Une
marque indélébile
( La vie d’un ange de la mort )
Titre :
Une marque indélébile
Auteur : val-rafale
Chapitre : 06
Genre : Yaoi / Policier / Fantastique / Angst
Couple : ????
Disclamer : Tous a Val
Un effort
Quelques
jours s’étaient écoulés depuis le test que Seigyo avait fait subir à Seishi.
Depuis ce moment, ce dernier s’était totalement replié sur lui-même, refusant de
parler ou même de le regarder. Pas une seule fois, le brun n’avait réussi à
croiser ses yeux. Pas une seule fois, il n’avait réussi à entamer une
conversation. Si le châtain n’était pas dans sa chambre, il se trouvait dans la
cuisine ou dans la salle de bain. Il n’y avait que ces trois pièces qu’il
fréquentait. Pas une de plus… Le brun se sentait bien entendu coupable de ce qui
se passait maintenant. Cependant, il avait jugé nécessaire d’agir de la sorte.
Comment lui faire comprendre ça ? il ne voulait pas lui faire de mal. Il
désirait juste avoir une idée de la puissance de son pouvoir. Certes, lui
demander directement de lui faire une démonstration aurait été plus acceptable
pour Seishi. Néanmoins, Seigyo avait jugé cela totalement inutile. Pour lui, un
test n’était valable que lorsqu’il était totalement imprévu. Là, Seishi avait pu
montrer sa vraie valeur sans que cela ne soit du cinéma. Le brun l’avait vu au
naturel. C’était cela qu’il recherchait. Encore une fois, le jeune garçon ne
semblait pas comprendre ça. Il n’était pas prêt d’écouter ses explications…
Soupirant à cette pensée, Seigyo leva son regard de l’arme qu’il était en train
de nettoyer pour le porter vers la fenêtre. La pluie dehors tombait en trombe.
Cela faisait deux jours maintenant que le temps se montrait aussi maussade. De
temps à autres de petits éclairs zébraient le ciel. Ces derniers n’avaient aucun
rapport avec Seishi… Ce dernier n’était pas un maître des éléments. Cependant,
ce temps n’arrangeait pas les choses sur l’humeur des deux hommes. Au contraire…
A croire que la grisaille du ciel influençait le caractère de chacun.
Un nouvel éclair illumina le ciel assombri, non seulement à cause des nuages
mais aussi à cause de l’heure tardive. Le brun se détourna de sa contemplation
du ciel pour revenir sur son arme. Il avait une mission ce soir… Une fois de
plus, il devait abattre un homme pour le compte de l’organisation à laquelle il
appartenait. Comme toujours, il ignorait les raisons qui poussaient ses patrons
à ordonner ce meurtre. Il allait accomplir son travail avec sérieux sans se
soucier de ce détail insignifiant. De toute façon, il n’en avait que faire… Il
était un assassin et obéissait aux ordres. Rien de plus… Rien de moins…
Alors qu’il démontait avec calme son arme afin de nettoyer l’intérieur, histoire
d’éviter tout souci de grippage, la porte de son bureau s’ouvrit. Levant les
yeux, le brun vit Seishi qui se trouvait dans l’encadrement de la porte,
l’observant avec froideur. Etrangement, dès que Seigyo avait une mission à
accomplir, il voyait toujours le jeune homme venir le voir. A chaque fois,
celui-ci lui demandait de l’accompagner, voir de l’aider. Encore une fois il
allait lui en faire la demande. Le tueur en était certain… Pourquoi fallait-il
que le travail soit la seule chose qui permette de combler le fossé entre eux ?
Seishi ne semblait avoir qu’un seul désir dans la vie… Celui de tuer… Jamais
encore Seigyo n’avait vu une telle réaction chez quelqu’un. Son partenaire ne
devait vraiment plus avoir de raison de vivre pour en arriver là… La vie
semblait même avoir un goût amer… La question qu’il se posait, restait toujours
en suspend… Comment en était-il arrivé là ?
S’installant plus confortablement dans son fauteuil, le brun pencha très
légèrement la tête sur le côté. Tout en terminant de démonter son arme, il
fixait son vis-à-vis qui n’avait pas bougé de l’encadrement de la porte.
