Un employé pas comme les autres
( Série )
Titre :
Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 22
Genre :
Yaoï / Policier
/ Intrigue
Couple : Euh ... SURPRISE !!
Disclamer :
Histoire originale qui j'espère vous plaira...
Chantage
Deux jours
s’étaient écoulés après l’incident de la salle de sport. Il ne restait plus
qu’une journée de travail à Seishi et Gen avant de prendre leur quarante huit
heures de repos. Durant ce temps, il n’y eut aucune nouvelle confrontation avec
Mitsuo. Ce dernier n’avait plus rien tenté à l’encontre du châtain qui
d’ailleurs faisait en sorte de garder ses distances. En ce qui concernait le
travail, tout allait pour le mieux. Les missions étaient toujours une réussite.
Quant à la surveillance de la résidence, aucun problème n’était survenu. Ce
dernier point n’était guère surprenant. Selon Gen, il fallait être suicidaire
pour tenter de pénétrer dans la demeure des Hosono afin de les attaquer. C’était
comme tenter de tuer Kouji à la société. Au vu du niveau de surveillance des
lieux, la chance de survie pour un tueur était très faible. C’était sur ce point
là que la mission des hommes était dangereuse. Ils avaient infiltré la résidence
en se faisant passer pour de nouveaux employés. Si Mitsuo ou ne serait-ce qu’une
autre personne proche de la famille le découvrait, ils seraient des hommes
morts.
Durant leur pause, Gen et Seishi s’étaient isolés dans la salle de pause afin de
prendre un café. Le cadet était installé sur le canapé, grignotant quelques
biscuits tout en lisant le journal tandis que son partenaire observait
l’extérieur. Un silence total régnait dans la pièce, uniquement troublé de temps
à autre par les pages tournées du quotidien.
Le regard du châtain s’arrêta sur un article parlant d’un meurtre qui avait été
commis deux jours plus tôt. Le cadavre d’un homme avait été retrouvé à Kyoto
dans une ruelle située dans l’ancien quartier des plaisirs de Gion. Tout
semblait normal en apparence pour une affaire de meurtre, sauf un petit détail
de la photo du lieu du crime, qui troubla quelque peu Seishi. Approchant plus
l’image de ses yeux, il tenta de discerner au mieux les traits de cet homme qui
lui semblait être familier. Il secoua alors la tête de gauche à droite tout en
reposant le journal sur la table. Il n’arrivait pas à mieux distinguer l’homme,
la photo n’étant pas assez nette. Et puis, techniquement parlant, cela ne
pouvait être lui… Il devait faire erreur.
Lâchant un soupir, Seishi se tourna vers Gen. Il allait lui proposer une
nouvelle tasse de café lorsque la porte de la pièce s’ouvrit, le stoppant dans
son élan. Les deux tueurs portèrent leur attention sur le visiteur, une jeune
femme. Cette dernière était vêtue d’un élégant kimono traditionnel couleur rosé
en soie. Il était décoré de jolis motifs représentant des pruniers en fleurs,
placé sur l’une des manches et remontant sur l’arrière le col arrière. Il y
avait aussi une décoration identique parcourant le bas du vêtement. Le obi,
soigneusement serré, était de la même couleur que les branches des arbres du
kimono, un subtile dégradé allant du bleu gris foncé au blanc. Les cheveux noirs
de la jeune femme étaient attachés en solide chignon maintenu par un pique en
bois.
Elle s’inclina avec respect devant les deux hommes, un fin sourire étirant ses
lèvres ornées d’un maquillage léger et discret.
- Bonjour… Je suis Akiko Hosono… La petite sœur de Mitsuo. Je désire voir
Kanahama-san…
- C’est moi. » répondit le blond en faisant un pas en avant. « Que puis-je pour
vous ? »
- Mon frère désirerait s’entretenir avec vous… Et il a bien précisé, uniquement
vous…
- Hm… Très bien… J’y vais…
Sans attendre plus, Gen se dirigea vers la porte avant de se tourner vers Seishi
qui le fixait en fronçant les sourcils. Il put voir comme une lueur de méfiance
dans son regard. Comme lui, il n’aimait guère l’idée de ce rendez-vous. Mitsuo
devait préparer quelque chose dans leur dos, un nouveau piège pour obtenir ce
qu’il semblait désirer. Hélas, les ordres restaient les ordres…
Soupirant, le tueur sortit de la salle de repos, suivit de prêt par la jeune
femme. Arrivé devant la porte du bureau de Mitsuo, Akiko frappa doucement avant
de tourner la poignée et entrer dans la pièce. Elle dédia un fin sourire à son
frère avant de s’incliner avec respect.
