autres, le
souffle léger du vent, les soulevait, permettant à l’astre de venir caresser le
visage du châtain. A plusieurs reprises, un grognement lui échappa alors qu’il
essayait de se protéger de cela. Mais très rapidement, son corps s’éveilla.
Ouvrant difficilement les yeux, ce fut un fort mal de tête qui le fit grimacer,
l’empêchant de se redresser sur le lit. Tout tournait autour de lui… Il avait la
sensation que chaque bruit devenait aussi fort que celui d’un marteau piqueur,
lui martelant la tête avec force.
Posant une main sur son front pour tenter de résister à cette douleur
insoutenable, il sentit un bandage. Seishi se tapota alors doucement le contour
du crâne, non sans grimacer. Qu’était-il arrivé ? Pourquoi était-il blessé ? Il
ne se rappelait de rien. Vraiment de rien… Aucun détail, aussi flou qu’il soit,
ne lui revenait en mémoire. Tout ce dont il se rappelait, c’était ces bonbons
bleutés qu’il avait mangé… Mais après c’était le noir complet. Oubliant un
instant la douleur, le châtain secoua la tête de gauche à droite, comme si cela
allait lui remettre les idées en place. Cependant, tout ce qu’il obtint, fut une
violente douleur dans tout son corps. Se plaquant l’oreiller sur la tête, il
essaya de se couper du monde afin de mettre fin au marteau piqueur qui lui
vrillait le crâne. Hélas, tout demeura sur un échec…
Alors qu’il désespérait de trouver une solution, il entendit la porte de la
chambre s’ouvrir. Mais ne voulant pas se sentir agressé par le bruit, Seishi
resta allongé sans bouger, l’oreiller toujours sur les oreilles. Le mouvement du
matelas, l’avertit qu’une personne venait de s’asseoir prêt de lui. Certainement
Seigyo… Personne d’autres ne vivait dans cet appartement de toute façon…
Brusquement l’oreiller lui fut arraché. Seishi allait protester lorsqu’il sentit
sur son front et sur ses yeux, quelque chose de frais. Aussitôt, il se calma,
appréciant ce contact. Il se recoucha sur le dos en soupirant, sous le regard de
Seigyo. Celui-ci, déposa dans ses mains, un verre d’eau.
- Prends ça… Ca va te soulager…
Sans répondre, le châtain obéit. Il avala rapidement le liquide puis enleva le
linge humide de ses yeux, avant de frotter ces derniers. Il fixa ensuite son
partenaire, le regard témoignant de la douleur qui lui vrillait la tête ainsi
que le reste de son corps. Il se passa une main sur le visage tout en grimaçant
de douleur. Seigyo savait que ce n’était en rien de la comédie. Le choc
lorsqu’il l’avait envoyé voler dans sa chambre, avait dû être assez important.
Malgré tout, Seishi semblait assez solide… Il n’avait rien eut de cassé, ce qui
était miraculeux… Il avait quand même percuté un meuble de plein fouet.
Reportant son attention sur le jeune garçon, le tueur vit ce dernier le fixer
avec une certaine froideur, mais aussi avec une certaine interrogation, un peu
comme s’il ne se souvenait plus de rien…
- Pourquoi me regardes-tu de la sorte ?
- Que s’est-il passé ?
- Tu ne te rappelles de rien ?
- Si je vous le demande, ce que je ne sais rien.
Seigyo le fixa avec calme puis sortit de sa poche le petit flacon qu’il avait
trouvé la veille par terre. Il l’observa attentivement avant de l’ouvrir pour en
sortir les comprimés bleus. Seishi pencha la tête sur le côté en le voyant
faire. Il tendit la main pour en prendre un, mais son compagnon l’en empêcha. Le
jeune homme lui lança un regard noir, n’appréciant pas d’être privé de ses
biens.
- C’est à moi !
- Combien en as-tu pris hier soir ?
- Qu’est-ce que ça peut vous faire ? » demanda Seishi en haussant les épaules,
ne se rappelant plus lui-même le nombre qu’il avait avalé. « Maintenant, rendez
les moi ! Ce sont Mes bonbons ! »
- Bonbon ?!
Le brun resta un instant bouche bée, devant cette façon de nommer ces comprimés.
