Un employé pas comme les autres
( La vie d’un ange de la mort )

Titre :  Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 07
Genre : Yaoï / Policier / Intrigue
Couple :  Euh ... SURPRISE !!
Disclamer : Histoire originale qui j'espère vous plaira...

Séparation

La pluie tombait drue sur la ville depuis la veille au soir et n’avait cessé de toute la nuit même si elle s’était un peu calmée, se faisant plus fine en début de journée. Hélas, elle avait repris en force dans la matinée, accompagnée d’un violent orage. Cela avait eut pour conséquence de faire fuir tous les passants qui s’était mis en quête d’un abri en attendant que le temps se montre un peu plus clément. Seishi, pourtant arrivé en milieu de matinée à la société au moment même où le tonnerre commençait à gronder, avait pu échapper à cette forte averse, contrairement à beaucoup de personne. En effet, comme tous les jours, il avait préféré utiliser sa voiture plutôt que de prendre les transports en commun qui pourtant l’aurait conduit bien plus vite au travail. Mais il n’aimait pas vraiment descendre dans le métro, étant quelque peu claustrophobe. Pour une fois, le jeune homme se réjouissait d’avoir ce petit souci, évitant de se retrouver trempé jusqu’aux os comme le serait certainement quelques employés de la société, malgré leurs parapluies. Mais cela n’était pas le problème du châtain, il avait autre chose à penser que de se soucier de ces personnes qui lui étaient totalement étrangères.
Il devait être dix heures du matin lorsque le jeune tueur gara sa voiture de sport dans le parking souterrain de la société Shinohara. Il était bien plus en retard par rapport aux jours précédents où il arrivait normalement tôt dans la matinée. Mais il avait une très bonne excuse pour le justifier. La veille au soir, Seishi avait dû accomplir une nouvelle mission pour son patron. Pour la mener à bien et éviter un échec qui serait mal vu, il avait été contraint de passer une bonne partie de la nuit sur les lieux à étudier chaque détail important. Après avoir bien tout vérifier, il avait pu passer à l’action, terminant le travail tard le matin. Le résultat qui découlait de tout cela, était une petite nuit de sommeil de quatre heures tout au plus. Cependant, pour le châtain, ce n’était qu’un détail sans grande importance, il avait l’habitude de dormir peu, et depuis longtemps. C’est donc l’air toujours aussi frais et souriant qu’il se dirigea vers l’ascenseur de la société, après être descendu de sa voiture. Cela ne l’enchantait guère d’emprunter ce moyen pour se rendre dans son bureau mais il n’avait pas vraiment le choix, il se voyait mal monter vingt étages à pieds, même si il avait une bonne endurance. Ce n’était pas le meilleur moyen pour commencer une journée de travail, surtout après dormi aussi peu. D’ailleurs, encore une chance pour Seishi qu’il n’ait pas repensé à ce qui s’était passé la veille dans le bureau de Kouji. Sinon il était certain qu’il n’aurait pas fermé l’œil de la nuit. Néanmoins pour que cela lui revienne en mémoire, il aurait fallu un plus grand choc. Sur le coup cette attitude l’avait pas mal déstabilisé. Cependant, le jeune homme n’était pas homme à se laisser impressionner aussi facilement, et pour lui c’était le but de son patron, tenter de le troubler pour pouvoir l’avoir sous son contrôle. Le brun allait vite se rendre compte qu’il était difficile d’avoir une emprise sur lui. Seishi était, certes, un jeune homme très travailleur qui accomplissait chaque chose qu’on lui donnait à faire sans rechigner. Mais en mission, il n’était pas rare de le voir n’en faire qu’à sa tête, n’écoutant que son instinct, sans compter sa mauvaise habitude de tenir tête aux gens. Tous ceux qui le connaissaient bien, savaient cela et une seule personne était parvenue à le contrôler totalement. Hélas, il n’était plus là.
Cette pensée arracha un léger soupir au châtain qui baissa un peu la tête pour regarder l’une de ses mains. Ses yeux se remplir de tristesse tandis qu’un sourire amer naissait sur ses lèvres. Décidément se remémorer le passé lui faisait toujours aussi mal. Mais n’était-ce pas normal aussi ? Après tout ces évènements avaient eut lieu presque deux ans et demi auparavant, les souvenirs ne s’effaçaient pas aussi rapidement, comme le pensaient les gens. Cela prenait beaucoup de temps, trop au goût du jeune homme.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, faisant sortir Seishi de ses pensées. Il releva la tête en soupirant une nouvelle fois pour cette fois ci chasser ce passé trop douloureux. Il pénétra dans la cabine puis appuya sur le boutons du dernier étage, là où se trouvait le bureau de son patron. Ce dernier était le premier qu’il allait voir le matin afin de lui apporter ses rapports de mission. Les portes coulissantes allaient se refermer quand un homme entra à son tour dans la cabine. Le châtain regarda la personne pour la saluer poliment, en souriant, mais il resta un instant sans voix en voyant de qui il s’agissait, son patron. Celui-ci d’ailleurs lui avait jeté un regard froid, pour ne pas changer de ses habitudes. Le tueur ne se posa pas de questions quant à la présente du directeur de la société Shinohara à l’extérieur de son bureau. Après tout, c’était un homme comme les autres qui avait parfaitement le droit de sortir de l’immeuble. Seishi s’inclina finalement avec respect devant lui.