- Je pense que si tu es là, c’est parce que tu veux venir en mission avec moi ce
soir. Cependant, avant de donner ma réponse… Toi… Donne-moi une bonne raison de
t’emmener avec moi.
- Je pourrai peut être vous être utile.
- J’en doute. » répliqua le brun avec calme, tout en nettoyant l’intérieur de
son arme. « Je ne doute pas de ton talent, ni de tes capacités. Mais plutôt de
tes motivations. Je ne pense pas que tu viennes pour me voir travailler et
apprendre. Mais plus pour faire le travail à ma place. Je me trompe ? »
Seishi haussa les épaules, préférant ne pas répondre à la question. Cela ne
servait à rien de tenter de s’expliquer. Seigyo savait déjà ce qu’il avait en
tête. Oui, il voulait tuer. Il ne le cachait pas. Il pensait que cela lui
permettrait de faire passer sa colère, une façon de se venger de certaines
choses qu’il avait subies… La seule fois où il l’avait fait, cela avait bien
fonctionné. Peut être qu’il en serait de même maintenant… Il ne pouvait le dire,
il espérait juste. C’était pour cela qu’il désirait tuer… Pour ça et pour
montrer qu’il n’était pas sans talent dans ce domaine. Encore fallait-il que
Seigyo le lui permette. C’était moins certain…
Devant les sentiments qui animaient son vis-à-vis, l’aîné ne put retenir un
soupir. Peut être devait-il lui lisser une chance. Peut être cette fois ci
obéirait-il… Il n’en était pas certain… Mais que risquait-il au final ? Pas
grand-chose…
- Très bien, j’accepte que tu viennes.
- Vous acceptez ?! Avec autant de facilité ? Pourquoi ? Qu’avez-vous en tête ?
- Je le fais parce que tu es mon partenaire et mon élève. Je suis là pour
t’apprendre mon métier. De plus, je ne suis pas comme toi. Je suis capable de
laisser nos différents de côté.
Seishi baissa les yeux en soupirant. Il savait que son aîné n’avait pas tord sur
ce point. Mais, il n’arrivait pas à oublier son attitude vis-à-vis de lui. Ce
test avait été de trop… Il avait tenté de lui accorder sa confiance et s’était
senti trahi lorsqu’il avait découvert ce que Seigyo avait fait. Pourtant c’était
une chose à laquelle il s’était attendu. Hélas, la déception était bien présente
en lui. A croire qu’il avait commencé à s’attacher à cet homme. Restant un
humain, il avait besoin de se sentir proche de quelqu’un. D’avoir une personne à
qui se confier ou du moins une personne sur qui se reposer un peu. Quelqu’un de
confiance… Il espérait finalement que Seigyo soit cet homme. Après tout ne
l’avait-il pas respecté dès le départ ? Tous les problèmes qui étaient survenus,
Seishi en était responsable. Il le savait. Comment gagner l’amitié de quelqu’un
avec une attitude comme la sienne ? C’était lui qui s’était montré méfiant, pour
ne pas dire infecte avec son aîné. Ce dernier, au final, avait eut beaucoup de
patience… Il fallait avouer qu’il la pensait bien plus rancunier que cela. Dans
un sens, il était content qu’il n’en soit rien. A sa place, il n’aurait pas
pardonné aussi facilement. Mais, il devait reconnaître qu’il état bien trop dur
avec tout le monde. Il ne laissait aucune chance à quelqu’un de gagner sa
confiance. Il ne cherchait pas non plus à comprendre les agissements des autres.
Néanmoins, par fierté, le châtain se refusait à le reconnaître. Tout comme il ne
ferait pas la moindre excuse à son partenaire. Cependant, il savait qu’il devait
vraiment apprendre à accepter certaines choses, certaines personnes… Ne plus
être autant sur la défensive. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était tenter de
montrer qu’il n’était pas si mauvais garçon qu’il l’avait laissé paraître jusque
là.
Plongé dans ses pensées, le jeune garçon ne vit pas Seigyo se lever pour
s’approcher de lui. Ce ne fut qu’un dossier venant lui taper doucement la tête
qui le ramena à la réalité. Levant les yeux, le jeune homme se retrouva nez à
nez avec les documents. Il leva un sourcil interrogateur en direction de son
mentor.
