Une marque indélébile
( La vie d’un ange de la mort )





Titre :  Une marque indélébile
Auteur : val-rafale
Chapitre : 07
Genre : Yaoi / Policier / Fantastique / Angst
Couple : ????
Disclamer : Tous a Val 


Apprentissage


La chaine hifi placée contre un mur dans ce salon, de taille moyenne et meublé à l’occidental, diffusait une douce mélodie provenant d’une radio local. La pendule situé dans un coin de la pièce, affichait une heure et cinquante cinq minutes. Au vue de l’obscurité de l’extérieur, il était évident que deux heures du matin approchait. Tout était calme, sans autre bruit que la chanson qui arrivait à son terme, laissant place à une page de publicité. Les lumières allumées démontraient que le maitre des lieux n’étaient pas encore endormi malgré l’heure tardive. Cependant, la pièce était vide. Du moins, ce fut le cas, jusqu’au moment où un homme arriva, tenant une tasse fumante dans ses mains. Il s’installa sur l’un des canapés entourant la table basse.

Installé, la tête basse, Seigyo ne cessait de penser à son jeune compagnon qu’il avait amené une heure plus tôt. Il attendait patiemment que son ami, le Professeur Leblanc, ait terminé de le soigner. Plus le temps passait, plus il stressait en ne le voyant pas sortir. Il avait pensé qu’un petit café le détendrait, ou même la radio mais rien n’y faisait. Il s’en voulait de n’avoir pu se contrôler… D’avoir tiré sur son partenaire. Mais, en y réfléchissant bien avait-il eut le choix ? Pas vraiment… Les attitudes de Seishi ne laissaient jamais place au doute. Hésiter signifiait mourir…

Soupirant à cette pensée, le brun secoua doucement la tête de gauche à droite avant de tenter de porter son attention sur la radio qui diffusait maintenant un bulletin d’information.

« …selon nos sources, chaque victime posséderait une étrange marque gravée sur l’omoplate droite identique à celle retrouvée sur les cadavres, il y a de ça cinq ans. Mais, les enquêteurs de la police restent encore muets sur la question. Il semblerait néanmoins que le tueur soit toujours en ville. »

Voilà une façon de procédé qu’il connaissait bien… Mais que faisait-il au Japon ? La dernière fois n’était-il pas en Angleterre ? Peut-être avait-il une nouvelle mission à accomplir. Seigyo était tenté de le contacter. Voir du monde ne lui ferait guère de mal. Ni à Seishi d’ailleurs…

Seishi…

Secouant à nouveau la tête, le tueur chassa une nouvelle fois ses pensées pour revenir sur la radio. Il ne devait pas penser à tout ce qui se passait ou s’était produit jusque là. Il ne devait pas s’inquiéter pour lui… Il était entre de bonnes mains. Peut être les meilleurs…

« Economie :

Le très jeune Kouji Shinohara patron de la célèbre firme du même nom aurait racheté plusieurs usines appartenant au groupe Kinzoku actuellement en faillite. Ce rachat pourrait… »

Ecoutant vaguement, le brun se détourna bien vite de la radio lorsqu’il entendit le Professeur arriver dans le salon, l’air grave et la mine un peu fatigué. Sans un mot, l’aîné s’installa sur le canapé alors qu’une tasse de café se présentait devant ses yeux. Sans hésiter, il la saisit pour en boire une gorgée, lâchant ensuite un long soupir d’aise.



- Merci Seigyo.

- Je vous en prie… Alors ? Comment va-t-il ?

- Ne t’inquiète pas, il va s’en sortir. » le rassura le français avec un sourire.



Seigyo lâcha un long soupir. Il se passa une main sur le visage, soulagé de savoir son partenaire hors de danger. Sa blessure ne devait pas être si grave que cela au final. Il ne devait pas l’avoir touché si gravement, ce qui tenait du miracle. En règle générale, il tuait sa cible du premier coup. Cependant, Seishi n’était pas non plus la victime d’un contrat. Il était son partenaire. Son inconscient avait dû prendre le dessus sur son côté professionnel. Il avait vraiment eut de la chance…

Le professeur Leblanc sourit encore puis agita une main devant les yeux de son ami. Ce dernier sursauta, ramené assez brutalement à la réalité. Il fixa son vis-à-vis avant de lâcher un nouveau soupir.



- Si tu me disais ce qui est arrivé à ce jeune garçon. D’ailleurs… Qui est-il ?

