Un employé pas comme les autres
(
La Vie d'un ange de la mort )




 




Titre :  Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 24
Genre :
Yaoï / Policier / Intrigue
Couple :  Euh ... SURPRISE !!
Disclamer :  
Histoire originale qui j'espère vous plaira...


Akiko Hosono


La journée touchait à sa fin. Le soleil baissait lentement à l’horizon, caché derrière les immenses immeubles de la capitale du Japon. Les rues étaient envahies par la population qui, soit retournait à leur domicile, soit profitait du beau temps pour faire quelques emplettes. Chaque personne vivant à Tokyo savait que le calme n’envahirait la ville que très tard dans la nuit. Et encore, il y avait toujours les noctambules qui, pour certain, préféraient s’amuser jusqu’au bout de la nuit, n’ayant pas d’obligations comme la majorité de la population. D’autres s’éternisaient pour des raisons plus professionnelles. Tokyo était une ville qui finalement restait toujours vivante comme la majorité des capitales du monde.

Petit à petit, les ombres, annonçant la venue prochaine de la nuit, s’emparaient des rues. Loin de soucier de ce détail futile, les habitants continuaient de mener leur petite vie tranquille sans jamais s’en détourner. Parmis eux, évoluait Kouji, cigarette entre les lèvres, main dans une poche tandis que l’autre tenait un téléphone portable. Il marchait calmement dans les rues, seul. Mais cela n’était qu’apparence. Il avait toujours quelques hommes de main, non loin, veillant sur lui comme s’il était la prunelle de leurs yeux. Cependant, il ne se souciait pas de leur présence. Pas qu’il ne leur était pas reconnaissant, bien au contraire, mais c’était aussi leur travail, ils étaient payé pour cela.

Terminant sa conversation téléphonique, Kouji rangea son portable tout en se dirigeant vers un passage pour piétons. Il attendit patiemment d’avoir l’autorisation de traverser. Mais alors qu’il avait la possibilité de le faire, il resta sur place, son attention attiré par une vieille dame à ses côtés, qui semblait ne pas oser franchir la voie. Il s’approcha d’elle et s’inclina avec respect.



- Madame, permettez-moi de vous aider à traverser. » proposa-t-il d’une voix neutre tout en proposant son bras.

- Vous êtes bien aimable jeune homme… » accepta la vieille femme en acceptant l’offre.



Kouji l’entraina sur le passage, traversant lentement la route. Il prit son temps, ne pressant pas cette personne âgée. Elle semblait avoir du mal à marcher. C’était la moindre des choses que de l’aider. De plus vu la population présente, il était fort possible qu’elle se fasse bousculer, risquant une mauvaise chute. Les gens, parfois, ne faisaient pas attention au plus faible. Lui n’était pas ainsi.

Une fois de l’autre côté, il libéra son aîné puis lui fit face. Il s’inclina une nouvelle fois alors que la femme le remerciait grandement de son aide. Sans répondre, il s’éloigna, cigarette toujours coincée entre les lèvres. Il retourna ainsi à la société Shinohara. Sa pause était terminée, il était temps pour lui de retourner à ses dossiers. Arrivée à l’immeuble lui appartenant, le brun se rendit directement au dernier étage en empruntant l’ascenseur. Il passa devant le bureau de sa secrétaire qui était déjà parti puis pénétra dans son bureau. Dès qu’il fut entré dans la grande pièce, son regard fut attiré par une présence sur sa droite, celle d’une jeune femme vêtue de noir. Cette dernière, un peu plus grande que la moyenne, aux formes généreuses, mise en valeur par un haut moulant, lui dédia un fin sourire, tout en remettant en place le chignon qui maintenait ses longs cheveux noirs. Elle était assise sur le canapé, les jambes croisées, fixant son patron. Le léger maquillage sombre, entourant ses yeux, faisait ressortir leur couleur ambré. D’un geste lent, elle alluma une cigarette sans quitter Kouji du regard. Ce dernier lâcha un soupir puis alla s’installer sur son fauteuil avant de se tourner vers elle.



- Harano-san… Que me vaut l’honneur de cette visite ? » demanda-t-il en rangeant quelques dossiers.

- Kawamura-san m’a demandé de vous apporter quelque chose. Mais je pense que vous êtes déjà au courant. Il a dû vous avertir à un moment donné.



