Un employé pas comme les autres
(
La Vie d'un ange de la mort )





Titre :  Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 26
Genre :
Yaoï / Policier / Intrigue
Couple :  Euh ... SURPRISE !!
Disclamer :  
Histoire originale qui j'espère vous plaira...


Un étrange songe


La voiture de Seishi roulait à grande vitesse dans les rues de la capitale. Le châtain qui était installé à l’arrière avec Gen grièvement blessé, indiquait la route à Akiko Hosono afin qu’elle les mène chez son ami et médecin le professeur Leblanc. La route était longue et chaque minutes qui passait rendait l’état de Gen particulièrement inquiétant. Le bras droit de Kouji perdait toujours du sang même si c’était en moindre quantité. Le châtain à ses côtés maintenait toujours sa veste sur la plaie afin de limiter la perte du liquide carmin. Il l’observait attentivement, s’inquiétant pour lui au point de ne plus prêter attention à ses propres blessures. Il avait mal, certes… Il ne pouvait nier cette évidence. Mais à côté de son partenaire, il n’avait que des égratignures.

Observant encore son aîné, Seishi lui trouva le teint de plus en plus pâle alors que sa respiration semblait ralentir. C’était comme s’il se laissait emmener par la mort. Comme s’il n’avait plus la force de se battre contre elle. Le châtain serra les dents à cette constatation et commença à le secouer doucement.



- Gen… Réveille-toi… Gen !



Il ne devait pas le laisser dormir, ou même perdre connaissance, sinon il n’était pas certain de pouvoir le réveiller. S’il venait à perdre la vie, jamais le jeune homme ne se le pardonnerait. Kouji risquait aussi de lui en vouloir. Même s’il ne lui avait donné la mission de le protéger, pour le tueur, il était devenu normal de faire en sorte qu’il ne lui arrive rien.

Voyant qu’il n’obtenait pas de réaction ou de réponses de Gen, Seishi le secoua un peu plus, sentant l’angoisse l’envahir.



- Gen ! Je t’en pris réponds-moi ! Gen !!



Kenji, installé à côté du chauffeur, se tourna vers lui, inquiet. Il observa aussi le tueur qui ne revenait toujours pas à lui. A son tour il tenta de le secouer un peu, tout en l’appelant. Mais rien… Gen ne semblait pas se réveiller. Seishi, fou de rage contre lui-même, se mordit violemment l’intérieur de la joue afin de contenir le flux d’émotion qu’il sentait monter en lui. Un filet de sang s’écoula à la commissure de ses lèvres alors que quelques larmes perlaient à ses yeux. Sentant quelque chose de chaud couler sur l’une de ses joues, Seishi se passa une main sur le visage avant de constater qu’il n’avait pu se retenir. Il commençait à pleurer… Serrant les poings et les dents, il se retint de hurler toute la douleur qu’il pouvait ressentir à l’idée de perdre son ami. Cette colère mélangée à cette peine qu’il éprouvait, le surprenait de plus en plus. Il ne pensait s’être attaché autant à cet homme en trois semaines. Lui qui s’était juré ne de plus laisser qui que ce soit pénétrer son cœur… Par deux fois, il s’était fait avoir… Kouji l’avait séduit, Gen aussi dans un sens. Et maintenant, comme à chaque fois qu’il s’attachait à une personne, celle-ci disparaissait. Tout était de sa faute… Il n’avait pas su le protéger comme il fallait. Jamais, il n’aurait dû le laisser partir faire cette mission. Pas tout seul du moins… Il aurait dû désobéir aux ordres de Mitsuo et l’accompagner. Peut être tout se serait-il passé autrement ? Le jeune homme essayait de s’en persuader.

Le corps de Seishi commença à être pris de tremblement. Il ravala ses sanglots tout en saisissant l’un des bras de Gen. Il le serra avec force, seul moyen qu’il avait de retenir la colère et la douleur en lui. Il ne voulait pas laisser ses sentiments jaillir de lui ainsi. Il se devait d’être fort. Il ne fallait pas qu’il laisse ses émotions le briser comme cela s’était déjà produit par le passé.