Il avait peine à croire que son compagnon ait pu les prendre pour de simples
bonbons. Pourtant, en les observant un peu mieux, il avait effectivement tout de
ces sortes de dragées allongées fourrées à la réglisse. Mais à son âge, comment
Seishi avait-il pu les confondre ? Il n’était plus un gamin… Il devait être
capable de différencier un bonbon d’un médicament. Etait-il possible qu’il n’en
ait jamais vu ? C’était difficilement imaginable… Mais pas forcément impossible,
vu l’endroit où il avait grandi… Là-bas, tout était sous haut surveillance…
Lorsque les responsables devaient faire prendre un médicament à un enfant,
celui-ci était sous forme liquide… Néanmoins, de là à ne pas savoir de quoi, il
s’agissait… Il y avait quand même tout un monde… Une chose était certaine dans
tout cela… Seigyo se devait de refaire presque toute l’éducation de son
partenaire. Ce ne serait pas une mince affaire…
Soupirant, il reporta son attention Seishi qui semblait de plus en plus furieux.
Il paraissait aller au-delà de la douleur tant il était agacé. Le brun leva
doucement une main et l’approcha de sa joue. Le châtain eut automatiquement un
mouvement de recul, craignant de recevoir un coup. Cependant, ce fut une légère
caresse qu’il ressentit à la place. Etonné, il fixa son équipier.
- Que faites-vous ?
Sas lui répondre, le brun se leva tout en rangeant les comprimés. Il les remit
dans sa poche, puis quitta la chambre un instant afin de se rendre dans la
cuisine. Il revint quelques instants plus tard avec un plateau garnis de
sucrerie en tout genre. Seishi resta interloqué devant l’attitude de Seigyo. Il
avait peine à croire qu’il avait, face à lui, le même homme que la veille… Celui
qui se montrait dur et intransigeant. Du moins, c’était ainsi qu’il le voyait…
- Pourquoi vous avez pris mes bonbons ? » demanda-t-il avec calme, histoire de
ne pas gâcher cet instant de gentillesse de la part de Seigyo.
- Pour les faire analyser.
- Analyser ? Pourquoi ?
- Parce que c’est de la drogue, Seishi… Ce que tu as pris pour des bonbons est
un produit ill…
- Je sais ce qu’est la drogue. Mais je pensais que cela ne se présentait que
sous forme de poudre ou à l’état de liquide… Pas comme des bonbons…
Seigyo soupira légèrement. Au moins, il était rassuré dans un sens, il savait
qu’il ne prendrait pas de la drogue en poudre pour du sucre… Seishi n’était pas
si innocent que cela finalement. C’était une bonne chose. Cependant, il allait,
quand même, devoir lui enseigner certaines choses sur les médicaments sous forme
de comprimés. Malgré le fait que ce détail soit presque réglé, il en restait un
en suspend… L’endroit d’où provenaient ces cachets….
Il regarda à nouveau Seishi alors qu’un fin sourire étirait ses lèvres.
- Tu veux bien me dire qui te les a donnés ?
- Je les ai trouvés sur les hommes qui m’ont agressé la semaine dernière. Ils
m’en avaient proposé en disant qu’ils étaient bons…
- Je vois… Et, tu les as volés après les avoir assommé. Pourquoi t’ont-ils
attaqué ?
- Parce qu’ils voulaient que je quitte l’endroit où j’étais, pour je ne sais
quelles raisons. Mais j’ai refusé.
- Je vois…
Seigyo pensait à un petit groupe de dealer qui devait avoir l’habitude de se
placer dans cette rue pour vendre leur came. Il était fort probable que la
présence de Seishi les ait dérangés, et empêchés de faire leur petit commerce.
S’ils avaient su à qui il avait affaire, peut être se seraient-ils abstenu de
l’agresser. Et encore… Il n’en était même pas certain… Ce genre de personnes
n’était pas du genre à se laisser impressionner aussi facilement. S’ils venaient
à recroiser la route du châtain, ils tenteraient certainement de se venger de
lui, de lui faire regretter son geste et son vol. Le brun en vint à se demander
comment son partenaire se débrouillerait pour se débarrasser d’eux ? Les
tuerait-il cette fois-ci ? Ou bien les humilierait-il encore ? Il avait presque
envie de provoquer cette rencontre, histoire de savoir à quel niveau se situait
le pouvoir du jeune garçon. Tout ce qu’il avait vu de lui, était lors de sa
mission. Il avait tué trois hommes en leur envoyant de petites décharges en
plein cœur. Cela les avait tués sur le coup… Cependant, l’énergie dégagée à ce
moment, était loin d’être élevé. Seigyo attendait beaucoup mieux de sa part…
Plus de puissance… Mais aussi de technique dans son utilisation. Il n’avait,
pour le moment, rien vu d’extraordinaire. Rien de vraiment palpitant…
Revenant à la réalité, avec un plan bien précis en tête, le brun reposa son
regard sur son compagnon qui mangeait avec appétit le contenu de son plateau. Il
semblait mourir de faim… C’était un peu normal… Cela faisait quelques jours
qu’il ne faisait que grignoter par ci, par là, sans vraiment se nourrir. Là, au
moins, il prenait un bon petit déjeuné, rempli d’énergie. Il allait en avoir
besoin pour plus tard…
- Alors combien en as-tu pris ?
