Un employé pas comme les autres
( La Vie d'un ange
de la mort )
Titre : Un employé pas comme les autres
Auteur : Val_rafale
Chapitre : 27
Genre : Yaoï / Policier / Intrigue
Couple : Euh ... SURPRISE !!
Disclamer :
Histoire originale qui j'espère vous plaira...
Quand le passé rejoint le présent
La nuit
était déjà bien avancée au Japon. Dans la maison du professeur Leblanc, à peu
près tout le monde s’était endormi… Kouji, allongé aux côtés de Seishi,
observait ce dernier qui s’était finalement laissé aller dans les bras de
Morphée. Il semblait plus calme, ses traits étaient moins tirés comme si un
poids lui avait été enlevé du cœur. Cependant, ainsi détendu, un sentiment de
fragilité émanait de lui. Le brun n’avait jamais vu son compagnon ainsi depuis
qu’il le connaissait. Il lui avait pourtant montré nombreuses facettes de sa
personnalité, mais pas cette vulnérabilité. Pourtant, au fond de lui, il savait
que le tueur n’était pas aussi fort et insensible qu’il voulait le faire croire.
Tout comme lui… C’était un point commun qu’ils partageaient. Une grande
souffrance du passé les avait fait se fermer au monde dans le but de ne plus
jamais être touché. Sauf qu’il n’était pas évident d’empêcher les gens de
s’approcher et encore moins évident de s’attacher à eux. Kouji n’avait pas pu
rejeter Gen après ce qui s’était passé huit ans plus tôt… Il n’était pas parvenu
à rester de marbre face à Eike et sa pseudo joie de vivre… Il ne pouvait pas non
plus repousser Seishi qui petit à petit s’encrait dans son cœur. Au final, même
s’il parvenait à rester plus ou moins froid avec tout le monde, il n’arrivait
pas à chasser les gens de sa vie. Il se demandait, d’ailleurs, s’il le désirait
vraiment…
Soupirant à cette pensée, le patron de la société Shinohara, se leva doucement,
s’assurant que son amant dormait profondément et surtout qu’il ne risque pas de
se blesser plus en s’agitant. Il lui passa une main dans les cheveux avant
d’enfiler son pantalon ainsi que sa chemise qu’il attacha rapidement, laissant,
cependant, quelques boutons détachés. Il sortit de la pièce puis se rendit dans
celle de Gen. Il s’avança et observa son ami endormi. Il semblait tout aussi
serein et détendu que Seishi. Néanmoins, ses traits tirés, témoignaient d’une
grande fatigue. Cela ne surprenait guère le brun… Il lui passa une main dans les
cheveux alors qu’un fin sourire étirait ses lèvres. Il déposa un baiser sur le
front de son ami puis quitta la pièce. Il descendit les escaliers pour se rendre
dans la cuisine et voir s’il pouvait se faire un petit café. Il s’excuserait le
lendemain auprès du professeur pour l’utilisation de son matériel…
Après avoir trouvé les tasses et tout le nécessaire pour faire un café, le brun
s’appuya contre un mur puis plongea la main dans la poche de son pantalon. Il en
sortit son paquet de cigarette et en alluma une avec calme. Alors qu’il
soufflait un nuage de fumée, son attention fut captée par la présence d’un jeune
homme dans l’encadrement de la porte. Il tourna la tête en direction de son
visiteur puis lâcha un soupir.
- Eike-kun… Que fais-tu ici ?
- Le professeur Leblanc m’a vu dehors et m’a permis d’entrer. » répondit le
tueur en sautillant jusqu’à son patron.
- Il ne t’a pas donné de chambres ?
- Si ! Mais je lui ai dit que je n’étais pas fatigué. Vous savez que je dors que
très peu.