- Tu vas étudier ce dossier pendant le trajet.
- Pardon ? Nous partons maintenant ?
- Oui.
Le jeune garçon ne répondit pas, saisissant simplement le dossier. Il enfila sa
veste puis se dirigea vers la sortit où il mit ses chaussures. Il fut suivit de
prêt par Seigyo qui l’imita avant de sortir de l’appartement. Seishi le suivit,
les documents soigneusement calés sous le bras. Il observait son aîné quelque
peu étonné par son attitude. Il ne paraissait pas lui en vouloir pour son
attitude des derniers jours. Comme si cela lui était égal. Ou bien peut être ne
voulait pas plus aggraver la situation. Dans un sens, il lui avait dit à
l’instant qu’il était capable de laisser leur différent de côté. Le cadet ne
savait pas s’il était capable de faire de même. Cependant, un petit effort pour
aller dans ce sens, était la moindre des choses qu’il pouvait faire. Enfin, il
voulait, avant tout, voir si cette mission allait bien se passer. Ensuite, il
jugerait en fonction du comportement de son partenaire. Il ne voulait pas tomber
dans un autre piège…
Empruntant la voiture, les deux hommes se dirigèrent vers le quartier des
affaires de la ville. Seigyo se gara dans un parking souterrain puis se tourna
vers son élève. Il le fixa alors qu’il était plongé dans le dossier, semblant
l’étudier avec grand sérieux. C’était un effort notable…
Lâchant un soupir, le brun se pencha afin d’ouvrir la boite à gants. Il en
sortit une arme qu’il tendit à son compagnon.
- Tiens…
- Pourquoi me donnez-vous une arme ? Je pensais que vous n’aviez pas ase
confiance en moi pour ça ?
- C’est vrai. Mais, c’est juste en as de problèmes. Cette mission n’est pas
aussi facile que les autres. La cible est un important chef Yakuza. Les hommes
qui l’entourent sont loin d’être des enfants de chœurs. Certains sont des
tueurs, eux aussi… Je ne tiens pas à ce qu’il t’arrive quelque chose.
- Je comprends… Mais je comprends aussi pourquoi vous avez acceptez ma présence
ce soir. C’est juste parce que vous vous êtes dit que vous pourriez avoir besoin
de moi.
- C’est l’occasion pour toi de me montrer ce que tu sais vraiment faire sans que
cela soit un test caché sous un piège.
Seishi le fixa quelque peu surpris puis soupira longuement tout en baissant les
yeux. Il n’était pas du genre à se donner en spectacle. Il lui montrerait ses
talents sans chercher à en faire de trop. Agir ainsi serait de toute façon une
grosse erreur qui pouvait leur coûter la vie à tous les deux. Certes, il ne
savait pas beaucoup de chose sur les techniques d’assassinat. Les cours qu’il
avait suivit en France, ne lui avait pas appris grand chose sur la façon de tuer
ou de se comporter sur le terrain… Pour tout dire, il n’avait même rien appris…
Tout ce qu’il savait, il l’avait lu dans certains livres, vu sur des documents
que certains tueurs du groupe avaient tournés afin de donner un support matériel
aux professeurs. Généralement, il ne pouvait assister aux cours… Finissant
toujours dans les cellules pour mauvais comportement… Il devait alors rattraper
son retard comme il pouvait, mais surtout le plus discrètement possible. Pas mal
de ses professeurs se vengeaient de lui en l’empêchant d’apprendre. Dans un
sens, il s’estimait heureux d’être avec Seigyo… Au moins, il était avec un vrai
professionnel.
Observant son arme sous toutes les coutures, le jeune homme finit par sortir le
chargeur pour voir s’il était plein avant de ranger l’arme dans sa ceinture. Il
se tourna ensuite vers son équipier.
- Je vous suis.