Sans attendre de réponse, la jeune femme se leva pour s’approcher du bureau de son patron. Elle se plaça à ses côtés tout en lui tendant une clé USB.



- A vous l’honneur… » fit-elle en souriant toujours.



Sans répondre, le brun saisit l’objet et l’inséra dans son ordinateur. Il commença à parcourir les fichiers, observant attentivement chaque donné. Aucun sourire de satisfaction n’étira ses lèvres lorsqu’il découvrit les informations tant recherchées. Il se contenta de tout fermer puis d’enlever la clé, tout en quittant son fauteuil. Il ouvrit son coffre afin de la ranger précieusement à l’intérieur. Ceci fait, il retourna à sa place et fixa Fumei qui n’avait pas bougé.



- Merci Harano-san. C’est du très bon travail. » félicita-t-il en rallumant une nouvelle cigarette.

- Je vous en prie. Ravi de voir que c’était les bonnes informations. J’ai eut, l’espace d’un instant, un léger doute. Vu la façon dont j’ai été éjectée…

- Expliquez-vous…

- C’est difficile… C’est un peu comme si on m’avait permis d’aller les récupérer. Comme si quelqu’un voulait justement que cela tombe entre nos mains. Mais je dois me faire des idées.

- Hm… Je vois… Merci quand même…

- De rien, Shinohara-sama. Au plaisir de vous revoir.



Sans attendre, la jeune femme se dirigea vers la sortie. Elle quitta le bureau sans un mot de plus, dédiant un dernier sourire à son patron avant de fermer la porte derrière elle. Après son départ, le brun reprit son travail là où l’avait laissé avant de partir, tout en pensant à Gen et Seishi. Il avait décidé de les laisser terminer leur semaine à la résidence Hosono, juste au cas où une information importante leur ait échappé. Si Fumei avait raison, alors la famille Hosono leur cachait autre chose. Un détail important que les deux hommes trouveraient peut être en fouinant un peu plus autour d’eux. Pour le moment, la mission continuait donc toujours, même si Kouji se sentait envahi par une étrange sensation… Comme un mauvais pressentiment… Une sorte d’étau lui enserrant le cœur, sans qu’il comprenne d’où cela pouvait provenir. Plus ce sentiment s’élevait en lui, plus il se disait que la présence d’Eike, dans l’ombre de Seishi et Gen, serait plus utile qu’il ne le pensait. Un peu comme s’il était la seule lumière dans les ténèbres environnantes.

Décidant de ne pas laisser ces émotions l’envahir plus, Kouji rouvrit un dossier et s’y plongea. C’était le seul moyen pour lui de ne pas se laisser emporter par ce flux, qui au final lui donnait plus mal à la tête qu’autre chose.



Pendant ce temps, à la résidence Hosono, Seishi et Gen avaient terminé leur tour de ronde depuis déjà pas mal de temps. Ils en avaient profité pour diner relativement tôt pour ensuite retourner dans leur chambre où ils vaquaient à leurs occupations. L’aîné s’était allongé sur le lit, un livre dans les mains tandis que son partenaire regardait encore la télévision en grignotant quelques sucreries. Tout était calme encore pour eux. Mitsuo ne leur avait toujours pas confié de nouveaux contrats. Les deux hommes, au final, commençaient à s’y habituer. Ne faire que des rondes n’avaient rien de passionnant, cependant, cela leur permettait de fouiner un peu dans la résidence, à la recherche d’éventuelles documents ou n’importe quoi d’autre de compromettant pour la famille. Même s’ils n’avaient rien déniché jusque là, ils continuaient toujours leurs observations.

Installés confortablement, les deux hommes se reposaient tranquillement lorsqu’une personne vint frapper à la porte. L’aîné se redressa sur le lit puis se leva calmement afin d’aller ouvrir. Il n’était pas plus surpris que cela d’être dérangé dans la soirée. Mitsuo les faisait toujours appeler le soir pour leur confier un nouveau travail. Ouvrant donc la porter, Gen se retrouva face à Ooku, l’homme qui leur avait fait visiter la résidence lors de leur arrivée.



- Ooku-san… Que puis-je pour vous ?

- Hosono-sama vous demande dans son bureau, Kanahama-san. » répondit l’homme en s’inclinant.

- Très bien, j’arrive.