Kouji ne répondit pas. Il ferma juste les yeux, en écoutant le café couler,
humant l’air afin de capter les effluves si particulières de la boisson. Il
sentit alors une présence proche de lui. Rouvrant les yeux, il vit Eike à
quelques centimètres de lui. Sans chercher à s’écarter, l’aîné leva la main pour
venir la poser sur la joue de son vis-à-vis qui eut l’air surpris sur le coup.
Elle glissa lentement vers la nuque que ses doigts caressèrent avec douceur. Le
yakuza le tira alors doucement contre son torse. Il approcha ensuite ses lèvres
de son front pour y déposer un délicat baiser. Le tueur cligna des yeux, plus
qu’étonné par l’attitude inhabituel de son patron. Celui-ci ne se permettait
jamais ce genre de geste envers lui… A son grand regret. Pourtant, Dieu seul
savait combien, Eike aurait désiré recevoir plus d’attention de sa part.
Se laissant aller, le jeune homme ferma les yeux, appréciant le contact des
lèvres sur son front mais aussi cette proximité. Il pouvait sentir la chaleur du
corps de son patron, respirer son doux parfum. Il n’y avait pas à dire, il se
sentait bien là, dans ces bras puissants et protecteur. Il lui était agréable de
pouvoir enfin se reposer contre quelqu’un, de fermer un peu les yeux sans avoir
cette crainte d’être dévoré par les ténèbres.
- Merci d’être là… » murmura alors son patron, le ramenant à la réalité.
L’interpellé rouvrit les yeux et les leva vers lui. Un fin sourire étira ses
lèvres alors qu’il croisait un regard rempli de douceur et de tendresse de la
part de cet homme d’ordinaire si froid. Il posa doucement son front contre ce
torse musclé puis sentit les bras puissant de Kouji venir l’encercler pour le
serrer presque de façon possessive contre lui, prenant garde de ne pas le bruler
avec sa cigarette.
Si Eike en avait douté, maintenant il savait que son patron tenait à lui. Ses
sentiments n’étaient peut être pas les mêmes qu’il éprouvait pour Seishi, mais
il était certain qu’il n’était pas juste un homme de main parmi tant d’autres.
S’écartant finalement de lui, le tueur se dirigea vers la cafetière puis servit
une tasse à son patron avant de la lui amener. Il sourit doucement en le voyant
la boire lentement et apprécier le goût amer de cette boisson. Kouji termina
rapidement sa tasse pour s’en resservir une nouvelle qu’il emmena ensuite dans
le salon. Il la déposa sur la table basse et revint ensuite dans la cuisine.
- Un capuccino ?
- Avec plaisir ! » répondit Eike, le regard illuminé de joie.
Il laissa son patron lui préparer sa boisson favorite, l’observant avec
attention, les yeux brillant comme ceux d’un enfant. Lorsqu’elle fut prête et
que Kouji lui tendit sa tasse, le jeune homme sautilla avant de la saisir et
goûter le précieux liquide. Ses joues virèrent aux rosées tant il était
délicieux.
Suivant son patron dans le salon, il s’installa face à lui et le fixa tout en
continuant de boire lentement. L’aîné fumait en silence, observant tout ce qui
se trouvait autour de lui. Il constata combien le professeur semblait bien
installé. Cela devait faire pas mal d’années qu’il se trouvait au Japon. Tout
comme, il semblait connaître Seishi depuis longtemps. Celui-ci lui avait
certainement accordé sa confiance pour qu’il lui parle de son pouvoir. A moins
que le français ne soit comme lui… Le brun secoua la tête de gauche à droite,
chassant cette idée saugrenue de son esprit.
- Kouji-sama ? Que se passe-t-il ? » demanda Eike, le ramenant à la réalité.
- Hm… Rien de bien important… J’ai pensé l’espace d’un instant que le professeur
Leblanc possédait un don comme Seishi. Ce qui expliquerait le fait qu’ils se
connaissent aussi bien. Mais c’est ridicule.
- Pourquoi ? Après tout Seishi ne doit pas être le seul à posséder un pouvoir.