- Hm… J’en ai croqué quatre d’un coup… Vu le goût, j’ai pris un verre d’eau pour
tout avaler… Ensuite, je ne me souviens de rien…
- Bon… Ce n’est pas grave…
Seigyo se leva puis retira le plateau que Seishi venait de terminer. Il se
dirigea vers la sortie mais s’arrêta avant de quitter la pièce. Il se tourna
vers le jeune homme qui le fixait toujours. Il pouvait sentir sa surprise, son
étonnement quant à son comportement. Lui-même s’était surpris à rester calme… A
l’origine, il voulait lui donner une leçon… Finalement, il n’en avait rien fait
et avait eut raison. Se montrer attentif, calme et doux, semblait déstabiliser
le châtain et l’apaiser dans un sens. Il avait pris la bonne décision…
- Repose-toi…
- D’accord…
Sans discuter, le jeune homme se recoucha puis ramena les couvertures sur lui.
Il ferma les yeux afin de se laisser aller dans les bras de Morphée.
Etrangement, ce dernier l’emporta avec une facilité déconcertante. Son stress
était retombé, ses nerfs se détendaient petit à petit. Il sentait aussi comme
une sensation de bien être, de sécurité auprès de Seigyo. Peut être se
trompait-il… Peut être serait-il encore déçu… Mais, pendant quelques temps, il
avait envie de croire que les choses avaient enfin tourné pour lui… Qu’il
pouvait maintenant aspirer à une vie plus calme…
Seigyo sourit doucement en le voyant enfin se détendre. Il sortit sans faire de
bruit puis ferma la porte derrière lui. Il soupira longuement, en se passant une
main sur le visage. Il n’était pas facile de cacher sa colère… Mais, il savait
sa décision judicieuse. Cela leur permettrait, de peut être, travailler dans de
meilleure condition… Seishi apprendrait plus facilement le métier ainsi. En
agissant ainsi, Seigyo savait qu’il venait de combler une petite partie du
gouffre qui les séparait. C’était à lui de ne pas le recreuser.
Se dirigeant vers la cuisine, il nettoya le plateau, après avoir jeté les
emballages plastiques qui trainaient dessus. Il se rendit ensuite dans le salon
et alluma la télé avant de s’installer devant. Seigyo saisit la télécommande
puis commença à zapper, cherchant une chaine intéressante qu’il ne trouva
jamais. Finalement, il éteignit la télévision puis se dirigea vers son bureau.
Il avait quelque chose à préparer… Autant qu’il se concentre dessus pendant que
le petit dormait. Il ne valait mieux pas qu’il sache ce qu’il lui préparait
comme surprise… Cela risquait de le mettre particulièrement en colère. Certes,
ça permettrait de voir en directe son pouvoir. Cependant, le but n’était pas que
lui-même se fasse tuer. Néanmoins, il était possible que son compagnon ne soit
pas contre ce test… Mais, Seigyo en serait bien surpris… Il ne semblait pas être
du genre à aimer les expériences, surtout lorsqu’il en était le sujet
principale. Comme tous les enfants possédant des pouvoirs, il avait dû être
sujet de bons nombres de tests tous aussi éprouvant les uns que les autres, que
ce soit physiquement ou psychologiquement parlant. Le brun le savait… Lui aussi
était passé par là… Lui aussi avait été un gamin, recueilli par cette
organisation secrète.
Se tournant vers la fenêtre, le brun se perdit dans ses pensées alors que son
regard se posait sur le ciel bleuté. Il se vit partir vers une époque à la
lointaine, mais aussi tellement proche, de part les souvenirs qui ne
disparaissaient pas…
Dix neuf ans plus tôt…
Un petit garçon aux cheveux noirs comme l’ébène, courrait dans le parc public,
poursuivant un petit ballon qu’un de ses camarades avait lancé un peu trop loin.
