Un employé pas comme les autres
( La Vie d'un ange de la mort )





Titre :  Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 14
Genre :
Yaoï / Policier / Intrigue
Couple :  Euh ... SURPRISE !!
Disclamer :  
Histoire originale qui j'espère vous plaira...


Deux hommes obstinés


La nuit avait été courte pour Kouji qui n’était pas parvenu à trouvé le sommeil, trop préoccupé par ce qui s’était passé avec Seishi. Après le départ de Gen, il avait tenté vainement de dormir sans grands résultats, passant sa nuit à tourner dans son lit, sans se reposer. Au final, l’aube avait commencé à poindre le bout de son nez, l’informant qu’une nouvelle journée de travail commençait. Le brun avait respecté son petit rituel du matin en prenant une douche avant de se vêtir suivit d’un café dans la cuisine tout en lisant son journal. Il s’était ensuite rendu dans son bureau afin de se mettre au boulot, hélas sans parvenir à se concentrer vraiment sur ses dossiers. Tant et si bien qu’il fut obligé de s’y reprendre à deux fois avant de prendre une décision sur certaines affaires ou de signer certains documents. Il lui fallut prêt d’une heure afin de préparer la nouvelle réunion avec Haruki Hashimoto ayant lieux dans la journée. Son niveau de concentration était au plus bas. Bien entendu, la cause de tout cela provenait de cette nuit blanche mais aussi de des évènements survenus avec Seishi la veille. Il était même certain que ce dernier point était la principale préoccupation du patron de la société Shinohara. Le fait de ne pas connaître l’origine de la frayeur ayant envahi le tueur et accessoirement celle de sa cicatrice, le tracassait, l’agaçait, même s’il n’en montrait rien. Il avait envie de tout savoir, pure curiosité presque malsaine puisqu’il se moquait des sentiments du châtain. S’il devait à nouveau le blesser moralement pour le faire parler, il n’hésiterait pas. Tous les moyens étaient bons, du moment qu’il obtenait ce qu’il voulait.
Kouji regarda sa montre qui indiquait neuf heures du matin. Seishi n’était toujours pas arrivé au travail, ce qui, dans un sens, n’était guère surprenant. Cependant, ce genre d’attitude ne plaisait guère au brun qui ne supportait pas mélanger vie privée et vie professionnelle. C’était deux choses bien distinctes et pour lui les soucis de la veille ne devaient pas entraver la bonne marche des affaires de la société et de sa famille. Le tueur ne semblait pas encore avoir compris cela, petit détail que réglerait rapidement le patron de la société Shinohara.
Ce dernier sortit une cigarette de son paquet posée sur son bureau et l’alluma doucement avant de souffler un nuage de fumée. Il saisit ensuite le combiné du téléphone afin de contacter sa secrétaire. Deux sonneries résonnèrent doucement dans l’appareil avant que la jeune femme ne décroche.

- Shinohara-sama, que puis je pour vous ? » fit-elle d’une voix douce.
- Dites à Kawamura-san de monter dans mon bureau en vitesse. » ordonna froidement le brun.
- Bien, Shinohara-sama.

Kouji raccrocha le combiné puis reprit sa cigarette sur laquelle il tira une bouffée. Il poussa ensuite un soupir lui permettant ainsi de souffler un nuage fumé. Il fit tourner son fauteuil sur lui-même et porta son regard sur l’extérieur. Il observa le ciel bleu parsemé de quelques nuages. Ses pensées étaient toujours tournées vers son amant, toujours les mêmes questions venant hantées son esprit. Ce fut l’arrivée de Gen qui le fit sortir de tout cela. Chose rare, le blond avait frappé un petit coup à la porte avant d’entrer sans attendre l’autorisation pour le faire. C’était ce son qui avait ramené Kouji à la réalité. Il se tourna donc vers son bras droit pour le fixer froidement alors qu’il tendait une main vers un fauteuil l’invitant silencieusement à s’asseoir.

- Que se passe-t-il ? » demanda Gen en prenant place.
- Il se passe que Seishi n’est pas là ce matin. » répondit froidement son vis-à-vis en écrasant sa cigarette.
- Et ça te surprend ? » interrogea calmement le blond.
- Tu sais ce que je pense de ce genre d’attitude. » déclara le brun, son regard devenant plus dur.