Seigyo lui répondit par un sourire puis passa devant. Ils quittèrent le parking
souterrain pour gagner la rue. Ils firent quelques mètres avant de s’arrêter
devant un grand bâtiment. L’aîné le fixa puis reprit sa marche, suivit de prêt
par Seishi. Ils empruntèrent une ruelle séparant l’immeuble de son voisin et
avancèrent silencieusement. Au bout de quelques mètres, une porte se dessina
devant leurs yeux. Seigyo s’arrêta devant puis l’observa attentivement. Il
tendit alors un doigt vers quelques fils soigneusement enfermé dans une gaine
plastique, moulée dans le béton du bâtiment.
- Tu vois, ces fils indiquent que la porte est sécurisée. Il y a une alarme doit
se déclencher si quelqu’un tente de l’ouvrir. Il faut donc neutralisé cette
gêne.
- Hm… Vous voulez que je le fasse ?
- Tu sais faire ça ?
Seishi leva une main, montrant de petits éclairs l’entourant, courant sur sa
peau. Son pouvoir lui apportait pas mal d’avantages. Plus que n’importe qui
pouvait penser. Il pouvait neutraliser tout ce qui possédait une source
électrique. Mais cela servait aussi sur les métaux pour tendre un piège ou avec
de l’eau. Il se souvenait du piège tendu à un élève à l’école… Il avait
simplement posé une fine plaque d’aluminium sur le sol et avait attendu
patiemment qu’un élève dont il voulait se venger, passe. Il avait presque tué
son camarade de classe. Un professeur, arrivé à temps, l’avait sauvé de
justesse. Fermant les yeux, le jeune homme préféra ne pas se souvenir de la
leçon qu’il avait reçue derrière.
Alors qu’il reportait son attention sur son partenaire, il pencha la tête sur le
côté, attendant toujours sa réponse. Allait-il accepter de le laisser faire ou
pas ? Seigyo observait les fils en réfléchissant. Puis son regard se posa à
nouveau sur le jeune garçon.
- Bon… C’est d’accord…
Seishi le fixa quelque peu surpris de le voir accepter puis se tourna vers la
porte. Il observa les fils puis suivit l’endroit vers lequel ils se dirigeaient.
Il cherchait un endroit sans plastique afin de parvenir à créer un cours
circuits. Il les vit retourner à l’intérieur du mur. Pour ce côté c’était raté.
Il revint donc vers la porte puis regarda encore les câbles. Il fixa alors
Seigyo.
- Pourriez-vous juste défaire la gaine ? Très légèrement…
- Bien entendu.
Le brun obéit. Il se concentra sur le mur puis arracha lentement l’objet de ses
pensées. Cela lui demanda un gros effort. Bien plus important qu’il ne l’avait
pensé. Il s’attaquait quand même à du béton. Il avait beau être un télékinésiste
capable de soulever des poids incroyables, il n’était pas un surhomme pour
autant. Certaines difficultés étaient, pour lui, insurmontables.
C’est donc avec un effort immense qu’il parvint à défaire très légèrement la
gaine. Il lâcha ensuite un long soupir tout en s’appuyant contre le mur. Il se
passa une main sur le front, essuyant la sueur qui avait perlé. Plus jamais i ne
referait cela. Seishi pourrait le supplier, c’était bien trop dur. Cependant, si
le résultat était là, il n’allait pas regretter d’avoir exécuté un tel effort.
Il observa donc son élève tendre la main vers le trou puis un petit éclair
s’engouffra dedans. Un petit grésillement, suivit de plusieurs étincelles,
démontra qu’un court circuit venait d’avoir lieu à l’intérieur du bâtiment.
Souriant devant cette constatation, Seigyo ne perdit pas de temps et ouvrit la
porte. Il pencha la tête, s’assurant que personne ne montait la garde derrière.
Certain de ne croiser personne, il s’engagea à l’intérieur, suivit de prêt par
Seishi. Il s’arrêta un instant, dans un couloir puis se tourna vers son
partenaire.
- Je préfère que tu restes ici pour le moment, Seishi. Je t’appellerai si j’ai
besoin d’aide.
- Comment ferez-vous ?
- J’utiliserai ma télépathie… Si cela ne te dérange pas.
- J’accepte juste pour ce soir.
- Alors, c’est d’accord ?
- Oui.