- Il s’appelle Seishi. Il m’a été confié, il y a quelques mois, pour que je lui apprenne le métier et que je fasse de lui, mon partenaire par la suite. Le seul problème, c’est que nos relations sont plutôt tendues.

- Je vois. Quel âge a-t-il ?

- Un peu plus de quinze ans…



Le professeur prit une gorgée de café. Il observa ce dernier, faisant bouger la boisson dans le contenant. Seigyo l’avait fait à son goût, avec une touche de sucre. Leblanc le prenait toujours noir, sans rien dedans. Enfin ce n’était qu’un simple détail, sans vraiment d’importance. Ce qui comptait actuellement, c’était ce jeune garçon qu’il avait soigné, nommé Seishi. Il le trouvait bien jeune pour être déjà placé sur le terrain. Généralement, les professeurs ne laissaient sortir leurs élèves uniquement vers leurs dix huit ans. Il fallait un évènement exceptionnel pour qu’ils le lâchent comme ça en pleine nature. Seigyo avait été dans ce cas… Mais… Qu’avait donc fait cet enfant pour mériter un tel traitement ? Le brun savait-il ce qui s’était passé ? Il lui demanderait plus tard…

Fixant à nouveau le brun, le Professeur posa sa tasse tout en s’installant plus confortablement dans son fauteuil. Il croisa les jambes tout en s’étirant un peu.



- C’est toi qui l’as blessé, n’est-ce pas ?

- Oui… Mais, il m’y a obligé…

- Que s’est-il passé ?

- Je ne sais pas vraiment… Il semble avoir perdu le contrôle et a tenté de me faire du charme. Il ne voulait rien entendre quand je lui disais d’arrêter. Je l’ai giflé et les choses ont empiré… Il a voulu me tuer.

- Donc, tu as utilisé la manière forte. Je comprends.



La réaction, que Seigyo avait eut, était des plus normale. S’il n’était pas parvenu à l’arrêter en employant d’autres moyens, il avait tout simplement choisi la solution la plus rapide et efficace. Quoi de mieux qu’une balle ? L’assommer aurait fait moins de dégâts. Encore fallait-il pouvoir réussi à le toucher derrière la tête… Le professeur en venait donc à se demandait quel était le don de ce jeune garçon au caractère visiblement bien trempé. Il devait être relativement puissant ou dangereux pour empêcher Seigyo de le toucher physiquement parlant. Certainement quelque chose qui pouvait empêcher quelqu’un d’attaquer directement de face… Il y avait pas mal de pouvoir qui avait ces capacités…

Leblanc décroisa alors les jambes puis se leva, se dirigeant vers la fenêtre. Il porta son regard sur le ciel, réfléchissant à cela. Il se tourna ensuite vers son ami alors qu’un léger sourire étirait ses lèvres.



- Dis-moi… Si, tu lui as tiré dessus pour le stopper, c’est que tu ne pouvais pas l’approcher. Quel est donc son pouvoir ?

- Electrique… Il crée de l’électricité et semble pouvoir un peu la maîtriser. Mais pas en totalité… Il parait avoir de gros soucis relativement souvent…

- Ce n’est pas non plus un élément facile à contrôler. Il demande des années de travail avant de pouvoir réussir à l’utiliser. Et encore… Il faut toujours que ces personnes soient vigilantes… Son utilisation peut être dangereuse pour elles, autant que ça l’est pour les autres.



Le médecin savait de quoi il parlait. Il avait déjà rencontré quelqu’un comme Seishi. Cela remontait à des années. Il avait pu voir les inconvénients que ce don pouvait avoir sur les utilisateurs. Il avait vu les dégâts apportés à l’organisme. D’ailleurs, il se souvenait très bien dont son ami avait fini… Sa mort n’avait guère été douce comme le souhaite la majorité des personnes… Bien au contraire… Cela avait duré des heures, durant lesquelles il avait mené un combat, perdu d’avance, contre son pouvoir, dont il perdait le contrôle. Leblanc avait le témoin impuissant de la fin de cet homme. Personne n’était parvenu à lui porter secours… Personne n’avait pu l’approcher sans se prendre un éclair. Même une balle de révolver n’était pas parvenu à le toucher, stopper par le magnétisme que dégageait le courant électrique. La souffrance de cet homme avait terrible à voir…

Soupirant à ces souvenirs, l’aîné revint s’asseoir sur le canapé. Il reprit sa tasse de café pour la vider d’une traite. Il préférait ne plus penser au passé. Cette scène l’avait pas mal marqué, choqué sur le coup. Il avait réussi à mettre cela de côté avec le temps. Mais savoir que cet enfant possédait la même capacité, l’inquiétait…



- Quelque chose ne va pas Professeur ? » demanda Seigyo en voyant de l’inquiétude dans le regard de son vis-à-vis.