- Hm… Une balle… dans le… ventre… ça ne suffit… pas… » fit faiblement Gen en grimaçant. « Tu veux… me… casser le bras… »

- Gen…



Seishi le fixa quelque peu surpris de le voir éveiller. Il s’était donc trompé… Il était encore en vie, certes blanc comme un linge mais bien vivant. Le châtain sentit comme un grand soulagement l’envahir alors que son cœur battait à tout rompre. Il avait vraiment cru mort pendant un instant…



- Gen… Tu m’as fait une de ses peurs… J’ai cru que tu étais mort…

- Idiot… Je ne faisais… que me reposer… Mais… c’est… gentil… de te faire… du souci pour… moi…

- C’et normal…



Le regard de Seishi se fit un peu plus doux, ce qui l’espace d’un instant choqua Gen. Celui-ci eut l’impression de rêver, tant et si bien qu’il mit cela sur le dos d’une hallucination dû à sa blessure. Seishi ne pouvait pas avoir ce genre de regard pour qui que ce soit. Pas même pour Kouji… Il avait su prouver à de nombreuses reprises qu’il était un homme sans pitié, ne laissant rien l’entraver. Il pouvait éprouver de la sympathie pour quelqu’un, voir une certaine attirance mais il ne devait pas laisser plus de sentiments l’envahir. C’était la perception que l’aîné avait eut de lui en travaillant à ses côtés. Il avait compris qu’une chose, ou plusieurs, dans son passé l’avait profondément blessé. Dans un sens, il ressemblait à Kouji sur ce point. Le désir de tout écarter de sa vie afin de ne plus souffrir… Gen avait la sensation d’être un pilier pour les deux hommes, tentant de les maintenir à la surface pour qu’il ne détruise pas les derniers esquifs d’humanité qui leur restait. Il était peut être présomptueux de penser cela, mais il avait cette sensation… Tout comme il avait l’impression qu’une personne veillait sur eux de l’extérieur, caché dans l’ombre.

Tentant de se redresser, Gen lâcha un grognement de douleur avant de se laisser tomber sur les genoux de Seishi. Ce dernier ne put retenir un soupir devant cette attitude plus qu’inconsciente.



- Sombre idiot, reste couché !

- Hm… Mal…

- On va chez le Professeur Leblanc.

- Bonne… idée…



Le reste du chemin se fit en silence. Il fut plus lent que ne l’aurait souhaité Seishi… Il avait hâte que le professeur Leblanc commence à soigner Gen. Au moins il pourrait le rassurer quant à son état. S’engageant dans des petites rues dans le quartier Koshikawa, Akiko trouva rapidement la maison après avoir bien suivit les indications de Seishi. Elle se gara devant la maison de l’homme qu’ils devaient aller voir puis ouvrit la porte au châtain qui descendit rapidement. Celui-ci contourna le véhicule pour venir chercher son partenaire. Il l’aida à se mettre sur ses jambes tout en le soutenant. Kenji s’approcha dans le but de l’aider mais le jeune homme le repoussa.



- Je n’ai pas besoin d’aide.

- Mais vous êtes blessé vous aussi.

- Sans importance.



Sans un mot de plus, il s’avança vers la maison. La porte d’entrée s’ouvrit avant même que quelqu’un n’ait eut le temps de frapper. Le professeur Leblanc se dressait dans l’encadrement, les bras croisés, le regard rempli de reproches. Mais en croisant le regard de Seishi, il comprit ce qui se passait en lui, la culpabilité qu’il ressentait. Il s’écarta donc de son chemin, prêt à l’aider à tout moment.



- Bonsoir Professeur… Désolé de vous déranger encore…

- Seishi… Laisse, je m’occupe de lui.



Ne lui laissant pas le temps de répondre, Leblanc arracha Gen des bras du jeune homme puis le confia à son assistant qui l’emmena vers une pièce où il pourrait s’occuper de lui. Il se tourna ensuite vers le châtain qui lui dédia un fin sourire. Avant qu’il n’ait pu le remercier, Seishi sentit la tête lui tourner alors que tout devenait noir autour de lui. Il s’écroula doucement dans les bras du professeur qui fronça les sourcils, inquiet de son état. Il regard alors à l’entrée de la maison, les deux jeunes gens présents.