Si un homme comme lui existe alors il doit y en avoir d’autres aussi. Si vous
voulez en être certain, demandez cela au concerné.
- Hm… Pourquoi pas…
Kouji tira une dernière fois sur sa cigarette avant de l’écraser dans le
cendrier que le français avait mis à sa disposition. Il termina ensuite sa tasse
de café puis croisa les jambes tout en penchant la tête en arrière. Il ferma les
yeux, essayant de faire le vide dans son esprit. Il lui fallait aussi se reposer
un peu. Vu la tonne de travail qu’il avait en ce moment, il ne pourrait pas
tenir la route, s’il ne dormait quelques heures.
- Vous devriez retourner auprès de Seishi et vous coucher.
- Non… Je ne veux pas le déranger. Je suis très bien ici.
- Alors dormez, je vais veiller sur votre sommeil.
- Merci Eike.
Le jeune homme sourit doucement et le fixa, le voyant doucement s’assoupir. Il
le veilla en souriant, ne quittant pas une seule fois sa place. Il s’assura
aussi que personne ne rôde autour de la maison. Mais apparemment, Mitsuo Hosono
semblait avoir lâché le morceau. Ce qui était étrange… Il avait perdu des
informations importantes sur sa famille… Sa sœur… S’était fait berner par deux
hommes de Kouji… Mais malgré tout cela, il ne tentait pas de se venger. Pourquoi
? Qu’avait-il en tête ? Pour Eike, c’était un vrai mystère… Il n’avait aucun
moyen de faire la lumière sur les projets de leur ennemi. Il ne pouvait, au
final, que protéger ce petit monde…
Le soleil se levait doucement sur la ville de Tokyo, illuminant petit à petit
les rues et les ruelles. Avec lui, la population active de la journée
s’éveillait, se préparait ou se trouvait déjà sur la route pour se rendre au
travail. La vie diurne reprenait lentement ses droits. Le petit quartier de
Koshikawa n’échappait pas à cette règle. Dans la maison du professeur Leblanc,
les rayons, de l’astre du matin, s’engouffraient dans la chambre où Gen se
reposait. Ils caressaient le visage de ce dernier, le réchauffant doucement.
Tentant vainement de les fuir, il s’agita un peu, tournant le dos à la fenêtre
mais la chaleur sur sa nuque le réveilla au bout de quelques instants. Le
directeur adjoint de la société Shinohara ouvrit les yeux avec peine, se
protégeant du mieux qu’il pouvait de la luminosité. Il essaya de se redresser
avant de sentir une violente douleur au niveau de son ventre. Il avait oublié ce
léger détail… le jeune homme posa donc une main sur sa blessure tout en
grimaçant. Il remarqua alors à son bras, une aiguille enfoncée. Il suivit le fil
qui menait à une poche de sang presque terminée. Grognant, le tueur l’enleva
avec délicatesse puis tenta de se lever. Il garda une main contre le mur alors
qu’il laissait ses jambes le soulever. Sa main posée sur son ventre, il commença
à avancer en direction de la sortie de la chambre. Une fois arrivé devant la
porte il posa la main sur la poignée afin de l’ouvrir mais n’eut pas le temps de
terminer son geste. Le rempart avec l’extérieur disparut pour laisser place à un
jeune homme à la peau d’une extrême pâleur.
- Seishi…
- Gen, tu ne devrais pas être debout.
- Ca va… Ne t’en fais pas.
- Je te rappelle que tu es blessé.
- Toi aussi. Kouji est là ?
- En bas, je pense…
Sans donner la moindre réponse, Gen franchit la porte et se dirigea vers les
escaliers. Il s’arrêta en haut puis commença à descendre lentement, faisant des
pauses pour reprendre son souffle. Il avait oublié combien une balle dans le
ventre pouvait être aussi douloureuse. Il avait la sensation que son ventre
allait s’ouvrir tant cela tirait. Arrivant enfin au rez-de-chaussée, Gen
s’appuya contre un mur afin de reprendre son souffle. Il n’en pouvait plus et
sur le coup, commençait à regretter de ne pas avoir écouté Seishi. Il avait un
peu surestimé ses forces et la douleur que ce type de plaie infligeait. Mais
c’était plus fort que lui… Il ne pouvait pas rester au lit sans rien faire. De
plus, si Kouji était là, il devait lui faire son rapport. Le travail était
prioritaire sur sa santé. Cependant, avant d’y retourner, il devait faire une
courte pause, reprendre son souffle.