- Mitsuo, je t’ai amené Kanahama-san, comme tu me l’avais demandé.
- Je te remercie Akiko. Tu peux nous laisser.
S’inclinant une fois de plus, elle se tourna pour se diriger vers la sortie.
Elle fit un dernier sourire à Gen qui le lui rendit avant de fermer la porter
derrière elle. Après son départ, le tueur se tourna vers son patron et le salua
respectueusement. D’un geste de la main Mitsuo lui indiqua un fauteuil face à
lui. Gen accepta l’invitation muette puis prit place silencieusement. Il croisa
les jambes tout en fixant son patron.
- Elle est jolie, n’est-ce pas Kanahama-san ?
- Je ne peux pas le nier. Elle est très élégante et semble douce. Mais je ne
m’intéresse pas aux femmes si c’est ce que vous pensez.
- Pourtant vous la fixiez comme un homme attiré. Mais peut être me suis-je
trompé.
- Vous vous êtes trompé. Je voulais juste voir s’il y avait un air de famille
entre vous.
- J’aime votre franchise et votre façon directe de dire les choses. Si nous
laissons Seishi de côté et votre professionnalisme, je dirai que c’est la
troisième raison qui fait que je vous garde à mon service. Mais là n’est pas la
question… Je vous ai fait venir pour discuter travail. J’ai une mission à vous
confier et à vous seul.
Gen haussa un sourcil à ces paroles mais resta silencieux. Au final, ce n’était
pas une grande surprise pour lui. Il s’attendait à ce qu’il se débarrasse de lui
afin de mieux approcher Seishi. Il savait quel était son but, il savait que tous
les moyens étaient bons pour y arriver. Dans un sens Mitsuo n’était pas
différent de Kouji sur ce point. Les deux hommes étaient manipulateurs et
calculateurs. Lorsqu’il désirait quelque chose ou quelqu’un, ils l’obtenaient
toujours… Le seul souci était que l’objet des convoitises du fils Hosono n’était
pas du genre à se laisser faire. Gen craignait que son vis-à-vis n’emploie des
manières qu’aucune personne n’apprécierait. Même si Seishi possédait quelques
talents non négligeables, il avait aussi ses faiblesses… C’était ces dernières
que Mitsuo saurait utiliser contre lui…
Ce fut au bout d’une dizaine de minutes que Gen sortit du bureau de son patron.
Il retourna dans la salle de pause, où Seishi l’attendait toujours. Son entrée
fut des plus violentes et bruyantes. Il claqua la porte derrière lui avant de se
diriger vers la fenêtre, en grognant.
- On s’est fait avoir… » fit-il en frappant rageusement le mur de son poing.
L’observant, Seishi fronça les sourcils. Visiblement, le rendez vous avec Mitsuo
ne s’était pas tellement bien passé. Du moins pour Gen… Leur patron devait
certainement lui avoir tendu un magnifique piège que le blond ne pourrait pas
esquiver. Mais était-ce si surprenant ? L’un comme l’autre, ils savaient que
cela arriverait. Ils se doutaient que le fils Hosono allait les manipuler.
Néanmoins, ce n’était pas au goût de Gen.
- Comment nous piège-t-il ? » interrogea le châtain d’un air détaché.
- Il m’envoie en mission tout seul, ce soir.
- Cela n’a rien de dramatique. Certes je vais me retrouver seul ici, avec Mitsuo
qui va très certainement tenter de me rendre visite. Cependant, je ne compte pas
me laisser manipuler, ni avoir par ce type. Il ne sait pas encore à qui il a
affaire.