- Aidez-moi ! Prenez-le et conduisez le dans la seconde pièce à droite au fond du couloir. Je vais m’occuper de son ami en priorité. Faites en sorte qu’il ne fasse pas le moindre mouvement.

- Bien. » répondit Kenji en attrapant Seishi pour le trainer dans la pièce en question.



Avec l’aide d’Akiko, il parvint à le hisser sur l’une des tables présentes. La jeune femme décida de lui enlever ses vêtements afin que le médecin ne perde pas de temps à le soigner. Ils firent en sorte que les blessures ne saignent pas plus et ne s’infectent pas, en les couvrants de compresses stériles.

Pendant ce temps, le professeur et son assistant s’occupèrent de Gen. Ils parvinrent à lui enlever la balle qui par chance n’avait pas touché d’organes vitaux. Elle s’était juste logée entre les intestins sans les perforer, ce qui tenait du miracle. Le reste du travail de l’opération se passa sans encombre. Leblanc termina de le soigner avec attention puis referma la plaie avec des sutures avant de faire un bon pansement qui entoura la taille de bras droit de Kouji. Ceci terminé, il confia le soin à son assistant de le mettre dans une chambre à l’étage afin qu’il puisse se reposer sans être dérangé.

Le professeur quitta donc la salle pour gagner celle où se trouvait Seishi. Il entra dans la pièce puis demanda à Akiko et Kenji de sortir. Il s’habilla correctement, enfilant une nouvelle blouse, mettant un masque, une charlotte sur la tête. Il se lava ensuite soigneusement les mains jusqu’aux coudes avant d’enfiler des gants. Ce ne fut qu’après ce petit rituel qu’il s’approcha de son ami pour regarder les plaies. Il attendit son assistant avant de commencer à extraire les deux balles qu’il avait reçu. Comme pour Gen, il le soigna méticuleusement puis le mit dans une autre chambre à côté de celle de son compagnon. Il y avait, cependant, une différence entre les deux… Seishi avait une perfusion contenant juste du glucose tandis que Gen avait besoin de sang pour palier à la perte conséquente qu’il avait eut.

Son travail achevé, le professeur remercia son assistant pour son aide et l’autorisa à rentrer chez lui. Il retourna voir ses deux derniers invités qui l’attendaient dans le couloir. Il s’inclina avec respect devant eux.



- Veuillez excuser mon manque de savoir vivre… Je vous ai un peu traité en esclave.

- Ne vous en faites pas professeur… Nous devions bien cela à Gen et Seishi. Ils nous ont sauvés la vie. » expliqua la jeune femme en souriant doucement.

- Je m’en suis douté.

- Dites-nous…. Comment avez-vous su que nous allions arriver ? » demanda alors Kenji intrigué par ce détail. « Vous sembliez nous attendre à l’entrée. »

- Quelqu’un m’a averti.

- Quelqu’un ?



Le professeur répondit d’un sourire puis se dirigea vers le salon. Il invita les deux jeune gens à le suivre et à s’installer sur le canapé. Sans un mot, il se dirigea vers la cuisine afin de préparer du thé. Il revint au bout de quelques minutes avec un plateau contenant, la boisson en question mais aussi une assiette d’assortiment de petits gâteaux au chocolat. Il posa le tout sur la table puis servit les tasses de thé.



- Voilà… Un bon thé chaud pour vous aider à vous remettre de vos émotions.

- Merci… » répondit Akiko en s’inclinant avec respect.



Ils prirent le thé dans le plus grand silence, chacun plongé dans ses pensées, se remémorant la soirée, avec plus ou moins de crainte. Le professeur Leblanc était le seul à être serein, ayant confiance en lui en tant que médecin. Il savait que ses patients s’en sortiraient.