Gen ne jugea pas nécessaire de répondre à cela, sachant parfaitement ce que voulait dire Kouji. Il se contenta de pousser un long soupir tout en croisant les jambes. Avec ce court échange, il lui était facile de deviner que son patron était d’une humeur massacrante. Les raisons de cette colère n’étaient pas difficiles à deviner. Il n’y avait pas que le fait que Seishi ne soit pas venu travailler, il y avait aussi l’histoire de cette marque ajoutée à une nuit blanche. De plus, rien ne marchant comme le brun le désirait, cela ne faisait que plus ressortir son côté désagréable, chose parfois difficile à supporter surtout pour les personnes ne le connaissant pas. Cependant, pour le blond, ce n’était qu’un détail sans grande importance. Il acceptait Kouji tel qu’il était et aimait, justement, ce côté déterminé chez lui, prêt à tout pour obtenir ce qu’il voulait.
Le directeur adjoint se redressa doucement, décroisant les jambes avant de se pencher légèrement en avant. Son regard n’avait pas quitté celui de Kouji. Cependant, plus aucun sourire n’étirait ses lèvres. Gen avait retrouvé tout son sérieux, prêt à recevoir les instructions de son vis-à-vis, démontrant ainsi son professionnalisme quelque soit la situation.

- Que veux-tu que je fasse ? » demanda-t-il avec calme et une certaine froideur.
- Va me le chercher. » ordonna durement Kouji. « Il doit être chez lui. Pendant ce temps, je ramènerai Hashimoto ici. »
- Très bien. » répondit le blond accompagnant sa réponse d’un signe de la tête.

Il n’attendit pas que son patron l’invite gentiment à quitter les lieux, se levant rapidement après avoir reçu les consignes. Il se dirigea vers la porte et posa la main dessus. Cependant, il ne sortit pas de suite. Il se tourna une dernière fois vers Kouji pour le fixer encore alors qu’un fin sourire naissait à nouveau sur ses lèvres.

- Tu as autre chose à me demander ? » questionna-t-il avec calme.
- As-tu contacté Eike-kun ? » demanda le brun sans le quitter des yeux.
- Oui, je l’ai fait hier soir. » répondit Gen en souriant. « Il a commencé son enquête. Tu devrais avoir des nouvelles dans la journée. »

Kouji ne répondit, faisant un simple signe de la tête signifiant à son ami qu’il pouvait sortir pour faire son travail. Le blond lui dédia un dernier sourire puis quitta les lieux. Il ne s’était à aucun moment posé de question sur les raisons pour lesquelles c’était lui qui devait ramener le générateur ambulant. Il savait que son patron devait s’occuper de Hashimoto ainsi que des affaires qu’ils traitaient ensembles. C’était prioritaire par rapport aux relations amoureuses.
Gen emprunta l’ascenseur qui le conduisit directement au garage où il put rejoindre sa voiture. Une fois dedans et le contact mit, il quitta la société pour prendre la direction du quartier où vivait Seishi. Ce fut à peu près une heure plus tard qu’il arriva sur place. Il trouva sans mal une place de parking non loin de l’immeuble dans lequel résidait le tueur. Sans perdre plus de temps, il sortit de son véhicule puis se rendit dans l’immeuble. Il monta au quatrième étage et sonna à la porte de l’appartement. Après une courte attente, personne ne vint ouvrir. Le blond renouvela donc son appel en frappant cette fois ci. Hélas, ce fut une fois de plus un échec. Le directeur adjoint de la société Shinohara, lâcha un soupir tout en regardant la porte devant lui. Seishi étant absent, il se devait de trouver l’endroit où il avait pu se rendre. Qui pourrait mieux le renseigner que le concierge de l’immeuble ? Sans attendre, Gen fit demi tour pour retourner au rez-de-chaussée. Il s’arrêta devant une porte où le mot concierge était inscrit puis sonna. Un homme d’âge mur, vêtu d’un pantalon marron et d’un pull vert, vint lui ouvrir. Le blond s’inclina aussitôt avec respect devant lui.

- Veuillez m’excuser pour le dérangement monsieur mais je viens pour vous demander un service. » fit-il poliment. « Je cherche Inazuma Seishi. Il n’est pas chez lui et je voulais savoir si vous pouviez me dire où je pourrai le trouver. »
- Que lui voulez-vous ? » demanda le concierge en fixant son vis-à-vis méfiant.
- Je suis son collègue de travail. Il n’est pas venu à la société ce matin et je me faisais du souci. » expliqua le blond aimablement.