Gen se tourna vers Seishi qui lui fit un petit signe de tête, lui signifiant qu’il avait tout entendu. Sans un mot de plus, il quitta donc la chambre. Il suivit l’homme de main jusqu’au bureau de son patron puis entra dans la pièce dès qu’il en reçut l’autorisation. Ooku les laissant seul, Gen se tourna vers Mitsuo qui était installé à sa place. Il tendit silencieusement une main devant lui, indiquant un fauteuil, invitation silencieuse à s’asseoir. Le tueur obéit sans discuter et sans quitter son vis-à-vis du regard. Installé, il croisa les jambes avec calme en attendant que son patron daigne lui donner les raisons de sa présence dans son bureau.



- Kanahama-san, je vous ai fait venir ici pour vous confier un nouveau travail, comme vous vous en doutiez. Il s’agit de tuer un homme dans les plus brefs délais, à savoir ce soir. Vous trouverez tous les détails de ce contrat dans ces documents.



Mitsuo poussa doucement un très fin dossier en direction de Gen qui le saisit. Ce dernier l’ouvrit pour le parcourir rapidement du regard. Le contrat lui parut quelque peu étrange. En effet, il lui fallait, visiblement, abattre un professeur d’université qui, semble-t-il, n’avait aucun lien avec la mafia. Bien au contraire, aux vues des détails présents, il semblait être un homme tout ce qu’il y a de plus normal, menant sa petite vie tranquillement. Il avait une bonne place dans une université mais vivait plutôt modestement. Il était difficile de penser que cette personne, somme toute commune, soit devenu une cible de la mafia. Qu’avait-il donc fait pour mériter un tel châtiment ? Avait-il vu quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir ? Gen l’ignorait et cela ne le regardait pas. Mitsuo lui confiait un contrat, il le remplissait, même si les termes ne lui plaisaient guère. Refermant donc le dossier, le tueur fixa à nouveau son patron.



- Le contenu vous convient-il ? » demanda ce dernier avec un fin sourire.

- Tout est complet. Je m’en occupe dès ce soir.

- Bien…



Ne prononçant plus la moindre parole, Mitsuo se replongea dans ses dossiers, laissant son homme de main ressortir de son bureau. Une fois à l’extérieur, Gen rejoignit Seishi dans la chambre. Dès qu’il fut entré, il s’approcha de son équipier et lui tapa doucement la tête avec la pochette cartonnée. Le jeune homme releva les yeux puis saisit l’objet afin de l’étudier à son tour, même si la mission ne le concernait pas. Il parcourut tous les documents en détail, sans rien laisser passer. Ceci fait, il porta un regard intrigué sur son partenaire.



- Je ne comprends pas l’intérêt de tuer cet homme. Il est tout ce qu’il y a de plus normal… Il n’est même pas mentionné qu’il ait pu voir quelque chose qu’il n’aurait pas dû voir.

- Je sais… Et cela m’intrigue tout autant que toi. Cependant, les ordres sont les ordres. Je vais aller le descendre ce soir.



Seishi répondit d’un signe de tête. Il suivit son compagnon du regard alors que celui-ci sortait ses vêtements noirs spéciales mission. Il se détourna lorsqu’il commença à se déshabiller, respectant son intimité. Lorsque Gen eut fini, il s’approcha de son équipier et lui ébouriffa les cheveux doucement en souriant.



- J’y vais… Je veux observer ma cible avant de la tuer. » déclara-t-il en se dirigeant vers la sortie.

- Soit prudent !

- Comme toujours !



Gen ouvrit la porte de la chambre et fit un clin d’œil à son équipier avant de quitter les lieux. Il se dirigea vers sa voiture puis sortit de la résidence, prenant la direction de la ville.

Après son départ, Seishi lâcha un long soupir avant de se replonger dans la télé. Il en avait un peu marre de rester sans rien faire, et enviait presque son partenaire d’avoir obtenu cette mission. Mais cela signifiait aussi que Mitsuo n’allait pas tarder à l’appeler. Il semblait retenter le même coup que la première fois. N’avait-il donc pas compris qu’il ne l’aurait pas ? Apparemment, non… Il semblait avoir du mal à lâcher le morceau. Le châtain allait donc lui faire comprendre une bonne fois pour toute, qu’il ne terminerait jamais dans son lit, quitte à ce qu’il emploie un peu de violence.