Gen lâcha un long soupir en secouant la tête de gauche à droite avant de planter
son regard dans celui de Seishi. Les yeux de ce dernier était étrangement froid
alors qu’un fin sourie étirait ses lèvres. Il affichait le même visage que
lorsqu’il tuait. Impassible… Glaciale… Dénué de sentiments… Dans un sens, cela
en était effrayant. Le jeune homme arborait une mine d’ange qui ne cachait en
réalité que froideur et indifférence. Gen réalisait petit à petit qu’il était
bien incapable de prévoir la réaction de son partenaire à tel ou tel acte. Kouji
en avait-il la capacité ? Il en doutait… Seishi était bien trop imprévisible. Il
n’était pas bon de l’avoir pour ennemi… Mais comment un jeune homme de son âge
pouvait en arriver là ? Que s’était-il passé dans sa vie pour enlever toute
compassion, tout amour de la vie ? La torture dont il avait été victime, ne
devait pas être la seule responsable de cette folie qui dormait en lui. Sa vie
entière avait dû être une torture… Le bras droit de Kouji n’arrivait pas à
imaginer ce qu’avait pu vivre son partenaire. Dans un sens, il n’était pas
certain de vouloir connaître les détails.
- Ne t’inquiète pas. Tout ira bien. » lui assura Seishi, le ramenant à la
réalité.
Gen releva la tête et le fixa. Voyant la détermination dans on regard, un fin
sourire étira ses lèvres. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance, il ne se
laisserait pas piéger une seconde fois.
Soupirant à nouveau, l’aîné prit la direction de la porte. Il fit un signe de
tête à son ami, lui indiquant qu’il était temps de repartir travailler. Les
pauses ne duraient pas aussi longtemps en général. Là, ils avaient dépassé ce
qui leur était accordé. Mais, sérieux, ils feraient en sorte de rattraper ce
petit abus.
Le reste de la journée passa rapidement. Le soir venu, Gen partit en mission
comme prévu, laissant son partenaire seul. Après son départ, ce dernier prit
place sur un fauteuil, ouvrant un livre. Il savait qu’il allait bientôt avoir de
la visite. Mitsuo n’avait pas orchestré tout cela sans un but précis, celui de
l’isoler.
Ce fut une vingtaine de minutes après le départ de Gen qu’une personne vint
frapper à sa porte. Le tueur ne put s’empêcher d’esquisser un sourire à cela. Le
moins qu’il puisse dire, était qu’il n’avait pas perdu de temps.
Se levant avec calme, il se dirigea vers la porte puis l’ouvrit, se retrouvant
face à face avec l’homme de main qui les avait accueillit Gen et lui. Ooku
inclina la tête en guise de salut.
- Hosono-sama voudrait vous voir Inazuma-san.
Seishi lâcha un soupir sans lui répondre. Il sortit de sa chambre et ferma
soigneusement derrière lui. Il attendit que l’homme de main ouvre la marche pour
le suivre dans le plus grand silence. Il n’avait rien de plus à dire. Il savait
qu’il n’avait pas à discuter les ordres de Mitsuo. Il restait, dans un sens, son
patron. Désobéir risquait de mettre la mission en péril… Chose que Kouji
n’apprécierait guère.
Conduit à travers les couloirs de la maison, Seishi fut amené directement dans
la chambre de Mitsuo. Ooku frappa doucement à la porte, attendant que son patron
vienne ouvrir. Chose qui se produisit quelques instants plus tard. Le brun
remercia d’un signe de tête son homme de main puis porta son attention sur son
invité. Il s’écarta de l’encadrement de la porte, lui intimant d’entrer. Seishi
obéit sans protester, sans rechigner ou faire le moindre commentaire. Il ne
comptait pas faire d’esclandre devant une autre personne. Mais dès qu’ils
seraient seuls, il ne comptait pas se laisser faire. Mitsuo allait vite se
mordre les doigts d’avoir jeté son dévolu sur lui.
Une fois à l’intérieur et la porte fermée, Seishi se tourna vers le brun, lui
faisant face, le défiant presque du regard. Son vis-à-vis soutint son regard pas
le moins du monde impressionné par la froideur qu’il pouvait rencontrer dans ces
yeux bleu gris. Il s’approcha de lui puis leva la main afin de la poser sur sa
joue. Mais son geste n’atteignit jamais son but. Le châtain le saisit au
poignet, le serrant avec force.
- Je ne vous permets pas de me toucher…
- Hm… Tu sembles déterminé à me résister. » constata avec calme le brun alors
qu’un sourire étirait ses lèvres. « Je m’y attendais, je ne te le cache pas. Et
bien entendu j’ai tout prévu pour que tu n’ais pas d’autres choix que de me
céder. »
- Qu’importe vos projets. Je vous le dis, vous n’arriverez pas à vos fins.