L’homme le fixa, le détaillant de la tête au pied, semblant toujours se méfier. Finalement, Gen put le voir se détendre après avoir été jugé sans défense pour le jeune homme. Dans un sens c’était un peu ironique. Le plus dangereux n’était pas celui qu’on pensait. Cependant ce brave homme ne pouvait pas connaître la véritable activité de Seishi.

- Je l’ai vu sortir il y a peu près une vingtaine de minutes. » se décida finalement à révéler le concierge. « Vu que nous sommes jeudi, je pense qu’il a du se rendre au cimetière Yanaka. Il y va très souvent pour rendre visite à un ami. »
- Je vous remercie et excusez-moi encore pour le dérangement. » répondit Gen poliment tout en saluant respectueusement le vieil homme.
- Je vous en prie.

Le directeur adjoint de la société Shinohara quitta immédiatement l’immeuble pour prendre la direction du cimetière qui se trouvait non loin de là. Il pouvait largement y aller à pied, cela lui permettrait de réfléchir à la façon dont il allait aborder le jeune homme sans qu’il ne se braque. Selon lui, il était dans son intérêt de son montrer directe et franc sans passer par trente six chemins. Il avait pu constater que Seishi aimait la franchise, lui-même l’étant. C’est donc tout en réfléchissant à cela que Gen arriva sur les lieux quelques minutes plus tard. Il scruta les alentours à la recherche de son collègue et aperçut un homme faisant un peu de ménage dans l’allée principale. Il s’approcha de lui pour lui demander s’il avait croisé une personne correspondante à la description de Seishi. Celui-ci lui répondit par un signe affirmatif de la tête et lui indiqua l’endroit où il se trouvait. Le remerciant poliment, le blond prit la direction de la zone où devait se trouver le tueur.
Après avoir parcourut quelques allées, Gen l’aperçut. Le jeune homme se trouvait à quelques pas de lui, un genou posé au sol, priant, chose qui surprit le bras droit de Kouji. Jamais il n’aurait pensé que Seishi puisse être croyant. Mais faire une prière ne voulait pas forcément signifier cela. Il agissait ainsi peut être de façon à honorer la mémoire du défunt ou de la défunte. C’était aussi une façon de lui parler, pour se donner l’impression de l’avoir toujours auprès de soi. Dans le cas du châtain, ces deux dernières explications semblaient plus plausibles.
Gen s’avança donc puis s’arrêta derrière lui, faisant en sorte que le tueur remarque sa présence en masquant le soleil. Voyant une ombre se dessiner devant lui, Seishi sépara ses mains jointes puis se redressa lentement, non sans avoir pris le temps de déposer de l’encens sur le bord de la tombe.

- Que voulez vous… » commença-t-il d’une voix froide en se tournant pour voir son visiteur. « …Kawamura-san ? »
- Kouji m’a ordonné de venir te chercher. » répondit le blond sur le même ton. « Il n’est pas vraiment content que tu ne sois pas venu au boulot ce matin. Il n’aime guère que l’on mélange vie privée et vie professionnelle. »
- Pour être franc, j’en ai rien à faire. » déclara le jeune homme en commençant à se diriger vers la sortie du cimetière. « Dites lui que je prends une semaine de congé. »
- Dis-le lui toi-même. » répliqua l’aîné en le suivant. « Je n’ai aucune envie d’endosser cette responsabilités et les conséquences qui vont en découler. »
- Soit…

Seishi sortit son téléphone portable puis rechercha le numéro privé de son patron. Il porta ensuite le combiné à son oreille, attendant patiemment que celui-ci décroche, ce qui arriva au bout de deux sonneries. A aucun instant, il ne laissa le brun prendre la parole.

- Shinohara-sama, c’est Seishi, je prends une semaine de congé. » déclara-t-il avec franchise et d’une voix neutre.

Sans attendre de réponse, il referma le clapet de son portable, raccrochant ainsi au nez de son amant avant de continuer sa marche. Cette attitude laissa Gen bouche bée. Personne jusque là n’avait jamais osé se comporter de la sorte avec le patron de la société Shinohara, du moins sans l’avoir regretté par la suite. Le comportement de Seishi était limite suicidaire mais ce n’était pas le problème de Gen. Cependant, ce qui agaçait ce dernier était le manque total de respect que le châtain venait d’avoir.