S’allongeant sur le canapé, le jeune homme ferma les yeux, tentant de se laisser envahir par le sommeil. Alors qu’il sombrait doucement dans les bras de Morphée, un petit coup contre la porte le ramena à la réalité. Il regarda machinalement l’heure sur son portable avant de se lever tout en soupirant. Mitsuo n’avait pas perdu de temps pour le faire appeler… Ouvrant donc la porte tout en s’apprêtant à voir un homme de main, Seishi resta bouche bée devant la personne qui lui faisait face. Akiko Hosono, vêtue d’une jolie petite robe bleutée, s’inclina devant le châtain.



- Bonsoir, je suis vraiment désolée de vous déranger.

- Vous ne me dérangez pas… Votre frère veut me voir je suppose.

- Pardon ?! » s’étonna la jeune femme en se redressant. « Pas du tout… Je ne viens pas en son nom. Je voulais juste vous demander un service… »

- Un service ?



Seishi pencha la tête sur le côté quelque peu surpris du but de cette visite. Il s’attendait à tout sauf à cela. Que désirait-elle comme service ? Pourquoi le lui demander à lui ? Après tout, elle avait un frère puissant qui pouvait l’aider pour beaucoup de chose. Qu’attendait-elle vraiment de lui ? Il l’ignorait… Mais cette requête, inattendue, faisait naître un étrange sentiment de malaise. Quelque chose d’inexplicable… Totalement ridicule en y réfléchissant bien. C’était comme si cette présence devant lui, apportait un mauvais présage.

Secouant doucement la tête pour chasser ces pensées stupides, Seishi observa plus attentivement la jeune femme. Il lui sembla voir dans son regard une lueur d’inquiétude, comme si quelque chose de grave s’apprêtait à arriver, faisant, d’ailleurs, grandir encore plus son propre malaise. C’était dans ces moments là qu’il regrettait de ne pas avoir un don de voyance en plus du sien. Cela lui serait bien utile parfois…

Finalement, après s’être un peu ressaisi, Seishi s’écarta de la porte afin de laisser Akiko entrer dans la chambre. Il l’invita à s’installer sur le canapé avant de se placer face à elle, s’asseyant par terre. Il l’observa encore avec une grande attention, remarquant de plus en plus cette lueur d’angoisse dans es yeux, accompagné de peines.



- Je vous écoute…



La jeune femme baissa les yeux, quelque peu gênée. Visiblement, elle ne savait pas vraiment par où commencer. Elle était nerveuse, ses mains jouant nerveusement avec les plis de sa robe en les lissant exagérément. Voyant qu’elle ne se calmerait pas, Seishi se leva doucement pour aller chercher un verre d’eau. Il lui tendit ce dernier en lui dédiant un fin sourire qui se voulait rassurant.



- Vous pouvez parler sans crainte…

- Je… Je suis venue parce que je sais que mon frère vous a confié un nouveau contrat.

- A mon partenaire pour être exact… Il s’agit d’un professeur qu’il doit tuer.



A ces mots, la jeune femme observa la chambre, cherchant Gen des yeux. Elle porta ensuite un regard rempli de panique sur Seishi. Elle se leva brusquement pour se diriger vers la sortie mais trébucha sur le tapis de sol avant de tomber. Le châtain se redressa afin d’aller l’aider et se sentit pousser en arrière. Il vit Akiko reprendre la direction de la porte. Intrigué par cette attitude plus que surprenante, il la suivit rapidement et ferma d’un coup sec le battant que son invitée avait ouvert. Il posa ses mains de chaque côté de son visage, la coinçant contre la porte. Il plongea ensuite un regard glacial dans le sien. La jeune femme ne put retenir un frisson en croisant ces prunelles tellement vide d’émotions. Elle baissa instinctivement les yeux de peur de se noyer dans ces ténèbres.



- Vous allez maintenant me dire ce qui ne va pas ! » ordonna durement Seishi.

- Ce… Cet homme… Que votre ami doit tuer… C’est mon fiancé…



Seishi eut un imperceptible sursaut à cette révélation. Il s’écarta en la fixant toujours, les sourcils froncés. Il avait un peu de mal à comprendre les motivations de Mitsuo cette fois ci. Pourquoi voulait-il tuer cet homme, dont sa sœur était tombée amoureuse ? Il devrait au contraire faire en sorte de le protéger. Vu le nombre d’ennemi que cette famille avait, il devait être une proie facile. Mais là, c’était tout le contraire qui se produisait. Le châtain ne comprenait vraiment pas.