Seigyo fut quelque peu surpris de voir son jeune compagnon obéir aussi
facilement. Cependant, il n’y prêta pas plus attention que cela. Il suivit le
couloir pour se diriger vers les escaliers qu’il emprunta. Sur son chemin, il
croisa deux gardes qu’il élimina sans le moindre problème et sans utiliser son
arme. Son pouvoir de télékinésie suffisait largement, laissant croire ainsi à
une crise cardiaque ou tout autre mort dite naturelle. Arrivé au quatrième
étage, il s’aventura dans un nouveau couloir. Une fois de plus, il descendit
deux hommes qui y faisaient leur ronde et continua son avancée, prenant la
direction du bureau de sa cible. Le brun avançait doucement abattant tous ceux
qu’il rencontrait. Il finit par arriver devant la porte du lieu où l’homme qu’il
devait tuer, travaillait. Il s’arrêta, observant le battant avec une certaine
froideur.
Alors qu’il s’apprêtait à tourner la poignée, il entendit un râle étouffé
derrière lui. Se retournant, il vit un homme couché au sol, un petit trou entre
les deux yeux. Seishi se tenait devant lui, son arme menaçant toujours le mort.
Le visage du garçon ne reflétait aucune émotion, ni sentiment. Son regard était
vide, comme s’il était mort. Cette insensibilité qui émanait de lui, était
presque terrifiante. Seigyo aurait été impressionné s’il n’avait pas déjà vu ce
genre de chose auparavant.
Certain que son vis-à-vis soit mort, le jeune garçon se tourna vers son mentor.
Il pencha doucement la tête sur le côté, alors qu’un étrange fin sourire étirait
ses lèvres.
- Heureusement que je ne vous ai pas obéi.
- Pour une fois, je te donne raison et je ne ferais donc aucun commentaire sur
ce point.
- Trop aimable.
Seigyo lâcha un léger soupir devant la réponse de son compagnon. Il ne
changerait pas sur ce point, celui du répondant. Cependant, il préférait ne
faire aucun commentaire. C’était bien inutile, sauf s’il désirait encore rendre
leurs relations plus tendues qu’elles ne l’étaient. Se tournant à nouveau vers
la porte, il garda, cependant, son regard posé sur son partenaire.
- Tu veux t’en occuper ?
Seishi eut un léger sursaut à cette proposition. Il allait de surprises en
surprises… Seigyo avait-il donc décidé de totalement mettre fin à leur différent
? Voulait-il vraiment lui prouver qu’il lui faisait confiance ? Qu’il était prêt
à l’accepter tel qu’il était ? Avec son sale caractère ? Le châtain avait du mal
à y croire. Pourtant, quelque chose, en lui, désirait laisser une nouvelle
chance à son aîné. Il voulait lui aussi ne plus ressentir ces sensations de
colère, d’agacement, de crainte, de méfiance, qu’il éprouvait depuis qu’il était
arrivé au Japon. Après tout, durant ces mois passés, il n’avait jamais vraiment
été maltraité.
Confiance…
Fermant les yeux, le jeune garçon fit un signe de la tête en guise de réponse à
son partenaire. Oui, il voulait s’occuper de la cible. Il allait montrer ce
qu’il savait faire… Pour la seconde fois…
- Parfait… Après toi…
Seigyo s’écarta du chemin et montra la porte de la main, invitant le châtain à
entrer dans le bureau pour accomplir la mission. Le jeune garçon ne se fit pas
prier. Il s’avança, tournant la poignée de la porte avant de pénétrer à
l’intérieur de la pièce.
Un homme plutôt âgé, aux cheveux grisonnant coupé court, était assis à son
bureau. Il releva les yeux en entendant quelqu’un entrer et fixa Seishi qui
s’avançait vers lui d’un pas assuré. Deux gardes du corps tentèrent de l’arrêter
mais Seigyo, derrière lui, les élimina, bloquant leurs cœurs. Sans soucier de
cela, le jeune garçon continua à marcher jusqu’à la cible qui s’était levée,
pointant une arme sur lui. Le châtain laissa un petit éclair jaillir de son
corps, faisant voler le révolver de sa cible. Le Yakuza eut un mouvement de
recul, néanmoins, il ne semblait pas décidé à abandonner aussi facilement. Il
plongea sa main dans la poche intérieure de sa veste. Mais bien avant qu’il ne
termine son mouvement, Seishi lui tira une balle dans la tête. Le corps de
l’homme tomba lourdement sur son bureau, alors que le sang coulait en petit jet
sur les documents étalés devant lui. Seigyo s’approcha du cadavre et le regarda
avant de se tourner vers son compagnon.