- Mais tu as perdu la tête ma parole ! Qu’est-ce qui te prends ? » demanda-t-il en sentant la colère monter en lui.
- Cela ne vous regarde pas. » répondit Seishi d’une voix froide et beaucoup trop calme. « Veuillez maintenant me laisser seul. Sauf si vous désirez devenir résident permanent de ce lieu. Et dites à Kouji qu’il est lui aussi un indésirable. »

Sur ces dernières paroles, Seishi laissa son supérieur sur place puis rentra chez lui. Gen ne chercha pas à le suivre, sachant pertinemment que la menace était bien réelle. Le tueur n’hésiterait pas une seule seconde à l’abattre. Il semblait évident qu’il possédait lui aussi une grande détermination comme Kouji. Mais l’un voulait à tout prix connaître le passé de l’autre, ce dernier cherchait plus à fuir la discussion. Restait maintenant à savoir lequel des deux hommes serait le plus fort à ce petit jeu. Le blond regarda la silhouette du jeune homme disparaître puis retourna à sa voiture afin de regagner la société Shinohara pour faire son rapport à son patron.

Pendant ce temps, Kouji s’était rendu à l’hôtel où dormait Haruki Hashimoto. Ce dernier était installé avec lui à l’arrière de sa limousine. Depuis qu’il avait reçu le coup de téléphone de Seishi, il enrageait intérieurement. Comment avait-il osé se comporter de la sorte avec lui ? Avait-il oublié à qui il s’adressait ? Ils étaient peut être amant mais cela ne justifiait en rien sa conduite. Le brun ne pouvait tolérer un tel comportement de la part de quelqu’un même si celui-ci était l’homme qu’il mettait dans son lit. Il ne passerait pas l’éponge là-dessus. Ne pas agir, ce serait ouvrir une porte à d’autres personnes ayant le désir de lui tenir tête. Il ne pouvait donc pas se permettre de perdre son autorité à cause d’un amant incapable de faire la différence entre la vie privé et le travail.
Haruki Hashimoto, installé à ses côtés, avait assisté à ce spectacle. Il avait vu le regard du patron de la société Shinohara se durcir. C’était la seule chose qui trahissait cette colère grandissante. L’homme d’affaire se demandait ce qui avait bien pu le mettre dans un tel état. Sa curiosité était toujours plus forte que tout le reste. C’était bien son pire défaut.

- Vous avez un problème avec l’un de vos employés, Shinohara-san ? » demanda-t-il aimablement alors qu’un sourire étirait ses lèvres.
- Oui. » répondit froidement Kouji.
- Vu votre regard, je me demande si vous n’avez pas eu un souci avec Inazuma-san. » supposa Haruki avec calme. « Cependant, je suis certain que vous ne voulez pas m’en parler. »
- Effectivement. » fit le brun en allumant une cigarette.

Il souffla un nuage de fumée tout en portant son attention sur l’extérieur. Hashimoto savait que dans l’état actuel des choses, il ne valait mieux pas qu’il insiste. Insister, demande plus de renseignements, ne ferait qu’augmenter la colère de Kouji. Ce dernier savait en général masquer tout ce qu’il ressentait. Il avait une grande maîtrise de ses sentiments et émotions. Cependant, comme tout personne, il avait aussi ses limites. L’homme d’affaire n’avait jamais vu personne réussir à le pousser à bout de la sorte. C’était certainement parce que le brun n’avait pas réussi à obtenir ce qu’il voulait. C’était bien la première fois que quelqu’un osait lui tenir tête de cette manière, Gen mis à part. Dans un sens, cela amusait Haruki qui avait hâte de voir la suite des évènements.
Le reste du trajet jusqu’à la société se fit dans le plus grand silence. La limousine déposa les deux hommes devant l’entrée de l’immeuble qui entrèrent de hall, prenant la direction de l’ascenseur. Ce dernier les conduisit au dernier étage de l’immeuble où se trouvait le bureau du brun. Celui-ci fut le premier à sortir de la cabine, se dirigeant d’un pas rapide et assuré vers son lieu de travail. Hashimoto le suivit en silence mais toujours aussi souriant.
En pénétrant dans le bureau, Kouji vit Gen, assis sur le fauteuil installé dans un coin de la pièce. Il avait croisé les jambes, attendant patiemment son arrivée. Le patron de la société Shinohara s’était dirigé directement vers son fauteuil pour y prendre place tout en allumant une cigarette. Il porta ensuite son attention sur le blond qui ne l’avait pas quitté des yeux.