Alors qu’il fermait les yeux, en se concentrant sur la douleur pour tenter de la
calmer, il sentit deux bras puissant le soutenir et commencer à le faire
avancer. Le tueur sursauta et fixa son patron qui l’aidait à se diriger vers le
salon. Sans un mot, il l’installa sur le canapé aux côtés d’Eike, avant de
prendre place devant eux alors que Seishi s’installait dos contre un mur.
- Tu es aussi imprudent que lui. » reprocha Kouji en allumant une cigarette et
en montrant le châtain d’un signe de tête.
- Et c’est toi qui dis ça…
- Comment te sens-tu ?
- Comme quelqu’un qui a reçu une balle dans le ventre… Bien entendu, si tu te
rappelles ce que ça fait.
- Au moins cela ne t’a pas fait perdre ton mordant.
Gen leva les yeux au ciel en lâchant un soupir de dépit. Il revoyait à peine son
ami après presque trois semaines d’absence et c’était pour lui envoyer de
délicats petits pics. Il ne pouvait espérer mieux comme retrouvailles. En même
temps, avec Kouji, il ne devait pas s’attendre à de tendres embrassades ou autre
marque d’affection. A moins de se retrouver seul avec lui, il n’était pas dans
ses habitudes de montrer ses sentiments. Néanmoins, malgré ces adorables paroles
échangées, Gen savait que son patron s’inquiétait pour lui. Son regard parlait à
sa place…
Alors qu’il pensait à tout cela, un plateau, contenant plusieurs tasses ainsi
qu’une assiette de petits gâteaux, fut posé devant lui. Gen releva les yeux et
fixa le professeur Leblanc qui lui souriant doucement.
- Professeur…
- Comment vous sentez-vous ?
- Ca va aller. Ne vous en faites pas. Merci pour vos soins.
L’aîné lui fit un petit clin d’œil en guise de réponses. Il se redressa pour
apporter une tasse de thé à Seishi ainsi qu’une pâtisserie, avant de se tourner
vers Kouji qui fumait toujours en observant son ami. Il entendit alors deux
personnes descendant les escaliers et un nouveau sourire étira ses lèvres. Il
alla accueillir Akiko Hosono et son compagnon Kenji en bas des escaliers. Les
saluant, il les invita à se rendre dans le salon et à s’installer pour prendre
le petit déjeuné en compagnie des autres. Le français s’installa à son tour aux
côté de Kouji et le fixa à nouveau.
- Puis-je vous poser une question monsieur Shinohara.
- Je vous écoute.
- Que comptez-vous faire pour notre charmant couple ? » demanda le professeur en
montrant Akiko et Kenji de la main. « Je présume qu’ils sont en fuite. Vous
n’allez donc pas les laisser être la proie des personnes qui veulent leur mort.
»
- J’y ai déjà réfléchi… Je leur propose de se rendre à Hokkaido où on leur
donnera une nouvelle identité afin que personne ne puisse les retrouver. Ils
seront sous la protection de ma famille.
Akiko et Kenji s’entreregardèrent avant de porter leur attention sur le patron
de la société Shinohara. Nerveusement, leurs mains se joignirent, se serrant
avec force. Ils semblaient hésiter à accepter l’offre de cet homme. Kouji le
remarqua bien. Il comprenait aussi ce qui les arrêtait. C’était la protection
qu’il offrait. Il se doutait que tous les deux aient le désir de couper les
ponts qui pourraient les relier de prêt ou de loin à des yakuza. Ils ne
voulaient certainement plus avoir affaire à ce genre de milieu.