- Hm ? Non, rien d’inquiétant… Tu peux aller le voir, si tu veux. Je pense qu’il va bientôt se réveiller.

- Merci…



Seigyo quitta sa place pour se diriger vers la salle où Seishi se trouvait. Il regarda un instant la porte avant d’entrer dans la pièce, le plus silencieusement possible. Il vit alors son partenaire, allongé sur un lit, copie conforme de ceux trouvé dans les hôpitaux, couvert d’un drap blanc. Lentement, le brun s’approcha de lui puis s’assit sur le bord, posant une main dans les cheveux couleur châtain. Il les caressa avec une extrême douceur alors que son regard se faisait plus protecteur. Il s’en voulait encore d’avoir agi ainsi avec lui… De lui avoir tiré dessus… Mais avait-il eut d’autres choix ? Non… Pas vraiment…

Après avoir lâché un soupir, le brun allait se lever. Voyant que son partenaire dormait toujours, il ne voulait pas le déranger. Cependant, une main le saisissait par le poignet l’arrêta. Se retournant, le brun vit son compagnon, les yeux ouvert, le fixant avec une certaine fatigue se lisant dans le regard. Avec un sourire, Seigyo se réinstalla sur le bord sur lit.



- Comment tu te sens, petit ?

- Ne… m’appelez… plus… comme… ça…

- Bien… Tu as l’air en forme…



Le jeune garçon le fixa un instant puis ferma les yeux, encore épuisé. Il ne lâcha pas pour autant son partenaire, comme s’il craignait de le voir disparaître. Il poussa ensuite un long soupir avant de grimacer. Il commençait à nouveau à ressentir la douleur au niveau de son ventre. Un comprimé se présenta sous son nez avec un verre d’eau. Le châtain grimaça et détourna le regard. Il ne voulait pas ce médicament… Certainement par manque de confiance, pensa Seigyo en insistant, lui faisant un signe tête. Jamais, il ne tenterait de l’empoisonner ou de le droguer. Il ne l’avait jamais fait, depuis des mois… Pourquoi le ferait-il maintenant ?

En voyant qu’il insistait toujours, le jeune garçon le fixa encore puis obtempéra et prit le cachet. De toute façon, il ne perdait rien à l’avaler. Après avoir bu le verre d’eau en entier, il fixa à nouveau son aîné.



- Merci…

- De rien… Seishi… Je tenais à m’excuser pour ce que je t’ai fait.

- Vous… n’avez pas… à vous excuser… Tout est… de ma faute…



Seigyo cligna des yeux quelque peu surpris. Il avait peine à croire ce qu’il venait d’entendre. Il n’avait jamais encore vu son jeune ami s’excuser de la sorte. D’ailleurs, il ne pensait pas qu’il en soit un jour capable. Ce n’était vraiment pas son genre. Enfin, il n’allait pas lui faire cette remarque, ce serait comme tenter de créer une dispute. Ce n’était pas son but.

Seigyo sourit doucement tout en posant une main sur les cheveux châtain de Seishi. Il les lui caressa avec une douceur extrême.



- Disons que nous sommes tous les deux responsables. Ca te va ?

- Oui…



Seishi sourit doucement avant de fermer les yeux et s’assoupir. Seigyo le fixa et lui passa une nouvelle fois la main dans les cheveux. Il le fixa avec douceur avant de se lever pour quitter la pièce. Son élève avait besoin de se reposer. Finalement, cette histoire avait eut du bon dans leur relation… Cela leur avait permis de se rapprocher. Et dire qu’il pensait que le contraire, allait se produire. Il s’était trompé… Maintenant tout irait certainement mieux entre eux… Le vrai travail allait enfin pouvoir commencer.

Après être retourné dans le salon, le brun s’installa sur le canapé puis porta son attention sur le Professeur Leblanc. Ce dernier lui tendit une tasse de café ainsi qu’une assiette contenant des crêpes.