- Bonjour Shinohara-sama. » fit-il avec un sourire avant de se redresser.

Kouji le fixait toujours aussi froidement puis détourna le regard pour le porter sur les boutons des étages. Il appuya sur le dernier, restant silencieux. Ceci fait, il reporta son attention sur son employé.

- Vous êtes en retard Inazuma-san. » reprocha-t-il d’une voix neutre sans le saluer.
- Je sais. » répondit Seishi sans perdre son sourire. « Mais la mission que vous m’avez confiée, a pris plus de temps que je ne le pensais. Certains détails n’étaient pas mentionnés dans le dossier que j’ai étudié. Il a donc fallu que je fasse une reconnaissance des lieux avant d’agir. »

Le brun ne répondit pas, observant simplement son employé. Ce dernier se demandait si cette raison allait être acceptée. Il commençait à en douter vu la façon dont Kouji le fixait. Mais en y réfléchissant bien, il regardait tout le monde de cette manière là, restant toujours froid et impassible quelque soient les circonstances. D’ailleurs, Seishi se surprit une fois de plus à admirer cette puissance qui se dégageait de cet homme. C’était une chose qu’il avait rarement sentit chez une personne normale, sans dons particuliers, et cela le fascinait.

- Vous avez réussi à mener à bien ce que je vous avais demandé de faire ? » demanda brusquement le patron de la société Shinohara, ramenant le châtain à la réalité.

Seishi répondit d’un simple mouvement de tête tout en montrant sa mallette dans laquelle était rangé son rapport ainsi que le dossier qu’il devait voler. Kouji observa un instant la petite valise puis son employé avant de regarder les étages qui défilaient sur cadran au dessus de la porte coulissante. C’est ainsi que le silence s’installa dans la cabine. Du moins jusqu’à ce que l’ascenseur brusquement entre deux étages et que les lumières s’éteignent. Heureusement une petite lampe de sécurité rouge s’alluma, éclairant faiblement la cabine. Les deux hommes regardèrent autour d’eux.

- Coupure de courant. » fit le brun d’une voix neutre.
- Certainement dû à l’orage… » ajouta Seishi en s’appuyant contre l’une des parois de l’ascenseur, poussant un léger soupir. « Espérons que cela ne dure pas trop longtemps… »

Décidément, il ne devait pas avoir de chance, lui qui était claustrophobe, il fallait qu’il se retrouve coincé dans un endroit aussi restreint et avec le pire glaçon qu’il n’ait jamais connu. Le châtain ferma les yeux, se concentrant du mieux qu’il put sur autre chose que le lieu où il se trouvait. Il valait mieux sinon il risquait de perdre le contrôle de lui-même. Il serait mal venu de montrer à son patron qu’il craignait d’être enfermé dans un endroit restreint, même si il avait de bonnes raisons de ne pas aimer cela. Le fait d’y repenser fit instinctivement frissonner le jeune homme. Cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Kouji qui le fixa à nouveau, cherchant la raison de ce léger tremblement. Il observa autour de lui avait de reporter son attention sur Seishi en comprenant tout.
Le brun posa sa mallette par terre puis s’approcha de son cadet. Il posa une main sur la paroi de l’ascenseur à côté de son visage, le faisant un peu sursauter. Seishi fixa intensément son patron qui venait de plonger son regard dans le sien, en sentant une étrange inquiétude l’envahir. Il ne savait pas pourquoi mais cette proximité ne lui plaisait guère. Celui lui rappelait les évènements qui avaient eut lieu la veille dans le bureau. Une petite voix lui dictait de s’écarter de son patron et de mettre une certaine distance entre eux, bien que dans un ascenseur cela serait quelque peu difficile. Hélas, le châtain ne bougea pas d’un millimètre, ne voulant pas montrer à Kouji son trouble, soutenant son regard. Le châtain le vit alors approcher son visage du sien, l’obligeant à se plaquer contre la paroi de la cabine.

- Shinohara-sama. » appela-t-il en espérant que cela le ferait reculer.