- C’est encore un très beau tir. Tu es doué.
- On dirait que cela vous étonne.
- Effectivement, je ne te cacherai pas que je suis surpris. Tu es capable de
tuer de sang froid. A ton âge, c’est assez exceptionnel. Je ne comprends
vraiment pas pourquoi tu as été envoyé ici. Tu devais pourtant être un bon
élève.
Seishi ne répondit pas et lâcha un soupir tout en se détournant. S’il savait ce
qu’il avait vraiment vécu là-bas. Mais, il ne voulait pas lui en faire part.
Cela le regardait lui et personne d’autres. De plus, maintenant, c’était du
passé. Il n’avait pas de raison d’y repenser.
Fixant son aîné, Seishi pencha à nouveau la tête sur le côté. Il rangea son arme
dans sa ceinture avec un certain calme puis s’étira les muscles, sans le quitter
des yeux.
- Vous allez me laisser tuer maintenant ?
- Je pense que oui. Finalement, tu me seras d’une grande utilité pour les
missions à venir.
Seigyo s’approcha de lui et lui ébouriffa les cheveux. Seishi releva la tête et
le fixa, son regard étrangement brumeux. L’aîné fronça un instant les sourcils
puis saisit son menton entre deux doigts. Il fixa ses yeux un peu plus, avant de
sentir une main se poser sur son torse. Soupirant, il la saisit doucement pour
l’écarter. Et voilà… Ca recommençait… C’était comme la fois où il avait avalé
les pilules. Pourtant, là, il ne s’était pas drogué… Le brun avait fait en sorte
de se débarrasser de ces comprimés. Donc… Que lui arrivait-il ? Pourquoi
agissait-il encore ainsi ? Il l’ignorait… Il ne voyait vraiment aucune raison
pour qu’il se comporte de la sorte.
- Seishi… Ne commence pas… Aurais-tu déjà oublié comment ça s’est terminé les
fois précédentes ?
- Non, pas du tout.
- Alors calme tes ardeurs mon petit…
- Pourquoi vous ne voulez pas de moi ?
- Je te l’ai déjà dis… Tu es encore un enfant. Si tu avais trois ans de plus,
j’aurais moins de scrupules. Mais ce n’est pas le cas. De plus, je refuse toute
relation avec mes équipiers. Et puis je suis certain que tu ne contrôles pas tes
émotions en ce moment. Ce n’est pas ton genre d’agir de la sorte.
- Qu’en savez-vous ?
Seigyo ne répondit pas. Il n’en voyait pas l’utilité, connaissant parfaitement
les réactions de son partenaire maintenant. Il avait pu l’observer durant ces
mois… Il savait qu’il allait s’énerver si jamais il insistait de trop… Mais, il
devait pourtant bien lui faire comprendre que son attitude, mais surtout, cette
attirance, n’étaient pas réelles. Le brun avait parfaitement vu que personne
n’attirait physiquement son partenaire. Pourtant ce genre de réaction était de
son âge. Cependant, lui ne semblait pas être ainsi. Séduire paraissait être
quelque chose de secondaire. Sauf lorsqu’il était dans cet état… A croire que
ses envies s’éveillaient uniquement lorsqu’il entrait dans un état second… Ce
dernier, dans l’état actuel des choses, restait hypothétique. Seigyo ne voyait
pas ce qui avait pu le déclencher.
Une main sur sa hanche ramena le tueur à la réalité. Il fixa son jeune
partenaire qui venait de tenter une nouvelle approche. Avec tout autant de
douceur, il l’écarta, non sans lâcher un soupir.
- Pourquoi vous ne voulez pas ?
- Je pensais t’avoir déjà répondu…
Sans chercher à plus discuter, le brun se dirigea vers la sortie, afin de mettre
un terme à tout cela. Mais surtout, il avait un coup de fil à passer pour
contacter des nettoyeurs. Vu l’état de Seishi, il savait qu’il n’aurait pas le
temps de faire le ménage dans le bâtiment.