Sortant de ses pensées, il reporta son attention sur la jeune femme et vit quelques larmes couler le long de ses joues. Un léger soupir franchit ses lèvres alors qu’il levait une main pour saisir son menton. Il lui releva le visage tout en lui adressant un fin sourire qui tranchait étrangement avec le vide de son regard. Il lui saisit ensuite la main pour l’installer à nouveau sur le canapé avant de prendre place à ses côtés.



- Comment avez-vous su que votre frère nous avait confié ce travail ?

- Je l’ai entendu discuter avec votre partenaire.

- Et donc vous vous êtes dit que vous alliez nous demander de ne pas le tuer ?

- Hm… » répondit Akiko d’un signe affirmatif de la tête. « J’espérais vous convaincre… Je suis prête à tout pour le sauver… Je ne veux pas le perdre… »

- Pourquoi votre frère veut-il le tuer ?

- Parce qu’il le voit comme un obstacle… Voyez-vous… Je suis destinée à épouser le fils d’une autre famille, en affaire avec celle de mon père, mais mon petit ami fait rempart. Je refuse de le quitter.

- Donc Mitsuo ne voit pas d’autres alternatives que de supprimer ce qui est gênant.



Akiko répondit d’un signe affirmatif de la tête. Elle éclata à nouveau en sanglot à l’idée de perdre celui qu’elle aimait. Seishi soupira une nouvelle fois en la voyant pleurer. Il jeta un rapide coup d’œil à son téléphone portable avant de la fixer encore. Il savait qu’il allait commettre une terrible erreur… Que cela leur coûterait leur couverture… Mais, étrangement, il avait envie de l’aider. Il comprenait ses sentiments. Lui aussi avait éprouvé un amour sans borne pour quelqu’un… Il connaissait aussi la douleur de la perte de cet être. Il se souvenait qu’il avait eut l’impression de recevoir une épée en plein cœur. Une autre partie de sa personne s’était brisée, ce jour là. Si lui avait réussi à enterré les morceaux au plus profond de son être, cette jeune femme ne semblait pas avoir la même force. Perdre cet homme serait comme la tuer. Elle ne serait plus que l’ombre d’elle-même.

Posant une main sur la sienne, Seishi lui dédia un nouveau sourire qui se voulait rassurant. Il se pencha pour prendre son téléphone et appela Gen. Il était certain que ce dernier trouverait une solution pour ne pas gâcher leur couverture, tout en laissant la vie à ce professeur. Le châtain attendit quelques sonneries avant d’entendre la voix de son partenaire à l’autre bout du fil.



- Seishi ? Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-il inquiet, craignant que Mitsuo soit arrivé à ses fins.

- Nous avons un léger problème… Cet homme que tu dois tuer, est en fait le fiancer de la sœur de Mitsuo. Il veut l’abattre parce qu’il est une gêne pour la famille. Il empêche Hosono-san d’épouser le fils d’un autre clan avec qui ils sont en affaire.

- Une histoire de mariage arrangé… » soupira l’aîné quelque peu dépité par cette nouvelle. « Je me demandais pourquoi il fallait à tout prix tuer cet homme. Donc si tu m’appelles, c’est que tu désires que je le laisse en vie, mais sais tu ce que cela va nous coûter ? Notre mission risque d’en pâtir. En plus tu offres une occasion en or à Mitsuo de m’abattre. »

- Je sais…



Un silence prit place entre les deux hommes. Seishi entendait Gen légèrement grogner à l’autre bout du fil, témoignant de son agacement mais aussi de son dilemme. Sa conscience professionnelle devait certainement affronter son côté humain. Il devait avoir du mal à choisir entre servir Kouji ou laisser un innocent en vie. Pourtant le choix devait être facile à faire… Selon Seishi du moins qui avait l’impression de se voir à la place de la jeune femme. Finalement, Gen se racla la gorge tout en changeant le téléphone d’oreille, ayant décidé de la meilleure marche à suivre.



- C’est d’accord Seishi… Je vais trouver une solution sur place. Toi, va trouver Mitsuo et essaye de le convaincre de ne pas le faire abattre.

- Tu sais ce qu’il va me demander en échange.

- Là, c’est à toi de trouver une issue de secours.