Ecrasant sa cigarette, Kouji se leva pour s’approcher de la fenêtre et observer
l’extérieur. Il resta un instant ainsi à observer le ciel avant de reporter son
attention sur le couple.
- Je vous rassure, vous ne serez plus en contact avec la mafia. Je ferai en
sorte que vous ayez une vie tranquille loin de tout cela. De plus, à Hokkaido,
il y a une université pour que vous puissiez continuer à enseigner si vous le
désirez.
- C’est très aimable à vous… Mais comment être certain que vous ne nous mentez
pas ? Je sais ce dont est capable un yakuza. Le mot pitié ne fait pas parti de
votre vocabulaire. Quelles preuves de votre bonnes fois, allez vous nous donner
?
- Aucune. » répondit franchement Kouji, le regard glacial. « Et quand bien même,
je n’ai pas à vous donner de preuves. Je vous fais une offre, vous êtres libre
de l’accepter ou de la refuser. Après, votre vie ne me concerne en rien. J’ai
autre chose à faire que de me soucier de personnes qui ne m’apporteront rien. »
Akiko et Kenji restèrent bouche bée devant les paroles franches de Kouji. Ils
baissèrent les yeux, réfléchissant à tout cela. Ils devaient reconnaître qu’il
avait raison. Tous les deux n’étaient que de simples personnes à la recherche
d’une vie normale. Même si la jeune femme faisait partie d’une famille de
yakuza, elle n’était utile en rien. Son clan n’avait que peu d’estime pour elle.
Tout ce qu’Akiko devait faire chez eux, c’était servir de pont afin de relier
deux familles. Rien de plus… Quant à Kenji, il n’était qu’un petit professeur
d’université. Au final, ils n’étaient pas utile du tout, au contraire…
Relevant les yeux vers le patron de la société Shinohara, Kenji fronça les
sourcils avant de se lever. Il s’approcha de l’homme puis s’inclina avec respect
devant lui.
- Nous acceptons votre offre… Et… Nous vous en remercions. Nous nous excusons
aussi pour les problèmes que nous avons causés.
Kouji le fixa et répondit d’un simple signe de la tête avant de se détourner,
reportant son regard vers l’extérieur. Il tira doucement sur sa cigarette et
souffla un nuage de fumée.
- Donnez-moi deux jours pour préparer votre départ. En attendant… Professeur,
pourraient-ils rester ici tous les deux. Je pense qu’ils seront plus en
sécurité.
- Bien entendu.
- Merci…
Kenji se redressa et se tourna vers soin aimée, souriant doucement. Il revint
vers elle puis l’embrassa tendrement avant de se réinstaller à ses côtés. Ils
allaient pouvoir commencer une nouvelle vie, tranquille, comme un couple
normale. Tout serait à construire mais cela ne les effrayait pas plus que ça.
Souriant en observant tout ce petit monde, le professeur Leblanc s’approcha de
Gen et le fixa avec grande attention, regardant si sa blessure ne s’était pas
rouverte. Satisfait de voir que non, il lui fit de se lever et de le suivre.
C’était l’heure des soins. Le tueur lâcha un long soupir avant d’obéir et de le
suivre dans l’une des salles du rez-de-chaussée. Il se laissa sagement soigner
puis quitta la pièce, en boitant et en se tenant le ventre. Dès qu’il fut dans
le salon, il se réinstalla puis signala à Seishi que c’était à son tour. Le
châtain quitta la pièce sans un mot, rejoignant son médecin. Il ferma la porte
derrière lui puis enleva son haut avant de s’asseoir sur une chaise.
Le professeur s’approcha de lui, s’asseyant sur un tabouret puis défit le
bandage. Il examina les blessures et y apporta quelques soins nécessaires.