Mais ce fut totalement inutile. Le brun s’approcha de lui de manière à ce que leurs souffles se mélangent, son regard toujours plongé dans le sien. Il leva ensuite son autre main pour venir caresser du bout des doigts la joue de Seishi, glissant dans son cou. Le châtain frissonna à ce contact particulièrement doux, mais comme la veille, il se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas montrer à son patron le trouble qui naissait une fois de plus en lui. Pourquoi ressentait-il cela ? Il n’était pourtant pas attiré par son aîné, même si ce dernier était très séduisant. Sa réaction devait certainement être dû aux questions qu’il se posait sur le pourquoi des agissements de Kouji. A cela, il fallait ajouter le stress naissant d’être enfermé dans cette cabine. Ca faisant un mélange qui ne pouvait que jouer en défaveur du jeune tueur. En tout cas, il devait coupé court à tout ça, arrêter son patron.

- Shinohara-sama… » fit-il à nouveau en tentant de se plaquer un peu plus contre la paroi. « Que… »
- Pourquoi tremblez-vous ? » demanda Kouji en caressant son cou. « Vous n’aimez pas être enfermé. N’est-ce pas ? Cela se voit. Pourquoi ? »

Seishi ne s’attendait pas à ce que le brun lui parle de sa peur et encore moins qu’il la remarque aussi facilement. Comment avait-il réussi à accomplir cet exploit alors qu’il ne le connaissait pratiquement pas ? Était-il donc si transparent ? Normalement non. Le châtain se savait capable de masquer ses sentiments, ses craintes et la moindre de ses émotions sans mal. Pourtant cet homme avait parfaitement vu qu’il était claustrophobe. Cela le déstabilisa un peu plus. Le tueur ne fit plus aucun mouvement, se posant de nombreuses questions sur son patron ainsi que sur ses agissements. Il ne comprenait pas et avait la mauvaise impression que la situation lui échappait.
Kouji remarqua le trouble du jeune homme aux légers tremblements de son corps ainsi qu’à son regard un peu vague. Il sentit une intense satisfaction intérieure et décida de profiter de tout cela. Sa main, posée sur le cou du jeune homme, commença à descendre sur son torse, lentement, le caressant du bout des doigts à travers la chemise. Elle atteignit ainsi son ventre plat et ferme avant de glisser sur sa taille, se posant plus fermement dessus comme pour le maintenir. Le brun approcha ensuite un peu plus son visage de son employé, frôlant ses douces lèvres des siennes. Elles descendirent doucement sur le menton de Seishi puis dans son cou, dans un léger effleurement. Elles glissèrent dans le creux du cou avant de remonter jusqu’à l’oreille.

- Vous ne m’avez pas répondu… » déclara-t-il d’une voix étrange.

Seishi ne répondit pas, frissonnant un peu en sentant son souffle dans son cou puis sur son oreille. Cette main sur sa taille qui le caressait, faisait monter en lui une douce chaleur. Le châtain aurait aimé lui échapper, s’écarter mais il n’en avait vraiment plus la force maintenant. De plus, il ne pouvait pas fuir vu la position dans laquelle il était, plaqué contre une cloison, Kouji faisait obstacle à toute fuite à l’aide de son corps. Le tueur aimait de moins en moins cette situation et les sensations qui l’envahissait. Il avait l’impression de ne plus être maître de rien.

- J’attends toujours une réponse… » susurra Kouji d’une voix grave à l’oreille de son cadet, le ramenant à la réalité. « Pourquoi avez-vous peur d’être enfermé ? »
- Je… » commença Seishi en fermant les yeux tentant de rassembler ses esprits.

C’est à ce moment précis que toutes les lumières se rallumèrent dans l’ascenseur avant que ce dernier ne reprenne son évolution. Seishi eut un sursaut et profita d’un instant d’inattention de la part de son patron pour s’écarter de lui, se plaçant dans le milieu de l’ascenseur, évitant ainsi de se faire piéger une fois de plus. Il fixa intensément Kouji qui en faisait de même. Ils restèrent ainsi un très court instant puis le brun repris sa mallette et se plaça aux côtés du châtain, observant à nouveau le cadran des étages. Aucun autre mot ne fut prononcé durant la montée. Cependant, une grande tension se faisait sentir dans la cabine. Elle était presque palpable tant elle était intense.
Finalement, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au dernier étage de l’immeuble de la société Shinohara, au grand soulagement de Seishi qui ne put retenir un soupir. Il laissa son patron sortir le premier puis le suivit à bonne distance jusqu’à son bureau. Lorsqu’il entra dans la pièce, il aperçut Gen assis à la place de Kouji en train de s’occuper de l’ordinateur. La coupure de courant avait certainement dû l’éteindre et il remettait donc tout en marche. Le châtain observa son patron s’approcher de lui pour lui demander de façon muette de s’écarter, ce que fit le blond sans un mot. Ce dernier s’avança vers le tueur.