- Je les ai faites hier, mais elles sont encore délicieuses.

- Merci.

- Alors… Comment ça s’est passé avec lui ?

- Mieux que je ne le pensais. Il ne m’en veut pas pour la blessure.

- Tant mieux. J’ai hâte de le connaître mieux que cela.



Seigyo sourit doucement tout en saupoudrant de sucre une crêpe. Il la roula puis la porta à ses lèvres. C’était l’avantage d’avoir un ami français. Il faisait les meilleurs crêpes au monde. Seishi allait les adorer lorsqu’il les goûterait. Vu qu’il ne pouvait pas résister aux aliments sucrés, il était certain qu’il fonderait.

Tout en terminant sa bouchée, le brun fixa son aîné qui souriait toujours.il y a des choses qui ne changerait jamais. Leblanc montrait toujours un visage sympathique, amical. Il était aussi une personne plus que protectrice lorsqu’une personne à laquelle il tenait se faisait blesser, ou était en danger. Il était un ami de confiance qui ne trahissait personne. Il semblait mettre un point d’honneur à être fidèle à ceux qui lui était cher. Au point que parfois, le brun l’avait vu aller contre les objectifs de leurs patrons. Avait-il eut des remontrances ou autre suite à cela ? Seigyo ne pouvait le dire. Si le Professeur était quelqu’un d’amical, il était aussi un homme secret sur bien des points. Mais, le tueur ne pouvait lui reprocher cela. Lui-même, préférait cacher certaines chose sur son passé, par exemple. Seishi était aussi ainsi. Chaque personne renfermait une part de ténèbres en soi, plus ou moins importantes. Personne n’échappait à cette règle.

Après avoir avalé sa dernière bouchée, Seigyo se redressa sur le canapé et s’étira longuement. Il se passa une main sur le visage avant de se frotter les yeux. Il sentait la fatigue le gagner. Il fallait dire qu’il dormait peu en ce moment, étudiant diverses missions. N’étant pas un surhomme, il ressentait, au final, les effets de ce manque de sommeil.



- Tu devrais aller te coucher. » conseilla l’aîné en souriant encore. « Veiller ne sert à rien. tu n’as pas de travail à préparer, et le petit dort sûrement. »

- Hm… Vous avez raison… Mais s’il se réveille ?

- Je vais rester là moi. J’aime dormir sur le canapé. Et contrairement à toi, je n’ai pas de retard en matière de sommeil.

- Vous n’avez pas tord…

- Alors va te reposer. Tu connais la maison, fais donc comme chez toi.

- D’accord… D’accord… De toute façon, vous ne me lâcherez pas tant que je ne serai pas au lit.



En guise de réponse, l’aîné fit un signe de la tête tout en souriant. Il observa le jeune homme quitter la pièce pour se rendre à l’étage de la maison. Il entendit la porte de l’une des chambres se refermer. Soupirant longuement, Leblanc débarrassa la table basse, nettoyant le peu de vaisselle qu’il avait puis retourna dans le salon. Il s’allongea sur son canapé, portant son regard sur le plafond. Il ferma finalement les yeux mais sans pour autant s’endormir. Il somnolait plus qu’autre chose. Sachant qu’il avait un patient à surveiller, il préférait rester sur ses gardes. Même si celui-ci ne risquait rien… Il ne pouvait prévoir une chute ou quelque chose dans le genre. Il devait donc être prêt à intervenir au moindre petit souci.

Alors qu’il se laissait bercer par le tic tac de son horloge, le bruit d’une porte s’ouvrant, le fit sortir de son demi-sommeil. Lentement, il se redressa puis se passa une main sur le visage avant de regarder en direction de la porte. Il vit alors le jeune Seishi apparaître, se tenant encore le ventre. Son regard démontrait bien la fatigue qui était la sienne, cependant, il tenait relativement bien debout. Le Professeur se leva et s’approcha de lui. Il tendit la main afin de le saluer.



- Je suis Jean Philippe Leblanc, le médecin de Seigyo.



Seishi fixa la main puis l’homme se tenant devant lui. Il resta sans bouger, méfiant. Il fit même un pas en arrière en le voyant tenter de s’approcher. Cette personne pouvait dire ce qu’il voulait, affirmer qu’il était un médecin, le jeune garçon gardait ses distances. Il ne pouvait faire confiance à quelqu’un qu’il ne connaissait absolument pas.