- Bien…



Soupirant, le jeune homme raccrocha le combiné avant de porter son attention sur la jeune femme. Il lui dédia un nouveau sourire et fit un signe de tête.



- Il accepte de le laisser en vie.



La réaction de Akiko ne se fit pas attendre, elle se leva pour aussitôt s’incliner devant le jeune homme, le remerciant grandement pour tout ce qu’il venait de faire. Seishi lâcha un nouveau soupir, tout en la faisant se redresser. Il garda un instant ses mains sur ses épaules puis se détourna pour se diriger vers la sortie de la chambre. Il lui fallait rendre visite à Mitsuo et essayer de trouver un moyen de laisser ce professeur en vie tout en évitant le lit. Cela ne serait pas une chose aisée.

Prenant la direction du bureau de son patron, suivit de prêt par Akiko, le jeune homme cherchait un moyen d’arriver à ses fins. Il allait devoir jouer tout en finesse. La personne qu’il allait avoir face à lui, était un spécialiste de la manipulation. Même si cette dernière n’avait pas fonctionnée jusque là, cette fois ci, Mitsuo avait plus de cartes dans ses manches que lui. Tout serait beaucoup plus compliqué.

Arrivé devant la porte, Seishi frappa doucement trois coups et attendit un ordre qui ne vint jamais. Fronçant les sourcils, il retenta une nouvelle fois en frappant plus fortement. Peut être que son patron n’avait pas entendu, trop absorbé par ses dossiers. Mais une fois de plus, personne ne répondit. Intrigué, il posa sa main sur la poignée de la porte afin d’entrer mais la main de Akiko l’arrêta.



- Que faites-vous ? Vous ne pouvez pas entrer ainsi ! S’il vous surprend, vous imaginez ce qu’il vous fera.

- Je n’ai pas vraiment peur de lui. Laissez-moi faire !



Il repoussa brusquement la jeune femme pour tenter d’ouvrir à nouveau la porte mais celle-ci était fermée à clé. Grognant, le châtain sortit une boite relativement plate de la poche intérieure de sa veste pour en sortir un petit crochet. Il s’apprêta à se mettre à genou pour faire sauter la serrure à sa façon lorsque des bruits de pas attirèrent son attention. Il se redressa immédiatement tout en fixant le couloir en direction du bruit. Un homme de main apparut devant eux. Il s’arrêta à quelques pas d’eux, quelque peu surpris de les voir à une heure aussi tardive en ce lieu.



- Que faites-vous ici ?

- Nous voulions voir mon frère. » répondit immédiatement Akiko.

- Il s’est absenté de la résidence.

- Pour allez où ? » demanda Seishi d’une voix neutre.

- En quoi cela vous regarde-t-il ? Quittez ce couloir.

- Je vous en prie. Nous avons une chose importante à lui dire. C’est une question de vie ou de mort. » argumenta la jeune femme avec sincérité.



L’homme de main fixa la sœur de son patron. Si un tel avertissement venait d’elle, celui-ci ne pouvait être que vrai. Il devait certainement se tramer quelque chose autour de Mitsuo qui risquait de le mettre en danger. Du moins, tel était la vision du garde de cette situation.



- Hosono-san, je ne sais pas où votre frère est parti. Tout ce que j’ai entendu dire, c’était qu’il avait un rendez vous important qui ne pouvait pas attendre. J’ignore le lieu et l’heure.

- Merci quand même… » fit Akiko en s’inclinant avec respect.



Grognant devant le manque d’information, Seishi reprit la direction de sa chambre en courant presque. Il entra dans la pièce avec force puis s’approcha de la table basse pour en saisir son portable. Alors qu’il se penchait, un petit éclat lumineux, provenant d’une lampe de chevet située à côté du canapé, attira son attention. Fronçant les sourcils, il délaissa son téléphone pour s’approcher de l’objet en question. Il saisit le luminaire par le pied avant de la retourner dans tous les sens à la recherche de ce qui avait pu produire l’éclat. Il finit par trouver une sorte de petit carré métallique mesurant à peine cinq millimètre, collé sur une tige de la lampe, en métal, plat et placée non loin de l’ampoule. Positionné ainsi, l’objet donnait l’impression de faire partie de la source de lumière. Cependant, Seishi savait que cela n’était pas le cas. Il l’arracha donc puis l’observa sous toutes les coutures avant de donner un méchant coup de poing dans le mur.