- Où est-il ? » interrogea soudainement le brun d’une voix glaciale.
- Chez lui. » répondit sereinement Gen. « Il n’a pas voulu me suivre et j’ai préféré ne pas l’obliger. Je tiens à la vie. Je te déconseille d’y aller à moins que tu veuilles te faire électrocuter. Il ne veut absolument pas te voir. »
- Très bien, j’irai quand même. » déclara Kouji en tirant sur sa cigarette. « Où en es Eike-kun ? »
- Son enquête avance comme je te l’ai déjà dit. » lui apprit le cadet avec calme.
- Va l’aider. » ordonna le patron de la société froidement.

Gen répondit d’un signe de la tête et se leva. Il se dirigea vers la sortie du bureau. Il savait qu’il devait maintenant laisser son patron parler affaire avec Haruki Hashimoto. Le cas Seishi serait réglé plus tard, une fois que le patron de la société Shinohara aurait toutes les cartes en main.
Après son départ, le visiteur du brun s’avança dans la pièce et prit place sur un fauteuil. Il fixa Kouji alors que son sourire n’avait toujours pas quitté ses lèvres. L’homme n’était pas du tout impressionné par la colère sourde de son vis-à-vis. Il était au contraire de plus en plus curieux de savoir ce qui avait pu se passer avec Seishi qu’il trouvait tellement agréable à vivre. Il pouvait remarquer que ce jeune homme devait avoir beaucoup d’importance pour le brun, vu sa détermination à vouloir tout régler.

- Vous semblez tenir à ce jeune homme. » déclara-t-il en croisant les jambes tandis qu’il sortait un cigare.

Kouji le fixa simplement sans lui répondre, tirant sur sa cigarette. Il n’avait rien à dire sur ce sujet. Il n’était pas le genre d’homme à parler de ses sentiments pour une personne, que cette dernière soit proche de lui ou non. Révéler ses émotions ou son attachement pour quelqu’un était une faiblesse que bons nombres d’ennemis pourraient utiliser contre lui. C’était une chose qu’il ne pouvait permettre. Même si Haruki comptait parmi ses amis et bonnes relations, il ne ferait pas d’exception. Le seul a qui il daignait révéler ses sentiments, était Gen.

- Je ne serai pas surpris d’apprendre qu’il est votre amant. » glissa Hashimoto en allumant son cigare. « Cela expliquerait tout. »
- Sauf votre respect, il n’est mon amant que quelques jours. Ce n’est pas suffisant pour que je m’attache à quelqu’un. » rétorqua le brun froidement.
- Hm… Vous êtes un homme très dur en affaire. Vous êtes aussi calculateur et manipulateur, particulièrement froid pour ne pas dire glacial. Mais tout comme votre père, il y a des choses sur lesquelles vous êtes incapable de mentir. » répliqua Hashimoto en souriant toujours. « Il n’est peut être votre amant que depuis quelques jours mais depuis combien de temps le désirez-vous ? »

Une fois de plus, le patron de la société Shinohara ne répondit pas, remontant simplement ses lunettes. Il savait que Hashimoto avait raison sur toute la ligne, néanmoins il ne le reconnaîtrait pas. C’était une question, non seulement, de fierté mais de principe aussi.

- Votre silence en dit long, Shinohara-san. » déclara l’aîné en soufflant un nuage de fumée. « Je ne serai pas surpris d’apprendre qu’il ait réussi à vous séduire dès le premier jour. Moi il m’a plut dès le premier regard, bien entendu pas de la même façon que vous. Mais disons qu’il se dégage quelque chose de lui que je n’arrive pas à définir et qui le rend attirant. »
- Et si nous laissions cette histoire de côté pour reparler affaires ? » proposa brusquement Kouji, en écrasant sa cigarette.