- Bonjour Inazuma-san. » fit-il d’une voix neutre alors qu’un fin sourire étirait ses lèvres.
- Bonjour Kawamura-san… » répondit Seishi en inclinant doucement la tête.
- Votre mission s’est-elle bien passé ? Avez-vous ce que Shinohara-sama vous avait demandé ? » interrogea-t-il avec calme.
- Oui. » fit le châtain en ouvrant sa mallette pour en sortir un dossier.

Il le tendit silencieusement au directeur adjoint, qui le remercia d’un signe de tête avant d’aller le ranger dans un tiroir du bureau de Kouji, en attendant que celui-ci en ait fini avec son ordinateur. Il se tourna à nouveau vers Seishi en souriant toujours, pour ne pas changer de ses habitudes.

- Je vous remercie, ce sera tout. » déclara-t-il en s’appuyant sur le bureau. « Vous pouvez retourner travailler. Shinohara-sama vous rappellera si il a autre chose pour vous. »

Seishi fit un signe affirmatif de la tête puis fit demi tour pour sortir. Il ouvrit la porte et regarda une dernière fois les deux hommes, les saluant rapidement avant de sortir. Une fois à l’extérieur, il soupira longuement, soulagé de ne plus êtres dans la même pièce que son patron. Cet homme commençait à le stresser en agissant comme il le faisait depuis la veille. Le châtain avait beau réfléchir, il ne comprenait pas pourquoi il avait une telle attitude envers lui, ni pourquoi cela était arrivé aussi brusquement. Tout était si étrange. Enfin peut être que c’était pour avoir une emprise sur lui. Plus il y pensait, plus le jeune homme était persuadé que c’était cette raison la plus valable. Il ne voyait pas d’autres motifs que celui-ci. Et si c’était bien ça, Seishi ne se laisserait pas faire, il n’était pas du genre à se laisser totalement contrôler par quelqu’un. La prochaine fois, il le repousserait, quitte à employé la force si il le fallait. C’est donc sur cette décision que le tueur retourna dans son bureau pour travailler sur d’autres dossiers de moindres importances.

Une semaine s’écoula ainsi, de façon rapide et surtout sans que Kouji ne tente quoi que ce soit envers Seishi. Il fallait dire que lorsque le jeune homme voyait son patron au loin, il faisait en sorte de ne pas se retrouver seul avec lui, s’arrangeant pour avoir au moins une personne auprès de lui. Quand il s’agissait de se rendre dans son bureau, il y allait en étant certain de la présence de Gen Kawamura dans la pièce. Ainsi il était assuré que le brun n’essayerait rien, surtout pas devant son amant. En agissant ainsi, le tueur était persuadé que le brun finirait par se lasser et le laisserait en paix. Mais cela était moins certain. En effet, ce qu’ignorait le châtain, c’était que tout ce petit cirque pour l’éviter n’avait fait qu’accroître le désir du brun. Ce dernier ne cessait de penser à lui, nuit et jour. Bien entendu, il parvenait à le masquer aux yeux de son amant qui ne verrait pas cela d’un très bon œil. Cependant, il arrivait de temps à autre que le blond remarque les rêveries de Kouji, néanmoins il ne lui posait aucunes questions même si cela l’intriguait. Il savait très bien que le brun refuserait de lui parler, comme tout le monde il avait son jardin secret. En tout, cas il était à cent lieux d’imaginer que celui habitant les pensées de son amant, était Seishi. Rien ne le laissait penser dans l’attitude générale du patron de la société Shinohara, pas même ses regards qui restaient très froid lorsqu’il les posait sur le jeune homme. Tout semblait donc normal à première vue.
C’était une nouvelle journée qui commençait pour le châtain. Comme toujours, il était arrivé assez tôt à la société et il s’était rendu en premier lieu dans son bureau pour y déposer ses affaires. Il avait ensuite pris l’ascenseur en tenant un dossier sous le bras qu’il devait remettre à son patron. Une fois encore, il s’était assuré de l’heure à laquelle il y allait, faisant en sorte de tomber sur un moment où Gen serait présent pour ne pas se retrouver seul avec le brun. Après être arrivé au dernier étage de l’immeuble, il se dirigea directement vers le bureau de Kouji sans passer par celui de la secrétaire, sachant très bien qu’elle n’était pas encore arrivée. Il frappa doucement contre la porte puis attendait patiemment qu’on l’autorise à entrer. Ceci fait, il pénétra dans la pièce, ses lèvres étirées en un fin sourire. Mais ce dernier s’effaça bien vite lorsqu’il constata que son aîné était seul. D’ailleurs Seishi regarda autour de lui pour en être certain avant de reporter son attention sur son patron et de s’avancer, non sans ressentir une certain appréhension.