Seishi grimaça un peu sous la douleur mais ne se plaignit pas. Ce qu’il avait
connu par le passé, n’avait rien de comparable avec ces plaies. Mais bon, malgré
tout, il n’était pas insensible à la souffrance. Il n’était pas un homme
parfait… Loin de là…
Baissant les yeux, il fixa le professeur avec calme et sérieux.
- Vous avez quelque chose à me dire… N’est-ce pas ?
- Hm… Cela vient d’en haut.
- Vous les avez contactés la dernière fois que je suis venu vous voir.
- J’étais forcé de le faire, de les tenir au courant de ce qui se passait. Crois
moi cela ne m’a pas vraiment enchanté. Tu sais ce que je pense de tout cela.
- Oui… Qu’ont-ils dit ?
- Que tu devais continuer comme ça. Ta mission se déroule comme prévu.
Seishi baissa les yeux en soupirant. Son regard se voila un instant. Il sentait
un sentiment de culpabilité l’envahir vis-à-vis de Kouji. Il ne s’expliquait pas
pourquoi il éprouvait cette sensation. Mais elle était là, bien encrée en lui,
dans son cœur qui en souffrait. A chaque fois qu’il pensait à son véritable
travail, il voyait le regard de son amant, il sentait ses mains sur lui, ses
lèvres dans son cou, ses bras puissants et rassurant l’enserrant. A chaque fois,
il avait l’impression que quelque chose se brisait au plus profond de son être.
Il ne s’expliquait pas pourquoi il éprouvait ça. Depuis le début, il savait
qu’il le trahirait un jour, même s’il ignorait encore quand. Il avait bien
conscience qu’il serait contraint de le livrer à ses patrons… Rien que l’idée de
le perdre lui donnait envie de tout détruire autour de lui… De tout quitter… De
disparaître définitivement… Il ne voulait pas revivre une seconde fois, la perte
d’un être aimé… Il ne pourrait le supporter…
Seigyo…
Sans qu’il s’en rende compte ou qu’il ne parvienne à les contrôler, des éclairs
puissants commencèrent à jaillir de son corps tremblant.
Le professeur Leblanc eut tout juste le temps de s’écarter de lui, évitant de
justesse d’être foudroyé. Il fixa le jeune homme qui venait de tomber au sol,
hurlant alors que son pouvoir déferlait dans la pièce.
Alerté par les cris, Kouji, Gen, Eike et le couple arrivèrent dans la pièce. Ils
s’arrêtèrent juste à temps, manquant eux aussi de se faire toucher par
l’électricité. Le patron de la société Shinohara fronça les sourcils et tenta de
s’avancer mais le médecin le stoppa.
- Non ! Vous vous feriez tuer !
- Il faut l’arrêter !
- Je m’en occupe. » fit le français en se tournant vers le jeune homme.
Il ferma les yeux tout en tendant la main en direction du châtain. Il se
concentra un instant et brusquement Seishi se retrouva plaqué au sol. En même
temps, les éclairs disparurent. Leblanc le garda au sol quelques secondes,
s’assurant qu’il ne déclencherait pas d’autres éclairs puis le libéra. Sans
attendre, Kouji accourut auprès de son amant gisant sans connaissance. Il le
prit doucement dans ses bras, lui caressant avec tendresse les cheveux. Il
s’assura qu’aucune blessure ne s’était rouverte puis porta son attention sur le
médecin.
- Que s’est-il passé ?
- Nous en discuterons après. Pour le moment, mettez-le dans la chambre. Je vais
lui remettre une perfusion de glucose avant que son corps ne subisse trop de
dommages.
Kouji prit le jeune homme dans ses bras et obéit sans discuter. Il l’allongea
dans la chambre à l’étage puis laissa le professeur s’occuper de lui. Il
retourna au salon où tout le monde l’attendait. Il s’installa auprès d’Eike et
de Gen puis alluma une cigarette, attendant plus ou moins patiemment le retour
du français. Celui-ci revint quelques minutes plus tard en soupirant. Il s’assit
et observa ses invités.