Voyant son hésitation, l’aîné sourit doucement recula un peu. Il pencha légèrement la tête sur le côté en l’observant. Il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi méfiant que lui. Les professeurs de l’école avaient dû lui en faire voir de toutes les couleurs pour qu’il devienne ainsi. Il comprenait pourquoi Seigyo avait eut du ml à l’apprivoiser. Il allait certainement lui falloir du temps à lui aussi… Mais s’il avait réussi à amadouer le brun endormi à l’étage, il arriverait à en faire autant avec lui. Il suffisait de lui prouver qu’il n’était pas un ennemi, pas une personne représentant une menace. Lui dédiant un nouveau sourire, il croisa les bras, sans le quitter des yeux.



- Tu veux boire quelque chose ? Et peut être, manger. Cela ne te ferait pas de mal.

- Hm… Pourquoi pas….

- Un café ?

- Vous n’auriez pas plutôt du chocolat chaud ? Vous êtes français… Je suis certain que vous gardez ça en réserve.



Le professeur ne put retenir un petit rire à cette remarque. Ce jeune garçon avait reconnut son accent. Dans un sens ce n’était guère surprenant vu que l’école pour les personnes de son genre se trouvait en France. Il connaissait donc un peu leur habitude mais aussi leur façon de parler. Cela amusait pas mal l’aîné. Souriant une nouvelle fois, il se dirigea vers la cuisine, invitant le jeune garçon à le suivre. Il lui prépara un bon chocolat chaud comme il savait bien le faire puis sortit l’assiette de crêpes. Il la posa doucement devant Seishi qui la fixa quelque peu intrigué.



- Qu’est-ce que c’est ?

- Tu ne connais pas ?

- Si je vous le demande, c’est que je ne sais pas ce que c’est.

- Agressif… Seigyo ne m’a pas menti.

- Vous allez me répondre…

- Ce sont des crêpes. Une spécialité française. Je suis certain que tu vas aimer.

- Nous verrons…



Le jeune garçon regarda sa tasse bien fumante de chocolat chaud puis la porta à ses lèvres. Il se brula légèrement la langue mais l’espace d’un instant, ses yeux pétillèrent de plaisir. Il avait rarement bu un chocolat aussi bon et aussi bien fait. Il avait du goût, un peu sucré sans que cela soit excessif. Il était absolument délicieux. Sans la moindre hésitation, Seishi prit une crêpe et la goûta du bout des lèvres. Certain qu’il aimerait, il la dévora avant de se resservir.

Le Professeur était ravi de voir le succès qu’avaient ses plats. Personne ne leur avait autant fait honneur. Il ne pouvait cacher son contentement. Il le fixait donc, un coude posé sur la table, amusé devant cette scène. Ce qui lui faisait plaisir, c’était de voir quelqu’un manger avec autant d’appétit.



- Tu as l’air de te régaler.

- C’est bon…



S’il ne le savait pas, il ne le saurait jamais. Vu la façon dont il dévorait, il était certain qu’il adorait les crêpes. Au moins, cela pourrait être une bonne façon de calmer ce jeune homme au caractère dur. Une méthode comme une autre de le mettre dans le droit chemin. Seigyo devait certainement avoir remarqué cela.



- Accepterais-tu de discuter avec moi ?

- De quoi ?



Le Professeur se leva doucement pour se diriger vers le frigidaire. Il en sortit une magnifique tarte aux pommes qu’il posa au milieu de la table. Il sortit ensuite un couteau afin de découper six parts bien égales. Ceci fait, il prit deux assiettes ainsi que des couverts avant de servir la pâtisserie. Il se réinstalla ensuite devant le jeune garçon, reportant son attention sur lui alors qu’un sourire étirait ses lèvres.

Seishi avait suivi chacun de ses mouvements, quelque peu intrigué. Il ne savait pas ce qu’il attendait de lui. Il se méfiait de cet homme… Il avait peut être tord… Comme pour Seigyo. Cependant, il ne pouvait tuer sa nature profonde. Il s’était fait avoir une fois… Pas deux.