De longues minutes s’écoulèrent ainsi, bercées par le tic tac agaçant d’une horloge. Une personne sonnant à la porte de la maison, attira l’attention de Leblanc qui se leva doucement pour aller ouvrir. Il se trouva face à un homme habillé d’un costume sombre, au regard froid et pénétrant. Le français inclina la tête ne s’attendant pas à voir cette personne sur son palier. Il avait déjà vu de nombreuses photos de lui dans les journaux. C’était un homme plutôt réputé dans le monde des affaires, très apprécié de tous de part ses dons pour des œuvres de caritatives. Mais il était aussi une personne de l’ombre, un yakuza… Quelqu’un que la police ne parvenait pas à faire tomber. Ce mafieux était là sur le pas de la porte.



- Je suis Kouji Shinohara, le patron de Gen et Seishi. » se présenta-t-il brusquement ramenant son vis-à-vis à la réalité. « J’ai appris qu’ils étaient ici. »

- Je sais qui vous êtes, monsieur Shinohara. J’ai beaucoup entendu parler de vous. Je vous en prie entrez…



Le brun pénétra dans la maison et enleva ses chaussures à l’entrée, comme il le faisait toujours. Il se tourna ensuite vers le maître des lieux, le fixant avec froideur. Ce dernier ferma soigneusement la porte derrière lui puis le fixa à son tour, souriant toujours, l’air très aimable.



- Désirez-vous du thé ?

- Serait-il possible d’avoir un café à la place ?

- Bien entendu. Veuillez me suivre.



Sans discuter, le brun suivit son aîné jusqu’au salon. Il y trouva Akiko Hosono et son fiancé qu’il salua d’un signe de tête. Il s’installa face à eux avant de reporter son attention sur le professeur qui ne lui laissa pas le temps de l’interroger sur l’état de santé de Seishi et Gen. Il quitta la pièce afin d’aller prépare son café.

Dans la cuisine, Leblanc s’activait pour faire un café digne de ce nom à son invité de marque. Machinalement, il regarda par la fenêtre et aperçut une silhouette familière. Plissant un peu les yeux, il reconnut le jeune homme aux longs cheveux brun attaché en natte. Lâchant un soupir, il prépara une tasse de café dans laquelle il ajouta de la crème avant de la saupoudrer de chocolat. Ceci fait, il sortit par la porte arrière. Il contourna silencieusement la maison par le petit jardin pour le rejoindre et finit par le trouver, adossé à un arbre, souriant comme toujours, son expression joyeuse ne quittant pas son visage.



- Eike…

- Vous avez l’air en forme professeur.

- Toi aussi, cela fait longtemps. Mais tu ne devrais pas être ici. Tu sais que c’est risqué pour toi.

- Ne vous en faites pas pour moi. Je me cacherai au moindre problème.

- Je te fais confiance. Tiens je t’ai apporté un capuccino fait maison, je l’ai bien sucré.

- Merci !!



Eike sauta presque sur le professeur pour lui prendre des mains la boisson. Il retourna ensuite prêt de son arbre tout en sirotant doucement le précieux liquide, les joues légèrement rosées de plaisir. Le français ne put retenir un petit rire en constant que son ami ne changeait pas avec les années. Il l’observa un instant puis lui fit un signe de la tête, lui faisant comprendre qu’il devait rentrer pour s’occuper de ses invités. Eike le salua de la main tout en buvant son capuccino.

Retournant sans la maison, le professeur servit donc la tasse de café, avant de l’amener dans le salon où ses invités demeuraient, silencieux. Il déposa la boisson devant Kouji puis prit place à ses côtés en souriant toujours.



- Est-ce que cela dérange si je fume ? » demanda brusquement le yakuza en sortant son paquet de la poche intérieure de sa veste.

- Non, faites donc.

- Merci… » répondit le brun en allumant une cigarette. « Alors comment vont-ils ? »

- Ne vous en faites pas pour eux. Ils sont hors de danger. Ils se reposent juste à l’étage. J’ai mis Seishi sous perfusion afin que son organisme reprenne un peu de force et pour Gen, je lui ai mis une poche de sang. Je lui en donnerais une autre, tout à l’heure.