Il ne faisait attention à rien d’autre autour de lui… Seule sa balle comptait…
Il courrait aussi vite qu’il le pouvait mais ne parvenait pas à la rattraper…
Ses jambes n’étaient pas grandes… Il n’était pas assez rapide… Cependant, ce
n’était pas pour ça qu’il allait le laisser partir. C’était son ballon… Il y
tenait… Son papa lui avait offert pour son dernier anniversaire. C’était la
chose qu’il avait désiré depuis plusieurs mois… Ce n’était pas grand-chose en
apparence mais pour un enfant de son âge, il avait tellement d’importance…
C’était quand même son père qui le lui avait donné… L’homme a qui il voulait
ressembler le plus… Quelqu’un de courageux… Qui sauvait la vie des gens,
éteignait des incendies. Le petit garçon rêvait lui aussi un jour d’être pompier
comme son papa… Mais n’était ce pas le rêve de beaucoup d’enfants, de faire le
travail de son père ?
Le petit garçon sourit en voyant son ballon terminer enfin sa course. Un grand
rire de joie s’éleva de sa gorge alors qu’il se lançait sur la route pour
attraper son bien le plus précieux. Mais alors qu’il le ramassait, un puissant
coup de klaxon retentit. L’enfant leva les yeux pour voir une voiture arriver
droit sur lui, à une vitesse qui lui paraissait tellement grande. Il ferma
brusquement les yeux tout en se repliant sur lui-même, attendant le choc… Choc
qui ne vint jamais… A la place, un grand fracas de métal plié et de verre cassé
retentit. Des cris résonnèrent de toute part dans la rue alors que les gens
accouraient vers le véhicule accidenté et l’enfant qui se trouvait toujours au
milieu de la route. Le petit était prostré, en larme… Il venait d’avoir la peur
de sa vie… L’espace d’un instant, il avait vu ses rêves s’envoler… Disparaître…
Des passants l’aidèrent à se relever puis le conduisirent sur le trottoir alors
que la police arrivait sur place ainsi que des secours. Ces derniers prirent en
charge le conducteur qui avait reçu un très violent choc à la tête et l’enfant
traumatisé. L’un des ambulanciers s’approcha du garçon et le fixa avec un regard
rempli de douceur mais aussi d’inquiétude.
- Ca va petit ? » demanda-t-il en cherchant à capter son regard.
- Je veux mon papa…
- On va l’appeler… Comment s’appelle-t-il ?
- Hiroichi Takesada…
- Où peut-on le contacter ?
- A la caserne des pompiers, là-bas… » répondit le petit en montrant le coin de
la rue au loin.
L’homme pencha la tête sur le côté puis regarda dans la direction indiqué. Il
sourit ensuite doucement tout en passant une main dans les cheveux de l’enfant.
Il se redressa alors tout en lui tendant la main. Le petit le fixa, les larmes
coulant toujours sur ses joues.
- Tu viens ? Nous allons le voir.
- Hm… D’accord…
Avec une certaine hésitation, l’enfant prit la main de l’ambulancier qui
l’emmena doucement vers la caserne où travaillait son père. Alors qu’ils
s’éloignaient du parc, l’enfant sentit un regard posé sur lui. Il tourna la tête
vers le par cet put voir deux hommes qui le fixaient avec froideur mais aussi
grand intérêt. L’espace d’un instant, il eut l’impression de les entendre
parler, comme s’ils étaient à coté de lui.
- Tu u as été un peu fort… Il aurait pu mourir.
- Peut être, mais au moins nous sommes certain que c’est lui.
- Hm… Certes, je pense qu’il sera…
L’enfant n’en entendit pas plus. Le bruit de la rue, reprenant ses droits,
couvrit le son alors qu’il s’éloignait d’eux. Sans se soucier plus de ces mots
qui étaient incompréhensible, il se retourna vers la caserne en ressentant une
certaine impatience à l’idée de voir son papa.
Un léger contact sur sa joue, réveilla brusquement Seigyo. Celui-ci saisit la
main qui venait de le toucher avant de la lâcher immédiatement en voyant à qui
elle appartenait. Il se redressa lentement sur sa chaise tout en se tournant
vers Seishi qui venait de s’asseoir sur le bureau. Celui-ci le fixait avec calme
mais aussi une certaine curiosité. Le brun se passa une main sur le visage avant
de porter son attention sur lui.
- Tu te sens mieux ?
- Hm… A quoi rêviez-vous ?