- Bonjour Shinohara-sama. » salua-t-il poliment et avec calme. « Kawamura-san n’est pas là ? »

La question était partie toute seule pratiquement. Le châtain se gifla mentalement de sa bêtise et de son incapacité à ne pas se sentir stresser. C’était ridicule de réagir comme il le faisait, surtout pour un tueur comme lui. Mais il n’arrivait pas à se calmer, ignorant pour quelles raisons. Seishi ne pouvait pas dire qu’il craignait son patron. C’était plutôt l’attitude qu’il avait eut par deux fois, une semaine plus tôt. Il ne voulait pas que cela recommence, de crainte de ne pouvoir se maîtriser, malgré ses résolutions de le repousser. Il espérait maintenant que le brun ne remarquerait pas sa nervosité.
Kouji avait calmement allumé une cigarette calmement tout en fixant celui qu’il désirait ardemment. Il s’installa confortablement dans son fauteuil avant de croiser les jambes. Il semblait parfaitement calme, masquant la surprise qu’avait éveillé la question de son employé.

- Kawamura-san est sorti. » répondit-il d’une voix neutre. « Mais je ne pense pas que vous soyez là pour le voir. N’est-ce pas ? »
- Effectivement. » répondit Seishi en s’avançant vers le bureau, reprenant tant bien que mal le contrôle de ses émotions.

Il déposa devant son patron un dossier puis recula. Le brun saisit les documents qu’il parcourut rapidement du regard avant de les ranger dans un tiroir. Il reporta ensuite son attention sur Seishi, le détaillant de haut en bas. Ce dernier se sentit particulièrement mal à l’aise en sentant ainsi le regard de Kouji sur lui. Cependant il fit tout pour ne rien montrer.

- Bien je vous laisse pour retourner travailler. » décida-t-il brusquement en se tournant afin de se diriger vers la sortie d’un pas calme et lent pour ne pas faire croire qu’il était pressé de partir.
- Une petite seconde… » appela le brun en posant sa cigarette dans son cendrier et en se levant.

Le châtain s’arrêta net avant de fermer les yeux, maudissant sa malchance. Il se tourna lentement et surtout silencieusement vers son patron qui contournait déjà son bureau pour s’approcher de lui. Le jeune homme sut aussitôt ce qui allait se passer, il fallait vraiment être stupide ou complètement innocent pour ne pas le deviner. Ce qui n’était pas son cas. Cependant ce dont était Seishi, c’était qu’il n’allait pas se laisser faire comme les fois précédentes. Lorsqu’il vit son patron s’avancer doucement vers lui, le tueur commença à reculer, désirant garder une certaine distance entre eux. Bien entendu, cela s’avéra inutile, surtout quand il se retrouva dos au mur, à la merci du brun. Néanmoins le cadet semblait décidé à l’arrêter avant qu’il n’essaye une fois de plus de le déstabiliser.

- Qu’est-ce que vous voulez Shinohara-sama ? » demanda-t-il avec calme, sans bouger, ses yeux surveillant le moindre mouvement de son vis-à-vis.

Kouji ne répondit, continuant d’avancer lentement en direction du jeune homme qui restait toujours immobile. Une fois suffisamment proche de lui, il posa une main sur le mur, juste à côté de son visage. Une scène identique à celle de l’ascenseur, s’apprêtait à se jouer. Du moins cela aurait pu être le cas, si Seishi n’avait pas pris la décision de s’écarter de son patron, afin ne pas se faire prendre au piège comme la dernière fois. Hélas, c’était sans compter sur l’entêtement du directeur de la société Shinohara qui le saisit par le poignet au moment où le châtain tentait de remettre une distance raisonnable entre eux. Il le tira assez violemment avant de le plaquer ni plus ni moins contre le mur, relevant ses bras au dessus de sa tête pour les maintenir d’une main. Il colla ensuite son corps contre celui de son vis-à-vis, l’empêchant ainsi de se libérer. Cependant, le châtain, bien décidé à ne pas se faire piéger une fois de plus, commença à se débattre et tenta par ce moyen de repousser son patron. Il ne pouvait pas utiliser son pouvoir sur lui, sous peine d’avoir de gros ennuis avec d’autres personnes.