- Ca va aller… Il ne risque plus rien. » les rassura-t-il en se servant une
tasse de thé. « C’est la première fois que vous le voyez dans cet état, n’est-ce
pas ? »
- Que lui est-il arrivé ?
- Hm… Je dirai qu’il a fait une crise de panique… Il lui arrive parfois de
mélanger le passé et le présent. Et cela donne ce genre de chose. Il a beau
essayer de tuer ce qu’il ressent, son subconscient est plus fort que sa raison.
Je me sens un peu responsable de cela et je tiens à m’en excuser. C’est moi qui
lui ais rappelé certains souvenirs douloureux.
Le patron de la société Shinohara souffla un nuage de fumée puis se leva à
nouveau. Il s’approcha de la fenêtre afin de regarder une nouvelle fois dehors,
observant les nuages parcourir le ciel clair. Il ferma un court instant les yeux
puis les rouvrit assez brusquement tout en se tournant vers le professeur.
- Vous avez un pouvoir vous aussi.
- Comme vous avez pu le constater, oui. Je peux changer la gravité à ma guise,
dans un périmètre limité.
- Je vois…
Kouji ne s’était pas trompé finalement. Cet homme possédait bel et bien un
pouvoir et particulièrement intéressant. C’était idéal pour empêcher quelqu’un
de bouger, ou même pour le tuer. Cela permettait d’éliminer quelqu’un proprement
sans éveiller aucun soupçon. Néanmoins, il doutait que le français utilise son
pouvoir pour abattre des gens. Il était médecin… Comme toute personne
appartenant à sa profession, son but était de soigner, non pas faire mourir.
- Vous savez monsieur Shinohara, il y a beaucoup de personnes comme Seishi ou
moi dans le monde. Si ça se trouve des personnes de votre entourage proche ou
lointain ont un pouvoir sans que vous le sachiez ou sans qu’eux même le sachent.
Certain n’ont pas conscience d’en avoir un et en font usage sans s’en rendre
compte. » expliqua le professeur en souriant toujours.
- Hm… Je vois…
Le brun revint prêt de la table basse et écrasa sa cigarette dans le cendrier.
Il se redressa puis fixa Eike qui quitta aussitôt le canapé, attendant les
instructions. Kouji lui lança alors les clés de sa voiture.
- Va la chercher. Nous devons rentrer à la société, je me suis absenté trop
longtemps.
- Bien.
Le jeune homme quitta la pièce sans discuter, tout sourire, sautillant plus
qu’il ne marchait.
Après son départ, le professeur Leblanc pencha la tête sur le côté tout en
fronçant les sourcils, les yeux remplis d’inquiétude. Il suivit le yakuza qui se
dirigeait vers les escaliers menant à l’étage. Il le saisit par le bras pour
l’empêcher de monter et de faire ce qu’il craignait le plus, emmener Seishi.
Dans son état, le corps du jeune homme risquait de ne pas le supporter et donc
de lâcher. Le médecin ne pouvait laisser faire ça. En se sentant arrêté, Kouji
se tourna vers lui, le regard glacial
- Lâchez-moi.
- Avec tout le respect que je vous dois, vous allez le tuer si vous l’emmenez
avec vous.
- Je sais ce que je fais. Il survivra. N’a-t-il pas vu pire comme situation ? La
marque dans son dos témoigne de sévices bien plus graves. Et je pense qu’après
cela, il a dû utiliser bien plus d’énergie que là. Je me trompe ?
Le professeur Leblanc le lâcha quelque peu surpris par les paroles de son
vis-à-vis. Il avait du mal à croire que Seishi ait eut la force de lui parler de
ce qu’il avait subi à cette époque. Malgré les années qui s’étaient écoulé, le
traumatisme était toujours frais dans son esprit. A chaque date anniversaire de
sa séquestration, les cauchemars envahissent son esprit, l’empêchant de dormir.