- Pardon ?
- Vous faisiez un rêve ? Qu’était-il ?
- Le passé… Assez lointain.
- Vous appeliez votre père…
Seigyo haussa un sourcil quelque peu surpris. Depuis quand parlait-il en dormant
? Il ne l’av ait jamais fait auparavant. C’était étrange… Il était possible que
ce passé l’ait marqué plus qu’il ne le pensait. Il en était même certain… Après
tout, c’était la dernière fois qu’il avait vu son père… C’était à partir de là
que ses rêves s’étaient retrouvés brisés… Effacés… Pour laisser place à autre
chose que des hommes avaient décidé de lui imposer. Plus, il y pensait, plus il
regrettait les évènements écoulés. S’il l’avait réellement désiré, il aurait pu
faire ce qu’il voulait. Hélas, il n’avait pas eut la force d’aller à l’encontre
de ces patrons.
Une main s’agitant devant ses yeux, ramena le brun à la réalité. Il fixa son
partenaire, à qui, il n’avait toujours pas répondu. Il commença à ranger
doucement les documents sur son bureau tout en souriant.
- Excuse-moi… Je ne parle jamais dans mon sommeil.
- Votre père doit vous manquer.
- Certainement…
- Le mien ne me manque pas… Au contraire…
L’espace d’un instant, le brun eut l’impression de voir le regard, de son élève,
se voiler. Il se frotta les yeux pour en être certain mais Seishi venait de se
lever et se dirigeait vers la porte. Seigyo le laissa sortir puis lâcha un
soupir. Finalement, il semblait avoir eut une vie bien différente tous les deux…
Etait-ce si étonnant ? Il aurait dû s’en douter en voyant son comportement. Il
fallait vraiment avoir eut une enfance difficile pour être ainsi… Il ne serait
guère surprenant d’apprendre que son père l’avait, ni plus, ni moins, vendu à
l’organisation… Ces derniers proposaient parfois d’acheter, aux familles les
plus démunies, leurs enfants possédant des pouvoirs. Pour les autres, en
général, ils les enlevaient. D’ailleurs, il arrivait souvent qu’ils
interviennent dans le domicile, tuant les parents en se faisant passer pour des
cambrioleurs. Ainsi l’enfant recueilli avait droit à une version de l’histoire
plus que romancée et exagérée… Il faisait toujours croire qu’ils respectaient le
souhait de leur famille, faisant croire à un désir de les voir grandir dans un
milieu stable… Quel milieu stable… Celui de devenir tueur pour certain, voleur
pour d’autres, en passant par espion, scientifique et tout autre métier hors la
loi… Personne ne sortait de l’organisation… Personne ne la quittait… Sauf dans
un cercueil…
Soupirant, Seigyo secoua la tête de gauche à droite pour se sortir tout cela de
la tête. Tenter de deviner ce que Seishi avait vécu était inutile. Il le lui
raconterait lui-même lorsqu’il s’en sentirait capable… Lorsqu’il lui ferait
confiance. De toute façon, le forcer à parler ne servait à rien…
Finalement, après avoir passé un rapide cop de fil à certaines personnes, le
brun se leva puis se dirigea vers la sortie de son bureau. Il rejoignit la
cuisine dans laquelle il trouva son partenaire, afféré à se faire à manger. Un
sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il le voyait se nourrir encore
d’aliments sucrés. Il avait fait de ces derniers son alimentation principale.
Rarement, il l’avait vu manger autre chose… Seigyo en venait à se demander, si
cela n’était pas essentiel pour lui. Après tout, Seishi possédait un pouvoir qui
prenait pas mal d’énergie. Peut être cela avait-il un rapport. Il le saurait
lorsqu’il irait voir son ami et son médecin le Professeur Leblanc. Ce dernier
pourrait lui expliquer le fonctionnement de celui-ci.
S’approchant de son compagnon, il s’installa sur l’une des chaises entourant la
table de la cuisine puis le fixa encore.
- Tu me sers quelque chose à manger, s’il te plait ?
Le châtain l’observa un instant avant de déposer, devant lui, une assiette
contenant des crêpes ainsi qu’une tasse de café. Quelque surpris, Seigyo goutta
ce dernier avant de sourire doucement au goût. Seishi lui avait mis deux sucres…
Comment avait-il su qu’il le prenait sucré ? Il ne se souvenait pas le lui avoir
dit. A moins qu’il ne l’ait observé… Ou bien, il y avait une solution plus
logique. Il lui avait donné la tasse qu’il s’était préparé. Cependant, le jeune
garçon ne semblait pas se resservir. Il avait pris à la place du jus d’orange,
alors qu’il restait encore pas mal de café. L’avait-il donc préparé pour lui ?