Seishi était déterminé et ne lâcherait pas aussi facilement. Mitsuo pouvait bien
avoir prévu le pire des sales coups, il n’entrerait pas dans son jeu.
L’obéissance était une chose, mais il y avait certaines limites qu’il n’était
pas décidé à dépasser. Laisser son patron faire de lui un objet pour assouvir
une quelconque pulsion, faisait parti des ordres qu’il refusait d’exécuter. Il
était un tueur par un hôte de luxe destiné à tenir compagnie à son client et
satisfaire ses quelques envies physiques.
Lâchant finalement son patron, le jeune homme le bouscula d’un coup d’épaule et
se dirigea vers la sortie. Il posa sa main sur la poignée de la porte puis
ouvrit cette dernière.
- Si j’étais toi, je ne franchirais pas cette porte. » conseilla le brun d’une
voix très calme.
Le châtain s’arrêta mais ne se retourna pas. Quelle solution avait-il trouvé
pour le garder dans cette chambre ? Il n’en avait pas la moindre idée…
Cependant, quoiqu’il puisse avoir en tête, il ne laisserait pas les mailles de
son filet se refermer sur lui.
- Que se passera-t-il si je sors ?
- Si tu le fais, tu signes l’arrêt de mort de Junji.
- Et ? » demanda Seishi en se tournant alors qu’un étrange sourire étirait ses
lèvres. « Vous pensez que ce chantage va vous permettre de m’avoir ? Vous pouvez
le descendre si cela vous chante. Mais je peux vous garantir que vous
regretterez le retour de flammes. »
Les lèvres de Mitsuo s’étirèrent un étrange sourire amusé. Le caractère de son
vis-à-vis allait au-delà de ses espérances. Il aimait les personnes de son
genre, déterminées, indomptables. Il s’amusait à les plier à sa volonté, à les
briser parfois en leur montrant que le défier pouvait être dangereux. Mais, en
ce qui concernait Seishi, il avait l’impression que le soumettre serait bien
plus difficile. Il y avait quelque chose en lui de différent, un petit plus
qu’il n’arrivait pas à analyser. Néanmoins, cela ne faisait que le rendre plus
attirant. Il allait prendre plaisir à dresser ce petit en trouvant ses points
faibles et en les utilisant contre lui.
S’approchant de Seishi, Mitsuo sortit son paquet de cigarettes afin d’en allumer
une. Il planta ensuite son regard dans celui de son vis-à-vis, sans se défaire
son sourire.
- Sache que j’obtiens toujours ce que je veux. Peu importe les moyens employés.
Que tu le veuilles ou non tu seras miens.
- Ce sont des mots que j’entends tellement souvent. Mais étrangement, ils ne se
sont jamais concrétisés. Bonne nuit Hosono-sama.
Sans attendre de réponse, Seishi sortit de l’appartement de son patron. Il
regagna sa chambre plutôt satisfait de cette entrevue au final. Il savait
maintenant à quoi s’attendre de cet homme. Mitsuo était prêt à tout, y compris à
sacrifier Gen pour l’avoir et ce, sans se soucier des conséquences. Dans
d’autres circonstances, le châtain l’aurait trouvé à son goût, étant, en règle
générale, attirer par ce genre de personnes. Hélas, la situation ne lui
permettait pas de s’amuser avec lui. Kouji n’apprécierait guère cette attitude.
Le trahir sur ce point, était la dernière chose qu’il devait faire pour mener à
bien son autre travail.
Se déshabillant calmement, le châtain s’engouffra sous les couvertures dans le
lit. Il s’allongea sur le dos, croisant les bras sous la tête. Il fixa ainsi le
plafond, un étrange sourire aux lèvres alors qu’il repensait à cette entrevue.
Gen rentra à la demeure Hosono vers les trois heures du matin. A peine fut-il
entré que son regard se posa sur Seishi qui s’était redressé sur le lit, en
pointant son arme sur lui. Voyant qu’il s’agissait de son partenaire, il rangea
son pistolet sous l’oreiller et se recoucha avec tranquillité comme si de rien
n’était. Son aîné s’approcha puis s’assit sur le bord du lit, l’observant.
- Alors ? Comment ça s’est passé ? » demanda-t-il en enlevant son haut.
- Comme prévu… » répondit d’un air détaché le jeune homme. « Juste une chose…
Surveille tes arrières maintenant… »
- Il veut donc se débarrasser de moi ?