Kouji tira sur sa cigarette puis souffla un nuage de fumée, cachant ainsi son soupir. Il se sentait rassuré pour les deux hommes. Les perdre l’aurait très certainement affaibli psychologiquement parlant. Le fait d’être autant attaché à eux, signifiait qu’ils étaient aussi son point faible. Lui qui ne voulait plus connaître ce genre de choses… Il n’avait pu empêcher plusieurs personnes d’entrer dans sa vie, dans son cœur, de lui remontrer ce que le mot vivre signifiait. Certes, il restait toujours aussi froid à l’extérieur mais à l’intérieur, il brûlait. Il lui était difficile parfois de montrer combien il tenait à ceux qu’il aimait. Gen, le connaissant parfaitement, savait très bien voir les petits signes d’attention et d’attachement. Eike, aussi, était capable de les décrypter… Mais pour Seishi, c’était plus difficile… Le jeune homme était tout aussi fermé que lui dans un sens. Il semblait ne pas vouloir non plus s’attacher à quelqu’un. Il devait très certainement craindre de le perdre du jour au lendemain. Comme il le comprenait…

Se ressaisissant, le brun porta son attention sur Akiko et Kenji, entamant la discussion avec eux, tentant de comprendre ce qui avait pu se passer dans sa famille.



Pendant ce temps, Seishi était toujours allongé sur son lit, sans connaissance. Il semblait calme, serein comme s’il savait son compagnon hors de danger. Il donnait l’impression de vouloir se détendre, se reposer. Son corps comme son esprit avait besoin de récupérer de toutes les émotions et blessures qu’ils avaient pu subir. Mais, ainsi couché, il ressortait de son être une grande impression de fragilité. N’importe qui pouvait l’agresser… Il était incapable de se défendre. L’épuisement l’avait totalement emporté sur sa force physique et psychologique.

Totalement livré au monde extérieur, comme à son fort intérieur, il ne put empêcher son esprit de partir dans un rêve, aux notes étranges d’un passé lointain et presque oublié.



Seishi était assis sous un arbre dans la propriété de son père se trouvant aux Etats-Unis. Sa chère et douce mère était là, assise à ses côtés, le tenant dans ses bras, sa main caressant ses cheveux avec douceur. Il ne voyait pas son visage comme si sa mémoire l’avait effacé. Mais, il entendait sa voix chantonnant de façon mélodieuse et apaisante. Il se sentait tellement bien là… En paix pour une fois dans sa vie d’enfant, sans craindre de voir surgir l’homme de ses cauchemars.

Fermant les yeux pour se laisser bercer encore par la mélodie de sa maman et ne pas gâcher ce doux moment, il sentit une main venir serrer la sienne. Surpris, le châtain rouvrit les yeux pour fixer l’origine de ce contact. Il vit alors de l’autre côté de sa mère, serré contre cette dernière, un autre petit garçon de son âge, mais plus important, lui ressemblant trait pour trait. La seule différence entre eux était leur couleur de cheveux… Seishi les avait châtain tandis que son vis-à-vis était totalement argenté.

Effrayé par cette vision à laquelle il ne s’attendait pas, Seishi recula assez brusquement, rompant le contact avec sa douce mère. Cette dernière sembla le regarder, certainement avec douceur, mais l’enfant n’était certain de rien, ne parvenant pas à distinguer les traits de son visage.



- Seishi… Que t’arrive-t-il mon ange ? Ce n’est que Sei… » tenta de le rassurer sa mère.

- Sei ?

- Ton frère…



Cette révélation eut l’effet d’un terrible coup de couteau dans le cœur de l’enfant. Tout se brouilla autour de lui, le paysage devenant sombre, oppressant… Le jardin laissa place à une grande pièce plongée dans une semi obscurité. Autour de lui, se tenait sa mère, son père mais aussi d’autres hommes qui tentaient d’emmener l’enfant qui lui ressemblait tant. Celui-ci tendait la main dans sa direction, l’appelant, hurlant de venir l’aider. Instinctivement, Seishi tenta de le secourir en frappant, en mordant les hommes qui voulaient l’enlever. Hélas, un violent coup lui fut porté au visage et le châtain s’écroula au sol, gémissant de douleur. Il ouvrit faiblement les yeux pour voir son double être tiré de force en dehors de la pièce. Il tendit la main dans sa direction comme si cela pouvait tous les arrêter.