- Shinohara-sama ! » s’écria-t-il en le fixant. « Mais qu’est-ce que vous faites ?? Arrêtez ! »

Le brun resta silencieux. Il se colla un peu plus contre Seishi pour l’obliger à rester en place. Sa main, restée libre, se posa doucement sur sa joue pour la caresser avant de glisser sur sa gorge. Kouji plongea son regard dans celui du châtain.

- Vous ne m’avez pas répondu l’autre jour. » fit d’une voix grave et froide. « Pourquoi avez-vous peur d’être enfermé ? »
- Qu’est-ce que cela peut vous faire ? » demanda le tueur, ne comprenant pas pourquoi il voulait savoir cela et encore pourquoi il utilisait une telle méthode.
- Répondez à ma question. » insista le brun en commençant à serrer sa main sur le cou de son employé.

Seishi se crispa aussitôt, serrant les dents. Vu l’attitude de son patron, il semblait de plus en plus évident qu’il voulait l’avoir totalement sous son contrôle. Sinon pour quelles raisons agirait-il ainsi ? Le châtain n’en voyait pas d’autres.

- Ca suffit ! » répondit-il en ayant un peu de mal à respirer. « Cela ne vous regarde pas. Lâchez moi ! »

Kouji ne sourcilla pas devant l’entêtement du jeune homme, il s’y attendait. Seishi n’avait pas froid aux yeux. Il devait avouer que cela lui plaisait d’autant plus de le voir ainsi lui tenir tête. Rares étaient les personnes qui avaient le courage de se comporter de cette façon avec lui, surtout en étant dans cette position. Le brun le fixa de façon intense. Il approcha son visage du sien, ses lèvres venant frôler celles de son prisonnier. Le tueur tenta de reculer la tête pour fuir ce contact mais cela fut bien inutile à cause de la main qui le tenait à la gorge. Le directeur de la société Shinohara caressa un peu plus les lèvres de son employé avant de les prendre de force. Le châtain ouvrit de grands yeux, surpris par ce baiser forcé. Il ne s’attendait pas à cela. Une question lui vint immédiatement à l’esprit. Pourquoi l’embrassait-il ? Il ne comprenait plus rien à ce qui se passait et encore moins aux buts de son patron. Cependant, il était certain d’une chose, il n’allait pas se laisser faire.
Alors qu’il tentait d’approfondir leur échange, le brun eut un très léger sursaut. Il écarta alors son visage tout en lâchant la gorge de Seishi pour se passer une main sur les lèvres. Il regarda ensuite ses doigts pour constater qu’il saignait. Il était maintenant certain que son employé ne se laisserait pas faire aussi facilement. Cela rendait les choses d’autant plus intéressantes pour lui.
Kouji essuya son sang avec un mouchoir puis posa à nouveau sa main sur la gorge du châtain avant d’approcher son visage du sien pour tenter à nouveau de l’embrasser. Ses lèvres allaient entrer en contact avec les siennes quand la porte du bureau s’ouvrit, faisant plus ou moins sursauter les deux hommes. Ils regardèrent tous les deux le visiteur qui venait de pénétrer dans la pièce.

- Gen… » fit Kouji en lâchant Seishi.
- Kouji. » répondit le blond d’une voix froide, en entrant et en fermant la porte derrière lui. « Je peux savoir ce que tu étais en train de faire ? »

L’amant du brun semblait très calme mais son regard était des plus glacials, son sourire avait totalement disparu de ses lèvres, le rendant physiquement très dur, ce qui était rare. Vu la scène à laquelle il venait d’assister, il était étrange qu’il réagisse ainsi, de façon si sereine. Mais il fallait savoir que Gen n’était pas du genre à s’emporter aussi facilement. Certes ce qu’il avait vu ne lui plaisait pas cependant, il tenait à avoir des explications, même si il était loin d’être dupe quant aux intentions de son compagnon. Cette scène était des plus parlantes.
Le blond tourna alors la tête vers Seishi pour le fixer froidement. Le jeune homme soutint son regard pas le moins du monde impressionné. Il n’était pas responsable de ce qui venait de se passer. Bien au contraire, il avait tout fait pour se défendre, enfin presque tout fait. Ne pouvant pas utiliser son don contre son patron, il n’avait pas employé cette méthode, sinon effectivement cela aurait été radical. Mis à part ce détail, le châtain n’avait rien à se reprocher. Cependant, il ne savait pas pourquoi mais il sentait que Gen allait lui attirer des ennuis. Son instinct ne le trompait jamais. Les deux hommes s’observaient toujours jusqu’au moment où le blond ouvrit la porte du bureau.