- Je pense qu’il avait mis un tueur sur ton dos ce soir mais que notre entrevue
l’a convaincu de ne pas te supprimer de suite.
- Je vois… Inutile de me donner plus de détail. J’imagine très ce qui a pu se
passer.
Sans un mot de plus, Gen se releva puis se dirigea vers la salle de bain. Il se
déshabilla complètement avant de se glisser sous la douche. Il laissa l’eau
couler sur son corps pendant quelques minutes avant de se décider à se laver.
Ceci fait, il ressortit puis se sécha avant de passer un boxer propre et son
pantalon. Il ressortit puis vint s’allonger aux côtés de Seishi. Ce dernier
tourna la tête vers lui avant de reporter son attention sur le plafond, les bras
à nouveau croisés sous la tête.
- Gen…
- Quoi ?
- Je pensais aux renseignements que nous devons récupérer… Je me demandais où
Mitsuo avait pu les cacher…
- Hm… Je ne sais pas. Durant les rondes, j’ai bien essayé de fouiner mais je
n’ai trouvé aucunes pistes.
- Hm… Il va falloir qu’on s’active avant qu’il ne t’abatte vraiment. Je ne suis
pas certain que Kouji apprécierait que tu perdes la vie pendant cette mission.
- Et c’est moi qui dois veiller sur toi… » ricana le blond amusé par la
situation inversée. « C’est le comble quand même. En tout cas, ça me touche
beaucoup. Merci. »
- Hm… C’est normal… Maintenant dors.
Sans attendre de réponses, Seishi tourna le dos à son partenaire et ferma les
yeux. Gen sourit doucement tout en l’imitant. Le sommeil fut un peu difficile à
venir après ce qu’il venait d’apprendre. Mais Morphée parvint à venir à bout de
lui et à l’emporter dans des songes apaisants.
Le lendemain, Seishi fut le premier à se réveiller. Sans perdre de temps, il se
lava et s’habilla avant de commencer à rassembler leurs affaires. C’était leur
dernier jour avant leur quarante huit heures de repos. Cette coupure ne leur
ferait pas de mal et leur permettrait de préparer un plan d’attaque afin d’avoir
ces informations. A la fin de la prochaine semaine, il fallait que tout soit
terminé. Seishi avait l’impression que, s’ils ne finissaient pas rapidement, une
catastrophe allait se produire. Bien qu’il ne possède pas le don de voyance, il
avait l’intime conviction que cette histoire allait mal tourner. Mais peut être
était-ce dû à ce rêve qu’il avait fait durant la nuit ? Cependant, il était
prudent et préférait prévenir plutôt que guérir.
Gen s’éveilla à son tour en entendant son partenaire s’activer dans la chambre.
Il se redressa en se passant une main sur le visage puis se leva. Il se dirigea
vers la salle de bain afin de se laver puis s’habiller. Ceci terminé, il sortit,
se sentant un peu plus réveillé. Il fixa Seishi qui refermait leurs sacs.
- Bien dormi ? » demanda l’aîné en se massant la nuque.
- Non pas vraiment…
- Ce tête à tête avec Mitsuo t’a plus travaillé que tu ne le pensais.
- Hm… Sans importance. Allons travailler.
Gen ne put retenir un petit ricanement amusé qui lui valut un regard noir de la
part de partenaire. Lui faisant un clin d’œil, il sortit le premier, suivit de
prêt par Seishi. Tous deux se dirigèrent vers le poste d’un pas calme et serein.
Leur journée ne serait pas bien passionnante comme toujours, accomplissant
simplement des nombreuses rondes de surveillance. Pourtant le temps s’écoula
rapidement et l’heure, pour les deux hommes de partir, sonna.
L’aîné des tueurs retourna à leur chambre afin de prendre leur affaire puis
rejoignit Seishi à la voiture. Ce dernier s’était déjà glissé derrière le
volant, l’attendant avec patience. Il semblait quelque peu pressé de quitter les
lieux. Dans un sens, cela ne le surprenait guère. Il ne devait pas vraiment se
sentir à l’aise dans cette résidence, avec Mitsuo qui lui tournait autour comme
une abeille le ferait avec du miel. De plus les menaces proféraient à l’encontre
de Gen devait plus le troubler qu’il ne voulait l’admettre. Cela expliquait le
fait aussi qu’il veuille mettre un terme rapidement à cette mission en volant
les informations demandés par l’inspecteur Mac Dana.