L’aîné avait peine à le croire. Mais, il devait bien avouer que cela lui faisait
plaisir. C’était une preuve que leurs relations allaient beaucoup mieux.
- Merci pour ce café.
- De rien. J’espère qu’il est, comme vous l’aimez.
- Il est parfait.
Seishi remercia d’un simple signe de la tête avant de se remettre à manger en
silence. S’il y avait une chose qui ne semblait pas vouloir évoluer, c’était
bien ce détail. Le jeune garçon n’était guère bavard. A croire qu’il avait peut
de se confier aux autres… Avait-il déjà été trahi ? C’était fort probable… Tout
dans son attitude le laissait penser. Seigyo en était presque convaincu. Peut
être son père en était-il l’origine ? Peut être les professeurs qu’il avait
rencontré, avait tenté de gagner sa confiance pour ensuite le décevoir ? Il y
avait tellement de possibilité… La seule personne, pouvant répondre à toutes ces
interrogations, restait, la plupart du temps, muet.
Préférant laisser cela de côté, le brun se concentra sur ses crêpes. Encore une
fois, il devait attendre que son partenaire parle de lui-même. Tout en étalant
du chocolat sur son plat, il fixa Seishi.
- Ca te dit de sortir un peu ce soir ?
- Hein ?
- Pour aller au cinéma, par exemple.
- Cinéma ?
- Tu sais ce que c’est ?
- Bien entendu… Mais je n’y suis jamais allé… Il parait que c’est
impressionnant.
- C’est vrai. Enfin, tu verras par toi-même.
Seishi répondit par un signe positif de la tête. Seigyo sourit doucement tout en
mangeant doucement ses crêpes. Puis il se leva et se dirigea vers la salle de
bain. Le châtain l’entendit allumer l’eau de la douche et soupira longuement
avant de prendre son plateau pour s’installer devant la télé. Il l’alluma puis
commença à zapper, cherchant une chaine intéressante. Il s’arrêta sur un dessin
animé qui mettait en avant des samourai. Il avait entendu parler de ces
guerriers, même s’il ne savait pas grand-chose sur eux. Certes, il était issu de
parent japonais, mais, il n’était pas né dans ce pays… Comme, il n’y avait
jamais vécu. La première fois qu’il avait foulé le sol du Japon, c’était
lorsqu’il était descendu de l’avion pour rejoindre Seigyo. Au premier abord,
Tokyo était comme toutes les grandes villes. Du moins, c’était son impression…
Puis petit à petit, à force de parcourir les rues, il découvrait des choses
différentes… Des gens différents, avec une façon de penser particulière, des
habitudes, des coutumes tellement loin de ce qu’il avait rencontré jusque là.
Finalement, en quelques mois, il avait appris à aimer ce pays. Il s’y sentait
bien… C’était la première fois qu’il ressentait cette sensation, depuis des
années.
- Tu aimes les dessins animés ? » demanda brusquement Seigyo, le faisant sortir
de ses pensées.
- Je ne sais pas…
- Comment ça, tu ne sais pas ?
- Depuis que je suis ici, je n’ai pas pris la peine de regarder la télé.
- C’est vrai…. Tu t’enfermes toujours dans ta chambre pour lire.
Seishi le fixa un instant avant de reporter son regard sur la télé, suivant
attentivement l’histoire de l’épisode. Lorsque celui-ci se termina, il lâcha un
long soupir puis reprit la télécommande pour encore changer de chaine. Mais une
main l’arrêta.
- Il y en a un second. Regarde-le et ensuite tu iras te laver. Nous partirons
aussitôt après.
- Ah… D’accord…
Seishi n’insista pas et attendit l’épisode avec patience. Il le regarda avec
grande attention. Lorsqu’il fut terminé, il se leva afin de se diriger vers la
salle de bain. Seigyo le suivit du regard puis lâcha un soupir. Il s’installa
plus confortablement dans le canapé. Et dire que dans quelques heures, il allait
gâcher tous ces efforts… De nouveau creuser le gouffre entre eux… Ce qu’il
s’apprêtait à faire, allait certainement mettre un terme définitif à tout…
Seishi ne lui ferait certainement plus confiance après cela. Mais, il n’avait
pas le choix. Ce test était nécessaire pour connaître l’étendu des pouvoirs du
petit.