- Sortez. » ordonna-t-il d’un ton glacial. « Je dois m’entretenir avec Shinohara-sama. »

Seishi répondit par un simple signe de la tête avant de sortir, entendant la porte claquer derrière lui. Il se dirigea vers son bureau en pensant à la discussion entre les deux hommes qui promettait d’être houleuse, mais c’était le cadet de ses soucis. Ce qui l’inquiétait était le regard que Gen lui avait jeté alors qu’il quittait le bureau. Le châtain était persuadé que celui-ci le rendait responsable de tout ce qui s’était passé. Son instinct lui disait de se montrer prudent, le blond allait très certainement tenter de se venger de tout ça. Le tueur détestait plus que tout se retrouver mêler à des histoires de cœur… Cela ne lui avait attiré que des ennuis jusque là…
Après le départ du jeune homme, Kouji tourna le dos à son amant pour retourner à sa place dans le plus grand silence. Il s’installa dans son fauteuil en cuir en prenant une cigarette. Il croisa les jambes avant d’observer le blond. Ce dernier s’avança vers lui, le fixant durement. La tension dans le bureau était palpable. Les yeux des deux hommes semblaient lancer des éclairs, de colère pour l’un et d’agacement pour l’autre. Le blond croisa les bras sur son torse, signe évident qu’il ne se laisserait pas faire par son compagnon.

- Je t’écoute Kouji. » fit-il d’une voix dure. « Comment vas-tu justifier ce que je viens de voir ? »
- Je n’ai pas à me justifier. » répondit-il le brun en tirant doucement sur sa cigarette. « J’ai envie de le posséder, c’est tout. »
- Le posséder !!?? » s’exclama Gen en décroisant les bras pour taper sur le bureau. « Et tu m’annonces ça comme ça, l’air de rien. »
- Que voulais tu que je te dise ? » demanda Kouji froidement. « Ce n’est qu’une passade. Lorsque je l’aurai eut, ce sera terminé. »

Gen serra les dents de colère. Il détestait voir son amant agir de la sorte, à savoir jouer avec les sentiments des autres. C’était exactement ce qu’il faisait avec lui en cet instant, mais aussi avec le gamin. Mais pour ce dernier, ce n’était pas son problème. Après tout, Seishi ne semblait pas vouloir le repousser, de plus d’un certain point de vu il était responsable de l’attirance de Kouji. C’était son caractère qui ce dernier aimait, rares étaient ceux qui lui tenaient tête. C’était pour cette raison qu’il le désirait. Enfin ce comportement de sa part était inacceptable.

- Et tu oses me dire ça de cette façon ? » reprocha-t-il de plus en plus énervé. « Je ne supporte pas ce côté chez toi, celui du macho qui veut dominer tout le monde ! »

Le patron de la société Shinohara lui lança un regard des plus noirs. Il n’aimait guère qu’on lui montre la vérité en face, surtout celle-ci. Cela le mettait généralement en colère ou de très mauvaise humeur. Le blond le savait très bien, cependant, il ne se gênait pas pour lui dire en face ce qu’il pensait de lui et sans la moindre crainte. Et à chaque fois, cela mettait un terme rapide à la discussion.

- Si tu n’es pas content Gen, pars. » déclara le brun d’une voix glaciale. « Je ne te retiens pas. »
- Très bien. De toute façon cela finit toujours ainsi avec toi. » répondit le blond en se dirigeant vers l’appartement de son amant. « Je prends ma matinée pour ramener mes affaires chez moi. »