Son partenaire à peine monté dans la voiture, Seishi démarra et se dirigea vers
la sortie de la résidence. Il quitta les lieux rapidement puis prit la direction
de son appartement. Son partenaire, en voyant le trajet anormal, le fixa.
- Où allons-nous ? » demanda-t-il en haussant un sourcil.
- Chez moi… Ce sera plus sûr… Je ne sais pas pourquoi mais j’ai comme
l’impression que Mitsuo va nous faire suivre…
- Tu as des dons de voyance cachés ?
- Non… C’est juste mon instinct.
Gen ne répondit pas. Dans un sens, son équipier n’avait pas tord. Il avait même
plus que raison de rester sur ses gardes. Après ce qui s’était passé la veille,
Mitsuo était bien capable de les faire suivre afin de connaître l’adresse du
jeune homme et ainsi lui faire une visite surprise. Mais le pire n’était pas
cela… Seishi était parfaitement capable de se défendre contre cet homme… Ce qui
était finalement gênant dans cette histoire, c’était le fait de ne pouvoir
contacter Kouji. S’ils étaient vraiment suivis, le fils Hosono apprendrait toute
la vérité. Autant dire que leur mission serait purement un échec. Donc la
décision du châtain était la meilleure… Contacter Kouji de chez lui, leur ferait
courir moins de risques que d’aller le voir…
Le trajet jusqu’à l’appartement de Seishi prit plus de temps que prévu. Ils
mirent prêt d’une heure et demi pour arriver à destination, les quelques
embouteillages rencontré ne les ayant pas aidés à aller plus vite. Le jeune
homme se gara sur la place de parking qui lui était réservé. Il descendit
ensuite tranquillement de voiture puis prit les bagages dans le coffre. Il
attendit que son partenaire soit sorti pour verrouiller son véhicule et se
diriger vers l’immeuble où il vivait. Il y entra le premier puis emprunta les
escaliers jusqu’au quatrième étage. Arrivé là, les deux hommes longèrent un
petit couloir jusqu’à l’appartement du châtain. Ce dernier ouvrit la porte et
laissa entrer en premier son partenaire. Ce dernier enleva ses chaussures avant
de faire un pas à l’intérieur de la pièce principale qu’il détailla du regard.
- Hm… Pas mal du tout… C’est très sobre.
- Merci.
Après s’être aussi déchaussé, Seishi posa les sacs contre le mur puis s’avança.
Il saisit son téléphone pour appeler Kouji. Après avoir composé le numéro, il
lança le combiné sans fil à Gen qui le rattrapa de justesse. Il porta celui-ci à
son oreille non sans lancer un regard de reproche au jeune homme. Mais ce
dernier l’ignora, se rendant dans la cuisine afin de préparer quelque chose à
manger.
Gen attendit quelques sonneries avant d’entendre la voix de son ami retentir à
l’autre bout de la ligne.
- Shinohara, j’écoute… » fit-il d’une voix froide.
- Bonjour Kouji, c’est Gen. Je t’appelle pour te tenir informer des derniers
évènements concernant la mission.
- Où êtes-vous ?
- Chez Seishi, nous avons deux jours de repos avant de retourner là-bas.
- Bien… je t’écoute.
Gen raconta tout le déroulement de la première semaine à la résidence Hosono,
sans cacher le moindre détail, y compris la menace pesante de Mitsuo. Cacher ce
genre d’information était bien inutile. Il ne savait pas comment il s’y prenait,
mais Kouji arrivait toujours à tout savoir. C’était comme s’il avait posé des
micros partout pour écouter toutes les conversations de ses hommes. Sauf qu’agir
ainsi envers ses employés n’étaient pas dans ses habitudes, à moins de ne
soupçonner une quelconque trahison.
Son récit terminé, le blond attendit patiemment les commentaires de son ami. Il
l’entendit le bruit significatif du briquet, lui signalant qu’il venait
d’allumer une cigarette.
- Alors ?
- Alors vous continuez la mission sans rien changer. Je fais confiance à Seishi
pour ne pas se laisser avoir par Mitsuo, je te fais confiance pour ne pas te
faire descendre. Ramenez-moi ces informations mais restez prudent.
- Bien. Je te recontacte dans une semaine.