Haruki le fixa un instant en silence, en clignant un peu des yeux avant de partir dans un fou rire incontrôlable. Cette réaction à laquelle s’attendait Kouji, fit soupirer ce dernier. Il n’avait pas besoin de demander à Hashimoto, les raisons de cette réaction à ces paroles, il les connaissait déjà. Le brun resta donc silencieux et saisit son paquet de cigarettes pour en allumer une nouvelle, quelque peu agacé mais sans pour autant le montrer. Seul le fait de fumer autant était une preuve de son énervement. Si Gen avait été là, il le lui aurait certainement fait remarquer.

- Vous êtes comme votre père ! » fit remarquer l’aîné en cessant de rire. « Vous n’aimez pas que quelqu’un lise en vous comme dans un livre. Combien de personnes en sont capables ? Pas beaucoup, je pense. Moi, j’y arrive parce que j’étais proche de votre père et que vous lui ressemblez. Kawamura-san y arrive sûrement parce que cela fait des années que vous vous connaissez. Et… Inazuma-san ? Y est-il arrivé ? Je me le demande. »
- Hashimoto-sama… » appela Kouji en le fixant froidement.
- D’accord, d’accord ! J’arrête. » céda Haruki en comprenant le message.

Ce dernier saisit sa mallette afin de l’ouvrir, sortant quelques documents qu’il déposa sur le bureau du patron de la société Shinohara, en souriant toujours. Il s’installa ensuite un peu plus confortablement alors qu’il prenait pour lui le double des dossiers qu’il venait de lui remettre. Ce fut ainsi que les deux hommes se remirent au travail.

La journée s’était écoulée rapidement pour tous les employés de la société. Certains d’entre eux commençaient déjà à quitter le bâtiment pour retourner chez eux, rejoindre leur petite famille tandis que d’autres avaient décidé de prolonger leur journée en faisant quelques heures supplémentaires, histoire de prendre de l’avance ou de diminuer leur retard. Kouji, et Haruki étaient dans ce dernier cas là, ayant perdu un peu de temps sur un dossier sur lequel ils avaient eut un avis divergeant. Trouver un accord avait été particulièrement difficile, aucun des deux ne voulant faire des concessions. C’est donc d’un commun accord et après trois heures de discussion intensive, qu’ils décidèrent de réfléchir à ce dossier chacun de leur côté et de le reprendre une fois le reste terminé. Ils étaient donc en train de discuter d’un autre contrat lorsqu’une personne vint frapper à la porte du bureau avant d’entrer aussitôt. Kouji releva les yeux sur Gen qui s’avançait. Derrière lui, un jeune homme un peu plus grand que la moyenne, aux cheveux longs brun attachés en natte, fermait la marche. Un beau sourire illuminait son visage alors que son magnifique regard améthyste se posait sur le patron de la société. Ce garçon, ayant tout au plus vingt cinq ans, commença à trépigner sur place après l’arrêt de Gen devant le bureau. Kouji tira doucement sur sa cigarette en les fixant tour à tour.

- Des nouvelles ? » demanda-t-il calmement.
- Eike-kun a trouvé quelque chose qui pourrait t’intéresser sur la marque du gamin. » lui révéla le blond en souriant.

Kouji porta ses yeux sur le jeune homme qui accompagnait son bras droit. Son regard ne changeait pas, il était toujours aussi froid. Cependant, cela ne semblait pas impressionner son employé qui se mit presque à sauter sur place tant il était impatient de dire ce qu’il avait découvert.

- Je t’écoute, Eike-kun. » fit l’aîné d’une voix neutre.

L’interpellé ne perdit pas de temps. Il sautilla jusqu’aux côtés du brun, contournant le bureau. Il posa devant lui un dossier avec posé sur la première page un article de journal dont le titre était : « Prey frappe à nouveau. ». Kouji prit le morceau de papier mais regarda Eike, attendant qu’il lui résume ce qui était écrit dessus. Il n’avait pas de temps à perdre à lire, il préférait avoir ses renseignements de la bouche de son employé. Ce dernier devait très certainement mourir d’envie de toute lui dire lui-même. Comprenant le message silencieux, le cadet lui dédia un magnifique sourire.