Alors qu’il approchait de la porte, un déclic familier le stoppa. Lentement, il
se tourna pour faire face à Seishi qui pointait son arme sur lui.
- Que comptes-tu faire maintenant ? Me tuer parce que je ne t’ai pas donné ce
que tu voulais ?
- Pourquoi pas…
Seigyo resta un moment interloqué par l’expression qui se dessinait sur le
visage de son partenaire. Son regard était un peu plus brumeux encore alors
qu’un fin sourire se dessinait sur ses lèvres. Il y avait comme un petit quelque
chose de diabolique dans son attitude. Le brun ne se souvenait pas avoir vu une
telle expression chez quelqu’un. S’il n’avait pas été un tueur, il en aurait été
effrayé… Mais après tout ce qu’il avait pu rencontrer durant son travail, cela
n’avait aucun effet sur lui. Mourir ne lui faisait pas peur non plus… Il pensait
même que cela serait une libération… Après tout, il n’avait jamais dit qu’il
aimait ce qu’il était… Cependant, perdre la vie maintenant, signifierait
condamner ce petit qui le menaçait. Il ne voulait pas que Seishi disparaisse
aussi. Il avait la vie devant lui… Ce n’était encore qu’un gamin à ses yeux…
- Seishi pose cette arme…
- Et si je refuse, qu’allez-vous faire ?
- J’utiliserai la force pour t’y obliger.
- Alors faites-le parce que je ne suis pas décidé à vous obéir.
- C’est toi qui l’auras voulu.
Seigyo regarda fixement son partenaire. L’arme de ce dernier commença à trembler
entre ses mains avant de voler à travers la pièce. Seishi ne put que la suivre
du regard sans pouvoir réagir. Alors qu’il reportait son regard sur son aîné,
une gifle le fit tomber au sol. Le brun n’avait pas eut le choix… Il savait que
lever la main sur lui, signifierait une nouvelle dispute qui agrandirait encore
le fossé entre eux. Cependant, il ne voyait pas ce qui pouvait le calmer, mis à
part cela. Ce garçon était tellement imprévisible, tellement entêté… Rien ne
semblait pouvoir le détourner de son but. Il était obstiné… Ce dernier point
pourrait être une qualité dans son travail, s’il n’en faisait pas usage à
mauvais escient.
- Tu es calmé maintenant ?
Le jeune garçon se redressa, lançant un regard glacial à son vis-à-vis. De
petits éclairs entouraient son corps. Sans la moindre hésitation, il en envoya
un sur son vis-à-vis. Son regard, toujours embrumé, restait fixé sur le brun. A
ce moment précis, ce dernier comprit que son protégé n’était pas maître de ses
émotions. Il semblait avoir perdu le contrôle de lui-même. Esquivant les
éclairs, Seigyo leva alors la main. Une force invisible souleva Seishi pour
l’envoyer voler à travers la pièce. Après s’être écroulé lourdement au sol, il
se redressa prêt à affronter à nouveau son mentor. Mais, alors qu’il s’apprêtait
à faire un pas en avant, il s’arrêta en voyant une arme pointée sur lui.
- Vous n’en aurez pas le courage de me tirer dessus.
- Tu veux parier ?
Le châtain ne put s’empêcher de ricaner tout en recommençant à avancer. Il
pensait que son vis-à-vis ne lui tirerait pas dessus. Il était persuadé qu’il
n’en aurait pas le courage. Pour lui, Seigyo était capable de beaucoup de choses
mais pas de lui faire du mal. Pas à ce point là…
Avançant toujours, un coup de feu étouffé par un silencieux lui parvint aux
oreilles. Seishi s’arrêta puis baissa les yeux vers son ventre tout en posant sa
main dessus. Alors qu’il l’enlevait pour regarder ses doigts, il vit ces
derniers couvert d’une substance carmine. Réalisant qu’il avait été touché, le
jeune garçon sentit une vive douleur lui vrillant petit à petit tout le corps.
Il tituba, manquant de tomber. Mais s’accrocha au bureau de leur cible, se
rattrapant de justesse. Il tentait vainement de rester sur ses jambes.