- Que se passe-t-il ? » demanda brusquement Akiko qui venait d’arriver.

- Nous nous sommes fait avoir…

- Pardon ?

- Gen et moi… Il savait depuis le début qui nous étions… Il nous a piégés…



Saisissant son portable, le châtain s’élança dans le couloir, vers la sortie de la résidence. Dès qu’il fut dehors, il s’arrêta, réalisant qu’il n’avait aucun moyen de se rendre sur là où se trouvait Gen. De petits éclairs commencèrent à apparaître dans le regard de Seishi, signe évident de colère. Il regarda autour de lui, à la recherche d’un véhicule et en aperçut un non loin. Alors qu’il s’y dirigeait, une voiture déboula devant lui et pila avant de le faucher, s’arrêtant à quelques pas de lui. Akiko ouvrit la fenêtre et passa la tête.



- Montez ! » ordonna-t-elle vivement.



Seishi ne se le fit pas dire deux fois. A peine fut-il à l’intérieur de la voiture que la jeune femme écrasait l’accélérateur. Elle franchit le poste de garde de la résidence sans ralentir, s’engouffrant dans les rues de ce petit quartier calme en dehors de la ville. Elle prit la direction de la capitale, sachant parfaitement où se diriger. Cela ne surprit guère le tueur… Son fiancé était la cible. A cette heure ci de la soirée, il devait certainement se trouver chez lui, sans se douter de ce qui l’attendait. Sans savoir qu’il était la cible de la mafia… Sa crainte finalement ne devait pas venir de Gen mais bien de Mitsuo… Ce dernier devait certainement avoir décidé d’éliminer le jeune homme mais aussi le bras droit de Kouji. Ce dernier point devait être une occasion inespérée pour lui de déstabiliser un adversaire dangereux.



- Inazuma-san… Qu’est-ce que mon frère a découvert ? » demanda brusquement Akiko, le faisant sortir de ses pensée.

- Qui nous étions vraiment… En fait, nous nous sommes infiltrés dans votre famille afin de grainer des informations pour le compte de Kouji Shinohara.

- Kouji… Shinohara ? Je vois… Mitsuo ne vous aucun cadeau…

- Je sais…



Appuyant un peu plus sur l’accélérateur, la jeune femme sentait l’angoisse monter en elle. Elle craignait de plus en plus pour la vie de son amant. Il était finalement devenu qu’un prétexte pour piéger le bras droit de la société Shinohara. C’était ainsi qu’elle le voyait. Elle connaissait bien Mitsuo et sa priorité était de toujours supprimer tout ce qui gravitait autour de Shinohara. Le reste n’était que vulgaire grain de poussière à ses yeux. Un coup de balai suffisait à les faire disparaître.

Tout en la laissant les conduire, Seishi tenta de contacter son partenaire. Hélas, toutes les fois où il essaya de le joindre, son appel échoua sur la boite vocale. Gen ne pouvait pas avoir éteint son téléphone. Donc, il devait être dans un endroit où il ne captait son réseau. Le châtain lâcha un grognement tout en se disant que ce genre de lieu ne devrait plus exister… Il pouvait tenter de contacter Kouji mais cela ne lui serait pas tellement utile… Il savait que le brun ne serait jamais à temps sur les lieux… De plus sa priorité était de joindre Gen afin de l’avertir de la présence de Mitsuo. Il tenta encore vainement de l’avertir… Ce fut à chaque fois un échec…



- Je n’arrive pas à joindre Gen…

- Essayez mon ami…



Akiko donna le numéro de téléphone de son amant. Seishi tenta de le contacter mais son portable le mena directement sur la messagerie, signe qu’il était bel et bien éteint. La jeune femme lui transmit le téléphone de la maison. Ce fut un nouvel échec. Mais pour ce dernier, le plus inquiétant était la petite sonnerie rapide qu’il entendait, comme si le téléphone était mal raccroché ou comme si la ligne était occupée. Etait-ce vraiment l’un de ces problèmes ? Ou bien Mitsuo avait-il fait couper les fils du téléphone ? Comment savoir…

Cependant, toutes ces défaites firent naître un sentiment d’angoisse chez les deux jeunes gens. Akiko ne put qu’accélérer encore tandis que Seishi s’acharnait avec le téléphone.

C’était une course contre la montre qui venait de débuter mais aussi une course contre la mort…



 

 

A suivre …