- Hm…
Sans attendre plus de réponses, Gen raccrocha le combiné puis rejoignit son
partenaire dans la cuisine. Il l’observa préparer le repas en silence. Faire un
rapport sur ce que Kouji venait de lui dire, n’était pas nécessaire. Il devait
déjà avoir une idée de la conversation. Leur patron se montrait souvent
imprévisible mais en ce qui concernait ce genre de mission, il se détournait
rarement de la route qu’il s’était fixé. Même si les embuches étaient
fréquentes, dangereuses et difficilement surmontable, il ne prenait pas de
raccourcis. Selon lui, pour arriver à son but, la ligne droite était la plus
rapide. Dans un sens ce n’était pas faux… Mais pas non plus tout à fait vrai…
Cependant, Gen s’en moquait. Il obéissait aux ordres et accordait une totale
confiance aux jugements ainsi qu’aux décisions de son ami.
Décidant finalement d’aider son partenaire, le blond s’approcha de lui en
souriant. Seishi le fixa puis ouvrit un placard juste à sa gauche dans lequel
était rangée toute la vaisselle. Gen ne put retenir un petit rire. Visiblement
le jeune homme avait décidé de le mettre au travail sans qu’il le lui demande.
Pendant ce temps, à l’autre bout de la ville, Kouji observait la rue du haut de
son domaine. Il était plongé dans ses pensées, revoyant sa discussion
téléphonique avec Gen. Comme il le pensait, Mitsuo avait jeté son dévolu sur
Seishi, au point de vouloir se débarrasser de son partenaire. Ce qui allait
résulter de cette situation, était une accélération des évènements. Connaissant
comme il connaissait le fils Mitsuo, le brun était certain qu’il ne perdrait pas
plus de temps et chercherait à éliminer au plus vite Gen. Quitte à faire du
châtain un ennemi… Ce n’était pas cela qui l’arrêtait. Pour avoir de qu’il
voulait, il était prêt à sacrifier père et mère. Il n’hésitait pas à supprimer
tout ce qui pouvait l’entraver ou tous les boulets devenus gênants. Chaque
homme, travaillant pour Mitsuo, avait cette crainte, comme une épée de Damoclès
se balançant au dessus de leurs têtes. Cependant, s’il n’hésitait pas se
débarrasser de ce qui le gênait, en parallèle, il savait aussi grandement
récompenser les plus fidèles et les plus travailleurs. Au final, il manipulait
avec soin chaque personne autour de lui, les séduisait à sa façon tout en leur
inspirant de la crainte.
Se détournant de la fenêtre, Kouji s’approcha de son bureau pour saisir son
téléphone. Il composa un rapide numéro et attendit quelques instants avant que
son contact décroche.
- Dans mon bureau. » ordonna-t-il d’une voix froide.
Sans attendre de réponse, il raccrocha puis s’installa dans son fauteuil, le
faisait pivoter vers la fenêtre. Allumant calmement une nouvelle cigarette, son
regard se posa sur les lumières de la ville qui scintillaient de mille feus. Ses
pensées se dirigèrent aussitôt vers Seishi dont l’absence commençait à lui
peser. Au final, il s’était attaché au jeune homme… Lui qui pensait que ce ne
serait qu’une passade… Il s’était trompé… Le jeune homme l’avait visiblement
séduit et dans un sens, cela déplaisait à Kouji qui voyait là une faiblesse de
plus à cacher aux yeux de tous. Il lui devenait difficile de ne pas montrer ses
sentiments aux autres. Il sentait ses barrières se baisser au fil du temps.
C’était une chose inacceptable. Il ne pouvait laisser son entourage devenir une
faille pour lui… Cela lui avait joué des tours une fois… Il ne laisserait pas
l’histoire se répéter.
Une personne frappant à la porte, l’enleva de sa rêverie. Il fit à nouveau
pivoter son fauteuil, tout en ordonnant à son visiteur d’entrer.
- Vous m’avez demandé de venir Kouji-sama ? » demanda Eike, un grand sourire
étirant ses lèvres.
Un signe de tête lui fut adressé en guise de réponse. Franchissant donc la
porte, le jeune homme s’approcha de son patron en sautillant, comme le ferait un
enfant. Il contourna le bureau pour venir ensuite s’asseoir sur le bord, tout en
fixant Kouji.
- Je vous écoute ! Confiez-moi tous vos soucis ! Je saurai vous consoler comme
il faut !