Mangeant doucement sa part, le châtain observait toujours son aîné, intrigué par ses intentions. Il ignorait ce qu’il attendait de lui. Il désirait discuter mais ne semblait pas vouloir entamer la conversation. Peut être cherchait-il à le faire plus parler ? Il était difficile de le dire… Seishi n’avait jamais été vraiment doué pour savoir ce que voulaient les personnes l’entourant. Il comprenait encore moins leur attitude parfois. Beaucoup semblait hésitant, comme s’ils cherchaient leurs mots pour quelques raisons obscures. Il était pourtant si simple de dire franchement ses pensées et ses désirs. Tant pis, si la personne était blessée par des paroles trop dures. Prendre des pincettes avec les gens n’étaient pas la meilleure solution. C’était même une forme d’hypocrisie pour le jeune homme.

Après avoir bu une nouvelle gorgée de chocolat chaud et ainsi avalé sa bouchée, il le fixa droit dans les yeux, avec une certaine froideur.



- Vous ne m’avez pas répondu. Alors montrez-vous direct.

- D’accord… Je voudrai que nous discutions de ton pouvoir.

- Mon pouvoir ? Que voulez vous savoir ?

- Rien du tout. Je sais déjà beaucoup de choses dessus.



Seishi eut un léger sursaut et cligna des yeux quelques peu surpris par cette nouvelle. Comment cet homme pouvait connaître son don ? Personne n’avait jamais été capable de lui apprendre quoi que ce soit. Ce qu’il savait, il l’avait découvert seul. Comme le fait de manger des aliments sucrés… Aucun des professeurs ou des scientifiques ne lui avaient dit que son corps avait besoin de sucre pour renouveler l’énergie dépensée à cause de l’électricité. Le fait de se sentir moins fatigué après avoir mangé des gâteaux ou bu son chocolat le matin, lui avait fait comprendre cela. Il n’avait jamais rencontré personne capable de lui dire ses besoins ou de lui apprendre ce qu’il devait faire. Et ce médecin prétendait en connaître plus que les autres ? Mensonge… Le châtain ne le croyait pas.



- Vous vous fichez de moi. Vous êtes comme les autres. Menteur. Traitre.



Leblanc lâcha un soupir de dépit à ces mots. Mais, il retrouva bien vite son sourire, ne se laissant pas abattre. Il n’était pas du tout le genre à baisse les bras. Il comprenait que son vis-à-vis doute du bien fondé de ses paroles. Rares étaient les personnes possédant son don, la mort survenant relativement tôt. Résultat, rares étaient ceux capables de connaître leur besoin. Lui, avait été un chanceux… Il pouvait maintenant partager ses connaissances en la matière afin que ce jeune garçon ne commette pas les mêmes erreurs que son ami.



- Je ne te mens pas Seishi. Je connaissais quelqu’un qui possédait ton don.

- Pardon ? Je suis le seul à avoir ce pouvoir dans l’organisation. Ils me l’ont assez répété à l’école.

- Je m’en doute. Comme ils ont dû te dire que les personnes comme toi mourraient jeunes. Il est même miraculeux qu’il dépasse la vingtaine d’année. Mais sans vouloir t’offenser, tu n’es pas le seul dans ce cas là. Un pouvoir mal maitriser, peut coûter la vie de son utilisateur. Personne n’est à l’abri de cela. Ce qui te rend différent, c’est le fait que personne ne sache vraiment les besoins d’un corps produisant trop d’électricité.

- Mais, vous, vous le savez.

- Je ne sais pas tout. Mais suffisamment pour t’empêcher de te mener à ta propre destruction.



Sa destruction ? Que voulait-il dire ? Quel était ce nouveau mensonge ? Seishi avait peine à croire qu’il puisse être une menace envers lui-même. Il ne croyait pas en cela. Pour lui, il était capable de maîtriser son don. Il avait juste à manger du sucre afin de ne pas épuiser. Ne plus avoir assez d’énergie, était sa seule crainte. De quoi pouvait-il avoir peur mis à part ça ? Rien du tout… Pour lui, ce n’était que balivernes. Une méthode de tenter de l’approcher et l’amadouer. Il ne se laisserait pas avoir…



- Vous mentez.

- Je me doutais bien que tu penserais cela. Vois-tu… Si je peux affirmer certaines choses te concernant, c’est simplement parce que j’ai rencontré quelqu’un possédant ton pouvoir.

- Hein ?!

- C’était, il y a longtemps. Tu n’étais pas encore né. Mais, lui et moi sommes devenus de bons amis. Il m’a permis d’étudier son pouvoir et tout ce qui l’entoure. C’est pour cela que je peux affirmer pas mal de choses te concernant.

- Vous mentez.