- Il y a dix ans, plusieurs assassinats ont été perpétrés dans le pays. » commença-t-il de façon joyeuse. « Les personnes prisent pour cibles, étaient toutes des hommes d’affaires ou des scientifiques mais n’ayant rien en commun. Ils travaillaient tous pour des organismes différents n’ayant aucun rapport les uns avec les autres et jamais ils ne se sont rencontrés. Comme vous vous en doutez, Kouji-sama, on leur a mis un contrat sur le dos. »
- Et ? » interrogea le patron de la société Shinohara. « Viens en aux faits. »
- Maieuh !! Laissez-moi finir !! » protesta Eike en prenant une mine boudeuse. « Après cette série de meurtres, tout s’est calmé. En tout cas chez nous. Mais le problème, c’est que d’autres assassinats ont eut lieu les mois et les années qui suivirent dans d’autres pays du monde. Puis, ils ont repris chez nous cinq ans après. Le seul rapport entre toutes les victimes, c’est qu’elles portaient une marque gravée au couteau sur l’omoplate droite. Devinez laquelle !! »
- Prey » répondit Kouji en tirant sur sa cigarette.
- Bingo !! » s’exclama le jeune homme en sautillant tout sourire.

L’aîné posa ses coudes sur le bureau, joignant ses mains comme s’il priait, réfléchissant à ce qu’il venait d’entendre. D’après ce qu’il avait compris, celui qui avait laissé cette marque devait un tueur professionnel vendant certainement ses services au plus offrant, cela semblait même évident. Il paraissait aussi avoir des méthodes assez particulières, comme laisser le cadavre avec cette signature plutôt que de le faire disparaître. C’était assez étrange mais pas le plus important. Ce qui intriguait maintenant le brun c’était les raisons pour lesquelles Seishi s’était retrouvé avec cette marque. Pourquoi ce tueur s’en était prit à lui ? Il espérait avoir une réponse rapide.
Haruki Hashimoto avait écouté toute la conversation avec attention. Il regarda tour à tour les trois hommes avant de porter son attention sur le patron de la société Shinohara. Il sortit un nouveau cigare qu’il alluma avant de tirer dessus nonchalamment.

- Vous pouvez m’expliquer ce qui se passe ? » demanda-t-il aimablement, ses lèvres toujours étirées en un fin sourire.

Gen s’installa sur le fauteuil se trouvant prêt de celui de l’homme d’affaire puis le fixa en souriant doucement. Il commença à lui raconter l’histoire s’étant déroulée entre Kouji et Seishi, s’attirant par la même occasion un regard assassin de la part de son ex-amant. Celui-ci n’aimait voir sa vie étalée au grand jour de la sorte. Cependant, le blond ne semblait pas se soucier de ce détail. Pour lui, Hashimoto était quelqu’un de confiance, à qui il pouvait tout raconter.

- Hmm ! Je comprends mieux maintenant. J’avais entendu parler de ces meurtres. » avoua l’aîné en soufflant un nuage de fumée. « Mais si je ne me trompe pas, tout s’est arrêté, il y a à peu près cinq ans. »
- Oui, Hashimoto-sama. C’est ça. » confirma Eike avec un grand sourire. « Pourtant l’assassin n’a jamais été arrêté. Mais je pense que Kouji-sama se moque de ça et préfèrerait savoir pourquoi Seishi a été marqué »

Le brun écrasa sa cigarette silencieusement puis quitta son fauteuil pour regarder par la fenêtre. Son employé avait raison, il volait connaître le fin mot de cette histoire. Cependant, il n’était pas dupe, son amant ne parlerait pas aussi facilement. Vu sa précédente réaction à la découverte de la cicatrice, aborder une nouvelle fois le sujet, risquait de le mettre bien plus en colère. Néanmoins, Kouji était décidé à tout savoir par tous les moyens.
Le patron de la société Shinohara sortit son paquet de cigarette pour en allumer une nouvelle. Il se tourna ensuite vers Eike tout en soufflant un nuage de fumée. Il remonta ses lunettes avant de se rasseoir dans son fauteuil, croisant doucement les jambes.

- Tu as fais du bon travail Eike-kun. Tu peux retourner travailler. » fit-il d’une voix neutre. « Je m’occupe du reste. »
- Bien Kouji-sama. » répondit le brun avec un immense sourire.

Il se tourna ensuite vers Hashimoto qu’il salua poliment avant de se diriger en sautillant vers la porte du bureau. Il ouvrit la porte et se tourna vers Gen qui s’était levé aussi pour le suivre après avoir salué Haruki. Le blond sortit le premier, laissant ainsi son patron reprendre ses affaires là où il les avait laissé. Maintenant tout était entre ses mains en ce qui concernaient Seishi.

 


A suivre …