- Eike-kun… » grogna le brun en se passant une main sur le visage. « Je t’ai
fait venir pour te parler du travail dont je t’avais déjà fait part. »
- Ah… Juste ça… » répondit le jeune homme faussement déçu. « Tant pis ! Je vous
écoute ! »
Suite à ces paroles, Eike reprit son immense sourire joyeux. A cette réaction,
Kouji ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Il avait la sensation que son
employé se jouait de lui. Il mimait des changements brusques d’attitudes,
d’humeurs, passant du grand sourire exagéré à la mine boudeuse avant de
redevenir joyeux. A aucun moment, le brun ne l’avait vu sérieux. Même les
situations les plus graves n’arrivaient pas à le déstabiliser. Au contraire, il
semblait s’amuser de cela, comme si c’était un jeu. Pourtant à aucun moment, il
n’avait failli à sa tache. Son travail était toujours fait à la perfection.
Kouji devait bien reconnaitre que Eike l’intriguait de part le mystère qui
l’entourait. Il ne savait rien sur lui, si ce n’était qu’il était un tueur hors
pair, un peu dans le style de Seishi. Il ne ratait aucune mission, obéissait aux
ordres et était particulièrement méthodique dans le travail. Mais le reste, sa
vie, son passé, ce qu’il pensait réellement, le jeune homme n’en parlait pas,
gardant tout en lui comme un précieux secret.
Une main allant et venant devant ses yeux, ramena Kouji à la réalité. Il cligna
un instant les yeux, avant de remonter ses lunettes sur son nez puis de reporter
son attention sur son employé.
- Gen m’a téléphoné tout à l’heure… » commença-t-il en prenant une bouffé de sa
cigarette. « Mitsuo croit qu’il est l’amant de Seishi. Comme il veut posséder
Seishi, il a décidé de supprimer Gen. Ton travail sera très simple… »
- Protéger Gen et Seishi ! » coupa joyeusement Eike en levant une main au ciel.
- C’est ça… Mais fais-toi discret. Ils ne doivent pas savoir que tu es là.
Connaissant Seishi, il n’accepterait pas que j’envoie une autre personne pour le
protéger.
- Je peux comprendre ça !
Oh oui… Il comprenait…
Lui-même n’aimerait pas avoir quelqu’un tout le temps sur son dos, à le veiller
sans relâche. Cela lui donnerait l’impression de n’être qu’une personne sans
défense et faible. Ce qui était loin d’être le cas. Cependant, il devait
reconnaître qu’il avait des faiblesses, comme tout le monde. Mais peu de
personnes les connaissaient, pas même Kouji qui, pourtant, était un être
important à ses yeux. Enfin, peut importait tout cela, il allait protéger Seishi
et Gen dans l’ombre, comme le lui avait ordonné son patron.
Finalement, Eike se leva en silence et s’approcha un peu plus du brun. Il se
pencha doucement sur lui en souriant toujours puis lui vola sa cigarette pour en
prendre une bouffée. Ceci fait, il l’écrasa dans le cendrier et se dirigea vers
la sortie en sautillant encore, l’air toujours aussi joyeux. Néanmoins, il
s’arrêta au milieu de la pièce avant de se tourner à nouveau vers Kouji.
- J’accepte la mission ! Vous retrouverez vos protégés en un seul morceau et
vivant !
Ceci dit et sans laisser le temps à Kouji de répondre, le jeune homme se dirigea
vers la sortie. Un grand sourire aux lèvres, il quitta le bureau tout en faisant
un signe de la main à son patron. Ce dernier poussa un long soupir avant de
rallumer une nouvelle cigarette. Il avait confiance en Eike, il savait qu’il
n’échouerait pas dans sa mission. Ce qui l’inquiétait un peu plus, était l’état
dans lequel il allait retrouver Gen et Seishi… Son employé n’avait pas mentionné
qu’ils seraient sains et saufs, mais vivant. Il n’était donc pas certain de
pouvoir empêcher Mitsuo de les blesser. Ce qui dans un sens n’était pas
surprenant… Aussi bon qu’il soit, son tueur ne pourrait pas s’assurer que Seishi
et Gen ne prennent aucune balle. Ce genre de chose était parfois inévitable. Le
principal, au final, était qu’ils reviennent tous les trois en vie. Kouji n’en
demandait pas plus…
A suivre …