Seigyo se redressa en entendant son partenaire ouvrir la porte de la salle de
bain pour en sortir. Il le fixa en souriant puis se leva. Il prit le temps de
mettre sa veste et se dirigea vers la sortie où il mit ses chaussures. Ceci
fait, il fixa Seishi qui l’avait imité.
- Prêt ?
- Oui…
Les deux hommes quittèrent l’appartement. Seigyo ferma soigneusement la porte
avant d’entraîner son partenaire vers l’ascenseur. Ce dernier les conduisit au
parking souterrain où ils empruntèrent la voiture de l’aîné, prenant la
direction du cinéma. Le brun se gara sur le parking puis descendit du véhicule.
Il attendit son partenaire avant de prendre la direction de l’entrée. Il acheta
deux billets pour voir un film fantastique américain. Avant de rejoindre la
salle, il acheta plusieurs confiseries en tout genre, allant du paquet de
bonbons, à la barbapapa en boite. C’est avec tout cela dans les mains qu’ils se
rendirent dans la grande pièce. S’installant au centre, ils attendirent
patiemment le début du film. Lorsqu’il commença, Seishi resta sans voix devant
le son mais aussi la qualité de l’image qui se diffusait. Il n’avait encore
jamais vu une chose comme celle-ci. Pourtant, à l’école, ils possédaient une
technologie avancée. Cependant, ce qu’il voyait là, l’impressionnait énormément.
Pris dans le film, celui-ci lui parut bien court… Et une profonde déception
l’envahi lorsqu’il dut quitter la salle. Seigyo, sentant ses émotions, posa une
main sur son épaule, tout en lui montrant sa monte. Le film avait duré presque
deux heures… Mais le temps passait vite lorsque quelque chose était passionnant.
- Je suis content que tu ais aimé.
- Merci…
- De rien… Ca te dit une glace ?
- Oui.
Seigyo sourit doucement puis le conduisit là où il s’était promené une semaine
plus tôt… Là où Seishi avait assommé les hommes. Comme la première fois, il lui
demanda de rester sur le trottoir à l’attendre pendant qu’il allait les acheter.
Il lui demanda bien entendu de se tenir tranquille cette fois ci, ce qui lui
valut un regard noir. C’est donc en riant doucement qu’il s’éloigna pour aller
chercher ses glaces. Cependant, au lieu d’y aller, il se cacha à l’angle d’une
ruelle et observa son compagnon. Il vit alors un groupe de cinq hommes
s’approcher de lui. Ils n’avaient pas perdu de temps… Comme prévu, ils
surveillaient la venue du petit. Venger leurs deux amis semblaient une question
d’honneur. Seigyo les fixa tous, décidant de voir ce que son partenaire allait
faire.
En les voyant approcher, Seishi ne bougea pas. Il les fixa alors que les hommes
l’entouraient rapidement. Il ne semblait pas impressionné par leur nombre. Il
restait calme, froid. Il semblait parfaitement maître de ses émotions en
l’instant. Pas le moins du monde impressionné… Un peu comme si ce genre de
situation lui était familier.
L’un des hommes à qui le châtain avait donné une leçon une semaine plus tôt,
s’approcha alors de lui. Seishi lui fit face sans la moindre crainte, attendant
de voir ce qu’ils désiraient tous. Bien qu’il en ait une petite idée… Cependant,
il avait envie de les voir rire bêtement avant de les électrocuter tous, avant
de les ridiculiser une fois de plus.
- Alors gamin, tu fais moins le fier maintenant. Nous t’attendions.
Seishi haussa un sourcil interrogateur. Ils l’attendaient ? Qu’est-ce que cela
signifiait ? Ils ne pouvaient pas prévoir sa venue ainsi… Ces hommes ne
paraissaient pas dotés de pouvoirs… Ils en posséderaient, ils ne seraient pas là
de toute façon… Donc quelqu’un les avait prévenus. Mais qui ? Le jeune garçon ne
vit qu’une personne… Un seul homme savait où ils iraient…
Haussant les épaules, le châtain lâcha un soupir. Il glissa une main dans une
poche puis planta son regard bleu gris dans celui de son vis-à-vis. L’homme
soutint un instant son regard avant d’avoir un léger mouvement de recul devant
la froideur des prunelles. L’espace d’un instant, il avait croisé le vide… Comme
si aucun sentiment, aucune émotion, ne faisaient vivre ce corps. C’était
totalement impossible… Il devait halluciner. Il tenta alors de saisir le châtain
par le col. Mais celui-ci lui mit un coup dans la main afin de l’en empêcher.