Ceci dit et sans attendre de réponse, il ouvrit la porte du logement de Kouji puis la claqua derrière lui. Après son départ, le patron de la société Shinohara s’autorisa un soupir. Il posa sa cigarette dans le cendrier avant d’enlever ses lunettes pour se frotter les yeux. Il tourna ensuite son fauteuil pour observer la ville à travers la grande baie vitrée. Une fois de plus, il se séparait de Gen, et bien entendu, c’était encore de sa faute. Pourtant il aimait Gen, du fond du cœur. Mais lorsqu’il voyait un jeune homme comme Seishi, il ne pouvait s’empêcher de le vouloir, de le posséder, jusqu’à ce qu’il ne lui trouve plus aucun intérêt. Chose qui arrivait rapidement, dès que la personne en question ne lui tenait plus tête, pour éviter de briser ce début de relation instable. Généralement cela ne durait pas plus d’une semaine. Dès que tout était terminé, le brun retournait voir son ami d’enfance pour le » convaincre de revenir avec lui, et il acceptait. Néanmoins, Kouji avait l’impression que cette fois ci, tout serait différent, dans un premier temps par rapport à son compagnon qui ne se ferait plus avoir et dans un second temps par rapport à Seishi qui l’attirait bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Personne jusqu’à aujourd’hui ne lui avait fait autant d’effet, pas même Gen. Cependant, cela ne signifiait pas grand-chose non plus. Ce serait très certainement une relation passagère comme toujours…
Une porte, claquant derrière lui, fit sortir le brun de ses pensées. Il fit tourner son fauteuil pour voir le blond, tenant deux valises, passer sans même le regarder. Il sortit du bureau sans prononcer le moindre mot, faisant une fois de plus soupirer Kouji. Ce dernier reprit sa cigarette afin de tirer dessus avant de prendre un dossier. Se remettre au travail, était la meilleure solution pour se changer les idées. De plus, il n’allait pas se laisser déprimer pour une nouvelle rupture entre eux, il avait l’habitude maintenant.
Gen passa la matinée à reprendre chaque chose qui lui appartenait pour la rapporter à son appartement, se trouvant en ville. Cela avait été relativement rapide, vu le peu de chose qu’il avait ramené chez son amant. Une fois terminé, il retourna travailler en début d’après midi, après avoir bien entendu mangé. Le blond décida, en premier lieu, d’aller voir le responsable de cette histoire, Seishi. Il devait discuter avec lui pour l’avertir qu’il n’allait pas laisser passer ça aussi facilement. Il lui ferait payer cette séparation dont il était la cause.
Le directeur adjoint arriva devant le bureau de ce gamin puis y entra sans même frapper, faisant légèrement sursauter son propriétaire qui le fixa. Gen s’avança dans la pièce avant de s’arrêter en plein milieu pour observer le jeune homme qui devait se demander pourquoi il était là.

- Kawamura-San. » fit le châtain en haussant les sourcils. « Que puis je pour vous ? »
- Je suis là pour discuter. » répondit Gen froidement, en glissant une main dans sa poche. « Mais surtout vous avertir. »
- M’avertir ? » répéta Seishi avec calme. « Mais de quoi, je vous prie ? »

Le blond s’avança lentement vers le bureau qu’il contourna pour s’approcher du tueur. Ce dernier le suivit des yeux sans bouger. L’aîné posa ses mains sur les accoudoirs du fauteuil avant de planter son regard glacial dans celui de son vis-à-vis qui n’avait pas tenté de s’écarter. Les deux hommes s’observaient sans sourciller, semblant se défier.

- Je vous avertis que vous paierez ce qui s’est passé entre Kouji et moi. » déclara Gen d’une voix glaciale. « Tout est votre faute et vous regretterez de vous être mis entre nous. »

Seishi resta de marbre aux menaces, il s’y attendait. En sortant du bureau de Kouji, il avait vu dans le regard du blond qu’il le rendait responsable de tout. Il n’avait pourtant rien fait pour que cela arrive. Le châtain se montrait lui, devant son patron, n’aimant pas les faux semblant. Mais là n’était pas le problème. Ce qui inquiétait le jeune homme, c’était que le blond allait lui mettre des bâtons dans les roues et lui compliquer sa mission d’origine. Il lui faudrait se montrer prudent à l’avenir. Néanmoins, il avait aussi l’habitude d’avoir des complications dans le travail, ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Cependant une chose était certaine, il ne se laisserait pas faire. Le regard du tueur se fit un peu plus froid encore.

- Si vous pensez m’impressionner ou me faire peur, vous vous trompez. » répondit-il alors qu’un fin sourire étirait ses lèvres. « Il en faut bien plus pour me faire trembler. »
- Fais bien attention, gamin. » déclara Gen ne se démontant pas pour autant. « Il en faut peut être beaucoup pour te faire peur mais ne me sous-estime pas. Tu risquerais de le regretter. »

Ceci dit, le blond se redressa puis s’écarta pour se diriger vers la sortie. Il n’avait rien de plus à ajouter, ses menaces étant faites. Il ouvrit la porte près à quitter le bureau mais il s’arrêta pour fixer le jeune homme une dernière fois.

- Surveille bien tes arrières. » prévint-il une dernière fois avant de lui tourner le dos.
- Et vous ne me tournez plus jamais le dos. » avertit Seishi ses yeux brillant étrangement.

Gen le regarda froidement du coin de l’œil mais ne répondit pas et sortit simplement du bureau. Après son départ, le châtain soupira longuement. Il n’avait décidément pas de chance, entre son patron qui lui faisait du charme à sa façon, et le blond qui le rendait responsable de tout ça. Pourtant, il n’avait jamais demandé à être mêlé à cela, il aurait même préféré qu’on ne fasse pas attention à lui. Hélas, Seishi allait devoir supporter ça, et se débrouiller comme il pouvait pour continuer sa mission. Ce ne serait pas facile… Cependant il ferait ce qu’il avait à faire, comme toujours, sans se laisser démonter par Kouji ou par l’ex-amant de ce dernier…

A suivre …