Alors comment avait-il réussi à trouver le courage de lui raconter ? C’était un
mystère auquel seul le jeune homme pouvait répondre. Néanmoins, pour en arriver
là, il devait avoir une grande confiance en cet homme et surtout éprouver un
fort attachement proche des sentiments qu’il avait éprouvé pour Seigyo. Voir
même identique…
Tout cela n’allait pas l’aider dans l’avenir…
Lâchant un long soupir, le français monta les escaliers en premier afin de se
rendre dans la chambre de Seishi. Il saisit la perfusion et déposa la pochette
sur le ventre du jeune homme. Il se tourna ensuite vers Kouji qui l’avait suivit
et lui dédia un sourire.
- Je vais vous donner d’autres poches de glucose. Je veux qu’il en prenne
pendant quarante huit heures en plus des repas sucré que vous lui donnerez. Je
vais vous montrer comment les changer. En plus de ça, il ne devra pas bouger du
lit.
Le brun répondit d’un signe de tête. Il écouta attentivement toutes les
explications du professeur. Reproduisit les gestes afin de montrer qu’il avait
bien compris comment changer la perfusion. Ceci fait, il prit délicatement son
amant dans ses bras pour descendre au rez-de-chaussée. Là, Eike l’attendait,
soutenant Gen. Il passa devant son patron pour aller lui ouvrir la portière
arrière de la voiture. Il installa ensuite son fardeau côté passager pendant que
Kouji posait délicatement Seishi derrière. Le jeune tueur les fixa avec sérieux.
- Vous pensez que ça va aller, Kouji-sama ?
- Ne t’inquiète pas. Il est plus solide qu’on ne le pense.
Eike sourit doucement aux paroles et se redressa, rassuré. Il contourna la
voiture puis s’installa derrière le volant tout en faisant un signe de la main
au professeur Leblanc. Kouji s’éloigna du véhicule pour s’approcher de leur
hôte. Il s’inclina avec respect devant lui.
- Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait et m’excuse pour le
dérangement. J’enverrai une voiture pour venir chercher Akiko et Kenji dans deux
jours. Sinon nous repasserons Eike et moi-même afin de récupérer sa voiture et
celle de Seishi.
- Il n’y a pas de problème. Je vous ferai un bon café et prendrai des nouvelles
de mes patients en même temps.
Kouji fit un signe de la tête en guise de réponse puis se retourna. Il regard la
voiture et s’y dirigea avec calme. Il monta à l’arrière, posant la tête de son
amant sur ses genoux. Sans attendre, Eike démarra puis se dirigea directement
vers la société Shinohara.
Leblanc les regarda partir avant de soupirer longuement lorsqu’ils eurent
disparut de sa vue. Il sentait que la mission de Seishi allait être bien plus
compliquée qu’ils ne l’avaient tous pensé. Leurs patrons n’avaient-ils donc pas
prévu cet attachement entre les deux hommes ? Visiblement, non… Sinon, jamais
ils n’auraient mis le châtain sur l’affaire. Pourtant des trois ordonnateurs, il
y en avait au moins un qui connaissait bien Seishi. Pourquoi n’avait-il pas
empêché les autres de l’envoyer sur ce travail ? Il devait certainement avoir
enquêté sur Kouji. Il savait donc quel genre d’homme, il était. Tout à fait le
genre de personne à attirer l’Ange de la Mort. Voulaient-ils donc qu’il souffre
encore plus ? Ne craignaient-ils pas une trahison de Seishi ? C’était pourtant
ce qui risquait d’arriver s’il venait à perdre cet homme. Le français ne
comprenait décidément pas les décisions de ses chefs…
Rentrant dans la maison, le professeur décida qu’il ne ferait pas de rapport sur
ce qui s’était passé. Il allait laisser ses patrons se débrouiller, jouer les
spectateurs tout en protégeant le jeune Seishi. Sa priorité était de le
préserver, telle était la promesse faite à Seigyo, deux ans auparavant…
A suivre …