L’homme eut un mouvement de recul.
- Sale gamin ! Saisissait le et tenez le bien !
Deux membres, se trouvant derrière Seishi, s’avancèrent vers ce dernier pour
l’attraper mais ils ne parvinrent jamais à le toucher. Ils se retrouvèrent
allongés au sol, sans connaissance. Le châtain reporta son attention sur son
vis-à-vis, alors que son corps se retrouvait entouré d’éclairs. Il pencha la
tête sur le côté tandis qu’un fin sourire venait étirer ses lèvres. Sans la
moindre pitié, il laissa son pouvoir déferler. Il n’y mit pas toute sa
puissance, n’en voyant pas l’utilité. Cependant, ce fut suffisant pour sonner
chacune des personnes qui l’encerclaient. Ceci fait, il soupira longuement puis
s’éloigna des corps inertes afin de ne pas passer pour le responsable de tout
cela.
C’est alors qu’une présence derrière lui, le fit s’arrêter. Il se tourna pour
regarder Seigyo qui souriait l’air satisfait. Seishi fronça les sourcils
doucement, tout en lui faisant face. De petits éclairs commencèrent entourer son
corps.
- Vous ne seriez pas empathe, je vous tuerai immédiatement.
- Pardon ?
- Ne me prenez pas pour un idiot. Je sais que vous avez manigancé tout cela.
Seigyo lâcha un soupir. Il avait tout compris plus rapidement qu’il ne le
pensait. En même temps, il n’avait rien fait pour cacher son intention de le
tester. Bien au contraire… En fouillant dans son bureau, son partenaire aurait
pu trouver pas mal de preuves concernant ce projet. De toute façon, qu’il l’ait
averti ou non, il savait que cela aurait attiré sa colère. Comme, il le
comprenait aussi… Lui-même n’avait pas aimé être mis ainsi à l’épreuve par son
mentor. Il lui en avait voulut pendant longtemps…
Un petit éclair touchant le sol à ses pieds, le fit sortir de sa rêverie. Il
fixa Seishi dont la colère était palpable. Un long soupir s’échappa de ses
lèvres alors qu’il faisait demi-tour pour retourner à sa voiture.
- Je ne peux pas t’en vouloir de m’en vouloir. Mais ce test était nécessaire.
Rentrons maintenant.
- Je refuse.
- Tu n’as pas le choix, Seishi.
- On a toujours le choix !
Seigyo lâcha un nouveau soupir tout en lui faisant face. Son élève semblait
décidé à ne pas le suivre. Employer la force allait certainement creuser à
nouveau le fossé… Cependant, il n’avait pas le loisir de réfléchir à une autre
solution. Celle-ci semblait être la meilleure dans la situation actuelle.
Fixant donc froidement son partenaire, le brun se concentra, en même temps, sur
une barre de métal qui se trouvait derrière lui. Sans la moindre hésitation, il
la fit voler sur le jeune garçon. Hélas, elle ne l’atteignit pas. Comme si
Seishi avait prévu l’attaque, il avait déployé son électricité autour de lui,
empêchant les objets de l’atteindre.
- Vous vouliez une démonstration ? Et bien, vous allez l’avoir !
L’aîné se passa une main sur le visage devant une telle obstination. Fermant
cette fois ci les yeux, il se concentra sur le cœur de Seishi. Il le visualisa
puis fit en sorte de le serrer, comme s’il le tenait dans sa main et qu’il
cherchait à le faire exploser…
Une violente douleur saisit le châtain au même moment. Il posa un genou au sol
alors que tous les éclairs cessaient. Aucun hurlement ne franchit ses lèvres
sous la souffrance. A la place, un filet de sang coulait de la commissure de ses
lèvres, témoignant de sa résistance à hurler. Se mordre l’intérieur de la joue
pouvait être dangereux mais c’était tellement efficaces pour s’empêcher de
crier…
Seigyo profita de cet instant pour lui lancer à nouveau la barre de métal
derrière la tête. Cette fois ci, elle le toucha, l’assommant par la même
occasion. S’approchant du corps inerte, le brun soupira. Il le fixa un instant
avant de se pencher pour le prendre dans ses bras et le ramener à la voiture.
Une fois son fardeau installé, il se glissa derrière le volant puis reprit la
direction de son appartement.
A suivre …