- S… Sei…



Tout redevint noir autour de lui…

Oppressant…



Seishi se redressa en sursaut dans le lit, tremblant comme une feuille. Il se passa une main sur le visage, tentant de reprendre ses esprits. Ce n’était qu’un mauvais rêve… Juste un mauvais rêve… Mais tellement déstabilisant… Il avait l’impression d’avoir déjà vécu ce qu’il venait de voir. Ce garçon lui était tellement familier… Mais peut être était-ce juste son imagination, une sorte de projection de ce qu’il aurait désiré connaître… Etre enlevé des griffes de ce père, avait toujours été son plus grand souhait. Il le réalisait à travers un horrible songe dont il se serait finalement bien passé. Tout cela n’était donc qu’un vulgaire tour de son imagination et son esprit. La fatigue lui jouait des tours, ni plus, ni moins. Dans un sens, il recevait là une bonne leçon pour avoir encore présumé de ses forces.

Regardant la perfusion dans son bras, Seishi l’arracha doucement puis quitta le lit. Il tituba avant de se sentir tomber. Heureusement, il se rattrapa de justesse au mur. Soufflant, il s’aida de celui-ci pour quitter la pièce. Il arriva en haut des marches et les observa avant de soupirer longuement tout en fermant les yeux. S’il ne tombait pas, cela tiendrait du miracle. Alors qu’il s’apprêtait à descendre, il fut arrêté par une main puissante qui le saisit à la taille. Il rouvrit brusquement les yeux et tourna la tête vers Kouji qui le fixait durement. Il ne l’avait entendu monter, ni senti sa présence à ses côtés. Encore un mauvais tour de ses sens trop fatigué pour fonctionner normalement. Se laissant aller dans les bras rassurant de cet homme, il commença à descendre les marches.



- Merci Kouji…

- Tu aurais dû m’appeler… Heureusement que j’avais décidé de venir voir si tout allait bien.

- Je suis désolé… J’ai dû faire usage de mon pouvoir devant lui…

- Tu n’as pas eu le choix non plus. C’était ça où vous vous faisiez tuer. Donc, tu es pardonné pour cette fois.



Seishi esquissa un sourire à ces paroles. Il se laissa guider jusqu’au salon, appréciant le contact si proche de Kouji. Il s’était rarement sentit aussi bien dans les bras de quelqu’un. Le brun avait quelque de rassurant malgré sa froideur. Le châtain avait l’impression de pouvoir se reposer sur lui sans qu’il ne s’écroule. C’était tellement agréable de pouvoir se laisser aller de temps à autre…

Arrivé dans le salon, le brun l’installa sur le canapé aux côtés du professeur Leblanc. Ce dernier le fixa et lâcha un soupir, quelque peu dépité en voyant qu’il avait arraché sa perfusion. Il saisit alors une tasse et lui servit une bonne tasse de thé bien sucré avant de la lui tendre.



- Bois ça… Ca ne te fera pas de mal…

- Merci professeur… » répondit le châtain en prenant la tasse pour la porter à ses lèvres.



Mais une faiblesse dans es bras la lui fit lâcher. Elle s’écrasa au sol, se brisant net et éparpillant le contenu ainsi que des morceaux de verre tout autour de la table basse. Kouji, inquiet, saisit la main de son compagnon, s’assurant qu’il ne se soit pas blessé puis sortit un mouchoir et essuya le thé renversé. En même temps, le professeur se rendit dans la cuisine afin de prendre de quoi ramasser les bouts de verre. Revenant dans la pièce, Akiko se leva pour lui prendre des mains, la pelle et la balayette, tout en lui dédiant un sourire. Elle nettoya les dégâts puis observa Seishi qui semblait troublé par cette faiblesse soudaine.



- Ca va aller Inazuma-san ?

- Hm…. Oui… Je suis désolé…

- Ne t’inquiète pas Seishi… » le rassurant le professeur en lui caressant les cheveux. « Tu es encore faible et n’oublie pas que tu as reçu deux balles dans ce bras. Tu ne peux pas lui demander de travailler après ça. »

- Certes….