- Je vais donc te le prouver. Tu manges des aliments sucrés, non pas parce que tu aimes cela, mais parce tu as besoin d’énergie. Ton pouvoir en demande beaucoup. Il y a un courant électrique qui parcourt continuellement ton organisme. Cela t’épuise si tu ne fais pas un apport continuel de sucre. Cela peut te mener à la mort. Mais bon, tu vas me dire qu’en t’observant, ce n’est pas difficile de faire ce genre de déduction. Donc, je vais t’apprendre autre chose ou plutôt te donner un conseil… Lorsque tu perds le contrôle de toi…

- Ca ne m’arrive jamais.



Leblanc ne put retenir un petit rire à cette coupure. C’était amusant de voir combien ce jeune homme avait confiance en lui sur certain point. Mais, il était évident qu’il était comme tout le monde capable de perdre le contrôle de lui. Il suffisait juste de trouver son point faible. Quelqu’un comme lui devait en avoir contrairement à ce qu’il pensait. Tout le monde avait quelque chose en ce monde à laquelle il tenait plus que tout. Qu’il était prêt à protéger au péril de sa vie. Seishi n’échappait à la règle.



- Bon… Si tu évitais de me couper… Tu es encore jeune, tu verras plus tard. Mon conseil pourra peut être t’aider.



Le châtain en doutait un peu… De plus, il avait toujours du mal à croire à cette histoire. Il pensait toujours que son vis-à-vis tentait de l’amadouer, de gagner sa confiance. Mais non… Il ne le laisserait pas le faire. Cependant, il allait quand même écouter ses mensonges. Sans pour autant tomber dans le panneau…



- Bien, parlez…

- Merci. Alors vois-tu… Lorsqu’une personne possédant ton don perd le contrôle d’elle, pour quelque raison que ce soit, et utilise son pouvoir, alors elle ne peut plus rien arrêter. Je veux dire pas là que le pouvoir est utilisé jusqu’à ce que la mort survienne. Il faut une aide extérieur pour tout arrêter. Tu comprends ce que je veux dire ?



Seishi répondit d’un simple signe de la tête. Il n’était pas stupide, il avait parfaitement compris. Cependant, il ne croyait pas en cela. Il n’était pas idiot. Il n’était pas du genre à perdre le contrôle de lui-même au point d’en arriver à se tuer. Il n’avait, de toute façon, rien de cher dans sa vie pour en arriver là. Cela ne lui arriverait donc jamais.

Le châtain saisit doucement sa tasse de chocolat pour en boire une gorgée. Il la reposa ensuite avant de tenter de se lever. Mais une violente douleur au niveau de son ventre le fit grimacer. Il avait oublié ce détail… Il avait oublié qu’il était blessé… Seigyo ne l’avait décidément pas raté… Mais cela aurait pu être bien plus grave… Il aurait pu le tuer. Néanmoins, il n’en avait rien fait. A croire que son inconscient lui avait dicté de ne pas le tuer… C’était possible. Après tout son partenaire l’aimait bien. Du moins, c’était ce qu’il pensait.

Passant outre la douleur, le jeune garçon parvint à se mettre sur ses pieds et à se diriger vers la porte. Arrivé là, il s’arrêta, posant sa main sur sa blessure. Il avait vraiment mal… Très mal… C’est alors qu’une main vint l’aider à le soutenir.



- Il est l’heure de se reposer… Viens, je vais te conduire à ta chambre…

- Merci…



Etrangement, Seishi se laissa conduire jusqu’à la chambre où il se trouvait un peu plus tôt. Il se laissa allonger et prit le cachet que lui tendit son aîné. Il se doutait que cela lui calmerait la douleur. Il ne pouvait donc refuser. Après avoir tout avalé, il sombra rapidement dans un sommeil sans rêve mais reposant.

Leblanc sourit doucement en le voyant s’endormir. Il lui remit quelques mèches de cheveux en place avant de sortir de la pièce. Il laissa la porte ouverte afin de veiller sur lui puis retourna dans le salon. Il se rallongea sur le canapé en soupirant. Il ne s’était pas trompé sur le jeune garçon… Celui-ci ignorait tout de son pouvoir… Cela pouvait être dangereux pour les autres mais surtout pour lui-même. Il lui fallait vraiment de l’aide. Le professeur était bien décidé à la lui fournir. Du moins si le jeune homme l’acceptait. Ce n’était pas chose gagné.


 


A suivre …