Finalement, il ne put s’en empêcher et s’écroula lourdement au sol.
Seigyo rangea immédiatement son arme avant d’accourir à lui, le prenant
doucement dans ses bras. Il porta son regard sur la plaie qui saignait
abondamment puis y pressa dessus, la première chose qui lui passa sous la main,
la veste de leur cible. Il appuya soigneusement sur la blessure et souleva le
corps de son élève. Il se dépêcha de quitter les lieux pour retourner à sa
voiture. Il posa avec douceur Seishi à l’arrière avant de prendre le volant. Il
démarra et prit la direction de la maison de la seule personne capable de le
soigner.
Tout en conduisant, il saisit son téléphone portable afin de contacter une
équipe de nettoyeurs. Ceci fait, il regarda Seishi dans son rétroviseur.
Celui-ci avait ouvert les yeux et le fixait, la peur se lisant dans le regard,
le corps tremblant comme une feuille.
- Courage, Seishi… Nous allons bientôt arriver dans un endroit où tu seras
soigné. Tiens le coup.
- Pa… Par… don…
- C’est à moi de m’excuser…
Le châtain n’entendit pas cette dernière phrase. Il sombra dans l’inconscience.
Grognant devant cela, le brun appuya un peu plus sur le champignon. Il devait
arriver au plus vite. La vie du petit en dépendait. Il roula le plus rapidement
possible jusqu’à l’endroit désiré. Il arriva dans un quartier résidentiel de
Tokyo. Il s’engagea dans de petites rues avant de s’arrêter devant une maison de
taille moyenne comportant deux étages. Sans perdre de temps, Seigyo sortit du
véhicule et prit son partenaire dans ses bras. Il arriva devant la porte qui
s’ouvrit aussitôt sur un homme d’âge mûr. Ce dernier portait une barbe de
quelques jours et était loin d’être asiatique. Bien au contraire, il avait tout
de l’occidentale venant de s’installer au Japon, faisant presque vacancier. Il
portait une chemise grise rayée, laissée sortie au dessus d’un jean. Ses
cheveux, mi-longs, grisonnant, étaient détachés, tombant en cascade sur des
épaules assez carrées pour laisser devenir du côté sportif de cet homme.
- Seigyo ?
- Professeur Leblanc…
Il lui montra alors Seishi mais surtout la blessure qu’il avait au niveau du
ventre. Il savait que parler serait une perte de temps. Il fallait que le jeune
garçon soit soigné au plus vite. En voyant le regard de son ami, le professeur
baissa les yeux et vit la plaie.
- Oh ! Mon Dieu ! Vite, emmène-le dans la salle de consultation, j’arrive tout
de suite !
Seigyo ne discuta pas et se dirigea vers l’endroit indiqué, le plus rapidement
possible. Il installa ensuite son compagnon sur une sorte de table d’opération.
Il le fixa tout en lui caressant les cheveux. Il le trouvait tellement pâle.
Mais c’était chose normale, vu le sang qu’il avait perdu. Maintenant, il
espérait que son jeune ami s’en sorte. Comme il s’en voulait de lui avoir tiré
dessus. Le brun n’avait pas réussi à s’en empêcher. Il n’avait trouvé que cette
méthode pour le stopper. Discuter semblait tellement inutile avec le châtain… Il
était difficile de savoir comment agir correctement avec lui. Au final, l’un
comme l’autre, ils avaient quelques soucis d’ordre relationnel. Que pouvait-il
faire ? Il essayait tant bien que mal d’améliorer leur relation.
Plongé dans ses pensées, il fut ramené à la réalité par le Professeur Leblanc
qui entra dans la pièce. Celui-ci s’approcha de Seishi puis porta son attention
sur le jeune garçon.
- Sors d’ici Seigyo, je me charge de lui.
- Professeur…
- Ne discute pas.
Le brun soupira longuement puis obéit. Il quitta les lieux, laissant son jeune
partenaire avec le médecin. Il savait que celui-ci parviendrait à le soigner.
Tout du moins, il l’espérait. Posant une main sur la porte, il ferma un instant
les yeux, souhaitant de tout cœur que son compagnon s’en sorte.
A suivre …