Tout nettoyé et ramassé, le français prépara une nouvelle tasse. Cette fois ci, Kouji la saisit puis la porta aux lèvres de son amant qui, surpris, eut un mouvement de recul. Finalement, il prit une gorgée de la boisson et remercia le brun d’un signe de tête. Ce dernier s’installa à ses côtés avant de poser une main sur son front tout en plongeant son regard dans le sien.



- Quelque chose ne va pas… Tu es trop pâle.

- J’ai toujours été pâle. » lui rappela le châtain avec un fin sourire qui se voulait rassurant.

- Ce n’est pas comme d’habitude. Dis-moi ce qui ne va pas, mis à part tes blessures et la fatigue due à une utilisation exagéré de ton don.



Seishi lâcha un long soupir devant tant d’insistance. Il avait peine à croire que son amant ait remarqué son malaise avec tant de facilité. Il était pourtant difficile de différencier sa pâleur d’origine avec celle qui l’envahissait lorsqu’il se sentait mal. Kouji finalement le connaissait mieux qu’il ne le pensait. A croire qu’il était capable de lire dans son cœur aussi… Ce n’était pourtant pas quelque chose que le jeune homme laissait faire. Bien au contraire, il s’évertuait à rester fermer aux autres… Mais avec le brun, il venait d’essuyer un glorieux échec. Celui-ci le surprenait de jour en jour…



- Répond-moi, Seishi. » ordonna Kouji, le ramenant brusquement à la réalité.

- Hein ? Pardon… J’ai juste fait un étrange rêve qui m’a un peu déstabilisé. Ne t’inquiète pas…

- Un rêve ? » demanda le professeur Leblanc intrigué. « Raconte-nous ça… »

- Je me suis juste revu lorsque je n’étais qu’un tout petit garçon avec ma mère. Et il y avait un autre enfant qui me ressemblait trait pour trait mis à part qu’il avait les cheveux argentés. C’est tout… Rien d’important.



Le professeur Leblanc ne répondit pas, mais son regard s’obscurcit l’espace d’un instant. Il se leva calmement afin de débarrasser la table. Il emporta le tout à la cuisine puis revint auprès de ses invités. Il leur dédia un sourire.



- Vous allez rester pour la nuit. Je pense que cela sera plus prudent pour tout le monde. Je vais vous préparer vos chambres.

- Je vais vous aider. » fit Akiko en se levant aussi.



Le français la remercia d’un signe de la tête puis la conduisit à l’étage. Ils préparèrent juste une chambre de plus, pour le jeune couple. Celle de Seishi était déjà faite et le patron de la société Shinohara allait certainement désirer rester avec lui afin de le veiller. Laissant le premier couple dans sa chambre, le professeur fit cependant un arrêt dans la chambre de Kouji et de Seishi. Il remit la perfusion de glucose à ce dernier lui ordonnant gentiment de ne pas l’enlever avant le matin. Le châtain grogna mais accepta, sachant parfaitement que c’était pour son bien.

Redescendant au rez-de-chaussée, Leblanc se dirigea vers la porte d’entrée et l’ouvrit. Il fixa les ténèbres de la rue à la recherche d’une personne qu’il trouva finalement, encore adossée à un arbre. Il lui fit un signe de la main, lui intimant de venir à l’intérieur. Eike réfléchit un instant avant d’hausser les épaules et d’obéir. Il entra dans la maison, son sourire ne quittant ses lèvres.



- Je pense que tu seras mieux à l’intérieur, pour la nuit.

- Dois-je vous rappeler que je ne dors pas ?

- Je le sais. Mais je pense que tu préfèreras surveiller ton patron de l’intérieur.

- C’est vrai !



Eike n’ajouta rien de plus et se dirigea en sautillant vers le salon. Il s’installa sur le canapé puis prit un livre posé sur un meuble non loin. Il commença à le parcourir du regard, sans vraiment le lire. Il était plus attentif à ce qui l’entourait… aux bruits de l’extérieur… Son travail de protecteur n’était pas terminé après tout. Tant que la menace Mitsuo n’était pas écartée, il ne baisserait pas sa garde. Protéger Kouji et ceux qu’il aimait, était son seul devoir… Sa seule raison de vivre
 


A suivre …